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06 Fausses jumelles

Appréhender la densification urbaine future

Studio Logements : offre et complexité dirigé par Jean Bocabeille

L’opération Villiot-Râpée est un îlot situé dans le 12e arrondissement de Paris au sein duquel deux tours abritent une totalité de 62 logements. Du T1 au T4, elle compte 171 résidents. Le deux tours jouent de principes architecturaux identiques mais légèrement déclinés chez l’une et chez l’autre, notamment dans le traitement des façades, des hauteurs et des accès.
Malgré des façades légèrement différentes, le principe commun le plus frappant de l’opération est celui de balcons filants privés, longeant toutes les façades de chaque tour –mais actuellement utilisés comme rangements, cellier, ou débarras. On retrouve également une circulation verticale porteuse, au cœur de chaque plateau, créant des espaces centraux peu éclairés et regroupant des équipements et réseaux techniques.

Dans un futur proche de densification urbaine intense – on estime que plus de deux tiers de la population mondiale sera citadine d’ici 2050 – , l’objectif d’une intervention sur une opération existante pourrait effectivement consister à doubler, voire tripler, le nombre de personnes résidant sur un îlot d’habitations. Or, la densification de logements, de par l’histoire qu’elle relate dans le contexte français suburbain, n’est plus tellement synonyme de qualité d’habitat.

Comment parvenir à une densification qualitative, sans dénaturer les fondements architecturaux déjà implantés ?

Ce projet propose tout d’abord de délocaliser des noyaux de distribution actuels dans deux nouvelles tours, qui permettraient ainsi de repenser le fonctionnement des deux tours existantes autrement qu’autour d’un noyau de circulation, et faciliter le regroupement de certaines fonctions quand nécessaires. En considérant que les deux tours existantes restent les tours de logement, ces deux nouvelles seraient en quelque sorte les « tours de service ».
Il s’agit alors d’aborder la densification par la mutualisation, notamment en fragmentant les usages selon le degré d’intimité : les tours existantes s’organiseraient en espaces privés tandis que les nouvelles tours regrouperaient tous les espaces possiblement mutualisables (cuisiner, se divertir, travailler).

Mutualiser pour densifier permet également d’adapter les deux plots selon un mode de vie commun, que ce soit dans la tour de logement ou dans la « tour de service ». Le plot A pourrait proposer des espaces communs plus adaptés à des habitants avec enfants – balcon-terrasse, potager, aire de jeux, garderie – ; tandis que le plot B s’adapterait à un mode de vie de personnes vivant seules – partageant plutôt une grande cuisine-séjour, un espace co-working, une buanderie en toiture terrasse...

S’élevant par la même structure, les deux nouvelles tours se distingueraient donc par les services qu’elles offrent ; une distinction également retranscrite dans le traitement des façades des tours nouvelles, mais aussi existantes – le grand balcon-terrasse commun à chaque plateau du plot A permet de fermer les balcons filants et d’augmenter la surface intérieure des logements.
Dans un sens, il s’agit d’embrasser le caractère de « fausses jumelles » déjà amorcé dans l’opération existante afin d’affirmer une double complémentarité d’usage entre ces 4 tours – qui sont, finalement, deux « fausses jumelles ».

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