Lien Hospitalier n°422

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Le lien HOSPITALIER

REVUE DES FRÈRES HOSPITALIERS DE SAINT JEAN DE DIEU

| DOSSIER | P. 12

INTERNATIONAL P. 20

En famille, à la voile, à la découverte de la famille hospitalière à travers le monde

Le Centre hospitalier Saint Jean de Dieu de Lyon : 200 ans d’histoire À la croisée du sport et de l’hospitalité : une vision holistique du soin

HISTOIRE P. 29

| SAINTJEANDEDIEU.FR | 20 €/ 3  NUMÉROS |
| Numéro 422 | JUIN 2024

RUBRIQUE

ÉDITO 3

Le sport, un soin du corps et de l’âme par excellence

PORTRAIT

Frère Flavien, 70 ans de profession “Compter sur Dieu, c’est suffisant”

DOSSIER

À la croisée du sport et de l’hospitalité : une vision holistique du soin

8

10

Par le sport, nous apprenons à compter les uns sur les autres

Le sport pour développer le lien social entre résidents

À Afagnan, le sport au cœur du soin

Changer son regard et le regard de l’autre sur le handicap

Le sport et les valeurs Saint Jean de Dieu

“Le bon sport, c’est celui qui aide à grandir en liberté”

Descendons des gradins ! (I Corinthiens 9, 24-27)

Prévenir le vieillissement prématuré

grâce au sport et à l’inclusion sociale

Le sport en psychiatrie, de la distraction au soin

En famille, à la voile, à la découverte de la famille hospitalière à travers le monde

Des enfants de Saint Jean de Dieu acteurs de cinéma !

Le centre hospitalier Saint Jean de Dieu de Lyon :

Quadrimestriel de l’Ordre hospitalier des Frères de Saint Jean de Dieu, congrégation reconnue légalement.

directeur de la PublicatioN : Frère Paul-Marie Taufana.

directeur de la rédactioN : Frère Alain-Samuel Jeancler.

rédacteur eN chef : Antoine Soubrier comité éditorial : Pierre-Antoine Chevallier, Thomas Callies, Claire de Fenoyl, Charlotte de Kervenoaël, Katia Morello, Marie Rablat, Iratche Vizcaino, Frère Christian et Frère Jean-Guillaume.

secrétaire de rédactioN : Marc Daunay mise eN Page : Renaud Leroux

maquettiste : Renaud Leroux

resPoNsable de fabricatioN : Caroline Boretti. coNcePtioN/réalisatioN, éditioN déléguée : Bayard Service 23 rue de la Performance Europarc - BV4 59 650 Villeneuve-d’Ascq www.bayard-service.com

imPressioN : ROUTALYA

250 rue Général de Gaulle 69530 Brignais imprimeur labellisé Imprim’vert, issN : 1247-5335. déPôt légal : à parution.

Reproduction interdite sans autorisation

Photos : © OHSJD et FSJD (sauf mention contraire)

Couverture : OHSJD

Numéro de suPPort : 01 053

258 rue Lecourbe - 75 015 Paris +33 (0)1 85 56 13 80. communication@ohsjd.fr
|  SOMMAIRE  |
ESSENTIEL
4
INTERNATIONAL 20
CULTURE 24
SPIRITUALITÉ 26 Voir Dieu dans
yeux des plus petits HISTOIRE 28
SAINT JEAN DE DIEU EN FRANCE ET DANS L’OCÉAN INDIEN 32 CARNET 34 MESSAGERS DE L’HOSPITALITÉ 36 4 10 20 28 Le lien HOSPITALIER 2 | LE LIEN HOSPITALIER | #422 - JuIN 2024 |
les
ans d’histoire

Le sport, un soin du corps et de l’âme par excellence

C’est un grand plaisir pour moi et un honneur d’avoir cette opportunité de m’exprimer au travers de cet éditorial pour vous présenter ce deuxième numéro de notre revue, après la refonte de celle-ci. Vous avez été nombreux à nous faire parvenir vos remarques, qui montrent l’intérêt que vous y portez. Merci !

“Dans ce numéro, vous découvrirez les nombreuses initiatives dans nos établissements autour du sport, en France, mais aussi à Madagascar et ailleurs.”

Ce nouveau numéro du Lien Hospitalier est spécial car il s’inspire d’un grand événement qui va marquer l’actualité ces prochaines semaines : les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Un événement gigantesque dans le domaine du sport, un moment d’unité et de joie, une bouffée d’oxygène et de positivité pour notre monde qui en manque terriblement ces derniers temps. Un “moment miracle” où le sport nous montre que la fraternité dans la diversité est toujours

possible et que l’hospitalité est une réalité nécessaire dans un monde en pleine transformation. Cet événement n’est pas sans nous rappeler des points communs avec ce que nous sommes et ce que nous vivons à Saint Jean de Dieu : l’hospitalité et le soin des âmes, par le soin des corps. Des points communs qui sont l’esprit qui anime et irrigue nos communautés et établissements.

Dans ce numéro, vous découvrirez les nombreuses initiatives dans nos établissements autour du sport, en France, mais aussi à Madagascar et ailleurs dans d’autres centres Saint Jean de Dieu à travers le monde. Le témoignage de Flore et de Valentin, qui partent à la découverte de Saint Jean de Dieu à la voile est un bel exemple de ce que représente le sport : une activité propice au dépassement de soi, à la persévérance, au don de soi, à l’accueil de l’autre… Bref, une véritable aventure à laquelle nous sommes tous invités ! Que cet esprit des Jeux olympiques et paralympiques renforce en nous le désir d’approfondir toujours davantage notre pratique de l’Hospitalité auprès des plus vulnérables. Le sport est un soin du corps et de l’âme par excellence. Vive le sport, vive l’Hospitalité !

ÉDITO
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Clôture de la Visite canonique provinciale

Frère Paul-Marie Taufana, supérieur provincial des Frères hospitaliers de Saint Jean de Dieu de France, a clôturé la Visite canonique le 5 avril au Centre Lecourbe de la Fondation

Saint Jean de Dieu. Celle-ci est intervenue après deux mois de visite des communautés et des établissements de France et de l’océan Indien. Les directeurs des établissements et des représentants des communautés se sont retrouvés à Paris pour une journée d’action de grâce et de réflexion autour de “l’Hospitalité, dans un monde en mutation”. Plus de cent personnes réunies au total, incluant des résidents du Centre Lecourbe.

Pour une hospitalité inconditionnelle

“Et si nous faisions de l’hospitalité le socle même sur lequel nous pourrions nous reposer, nous assurer que nous sommes bien là, présents au monde même s’il bouge en tous sens ?”, s’est

interrogée Laurence Drake, administratrice de la Fondation Saint Jean de Dieu, ouvrant une matinée d’interventions très riches. “Et si c’était l’hospitalité qui était notre élément intangible ? Et en allant un peu plus loin, si c’était l’inconditionnalité de l’hospitalité qui devenait le moteur de nos actions, sociales, politiques, familiales, spirituelles… ?”

Renouvellement de voeux

• Frère Émilien Faly, Frère Henri et Frère Alain ont renouvelé leurs vœux entre les mains de Frère JeanGuillaume à la communauté de Marohoho (Madagascar) le 16 avril.

• Frère Fidèle a renouvelé quant à lui ses vœux au scolasticat de Nairobi, entre les mains de Frère Bartholomew, maître des scolastiques le 17 avril.

• Frère Odilon a renouvelé ses vœux à la communauté de la rue Lecourbe entre les mains de Frère Mathieu le 16 avril.

• Frère Orione a renouvelé ses vœux à Milan entre les mains de Frère

Massimo le 14 avril.

• Frère Jean-Charles a renouvelé ses vœux à la communauté de La Réunion entre les mains de Frère Jean-Marie le 17 avril.

• Frère Théodore, Frère Cani et Frère Pierre ont renouvelé leurs vœux à la communauté de la rue Lecourbe entre les mains de Frère Paul-Marie le 1er mai. F

Laurence Drake a animé la réflexion avec des interventions du Frère

TÉMOIGNAGE

Frère Orione

“Le renouvellement de mon engagement religieux en tant que Frère hospitalier de Saint Jean de Dieu dépasse largement le cadre d’un simple rituel. Il représente une réaffirmation solennelle de ma consécration à Dieu et de ma volonté de suivre l’exemple du Christ, qui s’est fait serviteur de tous. En renouvelant cet engagement, j’embrasse à nouveau la mission sacrée d’annoncer la miséricorde et la compassion de notre Dieu à travers le service aux pauvres, aux malades et aux nécessiteux, conformément au charisme de notre fondateur.” F

ESSENTIEL
Frère Louis Orione renouvelle ses vœux à Cernusco, dans la province lombardovénitienne où il poursuit ses études. À l’occasion de la clôture de la Visite canonique, 100 frères, sœurs, collaborateurs et résidents étaient réunis au Centre
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Lecourbe.

Bruno Cadoré, ancien grand Maître des Dominicains, de Gabrielle Halpern, philosophe, et de Clarisse Ménager, directrice générale de la Fondation Anne de Gaulle.

Osons sortir de notre confort

“À l’approche du Chapitre général, nous sommes invités à approfondir le sens de notre engagement, a souligné Frère Pascal Ahodegnon, conseiller général de l’Ordre hospitalier. Il nous faut pour cela cultiver une écoute attentive et un cœur ouvert, prêts à accueillir les nouveaux défis, quitte à bousculer nos habitudes. Osons sortir de nos communautés et de nos bureaux pour aller à la rencontre de ceux qui ont besoin de nous  ! Osons sortir de notre confort pour retrouver une vie simple, disponible à l’autre  ! Osons nous recentrer sur l’essentiel pour rayonner de l’amour du Christ qui nous pousse à aller vers les plus pauvres. C’est ainsi que nous trouverons la joie de l’hospitalité et que nous pourrons attirer de nouvelles vocations de Frères et de collaborateurs, prêts à servir le bien commun.” F

Des résidents Saint Jean de Dieu à Lourdes avec l’ABIIF

Du 7 au 12 avril 2024, une délégation de résidents, collaborateurs, Frères et Sœurs des centres Lecourbe et Sainte-Germaine de la Fondation Saint Jean de Dieu se sont rendus à Lourdes dans le cadre du pèlerinage de l’association des brancardiers et infirmières de l’Île-de-France (ABIIF).

“Les quatre jours passés à Lourdes ont été des moments inoubliables de partages, de joies, de fêtes, d’émotions. Chaque “ami pèlerin” est entouré, choyé et je dirais chouchouté. Pour certains, c’est le seul moment de l’année pendant lequel l’on va vraiment s’occuper d’eux à 100 %, tout au long de la journée. Pour tous, c’est un rythme intense, mais ce n’est que du bonheur !” F

Frère Christian Clavé et Frère

Jérôme Gravereau à l’occasion du pèlerinage de l’ABIIF à Lourdes.

Nouvelle formule du Lien Hospitalier

La nouvelle maquette du Lien Hospitalier a fait réagir et nous remercions tous ceux qui ont pris le temps de nous faire part de leurs retours ! Vous constaterez avec ce nouveau numéro que des évolutions ont encore été faites : taille des caractères plus importante, modification de la couverture et des pages présentant la province de France, photos plus grandes, etc.

N’hésitez pas à continuer de nous envoyer vos commentaires sur communication@ohsjd.fr pour continuer de faire évoluer votre revue ! F

Retrouvez le témoignage de Frère Jérôme Gravereau sur : www.saintjeandedieu.fr

Un grand merci pour ce nouveau Lien Hospitalier! Le format est bien et agréable à lire, avec des photos magnifiques. Merci pour ce beau travail. Le Lien Hospitalier est un trésor qui m’aide beaucoup en ces temps difficiles que traverse ma communauté. Je me sens moins seule dans les épreuves. (Soeur Anne-Françoise)

Félicitations, ce numéro est splendide !

(Colette G. de Haute-Saône)

La revue est magnifique et très intéressante, quel boulot, bravo ! (Flore)

J’ai reçu la dernière livraison de la revue le Lien Hospitalier. Je tiens à vous en remercier et à vous encourager : une belle refonte.

(Père Jean-Luc, Marseille)

Je ne peux pas laisser passer ce dernier numéro new-look du Lien Hospitalier sans vous remercier et vous féliciter pour cette très belle édition. C’était déjà une revue qui se démarquait autant par son contenu que par son apparence. En cette ère du tout numérique, c’est agréable de recevoir une si belle revue papier !

