DOSSIER
Innovation et Inclusion


2012-2022 :
la Fondation Saint Jean de Dieu fête ses 10 ans p. 4
Performance énergétique : le Centre Le Croisic innove p. 8 Dans le Grand-Ouest p. 10 En Île-de-France p. 13 Dans le Sud-Est p. 15
Mobilité pour l’innovation p. 16 Le projet Ageless est lancé p. 17
Les envois en mission ont repris p. 18
Sommes-nous faits pour donner la mort ou pour donner la vie ? p. 20
Pastorale : rencontre nationale des responsables p. 21 Rentrée pastorale à Marseille p. 21
En bref p. 22 Il y a cinquante ans, la mort de Frère William Gagnon p. 24
L’Ukraine, toujours au cœur des préoccupations de l’Ordre p. 25
ENTRETIEN
Pascal Duperray, directeur général de la Fondation Saint Jean de Dieu : « Les Frères nous ont montré la voie » p. 26
Les Sœurs hospitalières du Sacré-Cœur de Jésus : cinquante ans de mission à Dinan p. 28
NOUVELLES INTERNES p. 30 CARNET p. 31
L’hospitalité, la responsabilité, le respect, la qualité, la spiritualité… Nos valeurs irriguent nos actions et nos engagements aux côtés des plus fragiles. Reconnue d’utilité publique, la Fondation Saint Jean de Dieu, c’est aujourd’hui plus de 20 000 personnes accompagnées chaque année par 1 800 collaborateurs et 270 bénévoles, au sein de quarante établissements et services dans trois grandes régions : le Grand-Ouest,
le Sud-Est et l’Île-de-France. Personnes accueillies, collaborateurs, proches aidants, bénévoles, frères, sœurs… Ensemble, nous formons la Famille hospitalière de Saint Jean de Dieu.
À voir sur YouTube
Retrouvez tous ces témoignages dans la vidéo publiée sur YouTube : https://www. youtube.com/ watch?v=ks Tv3pdXlGc
258, rue Lecourbe – 75015 Paris. Tél. : +33 (0)1 85 56 13 80. E-mail : communication@ohsjd.fr
Trimestriel de l’Ordre hospitalier des Frères de Saint Jean de Dieu, congrégation reconnue légalement. Directeur de la publication : Frère Christian Clavé. Directeur de la rédaction : Frère Alain-Samuel Jeancler. Rédacteur en chef : Pierre-Antoine Chevallier. Comité éditorial : Frère Paul Adnot, Geneviève Delostal, Charlotte de Kervenoaël, Killian Le Garrec, Katia Morello Marie Rablat et Antoine Soubrier. Réalisation technique : Bayard Service Centre-Alpes Grand-Sud – Allée du lac de Garde – Savoie Technolac – Le Bourget-du-Lac (73). Conception graphique, secrétariat de rédaction et mise en pages : Émilien Droniou. Fabrication : Caroline Boretti. Impression : Chevillon – Sens (89). Couverture : OHSJD. Photos : OHSJD (sauf mentions contraires). ISSN : 1247-5335. Code support : 01053. Dépôt légal : à parution.
sur le sens et la qualité de nos actions sont toujours à l’œuvre : cent fois sur le métier, remets ton ouvrage !
Soigner les corps, apaiser les esprits, panser les blessures de la vie sont autant d’attentions dispensées à l’autre : prendre soin de l’autre, c’est prendre soin de la vie. Mais ce qui fait sens et évidence auprès des personnes que nous accompagnons, dans le cadre de notre métier ou de notre engagement, l’est moins lorsqu’il s’agit de nos collègues, responsables, directeurs, bénévoles : celles et ceux avec qui nous collaborons au quotidien. Pourtant, le sens que nous donnons à notre travail, essen tiel dans nos activités, notre satisfaction et notre bien-être sont renforcés par le soutien et la reconnaissance que nous nous accordons mutuellement. Un simple constat s’impose alors : prendre soin des collaborateurs, c’est aussi prendre soin des personnes que nous accompagnons.
En cette année où nous célébrons les 450 ans de l’Ordre hospitalier et les 10 ans de la Fondation Saint Jean de Dieu, ce thème sonne comme une évidence. Prendre soin, c’est ce que les membres de la famille hospitalière Saint Jean de Dieu, à l’instar de leur fonda teur, s’engagent à faire jour après jour pour apporter soin et bien-être à celles et ceux que nous accueillons dans nos établissements. Le chemin parcouru est immense et les transfor mations tout autant. Les questionnements
Les nombreux projets Bientraitance, Humanitude, Qualité de vie au travail (QVT), etc. témoignent à la fois du besoin et de la volonté de prendre soin les uns des autres au sein de la Fondation.
C’est dans cette réciprocité simple mais qui ne va pas forcément de soi que nous pou vons puiser et insuffler de l’énergie. L’adage de saint Jean de Dieu pourrait ainsi être pro longé, projeté dans notre époque : « Faitesvous du bien en faisant du bien aux autres. » Et prenez soin de vous pour prendre soin des autres.
« ÊTRE ATTENTIF AVEC LE CŒUR, FAIRE CONFIANCE AUX ÊTRES, C’EST LEUR DONNER LE DROIT À LEUR CAPACITÉ D’ÉVOLUER, DE SE TRANSFORMER, DE CHANGER » (JEAN -YVES LELOUP, L’ART DE L’ATTENTION, ÉD. DU RELIÉ).par Isabelle Maurin, chargée de Qualité de vie au travail (QVT)
« Rendons grâce au Seigneur pour ce bel événement, vécu dans la fraternité. » Le 21 septembre, en fin de journée, Frère Paul-Marie Taufana, supérieur provincial, concluait par ces mots deux jours de célébration des 10 ans de la Fondation Saint Jean de Dieu. Collaborateurs, habitants de nos établissements, frères, sœurs, aidants, partenaires, venus de France, du Portugal, d’Espagne et d’Italie… 250 membres de notre Famille hospitalière se sont réunis les 20 et 21 septembre en Anjou, pour revenir sur notre histoire commune et échanger sur les perspectives d’avenir dans le cadre du lancement du projet stratégique 2021-2026. Si la Famille hospitalière dans son ensemble ne pouvait être présente, chacun de ses membres était dans nos cœurs et nos pensées en ce temps de célébrations.
Intégré au Grand-Ouest, l’une des trois régions d’implantation de la Fondation, le territoire d’Anjou n’a pas été choisi par hasard pour accueillir l’évènement. En plus de permettre de se retrouver après deux ans de crise sanitaire, il s’agis sait de fêter la bienvenue à la Famille hospitalière dans ce nouveau territoire, pour répondre aux besoins des plus fragiles. Les Centres Les Récollets (Doué-en-Anjou), Les Romans – La Tremblaye (Saumur et Angers) et Vivre Ensemble (La Sallede-Vihiers) rejoignaient, en effet, la Fondation en juillet 2021, et plus récemment les établissements du Sacré-Cœur, situés non loin de l’Anjou. F
Après une introduction par Eddy Lherbiez, directeur territorial Anjou, Philippe Girard, président de la Fondation Saint Jean de Dieu, et Pascal Duperray, directeur général de la Fondation, les invités ont pu revenir sur quatre cent cinquante ans de charisme de Saint Jean de Dieu. Animée par Marie Rablat, archiviste de l’Ordre hospitalier, cette séquence a permis aux participants d’échanger en petits groupes sur une période définie de l’histoire des Frères. Le principe ? Chaque table s’est vue remettre une enveloppe relative à une période historique, dans laquelle se trouvent des événements marquants. Leur mission : en choisir un et le commenter sur scène, aux côtés de Marie.
Mission accomplie haut la main ! Frères, sœurs hospitalières, salariés cadres et non cadres, partenaires… Ils étaient nombreux dans leur diversité à se relayer au fil de notre histoire commune. Après les vêpres réunissant les Frères européens, mais aussi les Sœurs hospitalières du Sacré-Cœur de Jésus, puis une dégustation de produits du riche terroir d’Anjou, les convives ont pu profiter d’un dîner et d’une soirée dansante, l’occasion d’échanges conviviaux.
« Quelle joie de nous retrouver pour fêter nos 10 ans et célébrer notre Famille hospitalière dans sa diversité ! »
Philippe Girard, président de la Fondation Saint Jean de Dieu
Après un temps de recueil lors des laudes et la messe, une nouvelle journée d’échanges allait pouvoir commencer. Animée par Carole Mellier, directrice adjointe au sein du territoire d’Anjou, la matinée a réuni le président, Frère Paul-Marie et Pascal Duperray sur scène. Ensemble, ils ont pu répondre aux questions de Carole et de la salle. Philippe Girard a pu notamment revenir sur son engagement de longue date auprès des Frères, présenter la Fondation aujourd’hui, et évoquer le projet stratégique. F
Découvrez la vidéo institutionnelle, présentée en avant-première lors des 10 ans, en flashant le QR code ci-contre.
Dans un contexte encore marqué par la crise sanitaire, plus de 200 participants (professionnels, personnes accueillies, familles, bénévoles, administrateurs, etc.) de notre Famille hospitalière avaient participé en 2020 et 2021 à l’élaboration du projet stratégique à travers des ateliers dans chaque territoire où nous sommes présents : Paris, Grand-Ouest, Marseille. L’objectif : co-construire le futur de l’hospitalité innovante.
Retrouvez le projet stratégique en version électronique en flashant le QR code ci-contre.
Auteure de Consolations et de Petits pas sur le sable mouillé, mais aussi réalisatrice du documentaire Les Mistrals Gagnants , Anne-Dauphine Julliand nous a fait le plaisir de passer ce temps inspirant à nos côtés et de livrer son témoignage poignant. Réparer ses blessures
les plus profondes, être là pour un proche ou un inconnu en souf france, la foi dans le chemin de la conso lation… Difficile de mettre des mots pour décrire ce témoignage qui résonne intime ment et singulièrement en notre for intérieur, mais tous s’accordent à dire qu’il est source d’inspiration. F
« Que la force morale et la foi d’Anne-Dauphine Julliand soient notre armure pour combattre les disparités sociales et que nous puissions essaimer les graines de l’hospitalité dans les territoires où celle-ci est absente. » Frère Paul-Marie
« Un réconfort pour surmonter les épreuves, un espoir pour dire qu’il est possible de trouver la force en soi comme avec l’autre pour se reconstruire face à l’adversité. »
Membre de la délégation de Dinan – Saint-Brieuc
Plusieurs participants se sont mobilisés pour animer des ateliers en lien avec le projet stratégique présenté plus tôt.
Des rencontres européennes avec un stand par pays présent (Espagne, Portugal et Italie) et un stand Hospitality Europe. Les innovations en matière de plateformes : personnes handicapées,
personnes âgées, habitats de demain et proches aidants. Les transformations en cours : développement durable et RSE, Qualité de vie au travail (QVT), communication et virage numérique.
