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MÉDECINE ET SCIENCES

TECHNOLOGIE

L’exosquelette sur mesure Depuis 2015, les chercheurs de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) travaillent sur un exosquelette qui peut être adapté aux souhaits et aux objectifs de l’utilisateur. Gabi Bucher

Chaque être humain est unique. C’est sur ce principe qu’est basé l’exosquelette TWIICE. Son nom vient du mot anglais twice (en fran­çais: deux fois, double). Le double I re­ présente l’interaction entre l’exosquelette et son pilote, tant sur le plan physique que com­portemental. L’homme et la machine se déplacent en parallèle, dans un alignement parfait. Ce projet mené par Tristan Vouga a démarré en 2015 au groupe de recherche REHAssist de l’EPFL, sous la di­ rec­tion du Dr Mohamed Bouri. Des paralysés médullaires déçus, ne répondant pas aux critères stricts des exosquelettes existants, ont incité les chercheurs à développer un appareil modulaire, censé s’adapter aux différentes morphologies, pathologies, expériences et objectifs des utilisateurs. En choisissant d’exercer une activité qui l’intéresse, lui fait plaisir et qu’il aura lui-même choisie, chaque utilisateur doit pouvoir en bénéficier. Une technologie sophistiquée Toute personne hospitalisée à Nottwil après 2014 a probablement déjà rencontré un exo­ squelette, ce dispositif qui mobilise les jam­ bes et lui permet de se mettre debout et de marcher. Le système articulaire est fixé aux tibias et aux cuisses du patient, et soutient les jambes et le haut du corps. Des moteurs électriques puissants et compacts fléchis­ sent et étendent les genoux et les hanches, imitant les mouvements naturels du corps lors de la marche. Avec TWIICE, par exem­ ple, deux béquilles aident l’utilisateur à maintenir son équilibre et à contrôler l’appareil. Différents programmes permettent de se déplacer sur un terrain plat, de monter des escaliers, de gravir des pentes allant 22

jusqu’à 35 pour cent, et même d’enjamber des obstacles jusqu’à 10 cm. La batterie, lo­ gée dans la partie dorsale du système, dure environ trois heures en utilisation continue. Des piles de rechange, qui pèsent moins d’un kilo, peuvent être emportées dans un sac à dos séparé. Et, ce qui n’est pas sans importance, TWIICE pèse à peine 16 kg. Des bénéfices sur la santé Si les exosquelettes permettent d’effectuer certaines activités infaisables en fauteuil roulant, ils se heurtent aussi à des limites claires. Ils ne font certes pas encore partie des appareils de la vie courante, mais le bénéfice d’un usage occasionnel est considérable. D’abord parce qu’il permet une meil­ leure intégration sociale grâce à la possibilité de se tenir debout. Ensuite, car les avantages physiques d’une position verticale sont multiples. Plusieurs études ont prouvé que les patients ayant utilisé l’exo­

squelette un certain temps ont montré des améliorations en matière de spasmes, d’ostéoporose, de transit intestinal et de douleurs neuropathiques. On observe également un impact positif sur la masse mus­culaire et la graisse corporelle. Certaines études ont même constaté une amélioration de la mobilité et de la sensibilité des parties paralysées. Des traces dans la neige L’équipe TWIICE travaille en étroite collaboration avec les paralysés médullaires, toujours à l’écoute de leurs souhaits. Grâce à TWIICE par exemple, l’athlète Silke Pan s’est classée quatrième au Cybathlon en 2016 et a même remporté la médaille d’ar­ gent dans cette compétition en 2020. Très facile à manœuvrer, le modèle permet de reproduire des mouvements rapides et variés. Martin Loos, paraplégique passionné de randonnées à ski avant son accident,

Silke Pan a remporté la médaille d’argent au Cybathlon en 2020 Paracontact I Printemps 2021


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