(Frère Finnian)

ESSENTIEL
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130

ans du Centre SainteGermaine à Paris

“Durant ces 130 années, notre institution a connu des moments de joie, de triomphe, mais aussi des défis. Au cœur de tout cela, le Centre Sainte-Germaine demeure un refuge, un havre de paix et d’amour pour ceux qui y entrent. Que ce lieu reste éternellement une maison où l’espoir fleurit, où le respect règne et où chaque personne est accueillie avec dignité et chaleur.” F

Dylan Gainard, responsable adjoint du Centre Sainte-Germaine

Des échanges européens entre résidents

Un groupe de six résidents de l’unité Saint-Joseph (accueillant des personnes atteintes de maladies neurodégénératives) du Centre Saint-Barthélemy à Marseille s’est rendu en visite à Barcelone au sein d’un établissement de l’Ordre hospitalier pour quelques jours de vacances, fin mai. L’occasion pour eux comme pour les quatre soignantes qui les ont accompagnés,

de découvrir une autre réalité de l’Ordre, de faire connaissance avec d’autres résidents et collaborateurs et d’échanger sur leurs établissements respectifs. Une dynamique d’ouverture vers l’extérieur et en particulier vers les autres provinces de l’Ordre hospitalier qui pourrait instaurer une tradition d’échange entre les hébergés des différents établissements de l’Ordre. F

L’amour fou  : un succès… fou !

20 représentations ; + de 2000 spectateurs ;

3000  km parcourus ;

8 centres de la FSJD touchés ;

5 villes traversées (Paris, Marseille, Le Croisic, Dinan, Niort)

D’autres représentations sont en programmation. Restez connectés sur nos réseaux sociaux ou sur notre site Internet pour en savoir plus ! F

AfficheAmourFou_©RiBLANC.pdf 26/01/2024 13:54 ESSENTIEL 6 | LE LIEN HOSPITALIER | #422 - JuIN 2024 |
Des résidents du Centre Saint-Barthélemy en voyage à Barcelone.

Une nouvelle supérieure générale pour les Sœurs hospitalières du Sacré-Cœur de Jésus

La congrégation des Sœurs hospitalières du Sacré-Cœur de Jésus a élu Sœur Idília Maria Carneiro nouvelle supérieure générale. “Continuez de confier à Dieu ce chemin que nous parcourons ensemble comme congrégation, comme famille hospitalière”, a-t-elle dit, émue, en adressant ses premiers mots à la congrégation. “Nous continuons à compter sur vos prières pour que l’hospitalité que nous portons en nous grandisse et devienne parole d’espérance et geste de service envers toutes les personnes les plus fragiles, en particulier celles souffrant de maladies mentales.”

La nouvelle supérieure générale succède à sa propre sœur de sang, Sœur Anabela Carneiro, qui était supérieure générale

depuis 2012 (les deux sœurs sur la photo).

Sur cinq enfants, trois sont devenues sœurs hospitalières du Sacré-Cœur de Jésus !

Nous assurons Sœur Idilia et toutes les sœurs de la congrégation de nos prières. F

Guinée équatoriale : une nouvelle mission pour l’Ordre

À l’invitation de l’évêque du diocèse de Mongomo en Guinée équatoriale, les Frères de la province Saint Richard Pampuri d’Afrique sont arrivés en mars dernier dans ce pays pour y fonder une nouvelle mission de l’Ordre. La première communauté

fondatrice, accompagnée par Frère Hugues Assou, est composée de Frère Eric Folly, Frère Cosme Hamahouzo et Frère Fidèle Sanhongou. La mission consistera dans un premier temps en un service ambulatoire de soins. Bonne mission à eux ! F

Chapitre général : les remontées du terrain

“Nous nous sommes réunis toutes les semaines en communauté pendant trois mois pour réfléchir aux différentes thématiques proposées par l’assemblée régionale européenne. Nous nous sommes basés sur le concept de la technique de “sensing”, à savoir que nous nous sommes écouté les uns les autres sur des sujets tels que la pair-aidance, le bénévolat, la pastorale…

Bref, tout ce qui touche à l’apostolat des frères dans les établissements. L’idée était de faire un état des lieux à partir de notre vécu sur tous ces sujets, pour que le prochain Chapitre général puisse s’en emparer et définir les grandes lignes du prochain mandat général sur la base de tous les rapports qui leur seront remontés.” F Frère Mathieu

Un nouveau saint de l’Ordre ?

Le dossier de béatification de Frère Bento Manuel Nogueira (1927-2003), de la province du Portugal, a été ouvert le 5 avril dernier par le patriarche de Lisbonne. Déjà reconnu “serviteur de Dieu”, il s’agit donc de la deuxième étape en vue d’abord de la béatification, puis de la canonisation éventuelle de ce frère. Selon la procédure canonique, un “tribunal” a été mis en place pour étudier la vie du père Nogueira sur la base des témoignages recueillis. L’ouverture de la cause permettra de vérifier la vie, les vertus et la renommée de sainteté du serviteur de Dieu. Ordonné prêtre, le père Nogueira a notamment laissé un souvenir marquant à Nampula, au Mozambique, où il a effectué une grande partie de sa mission auprès des malades et des pauvres. Il a alors beaucoup collaboré avec le diocèse, comme curé, enseignant et directeur spirituel. À Nampula, il est vénéré comme “un passionné du Christ, un évangélisateur infatigable et un véritable disciple de saint Jean de Dieu.” F

ESSENTIEL
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Frère Flavien, 70 ans de profession

“Compter sur Dieu, c’est suffisant”

En mai dernier, il a fêté ses 70 ans de profession religieuse au sein de l’Ordre hospitalier de Saint Jean de Dieu. Frère Flavien Ruthmann, bien connu notamment au Centre hospitalier Dinan/Saint-Brieuc où il a exercé l’une de ses dernières responsabilités en tant que directeur, président et prieur, a eu une vie bien remplie au service de Dieu, des malades, de ses frères et des établissements de l’Ordre.

Àbientôt 90 ans, Frère Flavien n’est pas du genre à s’arroger du repos. Ce frère hospitalier, au caractère aussi trempé que son accent révélant ses origines alsaciennes, continue d’être bien actif. Passionné d’histoire, il se rend chaque jour au service des Archives de la province de France pour seconder Marie Rablat, l’archiviste provinciale, et dépouiller des pages d’histoires encore méconnues de l’Ordre hospitalier en France. Retiré dans la communauté de Paris, Frère Flavien est par ailleurs une présence importante pour les jeunes frères malgaches en formation à la capitale. Le surnom qu’ils lui ont donné montre bien l’importance de cette présence intergénérationnelle : “Dadabé” (“Grand-père”, en malgache). Il n’est d’ailleurs pas rare de le croiser le soir jouant au scrabble avec l’un d’entre eux.

“Cette ouverture progressive aux laïcs, bien que compliquée au début, a été un apprentissage et une belle ouverture pour nous les Frères !”

PORTRAIT
|  PORTRAIT  |
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“Vous avez la vie devant vous”

Frère Flavien se préoccupe souvent de la situation de ses jeunes frères. “Vous avez la vie devant vous, a-t-il rappelé lors de son jubilé. Vous êtes entrés pour vous consacrer à Dieu, aux pauvres et aux malades, un programme vaste et sans limites ! Continuez votre formation spirituelle et professionnelle pour que vous vous sentiez bien à votre place, dans votre vocation de service.”

Pour sa part, Flavien Ruthmann a rencontré les frères pour la première fois en mai 1947, alors qu’il cueillait du muguet dans la forêt de Guewenheim avec ses trois frères et ses parents, en même temps que Frère Aurélien et les juvénistes en sortie. Il entre au juvénat - une école pour les enfants se posant la question de la vocation - dans la foulée, à l’âge de 12 ans, et poursuit sa formation jusqu’au 30 mai 1954, date de ses premiers vœux, il y a tout juste 70 ans. “Cela ne fut pas toujours un long fleuve tranquille”, reconnaît aujourd’hui Frère Flavien. “Mais on s’est engagé pour Dieu et les nécessiteux. J’ai eu beau piquer des coups de gueule, j’ai toujours fini par obéir à ce que me demandaient mes supérieurs, même si je n’étais pas d’accord”, avoue-t-il en repensant à ses différentes affectations, acceptées sans regret, sauf celui de n’en avoir pas fait assez.

“Sans vie de communauté, il est difficile de tenir” Connu pour sa franchise, Frère Flavien n’a jamais hésité à exprimer ce qu’il pensait, parfois de manière abrupte, mais toujours avec sincérité. Prieur de nombreuses communautés, il a également assumé la charge de directeur puis de président d’associations qui géraient alors localement les établissements Saint Jean de Dieu. Il a particulièrement connu la délicate période du passage de témoin aux laïcs. “Durant ma vie, j’ai beaucoup collaboré avec les laïcs, aussi bien dans les soins que dans

les responsabilités. J’ai beaucoup appris à leur côté et je les en remercie. J’espère ne pas les avoir fait trop souffrir !” Quant à la vie communautaire, Frère Flavien reconnaît qu’elle a été indispensable pour lui. “Sans vie de communauté, il est difficile de tenir.”

Frère Flavien est intarissable lorsqu’il s’agit de l’histoire de l’Ordre et particulièrement des frères de France. Il évoque facilement et avec passion saint Jean de Dieu : “La vie de notre fondateur, je la redécouvre tous les jours !” dit-il, un large sourire illuminant son visage. Quant à l’histoire de la province, il la connaît d’autant mieux qu’il est passé dans la plupart des établissements et communautés, dont certaines ont aujourd’hui fermé.

Pour Frère Flavien, la foi a toujours été un pilier essentiel dans sa vie religieuse, surtout dans les moments plus difficiles. “On est comme tout le monde, il y a eu des moments où j’ai eu envie de partir. Mais on sait qu’on peut compter sur Dieu, et c’est suffisant.”

“Je crois en l’avenir de l’Ordre”

Son expérience avec les collaborateurs laïcs a été enrichissante.

“Cette ouverture progressive aux laïcs, bien que compliquée au début, a été un apprentissage et une belle ouverture pour nous les Frères !” Aujourd’hui, il regarde l’avenir de l’Ordre avec espérance, malgré la diminution des vocations en Europe.

“Je ne sais pas ce que le bon Dieu veut pour nous, mais je crois en l’avenir de l’Ordre, surtout en voyant ce qui se passe en Afrique où les besoins sont immenses, confiait-il en 2014 à l’occasion de ses 50 ans de vie religieuse. Nous devons enseigner aux jeunes l’amour de l’Ordre, des malades et de l’Église, en évitant de courir partout et, peut-être aussi, en nous recentrant sur l’essentiel de notre mission, pourquoi pas en réinventant de nouvelles manières de pratiquer l’Hospitalité”. Bon anniversaire, Frère Flavien ! F Antoine Soubrier

BIOGRAPHIE

En 1954, après avoir intégré le postulat et le noviciat à Dinan, il prononce ses premiers vœux et se rend à Lyon pour devenir infirmier. La guerre d’Algérie interrompt ses études, mais il revient pour prononcer ses vœux solennels en 1959. Diplômé comme infirmier en juin 1960, il est envoyé à la Villetertre, une affectation qu’il redoutait.”Je n’aimais pas l’idée de travailler avec des jeunes. On se sent vraiment seul dans ces situations, mais j’ai toujours obéi en fidélité aux vœux que j’avais prononcés”, confie-t-il.

Les nominations provinciales le conduisent ensuite à Sentheim, puis à la Clinique Oudinot en 1964 où il passe dix-neuf ans, dont six en tant que prieur et directeur. En 1983, il est nommé à Nantes, puis à Marseille en 1986, où il dirige la communauté jusqu’en 1992. En mai de cette même année, il devient prieur de Dinan tout en continuant de superviser Marseille jusqu’à la transition vers un directeur laïc. En 2014, il est nommé prieur du Croisic, avant de revenir à la communauté de Paris en 2018.

“Merci pour ton ‘oui’ prononcé il y a 70 ans”

“Cher Frère, je te remercie pour ta fidélité, ta prière, ton ‘oui’prononcé la première fois il y a 70 ans, et pour ton témoignage d’hospitalité. À la suite et à la manière de saint Jean de Dieu, je te souhaite de suivre Jésus encore de nombreuses années ! Qu’au milieu des plus jeunes frères, tu puisses encore transmettre tout l’amour que tu as pour Jean de Dieu et pour notre famille religieuse. Sois pour nous notamment les plus jeunes, un témoin, mieux, un transmetteur de notre histoire, de notre spiritualité.

Merci pour le service que tu rends à l’Ordre hospitalier, que ce soit avec Marie, jeune collègue des Archives, tes frères, tes amis, les collaborateurs du CH Dinan/Saint-Brieuc ou au travers de tes engagements associatifs.

Merci Frère Flavien pour ce que tu es. Que Dieu te bénisse et ensemble, célébrons dans l’action de grâce ton Jubilé de 70 ans.” F

(Extrait du discours de Frère Paul-Marie Taufana, provincial, à l’occasion du jubilé de Frère Flavien)

PORTRAIT
| LE LIEN HOSPITALIER | #422 - JuIN 2024 | 9

|  DOSSIER  |

DOSSIER 10 | LE LIEN HOSPITALIER | #422 - JuIN 2024 |

À la croisée du sport et de l’hospitalité : une vision holistique du soin

Alors que la France s’apprête à accueillir les Jeux olympiques de Paris 2024, il peut sembler surprenant qu’une congrégation religieuse s’empare du thème du sport !

