SOPHIA EL MOKHTAR
Couverture : La Commandante du Cargo Happening sur le Cma Cgm Tosca 26 février 2019 Quatrième de couverture : Happening Marilyn à Art Basel Miami Beach 9 décembre 2018 Crédit Photo : Alex le policier et son collègue
J’aime m’imaginer dans d’autres vies. J'aime me voir en « d'autres » au travers des photos et des vidéos. J'aime être moi, au travers d'une autre. Il y a au départ une volonté de passer les barrières des convenances, du savoir vivre ou savoir parler. Avec empathie et autodérision, je me moque de certains codes sociaux, fascinée par les postures d'autorité et de pouvoir. Les différents personnages incarnés dans mes performances ou évoqués dans mes textes sont inspirés de situations vécues, réinterprétés de façon grotesque. Dans mon travail qui s’articule autour de la performance, de l’écriture et de la céramique, je construis et je raconte des histoires. Les objets que je réalise en céramique, tissus, aluminium ou en plâtre sont souvent produits « en réaction ». Par exemple subitement enragée par une petite phrase sexiste je crée « le plâtre c’est comme une femme » qui est aussi bien une sculpture qu’un texte. Ce que je produis forme un ensemble centré sur la performance telle une tactique d’insertion dans le monde à travers laquelle je suis maîtresse du jeu.
Ecce femina 2017 Performance de 19h à minuit pour la Nuit Pastel d'Albi, à La Cheminée Diffusion en direct sur le web via Facebook Live Sosie de Marylin, 2015, performance Terra incognita en Y, 2016, céramique, peinture en bombe, fil de fer, 230 cm de diamètre
La Cheffe d'orchestre 2015, vidéo, 64s La Cheffe d'orchestre crée une musique chorégraphiée sur Terra Incognita en Y.
La Mécène 2015, vidéo, 89s La Mécène sort de l'argent de son soutiengorge et arrose le sol de billets de Banque.
La Galeriste (Voguing)La Galeriste (Voguing) 2015, vidéo, 144s 2015, vidéo, 144s Galeriste pratiquant le Voguing. Galeriste pratiquant le Voguing.
L'Artiste à l'International L'Artiste à l'International 2015, vidéo, 85s 2015, vidéo, 85s L'Artiste à l'International présente ses oeuvres L'Artiste à l'International présente ses oeuv et ses gestes deviennent une danse. et ses gestes deviennent une danse.
Coffret In vivo 2016 16 mini livrets 6cmx10cmx13cm
Exposition-résidence d'artiste Praesens, Chapelle St Gimer, 2016 Terra incognita, 2016, série de dessins à l'encre Terra Incognita, 2012, céramique, fil de fer, 290 cm de diamètre. Mur de tissus n°3, 2016, tissus déchirés, fil de fer, colle, épingles, 90m² Terra incognita en Y, 2016, céramique, pei-nture en bombe, fil de fer, 230cm de diamètre.
Praesens 2016 Vidéo, 8 min et 52 s Série de performances filmées et de photos, réalisées dans le cadre de la résidence d'artiste Praesens pour les Portes du Temps du Graph-cmi
Praesens Issa 2017
Alter ego 2017 Vue de l'atelier Alter ego situé au cœur du CDI pour la résidence d'artiste au lycée Jacques Ruffié de Limoux.
