"Plantez des fleurs à couper" de Julie Laussat - Extrait

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Plantez des fleurs a couPer

Pour des bouquets locaux et de saison

Création graphique : Atelier Zemonsta – Audrey Abbal-Duteille © Éditions du Rouergue, 2025

www.lerouergue.com

Plantez des fleurs a couPer

Pour des bouquets locaux et de saison

sommaire

Introduction

1 - Découvrir les fleurs à bouquets

Pourquoi cultiver ses propres fleurs ?

Des fleurs de saison

Bien choisir ses fleurs

2 - Cultiver des fleurs pour bouquets

Planifier son jardin de fleurs à couper

Préparer le sol à cultiver

Du semis à la plantation des fleurs

L’entretien de votre jardin de fleurs

3 - Les autres végétaux pour vos bouquets

Le feuillage et branchage pour les bouquets

Utiliser les fruits en décoration

Et pourquoi pas des plantes sauvages ?

4 - Cueillette et conservation

La cueillette des fleurs à bouquets

Faire sécher ses fleurs

Confectionner les bouquets

Entretenir son bouquet dans le temps

5 - Les variétés de fleurs à cultiver

Pour aller plus loin

En apprendre plus sur les fleurs

Index

À propos

introduction

Enfants, nos poches étaient souvent remplies de fleurs coupées. Nous arrachions les pétales d’une pâquerette pour deviner les sentiments de l’être aimé, nous voulions à tout prix offrir à nos parents des fleurs malmenées une bonne partie de la journée, souvent un peu écrasées, à la sortie de l’école. Observez un enfant traverser un jardin, et vous le verrez vite cueillir des fleurs, parfois sans le moindre remords, simplement pour le plaisir de tenir entre ses mains des pétales colorés.

En grandissant, malheureusement, les fleurs prennent un caractère sacré. Elles deviennent des éléments figés dans un jardin, une terrasse, ou dans quelques pots sur un balcon. On découvre ensuite leur importance pour la biodiversité, tant animale que végétale, et il arrive même qu’on réprimande les enfants pour qu’ils cessent de « faire du mal à la plante ». La fleur est alors perçue comme une étape de croissance fragile qu’il ne faut surtout pas perturber.

Cela a plusieurs conséquences. D’une part, seules les fleurs proposées dans le commerce sont labellisées « fleurs à bouquets », laissant de côté des centaines de variétés, et faisant oublier qu’elles aussi sont cultivées quelque part, souvent à l’autre bout du monde, dans des conditions écologiquement désastreuses. D’autre part, nous avons perdu de vue qu’il est tout à fait possible de cultiver chez soi des fleurs à couper, et que l’art du bouquet n’est pas réservé aux professionnels. Avec ce livre, j’espère vous reconnecter avec l’enfant en vous, celui qui trouvait tant de bonheur à créer de petits bouquets avec les fleurs cueillies dans la cour de l’école. Les fleurs sont un univers à part, à la fois merveilleux, coloré et parfumé. Et les bouquets sont la meilleure façon de révéler tout leur potentiel. Depuis des millénaires, ils embellissent nos intérieurs, marquent les événements importants de notre vie et témoignent de l’amour que nous portons à nos proches. En les cultivant chez vous, de la graine à la fleur, vous décuplez leur pouvoir. Quoi de plus symbolique que d’offrir un bouquet composé de fleurs que vous avez vous-même semées, choyées et assemblées ?

Vous trouverez dans ces pages tous les conseils pour vous lancer dans la culture de fleurs destinées aux bouquets, ainsi que des idées pour aller plus loin, explorer de nouvelles variétés, et tester des compositions florales originales. L’objectif n’est pas de vous transformer en fleuriste, mais de vous donner l’envie de renouer avec les saisons, de découvrir des variétés locales, parfois oubliées, et de nourrir votre curiosité. Méfiez-vous, on prend vite l’habitude de couper les fleurs dans son jardin !

