The Red Bulletin CF 02/23

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SPÉCIAL VÉLO

Les stars, les pistes, les équipements –37 pages pour une belle virée

UN GARS

DÉLICIEUSEMENT BARRÉ

Comment CLAUDIO CALUORI contribue à rendre le monde un peu meilleur avec ses pumptracks

HORS DU COMMUN SUISSE, 3,80 CHF 02/2023
DÈS
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Contributions

PAULINE KRÄTZIG

Pour préparer son interview avec la youtubeuse Jasmin Sibel, alias Gnu, l’autrice allemande (Neue Zürcher Zeitung, Süddeutsche Zeitung) a regardé des vidéos dans lesquelles la gameuse nettoie des maisons hantées et fait ami-ami avec des bébés alligators. Outre l’enthousiasme de Jasmin pour les jeux trash, l’entretien a porté sur le travail acharné derrière ses vidéos. Page 58

L’ESPRIT CURIEUX

Toujours essayer de nouvelles choses, se laisser pousser par l’envie de se faire plaisir : Claudio

CARLOS BLANCHARD

Né à Saragosse, au sud des Pyrénées qu’il aime tant, Carlos est venu à la photographie lorsque son père lui a offert un vieux Nikon. Très vite, il est tombé amoureux de la photographie d’action en snowboard, à laquelle il a ajouté d’autres sports. Il vit désormais à Innsbruck (Autriche) et s’est aventuré entre l’asphalte et le gravier du Nürburgring pour un reportage sur le rallycross. Page 66

Caluori, 45 ans, septuple champion suisse de VTT, en sait quelque chose. En dehors de son travail, il aime jammer sur sa guitare. C’est pourquoi nous lui consacrons le sujet de couverture de notre numéro spécial vélo, en page 24. Il nous explique comment il en est arrivé à construire des pumptracks, dans le cadre de son projet Pump for Peace, dans des régions qui ne peuvent pas se le permettre elles-mêmes : « Cela prend peut-être des années, mais tu finis par trouver la personne qui va croire en ton idée. »

Les sœurs Gehrig, talents d’exception dans le domaine du VTT, sont convaincues que le monde du cyclisme gagnerait à accueillir davantage de femmes. C’est d’ailleurs ce pour quoi elles s’engagent, à découvrir en page 44 !

Une révolution d’un autre genre occupe le monde de la voile : l’America’s Cup verra s’affronter des yachts de course qui décollent comme des avions, page 76.

CHRISTOF GERTSCH

Pour préparer sa rencontre avec l’ancien vététiste Claudio Caluori, le reporter bernois de Das Magazin a regardé pendant des heures des vidéos montrant Claudio dévalant des pistes de montagne à une vitesse de dingue. Mais l’entretien a plutôt porté sur l’engagement du champion et sa contribution a changer le monde pour en faire un endroit plus agréable. Page 24

L’intrépidité est aussi de mise dans la série de courses World Rallycross, comme le montre notre reportage sur la finale du Championnat du monde au Nürburgring, page 66.

Fini la routine, par ici l’aventure ! La Rédaction

ÉDITORIAL
THE RED BULLETIN 3
GIAN PAUL LOZZA (COUVERTURE), FABIAN STEINER

GALLERY 6

L’ADDITION ! 12

OBJET TROUVÉ 14

SPÉCIAL VÉLO

NINO SCHURTER 18

Le vététiste de haut niveau fait désormais son propre Olympia.

NATHALIE SCHNEITTER 20

L’icône du vélo s’est mise au vélo électrique – pour lutter contre les préjugés.

LOUISE VARDEMAN 22

Une Anglaise fait du Tour de France une affaire de femmes. Enfn !

CLAUDIO CALUORI 24

Ce vététiste construit des pumptracks à travers le monde.

DANNY MACASKILL 32

Cascades de trial incroyables à Frisco : la preuve en images.

CARO ET ANITA GEHRIG 44

Les sœurs jumelles, pros du VTT, organisent des workshops pensés par et pour les femmes.

TOUS NIVEAUX 52

Trois pros du VTT dévoilent leurs parcours préférés.

LE BON MATOS 56 Vélos, lunettes, casques : des équipements innovants pour la nouvelle saison.

GAMING GAMEUSE DE CHOC 58

Comment Gnu, la youtubeuse de jeux vidéo la plus célèbre d’Allemagne, connecte des millions de gens.

WORLD RALLYCROSS JOURS DE TONNERRE 66

Le rallycross est la version déjantée de la Formule 1. Reportage au Nürburgring – avec une propulsion purement électrique.

AMERICA’S CUP

IL PREND SON ENVOL 76 Qu’est-ce qu’un AC75 ? Pourquoi peut-il voler ? Présentation de ce yacht de course qui pose de nouveaux jalons.

À VOTRE TOUR !

VOYAGER 83

ÉCOUTER 86

OPTIMISER 88

ACQUÉRIR 90

SE DÉTENDRE 92

BOULEVARD DES HÉROÏNES 94

MENTION LÉGALES 96

LE TRAIT DE LA FIN 98

CONTENUS 02/2023
58 32
4 THE RED BULLETIN DAVE MACKISON/RED BULL CONTENT POOL, FELIX KRÜGER

LE PLUS GRAND CHOIX DE VÉLOS.

Pour ta liberté bikeworld.ch
GALLERY

Aldeyjarfoss, Islande L’IVRESSE DE LA PASSION

L’homme dans la barque jaune, c’est Aniol Serrasolses. Il n’a pas froid aux yeux. Il est même accro aux départs rapides. Le kayakiste pro espagnol dévale ici Aldeyjarfoss, une cascade islandaise. Le spot est connu pour ses eaux tourbillonnantes pleines d’écume, et ses colonnes de basalte qui font penser à des tuyaux d’orgue. Le photographe, David Nogales Tarragó, lui aussi est connu, surtout dans le domaine des sports nautiques. Cette photo lui a valu une place en demi-finale de Red Bull Illume. dnogales.com ; redbullillume.com

THE RED BULLETIN 7 DAVID NOGALES TARRAGÓ/RED
ILLUME
BULL
DAVYDD CHONG

Paris, France

VISER HAUT

En arrière-plan se dresse fièrement un emblème que le monde entier connaît. Au premier plan, une jeune femme danse et montre au monde entier qu’elle veut aller encore plus haut ! La B-Girl Swami est née au Mexique et se prépare déjà à la finale mondiale de Red Bull BC One, qui aura lieu le 21 octobre au stade Roland-Garros et sera retransmise sur Red Bull TV. Swami rêve déjà de victoire, même si elle a les pieds bien ancrés dans la vie. redbull.com ; Instagram : @swami_bgirl

GALLERY

Johannesburg, Afrique du Sud PNEUMICIDE

Ou comment ruiner un max de gomme le plus rapidement possible en mode donuts avec une BMW E30 modifiée.

Samkeliso « Sam Sam » Thubane s’y connaît en destruction de pneus : l’an dernier, il remportait pour la seconde fois le Red Bull Shay’ iMoto (« Hollywood du burn »). « Plus tôt dans la journée, je ne me sentais pas bien, déclare le Sud­Africain (à droite), mais je pense que l’odeur des pneus brûlés est mon médicament, car une fois dans la voiture, je me suis senti mieux. »

Instagram : @samkeliso_samsam

THE RED BULLETIN 9 LITTLE SHAO/RED BULL CONTENT POOL, TYRONE BRADLEY/RED BULL CONTENT POOL DAVID PESENDORFER
GALLERY

Hale’iwa, Hawaï, USA

SANS FIN

La vie de Carissa Moore est comme une vague infinie. Cette Hawaïenne est cinq fois championne du monde de surf et la première femme à avoir remporté l’or aux Jeux olympiques de surf. Sur cette photo, elle vient de remporter la Vans Tripple Crown de cette année, la compétition la plus importante après les championnats du monde. Pour Carissa, il s’agit d’un match à domicile, car le North Shore de l’île d’O’ahu est son terrain d’entraînement préféré. Un toast à la gagnante ! redbullcontentpool.com

THE RED BULLETIN 11 TREVOR MORAN/RED BULL CONTENT POOL DAVYDD CHONG

COMPLÈTEMENT BARJO

Le 1er juin, le jeune homme-araignée Miles Morales débute, dans Spider-Man: Across the Spider-Verse, sa deuxième aventure animée dans nos cinémas. Voici les chiffres.

13

ans, l’âge de Miles Morales, lorsqu’il est apparu pour la première fois dans la bande dessinée Ultimate Fallout #4 en 2011.

240

différents personnages animés seront présents dans Across the Spider-Verse, soit 200 de plus que dans le premier volet de 2018.

1 000

collaborateur·rice·s ont donné vie aux personnages d’Across the Spider-Verse. Dans la première partie, ils étaient 142.

6

différents univers servent de décor à Across the Spider-Verse, dont la Terre en 2099.

384,3 millions de dollars (env. 347 millions de francs suisses) de recettes : il est le film d’animation le plus rentable de Sony Pictures.

500 000 dollars (env. 451 200 francs suisses) : les gages de Shameik Moore, la voix du personnage Miles Morales.

3

jeunes réalisateurs –Joaquim Dos Santos, Kemp Powers et Justin K. Thompson – ont signé Across The Spider-Verse

150

millions de dollars, soit l’équivalent de 135 millions de francs suisses, devaient être le budget d’Across the Spider-Verse, soit 60 millions de plus que le film précédent Into the Spider-Verse

2

milliards : le nombre de vues du titre Sunflower de Post Malone et Swae Lee de la partie 1 sur YouTube. La nouvelle musique a été composée par le DJ et producteur Metro Boomin.

2024

L’année où l’épisode final de la trilogie animée, Beyond the Spider-Verse, arrivera sur le grand écran.

1 000 000 000

dollars (902 millions de francs suisses) pour les droits de streaming des films de Sony Pictures de 2022 à 2026, dont Across the Spider-Verse

L’ADDITION S’IL VOUS PLAÎT !
12 THE RED BULLETIN GETTY IMAGES (2), SONY PICTURES HANNES KROPIK CLAUDIA MEITERT
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DUR À CUIR

De la friperie à l’ultime tenue de scène : l’ascension de la veste iconique de Marco Wanda.

Elle est synonyme d’amore, baci, ciao, et est doublement tannée grâce à d’innombrables douches de bière. Mais d’où vient-elle ? Personne ne le sait vraiment car la veste en cuir de Marco Michael Wanda provient d’une friperie viennoise. Et elle a des frères et sœurs. « J’ai perdu la toute première après que le Wien Museum, où elle avait été exposée, me l’a rendue », raconte Marco. Le

guitariste Manu Poppe aurait été le premier à arborer la tenue de cuir. « Puis on a dit que celui qui ne portait pas la sienne partout et en tout temps aurait un point de pénalité. » C’est bien plus une armure qu’une mode. On s’y tient simplement plus droit. « J’y trouve la puissance dont j’ai besoin pour un spectacle. » Les concerts sont annoncés sur : wandamusik.com

Marco Wanda, 36  ans, et ses collègues se produisent ensemble sur scène depuis 2012.
OBJET TROUVÉ 14 THE RED BULLETIN NORMAN KONRAD NINA KALTENBÖCK
Photo @Nicolas Jacquemin
Organisatrice: BikeDays.ch GmbH

SPÉCIAL VÉLO

ENFIN DEHORS : À LA RENCONTRE DES PROS EXTRAORDINAIRES, SUR DES SENTIERS PASSIONNANTS ET AVEC UN MATOS INNOVANT

Claudio Caluori réalise des pumptracks partout. P. 24 Danny MacAskill balade son vélo à San Francisco. P. 32 Les sœurs Gehrig infusent le Woman Power sur la scène. P. 44 Plus : Les trails préférés des stars du VTT. P. 52 Le matos de demain. P. 56

32 44 52 24
THE RED BULLETIN 17 DAVE MACKISON, GUILLAUME MEGEVAND, GIAN PAUL LOZZA, SEDRUN DISENTIS TOURISMUS SA & ANDERMATT SEDRUN DISENTIS

NINO SCHURTER

poursuit une carrière exceptionnelle de vététiste. De plus, il organise des événements centrés sur le vélo afn d’enthousiasmer davantage de monde.

Avez-vous dû faire des sacrifces pour votre carrière ?

Certaines personnes appellent ça un sacrifce, moi j’appelle ça de la passion. Cela a des conséquences. L’état d’esprit est très important.

De quoi êtes-vous particulièrement fer ? Quand je suis devenu champion du monde en 2018, je dirais que ça a été mon plus beau succès, le plus important. Mais ce dont je suis le plus fer, c’est d’avoir pu mener une telle carrière et d’y prendre toujours autant de plaisir.

Est-ce quelque chose que vous conseillez aux jeunes bikers ?

Oui, le plaisir doit être à la base de tout. Quand on se fxe des objectifs, il faut être conséquent et avoir de l’ambition. Avoir de grands rêves et travailler dur pour les réaliser.

Y a-t-il quelque chose dans votre carrière que vous feriez différemment aujourd’hui ?

Dans l’ensemble, j’assume également mes erreurs. Disons que je ferais les choses à 98 % de la même manière.

niveau : bike-revolution.ch

Nino Schurter est le plus grand vététiste de tous les temps. Point barre. De telles phrases sont suivies d’une restriction. Sauf ici. Il est dix fois champion du monde. Son premier titre de champion du monde junior date de 2004 et son titre actuel de 2022. Il a remporté sept fois le classement général de la Coupe du monde UCI et a gagné l’or, l’argent et le bronze aux JO. Aujourd’hui âgé de 36 ans, Schurter ne se contente pas de participer à des courses, il est aussi l’un des co-initiateurs d’événements cyclistes, œuvrant en coulisses, comme la ÖKK Bike Revolution.

the red bulletin : En quoi le VTT est-il si fascinant pour vous ?

nino schurter : Il y a une multitude de raisons. Mais par-dessus tout, c’est le fait d’être dans la nature. On atteint des endroits bien plus rapidement que si on était à pied. Il y a aussi le plaisir combiné de l’effort physique et de l’action.

Votre carrière est exceptionnelle, comment y êtes-vous parvenu ?

C’est une question d’équilibre entre un entraînement intensif et le plaisir pur, l’ambition sans être trop acharné. Et puis il faut le talent nécessaire, la condition physique. J’ai eu la chance d’avoir les bonnes personnes pour me conseiller, pour planifer, pour m’entraîner. De nombreux éléments doivent être réunis et j’ai eu beaucoup de chance.

Vous êtes co-initiateur de la ÖKK Bike Revolution. Qu’attendez-vous d’elle ?

C’est grâce à ce genre d’événements de VTT que j’ai pris autant de plaisir à pratiquer ce sport. Il y a tellement d’enthousiasme, des jeunes aux adultes, des pros aux novices. Il est important qu’il y ait d’autres événements durant lesquels la communauté s’amuse et où l’on peut enthousiasmer les gens. Et c’est cool pour moi de pouvoir y participer activement.

Mais vous voulez gagner ?

(rires) Je veux gagner toutes les courses auxquelles je participe. Il faut avoir de l’ambition.

Comment voyez-vous la relève du bike ?

C’est bien de voir que ce sport se développe et que de plus en plus de gens y prennent plaisir. On le voit au nombre de talents qui émergent. J’aime aussi le fait que de plus en plus de femmes osent se lancer dans le VTT. Le marché qui les cible connaît une croissance fulgurante. On le remarque à l’ampleur des événements.

Votre flle montre-t-elle de l’intérêt pour le VTT ?

Oui, et je suis très heureux de voir qu’elle aime bien ça, nous faisons parfois des sorties ensemble. Elle est inscrite à des clubs cyclistes. C’est une grande source de joie de pouvoir partager avec elle cette partie de ma personnalité, ce sport que j’aime.

SPÉCIAL VÉLO
ÖKK Bike Revolution propose du crosscountry mountainbike au plus haut
18 THE RED BULLETIN SCOTT SRAM
« Tout est une question d’équilibre entre plaisir et ambition. »
THE RED BULLETIN 19
Nino Schurter, 36 ans, évoque la clé de son succès.

NATHALIE SCHNEITTER

fait partie de l’élite mondiale des vététistes à assistance électrique. Une carrière entre ferté et préjugés : que vaut une victoire lorsque la gagnante est électrifée ?

Le coup de foudre n’a pas eu lieu. « Au début, j’étais vraiment gênée et je m’excusais auprès des vététistes que je dépassais en montant les côtes », raconte Nathalie Schneitter à propos de ses premiers tours en VTT électrique. C’était en 2017, un an après avoir mis un terme à sa brillante carrière de cross-country en VTT.

À l’époque, elle a commencé à faire du VTT à assistance électrique (eMTB) uniquement par égard pour sa famille. Son père lui avait demandé d’acheter trois vélos électriques pour pouvoir continuer à faire des randonnées en montagne ensemble. « Comme beaucoup, je pensais que le vélo électrique n’était pas un vrai sport et que seules les personnes paresseuses ou âgées en faisaient », se souvient Schneitter.

Un tour de force mental

Elle s’est rapidement rendu compte à quel point elle se trompait. « Rouler en e-bike est surtout beaucoup plus fatigant mentalement que ce que l’on croit. » Désormais entrepreneuse, Nathalie Schneitter se charge d’organiser les mesures d’accompagnement des championnats du monde de cyclisme 2024 et de co-organiser la Cycle Week, le festival national du vélo en Suisse. Autre grande différence avec le VTT tel que Nathalie le connaissait auparavant : « Dans l’e-racing, la coordination entre l’athlète et le vélo doit être encore plus harmonieuse. Les parcours sont plus exigeants en termes de technique de conduite, et les montées en particulier sont extrêmement diffciles. »

À 36 ans, la femme originaire du canton de Soleure sait de quoi elle parle. Avant de se reconvertir, elle faisait partie de l’élite mondiale de cross-country. À 18 ans, elle a remporté le titre de championne du monde chez les juniors. En 2008, elle a participé aux JO de Pékin et a été vice-championne du monde dans la catégorie des moins de 23 ans. En 2010, elle a remporté sa première et unique victoire en Coupe du monde élite. En 2016, elle s’est retirée du sport professionnel.