Pourtant, ce dossier nous montre combien le sport et l’hospitalité sont étroitement liés et combien les valeurs du sport font écho à celles de l’institution Saint Jean de Dieu à travers le monde.

Le sport, loin de se limiter à une simple activité physique, est une école de vie essentielle non seulement dans nos établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux, mais aussi pour tout un chacun. Il enseigne l’humilité, la connaissance de soi, la solidarité et la confiance en soi.

Dans des contextes variés, du Togo à Marseille, le sport est utilisé comme un outil précieux de soin, de prévention, de création de lien social, d’inclusion. Le sport peut aussi être un vecteur d’épanouissement et de fraternité, comme le rappelle le pape François, contribuant à une vie meilleure et plus significative. Ce dossier illustre comment le sport, en forgeant l’esprit, peut aussi contribuer à toucher les âmes, dans une démarche holistique chère à saint Jean de Dieu.

| LE LIEN HOSPITALIER | #422 - JuIN 2024 | 11

Par le sport, nous apprenons à compter les uns sur les autres

À 30 ans, l’abbé Vincent Benito est prêtre pour le diocèse de Perpignan-Elne.

Ordonné le 25 juin 2023, il est vicaire dans une communauté de paroisses regroupant quatre clochers depuis septembre dernier. Passionné de sport, il en a pratiqué plusieurs, jusqu’à s’inscrire dans le club de rugby de son village il y a deux ans. Pour le Lien Hospitalier, il nous aide à voir comment le sport peut être un moyen pour apprendre à vivre ensemble.

Pouvez-vous nous raconter votre lien au sport ?

J’ai toujours eu un attrait pour le sport, bien avant d’entrer au séminaire, ayant pratiqué l’escrime ou la course à pied essentiellement. Pendant le séminaire, j’ai couru trois semi-marathons pour SOS Chrétiens d’Orient ou la Fondation Jérôme Lejeune. Au séminaire nous pratiquions le foot ainsi que le rugby. Depuis 2 ans, je me suis inscrit dans le club de rugby du village dans lequel j’habite et qui fait partie de ma paroisse : l’Union Catalane, une entente de trois villages (Pollestres, Bages, Villeneuve).

Un esprit sain dans un corps sain

En quoi le sport est-il important dans votre attention pastorale ?

Pour répondre, je partirai de l’adage connu : Un esprit sain dans un corps sain ! Pour ma part, c’est impor -

tant d’avoir une activité physique dans mon ministère qui me permet d’avoir un bon équilibre de vie. Que ce soit pour la santé du corps et de l’âme, le sport permet cet équilibre et me permet d’avoir ces moments où je peux souffler et me dépenser. Pastoralement, la pratique du rugby dans un village me permet d’aller à la rencontre des gens que je ne croiserais pas à l’église ou dans d’autres cérémonies religieuses. Ainsi des questions et des discussions très intéressantes naissent à partir de là, parfois même des demandes de sacrement !

Vous parlez de santé “du corps et de l’âme”, en quoi le sport vient-il toucher ces deux dimensions en même temps ?

Le lien entre le sport et la foi, je dirais que c’est la notion de sacrifice. La foi chrétienne découle de l’amour du Christ mort sur la Croix et ressuscité pour nous sauver. Dans un sport collectif comme le rugby, il y a également la notion de sacrifice : sans le soutien de notre coéquipier, on ne fait rien. Nous avons besoin de chaque joueur dans une équipe de rugby où chacun est prêt à se donner entièrement pour l’autre !

En quoi le sport peut-il être un moyen pour apprendre à vivre ensemble, quelles que soient nos fragilités ?

Le sport met en avant nos qualités et nos fragilités. Nous en avons tous, l’important c’est de mettre en avant nos qualités pour le groupe et s’appuyer sur les qualités de l’autre pour combler nos fragilités. Ainsi il y a une complémentarité importante.

Un terrain commun

Peut-on faire le lien entre le sport en équipe et la vie communautaire ?

Le sport permet la cohésion dans un groupe, car nous nous retrouvons tous pour une même cause, nous souffrons ensemble, nous perdons ensemble et nous gagnons ensemble. Nous avons le même maillot et sommes dans la même équipe. À partir de là, on trouve un terrain commun sans gommer pour autant la personnalité de chacun.

En quoi le sport est-il un moyen pour apprendre à se dépasser, à persévérer, à gagner malgré nos faiblesses ?

C’est le propre du sport : chercher à se dépasser. Nous sommes faits pour grandir et pour avancer. Le sport nous apprend que dans notre vie pour avancer, se dépasser et gagner, il faut parfois accepter de souffrir un peu, qu’il faut être fidèle et que dans un sport collectif, nous devons compter sur les autres. F

Propos recueillis par Antoine Soubrier

Grand témoin
|  DOSSIER  | | À LA CROISÉE DU SPORT ET DE L’HOSPITALITÉ : UNE VISION HOLISTIQUE
DR 12 | LE LIEN HOSPITALIER | #422 - JuIN 2024 |
Le Père Vincent Benito, à gauche, à l’occasion d’un match de rugby

Le sport pour développer le lien social entre résidents

Afin d’améliorer le bien-être physique et moral de ses résidents, l’Ehpad SaintBarthélemy à Marseille a mis en place des séances de sport adapté. En collaboration avec l’association Sport et bien-être, un lien étroit a pu se tisser entre les équipes du Centre et le coach Bernard Serino.

J’interviens dans toutes les unités, et je constate que l’activité physique complète le travail de l’équipe pluridisciplinaire, notamment celui des kinés et des psychologues. Je base donc mon intervention sur les besoins exprimés par l’équipe pluridisciplinaire, et essaye de la personnaliser et de l’adapter aux

besoins individuels des résidents, en fonction de leur forme.

Retrouver confiance en eux

Des cours variés sont proposés dans chaque unité : endurance, renforcement musculaire, motricité, parcours d’agilité et travail de mémorisation gestuelle. Que constate-t-on ? Les séances per-

mettent de développer le lien social entre les résidents et les aident à retrouver confiance en eux. Réussir à faire des mouvements que l’on ne pensait plus pouvoir faire, dépasser la situation d’échec, retrouver des sensations oubliées dans son corps, peut aider à reconstituer progressivement une estime de soi. F Propos recueillis par Thomas Callies

À Afagnan, le sport au cœur du soin

Dans de nombreux pays où l’Ordre hospitalier est présent, le sport est souvent utilisé comme un moyen de sensibilisation aux questions de santé. En avril dernier, au Togo, un match de foot opposait l’équipe de l’hôpital Saint Jean de Dieu d’Afa-

gnan (mélangeant collaborateurs et Frères hospitaliers) au N’tifafamé FC. Ce match précédait une campagne de dépistage gratuite de l’hypertension artérielle et du diabète, à l’initiative de l’association sportive de l’hôpital d’Afagnan. F

DU SOIN
Témoignage
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Sport et inclusion

Changer son regard et le regard de l’autre sur le handicap

Depuis 2001, Nathalie Wozniak, éducatrice sportive, fait du sport un outil essentiel pour le bien-être - physique et psychologique - et l’inclusion des résidents du Centre Le Croisic. Dès son arrivée, elle a enrichi l’offre sportive, initialement axée sur l’haltérophilie et le tir à l’arc, avec des activités variées telles que la boccia, le tennis, la sarbacane, les parcours fauteuil, la musculation, la boxe ou encore la danse.

Un des bénéfices des activités proposées est le regard que les résidents portent sur eux-mêmes lors des activités. “Le sport leur redonne confiance en eux, souligne Nathalie. Cela leur permet de sortir de leurs chambres et de se retrouver avec d’autres. Quand ils font du sport, ils deviennent acteurs de leur propre réussite.” L’estime de soi et la satisfaction personnelle sont renforcées lorsque les résidents atteignent des objectifs sportifs, comme tirer une flèche dans la cible avec une sarbacane adaptée.

“La valorisation que l’on obtient par le sport est immense”, ajoute-t-elle.

“Un apprentissage de la vie”

Sur le plan physique, le sport contribue par ailleurs à maintenir les capacités et l’autonomie des résidents.

“Cela aide au transit, à la circulation du sang et génère des endorphines qui apportent joie et bien-être”, explique Nathalie. Elle souligne aussi la reconnaissance des efforts et des exploits sportifs, citant l’exemple de Pierre, un résident habituellement timide qui a gagné un trophée de boccia et a fièrement montré sa coupe à tout l’établissement. “C’est un apprentissage de la vie : on ne peut pas toujours gagner, mais si tu veux gagner, il faut te battre et t’entraîner.”

Le sport comme outil d’inclusion

Pour Nathalie, le sport est un outil précieux en faveur de l’inclusion. “Nous travaillons sur cette thématique depuis longtemps, vers des publics très variés, de la maternelle aux entreprises. Partager des journées ensemble aide à comprendre que, malgré les différences, nous pouvons vivre ensemble en nous acceptant les uns les autres.” Les activités sportives permettent de casser les préjugés et d’apprendre à se connaître. “Souvent, les enfants disent qu’au début ils avaient peur parce

qu’ils ne connaissaient pas le handicap. Après les activités, ils ont moins peur car ils ne voient plus le handicap mais la personne.”

Le sport, vecteur d’épanouissement et de dignité

Passionnée par son métier, Nathalie n’hésite pas à proposer à son entourage ou à ceux qui sont de passage de partager une activité avec les résidents. “Je suis heureuse de donner du bonheur par ce moyen-là. Le sport est un vecteur d’épanouissement global, de fraternité et de respect.”

Pour Marie-Françoise, bénévole qui participe à de nombreuses autres activités sur le centre, chaque activité proposée - adaptée à chacun selon ses capacités et son projet personnalisé - permet de découvrir ses propres capacités et de s’ouvrir aux autres. “À travers le sport, nous retrouvons la vision holistique si chère à saint Jean de Dieu : prendre soin de chacun pour ce qu’il est, quelles que soient ses fragilités. Finalement, c’est aider chacun à trouver sa juste place et, plus largement, sa dignité.” “Et au final, la joie”, conclut Nathalie. F

Antoine Soubrier

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Au cœur des JO, une “route extraordinaire”

Pendant les douze jours des Jeux paralympiques, différentes associations solidaires vont se succéder au fil des jours pour vivre les jeux avec des personnes en situation de handicap, du 28 août au 8 septembre.

“Un événement inoubliable, avec de grands moments fraternels riches en émotions attend jeunes et moins jeunes”, expliquent les organisateurs des Holy Games.

Le programme de chaque journée tiendra compte des horaires des compétitions sportives afin de permettre à ceux qui les suivront de pouvoir aussi participer aux activités prévues dans les paroisses d’accueil.

Cette route passera par le Centre Lecourbe de la Fondation Saint Jean

de Dieu, le 3 septembre, au septième jour des jeux paralympiques. Au programme, accueil des participants à 9 h, suivi d’une messe puis d’activités sportives et notamment du para-tir à l’arc en initiation et des retransmissions des épreuves paralympiques de cette journée. L’après-midi, trente places ont été réservées pour permettre aux résidents d’aller assister aux épreuves aux Invalides. “On fait partie d’une grande route qui va durer tout le long des Jeux paralympiques et permettre à un grand nombre de personnes, valides ou non, de vivre ensemble cet événement unique”, explique Marie Girerd, coordinatrice du service d’accès à la culture, au sport et aux loisirs du Centre Lecourbe. La matinée sera ouverte au public. F

Le sport au service d’une cause

En 2016, les parents de Taylor Baldwin, enfant accueilli à l’Unité spécialisée pour enfants polyhandicapés du Centre Lecourbe, ont lancé la première édition de la Taylor M. E. Baldwin Charity Cup, un tournoi de jeu de paume destiné à soutenir les activités de l’USEP.

Fidèlement, chaque année, ce tournoi de charité bénéficie tant aux enfants du Centre Lecourbe qu’aux joueurs de paume ! Au travers d’une activité sportive, Marie-Pierre, Tayt et tous les joueurs permettent ainsi d’améliorer le confort et le bien-être de personnes en situation de fragilité. Les dons collectés ont permis plusieurs projets : réfection du bassin de balnéothérapie, aménagement d’une salle snœzelen, achat de matériel spécialisé, aménagement du hall d’entrée et des paliers pour en faire des lieux épanouissants pour les enfants…

“Un joueur, en participant à ce tournoi et en passant du bon temps par la même occasion, contribue véritablement au bien-être des enfants en situation de handicap. Au-delà de son don, cet événement lui permet aussi d’être plus sensible au handicap, au quotidien de ces enfants et de leurs proches aidants”, souligne Marie-Pierre Baldwin. Charlotte de Kervenoaël

| CITATION |

AUTOUR DU SPORT |

J’ai combattu jusqu’au bout le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi.