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decouvrir les fleurs a bouquets

Il existe de nombreuses raisons qui peuvent vous inciter à cultiver des fleurs pour réaliser des bouquets. La principale est souvent le fait de les aimer et de vouloir fleurir sa maison. Il est tout de même important de ne pas vous lancer trop rapidement et d’apprendre à choisir vos fleurs pour éviter les erreurs.

1- Pourquoi cultiver ses propres fleurs ?

En France, la culture des fleurs pour bouquets n’est pas aussi répandue que celle des plantes potagères ou d’autres types de végétaux. On cultive principalement des plantes vivaces qui fleurissent en été pour égayer les jardins. Il semble presque contre-intuitif de cultiver des plantes pour en couper les fleurs !

Cette pratique est beaucoup plus courante dans les pays anglophones où on trouve davantage de fermes florales consacrées uniquement à la culture des fleurs à couper et l’on peut même venir y cueillir ses propres fleurs. Les traditions de jardinage sont aussi différentes et il est bien plus courant de cultiver des fleurs à couper. En France, les végétaux les plus achetés ne se prêtent pas particulièrement aux bouquets, ils servent surtout à embellir les extérieurs. Parmi les plantes les plus populaires en jardinerie, on retrouve le fuchsia, les hellébores, les campanules, le géranium et les pensées, des fleurs rarement utilisées dans des bouquets.

Cependant, la tendance des jardins de fleurs à couper émerge depuis quelques années. Tout d’abord, les bouquets se font plus vaporeux, plus sauvages, avec des fleurs un peu oubliées de nos jardins comme les cosmos, les pois de senteur et les mufliers. La production de fleurs en France se développe, mettant en avant des producteurs locaux et des variétés de fleurs déjà présentes dans nos jardins. Enfin, la tendance est aussi à la décoration intérieure, à la slow life et à la consommation des produits cultivés soi-même, avec une conscience plus importante de l’impact écologique des fleurs que l’on achète. Tout cela encourage à se lancer dans la culture de ses propres bouquets.

Les fleurs du commerce : un impact écologique important

Cultiver ses propres fleurs à bouquets permet de s’interroger sur ce qui se cache derrière la production des fleurs que l’on achète.

En France, 85 % des fleurs coupées que l’on retrouve dans les bouquets proviennent de pays lointains comme le Kenya, l’Éthiopie ou l’Équateur. Dans ces pays, cette culture implique déjà un lourd bilan humain, les ONG ne cessent d’alerter sur les conditions de travail des cueilleurs de fleurs. En plus d’être exposés à de nombreux produits chimiques pour un salaire dérisoire, la plupart des travailleurs horticoles n’ont pas d’emploi fixe. C’est ensuite un bilan écologique désastreux. Au-delà de l’impact carbone important lié au transport (souvent réalisé par avion ou camion réfrigéré), les fleurs sont surtout cultivées de manière intensive, à une échelle industrielle. Les dépenses en énergie, en eau mais aussi en produits chimiques nuisent à l’environnement et à notre santé, notamment en raison des traces de pesticides qui persistent dans les fleurs coupées. Le bilan n’est pas meilleur pour les fleurs cultivées en Europe en raison de l’utilisation systématique de serres chauffées ou climatisées. Une rose cultivée aux Pays-Bas a ainsi un bilan carbone plus lourd que celle cultivée au Kenya !

Le mouvement slow flower se développe en France depuis quelques années, notamment grâce au Collectif de la fleur française qui promeut une filière de production et de vente responsable, ainsi que la sélection de fleurs locales et de saison. Cela permet de redécouvrir de nombreuses variétés oubliées ou peu cultivées, que l’on peut facilement apprendre à cultiver chez soi. Cela donne aussi l’occasion de se reconnecter à la saisonnalité des fleurs. Vous apprendrez rapidement que les roses ne fleurissent pas en février ou que la saison des pivoines est extrêmement courte. Au jardin, vous n’aurez d’autre choix que de composer avec la bonne volonté de vos plantes et de la météo. Il faut apprendre à jouer avec le feuillage, les branches ou les fleurs séchées pour compenser une floraison qui tarde. Mais, à l’inverse, vous aurez une profusion de certaines variétés et un accès illimité à des fleurs plus difficiles à trouver chez le fleuriste !