La journée s’est conclue autour d’échanges en petits groupes sur les grands messages, les innovations présentées. Les participants étaient invités à rapporter dans leur établissement et leur pays à faire le point sur les messages forts issus de ces deux jours de célébration, et à les emporter dans leurs bagages et les rapporter à leur retour. Ces 10 ans marquaient aussi le retour des Journées de l’hospitalité, rendez-vous l’an prochain pour nous réunir à nouveau ! F
Donner la parole à notre Famille hospitalière, rapporter la richesse de leurs parcours, leur expertise et de leurs engagements, cela passe aussi par l’image. Découvrez le témoignage de Marie-Françoise Guitton, bénévole au Croisic, et Marion Huet, maman du petit Gabin, accompagné au sein du Centre hospitalier Dinan – Saint-Brieuc.
Plus de 20 000 personnes accueillies Près de 40 établissements et services répartis en trois zones géographiques (Grand-Ouest, Île-de-France et Sud-Est) et 1 établissement associé (la Clinique Saint-Jean-de-Dieu) 1 800 collaborateurs 270 bénévoles 1 700 lits et places
Les équipes de la direction générale apportent un appui et un soutien aux établissements, notamment dans les domaines suivants : ressources humaines, Qualité de vie au travail (QVT), finance, contrôle de gestion, communication et collecte de fonds, qualité (projets établissements, évaluation, certification), informatique, contractualisation, immobilier, achats et RSE, élaboration de projets et dispositifs innovants ainsi que projets européens.
Dans le cadre de la responsabilité sociale et environnementale (RSE), le Centre Le Croisic met du cœur à l’ouvrage pour construire une démarche RSE commune entre professionnels, résidents et bénévoles.
Des groupes de travail comme les commissions Développement durable, le groupe Qualité de vie au travail, existants depuis quelques années, ont permis au Centre de s’inscrire dans cette dynamique de responsabilité sociale et environnementale. Aujourd’hui, l’idée est de capitaliser toutes les actions mises en place depuis des années par le Centre et de s’améliorer sur certains points en créant de nouvelles actions.
C’est ainsi que l’équipe a mis en place un atelier autour du développement durable avec un groupe de résidents, membres de la commission Développement durable, dans le but de créer des affiches qui sensibilisent sur le développement durable tous les acteurs du Centre (résidents, professionnels, béné voles, visiteurs, etc.). Pour le moment, quatre affiches ont été créées sur les thématiques suivantes : le tri des déchets, la collecte de piles usagées, les astuces pour économiser l’eau et l’électricité. Elles ont été positionnées à des endroits stratégiques de l’établissement, en fonction des messages.
Récemment, le Centre Le Croisic a recruté Louis, un alternant en master 1, chargé de la qualité, de la gestion des risques et référent RSE. Ce recrutement rentre dans le projet
de mise en place d’une démarche RSE, ainsi que la création d’un tableau de bord pour mesurer et établir le contexte actuel de l’éta blissement. Ce tableau de bord sera consti tué de plusieurs indicateurs, telles que la consommation d’électricité, d’eau et de gaz par unités, la quantité de déchets organiques produits notamment. Ces indicateurs per mettront au centre de se fixer des objectifs et de prioriser les actions à mettre en place. Une première autoévaluation a déjà été menée.
Ci-dessus, lors de la journée dédiée au bien-être. À droite, l’atelier QVT aux 10 ans de la Fondation.
L’établissement est soumis au décret ter tiaire, entré en vigueur le 1er octobre 2022, qui recommande une diminution de notre consommation énergétique de 40 % d’ici à 2030.
Le Centre Le Croisic répond aussi régu lièrement à différents appels à projets afin d’améliorer nos différentes infrastructures. Le dernier en date relatif à l’amélioration de nos performances énergétiques devrait per mettre le changement de trente-quatre baies vitrées du Centre, grâce à un financement de la Caisse nationale de solidarité pour l’auto nomie (CNSA).
Nous allons également répondre à l’appel à projets Efficacité & Transition énergétique (ETE), lancé par l’Agence régionale de santé (ARS) et dont les objectifs sont multiples : Obtenir un accompagnement par un conseiller en maîtrise de l’énergie ; Être financé jusqu’à 60 % pour des études techniques, type audit énergétique ; Être financé jusqu’à 50 % pour des installations, maintenance… Obtenir une aide financière à déterminer pour différents travaux. F
Killian Le Garrec Louis, alternant en charge de la qualité, de la gestion des risques et référent RSE au Centre Le Croisic.
Le 28 juillet, le Centre Sacré-Cœur de Niort et Cherveux a reçu la visite de Coralie Denoues, présidente du Conseil département des DeuxSèvres. Cette visite a permis à l’équipe de l’établissement de présenter Georgette. Il ne s’agit pas d’une résidente mais du robot Kompai®, qui facilite l’autonomie, la mobilité et le lien social des résidents de l’Ehpad.
Un projet pour favoriser l’autonomie des seniors dans les Deux-Sèvres En décembre dernier, le Centre Sacré-Cœur recevait un accord de financement de la part du département des Deux-Sèvres pour lui permettre de se doter du robot Kompai®. Made in France et développé par la société Kompai Robotics, basée dans les Pyrénées-Atlantiques, le robot représente un investissement de 24 960 euros, le Département a financé 49 920 euros pour deux robots installés sur les deux sites du Centre Sacré-Cœur, à Niort et Cherveux.
Une innovation au service des résidents et de l’équipe Arrivé au Centre Sacré-Cœur début mai, ce robot de 1,20 m est multifonctionnel.
Assistance à la marche. Le robot s’adapte à la vitesse de marche des résidents et dispose d’un compteur métrique, pour favoriser la mobilité des résidents.
Autonomie. Le robot navigue de manière autonome dans l’établissement et diffuse de la musique ou des informations du quotidien (menu des repas, activités du jour, etc.). Des capteurs lui
permettent de détecter les personnes ou objets dans les couloirs, et ainsi de les éviter.
Assistance à la détection des chutes, notamment nocturnes.
Depuis mai, ce sont 102 189 mètres qui ont été parcourus par le robot, et surtout les résidents qu’il accompagne dans leurs déplacements.
Trente-cinq résidents, à Niort, ont bénéficié de séances individuelles encadrées par l’équipe du Centre. Et il a été constaté une diminution des réveils nocturnes pour les résidents bénéficiant du robot avant le coucher. F Anne Perrot
Le label « Humanitude » pour le Sacré-Cœur
En juillet, les deux Ehpad du Sacré-Cœur ont été labellisés « Humanitude ». Il s’agit des premiers établissements des Deux- Sèvres à obtenir ce label, et dans les trois premiers de Nouvelle Aquitaine. Bravo aux professionnels, bénévoles et administrateurs qui ont construit cette histoire et continueront à porter la démarche « Humanitude » dans les mois et les années à venir ! Ce label n’est pas un aboutissement… Il marque une nouvelle étape dans la qualité des services et des accompagnements proposés.
La maison d’accueil spécialisée (MAS)
Les Romans a inauguré, le 22 septembre, sa deuxième extension.
Elle comprend une unité d’internat et une unité d’accueil de jour.
Le 22 septembre, la mai son d’accueil spécialisée (MAS) Les Romans, à Saumur, a franchi une nouvelle étape ! La seconde phase de son extension a été inaugurée en présence de Freddy Guillet, adjoint de direction à la délégation terri toriale du Maine-et-Loire de l’Agence régionale de santé Pays de la Loire et responsable du département Parcours, de Laetitia Saint-Paul, députée de la quatrième circonscription du Maine-et-Loire, et d’Astrid Lelièvre, première adjointe à la ville de Saumur, déléguée aux affaires sociales et au handicap. Parmi les équipes de la Fondation Saint Jean de Dieu, étaient présents le pré sident Philippe Girard, Pascal Duperray, directeur général, Frédéric Poignant, directeur de l’établissement, Eddy Lherbiez, directeur territorial Anjou, et sœur Jeanne-Marie Desouches des Filles de la Charité du
Sacré-Cœur de Jésus, ancienne présidente de l’association Les Récollets – La Tremblaye.
Faciliter le parcours de vie des jeunes adultes en situation de polyhandicap Ouverte en 2003 et agrandie une première fois en 2016 pour répondre aux besoins des habi tants du Saumurois, la MAS Les Romans fait partie du Centre Les Romans – La Tremblaye. Elle accueille aujourd’hui quatrevingt-cinq résidents polyhandica pés, au sein de huit unités de vie. Cette nouvelle extension entend faciliter le parcours de vie des jeunes adultes en situation de polyhandicap. Les enfants polyhandicapés franchissant le cap de la majorité ont, en effet, besoin d’un accompagnement spécialisé et spécifique à cette transition entre deux âges de la vie, tandis que les struc tures pour enfants devien-
nent inadaptées à leur âge. Un grand merci à tous nos parte naires, mais aussi à nos équipes, aux familles et à nos résidents pour leur enthousiasme et leur contribution à ce projet, pour toujours mieux répondre aux besoins des habitants, notam ment les plus fragiles.
Consolider l’offre en Anjou Établissement pour enfants et adolescents polyhandicapés à Angers, service de soins de suite et de réadaptation à Doué-laFontaine, Ehpad Vivre Ensemble à Chemillé-en-Anjou… La Fondation Saint Jean de Dieu compte plusieurs dispositifs sur le territoire d’Anjou et innove pour consolider son offre. Synergies, innovations, partenariats… Notre famille hospitalière agit au quotidien pour faciliter les parcours des habitants les plus vulnérables. F Pierre-Antoine Chevallier
Le 24 juin, notre Centre hospitalier Dinan – Saint-Brieuc a inauguré son Centre de consultation à Lamballe-Armor. Il permet de rassembler en un lieu unique, en cœur de ville, un Centre médicopsychologique (CMP) pour adultes et un Centre médico-psychologique pour enfants et adolescents (CMPEA).
Soins ambulatoires
Nous sommes ravis d’avoir pu partager ce moment en présence de François Négrier, directeur de la Délégation départementale des Côtesd’Armor de l’Agence régionale de santé Bretagne, Nathalie Travert-Le Roux, vice-prési dente du Conseil départemen tal, Philippe Hercouët, maire de Lamballe-Armor, Josianne Jégu, vice-présidente, en charge de la solidarité et de la politique de santé de Lamballe Terre et Mer. Situé en plein cœur de la ville, le Centre de consultation permet de : Faciliter l’accès aux soins en santé mentale pour les habitants de Lamballe Terre et Mer ;
Proposer un lieu unique de consultations psychiatriques, et ce quel que soit l’âge ; Co-construire les parcours de soins et de vie sur le territoire ; Améliorer l’attractivité et la qualité de vie au travail des profes sionnels de santé, en offrant un lieu d’exercice professionnel neuf, adapté aux besoins et en cœur de ville.
