The Red Bulletin INNOVATOR CF 22/02

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demainversAllonsMEILLEURAVENIRUNPOURIDÉESINNOVATORBYTHEREDBULLETIN02/2022 Idées pour un avenir meilleur Se pluslogervert responsableConsommerSe l’espritnourrirsain En quoi la viande de culture est bonne pour nous, pour le climat et pour les animaux. Comment les tiny houses et les immeubles en bois rendent nos villes plus intelligentes et plus autonomes. autrementBouger defaisantenemmènerontavionsàComment,l’avenir,lesnousvacancesenlepleinsoleil. Comment les start-ups préservent les ressources naturelles tout en rendant les produits meilleurs et moins chers. 02 2022 ÉDITION SUISSE 3,80 CHF

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WORLDTIMER GMT Depuis 1848, OMEGA chronomètre des événements historiques dans le monde entier. La Worldtimer incarne parfaitement cet esprit pionnier avec un cadran qui livre, d’un simple coup d’œil, un affichage précis des fuseaux horaires interna tionaux. Cette montre Co-Axial Master Chronomètre nécessitera moins de ser vices tout au long de sa vie. Certifié par l’Institut Fédéral Suisse de Métrologie (METAS), ce garde-temps garantit le plus haut niveau de précision et de perfor mance, ainsi qu’une résistance aux champs magnétiques jusqu’à 15’000 gauss.

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STOLLEFRANKSANSONE,CATERINAPROPOSTO,DELFEDERICACOUVERTURE:

Bonne lecture ! La Rédaction Pauline Krätzig a pris le train pour s’entretenir avec les deux fondateurs de la start-up suisse Synhelion. À Jülich (Allemagne), où les Suisses produisent du kérosène à partir de l’énergie solaire, ils lui ont ex pliqué comment nous pourrions voler de manière durable dans un avenir pas si lointain. 28

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Crise climatique, guerre, pénurie, etc. Le monde s’écroule. Mais les héro·ïne·s de l’ombre sont innombrables à se donner comme tâche quoti dienne de rendre ce monde meilleur, plus beau et plus sain, à chaque jour qui passe. Leur cou rage, leur sagacité, leur créativité déterminent la manière dont nous vivrons à l’avenir.

delFedericaProposto est une illustratrice, dessinatrice et plasticienne italienne primée qui vit à Rome. Son style, influen cé par le pop art, a déjà orné les pages du Wall Street Journal, du New York Times et du Financial Times. Elle mettra en scène les Jeux olympiques de 2024 à Paris. Et signe notre dessin de COUVERTURE actuelle.

L’APPEL DE DEMAIN

ÉDITORIAL INNOVATOR 3

CONTRIBUTRICES

C’est précisément à eux·elles – les penseur· euse·s, les visionnaires et les créateur·rice·s –que ce numéro est dédié. Et à vous, bien sûr !

Saviez-vous, par exemple, que la technologie actuelle nous permet de transformer nos bâtiments pour qu’ils consomment jusqu’à 90 % d’énergie en moins ? Ou que d’ici 2030, nos besoins en viande pourront être rassasiés sans passer par la case « souffrance animale », ou que nos avions pourront bientôt nous trans porter en faisant le plein de soleil ?

L’avenir appartient à ceux·elles qui y croient.

BMW iX M60, 455 kW (619 ch), 24,5 kWh/100 km, 0 g CO2/km, catégorie de rendement énergétique: A. Prix d’achat au comptant CHF 161 180.–.

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Se loger

PAGE Bouger25 6 INNOVATOR

92 L’innovation au service de la santé Le Health Innovation Hub du CHU de Zurich encou rage les start-ups dans le domaine de la santé.

16 Exemplaire Le célèbre suffisant(Autriche)gastronomiquerestaurantSteirereckdevientautoenénergie.

20 À la machine ! En Australie, des vanslaveries mobiles ras semblent les sans-abris.

PERSPECTIVES

94 Barre énergétique Le biohackeur Andreas Breitfeld nous montre comment booster une session d’entraînement.

Économie circulaire Comment l’inventivité humaine permet de sauver le monde de manière simple et participative.

95 Agenda Du Swiss Innovation Fo rum aux ArtTech Spaces immersifs, les rendezvous à ne pas manquer.

Du neuf avec du vieux Des achats plus durables et les plate formes qui leur sont dédiées, le trio qui fait des pompes à base de CO² et les préférences des Suisse·sse·s en matière de seconde main.

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PAGE Consommer43

À bas la souffrance animale

Les meilleures alternatives à la viande et les nouvelles technolo gies alimentaires les plus promet teuses. Plus : des pistes de réflexion pour une alimentation plus éco-responsable.

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22 Liège de luxe Afin de renoncer au cuir, Volvo a développé son propre matériau.

96 Conseils d’insider Philipp tivesparticulièremententreprisesraconteWestermeyerpourquoilesdevrontêtrecréaàl’avenir.

Les innovations quant aux toits audessus de nos têtes ne manquent pas : bosser dans un bureau partagé durable, ou en pleine nature, vivre dans une tiny house, ou dans des bâtiments conçus à partir de matériaux recyclés, etc. 61

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DOSSIER SPÉCIAL

Le soleil pour carburant Voler à l’énergie solaire sera bientôt une réalité, tout comme prendre un abonnement à un camping-car ou une voiture, sans oublier de calculer son empreinte carbone pour la bonne cause.

12 Green-searching Le moteur de recherche écologique Ecosia a déjà planté des millions d’arbres. 14 Amie du climat D’ici 2030, Polestar veut construire une voiture entièrement neutre pour le climat.

PROPOSTODELFEDERICA

BULLEVARDCONTENUS

Se nourrir Petites mais costaudes

18 Attrape-soleil Swimsol fait flotter des installations solaires aux Maldives.

Audi RS e-tron GT, 598 ch, 24,2 kWh/100 km, 0 g CO₂/km, Cat. AFuture is an L’avenirattitudesous sa plus belle forme. L’Audi RS e-tron GT entièrement électrique.

Le futur dépend-il de nos actions et de nos choix ? Quel sera notre héritage ? Comment souhaitonsnous construire un environnement sain pour s’inscrire dans un bien ensemble ? Un podcast made by THE RED BULLETIN. Le jour où tout a commencé Ma première fois À travers le récit des premières expériences des personnalités que nous admirons, qu’elles soient athlètes, artistes, productrices ou autres, ce podcast, en collaboration avec TRAX, revient sur les moments clés qui ont dessiné leurs carrières.

Découvrez tout l’ensemble de nos contenus digitaux sur THE RED BULLETIN INNOVATOR et nos contenus vidéos exclusifs sur INNOVATOR TV.

VIDÉOS Zèta

Brainboost Muscler son cerveau La société Brainboost, basée à Munich, propose un entraînement de l’esprit. Grâce au neurofeedback, l’activité cérébrale est stimulée de manière ludique.

Les raisons du succès Laure Babin explique l’histoire de sa marque de baskets faites à partir de plastique recyclé et des déchets issus de la production de vin.

8 INNOVATOR INNOVATOR BERNARDCALIXTE

MMOS

Aujour’hui Demain

PODCASTSCODE FUTUR

La parrecherchelejeu MMOS est une entre prise suisse qui relie la recherche scientifique et les jeux vidéo en une expérience de gaming unique.

Game Changers

Digimoji #05, enrouleur de câble digitec.ch

QUELLESCHOISIRAIIILES?

BULLEVARD

pour meilleurmondeun INNOVATOR INNOVATOR 11 IMAGESGETTY

Bullevard

« La neutralité climatique a atteint ses limites : dans la situation actuelle, chaque organisation doit contribuer au maximum si l’on veut sauver la planète. » Ce qui l’a incité à investir l’intégralité des bénéfices d’Ecosia dans l’une des meilleures solutions

face au changement clima tique : les arbres. Ils absorbent le carbone, équilibrent les ressources en eau et génèrent des revenus pour des commu nautés entières. Pourtant, la déforestation ne cesse d'augmenter : treize millions d’hectares de forêts dispa raissent chaque année dans le monde.

