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05. Publications

05. Publications

En avril 2006, lorsqu’entre en vigueur au sein de l’UNESCO la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, un certain nombre de chercheurs en sciences humaines travaillant ensemble au sein de l'Institut Européen d'Histoire et des Cultures de l'Alimentation implanté à Tours, stimulés par son directeur Francis Chevrier et bientôt rejoints par des cuisiniers, des professionnels des métiers de bouche, des journalistes et des élus, décident d’inciter le gouvernement à déposer une candidature liée à la gastronomie française.

Une association est créée en 2007 dans ce but, la Mission française du Patrimoine et des Cultures alimentaires. Celle-ci obtient l’appui du Président de la République, Nicolas Sarkozy, au début de l’année 2008, par une déclaration officielle au Salon de l’Agriculture. Pendant trois ans, la MFPCA travaille avec les ministères de la Culture, de l’Agriculture, des Affaires étrangères, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, ainsi que les services concernés de l’UNESCO, afin de rédiger un dossier intitulé « Le repas gastronomique des Français ». Celui-ci désigne le rituel qui inclut l’achat d’aliments de qualité et de saison, l’élaboration de mets issus des traditions familiales et régionales, enrichies par le talent et la créativité des cuisiniers professionnels, le soin apporté à la disposition de la table, la recherche d’accords harmonieux entre les mets et les vins, le partage du repas soigné qui en découle entre parents ou amis, les joyeux commentaires oraux ou écrits qui sont émis à cette occasion, la transmission de cet ensemble de savoir-faire aux jeunes générations.

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Dans le dossier de candidature, il est précisé que ces pratiques concernent tous les milieux sociaux et qu’elles ne se limitent en aucune façon à la haute gastronomie et au luxe, même si ce volet de l’art culinaire a toute sa légitimité et a depuis longtemps inspiré l’ensemble des manières de faire la fête à table au sein de la société française. Les phénomènes ascendants - descendants sont courants et merveilleusement féconds dans tous les domaines de la création culturelle (langue et littérature, musique, arts plastiques, architecture, mode vestimentaire, etc.).

L’inscription est adoptée par l’UNESCO en novembre 2010 et, depuis, la MFPCA s’efforce de valoriser cet élément du patrimoine français auprès de tous les Français, mais aussi à l’étranger. Conformément à l’engagement pris par l’État auprès de l’UNESCO, elle a permis en 2013 le choix de quatre villes proposant de créer une Cité de la gastronomie. Un seul projet conforme au cahier des charges a totalement abouti et a été inauguré en 2022, celui de Dijon. Il connaît un vrai succès. Les projets de Tours, de Lyon et de Paris-Rungis sont partiellement ouverts ou encore en cours d’élaboration. La MFPCA coordonne le réseau des quatre cités et favorise les échanges de projets dans le respect de l’inscription UNESCO.

Le vrai succès de cette démarche sera obtenu lorsque la majorité des Français aura retrouvé le chemin de ses marchés et de ses cuisines et aura retrouvé le goût de manger pour son plaisir autant que pour ses besoins diététiques. L’intérêt grandis-

MFPCA sant des jeunes hommes pour la cuisine et la réhabilitation du métier de cuisinier sont des symptômes très encourageants, de même que le maintien de la réputation gastronomique de la France auprès des nombreux visiteurs étrangers de la première destination touristique du monde.

Dès 2006, nous savions que la campagne engagée pour la reconnaissance de tout ou partie de notre gastronomie par l’UNESCO serait longue. Nous pressentions que l’inscription pourrait se révéler déterminante pour - enfin - faire de la gastronomie un enjeu de politique culturelle et non uniquement un atout du développement économique, d’attractivité et de rayonnement international.

L’impérieuse nécessité de concevoir un programme ambitieux de gestion de l’inscription ou, pour reprendre le « lexique Unesco », l’engagement de mettre en œuvre « des mesures dites de sauvegarde, c’est-à-dire des mesures qui assurent la viabilité du repas gastronomique des Français », nous encourageait à proposer rien de moins que la création d’un « Beaubourg de la cuisine » à moins que ce ne soit un « Louvre de la gastronomie » ! Mesure phare ou idée folle, la Cité de la gastronomie venait de naître. La détermination des membres du conseil d’administration, l’accompagnement du gouvernement, l’engagement des collectivités territoriales et le soutien sans faille du Marché international de Rungis et de son Président ont transformé cette utopie en réalité bien tangible.

Ditos

Autre signe remarquable : notre administrateur Guillaume Gomez, ancien chef des cuisines de l’Élysée, a été choisi par le Président Emmanuel Macron pour être son représentant personnel sur toutes les questions touchant à la gastronomie française. Il est rattaché au Quai d’Orsay. C’est une première dans l’histoire de la République.

Le 19 juin 2013, le gouvernement annonce la création d’un réseau d’équipements culturels consacrés à la promotion du « repas gastronomique des Français » et à la transmission de ses valeurs au plus grand nombre. Les quatre Cités de la gastronomie - Dijon, Lyon, Paris-Rungis et Tours – constituent un réseau qui favorise la coopération et la mutualisation des actions.

Chaque Cité, malgré des fortunes diverses, a construit un programme spécifique qui lui confère aujourd’hui un rôle moteur dans des domaines d'intervention légitimes ; Culture du vin et de la vigne à Dijon, alimentation et santé à Lyon, gastronomie responsable et alimentation durable à Paris-Rungis et création d’une Maison des cultures gastronomiques à Tours.

Le réseau encourage la mutualisation des programmes en respectant l'autonomie de gestion de chaque établissement. Il laisse entrevoir des partages d’expériences fructueux lorsque les quatre équipements seront effectivement opérationnels. La force du Réseau doit se vérifier dans sa capacité à initier des projets communs et promouvoir la richesse des pratiques culinaires, stimuler la vitalité des savoir-faire et développer des politiques de transmission pérennes. Le Réseau continue d’écrire son histoire pour se consacrer désormais à faire émerger des co-productions de manifestations, de rencontres ou d’expositions itinérantes.

De nouveaux chantiers s’ouvrent…prêts à éclore !

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