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Baby-boomers : zoom sur cette génération hétéroclite

PAR MARIE-HÉLÈNE DUFAYS MARINESCU, JOURNALISTE INDÉPENDANTE

ILS ONT ENTRE 59 ET 78 ANS ET REPRÉSENTENT PLUS DE 2 MILLIONS DE PERSONNES AU QUÉBEC. LES PLUS JEUNES BABY-BOOMERS APPROCHENT AUJOURD'HUI L'ÂGE DE LA RETRAITE, TANDIS QUE LES PLUS ÀGÉS D'ENTRE EUX AURONT 80 ANS EN 2026.

Nés au lendemain de la seconde guerre mondiale, entre 1945 et 1965, les baby-boomers représentent aujourd’hui 9 millions de personnes au Canada, 2 millions au Québec. Les plus jeunes d’entre eux viennent d’avoir 60 ans, tandis que les plus âgés atteignent les 80 et peuvent déjà vivre des pertes d’autonomies.

NOMBREUSE ET PLURIELLE

Selon les projections démographiques, la plus importante hausse dans le groupe des aînés se produirait d’ici 2031, avec l’arrivée des babyboomers dans cette étape de la vie¹. Longtemps considérés comme les plus nombreux au Canada, ils ont été surpassés en nombre depuis peu par les millénariaux. Au Québec, cependant, ils restent les plus nombreux.

Alors que les plus jeunes d’entre eux atteindront bientôt l’âge de la retraite, ils représentent la première génération à être témoin de la retraite « longue et tranquille » de leurs grands-parents et de leurs parents, expliquent De Ken Dychtwald et Robert Morison dans leur ouvrage Ce que veulent

les retraités. Les auteurs estiment que ce qu’ils souhaitent se trouve à l’opposé, c’est-à-dire une retraite « plus intéressante, active, remplie de passion et excitante ». Ils sont donc plus enclins à essayer de nouvelles choses et plein d’entrain, en plus d’avoir un niveau d’éducation plus élevé que leurs aînés, peut-on encore lire dans leur ouvrage. Les auteurs mettent également en avant la nécessité, pour quiconque souhaite cibler cette génération, de segmenter et personnaliser les expériences proposées, loin des représentations stéréotypées.

Une segmentation par âge et par classe sociale, c’est ce que préconise Yves Carrière, Chercheur régulier, au Centre de recherche et d’expertise en gérontologie sociale (CREGÉS), Professeur titulaire au Département de démographie, de l’Université de Montréal. Il tient à cet effet à souligner l’écart important entre les premières et dernières cohortes du baby-boom, et met en avant son homogénéité. « Ces personnes n’ont pas vécu les mêmes choses », précise-t-il.

« RICHES COMME CRÉSUS » ?

Les baby-boomers sont souvent considérés comme étant la génération la mieux nantie. Selon un sondage Ipsos pour la Sun Life et récemment relayé par La Presse, les baby-boomers qui légueront tous leurs avoirs à leurs enfants espèrent leur transmettre en moyenne 940 000 $, soit la « plus importante transmission de patrimoine d’une génération à l’autre de l’histoire du Canada », estime Rowena Chan, présidente, Distribution Financière Sun Life Canada². De plus, selon Statistique Canada, « les ménages dont le principal soutien économique fait partie de la génération du baby-boom détenaient en moyenne presque 1,2 million de dollars en valeur nette en 2019 »³.

Sont-ils donc riches comme Crésus ? Pas tout à fait si l’on en croit un article éponyme publié en 2018, par Patrik Marier, Yves Carrière, et Jonathan Purenne 4 . Yves Carrière, professeur associé au département de démographie, ayant également travaillé sur le régime de pension du Canada en tant que démographe, tient à souligner l’importance de nuancer lorsqu’il s’agit de la richesse des baby-boomers. Il estime qu’ils ne sont pas forcément plus riches que les autres générations, mais « ils sont tellement nombreux, qu’il y en a forcément qui sont plus riches ». Ils sont en outre « à un âge où l’on a eu le temps d’accumuler des richesses, contrairement aux personnes plus jeunes », ajoute M. Carrière. Il s’agit selon lui d’un mythe largement répandu selon lequel « naître baby-boomer, c’était être riche.

Alors qu’il y a des classes sociales aussi parmi les baby-boomers ». Pour avoir un portrait fidèle de cette génération, le besoin de nuancer et de segmenter est donc de mise ! Ils ne vivent pas forcément dans des conditions précaires, mais il leur est parfois difficile de maintenir le même niveau de vie qu’avant leur retraite, ce qui peut représenter un défi, surtout au regard de la recrudescence des divorces en âge plus avancé. Cela peut avoir un impact négatif important sur les finances, allant parfois jusqu’à encourager les individus à prolonger leur carrière ou retourner sur le marché du travail, estime Patrik Marier, directeur scientifique du CREGÉS et professeur à l’Université Concordia. Selon lui, une personne sur quatre entre 64 et 74 serait encore sur le marché du travail. Cela ne veut pas forcément dire qu’ils sont plus démunis, dit Yves Carrière, mais « qu’ils n’ont pas les moyens de maintenir leur niveau de vie » ou qu’ils souhaitent rester actifs.

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