Deuxième lettre de saint Paul Apôtre à Timothée 4, 7

DU SOIN
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Le sport et les valeurs Saint Jean de Dieu

“Ouvrons grand les jeux” : tel est le slogan des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. “C’est une invitation lancée au monde entier à venir vivre des émotions nouvelles, ensemble… C’est aussi un pouvoir. Le pouvoir d’ouvrir nos cœurs et nos esprits, pour ne plus voir les différences comme des obstacles”, disait Tony Estanguet president des JO 2024, en expliquant ce slogan.

Je suis touché par ce propos qui définit exactement notre hospitalité ! L’hospitalité qui est notre identité, le fondement de notre mission et de nos valeurs que nous vivons et partageons avec nos collaborateurs.

D’abord parce qu’au travers du soin du corps, nous croyons à Saint Jean de Dieu que nous pouvons toucher les âmes. Eh oui ! C’est notre devise et notre spiritualité ! Par le soin du corps, on atteint l’âme et c’est le Christ lui-même qui nous a montré ce chemin.

Si la version habituelle est “Par les corps, aux âmes”, permettez-moi de rajouter, comme un trait d’union entre les deux, celui de “forger l’esprit”. Les sportifs de haut niveau savent à quel point “l’état d’esprit” est aussi important que la préparation du corps pour atteindre la réussite. C’est ce fameux fair-play qui invite au respect à la fois des règles et de l’adversaire.

Dans le domaine de la compétition, il est également nécessaire d’anticiper nos capacités physiques par un travail d’excellence, par une préparation de qualité.

“Mieux vaut prévenir que guérir”

Dans le domaine de la santé et de l’éducation, nous savons tous très bien que ‘mieux vaut prévenir que guérir’. L’hospitalité selon saint Jean de Dieu ne se focalise pas seulement sur le soin du malade mais aussi sur la prévention de la maladie. Le sport, qui est un soin du corps par excellence, est un moyen pour y parvenir, grâce à ses effets bénéfiques tant sur le plan physique que mental, social et familial. Et c’est la responsabilité partagée de tout le monde de prévenir la maladie, car un esprit sain se trouve dans un corps sain.

“Frères, faites-vous du bien en faisant du bien aux autres.”

Le sport est enfin le moyen de prendre soin de soi avant de s’occuper des autres. “Frères, faites-vous du bien en faisant du bien aux autres”, disait notre fondateur. Il s’agit de prendre le temps de s’arrêter, de faire un point sur le sens donné à notre travail, à nos engagements, à notre vie. C’est ce temps qui nous permettra d’être d’autant plus efficaces dans le sens où nous laisserons une part à l’inattendu, aux rencontres, aux nouveaux défis. Ce temps qui nous rendra plus disponible pour faire le bien aux autres. F

Frère Jean-Guillaume

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“Le bon sport, c’est celui qui aide à grandir

en liberté”

Il y a un lien entre les efforts et les sacrifices qui sont nécessaires pour devenir plus performant dans un sport ou pour gagner une compétition, et les efforts et les sacrifices qui sont nécessaires pour apprendre à mieux aimer. Les deux doivent aller de pair. Devenir plus fort en sport, mais, à cause de cela, perdre en capacité d’aimer ne serait pas ajusté.

Dieu a déposé en l’homme toutes les puissances nécessaires pour le mener au bonheur, avec son corps et son esprit. Avec son corps, à force d’entraînement, de volonté, l’homme parvient à surmonter ce qui lui paraissait difficile au début, quand chaque départ était un combat, repousse toujours plus loin ses objectifs et parvient, finalement, à des sommets. Ainsi, il devient de plus en plus libre, car son champ des possibles s’agrandit, la joie de l’effort réussi lui donnera le goût de repartir encore, et son être tout entier en sera amélioré. Pour l’âme, c’est à peu près la même chose. Avec elle, je peux embrasser

le bonheur que Dieu a préparé pour moi. Je peux aimer de mieux en mieux, Dieu et les autres, mais, pour cela, il me faut d’abord affermir ma charité, mon courage, mon humilité, ces puissances que Dieu a déposées en moi à l’état de graine et que je dois éduquer pour qu’elles deviennent des vertus. Et on éduque une vertu tout comme on éduque un muscle. Au début, un petit effort est très difficile, mais, peu à peu, on gagne en liberté vis-à-vis de ce qui nous semblait dur à surmonter au début. C’est ainsi qu’on grandit dans l’humilité, le courage, la prière et toutes les autres vertus. Et la bonne pratique sportive, c’est celle qui est au service de ce déploiement de l’âme et de sa capacité d’aimer.

Il marche avec nous

Essayer d’avancer seul, c’est perdu d’avance. Il faut avancer au même rythme que Dieu. Si mon pied dépasse le sien, c’est mauvais signe. Mais cela signifie aussi que Jésus n’est pas devant : il est à côté de moi. Quand nous tombons, il tombe avec nous, et il nous relève. Il nous regarde de son œil bienveillant rempli d’amour et nous encourage. C’est nous qui faisons les pas, avec notre volonté. Lui ne les fait pas

| CITATION | | AUTOUR DU SPORT |

“Le sport et la foi partagent beaucoup de valeurs communes, qui nous guident pour vivre ensemble dans la paix avec nos concitoyens. Comme la foi, le sport peut nous guider sur la façon de mener une vie meilleure et ayant plus de sens. Comme la foi, le sport peut faire ressortir le meilleur de nousmêmes. Comme la foi, le sport nous enseigne l’importance de vivre dans la solidarité et la paix avec nos semblables. Mais

sans nous. Mais, si nous avançons, il marche avec nous pour vivre ce combat contre le péché qu’il a déjà livré, qu’il a remporté pour nous et auquel il nous associe pour notre bonheur éternel. F

le sport ne peut apporter de réponses aux questions ultimes sur le sens de notre existence. Seule la foi peut donner des réponses aux questions réellement existentielles de la vie, de la mort et du divin. Seule la foi peut nous guider dans notre acceptation de la transcendance divine.”

Thomas Bach, président du Comité international olympique, 30 septembre 2022

DU SOIN
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Pour aller plus loin

Prévenir le vieillissement prématuré grâce au sport et à l’inclusion sociale

Au cours du dernier trimestre 2023, la remise d’un rapport final et d’un protocole à l’agence Erasmus+ ont clôturé le projet AGELESS qui a réuni cinq partenaires européens durant 18 mois dont deux établissements de la Fondation Saint Jean de Dieu. Cofinancé par l’Union européenne, le projet “AGELESS : prévenir le vieillissement prématuré grâce au sport et à l’inclusion sociale” s’est inscrit dans le cadre des directives européennes pour l’amélioration de la santé par l’activité physique.

De juin 2021 à novembre 2023, sous la coordination de l’institut des Sœurs hospitalières du Sacré-Cœur de Jésus à Madère (Portugal), les partenaires du Sanatorium Sportif de la Gijon (Espagne), du Centre Pai Menni des Sœurs hospitalières (Espagne), du Centre Lecourbe et du Centre SainteGermaine de la Fondation Saint Jean de Dieu (France) se sont réunis à plusieurs occasions pour mettre en place un protocole à destination des soignants et des éducateurs. Il décrit plusieurs programmes sportifs qui

peuvent être mis en place dans les organisations sportives et dans les centres de soins de santé.

Le protocole d’activités et le rapport ont été remis au cours de l’automne 2023 et approuvé par l’agence Erasmus+ en fin d’année. Ces documents sont disponibles en plusieurs langues (anglais, français et espagnol) sur le lien suivant https ://irmashospitaleiras.pt/agelessfr/ F Claire de Fenoyl

Un peu d’histoire

Le sport en psychiatrie, de la distraction au soin

À Saint Jean de Dieu, la personne est prise en charge dans toutes ses dimensions. Et pourquoi pas sa dimension sportive ? Celle-ci a été prise en compte très tôt dans l’histoire des établissements, notamment à Dinan.

Au début du XXe siècle, le sport apparaît à Dinan sous le nom d’“exercices corporels” prescrits par le médecin pour lutter contre l’oisiveté, néfaste pour la guérison

des malades. Puis, dans les années 1930, le supérieur de la communauté introduit avec grand succès le foot au noviciat. Les frères y sont rejoints par les patients et dans les années 1950, tout s’accélère. Des matchs de foot sont organisés entre équipes composées de patients, d’employés et de novices, comme la traditionnelle “coupe du Saint-Père”, qui a lieu pour la première fois à l’occasion des 80 ans du pape en 1956 et qui se déroulera ensuite tous les ans.

Le Parc des Princes des Bas-foins

Certains joueurs avaient la chance d’être sélectionnés pour rejoindre l’équipe de l’hôpital “La Grenade sportive de Léhon”, qui affrontait les autres hôpitaux. Dinan a même été jusqu’en finale de la Coupe de France en 1972 ! À leurs débuts, les joueurs évoluaient sur “le Parc des Princes des Bas-foins”, un terrain empierré, entouré de tas de fagots

faisant office de tribunes, mais un grand terrain de sport a été inauguré en 1959. L’hôpital pouvait alors recevoir dignement ses adversaires et prêtait également ce terrain à des associations locales, apportant une ouverture sur l’extérieur. Parallèlement, d’autres sports ont été peu à peu proposés : football, volleyball, gymnastique, palets, pétanque, tennis de table, basket, piscine et une association créée : le “Club culturel et sportif de Saint Jean de Dieu”, afin de favoriser la pratique des loisirs et des sports pour la distraction des malades, mais aussi leur rééducation. De la distraction au soin, le sport était reconnu pour ses bienfaits tant sur le physique que sur le mental, mais il était surtout un moment de partage entre les membres de la famille hospitalière, un moment où chacun oubliait son rôle de patient, frère ou soignant pour devenir coéquipier, tout simplement. F Marie Rablat

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ÀBillet spirituel

Descendons des gradins !

(I Corinthiens 9, 24-27)

la fin de sa vie, saint Paul disait de lui-même : “J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course.” Pour illustrer ce combat, il utilise une autre image, celle du sport de compétition. Une image bien connue par les Corinthiens. Tous les deux ans avaient lieu à Corinthe, les Jeux isthmiques dédiés à Poséidon, le Dieu de la mer. Ils étaient moins renommés que les jeux de l’Olympe, mais attiraient eux aussi de nombreux athlètes et d’innombrables spectateurs. Paul écrit aux Corinthiens : “Vous savez sûrement que les coureurs dans le stade courent tous, mais un seul remporte le prix. Courez donc de manière à remporter le prix !” (1 Cor. 9,24). Sans publicité aucune, en grec “victoire” se dit NIKE (Νίκη). Dans la mythologie grecque, c’est le nom de la déesse ailée capable de se déplacer à grande vitesse.

Courir, nous savons faire, même sans Nike ! Nous courons pour “rester dans la course”, nous sentir utiles, avoir notre place dans un monde où après 50 ans on n’a plus besoin de nous… Nous courons pour remplir le temps qui passe parce que le vide nous fait peur ! Nous courons… Mais pour gagner quoi ? Une médaille ? Un sens pour notre vie ?

Il nous offre la vie

Dieu nous dit : “La victoire est possible, aussi pour toi !” Dieu est entré dans la course en Jésus-Christ. Par lui, il nous offre plus qu’une médaille, même en or ; il nous offre la Vie… C’est une récompense que personne ne peut nous ôter, ni même voler. Naturellement, il ne faut pas que nous restions sur les gradins à regarder courir les autres. Il nous faut descendre sur la piste, mettre nos

pieds dans les starkings blocs. La Vie est un cadeau personnel qui ne peut être ni hérité ni acheté. Comme le coureur, il faut nous élancer ! Les règles du sport sont sévères et sans pitié, elles peuvent disqualifier un sportif, brandir devant ses yeux un carton rouge. Dieu, lui, a instauré une règle qui s’appelle amour et pardon. Malgré le non-respect de la règle ou une chute, nous pouvons rester dans la course, le pardon et l’amour nous remettent debout. Dieu ne sait pas disqualifier, il ne le peut pas.

pour continuer la course. Sa Parole de vie en Josué 1,9 : “Fortifie-toi et prends courage car je suis avec toi”. Oui, Dieu court avec nous. Et la deuxième vitamine est de découvrir que ceux qui courent à côté de nous ne sont pas des adversaires à battre mais des partenaires avec lesquels nous courons sur la piste de la vie.

Soyons endurants !

“Le sportif qui se prépare à une compétition a besoin d’un régime de vie particulier : entraînement quotidien, repos, nourriture équilibrée… Nous devons, nous aussi, faire des choix.”