Alter ego Ian 2017
Transitus La Peintre n°1 2018
Performance de La Peintre n°1 2 minutes et 10 secondes 2018 Performance filmée, réalisée dans le cadre de la résidence d'artiste Transitus au Foyer Transition à Toulouse
Transitus 2018
Ce livre restitue le travail réalisé en résidence, auss au Foyer Transition de Toulouse. Il a bénéfi cié de la Subvention d’aide au livre d’artiste par la Région Occitanie. Lien : https://issuu.com/sophiaelmokhtar/docs/moyenq_transitus_19
Texte 231 - des êtres pénétrants C’est encore au café-restaurant de la Piazza di San Silvestro, en observant lo spettacolo d’arte di questi uomini, que j’ai réalisé que je suis un homme italien dans mes performances. C’est à dire à la fois “rentre dedans” et “ondulant”, à la fois “brutal” et “charnel”, “pénétrant” et “suspendu aux regards”, “grossier” et “raffiné”, “soumis à son genre” et “interprète d’une danse personnelle”, “esclave” et “créateur”. J’ai toujours pensé plus ou moins consciemment que notre enjeu, à nous les femmes, pour être véritablement au monde, reposait sur notre capacité à nous visualiser comme des êtres pénétrants ; se voir soi-même en capacité de pénétrer des gens et des lieux, d’imposer sa présence, cela ne veut pas dire écraser l’autre par une posture hautaine (que nenni!) mais plutôt se visualiser comme des êtres bien là, et un peu au-delà du “là”. À mort, la discrétion! Et vive, la pointe de vulgarité! Et je reviens sur la notion de marquage de territoire, pisser dans l’espace public étant, non pas un désir personnel mais un objet conceptuel aidant à la visualisation, plutôt parfait : sois ce chien qui pisse partout pour que les autres sachent que tu existes, marquons le territoire, envahissons-le, faisons-le déborder de nous, imposons-nous, pour raconter nos existences. C’est bien ce que je vois de moi lorsque je performe. Je me vois à chaque fois en conquérante de nouveaux espaces, en exploratrice de territoires réservés, pour cela la vulgarité est une alliée. Elle me rappelle qu’il faut pénétrer ardemment le monde sinon se cacher puis mourir. Rome, Italie Texte du 30 septembre 2018, extrait de mes PI http://paysagesinterieurs.com/
La Graisseuse Happening sur le Cma Cgm Tosca Février 2019
La Bambina au fond de la piscine du Cargo Happening dans la piscine du Cma Cgm Tosca Février 2019
Texte 254 : la briseuse de coquelets Ce midi j’ai demandé au Commandant si je pouvais faire mon panel de performances, celles-ci induisant idéalement le prêt d’une combinaison Cma Cgm? - Pas de problème. Un pot de peinture et des pinceaux? - Ah! C’est bien vous allez nous repeindre la piscine! - Ha-Ha! vaut mieux pas Commandant, et une chemise de Commandante? - Elle sera de grande taille! - Ce sera très bien et pensez-vous que je puisse faire une série de photos dans les ateliers de la salle des machines? - Ça devrait être possible, il faudra voir avec le Chef. - Idéalement aussi j’aimerais faire une session en plein cœur de la salle des machines!? - Ah! Ça va être plus compliqué, ça m’étonnerait que cela soit possible, vous verrez avec le Chef. - Génial! et je voudrais faire un karaoké au Carré de l’équipage philippin. - Aucun problème pour moi, à mon avis, ça va leur faire plaisir. Le Second Capitaine n’a pas laissé traîner ma demande, il m’a de suite proposé de me filer une chemise à lui, avec les galons à trois bandes /Séquence émotion et prestige et fierté/ Puis une combinaison de travail taille S et des gants parmi le stock dans une pièce de 3m3 du pont F /Séquence Fashion! Ça y est les mecs, je suis chaude, je vais performer sur votre cargo! Toutes mes turbines internes fonctionnent à plein régime, je lâche les chevaux, je sors la lionne de sa cage, elle rugit de plaisir, en se souvenant la jouissance absolue que c’est que de se montrer égale à la force qui sommeille en moi. Jetez-moi poulardes et cuissots de porc, Coquelets et souris d’agneaux, J’ai faim! 20 février 2019 Océan Atlantique, sur le Cma gm Tosca Extrait d'un texte publié dans mes PI : http://paysagesinterieurs.com/
