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Perspectives internationales Un établissement de soins de longue durée pour étrangers en Thaïlande

DES SERVICES À MOINDRE COÛT, UN CADRE DE VIE PARADISIAQUE, UN RATIO DE 1 EMPLOYÉ POUR 1 RÉSIDENT. TOUT CELA EST POSSIBLE. LE PAYS COMPTE UN CERTAIN NOMBRE D’ÉTABLISSEMENTS, AVEC OU SANS SOINS, À DESTINATION DES ÉTRANGERS EN THAÏLANDE EN PLUS DE SES ÉTABLISSEMENTS POUR LES CITOYENS.

Héberger son proche dans une résidence en Thaïlande, à plus de 8 000 km de chez soi a de quoi surprendre. Mais c’est le choix qu’ont fait les résidents de Carewell et leurs proches. À mi-chemin entre l’expatriation et le tourisme médical, le phénomène n’est pas nouveau et continue de séduire des aînés et leurs proches à la recherche d’établissements d’hébergement de longue durée. Les coûts avantageux des soins et du logement ainsi que le climat tropical offrent une qualité de vie que beaucoup ne pourraient pas s’offrir dans leur pays d’origine, estime Carlo Somaini, époux de la propriétaire. Installés en Thaïlande depuis 2010, Anita et Carlo Somaini hébergent actuellement 27 personnes, Européens et Américains expatriés à Phuket, dans leur établissement de soins aux airs d’hôtel de vacances.

UNE SOLUTION

Dans cet établissement où tous les aînés ont des besoins en soins, près de 70 employés dont 48 infirmiers s’occupent de 27 résidents. Un « ratio complètement différent de ce que l’on trouve aux États-Unis ou au Canada », affirme Carlo Somaini. Ce niveau de soins serait probablement inabordable dans leur pays d’origine, affirme Carlo Somaini, surtout à un

moment où l’Europe éprouve des difficultés à fournir suffisamment de places dans ses établissements de soins¹. En Suisse, avance-t-il, le plus haut niveau de soins équivaut à 4 heures par jour, incluant la nourriture, la douche et les activités, les déplacements dans la chambre, à la chambre, sortie, vêtements, médicaments. Il arrive qu’« un membre du personnel soignant [doive] s’occuper de 10, 12, 15 patients », alors qu’en Thaïlande, ils peuvent avoir 3 soignants par résident sur 24 heures.

1. Sufficient, sustainable and accessible quality care for older people, Comité Économique et Social Européen, 2022

Cette résidence n’accueille que des aînés qui ont besoin de soins ou qui sont en convalescence, souvent des personnes souffrant de troubles neurocognitifs. Leur séjour dans l’établissement est de 7 ou 8 ans en moyenne et ils y sont pris en charge jusqu’à leur fin de vie. Les aînés, dont la moyenne d’âge est d’environ 78 ans, sont classés selon leur niveau d’autonomie, bien qu’ils aient tous des besoins de soins. Le niveau A est attribué aux personnes relativement autonomes, pouvant effectuer la plupart de leurs tâches quotidiennes seules, tandis que le B correspond aux personnes nécessitant 3 soignants pour un résident sur 24 heures. Cette catégorisation influence également le tarif journalier qui est de 90 $ US pour le niveau A et de 115 $ US pour le B, excluant les médicaments et activités touristiques optionnelles. Un « coût imbattable », selon M. Somaini, alors que ces services seraient inaccessibles en Europe. Du côté des propriétaires, les salaires du personnel varient, avec un point de départ de 15 000 à 20 000 bahts (environ 420 $ à 560 $ US), en fonction de l’expérience. Le salaire d’entrée est généralement attribué aux stagiaires en soins infirmiers, qui sont régulièrement accueillis et souvent embauchés par la suite.

UN CADRE DE VIE FAVORABLE

Le plus souvent, c’est la famille qui prend l’initiative d’amener le proche en Thaïlande, explique Carlo Somaini. Le climat y est très différent du nord de l’Europe, « où il peut faire très froid et où il pleut abondamment ». Cela fait en sorte que le temps que passent les aînés à l’extérieur est limité, déplore M. Somaini. Pour lui, le climat tropical et l’environnement sont des facteurs déterminants dans le choix du pays, car cela permet d’effectuer des activités en extérieur tout au long de l’année et de profiter des installations à disposition. « On fait des barbecues sur la plage, des voyages de 2 ou 3 jours, on va en bateau sur une autre île […] on fait beaucoup d’activités », précise M. Somaini.

La plupart du temps, précise-t-il, les familles viennent avec le futur résident pour l’installer, le soutenir dans cette phase de transition et donner des indications au personnel de la résidence, explique M. Somaini. Ce moment devient alors l’occasion de se retrouver en vacances en famille, estime Somaini. Ensuite, le contact avec la famille s’établit essentiellement par vidéoconférence et les visites en personne sont occasionnelles. Certaines familles viennent leur rendre visite en Thaïlande 3 ou 4 fois et se rendent quotidiennement à la résidence ou emmènent leur proche avec eux à l’hôtel, auquel cas ils peuvent être accompagnés par un infirmier de la résidence en journée.

PAR MARIE-HÉLÈNE DUFAYS MARINESCU, JOURNALISTE INDÉPENDANTE

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