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Place à la relève en RPA !

LE VIEILLISSEMENT DE LA POPULATION EST EN CROISSANCE EXPONENTIELLE ET LE SECTEUR DE L’HÉBERGEMENT POUR LES PERSONNES ÂGÉES A UN ÉNORME BESOIN DE NOUVELLES IDÉES, DE NOUVEAUX CONCEPTS ET D’UNE VISION À LONG TERME. POUR CE FAIRE, NOUS AVONS RENCONTRÉ DE JEUNES ENTREPRENEURS QUI ONT CHOISI DE FAIRE LA DIFFÉRENCE DANS L’AVENIR DES AÎNÉS QUÉBÉCOIS EN INVESTISSANT TEMPS ET ARGENT DANS LE SECTEUR DES RPA.

SEPT JEUNES GESTIONNAIRES ONT ACCEPTÉ DE PARTAGER AVEC NOUS LEUR CHEMINEMENT, LEUR MOTIVATION À REJOINDRE CE SECTEUR D’ACTIVITÉ ET LEUR VISION FACE À L’AVENIR DES RPA AU QUÉBEC. C’EST UN HONNEUR DE VOUS COMMUNIQUER CE QU’ILS AVAIENT À DIRE.

Depuis l’âge de trois ans, Tommy Audette a grandi entouré de personnes âgées, ce qui lui a permis de développer une grande proximité et de tisser des liens forts. Redonner aux aînés de sa communauté est sa plus grande fierté. Après des études et de l’expérience dans des domaines autres, il a choisi de revenir à ce qu’il connaissait le mieux, le milieu des résidences. Il prendra sous peu possession de la résidence appartenant à ses parents depuis 2005. Le processus de transition de propriété de la résidence est en cours.

La gestion d’une résidence s’accompagne de stress, d’incertitudes et de remises en question, mais il se sent néanmoins soutenu à 100 % par ses parents dans les décisions les plus difficiles. Son rôle de gestionnaire lui permet de s’adapter à diverses situations, de prendre des initiatives, de sortir de sa zone de confort et d’interagir avec les gens dans différents contextes. Selon lui, surmonter ces défis au quotidien fait en sorte qu’il devient un meilleur gestionnaire et une meilleure personne.

Selon Tommy, l’informatisation du secteur serait la meilleure solution pour améliorer la situation actuelle dans les RPA. « En informatisant les RPA, les tâches quotidiennes seraient grandement simplifiées, les erreurs évitées et l’efficacité augmentée. La recherche d’information serait beaucoup plus rapide en regroupant toutes les données pertinentes à un seul endroit », précise-t-il.

AMÉLIE BÉLANGER, LA MAISON DU LAC TÉMISCOUATA, LE JARDIN DU LAC TÉMISCOUATA, L’ORA DES BASQUES

Le domaine de la santé a toujours attiré Amélie Bélanger. Après avoir fait des études professionnelles au programme Santé, assistance et soins infirmiers en 2009, Amélie a travaillé dans le réseau hospitalier au Nouveau-Brunswick. En plus de son emploi, en 2013 elle a enseigné à temps partiel à des préposés aux bénéficiaires.

C’est en 2015 qu’Amélie a quitté son emploi dans le réseau hospitalier pour faire l’acquisition, avec son conjoint, de la résidence de son beau-père, la Maison du lac Témiscouata. Par la suite, le couple fait l’acquisition d’une deuxième RPA qu’ils ont grandement rénovée et le 1er juin 2024, ils ont acheté La Villa Dubé, rebaptisée L’Ora des Basques. Ils sont maintenant propriétaires de 98 unités logeant 102 résidents.

Amélie Bélanger a un parcours professionnel et des connaissances du domaine de la santé qui lui permettent de transmettre sa passion pour son métier à toutes ses équipes. Au fil du temps, Amélie a été accompagnée d’un chef d’entreprise qui a agi comme mentor et qui l’a influencée positivement et motivée à atteindre de nouveaux sommets. Elle précise que son rôle de gestionnaire lui enseigne la patience et la résilience sur le plan personnel ce qui a un impact positif sur son travail et l’entreprise dans son ensemble.

Selon Amélie, l’intégration de nouvelles technologies permettrait des interventions plus rapides, assurerait des suivis plus efficaces, réduirait les risques de complications graves et contribuerait à l’amélioration des traitements et à la personnalisation des soins. De plus, elle estime qu’une meilleure formation du personnel et la création d’activités interactives stimulantes favoriseraient une meilleure qualité de vie et d’autonomie des personnes âgées.