La santé mentale ne doit pas être un tabou ! Proximité de la gare, commerces alentour… L’emplacement en environnement ordinaire et central, d’une part, et les locaux à taille humaine, cha leureux, accueillants, d’autre
10 métiers représentés au sein de l’équipe pluridisciplinaire. 400 m² pour accueillir les patients, sur deux étages. Près de 500 enfants et adolescents et plus de 650 adultes accompagnés sur le territoire de Lamballe Terre et Mer.
part, entendent lever les freins qui peuvent amener certains à l’idée de pousser la porte d’un centre de consultation psychia trique. Il s’agit aussi d’attirer les professionnels de santé en leur proposant un environnement de travail agréable et central. F Marie-Lucie Uy
Le 19 mai, au salon Santexpo à Paris, nous avons reçu le trophée Handicap — Catégorie Centres hospitaliers de la Mutuelle nationale des hospitaliers (MNH) pour le projet « Bien dans son corps, bien dans sa tête » du Centre hospitalier Dinan – Saint-Brieuc. Un grand bravo à nos collègues de Dinan-Saint-Brieuc qui interviennent chaque jour au service des plus fragiles sur leur territoire !
Déployé au Centre hospitalier Dinan – Saint-Brieuc, ce projet favorise l’accès aux activités physiques adaptées pour les
personnes en situation de handicap ou de souffrance psychique.
Au sein de l’établissement, grâce à une salle de sport aménagée et un parcours de santé extérieur. Et, hors les murs, avec des activités sportives à l’extérieur de l’établissement, pour favoriser l’inclusion et la santé par le sport.
Ce mois de septembre, la famille hospitalière du Centre Lecourbe a eu le goût de l’effort. Photo 1. Les équipes, les familles et les habitants du Centre Lecourbe ont pris le départ de la Course du Souffle des Virades de l’Espoir avec le club Les Expatriés, le 25 septembre. 10 km de bonne humeur ! Photos 2 et 3. Et, le 23 septembre, le terrain de sport du Centre Lecourbe était aux couleurs olympiques à l’occasion de Sentez-vous sport, l’opération nationale de promotion du sport pour tous, organisée par le Comité national olympique et sportif français (CNOSF). Au programme : une initiation au curling, à la boxe, l’haltérophilie ou encore au tir à l’arc. F
Découvrez le projet en images : https://cutt.ly/HBefwHc
Le 30 août, Denis Piveteau, conseiller d’État, ancien directeur de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) et rédac teur pour le gouvernement Castex du rapport Experts, acteurs, ensemble… pour une société qui change, était l’invité d’honneur du Centre Lecourbe. 150 professionnels étaient
Le 23 juin, l’équipe du Centre Lecourbe a reçu la visite du ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées, Damien Abad, et du député de Paris, David Amiel. Le virage inclusif opéré par le Centre Lecourbe était l'objet de cette visite. Un échange riche avec les professionnels et les jeunes de nos services, notamment la Maison des soins Romain-Jacob et la plate forme Reliances. Accompagnée par le directeur du Centre, Paul Le Cam, et son équipe, la délé gation a pu découvrir quelquesunes des actions inclusives et
présents pour échanger avec lui sur le pouvoir d’agir des métiers de l’accompagnement aux côtés des personnes en situation de handicap pour faire advenir une société plus inclusive. L’accompagnement de la personne est, en effet, passé par trois révolutions au cours de l’histoire, rappelait Denis Piveteau : l’aide sociale
pour aider et faire à la place, l’éducation pour aider et apprendre à faire, et le pouvoir d’agir qui vise trois objectifs : l’autodétermination des per sonnes, le pouvoir d’actions des professionnels et la capacité de la société à se transformer. Une matinée inspirante pour prendre du recul et bien abor der cette rentrée, qui fut aussi l’occasion d’un témoignage de Pascal Jacob, président de l’association Handidactique sur l’autodétermination. F Pierre-Antoine Chevallier
innovantes menées par le Centre au quotidien auprès des publics en situation de handicap qu’il accompagne, en matière d’inclusion scolaire, d’accès aux soins, notamment primaires en libéral et d’inclu sion par le sport.
Au-delà de ces actions, c’est l’esprit d’hospitalité innovante
de la Fondation Saint Jean de Dieu dans son ensemble qu’ils ont pu percevoir avec égale ment la dynamique d'appui aux aidants mise en place.
La délégation a visité la mai son des soins Romain-Jacob. Ce dispositif unique d’accès aux soins est, avant tout, un projet d’ouverture sur la ville,
Denis Piveteau, conseiller d’État.
en appui des professionnels de santé. L’ambition est de per mettre que l’environnement de santé s’adapte autour des personnes, et non l’inverse.
La Maison des soins est une réponse de territoire « Handivalide inclusive » qui per met aux personnes vivant un handicap et à leurs proches aidants d’accéder à un par cours de santé, de bénéficier de consultations médicales et paramédicales adaptées.
Son souhait est de favoriser la prévention, l’accompagne ment dans le cadre de l’accès aux soins des personnes vivant un handicap. La majorité des professionnels qui y travaillent ont une patientèle indifféren ciée entre personnes valides ou vivant un handicap. F Emmanuelle Prince
Le 30 juin, le Centre Forbin de Marseille et l’agence Pôle Emploi de La Belle-de-Mai, dans le 3 e arrondissement de la cité phocéenne, ont renouvelé leur accord du partenariat intitulé Accompagnement global. Il s’appliquera pour une durée de deux ans renouvelables. Celui-ci se base sur une mise en commun des compétences entre les deux entités. D’une part, il permet aux demandeurs d’emploi en situation de précarité et d’urgence de bénéficier d’un service d’hébergement d’urgence et d’un accompagnement vers une sortie de dispositif. D’autre part, les usagers du Centre Forbin inscrits à Pôle Emploi se voient faciliter l’accès au dispositif d’accompagnement global.
LA PHOTOLe 19 juin, deux résidents du Centre Forbin, de Marseille, ont assisté au concert du célèbre rappeur Soprano au stade Orange Vélodrome, accompagnés par Yohan et Alexandre. Ambiance au rendez-vous ! Un moment unique pour eux, rendu possible grâce à un partenariat avec l’association nationale Cultures du Cœur.
Découvrir et s’inspirer des pratiques innovantes en santé mentale, tel était l’objectif de la visite d’une délégation du Centre hospitalier Dinan – Saint-Brieuc à la province espagnole de l’Ordre hospitalier, en juillet dernier. Cinq médecins psychiatres se sont rendus au Centre San Boi de Llobbregat, dont le docteur Emmanuel Amiel, du pôle de Dinan. Témoignage.
Nous avons eu le plaisir d’être accueil lis chez les Frères de Saint Jean de Dieu de Barcelone, dans le cadre d’un échange de pratiques avec nos confrères psychiatres espagnols. Nous avons visité plusieurs struc tures et avons été hébergés sur le superbe site du parc sanitaire de Barcelone. Une hospitalité digne de nos valeurs ! Nous retenons, parmi l’ensemble des services visités, trois projets innovants qui pourraient être mis en place au Centre hospitalier Dinan Saint-Brieuc.
Ce projet innovant permet de prendre en charge le patient à domicile, avec l’appui d’une équipe
spécialisée et avec la collaboration de la famille du patient. Ce type de structure n’existe pas – encore – en France et il serait possible de la mettre en place avec les moyens humains néces saires entre médecin psychiatre, psychologue, infirmier et assistante sociale.
Autre initiative très intéressante, au sein de laquelle nous avons découvert des protocoles innovants comme la mise en place de repas thé rapeutiques chez les familles, qui permettent d’accompagner au mieux les patients. Un pro jet similaire est à l’ébauche sur le centre de Saint-Brieuc.
Cristina Molina, directrice de l’analyse et de la stratégie en santé mentale « LE DÉBUT D’UNE COLLABORATION »
La visite de professionnels du Centre hospitalier Dinan – Saint-Brieuc et de la Fondation Saint Jean de Dieu aux Centres Sant Joan de Déu de Barcelone, en juin dernier, a été le début d’une collaboration, ayant pour objectif le partage de modèles de soins dans le domaine de la santé mentale et la diffusion d’expériences et de projets de mise en œuvre de meilleures méthodes entre les centres du même Ordre Hospitalier en Europe. La visite a été très gratifiante pour tous les professionnels et gestionnaires des centres Saint Jean de Dieu en Catalogne, car elle a permis de partager l’expérience et les connaissances, les bonnes méthodes, mais aussi les défis et les besoins des services afin d’améliorer les soins de santé mentale, en particulier pour les personnes les plus vulnérables. Il était également très intéressant de découvrir les modèles et programmes de soins du Centre hospitalier de Dinan – Saint-Brieuc. La visite a été une expérience d’apprentissage partagé et une occasion de promouvoir des projets de collaboration entre les centres.
Projet 3. La structure Accompanyam, qui prend en charge les enfants sous tutelle de l’État et qui nécessite des soins spécialisés
Il s’agit d’une structure unique en Espagne. Elle résulte d’une collaboration étroite entre l’aide sociale à l’enfance espagnole et les services du sanitaire. Cette visite aura été très fructueuse et riche, en particulier par les liens tissés entre professionnels de santé mentale des établissements Saint Jean de Dieu de France et d’Espagne. Nous espérons bientôt pouvoir accueillir à notre tour nos homo logues espagnols afin de continuer les échanges de bonnes pratiques et de renforcer les liens euro péens au sein de l’Ordre. F
Le 1 er juin a officiellement été lancé le projet Ageless, acronyme anglais de son titre « Prévenir le vieillissement précoce grâce au sport et à l’inclusion sociale ».
Lors de la première rencontre en distanciel, les partenaires – à savoir les Sœurs hospitalières de Funchal, à Madère, le Centre médico-social Pai Menni de Betanzos, le Centre Sainte-Germaine de Paris, l’association Saint Jean de Dieu Omnisports pour personnes handicapées de Gijon et le Centre médico-social Lecourbe à Paris – ont pu faire connaissance et prendre la mesure de la future collaboration : trois réunions européennes sont envisagées dans chacun des pays représentés, avec pour but d’échanger sur les bonnes pratiques et de publier un guide ainsi qu’un protocole sur les exercices physiques et la rééducation motrice en vue de la réduction du risque de vieillissement prématuré des personnes handicapées et défavorisées. « Il y a beaucoup à apprendre de ce que les autres pays européens mais aussi les autres structures en France mettent en place avec les différentes populations dont nous nous occupons, note Julien Huberdeau, éducateur sportif. Nous avons hâte de partager nos expériences et de rencontrer en présentiel les différents acteurs du projet ! » Le projet est porté au Centre Lecourbe par Franck Mendes, moniteur éducateur, et l'équipe d'animation.
Un an après la création du pôle Entraide et Solidarité, cette rentrée a été particulièrement active. Dans la lignée du Bureau des missions, les membres du pôle ont su redonner vie aux activités internationales, malgré les années de creux. Cette rentrée marque la relance complète des missions, tant humaines que matérielles.