Mais sa passion pour le vélo est restée intacte et trois ans plus tard, elle a fait son retour, dans la nouvelle discipline de l’e-racing. Lors des World E-Bike Series, organisées pour la première fois en 2019, elle s’est classée deuxième dès la première course à Monaco et a remporté la même année le premier championnat du monde de e-MTB au Mont Sainte-Anne (Canada), un point culminant dans sa carrière. Pour elle, les victoires en e-bike sont aussi importantes que les autres. « Pourquoi faut-il toujours catégoriser ? Qu’il s’agisse de gravel, de cross-country, d’enduro ou d’eMTB, je suis avant tout une cycliste ! Le VTT électrique est l’un des chevaux dans mon écurie, je n’ai pas à le monter tous les jours. C’est un engin pour le plaisir, avec lequel je participe aussi à des courses. » Depuis, elle se voit comme une réconciliatrice entre les mondes du vélo, l’objectif étant de partager la passion et le plaisir du sport. « L’image du vélo électrique a évolué ces dernières années. De plus en plus de gens respectent ce sport et roulent avec des e-bikes », explique Schneitter.

L’argent est le nouvel or Parallèlement, Schneitter se passionne pour le vélo en dehors des circuits de course, notamment en tant que responsable Expo du festival de la Cycle Week. « L’édition 2023 est sur le point de commencer et nous sommes en pleine planifcation. Le festival incite à faire du vélo, présente des nouveautés, transmet des connaissances et rassemble les gens. Il y aura 110 exposant·e·s, 250 marques et 550 vélos d’essai. Nous proposons plus de 150 ateliers, cours de technique de conduite et animations. C’est unique dans le monde du vélo. » Nathalie Schneitter ne travaille donc pas seulement à sa carrière d’e-cycliste. « Ma mission consiste aussi à partager mes expériences avec les jeunes cyclistes. » Une relation particulière la lie à Nicole Göldi, l’actuelle championne du monde de VTT électrique. « Nous nous motivons mutuellement, nous sommes en compétition amicale. » Pour les championnats du monde de 2023, Schneitter a de grandes ambitions : « J’ai déjà l’or et le bronze, il me manque donc encore une médaille d’argent, c’est mon objectif. » Tant de modestie électrise.

Le festival national du vélo Cycle Week aura lieu du 11 au 14 mai à Zurich.
: @cycle_week SPÉCIAL VÉLO
cycleweek.ch IG
20 THE RED BULLETIN
TEXTE GUNTHER MÜLLER PHOTO ORNELLA CACACE
« Le vélo électrique est l’un des chevaux dans mon écurie. Je ne le monte pas tous les jours. »
THE RED BULLETIN 21
Nathalie Schneitter, 36 ans, souhaite plus de diversité dans le monde du vélo.

LOUISE VARDEMAN

a, avec d’autres femmes, changé le cyclisme. En passant à l’action, l’Anglaise a fait prendre conscience que le Tour de France n’est plus seulement une affaire d’hommes.

faire prendre conscience que le Tour de France ne doit pas uniquement être une affaire d’hommes. En effet, dans le cadre de la course cycliste la plus célèbre au monde, seule une compétition d’un jour était prévue pour les femmes. Louise Vardeman a donné une visibilité mondiale au groupe en le rebaptisant The InternationElles.

Lorsqu’elles ont enfourché leurs vélos en 2019, elles ont fait sensation. Avec un succès durable : les organisateurs du Tour de France ont annoncé qu’à partir de juillet 2022, il y aurait un Tour de France offciel pour les femmes. Louise Vardeman déclare que le plus important a toujours été d’inspirer les générations suivantes de cyclistes : « Ça m’écœure et ça me révolte lorsque des jeunes femmes se disent : “Je suis une flle, donc je ne peux pas le faire.” »

the red bulletin : Avez-vous atteint vos limites pendant le Tour de France ? louise vardeman : Au bout d’à peine trois semaines, le doute s’est emparé de moi. J’avais mal dormi et j’ai éclaté en sanglots à la fn d’un trajet en montagne. Pour couvrir les voix dans ma tête qui me murmuraient sans cesse d’abandonner et de rentrer chez moi, je devais mettre la musique à fond. Peu avant la montée du Galibier, je me suis trouvée dans une situation délicate : j’avais besoin d’aller aux toilettes, j’avais trop chaud, mais j’ai pédalé jusqu’à ce que je tombe, littéralement, sur le côté, par terre. J’ai réalisé que je ne pourrais jamais me pardonner d’avoir abandonné à la dix-huitième étape sur un total de vingt-etune. Lorsque nous sommes arrivés au pied du Galibier, j’avais le vent dans le dos qui me poussait. Je me sentais forte et je suis montée sans problème. C’était incroyable : j’avais vaincu cette montagne.

Faites-vous preuve de la même détermination lorsqu’il s’agit de lutter contre le manque d’égalité dans le cyclisme ?

Plus d’infos : loukew.co.uk

Lorsque Louise Vardeman s’est lancée dans le cyclisme il y a six ans, sa vie était au plus bas : son mariage était à l’agonie, elle avait deux enfants, était en dépression et avait dû abandonner sa passion, la course de fond, suite à une blessure. Aujourd’hui âgée de 45 ans, la Britannique a évacué sa douleur en faisant du vélo. Deux ans plus tard, elle a représenté la Grande-Bretagne lors d’un marathon cycliste pour cyclistes amateurs.

Et à la même époque, elle est tombée sur un groupe de Françaises qui faisaient le parcours du Tour de France, mais toujours un jour avant le peloton masculin. Leur objectif :

Oui, le cyclisme est terriblement attaché aux traditions. Il est blanc, et dominé par les hommes. Le fait que les vélos soient devenus si chers et que les clubs ne soient pas vraiment inclusifs n’aide évidemment pas. Il y a tellement d’obstacles. Moi, ça me stimule.

Que conseillez-vous à celles et ceux qui veulent changer les choses ?

On peut bien sûr envisager de mettre le monde entier sens dessus dessous, mais les petits changements peuvent déjà faire bouger les choses. On n’imagine pas l’impact que l’on peut avoir petit à petit. Changer un peu la vie d’une seule personne, c’est déjà beaucoup. Ça n’est pas sans importance.

SPÉCIAL VÉLO
22 THE RED BULLETIN
TEXTE JESS HOLLAND PHOTO JOSEPH O’CONNELL-DANES
24 THE RED BULLETIN
Le bon virage Commune d’Igis (GR) : Claudio Caluori s’éclate sur son pumptrack.

MACADAM COWBOY

Légende vivante du VTT, Claudio Caluori a réussi son pari : ce Suisse de 45 ans met désormais son expérience et son énergie au service des enfants défavorisés dans le monde entier. Rencontre avec un homme un peu fou – et fier de l’être.

TEXTE CHRISTOF GERTSCH PHOTOS GIAN PAUL LOZZA SPÉCIAL VÉLO
« Si tu as une idée à laquelle tu crois, n’aie pas peur de passer pour un fou. »

À cœur joie Quand on lui demande de réaliser quelques tricks pour la caméra, le septuple champion de VTT ne se fait jamais prier.

Cest un homme qui sait pourquoi il est là, et qui adore visiblement ce qu’il est en train de faire. La nature, le VTT, la vitesse, la tchatche : c’est son univers. On le regarde évoluer sur la piste comme un grand gamin : le crissement des pneus, les cailloux qui volent, les bruits d’atterrissage de son vélo après un saut – et puis des cris de joie. Des rires. Dans le monde du VTT, Claudio fait partie de ces rares athlètes capables de susciter l’enthousiasme juste par leur présence.

Claudio Caluori est un champion de VTT suisse, sept fois médaillé, qui s’est notamment fait connaître du grand public grâce à ses vidéos Course Preview, que l’on peut voir sur YouTube : avec sa GoPro fxée sur le casque, Claudio dévale les pentes de VTT en commentant ce qu’il est en train de vivre. Le résultat ? De grands moments de frissons et surtout beaucoup, beaucoup de fous rires. C’est lui qui, il y a dix ans, a été l’un des premiers à réaliser ce type de vidéos dans la sphère vététiste. Visionnées des millions de fois, elles ont assuré à leur auteur une notoriété bien supérieure à celle qu’il avait acquise grâce à ses médailles.

Ce Suisse de 45 ans, qui a grandi à Zurich, est un homme qui s’est toujours laissé guider par ses envies, par la curiosité et par la soif d’aventures. À peine a-t-il quitté les bancs de l’école qu’il se jette avec bonheur dans la vie d’adulte et enchaîne les sports, les expériences et les voyages. Autodidacte convaincu, il jouit d’une énergie et d’une motivation inépuisables qui le poussent à embrasser les défs les uns après les autres. Le dernier en date, auquel il se consacre depuis 2017, est un projet qui lui tient particulièrement à cœur. Baptisé Pump For Peace, il s’agit d’un projet soli-

SPÉCIAL VÉLO THE RED BULLETIN 27

daire qui vise à installer, dans les régions défavorisées du monde, des pumptracks pour permettre aux enfants du coin de se défouler et d’oublier un peu leur quotidien. Un pumptrack, c’est une piste en circuit fermé, parsemée de bosses et de virages inclinés, sur laquelle tous les deux-roues non motorisés sont autorisés : vélos, trottinettes, rollers, skateboards… Le terme vient du verbe to pump – pomper, en français – puisqu’on est censé infuencer la vitesse de son engin en alternant les mouvements de fexion et d’extension du corps, comme si l’on pompait. Au début, on n’est pas forcément très rapide, mais avec la pratique, on arrive à gagner une vitesse telle qu’on peut sauter plusieurs bosses à la fois. L’avantage du pumptrack, qui plaît de plus en plus aux collectivités locales en Europe et partout dans le monde, c’est qu’il permet à un large public de s’éclater, quel que soit l’âge ou le niveau. Caluori, qui est le grand pionnier de cette discipline, a contribué à la rendre vraiment populaire : avant lui, les pumptracks étaient des pistes improvisées dans des terrains vagues, où l’on se prenait davantage des bains de gadoue que de gros fous-rires.

Aux quatre coins du monde

Tout commence en 2009, lorsque notre champion est appelé à se rendre sur le Zürichberg pour aider un pote à aménager un pumptrack. La ville leur a demandé d’utiliser un mélange de ciment pour consolider l’installation, mais Caluori est sceptique. Un peu plus tard, lorsqu’il se lance dans l’aménagement de sa propre piste à Jenaz – dans le canton des Grisons, où il habite à l’époque – il décide d’essayer le béton. Trouvant le résultat plus convaincant, il réitère l’expérience dans d’autres communes : à Coire, Mendrisio, Pontresina, et enfn Zurich.

C’est alors qu’il reçoit le coup de fl d’un certain Alex Jost, qui dirige à Coire le service des espaces verts de la ville. Jost lui demande : « Pourquoi tu n’essaies pas avec

l’asphalte ? » Pour comprendre l’intérêt de la question, il est nécessaire de faire un rapide point sur ce qu’est exactement l’asphalte : un mélange de bitume et de granulats (sable et calcaire) auquel on ajoute du bitume préalablement liquéfé. C’est le matériau le plus utilisé pour nos trottoirs et chaussées, du fait de sa robustesse, de sa (relative) innocuité mais aussi et surtout de son coût.

Dans la tête de Claudio Caluori, l’idée lancée par Alex Jost fait tout doucement son chemin : il prend alors contact avec un constructeur routier pour tester un premier tronçon. L’ex-champion fédéral veut en avoir le cœur net : l’asphalte peut-il être utilisé sur un relief aussi complexe et irrégulier que celui d’un pumptrack ? Le résultat fnal est à la hauteur de ses espérances et Caluori se lance dans l’installation du premier pumptrack en asphalte – à Coire, justement. Un modèle qu’il a entre-temps reproduit près de 600 fois, aux quatre coins du globe. Dans des villages reculés comme au milieu des grandes métropoles d’Amérique du Sud, d’Europe, d’Afrique et d’Asie.

Si l’idée a su séduire tant de monde, c’est d’abord parce qu’elle représente un coût bien moindre que le béton : 200 000 CHF pour une piste en asphalte, quand un skatepark en béton peut coûter jusqu’à plusieurs millions de francs. Une aubaine pour les petites communes en mal d’infrastructures pour occuper leurs jeunes habitant·e·s, mais qui n’ont pas les moyens de se payer un skatepark. Installer un pumptrack dans son village, c’est la garantie de rendre tout le monde heureux à moindres frais. Cela fait quelques

années déjà qu’Alex Jost a pris sa retraite, mais son ami lui téléphone toujours régulièrement pour le tenir au courant de ce qu’il a enclenché. Devenue leader dans le secteur des pistes VTT et pumptracks, l’entreprise de Claudio emploie aujourd’hui 350 personnes pour des projets répartis dans 25 pays différents, et affche un chiffre d’affaires annuel de 27 millions de francs. Durant les premières années, il était sans cesse sur la route, loin de sa famille et notamment de ses deux enfants. Les professionnel·le·s de la voirie étant plus habitués à construire des routes plates, Claudio devait systématiquement être présent sur chaque projet pour s’assurer de son bon déroulement : « Il faut avoir été un rider de pumptrack pour savoir comment façonner la piste. »

Depuis, le PDG de VeloSolutions peut compter sur son équipe et sur la collaboration d’anciens sportifs pour l’aider dans son travail – un soutien qui lui permet aussi d’honorer plusieurs contrats en parallèle… et de se consacrer au projet qui lui tient le plus à cœur : Pump For Peace

Quête de sens

Pump For Peace est né d’un cas de conscience, survenu en 2014 : Claudio Caluori se trouve alors en Thaïlande, dans le petit village de Aranyaprathet près de la frontière cambodgienne, pour y livrer un pumptrack – le premier hors d’Europe. En tant que chef de ce projet (qui va durer trois semaines), c’est lui qui en dirige les différentes étapes : terrassement et façonnement de la piste, installation d’un système de drainage pour les eaux de pluie puis pose de l’asphalte. Tout se passe comme prévu, le projet touche bientôt à sa fn. Et pourtant… Quelque chose le dérange : il a l’impression d’être en total désaccord avec ses valeurs. « Qu’est-ce que je fais là ? », se demande-t-il, en regardant les enfants déguenillés qui l’observent curieusement depuis son arrivée dans le village : « Ces gens n’ont pas le strict minimum et je viens leur proposer un pumptrack. » Le projet est terminé, mais Claudio a honte. Honte de son ignorance et de sa naïveté de blanc occidental. C’est là que le miracle se produit. Une scène qui, quand il y repense, lui fait encore monter les larmes aux yeux.

À peine l’asphalte venait-il d’être posé que Claudio a vu accourir une horde de gamins, tous accompagnés de vieilles bicyclettes rouillées – d’où sortaient-elles ? Mystère ! En quelques minutes, la piste s’est métamorphosée en paradis pour riders : enchaînant les jumps, les dérapages, les fexions-extensions, les kicks et les défs, ces enfants venaient de prouver à cet Occidental que tous les gamin·e·s du monde ont besoin de s’éclater et que les soucis du quo-

SPÉCIAL VÉLO 28 THE RED BULLETIN DAN GRIFFITHS
Au début, il y a eu du ciment, puis du béton, et enfin de l’asphalte. C’est une révolution en douceur.

Le premier Peace Track est né à Ziba, un petit village en Ouganda Fondateur du projet Pump For Peace, Caluori (reconnaissable à son chapeau rouge et blanc) a réalisé en 2017 le premier pumptrack avec l’aide de ses collègues suisses et des habitants du village. On commence à réaliser la piste en modelant la terre (photo 1), avant de la recouvrir d’asphalte (photos 2 et 3).

Le pumptrack est enfin testé par les enfants : projet validé (photo 4 et 5) ! Une dernière photo-souvenir avant de repartir (photo 6).

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Tête en l’air Que ce soit sur une piste ou à la tête de projets solidaires, Claudio Caluori est un homme qui n’a pas froid aux yeux.

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tidien peuvent aussi se faire oublier, l’espace d’un instant, sur un pumptrack. “It’s times like these you learn to live again, it’s times like these you give and give again, it’s times like these you learn to love again” : ces paroles sont chantées par Dave Grohl dans Times Like These, des Foo Fighters – l’une des chansons préférées de Claudio, qui est aussi un excellent guitariste. Un jour (c’est du moins ce qu’il espère), il la jouera aux côtés de Dave Grohl lui-même : après tout, il sufft de croire dur comme fer à ses rêves pour qu’ils se réalisent – parfois.

C’est cet état d’esprit qui l’a poussé à imaginer son projet solidaire Pump For Peace. Ce qui a marché en Thaïlande pouvait fonctionner ailleurs, pour peu qu’un riche politicien ou entrepreneur rentre dans le jeu et accepte de fnancer les coûts de l’installation. Parce que des sponsors, il en fallait, ne serait-ce que pour fnancer le matériel et payer les habitant·e·s du coin qui allaient participer aux projets – des projets qui concerneraient forcément des régions défavorisées, sans aucune ressource. Qui allait accepter de tenter l’aventure ?