Texte 261 : bim, tac, pow, wiz et boum 7:00 Face à mon ultime café du matin à bord du Cma Cgm Tosca, j’étais au bord des larmes en pensant à toute cette magnifique expérience maritime. Mais! Non! Non! Et non! Je ne vais tout de même pas pleurer parce que je m’apprête à quitter le cargo? Mon cœur ne te resserre pas, Mes joues ne rougissez pas, Larmes, restez au fond de chaque œil, On est une femme oui ou non? Manquerait plus que j'en vienne à pleurnicher. Houuuuuu! Ce corps n’est pas armé pour ce genre d’émotions, sauf... Sauf? Sauf quand il est modifié : mes personnages ne pleurent pas, eux! Y’a un os là. Y’a un os à roucagner. Faut creuser! Mes personnages me permettent de mettre de côté tous les pans flasques et mous de mon être en société. Alors je me pose cette question : me serait-il possible de convoquer virtuellement La Galeriste, L’Artiste à l’International, La Bambina ou tout autre personnage, afin de ravaler larmes ou autres encombrantes humilité et raideur? Puis-je apprendre de mes personnages? Mes personnages vivent, et me font vivre par la même occasion, des choses que je ne vivrais pas dans mon état normal. Je suis une témoin active des audaces de mes personnages, et ce que je vis grâce à eux, avec le regardeur, sont autant d'apprentissages. J’entends les casseroles dans la cuisine, Hervé mon ami s'active, je pense à la bienveillance du Commandant et de tout son équipage, à New York... V’là des larmes qui se pointent à nouveau! Alors je m’imagine en La Galeriste, Bim, épaules droites en avant, Tac, cambrure, Pow, mains subitement expressives, Wiz, sourire en coin de la meuf à qui tout réussit Et boum, ravalées, absorbées, ces larmes inutiles. C’est magique. Seulement il faut être rapide! Bons Baisers quasi New Yorkais depuis le restaurant du cargo ! 27 février 2019 Océan Atlantique, sur le Cma Cgm Tosca Texte publié dans mes PI : http://paysagesinterieurs.com/
Texte 297 - la réussite ça prend forme dans le nez La Bambina m’a prêté son costard bleu et noir. Elle me doit bien ça. Je lui prête toutes mes culottes de chez Carrefour, vendues par 5. Je lui prête mes os et mon esprit. Sans moi? Elle n’est rien. À l’angle de Spring street et Wooster street, j’ai sorti de mon sac à dos une poche plastique, pour m’asseoir dessus, j’ai enlevé mes tennis, et j’ai mis les Repetto édition limitée, elles sont superbes. Ces chaussures, c’est la classe à la française. De suite le costard il t’a pris une de ces gueules, je te raconte pas, on aurait dit une star mâture et non liftée du cinoche, qui sortirait de chais pas quel palace, pour aller bouffer des huîtres arrosées de Ruinart. ´Tain chuis au top là! Paul Maheke vient d’arriver avec son galeriste. Il a une voix de parisien à qui tout sourit, nasillarde dans le sens charmant du terme. Moi aussi quand j’aurais émergé j’aurais cette voix haut perchée. La réussite ça prend forme dans le nez. C’est pas anodin si quand j’incarne mes personnages, avec mes dentiers, j’ai une voix nasillarde. Ce sont les raisins de la réussite. Ça va se chercher avec les dents et ça sort par le nez. C’est physique. Maintenant le son de Nkisi remplit totalement l’espace de Wooster Street, la bière offerte me fait bien percevoir les enjeux cosmologiques de son mentor Gérard Grisey. Je ne suis plus qu’un fluide, si je n’étais pas moi, je danserai. Je monterai bien sur la table. C’est fou toutes ces tables qui auront suscité tant de désirs non assouvis. Je devrais écrire sur ça. Les tables du désir. Genre la meuf elle est tellement chaude, dans le sens non sexuel du terme, je vous jure c’est possible, donc genre elle est tellement chaude qu’elle veut danser sur toutes les tables qui entrent dans son champ de vision, comme dans la scène de Et dieu créa la femme où BB s’empoigne les cuisses. Je trouve ça tellement sublime, ça tourne en boucle dans ma tête quand je commence à y penser. Enfin quand je vois une table. New York, USA Texte du 11 novembre 2019, extrait de mes PI : http://paysagesinterieurs.com/
La Bambina à la Frieze LA Paramount Studios 14 février 2020 Crédit Photo : Da Ping Luo
La Bambina Dollar Bill Recto-verso du billet à l'effigie de La Bambina Billet imprimé en février 2020, à Los Angeles _ Depuis 2015, j'imprime des billets aux effigies de mes différents personnages.
