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Rencontre avec Arianne Clément, photographe des aînés

PROPOS RECUEILLIS PAR ÉMILIE DAVID, RESPONSABLE DE L’ATTRACTION DE TALENTS, RQRA

LES PHOTOGRAPHIES D’AÎNÉS QUE PROPOSE ARIANNE CLÉMENT OFFRENT UN TOUT NOUVEAU REGARD SUR « L’ART DE VIEILLIR » TEL QU’ELLE LE NOMME SI JOLIMENT. « L’ART DE VIEILLIR », C’EST LE PROJET QUI L’A FAIT CONNAÎTRE INTERNATIONALEMENT. RENCONTRE AVEC UNE ARTISTE TOUT EN DÉLICATESSE.

En 2018, tout est parti d’une invitation à monter une exposition en hommage aux femmes dans un petit village de Montérégie. Arianne envisageait alors de solliciter des femmes âgées prêtes à poser dénudées dans un esprit de boudoir pour discuter de sexualité, de sensualité et de beauté. Dans un premier temps, trouver des modèles n’a pas été chose aisée et les volontaires ne se bousculaient pas. La photographe a alors insisté auprès d’un couple d’amis, Christine et Paul (âgés respectivement

« LE PROJET L’ART DE VIEILLIR M’A COMPLÈTEMENT ENLEVÉ LA PEUR DE VIEILLIR. ÇA DONNE DE L’ESPOIR. » - ARIANNE CLÉMENT

Béatrice Picard, enfant.

Crédit photos : Arianne Clément Ce cliché de Christine et Paul enlacés est rapidement devenu viral.

de 87 et 101 ans à l’époque). Christine a tout d’abord hésité, se demandant ce que son entourage en penserait. C’est son mari qui s’est jeté à l’eau et a dit : « On le fait ! ». Arianne a alors pris des photos d’eux et en a publié une sur Facebook qui est devenue immédiatement virale. Ce premier succès a donné un bon coup de pouce au projet et des femmes ont manifesté leur intérêt à participer. La démarche au départ spontanée et improvisée se dessine alors plus précisément et devient militante, féministe et promouvant la diversité. Diversité des corps et des façons d’envisager la beauté hors des sempiternels critères de la jeunesse, des traits lisses et de la minceur. Personne ne s’attendait alors au succès que cette exposition régionale allait remporter autour du monde.

Crédit photo : Arianne Clément

UNE ARTISTE TOUS AZIMUTS

Originaire d’Acton Vale, Arianne Clément s’est rapidement tournée vers l’extérieur de sa région, de sa province et de son pays pour mettre à l’épreuve ses talents d’artiste et de photographe. Après le cégep, Arianne a suivi des cours d’initiation à la photographie et c’est à l’UQAM qu’elle a approfondi son intérêt et sa connaissance de cet art. Elle est ensuite partie travailler un an au Nunavut pour un magazine culturel qui recherchait un photographe doué également du talent d’écriture. Elle a alors pris connaissance de l’existence d’un programme de maîtrise en photographie documentaire et journalistique à Londres. N’ayant pas tous les préalables pour présenter sa candidature, elle s'est envolée pour l’Italie pour apprendre une troisième langue et a peaufiné son anglais en Colombie-Britannique. Il lui fallait aussi faire publier son travail pour compléter son dossier d’inscription. Finalement acceptée au programme en 2010, elle savoure ce parcours riche en apprentissages et en rencontres professionnelles. Elle travaille parallèlement sur l’île Haida Gwaii (Colombie-Britannique), puis en Amazonie sur les questions autochtones. La curiosité d’Arianne ne connaît pas de frontières! En 2014, Arianne a démarré son entreprise de photographie qu’elle a rapidement orienté sur le sujet des aînés. Quand on lui demande d’où vient cet intérêt, elle répond dans un grand sourire : « J’adore être avec eux et écouter leurs histoires! » Elle ajoute avoir été très proche de sa grand-mère lorsqu’elle était petite. Cette grand-mère que personne ne pouvait prendre en photo tant elle se trouvait laide. « J’adorais ma grand-mère, j’adorais ses mains et j’étais fascinée par l’histoire que racontait sa peau ». Arianne n’a jamais pu prendre de photos de sa grand-mère ni lui permettre de découvrir par son regard et par le grain exceptionnel de ses clichés à quel point elle était belle et inspirante. Jamais en manque d’inspiration, le dernier projet d’Arianne l’a amenée à parcourir les cinq « Zones Bleues » référencées par National Geographic comme les endroits dans le monde offrant la plus grande espérance de vie. L’artiste y est partie à la recherche des secrets de la longévité, de l’amour et du bonheur, rien de moins! Les résultats de son enquête seront publiés dans le magazine italien Lifegate (qui avait précédemment publié son « Art de vieillir ») et pourraient donner lieu à une exposition à l’été 2021.

POUR ALLER PLUS LOIN

Très touchée par la pandémie qui nous frappe tous actuellement, et plus particulièrement nos aînés, Arianne travaille actuellement sur une série de photographies en hommage aux aînés ayant survécu à la COVID-19. Arianne est d’ailleurs à la recherche de modèles. Avis aux intéressés! Dans l’objectif d’aller plus loin dans la promotion de la diversité, Arianne est également à la recherche de couples issus de la communauté LGBTQ+ ainsi que de couples mixtes. Contact :

ariarianne@gmail.com / 438 931-8307

La prochaine exposition de « L’art de vieillir » aura lieu au Centre culturel Yvonne Bombardier à Valcourt en septembre 2021. / http://centreculturelbombardier.com/

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