Trois ans après l’épisode thaïlandais, Claudio Caluori trouve l’homme qui lui faut : un réalisateur le contacte pour tourner un flm avec lui au Lesotho – petit royaume au sud de l’Afrique. Au début, Caluori refuse par manque de temps, puisqu’il est déjà accaparé par un contrat au Chili, sans compter tous les autres projets qui s’accumulent. Mais le réalisateur insiste, et Caluori fnit par céder… à la condition que le tournage du flm soit couplé avec un projet Pump For Peace. « Ça tombe bien », lui répond le type : il connaît quelqu’un qui essaie de monter un tel projet depuis longtemps, sans savoir à qui s’adresser ! Et c’est ainsi qu’en 2017, le premier pumptrack de Pump For Peace est inauguré au Lesotho.

Depuis, seize autres projets ont vu le jour – grâce à des dons, le soutien de sponsors et de VeloSolutions – en Arménie et au Kenya, mais aussi en Afrique du Sud, en Ouganda, au Rwanda et au Népal. Pour les quatre derniers pays cités, d’autres projets sont actuellement en cours, ainsi qu’en Colombie, en Éthiopie, au Liban et à Trinité-et-Tobago. En un mot : le pumptrack en asphalte est en train de conquérir le monde !

En dépit de ses nombreuses responsabilités, Caluori met encore volontiers la main à la pâte en participant aux chantiers : « Voir que mon travail apporte du bonheur aux gens, c’est pour moi l’une des plus belles choses au monde. » Tous les pumptracks

Multitalent Guitariste du groupe Okto Vulgaris, Caluori trouve toujours du temps pour sa deuxième passion.

qu’il a installés au cours des six dernières années sont encore en activité, à une exception près : celui au Lesotho, justement. La piste avait été installée sur un terrain appartenant à un lodge pour touristes, et le nouveau gérant ne veut plus que les gamin·e·s du coin viennent faire du bruit – ça risquerait de déranger les client·e·s. Qu’à cela ne tienne : Caluori et son équipe sont en train de négocier l’achat éventuel du lodge… De toute cette expérience, Claudio a appris quelque chose d’essentiel : « Si tu as une idée à laquelle tu crois, n’aie pas honte d’en parler à tout le monde autour de toi. N’aie pas peur qu’on te critique ou qu’on te prenne pour un fou. Ça prendra peutêtre des années, mais tu fniras par trouver quelqu’un qui y croit autant que toi. » Et si cette personne s’avère un jour être son idole Dave Grohl, Claudio Caluori sera sans doute l’homme le plus heureux au monde.

SPÉCIAL VÉLO Instagram : @claudiocaluori
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Il aime à penser qu’il jouera un jour aux côtés de Dave Grohl (Foo Fighters, Nirvana).

DAN

FRANCISCO

L’as du trial Daniel « Danny » MacAskill, 37 ans, originaire d’Écosse, est un spécialiste des figures de vélo impossibles. Son projet vidéo à San Francisco l’a poussé dans ses retranchements. Cinq ans et une rotule cassée plus tard, il déclare : « Chaque larme en valait la peine. »

CHAÎNE DE VÉLO

« Ce n’est peut-être pas le truc le plus difficile à faire, rouler sur une chaîne, mais ça en jette. Comme nous n’avions pas beaucoup de temps et qu’il y avait beaucoup de touristes sur le site, nous y sommes allés très tôt. J’ai adoré ce moment. Les chaînes de Fort Point sont une attraction célèbre à San Francisco. »

TEXTE MARK NOBLE PHOTOS DAVE MACKISON
SPÉCIAL VÉLO 32 THE RED BULLETIN

VUE PLONGEANTE

« Ce quartier, c’est Nob Hill, avec une vue célèbre de San Francisco.

L’idée du film était de visiter les coins les plus pittoresques de la cité californienne et de jouer sur ce thème de carte postale, pour donner un ensemble plus cohérent. Et, bien entendu, de trouver le ride le plus cool possible à faire. »

anny MacAskill avait onze ans lorsqu’il s’est écarté du droit chemin. Avec son premier vélo de trial, il a préféré s’éloigner des pistes cyclables. Sans se douter que treize ans plus tard, il deviendrait une superstar. Pour sa vidéo Inspired Bicycles, en 2009, il a transformé la ville d’Édimbourg en un funpark personnel, et créé l’un des premiers clips de vélo viral sur la toile.

Près de quarante millions de personnes ont vu son clip sur YouTube. La particularité de cet Écossais de 37 ans, c’est qu’il défe les lois de la gravité et réalise sur deux roues des prouesses impossibles pour la plupart des gens. Selon son humeur, il roule sur un canon de char d’assaut, se tient en équilibre sur une aile de moulin à vent ou s’élance dans une meule de foin. Pour Danny, l’impossible n’existe pas. « Ce que je veux montrer dans mes flms, c’est ce que personne n’a encore jamais fait. »

Son dernier projet vidéo en date s’intitule Danny MacAskill: Postcard from San Francisco. Le tournage a commencé en 2017. Mais dès le deuxième jour, Danny dérape dans la réalisation d’un trick, et il se déboîte la rotule. Il a fallu cinq ans pour qu’il revienne en Californie, complètement rétabli, afn de terminer ce qu’il avait commencé.

San Francisco jouit d’un statut quasi mythique, en particulier dans les milieux du BMX et du skateboard, et de nombreuses vidéos légendaires y ont été tournées. « J’ai passé beaucoup de temps à chercher les bons endroits. Aujourd’hui, en dehors de la Grande-Bretagne, je ne connais probablement aucune ville aussi géniale que Frisco, explique Danny. Quand on est ouvert à tout,

Don voit du potentiel et des opportunités dans tous les coins. » Il a dressé une longue liste de lieux qui l’inspiraient et, après en avoir sélectionné une quarantaine, il est allé récolter les autorisations de tournage à la municipalité, ce qui s’est avéré assez diffcile. Toutes les demandes n’ont pas été acceptées, et certains lieux ne lui étaient accessibles que sur une durée limitée et à des heures inhabituelles de la journée.

Le plus grand déf : parcourir la ville dans tous les sens, car tous ces espaces sont éparpillés et très éloignés les uns des autres. L’équipe ne pouvait donc pas changer d’endroit en un clin d’œil si un trick ne fonctionnait pas. Danny devait se ressaisir, et souvent, devant un public de curieux. « Quand on essaie de faire quelque chose qu’on n’a jamais fait auparavant, on peut facilement y passer plusieurs jours, même si cela ne représente que dix secondes dans le clip fnal. Je n’avais pas pris en compte ce que c’est que de flmer avec des autorisations de tournage qui ne vous octroient que quatre heures pour apprendre à réaliser une fgure. »

Malgré toutes les diffcultés, il en résulte un grand flm de bike, et une déclaration d’amour à San Francisco. Danny glisse, saute et roule à travers la ville. Il montre ainsi des curiosités typiques sous un nouveau jour. Qui aurait jamais pensé à l’île-prison d’Alcatraz comme terrain d’aventure ? En fait, après cinq ans, Danny pourrait enfn poser son vélo et se dégourdir les jambes. Mais il s’occupe déjà de ses prochains projets : « Au lieu de songer à ce que j’ai accompli jusqu’à présent, je pense aux choses qui m’ont échappées. »

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Danny MacAskill, légende du street trial, a passé Frisco au peigne fin.
« Les opportunités se cachent à chaque coin de rue. Il suffit de les reconnaître. »
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Danny MacAskill, 37 ans, à propos de la recherche de défis.

RENVERSANT

« China Beach est un quartier cool. Le drop depuis le mini rebord était compliqué, surtout que la rampe en dessous était assez éloignée. J’ai fait une chute de deux mètres pour atterrir sur la planche. Ce faisant, je ne devais pas appuyer sur ma roue avant, sinon je serais passé par-dessus le guidon. »

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TENDU

« L’idée était que je saute par-dessus la balustrade sur la poutre étroite du pont. Le problème : la balustrade était très haute et mon élan extrêmement court. De plus, je ne pouvais pas voir la poutre. J’étais tellement tendu que mes bras tremblaient. Pas si facile de faire abstraction de sa tête quand on saute sur une balustrade à près de huit mètres de hauteur. »

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CASE PRISON

« Alcatraz est un endroit étrange. C’est oppressant de voir toutes ces cellules. En même temps, c’est une attraction touristique. J’ai passé beaucoup de temps sur des îles écossaises, sur des sites de défense datant des deux guerres mondiales.

Donc, d’une certaine manière, je me sentais ici chez moi. »

SAUT TEMPOREL

« C’est la cour. L’astuce était simple : un saut sur le rail et une descente dans la cour d’Alcatraz. C’était vraiment cool de rider dans ce lieu chargé d’histoire. Le skateur Mark “The Gonz” Gonzales a shooté l’une de ses plus iconiques photos à cet endroit précis à la fin des années 80. »

ALERTE ROUGE

« Dans un lieu aussi légendaire qu’Alcatraz, je voulais faire quelque chose de cool, à savoir un front flip. Les marches étaient juste assez hautes pour cela. Mais lors de cette tentative, ma roue arrière a éclaté et je me suis ramassé sur le dos. Deux jours plus tard, j’ai dû revenir pour terminer le trick. »

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DANS LES ROSES

« L’équipe a dû créer un petit parterre de fleurs spécialement pour ce frontflip bonk. J’ai d’abord visualisé mon plan sur un blocnotes. J’ai une liste d’astuces que je note et que j’illustre avec des petits bonshommes. Après, je fais en vrai comme eux sur le papier. »

Le clip complet Danny MacAskill: Postcard from San Francisco plus des bonus sur le tournage : redbull.com

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SWISS ENDURO SERIES

SUBARU OUTBACK 4×4 À PARTIR DE CHF 45 900.–

La Subaru Outback est un crossover exceptionnel : stylé et élégant sur la route, puissant et robuste sur le terrain. Cette Outback est la plus sûre et la plus avancée sur le plan technologique jamais construite. Ce SUV polyvalent convainc par son espace exceptionnel et son équipement complet. Profitez d’une adhérence au sol exceptionnelle grâce à la meilleure traction 4×4 au monde, au centre de gravité bas du moteur boxer, au système proactif d’assistance à la conduite EyeSight et à l’X-Mode pour une traction et un contrôle encore plus performants.

Modèle présenté : Outback 2.5i AWD Luxury, 169 ch, catégorie de rendement énergétique F, émissions combinées de CO2 193 g/km, consommation combinée de carburant de 8,6 l/100 km, CHF 52 800.– (peinture métallisée comprise). Outback 2.5i AWD Advantage, 169 ch, catégorie de rendement énergétique F, émissions combinées de CO2 193 g/km, consommation combinée de carburant de 8,6 l/100 km, CHF 45 900.– (peinture Crimson Red Pearl).

subaru.ch

Prix nets conseillés sans engagement, TVA de 7,7 % comprise. Sous réserve de modifications de prix.

A B C D E F G F

Spot on Chez les jumelles Gehrig, Caro (à gauche) et Anita, tout tourne autour du vélo : dans la vie privée et pro, comme ici devant leur hôtel.

JUMELLES LES QUI D É PLACENT

Trop de mecs ont le nez dans le guidon, c’est pourquoi Caro et Anita Gehrig, les jumelles du VTT, ont décidé de féminiser leur sport à grands renforts d’exercices de respiration et d’ateliers de préparation technique et mentale.

TEXTE GUNTHER MÜLLER PHOTOS GUILLAUME MEGEVAND
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DES MONTAGNES

gales à elles-mêmes, les jumelles du canton des Grisons ont la pêche, se marrent, font des blagues. Pourtant, Caro et Anita Gehrig, 35 ans, avouent se sentir un peu nostalgiques et souffrir de FOMO, abréviation de Fear of Missing Out, la peur de manquer quelque chose.

Et pour cause : la coupe du monde d’Enduro (Enduro World Series), leur discipline préférée, a débuté fn mars en Australie et c’est la première fois depuis dix ans que les jumelles Gehrig, stars absolues de la scène VTT, ne sont pas au rendez-vous. « Il s’agissait de moments magiques pour nous de retrouver chaque année le petit monde du VTT et le grand cirque de la coupe du monde », explique Caro. « Nos vies étaient rythmées par les World Series, ajoute Anita. Finalement, on passait notre temps d’une compète à l’autre. Mais la vie continue. C’est une page qui se tourne, tout simplement. »

D’un autre côté, tirer un trait sur l’enduro, dont le but est de gravir une montagne pour dévaler un trail le plus rapidement possible, a ouvert de nouveaux horizons aux jumelles qui peuvent se consacrer désormais pleinement à leur objectif : inciter encore plus de femmes à se mettre au VTT.

Le monde du cyclisme féminin a énormément évolué au cours des dernières

années. La concurrence est de plus en plus rude, les écarts de temps entre les dix meilleures coureuses aussi serrés que chez leurs collègues masculins. « Avant, il y avait environ une femme pour quinze vététistes ; aujourd’hui, le rapport est d’un tiers de femmes pour deux tiers d’hommes, c’est pas mal », estime Anita, qui pense que ça peut encore continuer. Comment? Tout simplement grâce à l’empowerment. « Beaucoup de femmes ne se font pas assez confance et n’osent pas faire du VTT seules ou même en couple, explique Caro. C’est malheureusement encore trop fréquent. On conseille donc aux nanas de se joindre à d’autres femmes vététistes pour qui le trail représente le même genre de déf à surmonter. »

Pour Caro et Anita, l’idée est d’aider d’autres femmes à franchir le pas vers une carrière pro : « On sait comment ça marche, on connaît les sponsors et on est toujours à l’écoute des jeunes bikeuses qui ont besoin de conseils ou de contacts. Il n’y a pas encore assez de femmes dans le milieu pro. » Car les jumelles font tout pour faire augmenter le pourcentage féminin dans leur discipline. C’est l’idée du Women’s Bike Camp qu’elles organisent, depuis plusieurs années déjà, dans leur région natale de Flims.

Caro et Anita aident les participantes à améliorer leurs techniques de virages, virages relevés, de drops et de tous les genres de sauts. Débutantes ou confrmées, toutes sont les bienvenues. « La majorité des mecs pensent dès le début qu’ils sont les meilleurs et qu’ils n’ont pas besoin de conseils, et la plupart sont fxés sur la vitesse », explique Anita. Et sa sœur d’ajouter : « En fait, les femmes pilotent aussi bien que les hommes mais elles sont beaucoup moins dans la recherche d’adrénaline. On leur donne des conseils et des petits tuyaux pour le trail. » Résultat : si les femmes sont généralement un peu moins rapides, elles sont en revanche bien meilleures sur le plan technique car elles travaillent plus. « Au fnal, c’est payant », assure Anita.

Les bikeuses organisent un week-end spécial, baptisé Specialized Women’s Bike Fest, qui se tiendra en septembre prochain, avec un programme éclectique entre ate-

Pente raide

Les sœurs aiment la technique, comme ici sur le terrain alpin de leur région d’origine, les Grisons.

É
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« Pour le moment, il y a encore trop peu de femmes pros. » ANITA GEHRIG

Regarder devant Anita (g.) et Caro estiment qu’il y a beaucoup de potentiel pour que davantage de femmes pratiquent le VTT.

liers de technique de pilotage et workshops de préparation mentale. « L’erreur classique consiste à freiner au mauvais moment par peur de se casser la gueule », explique Caro Gehrig. « Le workshop met l’accent sur des exercices de concentration et de respiration qui préparent mentalement au trail pour ne plus avoir peur », renchérit Anita.

Pas à pas vers la bonne technique

Les jumelles en connaissent un rayon : elles font partie des vététistes les plus célèbres de la planète, ont littéralement pédalé autour du monde et réécrit l’histoire du sport ces dix dernières années, avec des courses d’enduro en Europe, en Amérique, en Australie et en Nouvelle-Zélande. Anita Gehrig s’est particulièrement distinguée lors des World Series avec plusieurs podiums et un top 3 au classement fnal de la Coupe du monde.

« À un moment donné, les autres bikeuses ont commencé à nous prendre pour modèle, ce qui nous a évidemment remplies de ferté », raconte Caro. Comment se sontelles poussées l’une et l’autre à se surpasser constamment ? « Il y a toujours eu un esprit de compétition très positif entre nous, on s’entraînait presque toujours ensemble, répond Caro Gehrig qui concède : Anita a toujours été plus performante lors des grandes courses, ce qui m’a parfois frustrée, même si j’ai toujours été contente pour elle. »

Caro et Anita ont également fait bouger les choses dans le VTT féminin au niveau international, notamment avec leur périple à vélo à travers l’Iran, immortalisé dans

Free Riding Iran, documentaire maintes fois primé. En traversant les villages, les jumelles ont incité d’autres femmes à monter en selle à leur tour et ont fait la connaissance de Faranak Parto Azar, la vététiste iranienne mondialement célèbre. Par la suite, elles ont eu l’occasion de faire venir Faranak aux championnats du monde de cross-country à Lenzerheide. « C’est quelque chose dont nous sommes très fères aujourd’hui encore, c’était incroyable de pouvoir contribuer à un tel accomplissement », dit Caro.

Et pourtant, c’est tout à fait par hasard que leur carrière a débuté. Caro et Anita ont grandi au bord du lac de Constance, loin des montagnes escarpées et des sentiers alpins, et ne fréquentaient les compétitions de VTT qu’en tant que spectatrices. Leur grand frère était en effet un des meilleurs champions junior de cross-country de l’époque et a introduit les deux sœurs à son cercle d’amis vététistes, qui étaient pour la plupart originaires des Grisons, le Home of Trails, comme le surnomment les initié·e·s.