Texte 313 - You talking to me? Sur le parking de la Frieze Press & VIP Ticket J’attends. J’attends Aaron qui veut tenter de me faire entrer via son pass Media-Press. Au soleil, je n’étouffe pas mais je commence à faiblir. C’est qu’avec la Frieze Art Week, les openings pleuvent de partout. C’est pas un Opening par soir, c’est pas deux, c’est pas trois, mais cinq! Faut encaisser. C’est un sacré rythme. J’écris dès que je peux, et là sur le parking je m’y mets enfin. Je sens la fatigue cumulée depuis que je suis arrivée à Los Angeles il y’a deux semaines. / Ce qui me redonne de la force à chaque fois C’est une marche façon gorille Mains qui s’agitent avant un grand combat de boxe Tête baissée concentration, introspection Relever la tête pour visualiser le nouvel objectif Boxe! Je tourne en rond telle une lionne en cage Mes pas ont dessiné au sol Des cercles de plus en plus grands Gorilla Walk style Boxe! Un Ram Truck klaxonne La Bambina Elle fléchit sur ses pattes Se déhanche, lève son bras gauche et agite les doigts Sa posture préférée Sourire aux jardiniers mexicains Boxe! Préparer le mental à performer au milieu du parking Spot dans les yeux ici le soleil Un regard vers les palmiers Un regard vers le grand panneau « adopte un américain » Boxe! Vers la caméra au dessus du bâtiment vitré de bleu À l’angle de Bronson et Melrose Un regard vers les studios de la Paramount Ciel bleu [pleuss] palm trees Boxe! Boxe! Boxe! Los Angeles, USA Extrait du texte du 14 février 2020, publié dans mes PI : http://paysagesinterieurs.com/
La Danseuse Orientale peint avec son cul (Butt Painting) En collaboration avec Le Générateur pour Zoom Your [Frasq]#3 Carcassonne 11 avril 2020
Texte 281 : similitude des culs Comme obsédée par le cul de Mercure, Happée par lui. La première fois que j’étais venue à la Villa Médicis, en mars 2018, pour assister aux Jeudis de la Villa, je n’avais pas vu le Mercure de Giambologna sous cet angle à ce point rapproché. Alors peut-être, la similitude des culs… D’avec celui de Lili Reynaud Dewar dansant nue à la Villa. Happée par elle, Comme obsédée par ce cul se posant, « s’opposant » aux moindres recoins de la Villa, à ses bureaux parsemés d’imprimantes, à ses ateliers-logements, à son parking à vélo, à ses allées de gravier, à ses jardins aux lapins, à ses escaliers, et sur ses bancs en marbres. Alors cette similitude formelle pourrait être une autre explication. Mais j’aime à croire qu’en La Bambina, mes yeux me font voir le monde différemment. Villa Médicis, Rome, Italie Texte du 23 mai 2019, extrait de mes PI : http://paysagesinterieurs.com/
Simone Dompeyre Directrice artistique du Festival Traverse Vidéo « Une certaine laideur délirante m’a toujours fascinée. Les choses qui sont perçues comme peu séduisantes et peu désirables me semblaient particulièrement intéressantes. Cela dit, je trouve ces choses réellement laides. » Cindy Sherman La formule « Clown en art » entraîne immanquablement une référence, celle du nom de Ugo Rondinone, puisque, dès 1996, il en convoque la figure dans Where Do We Go From Here, où quatre d’entre eux, loin de tenir leur rôle d’amuseur, s’agitent dans leur sommeil à même le sol de la galerie d'exposition. Très récemment, en octobre 2017, ce sont quarante cinq sculptures, en taille humaine, de clowns dans des