Un monde meilleur en quelques clics ? C’est possible ! Petite visite guidée d’Ecosia, le moteur de recherche écolo qui plante des arbres avec ses bénéfices.

C’est le géant Google qui a poussé Christian Kroll, Allemand de 38 ans, à déve lopper son propre moteur de recherche. Étudiant, il administrait un site compara tif de courtiers en ligne.

« Ça me rapportait pas mal, se souvient-il, mais c’est Google qui raflait la mise, parce qu’il fallait payer la publicité. » Réalisant l’im mense potentiel économique des moteurs de recherche, Kroll décide de fonder Ecosia. Place à l’action Au-delà des profits, c’est la préservation de notre planète qui le préoccupe avant tout.

INTERNET écoloversionGoogle1 12 INNOVATOR STOCKADOBEMCMILLAN,THOMASSHANE MITTERERJOHANNES

Ecosia travaille avec des partenaires du monde entier, ce qui a permis de planter des arbres dans 13 000 en droits différents.

Vie privée respectée Mais les différences avec Google ne s’arrêtent pas là : Ecosia ne collecte pas de données sur ses utilisateur· rice·s ; les entreprises qui brûlent beaucoup de matières premières fossiles sont mar quées d’une icône représen tant une centrale à charbon, celles qui respectent l’envi ronnement sont gratifiées d’une feuille verte. « Ce sont les moteurs de recherche qui déterminent qui est digne d’attention, ils sont à la base de nombreuses décisions », poursuit Kroll. Et si, grâce à Ecosia, ces décisions per mettent de sauver le climat, tout le monde en sort gagnant. ecosia.org C’est en 2009 que Christian Kroll a fondé Ecosia, contraction des mots « eco » et « utopia ».

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Recherche verte Voici comment fonctionne Ecosia : l’utilisateur·rice saisit une question dans la fenêtre prévue à cet effet, puis les résultats et la publicité sont fournis par Bing, moteur de recherche de Microsoft. « Cela m’aurait coûté une fortune de développer mon propre algorithme », explique Kroll. Quand on clique sur une pub, Microsoft reçoit de l’argent qu’il reverse en grande partie à Ecosia, qui reverse à son tour 80 % de ses bénéfices à des projets de plantation d’arbres dans le monde entier, procédé qui a permis de planter 153 millions d’arbres jusqu’à présent. Le reste des recettes va aux énergies renouvelables.

Les projets que soutient Ecosia se déploient dans 35 pays. Plus de 900 espèces d’arbres diffé rentes sont ainsi cultivées. Ecosia est l’un des moteurs de recherche les plus employés d’Allemagne et l’un des plus discrets : il ne collecte aucune donnée sur ses utilisateur·rice·s. CONSEIL DE LA RÉDACTION Planter un arbre, c’est facile, les graines ne coûtent pas cher dans le commerce. Les plus impatient·e·s peuvent acheter directement un arbre, et si le terrain leur manque, il suffit d’un don de quelques euros via une appli pour planter un arbre.

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Thomas Ingenlath, CEO de l’entreprise, consi dère que « le chemin vers une économie verte passe par les usager·ère·s. Ils et elles ont besoin de données réelles pour pouvoir prendre des décisions éthiques en toute connaissance de cause. » C’est la même logique qui pousse l’entreprise à viser la barre des 1,5 degrés plutôt que celle des 2 degrés (les politiques climatiques inter nationales se sont fixées pour enjeu de limiter le Roadster électrique Polestar 0² : une voiture de sport électrique qui allie qualité, élégance et durabilité sans rien sacrifier du plaisir de la conduite.

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La marque automobile sué doise Polestar s’est clairement positionnée en faveur de la solution et ne vise rien de moins que les 100 %, que ce soit en termes de neutralité carbone ou de transparence. Voilà pourquoi sa première mesure a été de ne pas publier de rapports de durabilité qui enjolivent la réalité pour donner bonne conscience aux client·e·s.

Le châssis de l’0² est fabriqué à partir de différents types d’aluminium. Les matériaux sont marqués de manière à pouvoir être recyclés plus efficacement.

L es entreprises ne jurent actuellement plus que par la durabilité, à tel point que l’on observe une curieuse compé tition pour déterminer quelle est la société la plus écolo gique.

Des valeurs d’émission de carbone pour motiver l’achat Pour fournir des données claires aux consommateur· rice·s, la transparence totale est de mise concernant les émissions de CO² et l’utilisa tion de matériaux à risque tels que le cobalt ou le lithium. Polestar indique les valeurs de la Polestar 2 via une analyse du cycle de vie et en fera de même pour tous les autres modèles de sa gamme.

2 14 INNOVATOR SCHREYERSIMON

Le constructeur automobile suédois Polestar prévoit la mise sur le marché d’un véhicule climatiquement neutre à 100 % d’ici 2030, de la planification à la livraison.

Un contexte qui a lar gement favorisé l’apparition du greenwashing (ces grandes entreprises qui se blan chissent grâce à des solutions soi-disant « vertes » qui sont en fait tout sauf écologiques) : le problème vient du change ment climatique et de la pol lution. Or, personne ne veut faire partie du problème.

VOITURE montanteL’étoile de la durabilité

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Markus Wolf, PDG de Weisse Arena Gruppe : « Le potentiel d’économie en matière d’énergie dans la transition électrique de la mobilité est considérable. Les véhicules électriques éco nomisent environ 60 % d’éner gie aux 100 km par rapport aux véhicules ordinaires. De plus, ils se laissent recharger avec l’électricité solaire excédentaire emmaga sinée par les bâtiments de cette région enclavée dans les montagnes. » réchauffement de la planète à moins de 2 °C d’ici 2100). Disparition totale du carbone d’ici 2030 Au lieu de payer pour la com pensation carbone, Polestar se concentre sur une réduc tion maximale de ses émis sions. « Développer un véhi cule climatiquement neutre ou cradle to gate, autrement dit de la planification à la livraison, est un défi gigan tesque mais passionnant, explique Sascha Heiniger, Directeur géneral de Polestar Suisse. Le but est d’éliminer les émissions de CO² tout au long de la chaîne d’approvi sionnement d’ici 2030, ce qui implique également la neutralité carbone de nos fournisseur·euse·s. » polestar.com

L’habitacle de l’0² est égale ment fabriqué à partir d’un mono-matériau thermoplas tique largement recyclable. weissearena.com

Polestar aide le groupe Weisse Arena à exploiter au maximum l’éco nomie d’énergie liée à la mobilité.

L’absence de borne de chargement à domicile ou sur son lieu de travail n’empêche pas l’acquisition d’une voiture électrique : on trouve actuel lement plus de 2 000 bornes de recharge publiques en Suisse. Laax

LAAX POLESTAR+ Partenaire premium de Polestar, le Weisse Arena Gruppe de Laax frappe lui aussi un grand coup sur la table pour prouver que la Suisse n’est pas en reste en matière de durabilité. Objectif ? Faire de Laax la première station de ski auto suffisante au monde en cou vrant la totalité de ses besoins grâce une énergie régionale et 100 % renouvelable. Depuis l’hiver dernier, l’ensemble des services de navettes et des véhicules de livraisons seront électriques.