Nous vous l’avions déjà annoncé il y a quelques mois, mais cette fois-ci, c’est officiel : les envois de volontaires ont repris avec l’Ordre hospitalier !
Ce sont Agathe, Laurène, Lucie et Thaïs, quatre jeunes infirmières originaires de Lyon, qui inaugurent le premier envoi en mis sion du pôle Entraide et Solidarité. Elles se sont envolées début septembre pour le Togo, afin de mettre leurs compétences au service de l’hôpital Saint Jean de Dieu d’Afagnan, à quarante kilo mètres de Lomé.
Elles ont aussi été les premières participantes de notre formation au départ. Deux jours durant lesquels elles ont eu l’opportunité de découvrir l’histoire et l’actualité de l’Ordre et des Frères hospitaliers en France et dans le monde, mais aussi de visiter le Centre Lecourbe et d’en savoir plus sur les pratiques de la Fondation Saint Jean de Dieu. Cette formation au départ était com plétée par deux modules de formation humaine,
ainsi que par le témoignage d’Hortense, ancienne volontaire Saint Jean de Dieu, qui a permis aux volontaires de mieux appréhender leur départ. Ces quarante-huit heures avaient pour but de leur faire prendre conscience de ce qu’est un mission naire de Saint Jean de Dieu. Objectif qui semble atteint, puisque les nouvelles de leurs premières semaines sont bonnes !
Le prochain départ n’est, pour l’instant, prévu que pour le mois de février. Astrid a fait appel à nous pour un projet qu’elle prépare depuis long temps maintenant : sur six mois, elle compte pas ser d’une association à une autre, dans différents pays du continent africain, pour y apporter son aide. Et c’est à Madagascar qu’elle a décidé de s’associer à nous, au sein du service d’art-thérapie du Centre Saint-Benoît-Menni, géré par Sylvain Lamoureux, ancien volontaire de l’Ordre. Le Centre a d’ailleurs eu l’occasion récemment d’inaugurer un nouveau bâtiment qui permettra
d’accueillir comme il se doit les futurs volontaires et/ou visiteurs de longue durée !
Une mission médicale en octobre Une mission médicale s’est déroulée du 14 au 28 octobre. Le docteur Colas et son équipe sont partis avec l’objectif d’opérer et guérir une quarantaine de patientes atteintes de fistules obstétricales. Même si le nombre de malades tend à diminuer, la lutte n’est pas encore terminée et l’association locale partenaire, Wildaf-Togo, fait de son mieux pour trouver ces jeunes femmes, souvent isolées de leurs communautés. F
Constance de Reinach
Vous souhaitez, vous aussi, participer aux activités du pôle Entraide et Solidarité ? Volontariat, missions médicales ou don de matériel, n’hésitez pas à nous contacter via notre adresse e-mail missions@ohsjd.fr !
En page de gauche, Thaïs, Laurène, Agathe et Lucie, infirmières parties en mission au Togo en septembre. Ci-contre, le nouveau bâtiment du Centre Saint-Benoît-Menni, à Madagascar.
En légalisant l’euthanasie ou le suicide assisté, on remet en cause l’interdit de donner la mort. Ceci au détriment de toute culture d’accompagnement de la fin de vie. Le développement des soins palliatifs et la prise en charge de la grande dépendance sont les vraies garanties du respect de l’humanité de la personne, comme nous le rappellent ces deux témoignages.
hebdomadaires avec celles qui sont encore valides : temps de convivialité, de partage des nouvelles de la congrégation, de courtes réflexions ou prières. Mais l’accompagnement passe aussi par des temps de partage de la Parole avec quelquesunes ainsi que par des visites dans leurs chambres, avec une attention particulière aux besoins personnels des unes et des autres.
TÉMOIGNAGE DE SŒURS NICOLE, MARIE, AGNÈS ET GENEVIÈVE, FILLES DE LA CHARITÉ DU SACRÉ-CŒUR DE JÉSUS DE LA SALLEDE-VIHIERS (49), EN CHARGE DE L’ACCOMPAGNEMENT EN FIN DE VIE DE LEURS SŒURS ÂGÉES À L’EHPAD VIVRE ENSEMBLE ROSE-GIET DE LA FONDATION SAINT JEAN DE DIEU.
Entrer en Ehpad, c’est entrer dans une maison où la vie continue jusqu’à notre der nier souffle. Il est important de garder ce désir de la vie, dans un climat fraternel qui existe et qui doit perdurer. Cette vie est plus ou moins facile selon le degré de dépendance, de souffrances
physiques, morales ou spiri tuelles. Cette vie a pour terme la vie éternelle, qui passe par la mort. Une réalité bien présente pour nos sœurs qui ont connu déjà des départs de personnes proches d’elles.
L’accompagnement spirituel de cette étape de la vie passe, pour nous, par les réunions
Accompagner, c’est faire preuve d’un infini respect pour la sœur souffrante en fin de vie, pas de blabla, être vraie. Lui montrer que nous communions à ce qu’elle vit, par un regard, un mot. Tenir la main de celles qui le désirent. Être une présence priante, fra ternelle. Être libre intérieure ment pour une écoute atten tive, une attention au moindre signe exprimant une anxiété, une demande. Nous sommes là devant un mystère.
Lui demander si elle veut une prière, un chant, lui proposer le sacrement des malades, tou jours avec beaucoup de délica tesse. Lui dire l’importance de son offrande au Seigneur, pour sa gloire et pour le monde. F
Sœur Nicole, Sœur Marie, Sœur Agnès et Sœur Geneviève
TÉMOIGNAGE DE FRÈRE MICHEL, PRÊTRE DE L’ORDRE HOSPITALIER, QUI INTERVIENT DANS LE SERVICE DES SOINS PALLIATIFS DE L’HÔPITAL COGNACQ-JAY, DANS LE 15e ARRONDISSEMENT DE PARIS.
Les progrès spectaculaires de la médecine font émerger une nou velle période de l’existence : la fin de vie. La découverte de la morphine, au début du XIXe siècle, va permettre de soulager la souffrance des patients et ouvrir la voie aux soins palliatifs. En fait, l’histoire des soins palliatifs débute avec Jeanne Garnier et son action envers ceux que l’on appelait, à l’époque, les « incurables ». « J’étais malade et vous êtes venus me visiter », phrase de l’Évangile selon saint Matthieu gravée sur le mur de la maison à Lyon où Jeanne Garnier a com mencé sa mission. En général, il est très difficile pour les soignants d’entrer en relation avec une personne dont on sait qu’elle est condamnée. Le médecin veut soigner et guérir. Il faut un travail sur soi pour accepter de ne pas tout guérir. En entrant dans une unité de soins palliatifs, nous n’accompagnons pas des mourants, mais des vivants. La question qui se pose est alors : que peut-on apporter pour que le vivant vive ce qu’il vit, pour qu’il retrouve le goût de faire des projets ? Se mettre à l’écoute de chacun est le plus impor tant. À l’écoute aussi des familles, car, en soins palliatifs, l’accompagnement des familles est une question d’importance capitale, jusqu’au décès de la personne et son dernier adieu.
F
Pour aller plus loin dans la réflexion sur les enjeux actuels autour du débat sur la fin de vie, on peut lire en ligne le livret Comprendre les enjeux de la révision des lois de bioéthique , édité par le diocèse de Paris.
Les responsables de la pastorale des établissements de la Fondation se sont retrouvés à la Curie provinciale, à Paris, le 16 juin, avec la participation du père Jean-Marie Onfray, spécialisé dans les questions de santé. Au cours de cette journée, les responsables ont pu faire connaissance entre eux, assister à la messe au Centre Lecourbe et profiter d’une visite de la chapelle, grâce à Marie Rablat, archiviste de la province. Une séance de formation et de travail a, par ailleurs, permis de redéfinir les enjeux de la pastorale au sein de la Fondation : formation des collaborateurs, choix d’un thème annuel, journées hospitalières… « Cette journée fut, pour moi, signe que la pastorale retrouve un nouvel élan, une dimension commune qui rendra plus vivant le charisme de l’hospitalité dans nos établissements », a confié frère Jean-Marie Gérardin.
À Marseille, les équipes pastorales des Centres Forbin et Saint-Barthélemy ainsi que du Foyer Saint-Raphaël des Sœurs hospitalières se sont réunies le 13 octobre pour une rentrée symbolique. « Cette rencontre a permis, aux côtés des partenaires associatifs et diocésains, de marquer la volonté d’avancer ensemble pour créer un espace de dialogue et d’échange et ainsi d’agir au service des personnes accompagnées », a noté Thomas Callies, responsable d’unités à l’Ehpad Saint-Barthélemy.
« Nous n’accompagnons pas des mourants mais des vivants »
Le 15 août dernier, pendant l’office des vêpres, neuf postulants malgaches de la province de France sont entrés au noviciat international Saint-RichardPampuri de Lomé, au Togo.
La cérémonie a été présidée par Frère Jesùs, supérieur de la communauté, en présence de Frère Jacob, maître des novices, et de Frère Jean-Guillaume, responsable des postulants. Au cours de la célébration, les jeunes ont manifesté à voix haute, chacun leur tour, leur désir de s’engager dans
cette nouvelle étape de for mation et de discernement en vue de devenir frère hos pitalier de Saint Jean de Dieu. C’est à cette occasion qu’ils reçoivent l’habit (blanc dans les pays chauds, NDLR), ainsi que la ceinture et la croix,
signes de leur consécration. Cette nouvelle étape de forma tion dure deux années, à l’issue desquelles le jeune fait profes sion temporaire et entre dans l’étape du scolasticat, dernière étape avant la profession défini tive. F Frère Christian Clavé
La première profession temporaire a été célébrée au noviciat européen de Brescia, en Italie, le 24 septembre dernier. Il s'agit de celle de Frère Fernando Álvarez Margolles, originaire de la province espagnole. Cinq nouveaux postulants ont, par ailleurs, intégré le noviciat début septembre : Rui, originaire du Portugal, Martin, d'Italie, Laszlo, de Hongrie, Marek, de République tchèque, et Mihael, de Croatie. Nous confions à votre prière le cheminement vocationnel de ces jeunes qui se forment pour devenir frères hospitaliers de Saint Jean de Dieu.
Le 24 septembre, douze novices ont prononcé leurs vœux simples à Lomé (Togo), en présence des quatre supérieurs provinciaux, de la province Saint-Jean-Baptiste de France, Saint-Richard-Pampuri, Saint-Augustin d’Afrique et de l’Europe occidentale.