JÉRÉMY CÔTÉ, LE PAVILLON MONTFORT, MONTRÉAL

Jérémy Côté, est tombé dedans à la naissance. C’est le cas de le dire, puisqu’il a même été baptisé à la résidence familiale le jour de son ouverture officielle en 1999. Le flambeau de la relève a passé des mains de la fondatrice, la grandmère paternelle de Jérémy, à ses parents, pour aujourd’hui lui être destiné en tant qu’enfant unique. Ayant eu d’autres ouvertures dans des domaines différents, Jérémy a toujours souhaité revenir dans son lieu de prédilection. Lorsqu’il était étudiant, tous ses temps libres étaient consacrés à la résidence, ce qui l’amusait et rendait ses parents heureux.

Tel son père, Jérémy possède la fibre entrepreneuriale qui l’a amené à poursuivre ses études en commerce et finance à la John Molson School of Business. Il a aussi de qui retenir avec son grand cœur qui lui fait ressentir du bonheur lorsque les résidents et les employés sont heureux. Il est très reconnaissant d’avoir un environnement familial très fort ce qui lui permet de rester calme même dans les tempêtes.

Étant de la nouvelle génération, Jérémy mise sur les nouvelles technologies pour optimiser la gestion des tâches et améliorer le bien-être des aînés. Les différentes missions d’étude qu’il a effectuées à l’étranger lui ont appris à modifier son approche au sein de son organisation. « Chaque résidence est différente et le gestionnaire doit demeurer très flexible, ouvert aux ajustements et garder une synergie avec les employés. Il doit avoir une vision globale de son organisation et travailler en équipe pour FAIRE LA DIFFÉRENCE. Le partenariat privé et public et l’accès aux soins pour tous fait partie de la solution », conclut Jérémy Côté. Pour lui, « rien n’est impossible ».

VÉRONIQUE THOMASSIN, GROUPE THOMASSIN, QUÉBEC

Fondé il y a 60 ans, le Groupe Thomassin est maintenant entre les mains de la troisième génération. Véronique Thomassin est l’aînée de cette troisième génération qui compte sept petits-enfants. Infirmière clinicienne de formation, Véronique s’est spécialisée en gestion au début de sa carrière à Montréal. Depuis 2013, elle occupe un poste de gestionnaire au sein du Groupe Thomassin dans la capitale nationale. Avec sa cousine, son frère et ses cousins, ils dirigent ensemble avec brio les opérations du groupe.

Depuis 2017, malgré différents événements perturbateurs, dont la pandémie, c’est en équipe qu’ils ont triplé le chiffre d’affaires de l’entreprise. Le Groupe Thomassin compte à ce jour huit ressources dans la région de Québec, dont deux acquisitions en 2023. Selon elle, la standardisation des pratiques dans chacun des établissements a contribué à ce succès. Pour sa part, Véronique croit que les deux modèles d’hébergements, RPA et RI, ont leur place dans la société et répond aux besoins des clientèles spécifiques.

Influencée par le courage et la persévérance de sa grand-mère, fondatrice du groupe, Véronique reconnait qu’elle a hérité de son entregent et de son énergie positive. Elle admet que son poste de gestionnaire lui a apporté beaucoup de maturité et qu’en tant que jeune mère de trois enfants, elle sait maintenant choisir ses batailles. Elle prône l’équilibre travail et famille, ce qui l’amène à considérer la région de Québec comme le lieu d’établissement du Groupe Thomassin dans un avenir rapproché.

Maintenant directrice de la performance et du développement des affaires, Véronique et son équipe ont mis sur pied un projet innovateur appelé « l’Académie Thomassin ». Il s’agit de capsules vidéo de quelques minutes destinées aux équipes de travail. Certaines sont orientées vers la standardisation des techniques de travail dans l’exécution des tâches en résidence, d’autres sont en lien avec les relations de travail entre employés afin de favoriser l’intégration des nouveaux employés provenant de l’immigration et la bienveillance.

BIANCA LAVOIE, PAVILLON JOSEPH-RHÉAUME, SAINTE-CROIX DE LOTBINIÈRE

Bianca Lavoie a eu une révélation en 2006 lorsque sa petite fille de 14 mois s’est amusée avec une personne âgée de 90 ans qui avait une marchette comme la sienne. « L’étincelle qui brillait dans les yeux de cette dame était la même que celle dans les yeux de ma petite fille adorée. J’ai tout de suite su ce que je voulais faire de ma vie : travailler auprès des personnes âgées, veiller sur eux et voir à ce qu’ils soient bien traités. Un jour je serai propriétaire d’une résidence », se disait-elle.

C’est dans un environnement familial d’affaires que Bianca a grandi. Elle a la bosse des affaires depuis toujours. Dès son jeune âge, elle avait besoin de réaliser des projets et de changer les choses afin de les rendre meilleures. Pour compléter ses compétences, elle a poursuivi des formations dans divers domaines reliés aux soins, à la gestion et aux ressources humaines. C’est à 30 ans qu’elle fait l’acquisition d’une première résidence pour aînés, qu’elle a vendue en 2012 pour en acheter une deuxième en 2020 avec son conjoint, Carl Fortin, qui l’a beaucoup aidé en s’impliquant auprès des résidents.