Le sportif qui se prépare à une compétition a besoin d’un régime de vie particulier : entraînement quotidien, repos, nourriture équilibrée… Nous devons, nous aussi, faire des choix. La vie n’est pas une belle ligne droite, un 100 mètres, mais souvent une course faite de montées, de descentes, de faux plats, un marathon en somme où la fatigue et l’épuisement viennent nous surprendre. Mais Dieu est à nos côtés, il nous connaît et nous offre deux vitamines revigorantes

Il est temps pour chacune et chacun de descendre des gradins pour remporter le prix ! Non pas une couronne de laurier, mais une couronne incorruptible, pas un honneur pour le temps d’un tour de piste, mais une couronne immortelle. C’est la vie éternelle déjà commencée ! Une vie en présence de Dieu, une vie avec Dieu, une vie nouvelle qui nous apporte paix, joie, espérance… Qui nous donne de nous encourager mutuellement, de nous écouter, de nous consoler. Il n’est pas rare de voir sur les podiums, des athlètes qui pleurent d’émotion et s’embrassent, heureux de partager leur victoire ; et pour les amis déçus, ils disent de généreuses paroles de réconfort. Tous les sportifs qui ont gagné ou participé diront certainement qu’ils ne regrettent pas le combat mené pour la victoire. Quant à nous, nous avons devant nous un but précis : la couronne de la vie que Dieu offre à tous ceux qui courent pour la recevoir… Nous n’avons pas encore franchi la ligne d’arrivée… Alors persévérons, soyons endurants… Courage ! F

Christian Clavé

DU SOIN
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Flore, Valentin et leur petite Anna, au centre, entourés des collaborateurs de la curie provinciale et du CH Dinan / Saint-Brieuc pour le lancement officiel du projet en mai dernier.”

Messagers de l’Hospitalité

En

famille, à la voile, à la découverte de la famille hospitalière à travers le monde

Flore, son mari Valentin et leur fille Anna se lancent dans un projet de vie audacieux où l’aventure, le service et la rencontre sont au cœur. Gestionnaires d’une petite entreprise de location de bateaux à côté de Dinan, où ils ont découvert l’Ordre hospitalier et la Fondation Saint Jean de Dieu, ils souhaitent partir plusieurs mois par an en mer, et revenir le reste de

l’année en France pour faire vivre leur entreprise pendant la saison estivale.

Même si, comme toute aventure, la page reste encore à écrire, leur objectif est clair : se mettre au service des autres en donnant de leur temps, en se laissant guider et en prenant leur temps. Cette aventure a débuté en janvier dernier, pour une première escale “test”, où ils ont pu aller à la rencontre des Frères hospitaliers, des collaborateurs et des résidents du centre Saint Jean de Dieu de Thiès. Flore et Valentin ont souhaité vivre cette aventure comme une aventure missionnaire, au travers des actions plus que par les paroles.

Un premier contact avec Saint Jean de Dieu de France s’est fait via le Centre hospitalier Dinan/SaintBrieuc et les Sœurs hospitalières du

Leur objectif est clair : se mettre au service des autres en donnant de leur temps, en se laissant guider et en prenant leur temps.

Sacré-Cœur de Jésus, en mai dernier, pour une rencontre de lancement du projet. D’autres visites sont prévues dans les établissements de la Fondation qui le souhaiteront, au gré du vent de l’aventure !

Merci à Flore et Valentin pour cette belle mission de présence et de transmission au cœur de l’Hospitalité selon Saint Jean de Dieu. F Antoine Soubrier

Si vous êtes intéressés pour suivre l’aventure, contactez-nous sur l’adresse communication@ohsjd.fr pour mettre en place ensemble un relais au sein de votre établissement !

|  INTERNATONAL  |
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Journal de bord #1

Nous avons imaginé ce projet, un peu fou, diront certains, vital, selon nous, de partir en famille à la voile ! Une entreprise à l’image de la vie, semée de doutes et d’aléas, de lumière et de joie. Un désir d’abandon, une soif de passer du temps avec les populations que nous rencontrons, une invitation à se laisser guider et enseigner, accepter de ne pas pouvoir tout contrôler, à ralentir parfois et à foncer quand l’appel du large se fait trop insistant. Valentin, marin avisé et bâtisseur taiseux, aime œuvrer avec ses mains. Flore se nourrit de grands espaces et du contact humain. Anna du haut de ses 13 mois envoie des sourires à tout va.

Après plusieurs mois de chantier pour se refaire une beauté, Malo d’Eau, notre voilier, retrouve son élément dans le port de Plouër-surRance, notre fief breton, à proximité

splendide dimanche d’automne, entourés de nos familles et amis, le père Johan Visser de la paroisse voisine vient bénir le bateau, son équipage et ses futures tribulations. En passant les feux de Saint-Malo sous un grand soleil, nous savons déjà que nous serons contraints de nous mettre à l’abri pour laisser rugir la tempête Ciaran. Et c’est au port du Palais à Belle-Île que nous trouvons refuge. Pendant plusieurs semaines, aucune fenêtre météo ne se présente qui permettrait à Malo d’Eau de traverser le redoutable golfe de Gascogne sereinement. Nos nerfs sont mis à rude épreuve, mais nous le savons, la voile invite au lâcher prise et à l’abandon, et c’est bon.

Le 16 novembre 2023, Valentin peut enfin appareiller et quitter le port du Palais. Quinze jours de traversée lui permettent de rejoindre

où Flore et Anna rejoignent le bord ; une séparation plus sage à cette période de l’année avec un bébé. C’est lors de cette parenthèse à terre pour l’équipage féminin qu’une lumineuse rencontre nous guide vers la grande famille de Saint Jean de Dieu, à l’occasion de la Journée mondiale des pauvres.

“Faites-vous du bien en faisant du bien aux autres” nous dit saint Jean de Dieu, cet aventurier de l’hospitalité. Ce slogan nous plaît. Reste à savoir comment.

Et si nous laissions Malo d’Eau notre bateau nous mener d’année en année, de pays en pays, à la rencontre de la grande famille hospitalière à travers le monde ? Partager la vie des frères, du personnel et des patients, pour quelque temps, embarquer un peu de chacun d’eux dans cette folle aventure avec nous, tisser des liens à travers les océans et le temps.

INTERNATIONAL
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La mer est chargée d’histoires, de joies et de peines, d’horizons lumineux et de tempêtes déroutantes, et à notre rythme, nous porterons de port en port, les messages des patients et de leurs soignants.

Ce projet se veut lent, très lent. Et chaque été nous laisserons notre bateau quelque temps pour revoir notre Bretagne natale, nos proches et ‘remplir la caisse de bord’ comme on dit dans le jargon marin. Tels des messagers nous y serons heureux de témoigner, auprès des collaborateurs et résidents des centres

Saint Jean de Dieu de France, de la réalité du terrain et de l’immense œuvre hospitalière qui se poursuit à travers le monde.

Premier contact avec Saint Jean de Dieujanvier 2024

Le 29 décembre 2023, après une escale prolongée aux îles Canaries, dans l’attente d’une pièce pour notre moteur, c’est vers le Sénégal que nous pointons notre étrave. Six jours de navigation nous permettent de sauter dans la nouvelle année et de rejoindre la péninsule de Dakar,

capitale du Sénégal. Un baptême offshore validé pour Anna qui n’a alors que 8 mois.

Après quelques jours d’acclimatation, nous sommes chaleureusement accueillis par les frères du centre Dalal Xel de Thiès, Sénégal, situé à quelques kilomètres de Dakar.

La lenteur n’est pas vraiment le qualificatif que l’on pourrait attribuer à la vie du centre, tant les frères se donnent sans relâche de l’aube jusqu’au soir pour accueillir les patients, assurer les consultations, la tenue du potager et la gestion des projets. Frère Étienne est le directeur du centre de Thiès, qui compte une cinquantaine de collaborateurs, un service d’hospitalisation avec 52 lits et 6 chambres, un service ambulatoire, un service de thérapie occupationnelle et des services généraux. Il assure avec l’appui précieux de Frère Léon la gestion du centre et des nombreux projets en cours et à venir. Car ce sont des travailleurs acharnés mais aussi des visionnaires de l’hospitalité, dans un pays où la santé mentale n’est pas considérée comme un axe de développement prioritaire. Plusieurs projets sont en cours dont un hôpital de jour, des campagnes de sensibilisation

à la drogue dans les écoles en partenariat avec l’institut académique de Thiès et un centre de prise en charge des addictions. Les projets ne manquent pas, les financements eux sont plus rares. Chaque jour, les patients affluent et l’on est touché par l’accueil fraternel qui leur est offert malgré le manque de personnel spécialisé et l’insuffisance de moyens techniques. Dans un pays à majorité musulmane raisonne plus que tout la phrase de Jésus : “Vous êtes tous frères” (Mt, 23,8) sans distinction aucune. Frère Dominique accueille chaque matin, avec les autres médecins, les patients et leurs familles qui font la file devant le bâtiment des consultations. Tandis que Frère Emmanuel, infirmier, est à l’œuvre auprès des patients hospitalisés pour

Chaque samedi, les frères et le personnel soignant assurent de façon active un service de consultations ambulatoires dans plusieurs zones isolées du pays.

INTERNATIONAL
Flore, Valentin et leur fille Anna entourés des Frères de la communauté de Thiès.
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administrer les traitements et suivre leur évolution.

Chaque samedi, les frères et le personnel soignant assurent de façon active un service de consultations ambulatoires dans plusieurs zones isolées du pays où les besoins en santé primaire et santé mentale sont nombreux.

Le quotidien des patients hospitalisés et stabilisés est rythmé en semaine par les séances de thérapie occupationnelle avec Joachim Malik, l’animateur débordant d’imagination, de créativité pour ses frères. Nous participons chaque matin avec Anna à ses temps forts ponctués de causeries, de jeux et travaux de bricolage organisés et de danses africaines endiablées autour du thé. Et toujours cette joie déroutante au milieu de la souffrance. Ils ont beaucoup à nous enseigner et nous sommes heureux de partager ces moments précieux avec eux, de les faire voyager aussi, un peu.

La veille de notre départ, nous projetons sur un écran des photos de notre traversée en bateau. Un voyage qui laisse libre cours à l’imagination (“Un véritable conte de fée” nous livre un patient charmé) mais aussi à une discussion en-

couragée par l’animateur Joachim sur l’immigration vers les pays du Nord - un sujet préoccupant et omniprésent pour tous. Nous consacrons le dernier atelier avec eux à la confection de bracelets en tissus pour les patients de l’hôpital Saint Jean de Dieu Dinan/Saint-Brieuc, que nous projetons d’aller visiter à notre retour en France. Nous les sentons heureux pour certains de créer du lien avec leurs frères qui souffrent aussi là-bas.

Suzanne, l’assistante sociale, nous livre son témoignage sur le vide médical que subit le pays notamment dans le domaine de la santé mentale et qui impacte fortement le rétablissement des patients. Faute de personnel, il est impossible d’assurer un suivi psychologique posthospitalisation qui pourrait éviter de nombreuses rechutes.

À midi, la cloche du déjeuner retentit et la file de patients se forme rapidement à l’entrée de la cantine. Les embrassades sont furtives et sincères, à l’image de notre voyage. Tels des messagers qui passent, arrivent les mains vides et repartent le cœur chargé de la souffrance, des sourires et des danses de ceux dont nous avons partagé le quotidien seulement quelques jours.

Nous partageons un dernier repas avec les frères avant de rejoindre Malo d’Eau, qui manque de disparaître sous la poussière chargée de pollution et d’histoire de Dakar. Nous mettons les voiles vers la Gambie, ce petit pays voisin enclavé dans le Sénégal, pour remonter son fleuve et y laisser Malo d’Eau quelques mois pendant notre retour en France. F

Flore Bergereault

Et la suite ?

En novembre 2024, Flore, Valentin et Anna rejoindront Malo d’Eau pour poursuivre leur aventure en famille et auprès de la grande famille de Saint Jean de Dieu. Plusieurs itinéraires sont encore à l’étude le long des côtes africaines ou bien outre-Atlantique. Certaines contraintes techniques, les appels reçus et une bonne dose de folie décideront du chemin !

Pour suivre les aventures de nos Messagers de l’Hospitalité, rendez-vous sur www.saintjeandedieu.fr, ainsi que sur les réseaux sociaux de la province de France ! F

INTERNATIONAL
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Des enfants de Saint Jean de Dieu acteurs

La Nouvelle femme est le titre d’un film* sorti sur les écrans en mars dernier. Léa Todorov, la réalisatrice, ellemême maman d’un enfant porteur d’un syndrome génétique, a souhaité faire jouer des acteurs neuroatypiques et porteurs de handicap moteur - parmi lesquels des jeunes du Centre Lecourbe - pour souligner la singularité de chacun malgré ses fragilités. Rencontre.

Qu’est-ce qui vous a poussé à porter dans votre film cette attention particulière aux débuts de Maria Montessori avec les enfants différents ?