Les jumelles passaient l’hiver sur les pistes de snowboard et fonçaient tête baissée vers leur nouvelle passion pour le vélo en été, faisant du cross-country, apprenant les techniques petit à petit, sur le terrain, un coup de pédale après l’autre. « Heureusement, le milieu du VTT nous a très bien accueillies, les garçons nous ont appris un paquet de trucs, ce qui n’allait pas forcément de soi », se souvient Caro. Très vite, toutes deux prennent part à leurs premières courses, d’abord en descente où elles font aussitôt jeu égal avec les plus grandes. Quand apparaissent les premiers Enduro World Series en 2012, toutes deux sont convaincues de tenir leur passeport pour une carrière professionnelle. Elles laissent peu à peu les petits boulots de côté pour se focaliser sur le VTT. Avec l’arrivée des premières victoires, les nouveaux sponsors se les arrachent. La carrière des jumelles décolle.

Elles font désormais partie de la crème de la crème au niveau international et pourtant,

CARO GEHRIG

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« À un moment donné, nous sommes devenues des modèles pour d’autres. »
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Exploite tout ton potentiel. #BeatYesterday

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les préjugés de leurs collègues masculins redoublent d’intensité. « On était constamment confrontées à des mecs qui méprisaient les femmes et pensaient que c’était plus facile pour nous de gagner des courses et de trouver des sponsors », se souvient Anita. Caro enchaîne : « Et c’est presque toujours ce genre de mecs qui n’ont eux-mêmes pas le cran de tout larguer pour se lancer dans une carrière professionnelle. »

Penser à la suite

Si vous avez envie de rencontrer ces charmantes superstars du VTT en chair et en os, rien ne vous oblige à vous inscrire à l’un de leurs workshops : les jumelles sont en effet récemment devenues les heureuses propriétaires d’un hôtel. Il y a environ deux ans, Anita est tombée sur une annonce immobilière proposant un hôtel en bois entièrement rénové de 23 chambres. Un véritable coup de foudre. Les jumelles ont aussitôt rédigé un business plan, fait une offre et décroché le contrat de vente. Ainsi est né le Flem Mountain Lodge, chalet sportif moderne qui a convaincu les jumelles de tirer un trait fnal sur leur carrière d’enduro non sans une certaine pointe de nostalgie. Fini le VTT ?

Pas forcément : cette nouvelle étape ne signe pas la fn de leur carrière sportive : elles ciblent désormais certaines courses, font des compétitions de gravel et des séjours randonnée en VTT. « On n’a pas pu s’entraîner comme on voulait, c’était la course pour retrouver la forme ! », rigole Anita. Une simple formalité vue leur constitution de base. Si elles n’ont qu’un seul conseil à donner à toutes les femmes qui ont envie de se mettre au vélo, c’est le suivant : « Lancez-vous, osez, faites le premier pas », exhorte Caro Gehrig. Anita acquiesce avant de conclure à son tour : « Si vous avez envie de pratiquer ce sport, ne laissez personne vous en dissuader ! » Et surtout pas tous ces mecs qui sont convaincus qu’ils sont meilleurs.

ANITA GEHRIG

GIRLS RIDE THE WORLD

Barbara Hunziker a créé, avec Velola, un magasin de vélos spécialement pour les femmes.

the red bulletin : Pourquoi avoir créé Velola ?

barbara hunziker : Les femmes sur la scène du cyclisme sont négligées. Les vélos unisexes sont faits pour l’homme moyen. Les femmes ont une autre morphologie : il ne s’agit pas seulement de la taille du cadre, mais aussi de la selle, des pédales, du guidon. Si la largeur du guidon n’est pas adaptée, les poignets font mal, le freinage ne fonctionne pas correctement. Les selles 08/15 sont en général trop étroites pour les femmes. Comment réagit-on à Velola ? Les femmes sont heureuses qu’il y ait une personne de contact. Certaines se gênent de dire leur poids à un vendeur. Oui, l’ambiance est plus détendue, les femmes sont plus ouvertes, elles osent davantage.

Quelles formations proposezvous ?

conduisent depuis longtemps. Parce qu’elles ont besoin d’acquérir les bases comme le contrôle du vélo, la position de base, l’équilibre, les techniques. Presque toutes les femmes qui viennent au magasin ont des craintes ; sans les bases, on ne peut plus avancer. Sera-t-il plus facile de s’affirmer dans le domaine masculin du VTT?

Instagram : @caro_gehrig

@anitagehrig

@velolas_MTB

Des formations de mécaniciennes, par exemple. Les cours les plus demandés sont les cours de base, où viennent aussi des femmes qui

Si les femmes sont plus souvent sur la route, elles sont plus visibles. Même lorsqu’il s’agit de produire des choses qui leur conviennent en particulier. C’est toujours un cliché quand il s’agit des femmes, comme si elles ne voulaient que de petits vélos. Les éditions pour femmes ont automatiquement des fleurs et des couleurs douces. Les vêtements qui leur sont consacrés sont souvent cintrés et coupés court. Mais il y a beaucoup de femmes qui n’aiment pas ça et qui se tournent vers des vêtements pour hommes.

SPÉCIAL VÉLO
Barbara Hunziker s’engage pour les cyclistes.
« Si vous avez envie de pratiquer ce sport, ne laissez personne vous en dissuader ! »
50 THE RED BULLETIN NARZIM

DES AIIILES POUR L’ÉTÉ.

AU GOÛT FRUITÉ DE BAIES. NOUVEAU

STIMULE LE CORPS ET L’ESPRIT.

DESCEND ! MONDE TOUT LE

En mode détente ou hautevoltige : trois pros du VTT nous recommandent les meilleurs trails de Suisse, d’Autriche et d’Allemagne, pour tous les niveaux.

Un sol terreux avec des racines est un pur plaisir pour Lars Forster. Ici, sur le Pino Morto à Feglino, en Italie.

DESCENTES AVEC VUE

Champion d’Europe de VTT 2021 et spécialiste du cross-country, Lars Forster, 29 ans, nous propose des trails avec un petit truc en plus.

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POUR LES CADORS DU FUN

Nom See-Trail

Lieu Buchberg / Wangen, partie supérieure du lac de Zurich (Schwyz)

Données

220 m d’altitude ; 1,3 km

Niveau de difficulté :

● ● ● ● ●

Pourquoi on l’adore

« Si ce trail me tient tellement à cœur, c’est parce que j’y ai fait mes tout premiers tours en VTT. Il a été remodelé pour pouvoir faire le tour de la colline de Buchberg. La plus grande partie est boisée, on part sur du sol meuble et boueux avec pas mal de racines. Il y a tout un tas de virages et de sauts sympas, autant d’occasions de se faire bien plaisir. »

2 POUR LES CHAMPIONS DU MONDE

Nom

Ninos Gold-Trail by ÖKK

Lieu

Lenzerheide (Grisons)

Données

242 m d’altitude ; 3,7 km

Niveau de difficulté : ● ● ● ● ●

Pourquoi on l’adore

« LE trail pour tout fan de VTT, puisque c’est notre parcours de Coupe du monde. Le plus simple, c’est le début, avec la petite montée vers le téléphérique du Rothorn. Pour la suite, il faut se concentrer à 100% : ça monte et ça descend sans arrêt. Technique et vitesse d’adaptation sont indispensables, même sur les passages techniques comme les petits sauts de pierres. »

3 POUR LES ACCROS DE L’ALTITUDE

Nom

Bostg-Trail

Lieu Bostg / Piz Plaun Grond (Grisons)

Données

550 m d’altitude ; 8 km

Niveau de difficulté

● ● ● ● ●

Pourquoi on l’adore

« On commence par prendre le téléphérique jusqu’au trail puis on roule encore 200 mètres bien crevants pour atteindre le sommet. La vue est imprenable. Ensuite, on descend un sentier rocheux jusqu’à la partie en forêt techniquement très exigeante. Sujet au vertige s’abstenir, il y a un passage sur un sentier étroit avec une pente très raide sur le côté ».

Par-delà les nuages Pour encore plus de plaisir en descente, n’hésitez pas à faire un petit break pour manger une bonne barre de céréales en profitant du paysage (ici, le Piz Plaun).

LE CONSEIL DE LARS

« Pratiquer encore et encore les trucs de base au calme et sur un terrain dégagé : surplace, décollage de la roue arrière et bunny-hop, saut. Ça permet d’être fin prêt sur le trail le moment venu. »

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THE RED BULLETIN 53 KIFCAT, SEDRUN DISENTIS TOURISMUS SA & ANDERMATT SEDRUN DISENTIS

DÉCOLLAGE IMMINENT !

Championne du monde junior de cross-country, Laura Stigger, 22 ans, nous dévoile quelques trails autrichiens antigravité.

1 POUR LES SEIGNEURS DU VIRAGE

Nom

Süßkartoffel Trail

Lieu

LE CONSEIL DE LAURA

« Bon échauffement des poignets, des épaules, des genoux et des chevilles pour éviter les blessures les plus classiques. Si vous sentez une baisse de concentration, n’hésitez pas à faire un petit break. »

Stattegg (Styrie)

Données

297 m d’altitude ; 2,7 km

Niveau de difficulté

● ● ● ● ●

Pourquoi on l’adore

« J’adore ce trail, non seulement parce que j’y ai connu mes premières victoires mais aussi et surtout parce que c’est un parcours naturel praticable toute l’année, toujours bien entretenu, qui enchaîne les virages et les sauts. Une partie emprunte le même sentier que le parcours de cross-country du coin. C’est du pur bonheur. Très bien adapté pour tous les niveaux. »

2 POUR LES ROIS DE LA DESCENTE

Nom

Olm Volle Trail

Lieu

Sölden (Tyrol)

Données

367 m d’altitude ; 1,5 km

Niveau de difficulté

● ● ● ● ●

Pourquoi on l’adore

« Mention très spéciale pour l’Olm Volle Trail de Sölden, parce qu’il me permet de défer les lois de la gravité et qu’il me force à aller toujours plus loin. Je recommanderais un VTT d’enduro ou de descente pour ce parcours, car le sentier est semé d’embûches : sauts gigantesques, rockgardens corsés et wallrides. Attention, il n’est pas fait pour un niveau débutant ! »

Vive le flow

La Tyrolienne Laura Stigger s’éclate sur le trail Hangman II de Leogang, près de Salzbourg et fait le plein d’énergie avec son pain aux bananes maison !

3 POUR TOUT LE MONDE

Nom

Hangman II

Lieu

Leogang (Salzbourg)

Données

455 m d’altitude ; 4,2 km

Niveau de difficulté

● ● ● ● ●

Pourquoi on l’adore

« Un vrai coup de cœur pour le Hangman II du Bikepark de Leogang : on rentre vite dans le fow et il ne reste plus qu’à en profter ! Ça ne me dérangerait pas du tout de le faire plusieurs fois par jour ! Le Hangman II est à la portée du premier venu. C’est un trail rythmé avec des virages en épingle, des sauts de table et un paysage à couper le souffe. »

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SPÉCIAL VÉLO 54 THE RED BULLETIN KLEMENS KOENIG,
WOLINSKI/RED
BARTEK
BULL CONTENT POOL, DAVID SCHULTHEISS

ENVIE D’UNE CHUTE LIBRE ?

Professionnel de moto trial et de VTT électrique, Adrian Guggemos, 29 ans, dévoile des trails allemands qui vous mèneront du sommet à l’abysse.

1 POUR LES MAÎTRES DU VERTIGE

Nom

Layer Trail (forêt municipale)

Lieu

Coblence, Rhénanie-Palatinat

Données

138 m d’altitude ; 0,72 km

Niveau de difficulté

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Pourquoi on l’adore

« Ici, tous les trails sont reliés par de petites montées. Dans la partie du bas, on peut laisser les roues fler, le sol de la forêt est dur et généralement sec. À découvrir : le Layer Trail. Premiers mètres super raides pour accéder au Freefall, un rocher de trois mètres de haut qui plonge à la verticale. On a intérêt à savoir ce qu’on fait, sinon le plus sage est de le contourner. »

2 POUR LES PRINCES DE L’ÉQUILIBRE

Nom

Tobis Trail

Lieu

Miltenberg, Bavière

Données 144 m d’altitude ; 1,2 km

Niveau de difficulté

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Pourquoi on l’adore

« Qui renonce au vélo électrique a intérêt à être en bonne forme pour rejoindre le départ de cette descente situé à 400 m d’altitude. Au début, c’est un parcours naturel, pas trop raide, avec des petits sauts de temps en temps. Mon coup de cœur : une section avec des passages surélevés sur bois qui sillonnent la forêt. Vous avez intérêt à avoir les nerfs solides ! »

3 POUR LES TÉNORS DE LA CABRIOLE

Nom

Canadian Trail

Lieu Kybfelsen, Freiburg, Bade-Wurtemberg

Données

400 m d’altitude ; 7,73 km

Niveau de difficulté

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Pourquoi on l’adore

« Mon parcours préféré ! On monte par le Canadian Uphill, un sentier de montagne spécialement aménagé, pour accéder au départ situé en pleine forêt. Pas besoin de freiner ni de pédaler dans les premiers virages. Après, ça devient raide et rocailleux. Mieux vaut descendre du vélo et vérifer où sont les trous si on ne veut pas passer par-dessus le guidon. Même conseil pour les grands sauts ! »

Virages à gogo

Les premiers virages du « Canadian Trail » de Fribourg sont assez tranquilles, mais ensuite, place à l’action !

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LE CONSEIL

D’ADRIAN

« Électrique ou non, un fully sera indispensable pour ces trails. Si vous êtes plus centrés sur le pilotage, prenez des roues 27,5 pouces. Si vous cherchez plus de fluidité, prenez du 29 pouces. »

THE RED BULLETIN 55

BEST BIKES… BEST BUDDIES

Un ciel dégagé, une douce brise, et un vélo. Voici les meilleurs conseils pour choisir le bon partenaire.

C’EST DU GÂTEAU

YT Industries

JEFFSY Uncaged 8

La descente, c’est comme un jeu d’enfants avec ce vélo en version limitée couleur beurre de cacahuète et son cadre en carbone ultrarigide. Grâce à sa suspension arrière à quatre articulations, il est également dans son élément en montée. 4 699 CHF, yt-industries.com

DANS LA TÊTE

EN FORME GRÂCE

AU FARNIENTE

Whoop 4.0. Ce bracelet, coach numérique de fitness et de santé, mesure H24 l’effort, le repos et le sommeil, collecte les données et les envoie à l’appli.

À partir de 222 CHF/an, whoop.com.

Everything you need to know about cycling Un livre pour les amateurs et amatrices de vélo. Johan Tell ne laisse aucune question sans réponse. En anglais.

56 THE RED BULLETIN

DE PLUS PRÈS

POC Propel

Ces lunettes sont plus proches du visage, leur forme testée en canal d’écoulement dirige l’air le long des oreilles. Cela signifie : moins de turbulences, moins de résistance à l’air. 263 CHF, pocsports.com

OÙ COURS-JE ?

Wahoo Elemnt Roam

Cet ordi de vélo indique les montées. Grâce aux 64 couleurs, on voit quand et comment la pente devient raide. Et grâce au GPS bibande, on sait toujours où l’on est. Dès 348,90 CHF, wahoofitness.com

UN BON COUP DE PÉDALE

Rose XLITE 06

Dura Ace Di2

Ce vélo de course (6,9 kg) a été optimisé dans tous les domaines : l’assise a été adaptée de manière à ce que toute la puissance aille aux pédales. La transmission est commandée par radio. 4 198,95 CHF, rosebikes.de

TÊTE FROIDE

Giro Aries Spherical Avec seulement 275 g, le nouveau modèle haut de gamme de Giro est l’un des plus légers de sa catégorie. 24 ouvertures d’aération empêchent les têtes de s’échauffer. Grâce à sa forme encore plus aérodynamique, ce casque disponible en 6 coloris protège plus d’une tête de cycliste pro. 359 CHF, giro.ch

TOUT SCHUSS

Sram XX Eagle

Transmission

Le changement de vitesse ne nécessite ici pas de patte de dérailleur et se monte directement sur l’axe de la roue. Résultat : des changements de vitesse tout doux. 2 449.90 CHF, sram.com

LE PLEIN DE SOLEIL

G-Shock G-SQUAD

GBD-H2000

Le compagnon idéal, pas que pour le vélo : d’autres sports sont pris en charge par la montre cardio GPS. Des cellules solaires assurent une plus longue durée de course. 449 CHF, watchzone.ch

LONGUE VUE

Sigma Buster 1100HL

Cette lampe de casque émet jusqu’à 165 m de distance et 1100 lumens grâce à une double lentille innovante, deux optiques et deux LED. Le faisceau lumineux est très large. 84,90 CHF, sigmasport­shop.com

SPÉCIAL VÉLO
THE RED BULLETIN 57 SIGMA SPORT

BIENVENUE GnuTube SUR

Joueuse dans l’âme Jasmin s’est fait connaître pour ses parties de Fortnite endiablées qu’elle partageait sur YouTube.

En huit ans de streaming, elle est devenue l’une des YouTubeuses les plus célèbres d’Allemagne. Jasmin Sibel, aka Gnu, s’affiche dans ses vidéos telle qu’elle est dans la vie : sans complexe, sans filtre et sans tabou.

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TEXTE PAULINE KRÄTZIG PHOTOS FELIX KRÜGER

eady ? Set… Go ! C’est en 1989, dans la petite ville de Ratisbonne en Bavière, que Jasmin Sibel voit le jour. Six ans plus tard, elle se met à jouer à la console en compagnie de sa mère et de son frère. À onze ans, la petite Jasmin se choisit, pour jouer en ligne, un pseudo qui ne la quittera plus : Gnu. L’adolescente a littéralement grandi avec le développement du gaming et de YouTube : après le lancement de sa chaîne en 2015, elle commence trois ans plus tard à streamer ses parties de Fortnite. Le succès est fulgurant : début mars 2021, Jasmin dépasse le million d’abonné es, devenant la première YouTubeuse de gaming en Allemagne et la « joueuse de l’année » 2021. Aujourd’hui, Jasmin Sibel gère trois chaînes YouTube, un compte Twitch suivi par 600 000 followers et reste l’une des premières streameuses de son pays.