activités ou manières d’être du quotidien aussi bien cuisiner que lire, dormir/ rêver que bailler. Leur visage identiquement maquillé de blanc n’occulte pas qu’ils sont originaires des divers types raciaux africain, asiatique, caucasien… en habits très colorés, ils ne sécrètent pourtant pas la joie attendue d’eux. Boltanski, quant à lui, a pris en modèle, pour Portrait de l’artisteBoltanski-en clown – titre programmatique- l’artiste de cabaret Karl Valentin -1882-1948- dont les sketches absurdes se souvenaient du dadaïsme pour questionner la condition humaine jugée dérisoire. Deux œuvres, trois artistes masculins. Le clown est marque du masculin, alors que ne s’autorisaient à la femme ni la grimace ni les contorsions autres que sensuelles. Le clown est preuve de cette distinction régnante des possibilités accordées selon le « genre » : sois belle et tais-toi ». Cependant, après Orlan qui renversa le protocole et les motivations de la chirurgie esthétique, elle investit, en dirigeant une suite d’opérations faites à son propre corps, l’histoire de l’art. En empruntant ces icônes, elle démontrait la force des modèles, des prototypes esthétiques ce qu’elle continua en recourant au numérique pour ses portraits photographiques, en image jamais achevée dont elle se veut maîtresse. Après Cindy Sherman qui empruntant les codes du grotesque allait dans le sens du clown… Cindy Sherman en preuve par l’absurde, de l’emprise des canons de la beauté féminine, les contrarie ; elle s’affuble d’accessoires qui les écrasent fausses dents comme cicatrices voire déformation de parties du corps ou enlaidit son visage en grimaçant ou son corps en prenant des poses le désavantageant. Désormais des performeuses, outre des humoristes en one-woman show, s’engagent plus nombreuses dans cette transgression de l’activité réservée à un « genre » ; qu’elles y accentuent les stéréotypes de la féminité ou inventent des personnages de remise en question dans des attitudes de refus de cette « bienséance ». Elles se font paroles en acte et en corps et dans la dissonance. La femme en clown joue à être femme, selon les normes édictées, qu’elle et son corps s’y conforment ou explicitement, n’y parviennent pas. Elle joue le corps grotesque, se travestit plus qu’elle ne s’habille, en vêtements « discordants » de couleurs fluo, avec une coiffure trop bien peignée et laquée voire une perruque visible ou franchement en désordre, avec sur le corps des épaisseurs ajoutées, autant d’inversions de l’esthétique normée. Sophia El Mokhtar emprunte cette voie, elle sur-joue, en posture caricaturale, grotesque des comportements féminins ; cependant elle redouble l’exhibition des stéréotypes en y assemblant le critère social. Ses propositions incluent des professions « réservées » jusquelà comme – et si éloignées pourtant – « madame pipi » ou « patineuse ». Depuis peu partagées avec le changement de la désignation du métier, lorsqu’elle passa de « femme de ménage » à « technicienne de surface ». Non acceptée, dans le domaine de la foi, de la croyance, de la direction de pensée en religion : la curé ; elle y garde exceptionnellement l’appellation au masculin tant le féminin serait dévastateur alors qu’elle réclame cette forme féminisée sachant que le sémantisme est porteur de l’idéologie voire la façonne.