CONSEIL DE LA RÉDACTION

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Bullevard 16 INNOVATOR

Ce projet d’autosuffisance énergétique porte le doux nom d’Energy²POG (mis au point par Siemens, TBH Inge nieur GmbH et AEE INTEC) et a le potentiel de transfor mer non seulement la gastro nomie et l’hôtellerie, mais aussi des villages et des villes entières. Dans le cas de Steire reck am Pogusch, il s’est agi de constituer un réseau énergétique hybride basé sur l’interaction optimale des sys tèmes d’énergies enouvelables déjà disponibles sur place, en les combinant avec des ins tallations d’approvisionne ment existantes (installation de broyage des copeaux de bois, installation solaire ther mique et installation photo voltaïque), en adéquation avec la biomasse du lieu. Le Steirereck peut couvrir la quasi-totalité de ses besoins en électricité avec de l’énergie renouvelable produite sur place car celle-ci est redistri

N iché à plus de 1 000 m d’altitude au creux d’un col alpin, le Steirereck am Pogusch est unique en son genre. Le restaurant, l’un des meilleurs d’Autriche après le Steirereck de Vienne, luimême à la treizième place du ranking de The World’s Best 50, est transparent sur l’origine de ses produits : ils proviennent de la serre de l’établissement. En cir cuit court donc. Les clients peuvent y passer la nuit, et profiter d’une vue imprenable sur la vallée. Bientôt, l’établis sement fonctionnera aussi en autonomie complète.

ENERGY²POG àexempleUnsuivre

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Le meilleur restaurant d’Autriche, le Steirereck, mise aujourd’hui sur un concept énergétique auto-suffisant pour sa succursale à la campagne. L’idée est aussi simple que brillante.

Grâce à son réseau énergétique hybride, l’hôtel-restaurant Steirereck am Poguschl’auto-suffisance.ambitionne

REITBAUERHEINZ

MARIJA-MKANIZAJSTUKHARD,CATHRINE HOGGERMARTIN

Les client·e ·s peuvent passer la nuit dans l’une des dix cabines nichées dans la serre du Steirereck… … laquelle abrite les planta tions cultivées par le restau rant qui sont ensuite utili sées en cuisine. Produits locaux et durabilité assurés.

LE CONSEIL DE LA RÉDACTION Pour participer locale ment à une action antigaspi, l’appli Too Good To Go permet de partager les surplus de nourriture.

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buée efficacement. Georg Wusser, 36 ans, chef de projet chez Siemens, l’explique ainsi : « Nous déplaçons l’énergie entre les bâtiments, et unique ment là où elle est vraiment nécessaire. » Cela se joue déjà à petite échelle. Après avoir utilisé le four par exemple, la chaleur résiduelle qui s’en échappe est récupérée dans l’accumulateur de chaleur. Le phare de la durabilité Mais pour espérer un rayonne ment international et faire office de modèle pour l’avenir, il faut que ce projet s’étende au-delà des frontières de la Styrie. Divers·es acteur·rice·s de la scène politique interna tionale, de l’économie et de la science ont été invité·e·s à se familiariser avec l’endroit et ont pu se pencher sur les statistiques résultant de l’ex ploitation courante de l’éta blissement·. La consommation d’énergie représente entre quatre et six pour cent des coûts totaux des hôtels et des restaurants, et le secteur du bâtiment est responsable de plus d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre. Le potentiel est donc immense. Le projet Energy²POG montre comment cela peut se faire : avec un standard énergétique très bas, un approvisionnement ther mique et électrique à partir de sources d’énergie renouve lables ainsi qu’une culture durable de plantes dans des serres intégrées aux bâti ments pour

L’avenirdesmaisPoguschEnergy²POGsancealimentaire.l’autosuffisanceLesystèmed’autosuffiénergétiqueinnovantduSteirereckamresteunprojetpharepourraitêtreréalisédanscontextesbienpluslarges.nousledira! steirereck.at

L’Autrichien a été désigné « Cuisinier de la décennie » par Gault & Millau en 2016. Ses restaurants font sensation tant sur le plan culinaire que par infrastructure.leur

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Une start-up autrichienne fabrique les premières centrales photo voltaïques en mer. Une solution prometteuse et durable pour les petites îles des régions tropicales.

ÉNERGIE SOLAIRE Un d’avancerayon SOLARSEA C’est le nom des panneaux solaires flottants de la start-up Swimsol. Ils résistent au sel, au vent et aux aléas de la météo.

L es Maldives – ce paradis perdu au milieu de l’océan Indien – comptent plus de 500 000 résident·e·s perma nent·e·s et autant de touristes qui s’y ruent chaque année pour profiter de ses eaux cris tallines et de ses 2 700 heures annuelles d’ensoleillement. À titre de comparaison, la Suisse en comptabilise environ 1 630. Un soleil omni présent mais dont l’énergie est largement inexploitée : les 1 196 îles de l’archipel sont encore en grande partie dépendantes, pour leur pro duction d’électricité, du die sel qui alimente des groupes électrogènes polluants et inefficaces. Un seul hôtel aux Maldives consomme jusqu’à deux millions de litres de fioul par an, et l’archipel consacre encore 25 % de son PIB à l’importation de carburant. Manque de place Pourtant, les conditions pour y développer le photo voltaïque sont idéales, car le soleil y brille en moyenne neuf heures par jour. Seul (gros) bémol : le manque de place. La plupart des îles ayant une superficie ne dépas sant pas le kilomètre carré, certaines sont carrément surpeuplées. Un problème majeur qui constituait jusqu’à présent le principal obstacle au développement du solaire. Pourquoi ne pas, dans ce cas-là, installer les panneaux solaires au large des côtes, là où cela ne gênerait ni les habitant·e·s, ni les touristes, ni les récifs coralliens ? C’est l’idée qu’ont eue deux Autri chiens, Martin et Wolfgang Putschek, lors d’un séjour aux Maldives en 2009. Le projet Swimsol était né. Quatre ans de recherches intensives en partenariat avec l’Université Technique de Vienne et l’ins titut allemand Fraunhofer ont ensuite été nécessaires pour mettre au point les premières centrales photovoltaïques

l’océand’ensoleillement700 heuresparan,lesarchipelsdeIndiendépendentpresqueentièrementdesénergiesfossiles.Résistantesetdurables:lesinstallationsSolarSeasontconçuespourrésisteraumoinstrenteansauxcourantsmarinsetauxeauxsalines.LescapteurssolairesRoofSolarontuneétanchéitéquiconvientparfaitementauxconditionstropicales.

LEswimsol.comCONSEIL

DE LA RÉDACTION

auUnglobalsolaratlas.info!patchworkmilieudesatolls : la dulesenestphotovoltaïquerévolutiondésormaismarchedanspetitesîlesglobe.

Le portail Global Solar Atlas permet de connaître le potentiel de chaque région du monde en énergie solaire. Utile et passionnant

WOLFBENJAMINSWIMSOL.COM

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marines, capables de résis ter à la corrosion des eaux salines, aux courants, aux marées, aux tempêtes… et à l’usure du temps, puisque les installations sont conçues pour durer trente ans. La start-up autrichienne est la première à réussir cet exploit, en lançant sur le marché en 2014 son pro duit, SolarSea, la première centrale photovoltaïque au monde capable de flotter en mer sur des structures ultra résistantes. Dans cette même perspective d’adapter l’énergie solaire aux îles, Swimsol a ensuite développé RoofSolar, un système de capteurs solaires à poser sur les toits qui résiste aux rudes conditions météorologiques des pays tropicaux. Avec plus de cinquante employé·e·s et plusieurs projets déjà concrétisés aux îles Maldives, l’entreprise alpine est deve nue le leader mondial des centrales solaires offshore.

« Notre objectif est de mettre fin à la dépendance des Mal dives aux énergies fossiles », explique Vaidotas Kirsys, biologiste marin qui travaille depuis sept ans pour Swim sol. Un projet qui, selon lui, permettrait non seulement de combattre le réchauffement climatique, mais aussi de ne plus dépendre des extrêmes variations de prix des car burants – qui peuvent avoir de lourdes conséquences sur la vie et l’économie de l’archipel.Fortede cette première expérience positive, Swimsol souhaite désormais étendre son concept aux mégapoles du sud-est asiatique – soit partout, où l’espace est aussi restreint que la consomma tion d’énergie est importante.