L ors de la messe qu’il a présidée, Frère Christian Clavé a rappelé l’importance des vœux qui, par la promesse, conduisent vers l’intimité à Dieu et vers l’autre. Le supérieur provincial a confirmé la valeur de ces vœux de chasteté, de pauvreté, d’obéissance, et d’hospitalité par la fidélité au charisme de saint Jean de Dieu et la confiance en Dieu. Pendant une célébration, les invités sont venus en nombre pour cette fête et, parmi eux, les parents des frères, les amis et les collaborateurs. C’est une grâce pour l’Ordre hospitalier et une grande gloire pour Dieu d’avoir ces jeunes profès pour la continuité de la mission et pour le charisme de l’Ordre de Saint Jean de Dieu dans le monde entier. Nous remercions Dieu tout-puissant pour sa grâce et son amour pour les pauvres et les malades en donnant des ser viteurs fidèles dans sa vigne. F Frère Christian Clavé
Du 21 au 27 août, les scolastiques d’Europe se sont réunis à Vienne, en Autriche.
Les frères scolastiques d’Autriche, d’Allemagne, de Pologne et de France se sont retrouvés pour partager autour de sujets tels que « Quels sont les thèmes qui sont importants dans la vie d’un scolastique ?
Qu’est-ce qui ne va pas bien ? Où y a-t-il des tensions ? »
Nous avons réfléchi à ces deux thèmes au travers de partages, de jeux de rôles et de dessins. Nous avons conjugué réflexion et sorties : visite de Vienne, et notamment du Prater, promenade en République tchèque… La fraternité, l’accueil, l’hospitalité, nous les avons vécus pendant ces jours trop courts à notre goût. Vivement la prochaine rencontre dans trois ans, peut-être en Pologne ! Frère Florent Randria et Frère Jean-Charles
Cette année 2022 célèbre le 50 e anniversaire de la mort de Frère William Gagnon, dont le procès de béatification est en cours à Rome. L’occasion de revenir sur la figure de ce frère hospitalier fondateur de la province du Vietnam.
Né à Dover le 16 mai 1905 dans le New Hamsphire, aux ÉtatsUnis, Frère William Gagnon, frère de Saint Jean de Dieu, est mort à Hô Naî, au Vietnam, le 28 février 1972.
Le 14 décembre 2015, le pape François reconnaît ses vertus héroïques et le proclame véné rable, première étape vers la canonisation.
À l’âge de 26 ans, William entre au postulat de l’Ordre hospita lier de Saint Jean de Dieu au Canada et, le 21 novembre 1935, il émet ses vœux solennels.
Le 18 janvier 1952, Frère William et deux confrères, Norbert Laserte et Richard Larivée, arrivent au Vietnam à Büi-Chu à l’hôpital du
Sacré-Cœur, qu’une commu nauté de religieuses a quitté à cause de l’insécurité politique. Les débuts sont difficiles avec l’avènement du communisme : menaces de mort, confiscation de l’hôpital, mission provisoire dans une ancienne prison qu’il transforme en centre de soin… C’est en 1955 que la construc tion d’un hôpital à Hanoï commence. Frère William s’y dépensera au service des malades, des pauvres et des nécessiteux avec un dévoue ment exemplaire.
Pour que la sainteté du véné rable frère William Gagnon puisse être reconnue, n’hési tons pas à demander à Dieu des grâces par son intercession. F Frère Christian Clavé
« Rappelez-vous que tout est facile pour celui qui aime, tandis que tout est pénible et fatiguant pour celui qui n’aime pas. Celui-là a même le dégoût de ce qui pourrait être la cause de son bonheur. » « La preuve est toujours plus visible que ce ne seront pas les armes qui obtiendront la paix, mais la prière et la charité. »
L’assemblée des supérieurs provinciaux s’est tenue à Rome du 3 au 7 octobre, après deux ans d’arrêt à cause de la pandémie. Cette assemblée, à laquelle Frère Paul-Marie Taufana a participé pour la province de France, est un espace de partage, de collégialité et de synodalité, pour traiter des thèmes qui concernent la Famille hospitalière de Saint Jean de Dieu. Le thème choisi cette année, après la tenue des chapitres provinciaux, était : « Leaders de l’espoir : convoqués par une Église synodale, nous sommes incités à relever de nouveaux défis sur la manière de vivre l’hospitalité. »
La province polonaise de l’Ordre hospitalier continue d’être en première ligne dans le soutien apporté aux victimes de la guerre en Ukraine, et ce grâce au soutien des provinces d’Europe et en particulier de la France.
Mi-juillet, une visite des Frères de la pro vince de Pologne aux Frères d’Ukraine à Drohobycz, à l’ouest du pays, a per mis de faire un point sur l’utilisation des aides déjà apportées et sur les besoins à venir. L’Ordre est particulièrement engagé au soutien constant des réfugiés de la guerre, grâce au soutien des provinces d’Europe qui se sont engagées dès le début du conflit en fournissant de la nourriture, des médicaments et des vêtements, ainsi que du matériel de santé comme une ambulance, offerte par la province de Hongrie.
Un mois après cette visite, le supérieur provincial de Pologne est revenu sur place avec un nouveau lot d’équipements médicaux : sacs à dos médicaux équipés, kits de premiers secours, lacets hémos tatiques et un générateur de courant. Cela a été
possible grâce aux fonds donnés par les Sœurs carmélites de Gdynia et aux fonds obtenus à tra vers les collectes organisées dans les provinces européennes de Saint Jean de Dieu. Ces dons seront distribués par Frère Mirosław Lech, de Drohobycz, qui les consignera bientôt sur le front, près de Krematorsk, pour sauver la vie et la santé de civils et de militaires.
En lien avec la paroisse de Drohobycz, les Frères hospitaliers de Saint Jean de Dieu continuent par ailleurs de venir en aide aux familles pauvres de Drohobycz, dont beaucoup de maris, pères ou fils sont partis sur le front et qui sont menacées de famine.
En signe de gratitude, le commandant de la région de Lvov a décoré l’Ordre hospitalier de la médaille du mérite ukrainienne F Camille Roucher
L’équipe mandatée par la Curie générale pour gérer le soutien à l’Ukraine a préparé, pendant plusieurs semaines en Pologne, des kits Nadia ( « Espérance », en ukrainien) à destination des enfants dont les parents sont sur le front. Ce kit comprend des produits alimentaires sélectionnés (confiseries, jus de fruit, lait aromatisé, chips), du matériel scolaire et des sacs à dos à compartiments spécifiquement produits pour cette initiative.
Ce projet, dont le coût s’élève à plus de 50 000 euros, a été financé par des fonds recueillis conjointement par l’Ordre hospitalier de Saint Jean de Dieu, par les Sœurs hospitalières du Sacré-Cœur de Jésus, ainsi que par des personnes et des associations de bienfaisance en Espagne, en Italie, en France et au Portugal, dans le cadre de la campagne menée par l’Ordre en Europe. Ces kits ont été produits en Pologne, puis transportés à Drohobycz où une équipe de volontaires les a
confectionnés. À ce jour, 5 000 kits Nadia ont été préparés et ont commencé à être distribués via les écoles, les paroisses ou encore les mairies. Merci à tous ceux qui ont rendu cette opération possible ! Vous pouvez continuer de soutenir l’action des Frères hospitaliers de Saint Jean de Dieu en Ukraine en faisant un don à la Fondation Saint Jean de Dieu (cf. bulletin de don page 33). Les dons sont déductibles des impôts.
Pascal Duperray, directeur général de la Fondation Saint Jean de Dieu depuis novembre 2020.
Quel est votre parcours ? Âgé de 49 ans, marié et papa de trois enfants, je suis diplômé de Kedge Business School (ex Euromed) et de l’Institut de droit et d’écono mie appliqué à l’immobilier, j’ai travaillé plus de quinze ans dans le secteur bancaire, puis dans le secteur de l’économie sociale et solidaire. J’ai notamment travaillé pour le groupe Dexia, la banque du secteur local (collectivité, santé, loge ment social) à Paris puis à Lyon. J’ai accompagné les projets des acteurs de santé du secteur privé non lucratif (associations, fondations, mutuelles, congrégations, etc.) sur le quart sud-est, avant de mettre le cap à l’Ouest pour prendre la direction régionale de Dexia Pays de la Loire – Bretagne en 2008 sur l’ensemble des clientèles. Fin 2012, j’ai rejoint Marie-Sophie Desaulle (actuelle présidente de la Fehap) et l’ARS Pays de la Loire, en tant que directeur de l’Offre de santé. J’ai eu en charge pendant huit ans l’organisation de l’offre de santé (ambulatoire, hospitalière, médico-sociale) dans
la région, la transformation de l’offre en encoura geant l’innovation et l’accompagnement des prin cipaux projets immobiliers. J’ai eu la chance de rejoindre la Fondation Saint Jean de Dieu fin 2020 pour mettre mon expérience au service des plus fragiles que nous accompagnons, mais aussi des Frères avec qui je suis ravi de collaborer depuis !
Comment abordez-vous l’héritage des Frères de l’Ordre hospitalier ?
L’héritage des Frères est précieux pour aborder l’avenir. Si la Fondation a vu le jour il y a dix ans, nous sommes riches de quatre cent cinquante ans d’histoire. Les Frères nous ont montré la voie en innovant sans cesse, en répondant aux besoins de notre temps et en faisant toujours plus pour les plus fragiles. Je pense à un exemple illustré dans ce beau film sur Dinan, évoquant le fait que les Frères ont été les premiers en France à com prendre que les activités adaptées faisaient du bien à l’esprit et permettaient de mieux accompagner
les personnes souffrantes de troubles mentaux. Les professionnels venaient des quatre coins de France pour en attester et s’en inspirer. Cet esprit d’innovation fait notre différence ! Il est directe ment issu de cet héritage commun. Et les valeurs que nous défendons aujourd’hui sont celles que déjà de son temps saint Jean de Dieu défendait et que l’on retrouve, quatre cent cinquante ans plus tard, inscrites dans notre projet stratégique.
Le projet stratégique 2021-2026 est au cœur des échanges aujourd’hui. Quelle place les Frères jouent-ils pour construire ces prochaines années ?
Le projet stratégique s’est nourri des orientations du chapitre et des échanges que nous avons grâce à l’Ordre au niveau européen. Ce projet a été construit avec les Frères, comme avec le reste de la Famille hospitalière : résidents, personnes accueillies, collaborateurs, familles, partenaires et religieuses que nous avons accueillies récem ment. Leurs connaissances et leurs apports sur les questions éthiques sont importants pour s’assu rer que nous avançons dans la bonne direction, mais aussi que nous avons des propositions à faire connaître sur l’espace public. Ces questions éthiques sont d’ailleurs d’une actualité brûlante, comme la fin de vie, inscrite au cœur du pro gramme des débats du quinquennat présidentiel.
Comment la Fondation travaille-t-elle aujourd’hui avec les Frères ?
Les Frères et les Sœurs sont présents au sein de notre conseil d’administration. Ils apportent « le souffle » et inspirent nos orientations. Les Frères comme les Sœurs font également partie du quoti dien de nos établissements et de la Fondation. Ils constituent un soutien aux équipes, aux familles, aux bénévoles et aux résidents. Ils favorisent la convivialité dans nos établissements et partagent leur savoir. Notre projet stratégique parle de res ponsabilité, à l’égard des résidents bien sûr, mais
aussi des équipes, de prendre soin les uns des autres, comme le rappelle le dossier en pages cen trales. Mais notre responsabilité est de poursuivre le charisme de saint Jean de Dieu et, pour cela, nous sommes heureux de cheminer aux côtés des Frères et de leur supérieur provincial, Frère Paul-Marie.