Il y a des années, j’ai participé à l’écriture d’un documentaire sur les pédagogies alternatives dans l’entre-deux-guerres. Je m’étais documentée sur Maria Montessori, qui était la star de l’éducation nouvelle à cette époque. Sa vie est compliquée et passionnante, mais ce qui avait surtout retenu mon attention, c’était le fait qu’elle ait dû abandonner son enfant pour devenir la femme qu’elle a été. Or à cette époque, elle n’avait pas encore

créé d’école pour les enfants neurotypiques. Elle travaillait dans un institut orthophrénique avec des enfants appelés “idiots” ou “déficients”, et c’est grâce à ces enfants aux besoins spécifiques qu’elle a expérimenté ce qui deviendra sa méthode.

Valoriser leur potentiel

Comment avez-vous préparé les jeunes acteurs handicapés pour le film ?

Nous avons lancé un appel large pour toucher le maximum d’enfants possibles et nous avons aussi visité des institutions spécialisées avec la directrice de casting, Sandie Gallan Perez. Ensuite, j’ai choisi des enfants présentant un spectre large de handicaps et j’ai travaillé étroitement avec

eux pour créer des rôles permettant de valoriser leur potentiel grâce à deux stages où on leur proposait de danser, de jouer, de chanter.

Parmi ces enfants, plusieurs du Centre Lecourbe y ont participé. Quel souvenir gardez-vous de ce lien avec l’institution Saint Jean de Dieu ?

Je suis très reconnaissante au Centre Lecourbe de nous avoir ouvert les portes pour que nous puissions rencontrer certains de nos jeunes acteurs. J’ai été très marquée par l’ambiance joyeuse qui y règne : les équipes ont proposé d’organiser une boum et nous avons dansé avec les enfants sur la grande terrasse adjacente aux salles de classe. C’était tout à fait dans l’esprit du film. Mais j’étais aussi heureuse d’y découvrir l’offre pédagogique, adaptée et exigeante, permettant aux enfants d’apprendre et de s’épanouir.

Les enfants au cœur du projet

Qu’est-ce que ces enfants ont apporté de particulier à votre film ? Les enfants ont été au cœur du projet du film. D’abord, au tournage c’était de faire se rencontrer une équipe de cinéma et ce groupe

CULTURE
24 | LE LIEN HOSPITALIER | #422 - JuIN 2024 |
Léa Todorov.

de cinéma !

d’enfants. Ça a été une expérience très forte, parce que les peurs et les a priori se déconstruisent rapidement dès qu’il y a contact. Tout le monde a vite compris qu’il n’y avait pas besoin d’être spécialisé pour être en lien, qu’il suffisait au contraire d’être dans le travail, dans l’exigence… Ça a rendu le tournage très puissant, puisque toute l’équipe sentait qu’on avait une expérience rare à partager.

Ensuite, dans le film fini, ce sont eux que les spectateurs retiennent - parce que la présence au cinéma d’enfants neuro-atypiques et porteurs de handicap moteur est encore rare, surtout représentés dans leur individualité. Le film a une fonction réparatrice, accueillant les spectateurs dans leur peur (à travers le personnage de Lili) et les accompagnant dans une transformation du regard.

Quel message souhaitez-vous transmettre au travers de votre film ?

Je n’ai pas eu le sentiment, au fil de mes recherches, qu’on avait vraiment bougé depuis la première moitié du XIX e siècle. La situation actuelle n’est pas reluisante. L’inclusion ne fonctionne pas bien,

le personnel n’est pas formé, il n’y a pas assez d’infirmières, de pédopsychiatres, les AESH ne sont pas assez nombreuses et reconnues. En mettant ces enfants en scène comme de véritables acteurs, dans un film d’époque, j’espère montrer l’étendue de leurs capacités. Il faut qu’on déconstruise ensemble la vision que nous avons encore du handicap, enfermant ces enfants puis ces adultes dans un regard trop rapide, les excluant de notre société car les déclarant inaptes à y participer.

Quel est votre sentiment de fierté le plus fort concernant le film ?

Je suis fière d’avoir mis en lumière les talents des enfants souvent perçus comme incapables. En tant que comédiens, ils ont réussi à émouvoir et à captiver le public, ce qui prouve leur potentiel inexploré et remet en question les préjugés persistants à leur égard. F

Propos recueillis par Antoine Soubrier

*Film sur la vie de Maria Montessori et son travail précurseur auprès des enfants appelés alors “déficients”.

Les enfants faisaient pleinement partie

du tournage

Augustin, élève de l’IEM Saint Jean de Dieu du Centre Lecourbe, fait partie de la trentaine d’enfants porteurs de handicap qui ont participé au tournage. L’équipe du film a travaillé très en amont du tournage avec les enfants pour les familiariser avec la caméra, les acteurs, la musique… Toute l’équipe du tournage a été d’une grande bienveillance pour les enfants et ceux-ci ont parfaitement joué leur rôle et fait preuve d’une patience qui a surpris plus d’un des parents présents. La réalisatrice et son équipe ont préparé chacun des enfants en allant le chercher là où il était pour l’amener avec patience jusqu’aux scènes auxquelles il devait participer. Les enfants étaient alors pleinement partie prenante du tournage de la scène. Une vraie leçon sur l’intégration ! Tous les enfants venus d’horizons différents ont tissé des liens forts et ils ont été fiers de participer à cette aventure qui les a fait grandir.

Ce tournage a été un moment magique pour nous parents et pour Augustin, autant pour le fait de découvrir les coulisses d’un tournage que par les rencontres, notamment avec les autres enfants en situation de handicap ainsi que leurs familles… Des rencontres riches et remplies d’émotions ! F

Séverine Félétou, maman d’Augustin

CULTURE
|  CULTURE  | | LE LIEN HOSPITALIER | #422 - JuIN 2024 | 25

La spiritualité de saint Benoît Menni

Voir Dieu dans les yeux des plus petits

Le 24 avril dernier, les Sœurs hospitalières du Sacré-Cœur de Jésus et les Frères hospitaliers de Saint Jean de Dieu, membres de la direction, résidents, bénévoles et amis fêtaient ensemble leur saint fondateur et frère. Une belle occasion de rendre grâce à Dieu pour le chemin de lumière tracé par ce grand saint que nous sommes tous invités à suivre aujourd’hui encore.

La spiritualité selon saint Benoît Menni : un chemin de lumière

Ce chemin proposé par saint Benoît Menni se déploie comme une quête incessante du divin à travers l’amour et le ser-

Pour saint Benoît Menni, chaque malade est le Christ lui-même, caché sous les traits de la souffrance humaine. Cette vision transfigurait son approche des soins, faisant de chaque geste un acte d’amour. Il nous rappelle ainsi l’importance de voir au-delà des apparences et de reconnaître la présence de Dieu dans les visages fatigués par la maladie ou marqués par l’épreuve.

Le modèle parfait

Sa dévotion à la sainte Vierge, qui dès son plus jeune âge modela son cœur et son esprit, fut le socle de sa spiritualité. Marie, Notre-Dame du Sacré-Coeur, fut pour lui le modèle parfait de l’abandon confiant à la volonté divine. En elle, Benoît Menni puisait la force de persévérer dans son engagement, malgré les obstacles.

La spiritualité de saint Benoît Menni, marquée par une harmonie entre prière et action, nous invite à réfléchir sur notre propre parcours spirituel. Elle nous interroge : comment notre foi se traduit-elle dans notre quotidien ? Sommes-nous des témoins de la tendresse de Dieu pour le monde, à travers nos paroles, mais surtout à travers nos actes ?

Le charisme de saint Benoît Menni : un héritage de soins et d’amour

Le charisme de saint Benoît Menni repose sur une compréhension profonde de la dignité humaine, qu’il s’efforçait de restaurer chez chaque personne souffrante. Son approche des soins, alliant compétence médicale et accompagnement spirituel, reflète une vision holistique de l’être humain, où corps et âme sont indissociablement liés.

Saint Benoît Menni nous enseigne

Vie de saint Benoît Menni

Angelo Ercole Menni est né à Milan le 11 mars 1841. Les horreurs de la guerre et l’exemple des Frères hospitaliers de saint Jean de Dieu suscitent en lui la vocation hospitalière. En 1860, il entre au noviciat de l’hôpital Sainte-Marie d’Aracœli à Milan, en prenant le nom

de Frère Benoît. Après sa formation, il est envoyé en Espagne avec la bénédiction du pape Pie IX pour refonder et restaurer l’Ordre hospitalier. En 1881, il fonde la congrégation des Sœurs hospitalières du Sacré-Cœur de Jésus. Dans la dernière partie de

SPIRITUALITÉ
|  SPIRITUALITÉ  | 26 | LE LIEN HOSPITALIER | #422 - JuIN 2024 |

| CITATION |

“Le vrai visage de l’amour est celui qui se penche avec compassion sur toute misère, qui soigne et qui console.” (Lettre 661)

que la guérison véritable dépasse la simple disparition des symptômes. Elle implique une rencontre, un partage, où le malade se sent écouté, compris et aimé dans sa totalité. Cette approche rappelle que chaque acte de soin est une occasion de révéler l’amour de Dieu, de faire l’expérience concrète de sa miséricorde.

Méditer sur le charisme, légué par saint Benoît Menni, c’est se laisser interroger sur notre propre rapport à la souffrance, à la maladie, à la fragilité. C’est comprendre que chaque

sa vie, il reçoit la charge de supérieur général de l’Ordre. C’est une période très difficile pour lui, qu’il affronte cependant dans la foi. Frère Benoît meurt à Dinan, en France, au matin du 24 avril 1914. Sa dépouille repose à Madrid, à Ciempozuelos, la maison

geste de soin, professé avec amour, est un sacrement, une manifestation visible de la grâce invisible de Dieu. C’est reconnaître que dans le service des plus petits, dans l’accueil de leur vulnérabilité, nous rencontrons le visage même de Dieu.

Un renouveau de notre foi

Célébrer saint Benoît Menni est un appel, une invitation à vivre en cohérence avec Jésus. À son exemple et celui de saint Jean de Dieu, nous voulons être fidèles et nous ouvrir à la rencontre avec Jésus, le Bon Samaritain, en partageant les sentiments de son Cœur. La spiritualité et le charisme de saint Benoît Menni nous invitent à un renouveau de notre foi, à redécouvrir dans l’amour du prochain la source même de notre joie et de notre espérance chrétienne. Que saint Benoît Menni nous accompagne sur le chemin de l’hospitalité et qu’à son exemple, nous soyons aujourd’hui, comme hier et toujours une Bonne Nouvelle de la guérison apportée par Dieu pour l’homme qui souffre dans n’importe quelle partie du monde. F

Sœur Thérèse Ngo Mbog Religieuse hospitalière du Sacré-Cœur de Jésus

mère des Sœurs hospitalières du SacréCœur de Jésus. Béatifié en 1985, il est canonisé le 21 novembre 1999 par le pape Jean-Paul II.

Prions avec saint

Benoît Menni

Dieu de bonté et de miséricorde, nous te rendons grâce pour la vie et l’œuvre de saint Benoît Menni, pour le don du charisme hospitalier transmis et partagé par toute la famille.

Que son intercession accompagne notre engagement concret auprès des plus pauvres et des petits, et que nous ayons à cœur la fidélité au charisme reçu, tout en lui donnant un visage toujours nouveau, beau, attrayant, témoins que Dieu est parmi nous.

Amen !

SPIRITUALITÉ
| LE LIEN HOSPITALIER | #422 - JuIN 2024 | 27

Le Centre hospitalier Saint Jean de Dieu de Lyon : 200 ans d’histoire

Par Mathis Farcy,

Premier établissement psychiatrique créé par l’Ordre hospitalier de Saint Jean de Dieu renaissant en France au XIXe siècle, l’hôpital Saint Jean de Dieu de Lyon célèbre en 2024 son bicentenaire. Cet article propose de revenir de manière synthétique sur des étapes de cette longue histoire, qui s’inscrit par ailleurs dans celle de l’Ordre hospitalier de Saint Jean de Dieu et qui fait plus largement écho à l’histoire des populations et de la psychiatrie du XIXe au XXIe siècle (1).

Doctorant en histoire à l’université Lumière Lyon 2 (Larhra)

Chargé de recherche en histoire au centre hospitalier Saint Jean de Dieu de Lyon

Projet de transformation du château en hôpital, plan réalisé par l’architecte Pierre Bernard vers 1838, Archives de l’Ordre Hospitalier de Saint Jean de Dieu (6Q1/1).