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Deux Australiens ont eu l’idée de créer un service de laverie itinérant pour les sans-abris. Voici l’aventure d’Orange Sky, une start-up sociale qui lessive bien plus que du linge. SOCIAUX à 5machinela

ENTREPRENEURS

Créée en 2014 par deux amis âgés d’à peine 20 ans, Nicholas Marchesi et Lucas Patchett, cette start-up aus tralienne est née d’un concept simplissime : partir à la ren contre des sans-abris à bord de fourgons équipés de lavelinges, de séchoirs et de douches. Ces services propo sés aux personnes vivant dans la rue sont gratuits puisque financés intégralement par des dons : « Au début, quand on est partis faire la tournée des parcs à bord de notre pre mier van, avec deux vieilles 2 000 tonnes de linge propre, 20 000 douches chaudes et environ 330 000 heures de conversation : un bilan positif pour toute la communauté.

D ans sa pyramide des besoins fondamentaux de l’Homme, Maslow établissait ce dont les êtres humains avaient absolument besoin pour s’intégrer pleinement dans une société. Selon lui, on a d’abord des besoins primaires, comme se sentir en sécurité, avoir un toit au-dessus de la tête, de quoi manger et se vêtir, être en bonne santé. Puis viennent les besoins émotionnels, comme l’amour, le sentiment d’appartenance, l’estime et la reconnaissance des autres, la réalisation de soi, l’indé pendance… C’est cette idée des besoins multiples qui a inspiré le projet Orange Sky, le premier service de laverie itinérant pour sans-abris. Un service gratuit qui offre bien plus que du linge propre et sec : on se retrouve autour des petites camionnettes orange de l’association pour discuter, créer du lien social et reprendre pied dans la communauté. Parce que ça met du baume à l’âme.

Nic Marchesi et Lucas Patchett, deux amis australiens, ont lancé leur première tournée de lessives gratuites en 2014, à bord de leur fourgon.

Un moment d’échange privilégié avec les bénévoles de tempsOrangel’associationSky,led’unelessiveoud’unedouche.

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L’âme

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Il faut compter deux à cinq semaines pour transfor mer un van en laverie iti nérante. Ce sont 40 kg/h de linge lavé et séché.

Orange Sky gère une flotte de 33 fourgons de laverie mobiles et de douches qui sillonnent l’Australie et la Nouvelle-Zélande. machines à laver installées à l’arrière, on nous a pris pour des fous, se souvient Marchesi. Mais nous avions le sentiment que cette idée avait le potentiel pour aider réellement les gens. »

« Il ne s’agit pas pour nous de prêcher quoi que ce soit, de jouer les moralisateur·rice·s ni les psychologues, mais uniquement de créer du lien, explique Marchesi. On parle de la pluie et du beau temps, ou de ce qu’on a fait le weekend dernier. Prochaine» étape pour l’association ? « Nous consom mons encore trop d’énergie pour sécher le linge, on essaie donc en ce moment de déve lopper des sèche-linges qui soient plus respectueux de l’environnement et aussi plus solides. » Au final, Orange Sky poursuit son idée de départ : rendre le monde plus propre et la vie sur Terre plus belle. orangesky.org.au À l’écoute : les 2 nisanslaaimentde000 bénévolesl’associationengagerconversation,jugementpréjugé.

LE CONSEIL DE LA RÉDACTION Dans la plupart des grandes villes euro péennes, on trouve désormais des visites de ville proposées par des personnes sans domicile fixe, qui invitent ainsi à découvrir l’envers du décor et la réalité de leur existence.

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Bien plus que du linge propre Huit ans après, Orange Sky peut compter sur plus de 2 000 bénévoles dans toute l’Australie et la NouvelleZélande, presque autant de tonnes de linge lavé et 20 000 douches chaudes. En plus de laver les vêtements et les corps, l’association s’attaque aussi aux préjugés tenaces, puisque le temps passé à attendre sur les petites chaises orange mises à disposition constitue aussi un moment de rencontre. Au total, ce sont plus de 330 000 heures de conver sation qui sont nées autour des guillerets fourgons. Des échanges qui permettent par fois de détecter une véritable détresse, mais qui sont, le plus souvent, l’occasion de bavarder de tout et de rien.

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Bullevard Volvo poursuit sa route vers la neu tralité carbone en privilégiant, pour ses modèles électriques, des maté riaux durables – dont le Nordico, une exclusivité de la marque suédoise.

C’est dans la Volvo Concept Recharge que le nouveau matériau Nordico a été dé voilé pour la première fois. DU LIÈGE SUR LES SIÈGES Le Nordico, conçu spé cialement pour les habi tacles Volvo, est un mé lange de fibres recyclées (issues de bouteilles PET et de bouchons de liège) et bio -sourcées (provenant de forêts durables), avec une empreinte carbone de 74 % inférieure au cuir.

MOBILITÉ La scandinavefibre

SCHREYERSIMONIMAGESGETTYVOLVO,

L es modèles Volvo étaient jusqu’à présent appréciés pour leurs luxueux intérieurs en cuir et autres matières certes nobles, mais à l’impact envi ronnemental discutable. Volvo a abordé le virage vers la neu tralité carbone avec des choix de matériaux innovants : « En tant que constructeur auto tourné vers l’avenir, nous devons améliorer notre impact environnemental à tous les niveaux, pas simplement à la sortie du pot d’échappement, explique Stuart Templar, res ponsable Environnement & Durabilité pour la marque sué doise. Cette démarche inclut une chaîne d’approvisionne ment plus responsable et plus respectueuse du bien-être ani mal, d’où le refus d’utiliser du cuir pour nos modèles élec triques. » C’est dans cette pers pective de durabilité que Volvo a développé un nouveau maté riau, le Nordico, comme alter native au cuir. Un textile créé à partir de matériaux recyclés (bouchons de liège et bou teilles PET) et biosourcés (issus de forêts durables en Suède et en Finlande), qui pos sède une empreinte carbone intéressante. Elle est bien moins importante que celle des autres textiles classiques (2,4 kg de CO²/m²), inférieure de 74 % à celle du cuir et de 27 % à celle d’autres matières synthétiques issues des éner gies fossiles. Un flair suédois Les modèles électriques de la marque scandinave font la part belle aux matières simples et naturelles : pour remplacer le plastique dans l’habitable, pour les pare-

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Excellente alternative au cuir, le liège est de plus en plus apprécié dans le secteur de la mode pour sa résis tance… et sa durabilité, puisque l’on se contente d’utiliser l’écorce sans endommager le tronc du Volvochêne-liège.s’engage sur la voie de la durabilité en réduisant son empreinte carbone – à tous les niveaux, pas seulement à la sortie du pot d’échappement.

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chocs et les revêtements de seuil, on mise ainsi sur un matériau composite en lin, développé par Volvo en col laboration avec l’entreprise Suisse Bcomp. À l’intérieur, on trouve de la laine suédoise et du Tencel. Des choix qui répondent à l’objectif que le géant de l’auto s’est fxé pour 2030 : devenir climatiquement neutre, en ne produisant plus que des voitures électriques et en réduisant de 80 % l’em preinte carbone totale de ses véhicules. Premier concept qui illustre cet ambitieux projet, la Volvo C40 Recharge intègre toutes ces nouveautés : « Nous savons quel est l’objectif, et la première étape est d’utiliser des matériaux plus durables, plus naturels et issus du recyclage, précise Robin Page, responsable design chez Volvo. Le prochain déf sera d’étendre leur utilisation aux autres pièces du véhicule, soit pour les rendre plus solides, soit pour les réintégrer dans l’économie circulaire ou pour les recycler. » volvocars.com Robin Page, respon sable Design chez Volvo : « Nous savons quel est notre objectif, et la première étape est d’utiliser des matériaux plus durables, plus naturels et issus du recyclage. »

L’ÉCLAIRAGE DE LA RÉDACTION

Le volant de la Volvo Concept Recharge est recouvert de Nordico qui remplace le cuir. Volvo s’ouvre aux ma tières naturelles à faible coût environnemental : cellulose, liège, lin et laine durable.