Quels sont les chantiers aboutis et engagés depuis votre arrivée ? Avec l’équipe du siège de la Fondation et de l’Ordre hospitalier, nous avons facilité les méthodes de tra vail, d’une part, entre les établissements, d’autre part, entre le siège et les établissements. La créa tion des cercles métiers favorise, je le crois, le travail transversal, le partage d’informations et de connais sances. Ils permettent aussi d’avancer tous au même rythme sur l’ensemble des sujets-clés : innovation et projets, ressources humaines, qualité, commu nication, finances, etc. Communication, systèmes d’information, responsabilité sociale et environ nementale, virage numérique… De nombreux chantiers internes sont en cours de déploiement. Par ailleurs, nous sommes entrés dans une phase de développement, d’une part, en accueillant de nouveaux établissements partageant les mêmes valeurs et souhaitant pérenniser leurs missions, d’autre part, en transformant et complétant notre offre pour mieux répondre aux besoins. L’objectif est de dépasser nos murs et de rayonner sur nos territoires. On parle de plateforme de dispositifs et de services. Nous sommes, à titre d’exemple, très heureux d’avoir pu inaugurer la Maison des soins Romain-Jacob à Lecourbe pour faciliter l’accès aux soins des Parisiens, le Centre de réhabilitation thérapeutique à Dinan et les nouveaux centres de consultations à Lamballe (22), l’espace Hospitalité au Croisic (44). Nous avons posé la première pierre également d’une nouvelle offre d’accompagnement des personnes âgées et handicapées vieillissantes à La Salle-de-Vihiers (49). Les besoins sont nom breux. F
Propos recueillis par Pierre-Antoine Chevallier
En 1972, les Frères de Saint Jean de Dieu font appel aux Sœurs hospitalières du Sacré-Cœur de Jésus pour répondre à un nouveau défi : accueillir des femmes dans leur hôpital de Dinan.
Au début des années 1970, le monde de la psychiatrie est en plein bouleverse ment. La sectorisation se met en place. Finis les asiles fermés accueillant des patients de la France entière, chaque hôpital est désormais responsable d’un secteur géographique afin de permettre aux patients d’être suivis au plus près de leur domicile et ainsi ne pas les couper de leur environnement, de leurs proches. Se pose alors la question de la prise en charge des femmes dans le secteur de Dinan. Celles-ci étaient précédemment envoyées à l’hô pital de Bégard (à l'ouest du département), tenu par les Sœurs du Bon Sauveur de Caen. Mais cet établissement se trouve désormais hors du secteur de Dinan.
À qui s’adresser pour ouvrir un service de femmes à Dinan ? Les Frères de Saint Jean de Dieu pensent immédiatement aux Sœurs hospi talières du Sacré-Cœur de Jésus. En effet, les deux congrégations se connaissent bien. C’est un frère de Saint Jean de Dieu, le père Benoît Menni, qui a fondé la congrégation des sœurs en Espagne en 1881, justement pour le soin des femmes malades mentales. Les Frères servent donc d’intermédiaire entre les autorités publiques et les Sœurs pour le montage du projet.
Les débuts d'une hospitalité partagée En 1967, il est d’abord envisagé la création d’un hôpital pour les femmes à Trélivan, mais le projet est vite abandonné car il paraît plus avantageux
qu’hommes et femmes soient suivis dans le même hôpital. Le supérieur provincial de l’Ordre, qui éprouve certaines réticences à ouvrir un service de femmes à l’hôpital de Dinan se laisse finalement convaincre et l’établissement réaménage entiè rement le service Sainte-Anne pour y accueillir trois services de femmes de soixante-quinze lits au total dans un premier temps.
Enfin, après échanges avec la supérieure pro vinciale des Sœurs hospitalières, mère Electa de Jésus, une communauté de trois religieuses s’ins talle à Dinan le 20 mai 1972. Elles sont accueillies officiellement par les Frères le 9 juin suivant, pour la fête du Sacré-Cœur, qui se trouve être à la fois la fête patronale de l’établissement et celle de la congrégation des Sœurs. Pour loger la nouvelle communauté dans l’enceinte de l’hôpital, les Frères aménagent l’ancienne maison de l’aumô nier et l’ancienne bergerie attenante. Les trois religieuses prennent la tête des trois services de femmes de Sainte-Anne et deux autres sœurs les rejoignent ensuite pour s’occuper de l’animation et l’ergothérapie. Du personnel féminin est bien entendu recruté pour compléter l’équipe.
Cette fondation mixte est une première pour les deux congrégations qui apprennent à œuvrer ensemble. La mixité à l’hôpital est mise en œuvre progressivement, patients hommes et femmes partageant d’abord des temps d’activités en com mun avant le regroupement par pathologie qui sera effective en 1979 avec l’ouverture des pre miers services mixtes. Parallèlement, la mixité du personnel dans les services se développe, des hommes pouvant travailler dans les services de femmes et inversement. Les Sœurs accompagnent ces changements qui ne sont pas toujours simples pour les patients comme pour le personnel. Mais, pour les Sœurs, cette nouvelle fondation a un sens très fort. Car l’hôpital de Dinan, au-delà d’être un lieu d’exercice de l’hospitalité, est aussi
le lieu où leur fondateur, saint Benoît Menni, s’est retiré à la fin de sa vie et où il est décédé en 1914. Avec l’installation d’une communauté à l’hôpital, Dinan devient lieu de pèlerinage pour la congrégation des Sœurs, avec un petit musée réalisé à sa mémoire autour de la chambre où il est décédé, surtout après la béatification de leur fondateur en 1985 et sa canonisation en 1999. Avec le départ de la communauté des Frères de Dinan en 2013, la collaboration avec les Sœurs hospitalières du Sacré-Cœur de Jésus prend une nouvelle dimension. Les Sœurs participent tou jours à la prise en charge globale des patients à l’hôpital, y préservent la mémoire de leur fonda teur, mais ce sont elles désormais qui assurent une présence religieuse dans l’établissement, témoi gnant et préservant l’hospitalité de saint Jean de Dieu et de saint Benoît Menni au quotidien. Aujourd’hui, cette collaboration des deux congrégations, débutée il y a cinquante années pour apporter une réponse à un nouveau besoin, continue de se développer, pour que l’hospitalité ne cesse jamais de rayonner.
F
Marie RablatSUITE AU PRÉCÉDENT CHAPITRE PROVINCIAL, DE NOUVELLES OBÉDIENCES ONT ÉTÉ ANNONCÉES PAR FRÈRE PAUL-MARIE ET SON CONSEIL, DÉBUT SEPTEMBRE.
LES VOICI :
Fr. Jean-Claude Cauchois est nommé à la communauté de Marseille – Saint-Barthélemy.
Fr. Jean-Michelson
Razafindramaho est nommé à la fraternité de la SainteFamille de Marseille – Forbin.
Fr. Jérôme Gravereau est nommé supérieur de la communauté du Croisic, où Fr. Michel Le Houérou le rejoint également.
Fr. Christian Clavé est nommé secrétaire provincial et s’installe à la communauté de Paris – Lecourbe, ainsi que Fr. Jean-Guillaume Rasolondraibe.
Fr. Didier Lacau est nommé à la communauté d’Imerintsiatosika, à Madagascar.
Fr. Pierre Giraudier est nommé à la communauté de Marohoho, à Madagascar, ainsi que Fr. Jean-Alain Rabarivelo qui poursuivra ses études en bâtiments publics chez les Jésuites.
Fr. Émilien Ratsimandresy poursuit sa deuxième année d’étude en pastorale socio-sanitaire à la faculté pontificale du Latran, tout en vivant au sein de la communauté de La Nocetta, à Rome.
Fr. Marc Mahafeson Rakotozanany rejoint l’équipe formative du scolasticat de Nairobi, au Kenya.
Fr. Louis-Orione Rafalimanana entre en études de médiation
linguistique en Italie, tout en vivant au sein de la communauté de Cernusco, à Milan.
PAR AILLEURS, AU SIÈGE DE L’ORDRE HOSPITALIER ET DE LA FONDATION SAINT JEAN DE DIEU :
Pierre-Antoine Chevallier a pris la direction de la communication pour les deux institutions, en avril dernier.
Irache Vizcaino, assistante administrative de la curie provinciale depuis 2021, est désormais en CDI depuis le mois de juin dernier.
Nous souhaitons un bon déménagement aux frères qui changent d’affectation et une bonne arrivée aux nouveaux collaborateurs.
Nous lançons cette rubrique pour donner des nouvelles de la Famille hospitalière. Si vous aussi vous souhaitez annoncer un événement important ou tout simplement pour nous faire part de vos remarques concernant le Lien hospitalier , n’hésitez pas à nous écrire à communication@ohsjd.fr !
• Fr. Eduard Bauer, décédé le 18 juin, à l’âge de 69 ans, dont quarante-neuf ans de profession religieuse (Bavière)
• Fr. John Baptist Trân Công Hâi, décédé le 29 juin, à l’âge de 62 ans, dont trente-sept ans de profession religieuse (Vietnam)
• Fr Lawrence Ezchweiler, décédé le 1er juillet, à l’âge de 88 ans, dont soixante-cinq ans de profession religieuse (Amérique latine)
• Fr. Stanislaus Murray, décédé le 21 juillet, à l’âge de 93 ans,
dont soixante-huit ans de profession religieuse (Océanie)
• Fr. Erhard Hillebrand, décédé le 2 août, à l’âge de 68 ans, dont quarante-deux ans de profession religieuse (Bavière)
• Fr. Benjamin Cornago Adurriaga, décédé le 12 août, à l’âge de 86 ans, dont soixante-huit ans de profession religieuse (Espagne)
• Fr. Cristoforo Cywinski, décédé le 17 août, à l’âge de 62 ans, dont trente-deux ans de profession religieuse (Lombardo-Vénétie)
• Fr. Lorenzo Bravo Miguel, décédé le 16 septembre, à l’âge de 98 ans, dont quatre-vingts ans de profession religieuse (Espagne)
• Mme Raymonde Citras, décédée le 7 octobre 2022, à l’âge de 77 ans, à Charquemont (25), cousine germaine de Fr. Alain-Samuel
Formulaire à renvoyer avec votre chèque.
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Adresse : Code postal : Ville :
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Les Frères de la Province assurent de leur communion de prière les familles des personnes défuntes.
Prénom :
à l’ordre « Fondation Saint Jean de Dieu ».
don donne droit à une réduction d’impôt sur le revenu égale à 66 % du montant versé dans la dans la limite de 20 % du revenu imposable.
en ligne sur www.fondation-saintjeandedieu.fr
Les équipes soignantes travaillent 24 heures sur 24 avec professionnalisme et passion pour soigner et accompagner les 20 000 personnes accueillies chaque année dans les établissements de la Fondation Saint Jean de Dieu.