HISTOIRE | HISTOIRE |
28 | LE LIEN HOSPITALIER | #422 - JuIN 2024 |

Les premiers pas de l’Ordre à Lyon Depuis 1814, la Restauration Monarchique constitue un terrain fertile au renouveau catholique en France où la situation sociale et sanitaire rend, de surcroît, urgente l’ouverture de nouveaux lieux d’accueil et de soin pour certaines populations. Aux côtés de Xavier Tissot (Frère Hilarion) et de Paul de Magallon (Frère Jean de Dieu), un groupe d’hommes s’engage dès 1819 à rétablir l’Ordre Hospitalier de Saint Jean de Dieu en France, interdit depuis la Révolution française. En 1823, le supérieur général de l’Ordre Hospitalier de Saint Jean de Dieu reconnaît les frères et autorise le développement de la communauté dans la “nouvelle Province de France”. Dès leur retour de Rome, la petite communauté des frères de Saint Jean de Dieu s’installe dans la commune de la Guillotière, près de Lyon, avec le soutien des autorités locales. Après un premier essai dans la maison dite “des hirondelles”, ils acquièrent finalement le domaine de Champagneux, plus au sud, en avril 1824. C’est à partir du château situé sur ces vastes terres cultivables qu’ils créent le couventhôpital “Saint Pierre et Saint Paul”, qui se fait progressivement appeler l’hôpital Saint Jean de Dieu(2). C’est le premier établissement de l’Ordre renaissant dédié à ceux que

l’on qualifie encore d’insensés. La communauté se scinde les années suivantes pour créer des établissements similaires en France comme celui de Lommelet (Lille) en 1825.

Un hôpital en mouvement

Depuis le XIXe siècle, l’hôpital ne cesse de se transformer. La chapelle, au cœur de l’hôpital, est inaugurée en 1843. Elle est agrandie à la fin du XIXe siècle, ce qui va de pair avec l’évolution du nombre de malades pris en charge à l’hôpital(3). De 123 malades au 1er janvier 1830, on passe en effet à plus de 1100 malades présents cent ans plus tard (4). L’achat progressif de terres aux alentours permet ainsi d’étendre l’hôpital et de nourrir la population hospitalière de plus en plus massive. Avec une ferme composée de centaines d’animaux et des dizaines d’hectares de terres cultivables, l’activité agricole de l’hôpital, qui perdure jusqu’en 1975, produit une partie importante des denrées nécessaires pour faire vivre ce microcosme hospitalier.

Un hôpital pour la Loire ?

Si les frères accueillent dès 1824 des personnes démunies, l’hôpital de Lyon est à l’origine une maison de santé qui accueille des hommes de la France entière, en capacité de payer leurs frais de séjour et de santé. Pourtant, l’établissement

L’Apothéose de saint Jean de Dieu au-dessus du château de Champagneux, huile sur toile réalisée par un auteur inconnu en 1835. Ce tableau, conservé au Centre Hospitalier Saint Jean de Dieu de Lyon, est inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 2020.

endosse une double casquette. À la suite d’une épidémie qui oblige les frères à fermer leur établissement de Savigneux dans la Loire, les hommes malades de ce département voisin sont rapatriés à l’hôpital de Lyon. En 1838, la loi sur les aliénés est promulguée. Elle impose à chaque département de disposer d’un établissement destiné à soigner les aliénés ou de confier ses malades aux établissements des départements voisins (art. 1). Une convention est par conséquent signée entre le préfet de la Loire et l’hôpital Saint Jean de Dieu : la maison de santé Saint Pierre et Saint Paul tenue par les frères à Lyon devient également l’asile public pour les hommes aliénés du département de la Loire. Les malades sont répartis dans l’hôpital selon plusieurs classes en fonction du prix qu’ils payent, mais également selon leurs affections physiques et psychiques. Une partie d’entre eux travaille dans les

Convention de 1839 entre l’hôpital Saint Jean de Dieu de Lyon et le préfet du département de la Loire, Archives de l’Ordre Hospitalier de Saint Jean de Dieu (2L1/18).

HISTOIRE
| LE LIEN HOSPITALIER | #422 - JuIN 2024 | 29

Le bombardement du 26 mai 1944

Durant la guerre franco-allemande de 1870 et la Première Guerre mondiale, des services de l’hôpital sont réquisitionnés pour accueillir des soldats blessés. Sous l’Occupation allemande (1940-1944), l’hôpital de Lyon n’est pas touché par une famine aussi massive que dans d’autres hôpitaux psychiatriques français(8). Il est toutefois ébranlé par le second conflit mondial. Le 26 mai 1944, l’hôpital est touché de plein fouet par un bombardement américain dont l’objectif est d’empêcher le ravitaillement et les déplacements des Allemands qui occupent la ville. Le personnel et les malades s’abritent dans les caves, mais l’avalanche de bombes fait près d’une vingtaine de victimes directes. Cet évènement a toutefois ouvert la voie à une nouvelle ère de travaux, durant laquelle l’accent est mis sur la modernisation, l’humanisation et le cloisonnement des espaces pour créer davantage d’intimité entre les malades.

différents services de l’hôpital contre un pécule journalier. Toute cette organisation perdure jusqu’aux années 1970 où la sectorisation psychiatrique se met progressivement en place. Cette politique de soins, qui prend racine dans une circulaire de mars 1960, délimite des zones géographiques à l’intérieur desquelles la population dépend d’un hôpital psychiatrique particulier. Dès 1972, l’hôpital Saint Jean de Dieu se voit attribuer la prise en charge de la population du septième arrondissement de Lyon et du sud du département du Rhône. Des femmes sont désormais prises en charge dans l’établissement et les malades de la Loire sont progressivement transférés dans le nouvel hôpital construit à SaintJean-Bonnefonds en 1971.

L’évolution du personnel et des modes de prise en charge

Le personnel de l’hôpital est, pendant longtemps, exclusivement masculin. Le corps soignant est secondé par les frères de Saint Jean de Dieu, formés aux soins dès le XIXe siècle. À partir de l’ouverture de l’école d’infirmiers de l’hôpital dans les années 1920, ils deviennent en grande partie infirmiers diplômés. Dès les années 1950, en parallèle de l’apparition des premiers neuroleptiques, des femmes entrent dans le personnel : des repasseuses d’abord, puis des assistantes sociales à partir de 1956. Des équipes pluridisciplinaires se forment, dans l’objectif d’humaniser les hôpitaux psychiatriques et d’en faire des lieux de soins et plus seulement des lieux de vie(5). La télévision fait son entrée à l’hôpital en 1957, au moment où l’ergothérapie et des “clubs” animent le quotidien et visent à faciliter la réinsertion des malades

dans la société. C’est au cours de ces nouvelles stratégies thérapeutiques que des initiatives voient le jour, comme le journal interne l’Espoir, réalisé par les malades entre 1957 et 1981(6). Dans les années 1970, les premières structures extra-hospitalières de Saint Jean de Dieu sont créées. Ces dispositifs hors les murs, qui se développent en vertu de la sectorisation psychiatrique, changent en profondeur les modes de prise en charge des personnes atteintes de troubles psychiques.

HISTOIRE
Couverture du numéro 22 de la revue l’Espoir (novembre 1959), exemplaire conservé au Centre Hospitalier Saint Jean de Dieu de Lyon.
30 | LE LIEN HOSPITALIER | #422 - JuIN 2024 |
Deux personnes parmi les décombres du bâtiment rasé par le bombardement de mai 1944, photographie de 1944, Archives de l’Ordre Hospitalier de Saint Jean de Dieu (2S).

Le tournant laïc

L’établissement de Lyon est pendant longtemps la maison mère de l’Ordre Hospitalier en France. C’est en grande partie dans cet hôpital que les frères de Saint Jean de Dieu suivent les étapes de leur formation jusqu’à la prononciation de leurs vœux. Cependant, la vie religieuse perd en vocations au cours du XXe siècle. En 1975, il n’y a pas plus d’une quinzaine de religieux dans l’hôpital de Lyon(7). Face à un personnel laïc de plus en plus conséquent et

qui se syndicalise, les frères finissent par vendre l’hôpital en 1980. Le Conseil général du Rhône, qui se porte acquéreur, confie la gestion de l’établissement à l’Association du Rhône pour l’Hygiène Mentale (aujourd’hui fondation action Recherche Handicap et santé Mentale). L’hôpital Saint Jean de Dieu de Lyon continue depuis son activité d’établissement de santé privé d’intérêt collectif au service d’une partie de la population du département du Rhône. F

Un bicentenaire, cela se fête !

Pour ce bicentenaire que la direction de l’hôpital souhaite célébrer, une exposition temporaire intitulée “Un long fleuve intranquille” prend place dans la chapelle de l’hôpital entre le 15 mai et le 31 octobre 2024. À travers cinq sections, elle met en récit 200 ans d’histoire en prenant appui sur des fonds d’archives variés et un ensemble de témoignages ou d’objets.

Elle revient ainsi sur différents pans de l’histoire de cet établissement. Une programmation est prévue autour de cette exposition comme des cinédébats, des balades de témoins historiques, des rencontres entre soignants et personnes concernées ou encore un colloque sur le thème Famille(s) et psychiatrie du XIXe siècle à nos jours (9) .

(1) Cet article est conçu à partir d’un long travail de recherche réalisé depuis plus d’un an grâce à un riche et vaste ensemble de sources conservées notamment aux Archives de l’Ordre Hospitalier de Saint Jean de Dieu (Paris), aux Archives départementales du Rhône (Lyon) et aux Archives du Centre Hospitalier Saint Jean de Dieu (Lyon). Les sources utilisées pour rédiger ces quelques pages ne sont donc pas systématiquement mentionnées en appel de note.

(2) Pour des raisons de commodité, nous n’emploierons que le terme “hôpital” dans cet article. Même si ce dernier est, depuis le XIXe siècle, appelé hospice, asile d’aliénés, maison de santé ou encore Centre Hospitalier.

(3) L’utilisation du terme “malade” plutôt que patient est volontaire, puisqu’il s’agit du seul terme qui ne varie pas dans les sources du XIXe siècle à nos jours pour évoquer les personnes prises en charge.

(4) Archives départementales du Rhône et Métropolitaines de Lyon, HDEPOT SJDD/P 22 et HDEPOT SJDD/Q 2 (registres des mutations et des effectifs journaliers par services).

(5) BUELTZINGSLOEWEN Isabelle (von), “D’un lieu de vie à un lieu de soins ? Les transformations du recours à l’hôpital psychiatrique dans la France de l’aprèsguerre (1945-1960)”, dans SASSOLAS Marcel, Quels toits pour soigner les personnes souffrant de troubles psychotiques, Toulouse, Érès, 2012, p. 13-24.

(6) L’intégralité des numéros du journal est actuellement conservée à la Bibliothèque nationale de France. Ce type de journal n’est pas le propre de l’hôpital Saint Jean de Dieu de Lyon. Voir : DELILLE Emmanuel, “Le Bon Sens, revue de l’Entr’Aide psychosociale féminine d’Eure-et-Loir (1949-1974). Contribution à l’histoire de la vie quotidienne en hôpital psychiatrique”, dans GUIGNARD Laurence, GUILLEMAIN Hervé, TISON Stéphane, Expériences de la folie : Criminels, soldats, patients en psychiatrie. XIXe-XXe siècle, PUR, 2013, p. 251-260

(7) Archives de l’Ordre Hospitalier de Saint Jean de Dieu, 2L1/18 (Statistiques pour la Curie Généralice de la communauté entre 1953 et 1979).

(8) MARESCAUX Anne, “Un établissement épargné par la famine ? L’asile privé Saint-Jean de Dieu de Lyon”, dans BUELTZINGSLOEWEN Isabelle (von), “Morts d’Inanition” : Famine et exclusions en France sous l’Occupation, Rennes, PUR, 2005, p. 65-76.

(9) Toutes les informations sont à retrouver sur le site de la fondation A.R.H.M.

L’inauguration de l’exposition par la photographe Laurence Papoutchian, 14 mai 2024.

HISTOIRE
| LE LIEN HOSPITALIER | #422 - JuIN 2024 | 31
La communauté à Lyon en 1934, Archives de l’Ordre Hospitalier de Saint Jean de Dieu (2S).