Main-Partner Schweizerische Eidgenossenschaft C onfédération suisse C onfederazione Svizzera C onfederaziun svizra Innosuisse Agence suisse pour l’encouragement de l’innovation DOSE INSPIRATIONOF Développer de nouvelles visions et idées avec des esprits créatifs. Le 23 novembre 2022 à Bâle. Participes-y toi aussi!S’inscrire maintenant WWW.SWISS-INNOVATION.COM

INNOVATOR Notre besoin de vagabonder aux quatre coins du globe est aussi prégnant que celui d’apporter du réconfort à notre belle planète bleue. Florilège d’idées en devenir. Bouger PAGE 28 En classe écolo direction le soleil ! Vous rechargez vos batteries, et l’avion qui vous y emmène aussi. PAGE 36 Lounge ou station-service ? Recharger sa voiture élec trique ici, c’est aussi un moment pour se poser. PAGE 40 Si l’aventure sans engage ment vous appelle, essayez donc un van en formule d’abonnement. PAGE 41 5 conseils pour affûter son esprit même (surtout !) lorsqu’il s’agit de prendre des congés. PAGE 38 S’abonner au lieu d’ache ter : voici comment rouler moins en voiture, sans y renoncer complètement ! PAGE 39 Calculez votre empreinte carbone, engagez-vous dans la lutte contre le ré chauffement climatique. PROPOSTODELFEDERICA

trottoirs. Des chiffres parlants 26 INNOVATOR

2019. DES LAFONTL’UEDISESMARCHANPORTSTRANSDEDANSSEPARROUTE. Conséquence : un tiers des camions traverse l’Europe à vide. 75 % 290:1 Une voiture prend en moyenne 290 fois plus de place qu’un piéton en ville.* * Cela inclut les parkings,

consommation d’énergie

continuent de gagner du terrain. Une

rues,

transporte aujourd’hui trois fois

25 % des émissions de CO² dans le monde. ¹⁄³ DE PORTSAUXESTPAROCCUPÉESURFACELAL’HOMMEDÉDIÉETRANS: routes, portsparkings,ponts,gares,etaéroports. 65

garages

secteur des transports

BOUGER— cargo plus de que toute la fotte anglaise et les véhicules électriques nécessité, le est la et de % de tous les citoyen· ne·s européen·ne·s ont entrepris au moins un voyage privé en les les et les

Voyager en train génère trois envoyagerCOmoinsfoisde²queavion.

du XVIe siècle,

car

Un seul

marchandises

responsable de 36 % de

MILLIONS TOURISTESDE

1,5 MILLION DE BARILS

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LE CARGOSDESRÈGNEGRANDS

En 1582, la KongLede68 000transportait16comptaitmarchandemarineanglaiseprèsde000 marinsettonnesmarchandises.OOCLHong,uncargosortideschantiersen2017,peuttransporter200000 tonnesdebiens–avecuneéquipedeseulement22 personnes.

Pour le budget carbone d’un vol aller simple Zurich-Londres, on peut voyager en train dans les 25 pays européens, pendant tout l’été. 2,16 Un vélo a besoin de 10 fois moins de place en ville qu’une voiture. Et les passager· ère · s des transports en commun occupent 100 fois moins d’espace que les automobilistes. 1 sur 2 160 000 1 sur 2 160 000

C’est la quantité de pétrole que per mettent d’économiser les véhicules électriques chaque jour dans le monde –soit six fois ce que consomme la Suisse chaque jour en pétrole. On compte désormais 17,4 millions de voitures électriques sur Terre, avec, pour la seule année 2021, 6,6 millions de nouvelles immatriculations – dont 50 % en Chine et 35 % en Europe.

INNOVATOR 27

Le tourisme représente 10 % des émissions mon diales de gaz à effet de serre. Après une courte pause, pandémie oblige, les chiffres reprennent l’ascenseur : en juin 2022, plus de 2,16 millions de pas sager·ère·s ont transité par l’aéroport de Zurich ; moins que les 3 millions de per sonnes en juin 2019, mais la tendance est à la hausse.

CARBURANT soleildeleFaitesplein! TEXTE Pauline Luisa Krätzig Bouger Le soleil d’Espagne et l’inventivité suisse peuvent-ils sauver le climat ? La start-up zurichoise Synhelion en est convaincue. Avec du kérosène produit à partir de l’énergie solaire. 28 INNOVATOR LTDLINESAIRINTERNATIONALSWISS

Un Airbus A220 de Swiss : à partir de 2023, cette compagnie sera la première au monde à voler avec du kérosène solaire produit par Synhelion.

INNOVATOR 29

E

Bouger 30 HEIDUKMANFRED

En 1974, James Bond a appris à la pla nète qu’en plus des bombes atomiques et des femmes, le soleil pouvait aussi être une arme puissante. Le flm L’homme au pistolet d’or présentait une nouvelle technologie: la produc tion d’électricité à partir de l’énergie solaire. En concentrant la lumière du soleil au moyen de miroirs, l’Agitateur Sol-X devenait une super arme mor telle fonctionnant à peu près comme une loupe grille les fourmis. Méchant, maisLeeffcace.scénario du neuvième volet de 007 a été écrit à l’époque de la crise pétrolière alors que le développement de sources d’énergie alternatives, si possible autonomes, prenait son envol. Au même moment, les pre miers scientifques mettaient en garde contre les émissions, même si l’on ne savait pas encore avec certitude dans quelle direction la situation allait se dégrader: réchauffement global ou refroidissement. Le flm a connu un échec retentissant, le New York Times lui reprochant un « manque fonda mental d’intelligence ». Toute une erreur de jugement: par pur hasard, ce flm anticipait une technologie qui pourrait maintenant, presque cinquante ans plus tard, contribuer à la lutte contre le chan gement climatique. La start-up suisse Synhelion utilise la force concentrée du soleil pour produire des carburants synthétiques durables et ce, dans un but purement pacifque. Faites le plein de soleil, version pour les plus avancés. D’abord saxophoniste de jazz, puis physicien: le cofondateur et PDG de Synhelion, Gianluca Ambrosetti, dans la tour solaire à Jülich. Comme son collègue, il se consacre à la sauvegarde du climat: le cofondateur et PDG de Synhelion, Philipp Furler, lors de notre visite sur le site de Jülich.

Les avions consomment entre 3 et 8 litres aux 100 kilomètres par passager· ère, ce qui correspond environ à la consommation d’une voiture. Toutefois, les distances parcourues en avion sont généralement plus grandes.

Le carburant de Synhelion est développé et testé à moyenne échelle sur le site d’essai IMDEA Energy de Móstoles, près de Madrid. Le champ de miroirs y couvre 1 000 m².