Les labels à surveiller pour les fleurs coupées

Si vous souhaitez opter pour des fleurs locales et de saison, vous pourrez trouver un fleuriste près de chez vous sur le site du Collectif de la fleur française. N’hésitez pas à faire un tour au marché de producteurs de votre ville, on y trouve souvent des fleurs cultivées en complément par quelques maraîchers.

Il est aussi possible de se référer aux labels, notamment ceux de « Fleurs de France » et de « Plante Bleue », deux certifications garantissant une production française ainsi qu’une agriculture raisonnée et respectueuse de l’environnement. C’est aussi un soutien précieux pour le développement de la filière horticole française !

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Source : oec.world, 2022.

Les fleurs cultivées chez soi : de nombreux avantages

Face à ce bilan écologique désastreux, la culture des fleurs chez soi semble être une bonne alternative.

H Une culture relativement facile : en comparaison avec le potager, la culture des fleurs à couper est souvent plus simple puisqu’elle ne nécessite pas de maintenir la plante jusqu’à la production du légume. Elle demande moins de temps, un peu moins de nutriments et présente peu de sensibilité aux maladies ou insectes nuisibles. De plus, de nombreuses variétés se sèment facilement ou se ressèment même seules d’année en année.

H Une culture moins gourmande en eau : là encore, en comparaison avec le potager, les plantes demandent moins d’énergie pour produire leurs fleurs. Elles résistent davantage aux sécheresses et aux canicules, à condition de bien choisir ses variétés.

H Des compositions variées et uniques : cultiver ses propres fleurs permet de réaliser des bouquets uniques, en fonction des floraisons et de l’envie. Vous pouvez imiter ceux que vous aimez chez votre fleuriste, mais surtout tester d’autres types de composition. C’est un bon moyen de faire plaisir à vos proches en offrant un bouquet de fleurs que vous avez cultivées vous-même !

H Une culture qui s’adapte à votre espace : il y a autant de plantes à fleurs que de jardins. Certaines plantes donnent énormément de fleurs, d’autres grimpent en hauteur et d’autres encore se prêtent à la culture en pots. Même dans un petit espace on peut cultiver quelques variétés qui viendront égayer la maison.

H Une culture économique : cultiver ses propres fleurs est plus rentable que d’acheter des bouquets régulièrement, notamment si l’on choisit des plantes vivaces ou prolifiques en termes de floraison. C’est aussi un bon moyen de composer des bouquets de fleurs séchées, très onéreuses dans le commerce.

Les fleurs difficiles à trouver chez le fleuriste… et faciles à cultiver chez vous !

Plusieurs variétés de fleurs sont introuvables chez le fleuriste ou sur une courte période. D’autres sont relativement chères. Dans tous les cas, vous y gagnerez à les cultiver chez vous !

H muscari, pivoine, cosmos, scabieuse, nigelle de Damas, zinnia, ancolie, clarkia, muflier…

Et des inconvénients ?

Chaque culture a des inconvénients, il ne s’agit pas de les occulter. Si elles demandent relativement moins d’eau que les légumes, les fleurs sont tout de même gourmandes en nutriments puisqu’on leur demande de fleurir abondamment et sur une longue période. Les fleurs sont aussi plus fragiles et les dégâts arrivent rapidement en cas de forte pluie ou de grêle. La plupart des variétés demandent un très bon ensoleillement et un espace important.

Enfin, tout comme il est difficile d’être autonome en légumes avec son potager, gardez en tête qu’il est impossible d’obtenir une production digne de votre fleuriste !

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