En lisant les quelques jalons de son parcours, on pourrait croire que la carrière de Jasmin a été un long feuve tranquille – il n’en est rien. Il lui a fallu enfoncer quelques portes pour se faire un nom dans ce milieu dominé par les hommes. Quand elle commence à percer dans le streaming, Jasmin se trouve confrontée à la dure réalité de YouTube et à une certaine catégorie de mecs pas forcément bienveillants – machos, incels et autres frustrés du bulbe – dont elle va apprendre à calmer les ardeurs. C’est

Rnotamment ce qu’elle raconte dans son livre sorti en 2022, Du schaffst das nicht (en français : « Tu ne vas pas y arriver »). Elle y parle des canons de beauté imposés par la société, de sexisme, d’estime de soi et de cette volonté de fuir la réalité. Le livre est un bestseller en Allemagne.

Celle qui se décrit volontiers comme une « maman virtuelle » s’occupe avec passion et dévouement de sa communauté d’abonné e s, qu’elle alimente régulièrement de vidéos – plus d’un millier en l’espace de huit ans. Avec un menu des plus variés : parties en streaming, cosplays, vlogs, vidéos d’humour, de ftness ou plus personnelles, Jasmin multiplie les délires et les formats, pour le plus grand plaisir d’une communauté qui loue sa franchise, son côté brut de décoffrage et surtout son humour décapant. Autant de qualités rares qui peuvent inciter les débiles à franchir certaines limites dans leurs commentaires – ceux-là, Jasmin sait les remettre à leur place, sans hésiter. Dans le milieu du gaming, elle reste une reine : indétrônable, elle sait aussi se montrer implacable quand on outrepasse les limites qu’elle a imposées.

Mais le reste du temps, Jasmin aka Gnu est le type de nana qu’on aimerait avoir comme amie, une bonne copine toujours prête à (faire) rire, un moulin à paroles jamais en rupture de vannes. Rencontre avec celle qui fait de sa vie un vaste terrain de jeu.

the red bulletin : Vos derniers streamings vous montrent en train de trucider des créatures fantastiques, de nettoyer une maison hantée ou d’explorer le monde dans la peau d’un bébé alligator. Comment expliquez-vous le succès de vos vidéos de gaming ? jasmin sibel : J’ai toujours considéré ce genre de vidéos comme une sorte de podcast, un moyen de se détendre – parce que ça me faisait du bien d’écouter les gens parler. Mais l’idée, c’est avant tout de partager un jeu avec d’autres personnes, de s’amuser, que ce soit en tant que joueuse ou spectatrice. D’ailleurs, je n’aime pas forcément jouer seule : ce que je préfère, c’est jouer à plusieurs, pour partager les fous rires ou les coups de gueule.

Dans les commentaires de vos vidéos, on voit que vous faites rire les gens.

En ligne de mire À l’école, la petite Jasmin rêvait déjà de travailler dans le streaming de jeux vidéo.

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« Je suis d’une franchise totale : quand je suis de mauvais poil, ça se voit. »

Sans filtre Jasmin n’aime pas faire semblant et partage volontiers, avec sa communauté, l’évolution de ses humeurs. La plupart de ses fans sont d’ailleurs à 70 % des jeunes femmes et beaucoup sont issu·e·s de la communauté LGBTQIA+. Ses abonné·e·s peuvent utiliser le tag #SafeSpace pour se connecter en toute tranquillité lors d’un stream en direct.

Styling : Tim Heyduck / Shotview

Maquillage : Natalia Soboleva / Liganord

Top: Diesel via Zalando ; pantalon : Weekday ; sneakers : Li-Ning

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J’espère bien ! Moi-même, je ne me prends pas trop au sérieux : ça ne me dérange pas si les gens rient de moi, avec moi.

Les vidéos les plus regardées sur votre chaîne affchent plus de deux millions de vues. Celle qui bat tous les records vous montre en train d’enseigner à une classe pas très futée…

J’adore les jeux trash ! J’ai un humour un peu spécial et je crois que ce type de jeux vidéo le met particulièrement bien en valeur.

Votre toute première vidéo de streaming, postée sur YouTube le 1er avril 2015, a récolté 13 vues. Or la plateforme rémunère un euro pour mille vues : à quel moment avez-vous commencé à gagner de l’argent ?

Ça a pris environ trois ans, grâce à mes streams de Fortnite. C’est ce jeu qui a littéralement fait exploser ma chaîne. Même si j’ai continué à streamer d’autres jeux, par prudence : il faut attendre en général un an pour savoir si une formule fonctionne aussi sur le long terme.

Est-ce la « maman virtuelle » qui tient des propos aussi sages ?

J’ai beaucoup de collègues qui sont tombé·e·s dans l’oubli du jour au lendemain après avoir connu un succès fulgurant, alors qu’ils et elles avaient interrompu leurs études pour se consacrer à YouTube. D’où mon conseil : ne misez pas tout sur un seul cheval ! Mes études en graphisme m’ont appris énormément et m’ont aidée à consolider ma présence en ligne. Pensez aussi à mettre de l’argent de côté, pour les mauvais jours.

Streamer sur YouTube – ça a l’air facile à première vue, non ?

C’est un sacré boulot. Les premières années, je cumulais les casquettes : monteuse, photographe, réalisatrice, présentatrice, modératrice de réseaux sociaux, manager… Sans oublier le fait qu’il fallait aussi assurer à la console ! Aujourd’hui, j’ai une équipe, mais je dois encore m’occuper de poster régulièrement sur mes réseaux, de faire des recherches pendant plusieurs semaines pour certaines vidéos, de participer à des événements pour lesquels je dois aussi produire du contenu. Je travaille tous les jours de six heures à onze heures ou minuit. Et souvent le week-end. Il faut être super motivé pour faire ça.

En effet.

C’est un job très prenant, mais je ne m’en rends pas toujours compte. Parce que les jeux vidéo, c’est ma passion en même temps que mon métier. C’est ça qui est parfois diffcile à gérer ! (Rires)

Comment faites-vous justement, pour le gérer ?

En étant d’une franchise totale avec moimême et les autres. Il y a des jours où je n’ai envie de rien faire, où je ne suis pas d’humeur à faire rire. Et je n’essaie pas de le cacher. Quand je suis de mauvais poil – ce qui arrive environ une fois dans le mois – tout le monde s’en aperçoit. Je ne fais pas semblant, et c’est ce qui plaît à mes abonné·e·s.

De plus en plus de gens sont tentés par YouTube : si c’était à refaire, retenteriez-vous l’expérience ?

Bien sûr ! Ce qui est génial avec YouTube, c’est qu’on peut se réinventer sans cesse ou tester les nouvelles tendances.

Que faut-il selon vous – à part de la patience et de la motivation – pour réussir sur YouTube ?

Il faut quelque chose qui rende unique, et pour cela trouver sa propre personnalité et son propre style. Si on essaie d’imiter les autres, on reste juste une pâle copie. Il faut au contraire se sentir bien dans ses baskets pour avoir l’air authentique, surtout quand on se flme pendant des heures en train de jouer à la console. Je suis la même personne dans mes vidéos et dans la vraie vie.

Qu’est-ce qui rend Gnu unique ?

Je me suis fait connaître pour ma capacité à retourner complètement le scénario d’un jeu. Par exemple, sur Fortnite, j’essaie de faire ami-ami avec mes adversaires. L’un d’eux, Eduardo, s’est même sacrifé par amour pour moi !

Avez-vous toujours été un moulin à paroles ?

Quand j’ai commencé à me flmer en train de jouer, je trouvais ça super bizarre. Mais comme je dis toujours : sortez de votre zone de confort ! Et si quelque chose vous fait peur, posez-vous ces deux questions : qu’est-ce qui pourrait arriver de pire ? Et avec quelle probabilité ? Foncez ! Aujourd’hui, j’adore parler toute seule, même quand je suis chez moi devant ma télé – un peu fippant, c’est vrai ! (Rires)

La solitude est un vrai problème dans notre société, y compris chez les jeunes. Quand on travaille en ligne comme vous, y a-t-il un risque de s’isoler du monde extérieur ?

Dans le gaming en ligne, il est très facile de rencontrer des gens. Mais le monde virtuel n’exclut pas la vraie vie : j’ai pu nouer des amitiés très fortes dans ma communauté. Certain·e·s me suivent depuis six ans, et je les rencontre à chaque Gamescom (salon consacré aux jeux vidéo, ndlr). J’ai vraiment envie de faire plaisir à mes abonné es, c’est pour eux que je me donne à fond, parce qu’à une époque où je me sentais très seule, YouTube m’a fait beaucoup de bien. Et aujourd’hui, je veux redonner un peu de ce que ça m’a apporté.

Vous lisez parfois dans certains commentaires : « Tu as fait ton temps, on ne veut plus de toi. »

Le succès de mes vidéos dit le contraire ! (Rires) C’est quelque chose qu’on connaît tous et toutes : pour une centaine de retours positifs, un petit commentaire haineux. Il ne faut pas oublier qu’il y a toujours beaucoup de gens provocateurs et jaloux.

Ça demande tout de même d’avoir sacrément confance en soi.

THE RED BULLETIN 63
« Des fringues normales, pas une super-guerrière au cerveau et aux mensurations irréalistes : la nouvelle Lara Croft me plaît. »
« J’ai envie de partager mes fous rires et mes coups de gueule avec les autres. »

Gnu en action

Une vidéo qui montre les coulisses de la session photo à Berlin, une interview mimée. Pour plus de contenus, c’est par ici :

Oui, tout le monde ne peut pas avoir la même distance. Je connais des flles qui arrêtent justement de streamer à cause de ça. Il y a une grande différence entre le fait de se planter sur internet et dans la vraie vie. Dans le monde réel, si un business ne marche pas, tu peux toujours essayer de le revendre en gardant la face. Sur YouTube ou sur Twitch, il est impossible de masquer tes échecs. C’est quand j’ai commencé à ne plus faire attention à ce qu’on pensait de moi que le succès est venu.

C’était à quel moment ?

Quand j’ai remarqué que ce qui plaisait le plus aux gens, c’était ma façon d’être et non mon physique – contrairement à ce que beaucoup ont essayé de me faire croire. Quand je me flme « dans mon jus », avec des boutons sur la fgure, je fais exactement le même nombre de vues. Je peux enfn me montrer telle que je suis vraiment : une flle qui parle tout le temps, qui adore les jeux débiles et les blagues lourdingues – et qui se fche de savoir si on la trouve sexy ou pas.

C’est diffcile, en tant que femme, d’éviter les commentaires sur son physique ? Franchement, je pourrais pixeliser mon visage, il y aurait toujours quelques idiots pour m’écrire des commentaires douteux… Quand j’ai compris que je ne pouvais rien y changer, j’ai lâché prise. Les remarques débiles, je les efface tout simplement. On ne nourrit pas les trolls.

Il y a pourtant des trolls qui dépassent les bornes.

Dans ce cas, je porte plainte. Souvent, on n’ose pas se confronter à eux parce qu’on a peur de tomber dans une spirale infernale

– ou bien simplement parce que l’on pense que cela ne servira à rien. Mais quand ça va trop loin, défendez-vous, faites-vous aider ! Je suis passée par là et aujourd’hui, je ne me laisse plus faire.

Vous avez dernièrement posté une vidéo sur Reddit où l’on vous voit avec quatre autres bloggeurs et bloggeuses parler ouvertement des dérapages sexistes sur internet.

C’est surtout sur la plateforme Discord que les choses ont vraiment été trop loin, avec par exemple des vidéos pornos deep fake qui me mettaient en scène. On a eu l’aide d’une hackeuse qui balance désormais presque quotidiennement des infos sur les responsables de ces trucs à la police fédérale allemande. On a mis le doigt sur un véritable réseau. Évidemment, ils ont tous essayé d’effacer leurs données – trop tard !

Quelles ont été les réactions ?

Très bonnes. Je ne savais pas à quel point les victimes des deep fake pensaient ne rien pouvoir contrôler. Beaucoup de YouTubeuses m’ont écrit pour me remercier, mais aussi des mecs dont les copines avaient été victimes de ces vidéos.

Les personnages des jeux vidéo sontils aujourd’hui moins stéréotypés qu’avant ?

Oui, clairement. J’aime bien la nouvelle Lara Croft par exemple, parce qu’elle est beaucoup plus accessible – son caractère anxieux, ses fringues et sa silhouette tout à fait normales tranchent avec la superguerrière qui promenait ses obus et son corps moulé dans la jungle. Autre exemple : dans The Last of Us, l’héroïne préfère les femmes. Mais pour être franche, je me fche des préférences sexuelles des personnages. Ce qui m’intéresse, c’est d’avoir un bon scénario réaliste.

Qu’est-ce qui vous donne confance en l’avenir ?

Par exemple le fait que nous, les femmes, commencions à nous organiser : je fais ainsi partie du groupe WhatsApp Women in Gaming, qui rassemble presque toutes celles qui se sont fait une place dans le milieu. Ce qui me plaît aussi, c’est de voir qu’on fait beaucoup plus attention aux autres, qu’on apprend à ne pas tout laisser passer. C’est une évolution qui me donne beaucoup d’espoir. J’ai toujours dit que le gaming était ouvert à tout le monde. Et bientôt, tout le monde aura effectivement intégré ça.

YouTube : @gnu

Twitch : gnu_live

«
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Le succès est arrivé quand j’ai cessé de me soucier de ce que l’on pensait de moi. »

JOURS DE TONNERRE

TEXTE ALEX KING PHOTOS CARLOS BLANCHARD
THE RED BULLETIN 67
Une rude transition Entre l’asphalte et la terre : la finale du Championnat du monde de rallycross 2022 au Nürburgring.

Garage de l’équipe Hansen Motorsport. “I was caught in the middle of a railroad track. Thunder! I looked ’round and I knew there was no turning back. Thunder!” Sous les riffs furieux d’AC/DC, Timmy et Kevin Hansen, les deux pilotes de l’équipe suédoise, se préparent à entrer en piste. Kevin pratique ses réfexes en tapant sur des BlazePods (petits appareils conçus pour booster son temps de réaction) disséminés sur une table. Même coiffure, au laser, même visage d’ange, on sait tout de suite que ces deux-là sont frères. Kevin, 24 ans, se distingue grâce à ses lunettes et sa barbe naissante. Il a six ans de moins que Timmy, mais c’est le plus bavard des deux. Quatrième du Championnat du monde de rallycross, il rêve d’égaler le succès de son aîné, champion 2019 et classé numéro deux cette saison. Timmy, quant à lui, analyse les données de course sur un portable avec son père Kenneth Hansen, directeur de l’équipe et ancien champion d’Europe de rallycross.

Un sport qui écrit l’Histoire Comme son nom l’indique, le rallycross vient du rallye, un sport qui, dans les années 60, n’emballe pas vraiment le public : regarder des voitures faire du contrela-montre individuel sur de longs parcours pendant plusieurs jours à une époque sans drones ni caméras embarquées ne se prête pas vraiment au petit écran. Mais en 1967, un producteur de télé lance un super concept : plusieurs voitures s’affrontant sur un circuit d’asphalte et de terre. Simple à flmer, passionnant à regarder avec des courses rapides sur cinq tours, du sur mesure pour la télé. Un an plus tard, l’événement attire près de dix millions de téléspectateurs et téléspectatrices.

La discipline connait également un engouement international avec la naissance du championnat européen en 1973. En 2010, les États-Unis lancent leur propre championnat de rallycross, le RallyCar. Quatre ans plus tard, la Fédération Internationale de l’Automobile (FIA), principal organe directeur du sport automobile, lance le Championnat du monde de rallycross (World RX). Mais cette évolution spectaculaire ne s’arrête pas là. À la fn de la saison 2021, on annonce que le World RX sera 100 % électrique.

Novembre 2022, circuit automobile du Nürburgring (Allemagne). Massés autour d’un segment fermé de la piste légendaire, la Müllenbachschleife, les spectateurs et spectatrices assistent à la dernière manche de cette première saison électrique. Les virages en terre succèdent aux lignes droites en asphalte. Le passage d’une surface à l’autre fait vibrer les cœurs, sections

Dernières vérifications Kevin Hansen sonde l’électronique avant la course.

Corps à corps. Johan Kristoffersson (dr.) et son coéquipier Ole Christian Veiby accélèrent à la sortie d’un virage.
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De l’asphalte, de la terre et une tonne de poussière : le rallycross est la version sauvage de la F1, et aussi la silencieuse : tous les bolides sont à propulsion électrique, et passant de 0 à 100 km/h en deux secondes. Un reportage fulgurant au Nürburgring lors de la finale du championnat.

Répétition générale

Timmy Hansen

pendant son tour d’entraînement afin de collecter les dernières données sur la voiture et le circuit.

d’asphalte propices aux accélérations, passages en terre, sources d’imprévu et surtout de chaos. Les dérapages produisent d’immenses nuages de poussière qui réduisent la visibilité des poursuivants et poursuivantes. Chaque course dure moins de trois minutes au cours desquelles la plupart des pilotes ne clignent pas une seule fois des yeux.

Dans les starting-blocks, cinq voitures attendent le feu vert. Leur départ chasse tout doute quant à la capacité de leurs moteurs électriques. L’accélération est fulgurante. Ces bolides peuvent passer de 0 à 100 km/h en moins de deux secondes, soit plus vite qu’une voiture de F1. Leur son ne ressemble à rien de connu : un concert totalement surréaliste de sonorités aigues, métalliques, comme le tonnerre.