INNOVATOR 31 SYNHELION

Charbon et soleil Gianluca Ambrosetti et Philipp Furler font la preuve que l’enfance peut être formatrice. Les fondateurs et PDG de Synhelion ont grandi, impressionnés par 007 et sous l’infuence de la crise énergétique. « Quand j’étais petit, on disait déjà que la combustion, c’est sale », raconte Ambrosetti qui, comme Furler, s’est engagé à sauver le climat. Nous les rencontrons à la périphérie de Jülich (Allemagne), sur le site d’une centrale électrique solaire désaffectée. C’est ici qu’ils sont en train d’aménager la première installation industrielle de produc tion de carburant solaire au monde. Ce lieu, dans la région de la Ruhr, situé entre des centrales à charbon fumantes et des éoliennes à l’arrêt, illustre trop bien la politique clima tique actuelle: bien que le passage des énergies fossiles aux énergies renou velables soit l’un des défs mondiaux les plus urgents, sa mise en œuvre jusqu’à présent donne l’impression que l’accord de Paris s’est consumé de lui-même dans la chaleur ambiante. Certes, la part de l’énergie éolienne et solaire dans l’approvision nement électrique mondial a dépassé pour la première fois les dix pour cent en 2021, détrônant ainsi l’énergie nucléaire. En revanche, nous brûlons à nouveau davantage de charbon. Et alors qu’il existe des alternatives res pectueuses du climat pour l’électricité, le chauffage, l’industrie et le transport routier, la seule chose qui change dans le transport aérien, c’est qu’à l’avenir nous volerons plus plutôt que moins. Vols, vacances et nostalgie D’ici 2040, le nombre de passagers à travers le monde doublera. Or, prendre l’avion est le moyen de transport le plus dommageable pour l’environnement. Un vol aller-retour entre l’Allemagne et Ténériffe produit autant de pollution qu’une année de conduite automobile (environ 14 000 km). Vendredi à la manif pour l’environnement, samedi dans l’avion vers les vacances. Pas génial.

Mais humain: il est dur d’y renon cer maintenant que les vacances et l’envie d’aller au loin se pointent à l’horizon, après deux années pendant lesquelles le ciel nous est tombé sur la tête. Synhelion veut faire en sorte qu’à l’avenir, nous puissions tou·te·s prendre l’avion en toute sérénité, sans mauvaise conscience. Les Suisses sont venus de Zurich par la voie des airs et ne ressentent aucune honte. « Nous savons que nous sommes en train de faire quelque chose pour voler plus effcacement et donc plus durable ment », explique Furler. Mais qu’estce que cela signife exactement ? Lumière solaire liquide Du soleil et de l’air, c’est tout. C’est à partir de cela que Synhelion produit du carburant. Ce qui ressemble à un mélange d’alchimie et d’utopie s’ap pelle sun-to-liquid et le procédé fonc tionne réellement: en 2019, l’École polytechnique fédérale de Zurich (ETH) a réussi pour la première fois à produire du carburant liquide, appelé carburant durable d’aviation (acronyme anglais: SAF), à partir d’air et de lumière solaire dans une miniraffnerie. Furler était alors doctorant dans l’équipe de recherche dirigée par Aldo Steinfeld, professeur en énergies renouvelables. Avec Ambrosetti et à partir de ce projet pilote, il a ensuite fondé en 2016 la spin-off Synhelion. Celle-ci a fait passer à l’échelle indus trielle tous les composants techniques qui fonctionnaient initialement à petite échelle, d’abord sur une ins tallation moyenne, en Espagne, puis sur une grande installation, à Jülich.

recyclé 1 CO² Eau2H²O 4 GAZ de

Lorsque le carburant est brûlé, il produit en grande partie du dioxyde de carbone (CO²), ainsi que de la vapeur d’eau et de la cha leur. Synhelion inverse ce proces sus pour produire du SAF (carbu rant durable d’aviation), prend du CO² 1 et de l’eau 2 , les chauffe avec de la lumière solaire concen trée, réfléchie par les installations de miroirs 3 , et les transforme en carburant. C’est ce virage à 180 degrés qui pourrait inverser la Letendance.CO²estpar exemple filtré de l’air à l’aide de la technologie de captage du CO² dans l’air ambiant développée par Climeworks, une société sœur de l’ETH, et transfor mé en gaz de synthèse 4 avec de l’eau (H²O) grâce à une chaleur de processus pouvant atteindre 1 500 °C. Le pétrole brut synthé tique est formé à partir du mé lange de gaz au moyen d’un procédé connu sous le nom de « synthèse Fischer-Tropsch ». À partir de là, il est possible de pro duire n’importe quel carburant liquide 5 comme l’essence, le diesel ou le kérosène. Le carburant est ensuite utilisé pour le trafic aérien, transformé en CO² 6 et réintroduit dans le cycle. issu de l’air, de la biomasse de CO² synthèse

H² + CO Bouger 32 INNOVATOR

3 SOLEIL KérosèneEssenceDieselMéthanol 5 CARBURANT6LECARBURANTestbrûlé

Nous n’expliquerons pas en détail les processus chimiques de la technologie (voir encadré). Juste ceci: la produc tion de SAF utilise le CO² de l’air, et La combustion à l’envers voilà comment Synhelion produit le carburant solaire: Comment ça marche ?

Vers la transition énergétique Véritable progrès ou simple greenwashing ? Les fondateurs sont en tout cas convaincus de leur cause. Furler et Ambrosetti nous emmènent avec un enthousiasme quasi juvénile au huitième étage de la tour solaire de 60 mètres de haut. C’est là que se Du soleil et de l’air, c’est tout. C’est à partir de là que Synhelion produit du carburant. Bien qu’il semble utopique, le sun-to-liquidprocédéfonc-tionnevraiment. trouvent les innovations clés de leur entreprise, comme l’accumulateur d’énergie thermique qui fait fonction ner le réacteur 24 heures sur 24, y compris la nuit et par temps couvert, et qui permet ainsi d’économiser beaucoup d’argent. Et le récepteur solaire, qui absorbe les rayons du soleil réféchis par le champ de miroirs environnant. L’énorme chaleur qui en résulte et qui alimente les réactions chimiques n’était jusqu’à présent accessible qu’au moyen d’énergie fos sile. « La chaleur de traitement la plus élevée sur le marché ! », aime à souli gner fèrement Synhelion.

Sur le site d’essai de Móstoles, Espagne, les miroirs reflètent la lumière solaire concentrée sur la tour solaire. D’ici 2025, la première installation commerciale devrait être mise en serviceEspagne.en

INNOVATOR 33

lors de la combustion du carburant solaire, il ne re-libère que la quantité de CO² auparavant nécessaire à sa fabrication.Lescarburants solaires présentent de nombreux avantages. « Ils ont les mêmes propriétés chimiques que les énergies fossiles, explique Furler. Cela signife qu’ils sont compatibles avec l’infrastructure existante, qu’ils conviennent aux moteurs et aux réac teurs classiques, et qu’il n’est donc pas nécessaire de créer ou de réamé nager les capacités de stockage et de transport. » Ambrosetti poursuit: « La chaleur solaire est la source d’énergie renouvelable la moins chère. Contrai rement au pétrole, elle est pratique ment inépuisable et peut être utilisée sur tous les continents. » De préfé rence dans des régions désertiques et ensoleillées, raison pour laquelle Synhelion n’est pas en concurrence pour les terres agricoles. Pour le processus de production, les Suisses ne veulent ni cultiver de ressources supplémentaires, ni se livrer à une exploitation abusive, mais utiliser ce qui est de toute façon produit localement. « Le procédé per mettant de fltrer le CO² en grande quantité dans l’air est encore en cours de développement et très coûteux. C’est pourquoi nous pourrions, par exemple, reprendre le dioxyde de carbone aux cimenteries, dont le bilan CO² est mauvais. Ou nous pourrions utiliser le carbone contenu dans les déchets de la biomasse. »

Kérosène solaire C’est peut-être ce duo qu’il fallait pour mener à bien ce projet: le musi cien improvisateur et le rigoureux. Ambrosetti a commencé sa carrière en tant que saxophoniste de jazz. Il a ensuite étudié la physique, a envi sagé de travailler dans le secteur de l’électricité avant de se tourner vers Le récepteur solaire se trouve dans la tour solaire qui absorbe les rayons du soleil reflétés par le champ de miroirs environnant.