Le secteur du soin est exigeant, il implique un fort engagement personnel dans son activité et le contexte sanitaire des deux dernières années a été un élément supplémentaire pour mettre à l’épreuve le personnel soignant. Comment continuer à donner le meilleur de soi-même lorsque l’on est épuisé ?
Malgré les difficultés, la démarque de Qualité de vie au travail (QVT) mise en place par la Fondation dès 2016 a pu être maintenue par la mise en place d’actions concrètes pour améliorer les conditions de travail : Installation de rails plafonniers,
Achat de lève-personnes,
Aménagement de salles de pause,
Etc.
Vous pouvez nous aider, vous aussi, dès aujourd’hui, par votre don et votre confiance à améliorer le quotidien des professionnels de santé pour qu’ils continuent, comme saint Jean de Dieu, à « faire le bien de la meilleure manière possible ».
Un immense merci pour votre générosité et votre confiance…
sur
sont enregistrées par la Fondation Saint Jean de Dieu dans un fichier
Elles sont destinées à la Direction des Relations Donateurs et aux prestataires mandatés à des fins de gestion interne, pour répondre à vos demandes ou faire appel à votre générosité. Pour l’exercice à tout moment de vos droits (de retrait, de consentement, d’accès, de
d’effacement, de
d’opposition
de
pour toute
sur ceux-ci ou sur le traitement de vos données : dpo@fondation-sjd.fr ou Fondation Saint Jean de Dieu, Délégué à la protection des données, 173, rue de la Croix Nivert – 75015 Paris.
cas de
pouvez saisir la
qui
comme
de
1 DINAN – SAINT-BRIEUC (22)
Centre hospitalier
Dinan – Saint-Brieuc
Nombre d'établissements : 19 Avenue Saint-Jean-de-Dieu 22100 Dinan w 02 96 87 18 00
Communauté des Sœurs hospitalières du Sacré-Cœur de Jésus BP 81055 – 22101 Dinan w 02 96 87 18 71
Centre Le Croisic Nombre d'établissements : 3
5, avenue de Saint-Goustan 44490 Le Croisic w 02 40 62 60 00
e accueil@sjdlecroisic.com
Communauté Sainte-Anne des Frères Saint Jean de Dieu 6, chemin du Lingorzé 44490 Le Croisic w 02 40 62 93 77
e communaute.lecroisic@ohsjd.fr
Centre Vivre Ensemble
Nombre d'établissements : 3
2, rue Rose Giet – La Salle-de-Vihiers 49310 Chemillé-en-Anjou w 02 41 49 12 45 e accueil@v-ensemble.org
Communauté
des Filles de la Charité du Sacré-Cœur de Jésus
2, rue Rose Giet 49310 La Salle-de-Vihiers w 02 41 49 12 40 e contact@fcscjfrance.org
Centre Les Récollets –La Tremblaye – Les Romans
Nombre d'établissements : 3
1, rue des Récollets – Doué-la-Fontaine BP 20 099 – 49700 Doué-en-Anjou w 02 41 83 22 22
e siege@recollets-asso.fr
Communauté
des Filles de la Charité du Sacré-Cœur de Jésus
1, rue des Récollets – Doué-la-Fontaine BP 20 099 – 49700 Doué-en-Anjou
Maison de Niort Nombre d’établissements : 2
1, rue de l’Yser 79000 Niort w 05 49 77 13 40
e infos@sacrecoeur79.fr
Maison de Cherveux
Nombre d’établissement : 1
3, rue de la Belle Étoile 79410 Cherveux w 05 49 75 86 95 e infos@sacrecoeur79.fr
Communautés des Filles de la Charité du Sacré-Cœur de Jésus
• 16, rue des Trois Coigneaux 79000 Niort
• 3, rue de la Belle Étoile 79410 Cherveux
Centre Lecourbe Nombre d'établissements : 3 205, rue de Javel – 75015 Paris w 01 53 68 43 00 e info.sjd@sjdparis.com
Communauté
Notre-Dame-de-Charité des Frères Saint Jean de Dieu 201, rue de Javel – 75015 Paris w 01 71 70 44 65 e communaute.paris@ohsjd.fr
Clinique Saint Jean de Dieu Nombre d'établissement : 1 2, rue Rousselet – 75007 Paris w 01 40 61 11 00
Fraternité Saint Jean de Dieu 258, rue Lecourbe – 75015 Paris w 01 85 56 13 80
Centre des missions Saint Jean de Dieu 11, rue Traversière – 91530 Saint-Chéron w 01 85 56 13 76 e missions@ohsjd.fr
7 MARSEILLE (13)
Centre Forbin
Nombre d'établissement : 1 35-41, rue de Forbin – 13002 Marseille w 04 91 13 71 00 e chrsforbin@fondation-sjd.fr
Communauté de la Sainte-Famille des Frères Saint Jean de Dieu 41, rue Forbin – 13002 Marseille
Ehpad Saint-Barthélemy Nombre d'établissement : 1 72, avenue Claude-Monet – 13014 Marseille w 04 95 05 10 40 e accueil@stjd.fr
Communauté Saint-Joseph des Frères Saint Jean de Dieu Résidence Magallon, 72, avenue Claude-Monet – 13014 Marseille w 04 95 05 10 40 e communaute.marseille@ohsjd.fr
Fondées à partir de 2009, ces œuvres dépendent de la province de France. Centre hospitalier Saint-Benoît-Menni Lot II B 01 AK Miakadaza Imerintsiatosika w +261 32 49 555 55/57
Communauté
Saint-Benoît-Menni des Frères Saint Jean de Dieu Imerintsiatosika w +261 32 03 750 53 e communaute.imerin @ohsjd.fr Ekar Saint Jean de Dieu Lot III P 29 SA – BP 6203 bis Marohoho – 101 Antananarivo w +261 34 33 408 41
Communauté
Notre-Dame-de-l’Assomption des Frères Saint Jean de Dieu w +261 32 03 750 52 e communaute.tana@ohsjd.fr
frères
établissements à Madagascar
fondation reconnue d'utilité publique avec 40 établissements
dans
pays sur les 5 continents Plus de 60 000 collaborateurs
œuvres
Au cours de notre vie, chacun passe par des degrés variables de dépendance et d’indépendance, d’autonomie et de vulnérabilité. »
Ces mots de Joan Tronto, spécialiste de l’éthique et du care , que l’on peut traduire par « le prendre soin », nous évoquent les vulnérabilités des personnes que nous accompagnons chaque jour, mais aussi nos propres vulnérabilités, qui, sans en être un miroir, ont parfois une résonance intime.
Notre secteur d’activité est de plus en plus mis à rude épreuve face au retard ou au décalage entre les besoins de soins et les moyens disponibles. Nous vivons, chaque jour, des situations génératrices de stress, de frustration, d’épui sement, de doutes dans nos vocations. Pourtant, nous avons un formidable terrain d’expérimentations et d’innovations sociales qui nous permet de maintenir la flamme de notre engagement. Chacun de nous peut ainsi agir, participer à la transformation au bénéfice du collectif.
Prendre soin les uns des autres est un investissement à plus d’un titre : c’est un investissement sur la qualité de l’accom pagnement et de la prise en charge, c’est un investissement sur la qualité de nos relations interpersonnelles, c’est un investissement émotionnel. Prendre soin ne veut pas sys tématiquement dire que l’autre est en mauvaise santé mais parfois simplement que nous lui portons une attention particulière. Le soin que nous pouvons tous apporter est multiforme, comme le montrent les témoignages de ce dossier. Il nécessite par fois des investissements financiers indispensables pour améliorer les conditions de prise en charge et le quotidien des personnes accueillies, pour améliorer les conditions de travail des collaborateurs ou accroître leurs compétences dans des objectifs et des intérêts convergents : la qualité des soins et de l’accompagnement. Mais prendre soin les uns des autres ne se quantifie pas toujours en euros ! C’est simplement agir et être considéré avec bienveillance, faire confiance et se faire confiance. Ce sont également toutes les attentions qui viennent se glisser dans nos relations au quotidien : un bonjour, un merci, un sourire. Simplement, pour citer Anne-Dauphine Julliand, dire : « Je suis là. » F
de mission Qualité de vie au travail et formation
Le projet de soins au Centre Lecourbe s’inscrit pleinement dans les valeurs de la Fondation Saint Jean de Dieu et témoigne de l’ambition et de la volonté des acteurs d’apporter des réponses innovantes aux besoins de santé exprimés.
Articulé dans une approche transversale aux projets socio-édu catifs, le projet de soins du Centre Lecourbe concourt à offrir aux personnes accueil lies un parcours de soins de qualité, adapté, sécurisé et inclusif, mettant en évidence le lien ontologique unis sant le psychosocial et le biologique.
Une attention portée à la vie La notion de soins conditionne un rap port à l’autre dans sa singularité et son altérité et « désigne tout à la fois l’activité de soin à une personne qui en dépend et le souci de la réception de ce soin, sa singularité résidant dans cette combinai son affûtée de compétences techniques et émotionnelles ». Il s’agit à la fois de « se soucier de… », « d’aller vers… » mais aussi de « recevoir et accueillir »
par Catherine Fauny Cadre de santé au CMS Lecourbe
dans la réciprocité d’une relation de soins. C’est une attention portée à la vie, un engagement réciproque d’êtres humains dans les activités et les proces sus de la vie quotidienne. Cela implique que les actions entreprises relèvent
d’une intelligence des situations, d’une recherche de réponse adéquate et d’une adaptation à la personne et au contexte, alliant ainsi « intelligence de la main et intelligence du cœur »1 .
En lien avec l'Homme, la santé et l'environnement Trois autres concepts fondamentaux complètent cette approche.
Homme. Entité unique, singulière, avec ses besoins biologiques, psycho sociaux, culturels et spirituels formant un tout indivisible, perpétuellement en devenir.
Santé. Cet « état dynamique, sus ceptible de variations, qui nécessite une adaptation de l’homme à son environ nement […] le rendant apte à assumer les étapes de la vie, à en affronter les agressions et à vivre en harmonie avec lui-même et les autres ».
Environnement. Cet ensemble de contextes (physiques, écologiques, culturels, sociaux, psychologiques) dans lesquels la personne évolue, et qui contribuent au développement, à l’évolution et à l’épanouissement de chaque être humain. Élément majeur de l’autonomie et de l’inclusion, il s’agit de mettre la santé au service des projets de vie des per sonnes que nous accompagnons. F
1. Margot Phaneuf, Ph.D, Intelligence de la main et intelligence du cœur, fierté de la profession infirmière, mai 2017.
La méthodologie d’accompagnement proposée par le projet Humanitude nous permet d’harmoniser nos pratiques auprès des adultes accueillis. La toilette évaluative Humanitude permet, par exemple, au binôme formé par l'ergothérapeute et le soignant, de recenser les capacités et de susciter la participation du résident. Nous n’en sommes encore qu’aux débuts, mais des bénéfices concrets sont déjà observés.