L’ambition comme moteur

Seul Johan Kristoffersson ronchonne modérément de temps en temps lorsqu’il ne termine pas premier. Mais cela arrive rarement. « Autant que je me souvienne, j’ai toujours adoré la compétition, explique le Suédois. Pour moi, le plus important c’est de gagner. » Une attitude qui jure un peu avec son goût prononcé pour l’autodérision : grand, cheveux blonds et courts, le trentenaire ressemble plus à un génie de l’informatique qu’à un adversaire impitoyable. Mais les apparences sont trompeuses : « Si je consacre autant de temps à devenir un pilote complet, c’est par goût de la victoire. Quand ça ne sera plus le cas, je passerai à autre chose, car je n’aurai plus la motivation nécessaire pour réaliser de bons résultats. » Kristoffersson n’est pas du genre à se contenter d’une deuxième place, comme le prouvent ses cinq titres de champion du monde RX remportés en neuf ans d’existence de la compétition. Après son couronnement en 2021, le Suédois a survolé la nouvelle saison au volant de sa Volkswagen Polo RX1e, remportant sept des neuf rencontres avant d’arriver au Nürburgring ce weekend. Sa victoire lors de la manche précédente au circuit de Barcelone a déjà scellé le championnat de cette année, faisant de lui le premier champion du monde électrique. Il est pourtant décidé à marquer la dernière rencontre de la saison de son empreinte.

Cet esprit de compétition se manifeste chez lui dès l’âge de sept ans en pratiquant le ski de fond (son père Tommy lui sert alors d’entraîneur), puis en tant que pilote pour Kristoffersson Motorsport, l’écurie familiale détenue et gérée par Tommy, lui-même triple champion suédois de rallycross entre 1989 et 1991. Tout juste âgé

de six mois, Johan accompagne son père dans le bus de l’équipe, traversant l’Europe de course en course. « Après toutes ces années, on a l’habitude de se laisser mutuellement le temps de respirer, explique Kristoffersson. Mais quand les temps sont durs, on est là l’un pour l’autre. On sait quand il faut parler et quand il faut la fermer. »

Retour dans le garage de Kristofferson Motorsport, où les données des capteurs de la voiture et de la caméra embarquée sont analysées pour repérer tout ce qui pourrait être amélioré. Instants de tension et d’intense concentration. Les comptes à rebours numériques s’égrènent à côté des véhicules, les mécaniciens s’empressent d’effectuer les réparations et ajustements nécessaires avant la prochaine course. Mais on sent également une certaine ambiance chargée de satisfaction. Si Timmy Hansen a réalisé le tour le plus rapide lors des essais, Kristoffersson a lui aussi tiré son épingle du jeu en s’imposant dans le SuperPole, un tour unique et chronométré qui détermine les positions sur la grille de départ de la première manche, prouesse qu’il a d’ailleurs réalisée à chaque manche de la saison.

Si vous ne l’avez pas encore compris, le rallycross est une histoire de famille, et les Kristoffersson et les Hansen en sont les deux plus grandes dynasties. Johan Kristoffersson et Timmy Hansen s’affrontent depuis une

Le son des bolides : un concert totalement surréaliste de sonorités aigues et métalliques.
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Concentration maximale. Timmy Hansen juste avant la première manche.

Omniscience

Un coup d’œil dans le camion télé du Nürburgring : rien n’échappe aux caméras, tout est filmé, chaque instant, sous toutes les coutures. C’est ici que la course devient un événement télévisé en temps réel.

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bonne dizaine d’années et se partagent le titre du World RX depuis six ans. Un héritage qui remonte plusieurs générations en arrière : Kenneth, le père, a remporté quatorze titres européens de rallycross entre 1989 et 2008, record qui ne sera probablement jamais égalé. Lorsqu’il monte sa propre écurie, il se tourne tout naturellement vers la meilleure coéquipière qu’il connaisse : sa femme.

Véritable superstar du rallycross, Susann Hansen a remporté le rallycross européen Super 1400 en 1994 et reste à ce jour la seule femme championne d’Europe de rallycross de la FIA. Elle était enceinte de Timmy lorsqu’elle courait. Aujourd’hui, Susann est une présence indispensable au sein de Hansen Motorsport, dévouée aux tâches quotidiennes tout en gardant l’œil tourné vers l’avenir du sport. « La technologie électrique coûte cher. C’est le plus gros investissement jamais réalisé par Hansen Motorsport depuis sa création en 1990, explique-t-elle. Mais il est indispensable d’évoluer et de se tourner vers la prochaine génération. » Et vite.

Après son meilleur temps dans la Super-Pole, Kristoffersson s’impose également dans la première manche, toujours talonné de près par Timmy Hansen. Pour ses efforts, Hansen obtient la pole position dans la première course de la seconde manche. Alors que les voitures sont dans les starting-blocks pour le départ, Tommy, Kenneth et Susann sont déjà dans la cabine d’observation surplombant la piste avec les autres directeurs et rectrices d’équipe.

Mais la position de départ d’Hansen n’offre pas que des avantages. Un manque d’adhérence sur le revêtement usé permet à son frère Kevin et au pilote fnlandais Niclas Grönholm de sortir du second virage en tête. Souverain, Kevin Hansen prend son joker dans le dernier tour puis rejoint la piste à toute allure avec une bonne avance sur Timmy pour franchir la ligne d’arrivée en vainqueur. Même dénouement pour Kristoffersson : en pole pour la seconde course, il se retrouve coincé derrière son coéquipier, le norvégien Ole Christian Veiby. Aveuglé par un nuage de poussière sur son parebrise, il termine juste derrière Veiby alors que Klara Andersson, la coéquipière de Grönholm, s’empare de la troisième place. Si elle n’a pas fni en tête, Andersson

Les Hansen et les Kristoffersson sont deux des plus grandes dynasties du rallycross.
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Le joker n’apporte pas que de la chance, il peut générer du stress.

reste une fgure incontournable de ce sport. Pilote de kart dès l’âge de sept ans, la Suédoise de 23 ans fait ses débuts en rallycross en 2018 et remporte la catégorie 2150 du championnat suédois en 2021. L’association d’Andersson et de Grönholm cette saison a fait la une des journaux car c’est la première équipe paritaire de l’histoire du World RX, même s’il s’agit toujours d’un sport à dominance masculine. Seule femme pilote de la compétition pendant toute la saison, Andersson est aussi la seule femme dans tous les Championnats du monde de la FIA en 2022.

Pour remporter le titre suédois de rallycross en 2021, Andersson a dû vaincre 55 de ses homologues masculins. Deux mois avant d’arriver sur le circuit Nürburgring, elle est entrée dans l’histoire du sport en devenant la première femme à monter sur un podium de World RX au Portugal. « Beaucoup doutaient de ma capacité à participer au championnat. C’était une sacrée étape à franchir, explique-t-elle. Oui, je manque d’expérience par rapport aux autres, mais je suis fère d’avoir prouvé que j’avais ma place à ce niveau de la compète. J’ai pas mal évolué et maintenant, je veux commencer à battre tous ces mecs. »

Courant continu, courant alternatif

Dans le garage Kristoffersson, on passe la voiture au peigne fn, espérant collecter de précieuses infos sur sa tenue de route quand elle était coincée derrière celle de Veiby, l’occasion de jeter un coup d’œil sous le capot de ces monstres électriques.

Les moteurs quatre cylindres turbo-compressés de deux litres des voitures RX1 de 2021 ont fait place aux deux moteurs électriques de la nouvelle RX1e (un pour les roues arrière et un pour les roues avant), pour une puissance combinée de 500 kW (l’équivalent de 680 h) et un couple de 880 Nm. Cette dernière caractéristique permet une accélération record de moins de deux secondes à partir de l’arrêt (une F1 actuelle atteint le 0 à 100 km/h en 2,6 secondes environ). Une batterie de 500 kW montée côté conducteur favorise une répartition uniforme du poids dans le bolide également doté d’une double combo radiateur-réservoir, l’un pour le fuide diélectrique (un liquide de refroidissement non conducteur pour la batterie) et l’autre pour le glycol, qui assure le refroidissement des moteurs électriques. La fuite vient de là.

Il faut évidemment suivre des procédures de sécurité très strictes pour travailler sur une voiture de course électrique. Alors que le mécano enfle une visière de protection et d’épais gants en caoutchouc pour brancher le gros câble rouge de recharge de la batterie, un collègue se tient prêt à intervenir avec ce qui ressemble

à une longue perche en plastique. Contrairement au courant alternatif, qui vous ferait atterrir à l’autre bout de la pièce, le courant continu vous oblige à vous agripper à ce qui vous électrocute, d’où le crochet de sécurité qui permet d’éloigner le mécanicien le cas échéant. Pour bien comprendre toute la puissance électrique dont sont capables ces bolides, rien ne vaut la piste. Lors du World RX en Norvège en août 2022, le vainqueur de l’épreuve, Kristofferson, a réalisé un meilleur temps au tour de 38,058 secondes au volant de sa RX1e. Le même week-end, sur le même circuit, le vainqueur de l’Euro RX1, Andreas Bakkerud, a réalisé au volant d’une voiture à essence un meilleur temps de 38,069 secondes, soit une fraction de seconde en plus. Si l’on considère que les RX1 à essence ont bénéfcié de plus de trente années de développement et ont atteint le sommet de leur évolution et que les nouvelles voitures électriques participaient au premier week-end de course de leur première saison, le potentiel est indéniable.

« On voit bien la puissance de l’électrique sur une piste de rallycross. Elle est plus rapide en ligne droite et ses pointes de vitesses ne font qu’augmenter », précise Kevin Hansen. Avec ses courses courtes et rapides, le rallycross est le banc d’essai idéal pour cette technologie. Sans avoir à se soucier de l’autonomie ou de la durée de vie des batteries, les pilotes peuvent se concentrer sur la performance pure, en poussant chaque kilowatt sur le circuit.

Une joie prématurée. Susann Hansen, ancienne pilote elle-même, embrasse son fils Kevin pour avoir réalisé le deuxième meilleur temps. Mais trop tôt : le plus jeune des deux frères Hansen sera disqualifié par la suite.
74 THE RED BULLETIN

Les sponsors ont eux aussi l’air convaincu : les voitures de Hansen Motorsport arborent les logos des campagnes onusiennes Race to Zero et Global Goals et c’est la première équipe de rallycross à adhérer à l’initiative Sports for Climate Action des Nations unies.

« Nous avons estimé qu’il était de notre responsabilité, en tant qu’écurie, d’utiliser la plateforme dont nous disposons pour présenter les voitures électriques et mettre en avant les questions environnementales », explique Kevin Hansen.

Pilote, il est aussi responsable marketing de l’équipe et développe des projets pour un avenir plus durable : réduction des déplacements, entretien des voitures directement sur le paddock après une course, voyages en classe éco et recyclage autant que possible. Des mesures qui ont permis à Hansen Motorsport d’obtenir l’accréditation environnementale trois étoiles de la FIA, le plus haut niveau de reconnaissance accordé. « On ne veut pas simplement se contenter d’adopter l’électrique sur le plan technique ; on a entrepris une transition plus large vers un sport avec moins d’émissions pour prouver qu’un petit groupe d’individus peut créer une équipe gagnante en mettant l’accent sur la durabilité, sans oublier l’aspect spectaculaire de la discipline », explique

toujours Kevin Hansen. Alors qu’il tient ces propos, la chanson Thunderstruck, d’AC/DC, hymne offcieux de la saison, retentit à nouveau dans le garage : “I need a pick-me-up. A rollin’ thunder truck… Yeah, electric sparks. A shot in the dark.” « J’ai besoin d’un remontant. Un camion de tonnerre … Ouais, des étincelles électriques. Un coup dans la nuit. »

L’épreuve de force

Deuxième jour sur le Nürburgring. Kristoffersson est okay : retapée, sa Polo a remporté la troisième manche hier et la première demi-fnale aujourd’hui. Il est en pole pour la fnale. Timmy Hansen a remporté la deuxième demi-fnale, obtenant ainsi la deuxième place au départ devant Kevin Hansen et Veiby. La cinquième place aurait dû revenir à Andersson, mais son équipe a pris une décision controversée en la remplaçant par Grönholm. Comme il comptabilise plus de points au championnat, il a une chance de terminer la saison dans les trois premiers.

Kristoffersson s’élance et prend la tête, mais Grönholm le percute par l’arrière dans le second virage. Les deux hommes restent collés l’un à l’autre jusqu’à ce qu’ils prennent tous les deux le joker dans le dernier tour. Kristoffersson sort le premier de la déviation, mais soudain, Kevin Hansen déboule de nulle part et se glisse devant Grönholm pour arracher la deuxième place. Le jeune Hansen marque ainsi suffsamment de points pour ravir la troisième place du championnat au Finlandais. La stratégie de mettre Andersson en touche ne semble pas avoir été vraiment payante pour l’équipe de Grönholm.

Autographes Timmy (à gauche) et Kevin Hansen signent des vêtements de fans pendant une pause de la course.

Timmy Hansen termine quatrième, assurant à Hansen Motorsport une phénoménale deuxième et troisième place pour l’ensemble de la saison. Mais le grand gagnant du week-end est Kristofferson, qui consolide sa couronne de champion avec huit victoires sur dix. Plus tard, alors que les équipes se rassemblent dans un garage pour la célébration de fn de saison, les Hansen sont absents. Le garage de l’équipe est vide, les voitures et tout l’équipement déjà rangés dans les camions. Seuls Kevin et Susann sont encore là, mais leurs sourires ont eux aussi disparu.

Le contrôle technique effectué après la course par les offciels a mis en évidence un bras de suspension non-réglementaire monté par erreur sur la voiture de Kevin. Disqualifé, il rétrograde à la cinquième place du championnat, offrant ainsi à Grönholm sa troisième place tant convoitée. Mère et fls se consolent mutuellement. « C’est frustrant qu’une simple petite erreur puisse avoir un impact aussi important, mais c’est la course », lâche Kevin avec philosophie.

La première manche du Championnat du monde de rallycross 2023 se déroulera à Hell, en Norvège, les 17 et 18 juin prochains ; fiaworldrallycross. com

Il était clair que la première saison électrique du World RX allait imposer une courbe d’apprentissage diffcile aux équipes, mais jusqu’au tout dernier moment, tout semblait aller pour le mieux pour les Hansen. « L’objectif de cette saison était de se familiariser avec cette nouvelle technologie, d’en apprendre le plus possible et de se préparer pour la suite, ajoute-t-il. Tout ce que nous faisons en tant qu’équipe et en tant que famille est tourné vers l’avenir. »

Comme le chantait le grand sage Brian Johnson, hurleur d’AC/DC : “Yeah, it’s alright. We’re doin’ fne, fne, fne. Thunderstruck.”

THE RED BULLETIN 75

Les volets

Comme l’aile d’un avion possède des volets à l’arrière pour créer une portance supplémentaire pour le décollage, le foil de l’AC75 a des volets qui s’orientent vers le bas pour augmenter la portance et faire décoller le bateau. Une fois que le bateau a quitté la surface, les volets s’alignent avec le reste du foil, réduisant ainsi la traînée.

Compte à rebours avant

L’AMERICA’S CUP

NOM DE CODE : OISEAU DE MER

La compétition nautique passera à un niveau supérieur en 2024, avec des voiliers de course qui décolleront comme des avions. Petit contrôle technique.

Les foils Montés de part et d’autre de la coque, les foils pèsent chacun 1,2 tonne. Ils doivent soutenir un bateau qui, à pleine charge, pèse 7 tonnes, et sont soumis à des contraintes bien plus importantes lorsqu’ils sont en mouvement. L’aile de foil est en acier et plomb, et le bras de foil en carbone, afin d’assurer un haut rapport résistance/poids.

La coque Sa forme favorise un décollage rapide, passant du mode archimédien au mode aérien. Une fois en l’air, l’aérodynamisme devient vital. La partie supérieure du bateau est conçue pour réduire la résistance au vent. La coque doit réduire la traînée du plan de voilure en le prolongeant à proximité de la surface de l’eau.

Une question d’équilibre Au lieu de la quille, ce sont les foils qui maintiennent le bateau à la verticale.

THE RED BULLETIN 77 INEOS BRITANNIA/C.GREGORY, XAUME OLLEROS/ALINGHI RED BULL RACING

epuis 172 ans, l’America’s Cup, la plus ancienne compétition sportive internationale, est une course de voiliers à la fne pointe de la technologie : deux bateaux, deux clubs rivaux, le challenger et le defender, s’affrontent sur des parcours en eau libre, dans un intervalle défni par le challenger of record et le defender. Chaque course successive repousse les limites de la conception et de la technologie des yachts. Mais avec la 37e édition qui aura lieu fn 2024, certains affrment qu’il s’agit désormais moins de naviguer que de voler.

Le 21 novembre 2017 a marqué un tournant dans l’histoire, lorsque les vainqueurs de la Coupe de cette année-là (et donc l’équipe qui a décidé des règles de la prochaine America’s Cup – une tradition transmise depuis le début du sport) ont révélé le design du bateau de 2021, l’AC75. Le spectaculaire bateau concept d’Emirates Team New Zealand (ETNZ) allait voler sur deux foils, sans que rien d’autre ne touche l’eau, à l’exception de la pointe du safran. Un grand nombre doutait que cela fonctionne.

Les yachts qui volent au-dessus de l’eau sur des hydrofoils – semblables aux ailes d’un avion qui toucheraient l’eau – ont révolutionné le sport de la voile. Pourtant, il s’agit d’une technique étonnamment

Ce bateau vole ! Au-dessus de l’eau, c’est l’aérodynamisme qui décide.