CLIMEWORKS4 La spin-off de l’ETH filtre le CO² au moyen de la technologie de captage du CO² dans l’air ambiant pour la synthèse de carburant. – Qui d’autre produit des carburants plus respectueux du climat ? D’autres technologies permettent également d’obtenir des carburants synthétiques durables: le procédé power-to-liquid (PTL) utilise de l’électricité issue d’énergies renouvelables. Quatre entreprises pionnières.

Bouger 34 INNOVATOR

« Bien sûr, il faut pouvoir faire des profts avec la technologie, dit Furler. Pour pouvoir se fnancer de manière indépendante, mais aussi pour inciter les autres à franchir le pas. » Et pour attiser la concurrence. « Il est impor tant qu’il y ait d’autres acteur·rice·s sur le marché. Des concurrent.e.s qui font avancer ces nouvelles technolo gies. » Ambrosetti: « Le changement climatique est un énorme déf, il nous concerne tous. Il n’y a pas de tech nologie the winner takes it all dans le secteur de l’énergie, il faut une com binaison pour prendre le virage, et nous voulons y contribuer. » Le terme « impact » revient souvent aujourd’hui: il est surtout nécessaire dans le domaine du transport aérien. « Les carburants liquides génèrent vingt à soixante fois plus d’énergie que les batteries. Les accumulateurs néces saires pour un avion seraient donc énormes et trop lourds », explique Ambrosetti. Selon les experts, le kéro sène neutre en CO² est actuellement la seule chance de rendre le trafc aérien plus écologique. C’est pourquoi Synhelion se concentre sur le ravitail lement de l’aviation, surtout sur les gros avions et les vols long-courriers.

« Pour être rentable, l’installation doit fonctionner au moins 80 % de l’année, explique Furler. Nous avons réussi à améliorer l’effcacité et à minimiser les coûts de production pour que nos carburants synthétiques soient compétitifs en termes de prix à l’avenir. Maintenant, nous devons voir plus grand. » Et trouver de nou veaux emplacements pour les sites de Faire fonctionner des avions avec des énergies respectueuses de l’environnement était jusqu’à présent considéré comme presque impossible. La perspective de l’essence solaire répand l’espoir.

BELLADELLAETH/ALESSANDROSYNHELION,

NESTE1

« Le nombre réduit d’étapes de transformation rend notre technologie moins chère à produire et encore plus durable », explique Furler. En outre, la combustion de kéro sène solaire émet non seulement nettement moins de CO² que celle de kérosène fossile, mais aussi moins d’autres substances produites, comme les oxydes d’azote et les particules de suie dont la plupart des études ne tiennent pas suffsamment compte. Le concept de Synhelion voit loin.

d’e-carburantetêtreindustrielL’usineNORSK2E-FUELduconsortiumnorvégiendevraitmiseenserviceen2024produire25millionsdelitresparanàpartirde2026vialeprocédéPTL.

le soleil. « Dès mes sept ans, je m’étais construit un four pour faire fondre des pièces de cuivre. » Furler a étudié le génie mécanique et savait dès le départ ce qu’il voulait, ou plutôt ce qu’il ne voulait pas faire: « L’électri cité ne m’a jamais intéressé. » Le fait que Synhelion utilise directement la puissance du soleil, sans la convertir d’abord en électricité, sautant ainsi une étape de processus coûteuse en énergie, le distingue des autres carbu rants synthétiques émergents comme les biocarburants et les e-carburants (voir encadré).

Cette entreprise finlandaise est actuellement le plus grand producteur de biodiesel et de SAF. Elle transforme des huiles alimentaires usagées et des graisses animales.

Voir plus grand La consommation annuelle du trafc aérien s’élève à environ 300 millions de tonnes de carburant. « En théorie, une installation de la superfcie de la Suisse nous permettrait de couvrir l’ensemble des besoins en kérosène sans nuire au climat », affrment les fondateurs. Synhelion poursuit des objectifs ambitieux mais réalistes. « Il faut du temps pour développer ces prototypes et les tester en interac tion », explique Ambrosetti. L’ensemble de l’installation de Jülich doit être mis en service à partir de 2023, mais elle est trop petite pour une production de masse. De plus, si on retrouve à Jülich les mêmes conditions qu’au Sahara lors des journées ensoleillées, ces dernières sont cependant trop peu nombreuses.

SUNFIRE3 Cette entreprise de Dresde produit des carburants électriques (e-carburants) à l’aide du procédé PTL qui sont sur le point commercialisés.d’être

« Nous sommes des scientifques, nous cherchons des solutions », disent-ils. Les deux cerveaux du Brainergy Park de Jülich. Deux nerds. « Ce n’est pas négatif, n’est-ce pas ? » – Non, Mon sieur Furler. Tout sauf cela. Les nerds sont les nouveaux cool. Peut-être les héros et les héroïnes de demain ? La bonne combinaison Ambrosetti et Furler ne sont mani festement pas le genre de PDG qui attendent de faire des bénéfces, bien installés sur leur étage de direction climatisé. S’ils ne sont pas cupides, ils ne sont pas naïfs pour autant.

INNOVATOR 35

Inspiration

production. Le désert d’Atacama au Chili est un hot spot. Pour l’instant, l’Europe sufft. D’ici 2025, la première installation commerciale devrait être mise en service en Espagne. Jusqu’à présent, Synhelion a bénéfcié du soutien d’investisseur·euse·s privé·e·s, et aussi de soutien politique de la Suisse et de l’Allemagne. En effet, le ministère allemand de l’Économie et de l’Énergie a contribué à hauteur de près de quatre millions d’euros au pro jet de Jülich en 2021. Au-dessus des nuages En 1973, les cheikhs ont fermé le robinet de gaz et de pétrole à l’Oc cident. En 2022, l’agression russe sur l’Ukraine montre une fois de plus à quel point nous sommes dépendant·e·s des fournisseur·euse·s d’énergie. Mais cette fois-ci, nous ne sommes pas à sec. Synhelion n’en est qu’à ses débuts. Swiss veut être la première compagnie aérienne au monde à décoller avec du kérosène solaire en 2023 et Lufthansa Group est également de la partie pour l’in troduction sur le marché. L’impact est peut-être encore plus symbolique qu’écologique. Il n’empêche que faire fonctionner des avions avec des énergies respectueuses de l’en vironnement était jusqu’à présent considéré comme quasi impossible. La perspective de l’injection solaire distille un nouvel espoir de récon ciliation avec la nature. Les grillons bruissent autour de la tour solaire. Le soir, toute l’équipe fait des gril lades. Les sauces BBQ sont prêtes. Ambrosetti a apporté son saxophone. De la musique du futur.

Une installation solaire d’1 km² de surface pourrait produire 200 000 litres par jour de kérosène. L’installation à Jülich est de 80 000 m². Comment tout a commencé: en 2019, grâce aux rayons du soleil, une mini-raffinerie installée sur le toit de l’ETH a réussi pour la première fois à produire du carburant durable d’aviation (SAF).

Le débat sur le climat attise les passions et pourtant, rares sont ceux·elles qui veulent renoncer à leur vol pour les vacances. Ceux·elles qui veulent voler sans mauvaise conscience doivent encore patienter jusqu’à ce que le kérosène neutre en CO² inonde le marché. D’ici là, voici comment limiter l’impact sur courtsséjourslongsalorsmieuxMoinsReplanifierilPlusdePasMieuxcoûtegénéréetitéklima,commejetsSurNeutraliserl’environnement.lessitesInternetdeprodeprotectionduclimatAtmosfairetPrima-ondéterminelaquandegazàeffetdeserreparsonvoletcequesacompensation.fairesesvalisesbesoindequinzepaireschaussuresenvacances.l’avionestléger,moinsyad’émissions.nousprenonsl’avion,c’est.Etsionleprend,seulementpourlestrajetsetpourdelongsaulieudenombreuxvoyages.

charging hubs, des sta tions de chargement express pour voitures électriques qui viennent compléter les wall boxes à domicile.