Le nom des métiers reconnaît en cette déclinaison la - restriction de la - place des femmes, leur implication sociale. Ainsi orthographie-t-elle les métiers tolérés, dans le siècle dernier, pour les femmes dans les sphères de l’art, avec le –e et le déterminant au féminin : la cheffe d’orchestre, la galeriste … Les actions incitent à l’attention par le comique révélateur ou plaisir censément innocent. Elles ont été performées dans la cour d’un lycée, dans la rue, dans un cinéma, en écho avec chacun des lieux : l' artiste à l’international, la galeriste ou la jeune mécène. En pantomime, Sophia dénote le métier ; ses gestes comme son accoutrement le parodient. Cela conduit à une certaine autodérision puisque ils intègrent des métiers artistiques ou proches de l’art et dès lors de sa propre pratique. Elle ne se déplace pas sans sa valise malgré ses talons hauts, et ne se retourne pas vers les passants sauf si sa fonction le lui réclame pour leur tendre des billets de banque imprimés à son effigie/ métier. En filigrane, sans passer aux mots, elle dénonce la force de l’argent, dans le domaine artistique outre la relégation du féminin. « Ecce femina/ Voici la femme » plagie le « Ecce homo » attribué à Ponce Pilate, par L’Evangile selon St Jean, lorsqu’il présenta au peuple, Jésus ayant été battu et couronné d’épines, avant sa crucifixion. Avec ce titre, elle se risque à la réaction de ceux qui lisent ; censée être plus virulente que celle amusée ou dédaigneuse de la rue qui ne verrait que le/la clown. Elle touche la religion pilier de sociétés… ou lecture antagoniste et néanmoins complémentaire, elle invite la pensée nietzschéenne dont le dernier ouvrage porte en provocation cette formule comme titre. Le philosophe y attaque la morale chrétienne qui englue la civilisation. Il l’écrit en autobiographie non pour que se connaisse sa personne personnelle, ni que se distingue un moi rationnel mais en auto-exposition de sa pensée comme acte corporel, puisqu’elle ne peut se développer sans précisément le corps. Il n’y suit pas les modes de clarté attendue mais leur préfère le biais, le décalé, la parodie, très sciemment, il s’y dit le clown de la pensée : « peut-être suis-je un pitre ». Ecce femina n’a sans doute pas la prétention de faire ouvrir les ouvrages philosophiques mais ce syntagme n’est pas plus innocent que l’option de la clown féminine en terrain artistique, renversant l’attente du spectacle pour enfants. Elle le sait, pour preuve, elle opte pour l’hapax quand elle désigne diversement, en plusieurs formulations son travail comme « autroportrait/autre-au-portrait » (ou autres-auxportraits). Elle le dit en jeu de mots, elle le fait en figures du comique. « Castigat ridendo mores » : Elle corrige les moeurs en riant, cet aphorisme du XVII ème siècle, connu pour sa reprise par Molière – quand « elle » remplaçait « la comédie » – s’attribue aisément à cette vague de femmes clowns qui exhibe en ridicule et risible, cette distinction que d’aucuns défendent comme voulue par un Dieu, que d’autres disent « naturelle » et biologique, à seule fin de garder la domination d’un masculin fantasmé sur un féminin fantasmé. Les mœurs sont culturelles. Elles se font, elles peuvent se défaire en défaisant les images qu’elles ont essaimées en pensées obligatoires. Le « Les femmes (ont été) élevées comme des saintes et traitées comme des pouliches.» de Georges Sand avec un humour noir assuré, attaquait cette discrimination. Georges Sand, qui, sous son pseudonyme écrivit, participa au politique et sinon accessoirement, en pionnière s’habillait en homme, c’était au XIXème siècle. Simone Dompeyre Directrice artistique du Festival Traverse Vidéo Avril 2018