D« C’est comme dans un avion : on accélère et tout à coup, on se met à voler ! »
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NICOLAS CHARBONNIER, GROUPE DE PILOTAGE DU TEAM ALINGHI RED BULL RACING
THE RED BULLETIN 79 SAMO VIDIC/RED BULL CONTENT POOL, XAUME OLLEROS/ALINGHI RED BULL RACING

VOICI ALINGHI RED BULL RACING, UN VOILIER DE CLASSE AC75

37e édition de l’America’s Cup (2024)

1. Foil relevé

Lorsque le foil au vent est relevé hors de l’eau, son rôle est de fournir un contrepoids à la force de chavirement des voiles.

2. Foil abaissé

Abaissé, le foil a deux fonctions : d’une part, les parties horizontales, comme une aile d’avion, créent une portance qui maintient le bateau hors de l’eau ; d’autre part, la section verticale, semblable à l’adhérence d’un pneu, empêche le bateau de glisser latéralement dans l’eau.

3. Les deux foils abaissés

La plupart du temps, l’AC75 se déplace sur le safran et l’un des deux foils principaux, mais certaines situations demandent que vous les ayez tous les deux dans l’eau. Comme lorsque vous essayez de maintenir le bateau en l’air à faible vitesse avant le signal de départ, ou lors d’une manœuvre serrée.

4. La grand- voile

Contrairement aux voiles d’un bateau de course ou de croisière qui n’ont qu’une seule surface, la voile « à double profil » derrière le mât reproduit la surface d’une aile d’avion. Plus légère qu’une voile rigide (elle est généralement en fibre de carbone et en kevlar), elle est très efficace sur le plan aérodynamique.

5. Le safran

La section verticale contrôle la direction du bateau. La section horizontale crée de la portance afin de soulever l’arrière du bateau hors de l’eau. Il bouge d’avant en arrière pour changer la portance par rapport à la traînée.

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ancienne, qui existe depuis plus de cent ans, et qui fait aujourd’hui fureur en Europe et aux États-Unis, où les navigateurs sur des bateaux traditionnels sont depuis longtemps habitués à voir des canots pneumatiques turbopropulsés les dépasser à des vitesses folles. Mais la classe AC75 a tout changé. Se déplaçant jusqu’à 90 km/h dans des vents de 40 km/h, ces vaisseaux-fusées de la nouvelle ère du foiling font repenser l’idée même de voilier. Non seulement ils ont des bras de foil inclinés de chaque côté de la coque, mais ils sont aussi dépourvus de quille – la structure lourde sous un monocoque à quille qui le maintient à la verticale et contrebalance tout ce qui se trouve au-dessus de la ligne de fottaison. Sans quille, les AC75 sont très peu stables et, comme un vélo, ils peuvent facilement se renverser lorsqu’ils évoluent à trop basse vitesse.

L’édition 2021 de l’America’s Cup a démontré que non seulement le concept fonctionnait, mais qu’il pouvait produire d’excellents grands prix de voile qui tiennent davantage de la Formule 1 que du bon vieux yachting. À tel point que la Coupe 2024 à Barcelone verra non seulement ETNZ défendre pour la deuxième fois le titre qu’il a remporté aux Bermudes en 2017, mais présentera presque les mêmes bateaux, plus adaptés aux conditions de vent plus faibles.

Le foiling a également transformé la nature de la tâche de l’équipage dans la Coupe. Traditionnellement, le rôle clé était celui du barreur, et bien que ce poste soit toujours déterminant, une nouvelle discipline, le « contrôleur de vol » ou « pilote », rivalise désormais en importance. Ces navigateurs contrôlent le déploiement des bras de foil et manipulent la position des volets sur leurs bords de fuite. Il s’agit d’un art mystérieux où la dynamique des fuides – qui infuence la forme de la coque lorsqu’elle est dans l’eau – rencontre l’aérodynamique, qui permet de déterminer le meilleur profl de la coque lorsqu’elle se trouve au-dessus d’elle. Un hybride entre voile et aviation.

Nicolas Charbonnier est l’un des trois barreurs de l’équipe Alinghi Red Bull Racing. « Il faut une combinaison sophistiquée de procédures pour faire passer un AC75 de l’immobilité à la vitesse », explique-t-il. En effet, au début, le bateau n’accélère qu’avec

hésitation, mais ensuite, il s’élance d’un coup tel un éclair. Durant la courte phase, non sans danger, entre l’arrêt et la puissance maximale, chaque geste doit être parfait. Le barreur, le pilote et les régleurs (qui doivent optimiser les voiles pour une propulsion maximale) réalisent ensemble cette action d’équilibre. « La sensation au décollage, c’est comme dans un avion : on démarre doucement, on accélère, et tout à coup, on se met à voler », s’exclame Charbonnier.

Au début, les navigateurs d’AC75 ne voulaient « voler » sur les foils qu’en ligne droite, une fois que le bateau était aligné sur une portion du parcours. Puis, le goût des virages s’est développé. Aujourd’hui, nous avons atteint un point qui aurait été considéré comme absurde il y a seulement quelques années, où l’une des pires choses qui puisse arriver est de voir la coque retomber dans l’eau, ou « tomber de ses foils ». Le bateau devient alors un voilier à l’ancienne, soumis à une énorme traînée, dont la vitesse est réduite au tiers, voire au quart, de ce qu’elle était quelques secondes auparavant, tandis qu’il pousse l’eau en essayant de remonter sur ses ailes.

Tout cela donne une créature étrange, à mi-chemin entre un yacht et un avion renversé, d’une rapidité folle, mais qui ne tient pas la mer au-delà des eaux côtières. Les AC75 sont les premiers bateaux de l’histoire de la compétition que vous ne pourriez pas utiliser en haute mer pour aller d’un endroit à un autre. Trop fragiles, trop rapides et trop instables, même dans les conditions les plus favorables, il faudrait l’assistance d’un bateau de sauvetage pour regagner la terre ferme. « Je ne veux pas être le premier à traverser la Manche ou l’Atlantique avec un tel bateau. Je laisse volontiers cela à quelqu’un d’autre, ajoute Charbonnier en riant. Si le bateau va vite, c’est un voyage cahoteux que l’on pourrait comparer à la chevauchée d’un taureau. Et pour l’instant, on est encore très mouillé, ce qui peut être désagréable, surtout en hiver. » Charbonnier est convaincu que cette classe de bateaux révolutionnaire va malgré tout modifer de fond en comble le design des yachts de demain. « Le plus grand changement sera l’augmentation du nombre de bateaux équipés de foils. La sensation est tellement agréable – une fois que l’on a vécu cela, on ne veut plus revenir à un bateau normal. »

americascup.com

TOUS À L’EAU

Trois manières d’échouer

Chavirer

L’AC75 est instable jusqu’à ce qu’il se mette en mouvement.

À basse vitesse, il peut même se renverser. Pour prendre l’analogie d’un vélo à l’arrêt, les foils offrent une petite stabilité latérale, comme des petites roues.

Plongée en piqué

Si vous freinez trop rapidement sur un vélo, vous risquez d’être projeté par-dessus le guidon. Si vous vous trompez légèrement dans l’ajustement des foils, le bateau plongera en piqué dans l’eau. À 90 km/h, cela peut être glaçant, ou pire, catastrophique. On comprend pourquoi l’équipage porte des casques et des combinaisons.

Se cabrer

Parfois, un AC75 s’élance hors de l’eau comme un orque.

Cela fait courir un grand risque au bateau, comme l’équipe d’American Magic l’a appris à ses dépens lors de l’America’s Cup 2021, lorsqu’une forte rafale de vent a frappé les voiles, donnant une augmentation soudaine de la puissance pendant une manœuvre. Au moment où le bateau est retombé, l’impact a percé un trou dans la coque et le navire a chaviré. Étonnamment, il n’a pas coulé et personne n’a été blessé.

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Balkan-Express. Pas d’asphalte en Albanie ! Un trip à moto romantique et sauvage dans le sud-est de l’Europe.

THE RED
83 BMW GROUP
BULLETIN

ROMANTISME À 2 ROUES

Des nids de poule et une nature luxuriante : lors de notre voyage à moto en Albanie, nous avons tout trouvé sauf des routes.

Il y a vingt-cinq ans, 750 livres Sterling (ce qui correspond à environ 840 francs suisses) sont venues bouleverser la vie de Jennifer Huntley : c’est la somme que l’Anglaise a déboursé pour une vieille BMW R80 GS. Une moto noueuse à la réputation robuste, le type même de la moto des hommes durs. Aujourd’hui, elle se rend au travail à moto ; ou plutôt, elle travaille depuis sa selle, en tant que guide du BMW GS Trophy à travers l’Albanie.

Le terrain : des routes construites à l’origine par les Romains et qui, selon toute apparence, n’ont pas été rénovées depuis. Des nids de poule ? Une caractéristique des bonnes routes. En effet, ce n’est souvent qu’un sentier caillouteux qui attend le groupe de Jenny. Le BMW GS Trophy, dont le parcours peut aussi être attaqué par des amateurs et amatrices avec des guides comme Jenny, est une compétition pour les meilleurs pilotes au monde qui doivent d’abord se qualifier lors de présélections.

Il s’agit de traverser, en sept étapes, un pays qui, bien que situé en Europe, semble complètement hors du temps. Les routes ne sont pas les seules à être aventureuses,

les conditions de vie le sont également. Dans les villages traversés par le parcours de Jenny, on voit des paysans qui labourent le sol encore avec leur cheval. Des enfants vont à l’école à dos d’âne, des paysannes vendent des légumes au bord de la route. Et partout ces routes cahoteuses ! Dans l’ensemble, l’état des routes laisse à désirer ; certaines sont même quasiment impraticables. Pourtant, c’est juste-

Les gués font partie du parcours. Ici Sara Sanchez, du Mexique, traverse une rivière.

VOYAGER
Jennifer Huntley, 53 ans, guide moto du BMW GS Trophy, nous a guidés à travers l’Albanie.
84 THE RED BULLETIN

ment devant un tel tronçon que le groupe se trouve maintenant. Jenny donne le tempo, s’occupe de la navigation et aide à pousser et dégager la charrette de la boue quand elle s’y embourbe.

Jenny mesure 1,70 m ; la BMW GS est une moto puissante de plus de 250 kilos. Ici, rien ne marche avec la seule force des muscles, c’est la technique qui fait la différence. Les hommes du groupe doivent aussi s’en rendre compte lorsqu’ils observent Jenny grimper habilement et sans bruit une pente raide d’éboulis. « Regardez droit devant vous, relâchez les bras, contrôlez le guidon, mais ne vous crispez pas », conseille-telle. Facile à dire…

Le BMW GS Trophy n’est pas une course. Le classement s’établit au fil d’épreuves spéciales le long de l’itinéraire : une épreuve de trial, où il faut effectuer un parcours difficile en un temps limité, sans poser le pied par terre ; répondre à un quiz sans faute ; s’orienter sur le terrain par GPS. Entre

Paysages idylliques : il faut de l’expérience pour parcourir ces pittoresques vallées encastrées le long de la frontière gréco-albanaise.

les épreuves, les participantes et participants roulent librement et ont ainsi la chance de s’imprégner du paysage impressionnant. Certains panoramas ressemblent aux vues que l’on pourrait admirer dans un parc national américain. Il y a aussi des terres cultivées, péniblement préservées et entretenues par le travail manuel, qui rappellent la Toscane. D’autres parcelles de forêt font penser à la Côte d’Azur.

L’Albanie sent l’acacia, la menthe sauvage et, ici et là, le brûlé, lorsque les agriculteurs commencent à défricher par le feu. Deux-cents kilomètres en selle, chaque jour, ne sauraient suffire à découvrir toutes les beautés que renferme le pays. Et voilà que nous reprenons la route. Nous passons devant le château de Berat, datant de l’époque ottomane, par des sentiers romains à travers le parc national de GërmenjShelegur, une région forestière à perte de vue, située le long du lac d’Ohrid, à la fron-

ARRIVÉE

Par avion

L’aéroport de Tirana assure de bonnes liaisons quotidiennes avec plusieurs villes européennes. En voiture ou à moto Le chemin par la route côtière croate est idyllique mais énormément fréquenté, tout comme la route par la Hongrie, la Serbie et le Monténégro. Prévoyez beaucoup de temps.

BON À SAVOIR

Savoir s’équiper

Vu l’état des routes, optez pour un modèle tout-terrain avec pneus off-road. Le temps est capricieux : doux sur la côte, glacial en montagne, emportez des vêtements chauds et anti-pluie !

Participer en amateur

On peut louer sa propre GS ainsi qu’une équipe pour le guidage et le transport des bagages pour suivre l’itinéraire emprunté par l’International GS Trophy. La route part de Karpen, près de Tirana, passe par Berat, Lin, puis vers le sud jusqu’à Farma Sotira et Himarë, et enfin retour à Karpen. L’équipe et l’organisation sont plus ou moins calquées sur le modèle pro. followthetrails.net

tière avec la Macédoine du Nord. Lorsque les pilotes arrivent à destination au bout de sept jours et 1 300 kilomètres, la semaine de travail de Jenny touche à sa fin. Que retire-t-elle de ce voyage ?

Les pilotes au BMW GS Trophy après avoir franchi la ligne d’arrivée.

« C’est la camaraderie entre motardes et les motards qui rend des aventures comme celle-ci uniques », conclut-elle. Il est difficile d’imaginer ce que serait sa vie et ce qu’elle aurait raté sans cet investissement judicieux, vingt-cinq ans plus tôt. bmw-motorrad.ch

Tirana Karpen Albanie Lin Farma Sotira Berat
THE RED BULLETIN 85 BMW GROUP, WWW.MARKUS-JAHN.COM WERNER JESSNER GETTY PREMIUM
Himarë

L’album d’Ellie Goulding Higher Than Heaven est disponible. Toutes les infos : elliegoulding.com

HIGHER CALLING

La musicienne primée Ellie Goulding revient sur quatre titres qui ont joué un rôle crucial dans son parcours.

Scannez le code pour écouter la playlist d’Ellie Goulding sur Spotify.

Sa carrière dans la pop n’a pas toujours été assurée. Élevée par sa mère dans un logement social de la campagne anglaise, avec trois frères et sœurs –son père, entrepreneur de pompes funèbres, a quitté la famille quand elle avait cinq ans –Ellie Goulding a échoué à l’examen d’entrée à l’université de musique. Mais elle écrivait des chansons depuis l’âge de 15 ans et possédait une ambition à la hauteur de ses talents. À 36 ans, l’autrice-compositrice-interprète compte à son actif trois albums de platine, deux BRIT Awards et une nomination aux Grammy Awards pour son tube Love Me Like You Do, sorti en 2015. À l’occasion de la sortie de son cinquième LP, Higher Than Heaven, elle parle avec euphorie de quatre chansons qui marqué son éducation musicale.

Blur PARKLIFE (1994)

« C’est le premier single que j’ai acheté, et qui a déclenché mon amour du rock indépendant. Oh oui, ce titre a marqué la passionnée de musique que j’étais ! Cette manière immédiate et intuitive de faire de la musique, j’aimerais la retrouver plus souvent aujourd’hui. Car il devient de plus en plus difficile de rester assis et d’écouter des ballades sur le fait que tout n’est pas déprimant. »

Lauryn

THE MISEDUCATION OF LAURYN HILL (1998)

« Cette chanson m’a ouvert un tout nouveau monde et a vraiment tout changé dans ma vie, car elle m’a donné envie d’essayer d’écrire mes textes et de chanter moi-même. J’aime la façon dont Lauryn Hill porte ses chansons de manière très personnelle, j’aime le son de sa voix et ce ton si particulier. J’aime à quel point elle est puissante et directe, et j’admire son énergie. Cette chanson est révolutionnaire ! »

« Dreams est un classique. Je ne savais pas qu’une chanson pouvait sonner aussi bien ! Je suis jalouse de celles et ceux qui entendent cette chanson pour la première fois, et bien sûr, les enfants l’écoutent maintenant aussi sur TikTok. Je l’ai découverte en l’entendant par hasard à la radio chez un ami. Je me suis juste dit : “Wahou, c’est une si belle chanson”, ça a été comme une révélation pour moi. »

Active Child HANGING ON (2011)

« Ce titre est un peu plus moderne, je l’ai même repris. C’est une combinaison de chant choral très aigu et de musique influencée par le hiphop, mais arrangée comme une chorale. Ça en devient presque spirituel. Il est impossible de ne pas aimer cette chanson. Elle ne ressemble à rien de ce que j’ai entendu auparavant. Ce morceau est tout simplement incroyable. Écoutez-le !»

ÉCOUTER
Hill Fleetwood Mac DREAMS (1977)
86 THE RED BULLETIN UNIVERSAL MUSIC MARCEL ANDERS

LA FORCE DE LA PENSÉE

Andreas Breitfeld, biohackeur professionnel, nous révèle comment se muscler grâce au pouvoir de la pensée.

Il arrive qu’un entraînement physique régulier ne soit pas possible, comme lors d’un déplacement. Que faire alors ? Première possibilité : le sauter. Mais ce n’est pas idéal. Seconde possibilité : y penser. Une excellente alternative. Car l’entraînement visualisé peut être presque aussi bénéfque qu’un entraînement réel. Presque...

Les données scientifques sont assez stables, selon le scientifque du sport Mathias

Reiser de l’université JustusLiebig de Giessen (Allemagne) qui a beaucoup travaillé dans ce domaine. Des études ont ainsi été menées sur des athlètes blessé·e·s. Résultat : elles et ils ont récupéré plus rapidement pendant la pause (physique) de l’entraînement. D’autres études ont examiné les différents effets des séances de sport imaginées et réelles chez des athlètes.

TOUS LES MOYENS SONT BONS

Je profite de mon temps dans l’avion ou le train pour faire de petites séances d’entraînement imaginaires comme celle-ci : fermer les yeux, faire des squats, des pompes ou des redressements assis et les vivre dans les moindres détails, y compris chaque répétition. Imagine comment les muscles concernés travaillent, comment ils se contractent et se relâchent.