SAINT JEAN DE DIEU EN FRANCE ET DANS L'OCÉAN INDIEN

Saint Jean de Dieu en France et dans

l’océan Indien

GRAND OUEST

ÎLE-DE-FRANCE

SUD-EST

OCÉAN INDIEN

Grand âge

Handicap

Précarité

Psychiatrie

Sanitaire

 DINAN SAINT-BRIEUC (22)

Centre hospitalier

Dinan - Saint-Brieuc

Nombre d’établissements : 19

Avenue Saint-Jean-de-Dieu

22 100 Dinan

£ 02 96 87 18 00

Communauté des Sœurs hospitalières du Sacré-Cœur de Jésus

BP 81 055 - 22 101 Dinan

£ 02 96 87 18 71

 TERRITOIRE D’ANJOU

Centre Vivre Ensemble

Nombre d’établissements : 4

2 rue Rose Giet

La Salle-de-Vihiers

49 310 Chemillé-en-Anjou

£ 02 41 49 12 45

M accueil-ve@fondation-sjd.fr

Communauté des Filles de la Charité du Sacré-Cœur de Jésus

2 rue Rose Giet

49 310 La Salle-de-Vihiers

£ 02 41 49 12 40

M contact@fcscjfrance.org

Centre Les Récollets

Nombre d’établissement : 1

3 rue du Petit Bois

Doué-la-Fontaine - BP 20 099

49 700 Doué-en-Anjou

£ 02 41 67 06 70

M accueil-recollets@ fondation-sjd.fr

Centre Les Romans

La Tremblaye

Nombre d’établissements : 2

6 rue Roger Tarjon

49 400 Saint-Hilaire - Saint-Florent

£ 02 41 40 16 50

M accueil-romans@ fondation-sjd.fr

 LE CROISIC (44)

Centre Le Croisic

Nombre d’établissements : 3 5 avenue de Saint-Goustan 44 490 Le Croisic

£ 02 40 62 60 00

M accueil@sjdlecroisic.com

Communauté Sainte-Anne des Frères Saint Jean de Dieu 6 chemin du Lingorzé

44 490 Le Croisic

£ 02 40 62 93 77

M communaute.lecroisic@ohsjd.fr

258 rue Lecourbe - 75 015 Paris

£ +33 (0)1 85 56 13 80

M. communication@ohsjd.fr

 NIORT (79)

Maison de Niort

Nombre d’établissements : 2

1 rue de l’Yser 79 000 Niort

£ 05 49 77 13 40

M infos@sacrecœur79.fr

Maison de Cherveux

Nombre d’établissement : 1

3 rue de la Belle Étoile

79 410 Cherveux

£ 05 49 75 86 95

M infos@sacrecœur79.fr

Communautés

des Filles de la Charité du Sacré-Cœur de Jésus

• 16 rue des Trois Coigneaux

79 000 Niort

• 3 rue de la Belle Étoile

79 410 Cherveux

173 rue de la Croix-Nivert 75 015 Paris

£ +33 (0)1 85 56 13 90

M. secretariat@fondation-sjd.fr

ZOOM
SUR
ILE-DE-FRANCE GRAND OUEST SUD-EST
Respect Qualité Responsabilité Spiritualité
Hospitalité
32 | LE LIEN HOSPITALIER | #422 - JuIN 2024 |

L’Ordre hospitalier en chiffres

50 frères 2 établissements à Madagascar

1 fondation reconnue d’utilité publique avec plus de 40 établissements

983 frères présents dans 51 pays sur les 5 continents Plus de 60 000 collaborateurs

396 œuvres

 PARIS (75)

Centre Lecourbe

Nombre d’établissements : 3

205 rue de Javel - 75 015 Paris

£ 01 53 68 43 00

M info.sjd@sjdparis.com

Communauté Notre-Damede-Charité des Frères

Saint Jean de Dieu

201 rue de Javel

75 015 Paris

£ 01 71 70 44 65

M communaute.paris@ohsjd.fr

Centre Sainte-Germaine

Nombre d’établissements : 2

56 rue des Desnouettes

75 015 PARIS

£ 01 48 28 46 43

M direction.saintegermaine @hospitalieres.org

Communauté des Sœurs Hospitalières du Sacré-Cœur de Jésus

56 rue des Desnouettes

75 015 PARIS

Clinique Saint Jean de Dieu

Nombre d’établissement : 1

2 rue Rousselet

75 007 Paris

£ 01 40 61 11 00

Fraternité Saint Jean de Dieu

258 rue Lecourbe

75 015 Paris

£ 01 85 56 13 80

Centre des missions

Saint Jean de Dieu

11 rue Traversière

91 530 Saint-Chéron

£ 01 85 56 13 76

M missions@ohsjd.fr

 MARSEILLE (13)

Centre Forbin Nombre d’établissement : 1

35-41 rue de Forbin 13 002 Marseille

£ 04 91 13 71 00

M chrsforbin@fondation-sjd.fr

Communauté de la Sainte-Famille des Frères Saint Jean de Dieu 41 rue Forbin 13 002 Marseille

Centre Saint-Raphaël Nombre d’établissements : 1

35 traverse Tour Sainte 13 014 Marseille

£ 04 95 05 15 80

M accueil.saintraphael @hospitalieres.org

Communauté des Sœurs Hospitalières du Sacré-Cœu de Jésus

35 traverse Tour Sainte 13 014 Marseille

Centre Saint-Barthélemy

Nombre d’établissement : 1

72 avenue Claude-Monet 13 014 Marseille

£ 04 95 05 10 40

M accueil-saintbarthelemy@ fondation-sjd.fr

Communauté Saint-Joseph des Frères Saint Jean de Dieu Résidence Magallon,

72 avenue Claude-Monet

13 014 Marseille

£ 04 95 05 10 40

M communaute.marseille@ohsjd.fr

 LA RÉUNION

Fraternité Notre-Dame-de-Lourdes

3 rue de l’église - 97400 Saint-Denis-de-la-Réunion

£ 0262 922886

M frere.didier@ohsjd.fr

 MADAGASCAR

Fondées à partir de 2009, ces œuvres dépendent de la province de France.

Centre hospitalier Saint-Benoît-Menni

Lot II B 01 AK Miakadaza Imerintsiatosika

£ +261 32 49 555 55/57 Communauté Saint-Benoît-Menni

des Frères Saint Jean de Dieu Imerintsiatosika

£ +261 32 03 750 53

M communaute.imerin@ohsjd.fr

Ekar Saint Jean de Dieu

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RUBRIQUE
LA PROVINCE DE FRANCE DANS LE MONDE
| LE LIEN HOSPITALIER | #422 - JuIN 2024 | 33

FRÈRES

• Fr. Florentino Martinez de la Cerda, décédé le 10 février à 85 ans, dont 67 de vie religieuse (Espagne)

• Fr. Stanislaus Neild, décédé le 24 février à 83 ans, dont 63 de vie religieuse (Irlande)

• Fr. Casimiro da Silva Ferreira da Costa, décédé le 6 mars à 82 ans, dont 63 de vie religieuse (Brésil)

• Fr. Brian Egan, décédé le 2 mai à 83 ans, dont 59 de vie religieuse (Australie)

• Fr. José Luis Martinez Gil, décédé le 11 mai à 80 ans, dont 62 de vie religieuse (Espagne)

• Fr. Eugeniusz Slowik, décédé le 11 mai à 87 ans, dont 55 de vie religieuse (Pologne)

FAMILLES ET AMIS

• M. Djilali Almas, neveu de feu Frère Francis Fusco, décédé le 27 février à l’âge de 81 ans à Dinan (22).

• Mme Jeannine Monnin, fidèle lectrice du Lien Hospitalier, décédée le 15 mars à 91 ans à Charquemont (25).

• Mme Colette Étienne, membre de la Fraternité Saint Jean de Dieu, décédée le 4 mai à l’âge de 84 ans à Auriol (13).

• M. Jean-Claude Gaudin, maire honoraire de Marseille, membre de l’association de l’Accueil de nuit Forbin et ami des Frères, décédé le 20 mai à l’âge de 84 ans à Marseille

• Mme Jeannine Quenette, maman d'Olivier Quenette, décédée le 10 juin à 87 ans.

Reposez en paix Kathleen !

Les Frères hospitaliers de Saint Jean de Dieu vous font part du décès à Rome le 3 juin 2024 de Kathleen Elslander, à l’âge de 80 ans. Frères et collaborateurs se souviendront de sa présence chaleureuse et très professionnelle lors des chapitres provinciaux où dans différentes rencontres de l’Ordre auxquels Kathleen

participa comme interprète dans la cabine française. Kathleen avait ce don de s’approprier le ton de celui qui parlait et, pour peu qu’il fût en colère, elle nous traduisait à son tour irritée le contenu de son intervention. À l’inverse dans des moments plus méditatifs ou de prière, Kathleen nous faisait goûter jusqu’à l’intime la pro-

Le lien HOSPITALIER

fondeur du propos. Sa présence fidèle dans la cabine française nous la rendit aussi fidèle en amitié. Aujourd’hui, nous ne perdons pas qu’une interprète connue, nous pleurons celle qui de la Famille hospitalière en épousa tous les contours et en aima chacun de ses membres. Notre reconnaissance est grande.

|  CARNET  |
CARNET | ABONNEMENT  | 20 € | 3  NUMÉROS | 36 PAGES TOUT EN COULEURS ! NOUVELLE FORMULE ! OUI JE CHOISIS DE M’ABONNER À LA REVUE DES FRÈRES HOSPITALIERS DE SAINT JEAN DE DIEU POUR UNE DURÉE DE 3 NUMÉROS AU PRIX DE 20 €. MON RÉGLEMENT PAR CHÈQUE À L’ORDRE DU LIEN HOSPITALIER SERA À ENVOYER À : LE LIEN HOSPITALIER SERVICE ABONNEMENTS - 258 RUE LECOURBE - 75 015 PARIS ESSENTIEL Dinan/Saint-Brieuc Déstigma’Tour : l’Humain avant la maladie AnneBellœil quelques hospi- Dinan/Saint-Brieuc uneexpositiontémoignages pour combattre mentales. territoire deSaint-Brieuc. exposé l’ensemble Bretagne, maison été pré- senté au Congrès provinceautrichienne Dieu sur témoignagedes projetduDéstigma’Tour. l’audace l’insouciance peud’espoir collectif fait reste :les direction plein d’anonymes… Rien collectifinvi- Lespatients lesremercie Le Chapitre général se prépare ! province en Ukraine est spirituel importance pour notre Famille rappelle Frère font partie appelésmanière active écoutant l’Esprit cheminque défisquenotre charismeaujourd’hui,dans présent. Des doivent différentes préoccupations, communautésetétablis- sements. ailleurs en place préparation : décembre, général, visité centresAmadeo, charge formation (postulat Philippines, prisesconcernant l’emplacement Papouasie-Nouvelle-Guinée, rencontré Joseph général, Frère Timothy Graham,d’Océanie,FrèrePetercommunauté de Madang. était conclure visite Smithvientd’effectuer dans (Australie, Nouvelle-Zélandede mieux présence l’Ordre Papouasie-Nouvelle-Guinée, qu’une seule frères,qui,aveccoup dévouement, poursuivent leur Papouasie possèdeMadang. accueille souffrant de problèmes par drogues et dispensaire pour en portant assistance type de difficultés. effectuée lequel étéquestion la enparticulierqu’ilapprécie beaucoup, de santé mentale, frèresaccomplissent Océanie Visite du Supérieur Général aux Philippines et en Papouasie-Nouvelle-Guinée Un nouveau site Internet pour la province de France Internet peau quevotre - talier ! différentes d’engagementsau hospitalière(Frère, bénévole…) mettre au service - giles,selon Dieu.N’hésitez dire que Dinan/Saint-Brieuc Mobilité au Portugal dans le cadre du projet SVP huit le cadre programme pour l’éducation L’objectif de - loppées l’Ordre hospitalier Sœurs hospitalières champ la Cette mobilité européennes qui ont collaborateurs Fondation Italie,enEspagne 2022 nouvelle demande sera expériences enrichissantes. Europe Le webinaire européen du groupe sur l’inclusion sociale de janvier janvier consacré aux“Protéger santé inter-congrégationnel autrichienne hospitalier des hospitalières répondre en physique des personnesprésentant ou un déclin @ PRÉNOM ADRESSE VILLE COURRIEL NOM REVUE DES FRÈRES HOSPITALIERS DE SAINT JEAN DE DIEU JUIN 2024 En famille, la voile, Le Centre hospitalier À la croisée du sport et de l’hospitalité : une vision holistique du soin  DOSSIER  Le lien HOSPITALIER
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Chaque année, le supérieur général de l’Ordre hospitalier propose un projet innovant à soutenir à l’ensemble des provinces dans le monde.

Cette année, Frère Jesùs Etayo nous invite à participer à la création d’un dispensaire en santé mentale au Sénégal où les Frères interviennent depuis 1975. Aujourd’hui, plus de 75 000 patients sont soignés chaque année grâce aux centres Saint Jean de Dieu et l’objectif est d’apporter une réponse supplémentaire dans le domaine de la santé mentale. Merci d’avance pour votre soutien !

AIDEZ-NOUS À CRÉER UN CENTRE DE SOINS PRIMAIRES EN SANTÉ MENTALE AU SÉNÉGAL

D’UN MONTANT DE :

 20 € (soit 6,80 € après déduction fiscale)

 50 € (soit 17 € après déduction fiscale)

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| MESSAGERS DE L’HOSPITALITÉ |

Suivez les aventures de la Famille hospitalière et plus particulièrement de nos ‘Messagers de l’Hospitalité’ (cf. pages 20 à 23) en vous abonnant à notre newsletter !

Cette newsletter vous donnera chaque mois une réflexion spirituelle en lien avec la spiritualité de saint Jean de Dieu, ainsi que quelques nouvelles de la province afin de favoriser la communion entre tous les membres de la Famille hospitalière. N'hésitez pas à la faire connaître autour de vous !

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