L’apport de techniques simples utilisées quotidiennement amène un changement de regard sur notre pratique et sur le résident et les soins se passent mieux, il y a moins de tensions.
Frapper avant d’entrer dans la chambre,entrer en contact par une poignée de main, se parler les yeux dans les yeux… Autant de petits gestes qui permettent au résident de se sentir exister, respecté dans sa globalité.
La démarche Qualité de vie au travail (QVT) au sein de la Fondation Saint Jean de Dieu a débuté à la fin de l’année 2016 avec un objectif ambitieux : donner des perspectives et construire un projet social avec les salariés.
La mise en place de la Fondation avait « bousculé » certains salariés en définissant un cadre d’action plus large que le seul établissement auquel ils appartenaient. Mais donner un cadre juridique n’est jamais suffi sant pour donner du sens à un projet collectif.
L’Agence régionale pour l’améliora tion des conditions de travail (Anact) a donc été associée à ce grand projet, aux enjeux de la négociation (accord de méthode en juin 2017, accord QVT en juin 2020). Les principes de l’Anact ont été intégralement respectés : un
pilotage paritaire, une enquête pour l’ensemble des salariés, des espaces de discussions dans tous les établisse ments et des actions concrètes d’amélioration des conditions de travail. Cette construction collective s’ampli fie avec la mise en place, dans chaque établissement, de comités de pilotage paritaires, de plans d’action locaux et
par Yves-Michel Nalbandian Directeur de l’Agence régionale pour l’amélioration des conditions de travail — Paca
Au cours de l’été, le Centre Saint-Barthélemy s’est lancé dans l’expérimentation de l’Action de formation en situation de travail (Afest) en partenariat avec l’Aract Paca et l’ARS. La Direction académique s’est également alliée au projet. Concrètement, une soignante non diplômée présente depuis quelques années dans l’établissement a pu bénéficier de trois actions menées en juin, juillet et août 2022. La première étape a consisté pour l’infirmier diplômé d’État coordinateur référent, ainsi qu’une infirmière diplômée d’État et une aide-soignante, identifiées comme accompagnatrices pédagogiques, avec le support de l’Aract, à se former et définir trois référentiels de compétences. Deuxième étape : les mises en situation et le retour à froid dans la journée. Il ressort de ces trois Afest, après validation par l’infirmier diplômé d’État coordinateur , que la salariée a réellement acquis ces compétences.
Mais les bénéfices sont bien plus larges puisque c’est toute l’équipe qui s’est solidarisée autour de ces apprentissages. Arabia a gagné confiance en elle, se sent plus légitime et est même disposée à partager ses connaissances avec ses collègues. Elle est également plus armée pour la validation des acquis de l’expérience. Un retour d’expérience avec nos partenaires permettra d’aller encore plus loin dans les regards croisés sur cette acquisition de compétences avant de faire profiter d’autres salariés de cette nouvelle modalité de formation.
d’une négociation récente sur le télé travail (mars 2022).
Certes, il reste encore et toujours du chemin à parcourir, mais les efforts de toutes et de tous sont visibles. Le der nier baromètre Satisfaction au travail de 2022 montre une progression de plus de 4 points à 64,08 par rapport à 2018 (59,66).
Le secteur du soin est exigeant, implique un fort engagement per sonnel dans son activité et le contexte sanitaire de ces deux dernières années
a été un élément supplémentaire pour mettre à l’épreuve les femmes et les hommes de la Fondation. Malgré les difficultés, la démarche Qualité de vie au travail a continué à être dévelop pée grâce à l’ensemble des personnes œuvrant pour la Fondation. J’espère que cet effort sera maintenu dans les années à venir car la qualité des soins que ces personnes apportent avec dévouement aux plus défavorisés dépend grandement de la qualité de vos conditions de travail. F
LE TÉMOIGNAGE de Marie Perin, RH au Centre Saint-Barthélemy Une expérience encourageante d’Action de formation en situation de travail
La récente littérature managériale prescrit au directeur « la bienveillance » et « l’empathie », tout comme la pensée du care qui a rendu centrale la belle notion du « prendre soin ».
Extraits d’un article paru dans Revue Santé en mai 2022
Partout où on les trouve, les managers et directeurs – ceux qui ont le pouvoir de déci der des organisations, dans les organisations – ont un rôle essentiel à jouer du point de vue de la protection de la santé, en particulier la santé mentale et psychologique, au travail.
Peut-on s’autoriser à penser ce rôle à la fois en faisant justice aux obstacles surmontés effectivement, pratique ment, dans l’exercice des fonctions de direction, en un mot, à l’âpreté
du métier, en même temps dans les termes de la réflexion philosophique, éthique ?
La lecture de Vladimir Jankélévitch sur les vertus musicales du pianiste et compositeur Frantz Liszt nous encou rage à poser la question de manière un peu inattendue, peut-être. Se pour rait-il que diriger revienne à empêcher que ne se produise un déchirement (souffrance, sentiment d’absurdité, absence de reconnaissance) ? Face à ce risque de déchirement, « prendre soin » pourrait signifier « endosser le rôle du rhapsode », du grec rhaptein ; « coudre », c’est-à-dire le rôle de celui qui, par son travail de tis sage, empêche le déchirement doulou reux, parfois irrémédiable, irréparable.
AUREMAR/ADOBE STOCK« Prendre soin » pourrait signifier « endosser le rôle du rhapsode », du grec rhaptein ; « coudre », c’est-à-dire le rôle de celui qui, par son travail de tissage, empêche le déchirement douloureux, parfois irrémédiable, irréparable.
Les analyses de Vladimir Jankélévitch sur l’esthétique de la virtuosité ne sont jamais très éloignées de sa réflexion d’ordre éthique. Faire ce pas de côté, en osant la comparaison entre le direc teur et le rhapsode permet d’esquisser
un « art » de se bel et bien conduire. Un art en arabesques, en déséqui libres, une danse nietzschéenne, une voie alternative, en somme, aux injonctions et aux impératifs a priori de la bienveillance et du care qui coupent l’herbe sous le pied de l’éthique. Ces injonctions paraissent n’être qu’une morale là où l’éthique gagne à se définir comme faculté de réflexion, de délibération sur la meilleure façon d’agir dans des situations complexes et de dilemme, où l’on ne peut pas toujours, d’ailleurs, suppo ser, chez l’autre, la bienveillance ou la bonne volonté. F
NOUS CONNAISSONS LA PARABOLE DU BON SAMARITAIN. NOUS LA MÉDITONS
LE JOUR DE LA FÊTE DE SAINT JEAN DE DIEU. MAIS IL Y A, AU MILIEU DU RÉCIT, UN MOT SUR LEQUEL JE VOUDRAIS ATTIRER VOTRE ATTENTION. Car ce mot est comme le centre de gravité du texte ; c’est autour de lui que tout pivote. En grec, il est un peu difficile à pro noncer, et même à écrire. Ce mot, c’est esplanchnisthè, ce qu’on traduit par « il fut touché de compassion », ou encore « il fut saisi de pitié ». Littéralement, il faudrait traduire par « il fut pris aux entrailles », car splangchnè signifie les viscères, le ventre, comme lieu d’une émotion profonde.
Devant ce pauvre homme blessé, humi lié, devant cet homme qui saigne, le Samaritain est pour ainsi dire « pris aux tripes ». Il ne peut pas rester indifférent et passer son chemin, comme d’autres l’ont fait. Il a mal pour celui qui a mal. Il ne brandit pas son brevet de secou riste, il n’a pas de compétence spéciale :
il fait ce qu’il peut, un peu maladroi tement. De fait, le texte dit qu’il verse sur les plaies « de l’huile et du vin », mais l’ordre inverse semblerait plus logique : d’abord le vin, l’alcool, pour désinfecter, puis l’huile pour oindre et frictionner… Mais tant pis, il com mence par l’huile ! Quant à mettre ce blessé tout cassé sur son âne, je doute qu’il l’ait fait de façon professionnelle, avec les précautions requises : imaginez la scène, elle ferait peur à des hommes du Samu ! Que voulez-vous, ce brave homme improvise, il prend soin. Devant les pauvres qu’il rencontre autour de la place Bibarrambla à Grenade « sous les porches et les arcades, nus, transis, couverts de plaies, affligés d’infirmités », Jean de Dieu est « pris aux tripes », il est ému. Il agit avec son cœur, son âme, ses mains et son corps. Il n’obéit pas à une loi extérieure, il est touché de compassion. Lui qui connaît peu l’art de la méde cine, il est devenu le père de l’hôpital moderne… La compassion conduit à un savoir-faire dans le prendre soin. F
La Qualité de vie au travail (QVT) a son comité de pilotage national. Il ras semble autour de la table les binômes paritaires de chaque établissement (directeurs ou responsables RH, élus des comités sociaux et économiques et délégués syndicaux). Cette ins tance paritaire est pilotée par Isabelle Maurin, chargée de mission QVT pour la Fondation. Son originalité ? On y casse les codes hiérarchiques, on par tage ses expériences, on se challenge aussi. Cela stimule l’innovation et permet aux établissements d’avancer au même rythme. Pour Le Lien hospi talier, nous avons poussé la porte et leur avons posé quelques questions.
Pour vous, la QVT, c’est quoi ?
« Des relations collectives constructives et une réelle attention portée aux salariés en tant que personnes, dans un esprit de bienveillance et de confiance mutuelle. »
« Compagnonnage et partage. »
« Assurer un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. »
« Donner la parole aux salariés. »
« Bâtir une culture commune. »
Savoir écouter les salariés qui ont des handicaps, au-delà des tabous. »
« Entendre les besoins des salariés en tant que personnes, au-delà de leur statut de salarié. On est humains, on a tous des hauts et des bas. »
« Être plus attractifs pour recruter. »
« Pour prendre soin des personnes que nous accompagnons, il faut prendre soin des salariés. Il est essentiel d’être bien soi-même pour assurer ses missions auprès des publics vulnérables. »
« Il faut s’adapter à chaque individu, pour son bien-être, éviter d’être dans l’urgence, car elle amène le salarié à subir son travail. »
« Comment adapter et personnaliser les postes. »
« Faire du bien. Accepter l’autre dans ses différences. Et accepter que l’autre vous accepte aussi. »
« Prendre soin les uns des autres était le titre choisi lors du chapitre provincial. Je tiens beaucoup à cette réciprocité dans l’attention portée les uns aux autres. » F
« Je me porte bien dans la mesure où je me sens capable de porter la responsabilité de mes actes, de porter des choses à l’existence et de créer entre les choses des rapports qui ne leur viendraient pas sans moi. »
Georges Canguilhem, docteur en médecine et philosophe, Écrits sur la médecine
LIEN HOSPITALIER F DOSSIER F NOVEMBRE