Sophia El Mokhtar Expositions personnelles : 2020 : à Le Salon Reçoit, Toulouse (22 août) 2019 : Transitus, CMS, Toulouse 2018 : Transit_us, Chapelle Saint Gimer, Carcassonne 2017 : Ecce Femina, La Cheminée, Albi 2016 : Praesens, Chapelle Saint Gimer, Carcassonne 2015 : In vivo, Chapelle Saint Gimer, Carcassonne 2014 : Terra Incognita, Pomas 2013 : Y au CLAP, Paraza 2012 : Paysages Intérieurs, Abbaye de Saint Hilaire (11)
Numéro d’ordre : E140648 Née le 30/06/1979 à Toulouse Vit et travaille entre Toulouse et Carcassonne 06 29 88 60 59 Atelier à Lieu Commun, Toulouse contact@sophiaelmokhtar.net www.sophiaelmokhtar.net www.paysagesinterieurs.com
Expositions collectives : 2018 : Temps de colère, Groupe Vengeance, Inattendue Galerie, Paris 2014 : Tendre/Poser, en collaboration avec Rémi Magnouat, Abbaye de Saint Hilaire Performances et Happenings : 2020 : Zoom Your Frasq, Le Générateur, Gentilly Modernism Week, Palm Springs, USA Frieze Los Angeles, USA 2019 : La Bambina dessine, Show Your Frasq 9, Le Générateur, Gentilly Ensemble de Mathilde Fernandez et Cécile di Giovanni, avec le Groupe Vengeance, Palais de Tokyo, Paris Performa, New York, USA À l’écoute du Bal Rêvé d’Alberto Sorbelli, Le Générateur, Gentilly Vernissage de All Green?, Lieu Commun, Toulouse Les Journées du Patrimoine, Maison Lamourelle, Carcassonne Vernissage de Le Monde ou Rien de Nicolas Daubanes, Marseille Festival 811, Duilhac Sous Peyrepertuse Villa Aperta, Villa Médicis, Rome, Italie Vernissage de Présence Panchounette, CIAM-La Fabrique ,Toulouse Vernissage de Le Vent se lève, Villa Médicis, Rome, Italie Deep See Blue Surrounding You de Laure Prouvost, Pavillon français, Biennale de Venise, Italie Série de performances à New York, USA Performances sur le Cargo CmaCgm Tosca, Fos sur Mer/New York, USA 2018 : Art Basel Miami Beach, USA FIAC, Grand Palais, Paris Croisière sur la Plaine, avec le LAP, Plaine Saint Denis Art Basel, Bâle, Suisse Festival Traverse Vidéo, Toulouse 2017 : Ecce Femina, La Nuit Pastel à La Cheminée, Albi Résidences : 2021 : PEP11 (association des pupilles de l'enseignement public), Maison Lamourelle, Carcassonne 2020 : One Shot, Collège Marengo, Toulouse (COVID19 _annulé) 2018 : Transitus, Foyer Transition, Toulouse - Conseil Départemental de la Haute Garonne 2017 : Alter ego, Lycée Jacques Ruffi é de Limoux - Région Occitanie et DRAC Occitanie (Montpellier) 2016 : Draps de Cité, Les Portes du Temps, Carcassonne - Subvention Graph-Cmi 2015 : In Vivo, Chapelle Saint Gimer, Carcassonne 2014 : Terra Incognita, Pomas - Subvention de l’association Pom’Art 2013 : Y, Galerie Le Clap, Paraza Workshops : 2020 : Alter Ego, BBB-Centre d'Art (COVID19_annulé) 2018 : Alter Ego, LAP (Laboratoire des Arts de la Performance), à Mains d’Oeuvres, Saint Ouen Bourse : 2018 : Subvention d’aide au livre d’artiste par la Région Occitanie, pour le livre Transitus Édition : 2019 : livre Transitus 2018 : Magazine Cold Dish, Groupe Vengeance, aux Éditions Fabulla 2017 : livre Alter ego 2016 : coffrets In vivo, Terra incognita et états unis en édition limitée à 15 exemplaires 2014 : livret Terra Incognita 2013 : livret états unis Formation : 2017 : Profession artiste, au BBB-Centre d'art de Toulouse 2000 : Licence Arts Appliqués, Université du Mirail, Toulouse
La Bambina À l'Écoute du Bal Rêvé d'Alberto Sorbelli Le Générateur 21 octobre 2019
Sophia El Mokhtar
30 rue Hector Berlioz 11000 Carcassonne 06 29 88 60 59 contact@sophiaelmokhtar.net www.sophiaelmokhtar.net www.paysagesinterieurs.com
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