Résultat : les sportif·ve·s imaginatifs atteignaient presque les résultats d’entraînement de leurs collègues en sueur. Sufft-il alors de penser à l’entraînement en mangeant un gâteau pour que les muscles se développent ? Non, la condition préalable à la réussite d’un exercice est une forte intensité méditative. L’imagination doit être suffsamment forte pour déjouer la conscience. En effet, les résultats étonnants de l’entraînement mental reposent sur le fait qu’à partir d’un certain point, notre cerveau n’est plus en mesure de faire la distinction entre imagination et réalité. Ainsi, si nous sommes suffsamment concentrés pour penser aux exercices d’entraînement, les mêmes mécanismes que lors d’un entraînement réel sont activés dans notre corps. La sueur en moins.

La gymnastique de l’esprit est profitable si la concentration est maximale !

Andreas Breitfeld, 49 ans, est le biohackeur le plus connu d’Allemagne. Il fait de la recherche dans son laboratoire à Munich. En bref, le biohacking englobe tout ce que l’on peut faire de manière autonome pour améliorer sa santé, sa qualité de vie et sa longévité.

OPTIMISER
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ATHLÈTE PAR VOCATION.

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RETOUR EN VOL

La Longines Spirit Flyback fait revivre l’esprit des audacieux pionniers de l’aviation.

Pour les pilotes aventureux comme l’Américain Richard Byrd (1888-1957) qui a survolé le pôle Sud, la fonction Flyback (retour en vol) était extrêmement importante puisqu’il s’en servait pendant ses vols. Aujourd’hui, cette pièce de bravoure technique est synonyme d’histoire, d’art horloger et d’économie de temps. Pourquoi ? Parce que cette complication, comme on appelle les solutions sophistiquées dans l’univers des montres, peut faire quelque chose de spécial : une seule pression sur un bouton suffit à arrêter le chronométrage en cours, le remettre à zéro et à en enclencher un nouveau. Pour ces manipulations, trois pressions seraient nécessaires sur un chronomètre normal. longines.com

Coup d’œil à l’intérieur

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Musique, vélo, voile… Ces événements vont vous porter haut.

AU 11 JUIN SHOWDOWN À LENZERHEIDE

La Coupe du monde de VTT UCI (Union Cycliste Internationale) est de retour à Lenzerheide et, avec elle, l’une des plus prestigieuses séries de courses de VTT au monde. Ce n’est que l’année dernière qu’a eu lieu la finale de cross-country, sans doute la plus passionnante de l’année. Les quatre vététistes, Mathias Flückiger, Nino Schurter, Luca Braidot et Alan Hatherly, ont entamé ensemble le dernier tour et se sont battus pour la victoire du jour au Bike Kingdom de Lenzerheide. À quelques mètres de l’arrivée, Flückiger et Schurter ont volé dans le décor et l’Italien Braidot a remporté sa première victoire en Coupe du monde. Désormais, le Bike Kingdom de Lenzerheide accueille à nouveau la Coupe du monde dans les disciplines Cross Country Short Track (XCC), Cross Country Olympique (XCO) et Downhill (DHI). Et après avoir essuyé une défaite aussi amère l’année dernière, Nino Schurter (voir page 18) fera tout pour ramener la victoire à la maison cette année, sur son propre parcours. Le suspense reste donc entier, soyez de la partie ! Toutes les infos sur : mtbworldcup.ch

AU 21 MAI SPORT ET MUSIQUE LIVE

Aventure, sport et musique live : le festival MisoXperience (composé des mots Misox pour le lieu de la manifestation, et du mot anglais Experience) propose un événement unique en plein air avec des personnes partageant les mêmes idées. Au programme, des ateliers de kayak, de l’escalade de bloc et du yogabière.Tous les détails sur : misoxperience.ch

JUIN PUMPKING CHALLENGE

Le PumpKing Challenge est de retour après trois ans ! Cette manifestation destinée à toute la famille consiste à se déplacer sur une pumptrack avec n’importe quel engin (sans moteur). Que ce soit en VTT, en BMX, en skateboard, en rollers, en trottinette, en vélo de course, en monocycle ou en chaise roulante, vous pouvez participer. Infos : pumpkingchallenge.ch

SE DÉTENDRE
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Finn Illes a pris la deuxième place en descente en 2022.
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Peu importe l’engin : montrez-nous vos talents !

SEPTEMBRE COURSE AVEC VUE

Chaque année, le semi-marathon de Mattmark séduit par son magnifique parcours. Le départ est donné à l’église de Saas-Balen, puis traverse de magnifiques forêts de mélèzes jusqu’au hameau de Zermeiggern. La plus belle partie pour les coureur·euse·s est le chemin autour du pittoresque lac Mattmark. Infos : mattmark-halbmarathon.ch

AU 18 JUIN

LE VENT EN POUPE

La plus ancienne manifestation de planche à voile au monde est à nouveau sur le point d’avoir lieu : Engadinwind sur les lacs de Silvaplana et de St-Moritz attire environ 200 participant·e·s de plus de quinze nations. Ensemble, ou plutôt les un·e·s contre les autres, ils surfent pendant plus d’une semaine sur les deux lacs pour la gloire et l’honneur. Et grâce au vent ponctuel de la Maloja, qui souffle généralement à partir de 11 heures, les navigateur·rice·s et les surfeur·euse·s y trouvent les meilleures conditions. Informations sur : engadin.ch/en/engadinwind

JUIN

DUR, DUR L’IRONMAN

L’Ironman Suisse se déroule à Thoune dans un décor incomparable, entre les Alpes et les eaux immaculées du lac. Cela fait presque oublier à quel point les athlètes doivent se battre dans la discipline reine du triathlon, à savoir 3,86 km de natation, 180,2 km de vélo et 42,195 km de course à pied. Toutes les infos sur : ironman.com

MAI NEXT BEST SUPERSTAR

L’objectif de Red Bull Junior Brothers est de trouver la prochaine superstar du cyclisme sur route : vous avez la possibilité de devenir cycliste pro, d’obtenir un contrat de sponsoring avec Red Bull et de faire partie de l’une des meilleures équipes, BORA - hansgrohe. Infos et inscription : redbull. com/ch-fr/projects/red-bull-junior-brothers

AU 31 JUILLET 7 È ÉDITION DE RED BULL ILLUME IMAGE QUEST

Le plus grand concours de photos de sports d’action met en lumière les photographes qui repoussent leurs limites. Markus Berger a récemment remporté le Red Bull Illume dans la catégorie Playground by WhiteWall. Sa photo montre le wakeboardeur Dominik Hernler dans une grotte de glace. Envoyez vos contributions jusqu’au 31 juillet, avec le tag #rbi23submission, via Instagram : @redbullillume ou sur redbullillume.com

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THE RED BULLETIN 93 MATTMARK HALBMARATHONS, GETTY IMAGES, OLAF PIGNATARO/RED BULL CONTENT POOL, RED BULL ILLUME

seulement à tous ces sobriquets dont on usait pour rabaisser inconsciemment les femmes dans les flms d’antan : bébé, poupée, mon petit… La liste est longue et le cinéma de l’époque en regorgeait. L’ingénue représentait, pour les mâles à l’ego vacillant, le Saint Graal : nul besoin d’être beau ni intelligent, ni même de faire le moindre effort pour conquérir cette proie facile, toujours souriante, toujours encline à rappliquer au moindre claquement de doigts.

Exemple frappant : le flm Certains l’aiment chaud, sorti en 1959 sous la direction de Billy Wilder, avec les savoureux dialogues de son génial scénariste, I. A. L. Diamond – adaptés en français par Raymond Queneau. Certain·e·s ont voulu y voir une parodie acerbe des clichés misogynes, un flm critique qui se moque des hommes en donnant le premier rôle à une petite poule innocente qui incarne tous leurs fantasmes. Ce n’est pas mon avis. Car si le flm est effectivement à hurler de rire, ce n’est pas dans la dérision qu’apporte le personnage de Sugar « Kane » Kowalczyk, écartelée entre son obsession d’épouser un milliardaire et son grand besoin d’amour. Toute la dimension comique du flm est portée par le duo Curtis-Lemmon, qui tentent d’échapper à de dangereux gangsters de Chicago en se travestissant en femmes pour intégrer un orchestre de jazz féminin. Quant à Marilyn, elle interprète de manière magistrale cette blonde écervelée, tiraillée entre l’argent et l’amour, et qui n’arrive même pas à faire le bon choix – c’est-à-dire celui de la sécurité fnancière, évidemment !

L’auteur autrichien Michael Köhlmeier raconte les destins hors du commun de personnages inspirants, dans le respect des faits et de sa liberté d’écrivain.

LA DÉSAXÉE S

Prisonnière de clichés qui rassuraient les hommes, Marilyn Monroe parvint, dans son dernier flm, à s’en affranchir.

Tout le monde adorait la voir jouer ce type de rôles, elle aussi d’ailleurs – du moins au tout début de sa carrière : la ravissante petite idiote, douce et innocente, qui promène son sourire et ses rondeurs généreuses parmi les hommes sans se douter de l’effet qu’elle produit sur eux. Une femme désirable, appétissante et, qui plus est, facile à conquérir : bref, un rêve accessible aux hommes les plus médiocres qui, par facilité, préfèrent se rassurer en séduisant des femmes-enfants, des ingénues puériles et faciles à manipuler, à dominer et à posséder. Qu’on songe

ans surprise, Marilyn Monroe n’a jamais aimé ce flm – bien qu’il lui ait valu le Golden Globe de la meilleure actrice. Elle était convaincue que son rôle de Sugar « Kane », la petite friandise convoitée par les hommes, la cantonnerait défnitivement à jouer de ravissantes idiotes. Devant la somme proposée par Billy Wilder pour l’engager dans son flm – un gage de 100 000 dollars, auxquels s’ajoutait une prime de dix pourcent sur les rentrées du flm – elle avait fni par accepter ce rôle. C’était beaucoup plus que ce que touchaient ses collègues masculins, Tony Curtis et Jack Lemmon, et Marilyn tenait à ce que tout le monde le sache : oui, elle pouvait être aussi dure en affaires que les hommes. À un petit détail près : un homme pouvait et peut encore se permettre d’être ambitieux, vénal et séducteur. Une femme, non. Hors de question pour elle d’utiliser les mêmes codes qui servent à mesurer le prestige de ces messieurs : un compte en banque bien garni et des conquêtes à la pelle. Les actrices qui osaient négocier leurs contrats aussi âprement que les hommes faisaient peur : on voyait en elles des espèces de mantes religieuses « dévoreuses d’hommes », perfdes et calculatrices.

L’honneur de l’homme, c’est le corps de la femme –ce que les producteurs de cinéma, à l’époque, avaient très bien compris. Les comédies hollywoodiennes des années cinquante et soixante montraient aussi où se situait l’honneur des femmes : dans l’ignorance complète de leur sex-appeal, dans le fait de ne pas contrôler leur propre corps et encore moins l’effet qu’il produisait – a fortiori s’il était suffsamment appétissant pour déclencher la convoitise des hommes.

BOULEVARD DES HÉROÏNES
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MICHAEL KÖHLMEIER GINA MÜLLER, CLAUDIA MEITERT GETTY IMAGES (5), SHUTTERSTOCK

De ce cinéma-là, Marilyn fut l’étendard, la fgure de proue ou plus précisément la marionnette. Une position qui la frustra de plus en plus, car le public et le monde du cinéma s’obstinaient à ne pas voir l’intelligence et la fnesse d’esprit de cette femme en lutte contre les injustices de son époque : ne ft-elle pas usage de son nom et de sa notoriété pour imposer la chanteuse Ella Fitzgerald à l’Orpheum Theater de Memphis en 1954, faisant de son amie la première artiste noire à pouvoir chanter dans une salle d’opéra aux États-Unis ? Cette Marilyn qui écrivait des livres pour enfants, qui s’engageait pour les jeunes des quartiers pauvres, qui affchait publiquement son soutien au président démocrate John F. Kennedy…

Le fait qu’elle ait osé apparaître lors de sa soirée d’anniversaire pour lui chanter “Happy Birthday, Mister President” a évidemment fait les choux gras de la presse à scandales. Imaginez le tableau : une liaison entre les deux personnes les plus admirées des ÉtatsUnis : l’une pour son sex-appeal, l’autre pour son charisme – la rencontre improbable de deux idéaux, de deux fantasmes.

Marilyn Monroe s’est retrouvée prisonnière d’un archétype qu’elle avait elle-même contribué à créer et qu’elle avait su porter à son paroxysme. Ce qui avait tant fasciné les scénaristes, les producteurs et les réalisateurs d’Hollywood n’avait rien à voir avec le charme brut d’une Katherine Hepburn, le charisme étrange d’une Bette Davis, la froideur surréelle d’une Marlene Dietrich ou l’animalité sensuelle d’une Jane Russell. Ce qui la distinguait, c’était cette capacité à se rendre accessible à tous, par son sourire et sa candeur, tout en jouant consciemment sur les fantasmes des spectateurs.

Deux ans après avoir tourné Certains l’aiment chaud, Marilyn tenta une nouvelle fois de se défaire de cette image en tournant Les Désaxés de John Huston, un réalisateur qui s’est toujours attaché, dans ses flms, à contrecarrer la représentation dégradante des femmes dans le cinéma de l’époque. Aux côtés de Clark Gable, Montgomery Clift et Eli Wallach, trois hommes qui incarnent dans le flm la force masculine en même temps que la dureté et l’appât du gain, elle oppose un personnage empli de douceur et d’empathie, un symbole d’espoir et d’humanité face à la cruauté du monde.

Le script du flm est l’œuvre d’Arthur Miller : lui et Marilyn étaient mariés depuis cinq ans lorsqu’il lui proposa de lui écrire un rôle sur mesure. Ce fut son cadeau d’adieu : sur le tournage du flm, il ft la connaissance de la photographe Inge Morath et mit fn à sa relation avec Marilyn. Abandonnée, trahie par ces humains qui ne représentaient pour elle que déception et ingratitude, Marilyn se lança pourtant dans un autre projet de flm, bien décidée à prouver à Hollywood sa véritable valeur. Mais elle n’avait plus la force de lutter. Alors commença le cercle infernal des somnifères, des barbituriques et de toutes les autres drogues qui l’aidaient à la maintenir debout. Jusqu’au chant du cygne, cette terrible nuit du 4 août 1962, où l’étoile s’éteignit pour toujours, à l’âge de trente-six ans.

Pour certain·e·s de ses plus proches ami·e·s, Marilyn a été victime de son image – une image dont elle a peu à peu perdu le contrôle et qui a fni par la submerger, puis par l’engloutir. Et si elle a connu, comme ses pairs masculins, la gloire et la fortune, elle n’a jamais pu se débarrasser des rôles qu’elle devait incarner au cinéma. Un fardeau que les acteurs d’Hollywood n’avaient pas à porter : Humphrey Bogart pouvait incarner ce qu’il voulait à l’écran, on ne le confondait pas, dans la vraie vie, avec ses rôles. Marilyn Monroe, elle, est toujours restée, aux yeux du public et des médias, la ravissante petite cruche qui se faisait appeler Sugar « Kane ».

On dit que les vraies stars ne s’éteignent jamais. Que longtemps, très longtemps après leur disparition, elles continuent de briller dans le frmament et de nous faire rêver. Peut-être faut-il justement, pour découvrir qui était la vraie Marilyn Monroe, redescendre quelques instants sur Terre pour aller fouiller les bas-fonds de son enfance…

Norma Jeane Mortensen – ou Norma Jean Baker – est née le 1er juillet 1926. Sa mère Gladys, née Monroe, était une femme malheureuse et instable, qui avait le don de s’attacher à des hommes qui n’étaient pas pour elle.

C’est ce que Marylin raconta plus tard à une journaliste, avant de lui faire promettre de ne pas l’écrire dans son article – promesse qui ne fut pas tenue, évidemment. Marilyn ne connut jamais l’identité de son père biologique, jamais elle ne put apporter de réponse à cette question qui la tourmentait, malgré de multiples tentatives auprès de sa famille et de l’administration. Elle en retira un sentiment d’illégitimité et un complexe d’infériorité qui ne devait plus la quitter.

Sa mère fnit par épouser un certain Goddard, représentant de commerce, qui s’installa dans le foyer familial avec sa propre flle. Plus de place pour la petite Norma Jeane : on la plaça provisoirement dans un orphelinat. Une expérience cauchemardesque pour la fllette. Les choses ne s’améliorèrent pas lorsqu’elle revint vivre avec sa mère et son beau-père, qui commença à loucher d’un peu trop près sur l’adolescente. Finalement, c’est sa grand-tante Ana qui la prit sous son aile : « [Elle] fut la première à me montrer ce que l’amour signifait. » Norma Jeane avait treize ans. Commencer à recevoir un peu d’attention et d’amour à treize ans, c’est tard. Vraiment très tard. Trop tard.

Michael Köhlmeier est considéré comme l’un des meilleurs conteurs du monde germanophone. Dernière parution : La petite fille au dé à coudre, Éd. J. Chambon, 2017.

Mais le petit oiseau blessé a fni par prendre son envol et Norma Jeane est devenue Marilyn. Elle fut découverte par Joseph Schenck, un des patrons de la Twentieth Century Fox. Il a vu en elle la femme capable de tendre à des millions d’hommes un miroir déformant dans lequel ils pourraient s’admirer et se convaincre de leur valeur. C’est ce rôle qu’elle a su tenir comme aucune autre actrice n’avait su le faire avant elle – et qu’aucune autre ne saura le faire après. Devenu trop étroit pour elle, Marilyn a voulu s’en affranchir avec une détermination comme on n’en avait jamais vu à Hollywood. C’est ce qui fait d’elle une véritable héroïne.

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