Selon elle, la structure administrative actuelle des RPA a besoin d’être transformée. Les catégories, peu importe la taille des résidences, sont une problématique qui ne correspond pas à la réalité. « Il y a un monde entre une résidence de 22 unités et une de 300 unités, ce qui devrait être pris en compte au niveau de la réglementation, des exigences et des aides financières », précise la gestionnaire. Elle souhaiterait avoir plus de soutien administratif, un meilleur accès au financement lors d’acquisition, une aide financière bonifiée pour les gens qui souhaitent vivre en RPA et un soutien renforcé pour les formations de perfectionnement. « Si nous devons avoir les mêmes normes et exigences que le secteur public, pourquoi ne pas avoir les mêmes avantages ? », conclut Bianca Lavoie.

JÉRÔME POULIN, LES RÉSIDENCES DU PRÉCIEUX-SANG, LÉVIS

Dans les années 90, le père de Jérôme Poulin fait l’acquisition d’un vieux monastère, qu’il a transformé en RPA. C’est ainsi que, durant ses emplois d’été, Jérôme Poulin a appris en quoi consistaient les tâches reliées à la gestion d’une résidence. Par la suite, son parcours professionnel l’a amené à quitter sa région durant quelques années. Pour ensuite y revenir, en 2006, en acceptant le poste de directeur général et gestionnaire immobilier pour la communauté qui venait de faire l’acquisition de la résidence de son père, qui avait alors malheureusement des problèmes de santé.

À cette époque, le secteur des RPA n’avait pas encore de certification, mais vivait une grande transformation. Il a puisé son expérience en se référant aux propriétaires de petites et moyennes résidences, les pionniers de l’industrie. « En général, il s’agissait de gens peu expérimentés, mais passionnés par le domaine. Des gens de cœur, toujours prêts à aider et à prodiguer des conseils. C’est bien avant le RQRA qui est maintenant un allié essentiel dans la gestion et la représentation des RPA », souligne monsieur Poulin. Par ailleurs, il ajoute que le rôle de gestionnaire est extrêmement exigeant, mais tellement valorisant. C’est plus une vocation qu’un emploi !

C’est en 2019, qu’il achète, avec son épouse, Les Résidences du Précieux-Sang puis en 2021, il fait l’acquisition de la résidence Le Saint-Laurent-Lévis. Des idées pour l’avenir, Jérôme Poulin en a plein la tête. Il aimerait que les RPA soient considérées comme des milieux de vie avec soins et non seulement comme des complexes d’appartements. Il souhaite pouvoir offrir de meilleurs salaires aux employés et que les RPA deviennent des partenaires essentiels du système de la santé. Enfin, il croit qu’il est primordial de se tenir debout pour faire face aux exigences qui sont imposées au secteur et il souhaite que l’argent des contribuables soit dépensé au bon endroit plutôt que dans des projets comme les maisons des aînés.

FÉLIX-ANTOINE JACQUES, GROUPE JACQUES, VICTORIAVILLE

Ayant grandi dans le secteur des résidences, Félix-Antoine Jacques a toujours eu la passion de travailler avec les aînés, les écouter et apprendre d’eux qu’il considère comme une famille. Pendant son baccalauréat en administration des affaires, il a commencé comme préposé à la maintenance jusqu’à devenir directeur de résidence. Ce parcours lui a permis de découvrir le fonctionnement de chaque département et d’acquérir une expérience précieuse.

Félix-Antoine occupe maintenant le poste de gestionnaire principal. Il est l’aîné de trois garçons qui représentent la troisième génération de l’entreprise. Il peut compter sur ses mentors, son père et son grand-père, qui l’appuient occasionnellement dans la gestion des résidences. Leur sagesse lui offre souvent des solutions bénéfiques.

Il aspire à ce que les milieux de vie soient mieux valorisés et considérés comme un endroit où les aînés peuvent s’épanouir, rester actifs et en sécurité. Ce qu’ils méritent bien puisque ce sont eux qui ont bâti le Québec d’aujourd’hui. En tant que gestionnaire, il se réjouit chaque fois qu’un aîné lui sourit et le remercie pour ce qu’il fait pour eux.

EN CONCLUSION…

Ces années de transition pour les résidences pour aînés ont souligné l’importance d’une relève engagée et dynamique au sein de notre secteur. Nous avons eu la chance de recueillir ces témoignages de membres, dont les idées et les perspectives sont essentielles pour façonner l’avenir des RPA. Leur participation active aux entrevues a enrichi la compréhension des défis actuels et des solutions à explorer. Nous les remercions chaleureusement pour leur temps et leur engagement. Grâce à eux, nous sommes convaincus que la relève est prête à prendre le flambeau et à mener notre secteur vers un avenir prometteur.

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