À Zurich Oerlikon, à partir de l’automne, on pourra recharger sa voi ture électrique au nou veau Audi charging hub.

Grâce à Audi, on peut charger son véhicule en ville à Nuremberg et bientôt à Zurich.

Une expérience de recharge 5 étoiles au cœur de la ville, avec son lounge : l’Audi charging hub, ici à Nuremberg.

E-MOBILITÉ

Le d’éléganceplein

Bouger 36 INNOVATOR

Face au souventréagircoinssedeclimatique,réchauffementlesmanifestationscitoyen·ne·sconcerné·e·smultiplientauxquatredumondepourfairedesgouvernementsdépassésetdésemparés.Danscecontexte,lesconstructeursautomobilesfinissentparsetournereux-mêmesversdessourcesd’énergiealternatives,autantparcalculéconomiquequeparconviction.C’estcetteconvictionquipousseAudiàinvestiravecferveurdansl’e-mobilitépouratteindrelaneutralitécarboned’ici2050.HildegardWortmann,DirectricedumarketingetdeladistributionchezAudi:«Pournous,ladurabilitéestunenjeucentralquenoustraitonsdemanièreglobale,bienau-delàdumoteuretdelaboîtedevitesse.Pourprotégerleclimat,ilfautagirimmédiatementetsansdélais.Audiveutfairesapartpourpréparerunavenirmeilleur.»Lanouvellesolutionduconstructeurallemand:les

Le projet pilote de Nurem berg fait déjà figure de modèle dans le secteur avec plus de 3 100 recharges enregistrées au premier trimestre 2022 et 60 % d’utilisateur.rice.s qui reviennent. Si la moitié des consommateur.rice.s sont pro priétaires d’Audi, ces élégantes stations de recharge peuvent également accueillir de nom Les stations de recharge sont alimentées par des batteries de seconde vie issues de véhicules d’essai démontés.

Vous n’êtes pas encore sûr.e de vouloir acheter une voiture électrique, ni si votre situation financière vous le per met actuellement ? Retrouvez de nombreux conseils utiles en ligne, sur tcs.ch Hildegard Wortmann, Directrice marketing et distribution d’Audi, mise sur la durabilité dans l’industrie automobile.

Toute per sonne disposant d’un contrat e-tron Charging Service peut recharger pour 31 centimes d’euro par kilowattheure, soit un prix équivalent avec une borne à domicile en Alle magne. On peut réserver une borne de chargement via l’ap pli. Un chargement de 5 à 80 % pour une Audi e-Tron GT prend environ 23 minutes que l’on peut passer dans l’espace détente proposant de nom breuxLesservices.modules de stockage consistent en des batteries lithium-ion recyclées (appe lées « batteries de seconde vie ») provenant de véhicules d’essai démontés d’Audi. Nouvelle station de chargement à Zurich Ces charging hubs font désormais leur apparition en Suisse : une station équipée de quatre bornes de recharge couvertes sera inaugurée cet automne dans le quartier des banques et finances d’Oerli kon, en périphérie de Zurich. L’électricité de ces sta tions de chargement provient principalement de l’énergie hydraulique, mais aussi de l’énergie éolienne et solaire. Les panneaux solaires sur le toit du Audi charging hub de Nuremberg produisent 30 kW supplémentaires, contre 20 kW pour Zurich. Ici, pas besoin d’espace détente : le quartier propose un large éventail d’offres de restauration, de remise en forme et de partage de vélos électriques.

« Les chiffres obtenus jusqu’à présent et les retours positifs prouvent que notre idée de propo ser une infrastructure de recharge rapide et flexible en zone urbaine est un succès », se félicite Ralph Hollmig, le chef de projet.

Le NurembergélectriquespourdeLescarbonetifl’e-mobilité.énormémentmandautomobileconstructeuralleinvestitdansObjec:laneutralitéd’ici2050.stationsrechargevéhiculesdeet Zurich domicile.rechargecesauxpériurbained’alternativeserventwallboxes,bornesdeà

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INNOVATOR 37 breuses autres marques de véhicules électriques. Et le prix dans tout ça ?

LE CONSEIL DE LA RÉDACTION

Il n’y a pas d’intermédiaires. On peut choisir parmi toutes les marques et tous les types d’automobiles courants – de la petite voiture au SUV, en passant par une large offre de véhicules électriques. Une fois le véhicule choisi, il est livré à domicile dans les deux semaines suivantes, partout en Suisse. La durabilité se manifeste également dans l’uti lisation de la voiture à laquelle on s’est abonné et qui corres pond aux besoins individuels de chaque conducteur·rice. Que comprend le forfait ? Tout. Il n’y a pas de faux frais à anticiper. L’assurance, l’im matriculation dans le canton de résidence, les taxes, le service et l’entretien, les pneus, la pre mière vignette et la carte de car burant ou de recharge sont inclus. Il reste juste à faire le plein… carvolution.ch Sa vision est devenue réalité : Olivier Kofler, le PDG

MOBILITÉ Mon auto à la demande

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38 INNOVATOR

Les fondateurs de la start-up suisse Carvolution se sont juste ment penchés sur ces questions et ont concrétisé leur vision en 2018 : chacun.e doit pouvoir accéder à « sa » voiture de manière plus simple, plus économique et plus fexible qu’avant. Carvolution a ainsi touché une corde sensible chez les consommateur·rice·s : la voiture n’est ni achetée, ni louée, ni en leasing, mais fait l’ob jet d’un abonnement avantageux. Pas d’engagement à long terme Cela permet de jouir d’une voiture à un prix mensuel fxe et d’adapter en continu le for fait kilométrique individuel. En outre, il est possible de booker une voiture pour un minimum de trois mois et un maximum de quatre ans. Un système qui plaît, comme l’explique Olivier Kofer, le PDG de Carvolution : « Nos client.e.s apprécient la simplicité et la fexibilité, et les coûts peu élevés et transparents de nos formules. » Depuis sa création en 2018 à Bannwil (BE), la start-up est devenue la plus grande plateforme d’abonne ments automobiles de Suisse et emploie 80 L’entreprisepersonnes.achètedes voi tures, des pneus et les assurances en grande quantité et profte de fortes remises dont bénéfcient automatiquement les client·e·s.

P as évident de trouver une voiture qui corresponde à la dynamique d’un moment de vie précis. En effet, comment concilier les changements du quotidien liés à une nouvelle donne (le télétra vail est presque devenu la norme) avec des engagements et des frais fxes élevés, sans pour autant renoncer au confort et au plaisir de la conduite ?

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Et si l’on décidait de conduire moins, sans y renoncer complètement ? L’abonne ment automobile offre une alternative avantageuse à l’achat ou au leasing.

Une procédure simple : quelques clics suffisent pour trouver la voiture qui vous convient. La start-up Carvolution propose des l’espritd’abonnementformulespourroulerlibre.

Lutter contre la crise et garder le Sesouriredéplacer, oui, mais sans culpabiliser Assouvir sa curiosité du monde, rendre visite aux amis et à la famille, etc. La mobilité est un besoin humain. Et elle peut être éco-responsable.

Compensation en un clic Comment ça marche ? C’est très simple : il sufft de vous abonner à TeamClimate et de télécharger l’appli, laquelle calcule votre empreinte carbone. L’argent récolté est utilisé pour fnancer différents projets sociaux et envi ronnementaux, sélectionnés pour leur effcacité de lutte contre le réchauffement ou les consé quences du changement clima tique dans les zones du monde les plus touchées. Fondée par Chris toph Rebernig et Karim Abdel Baky, deux anciens potes de lycée désireux d’apporter leur pierre à l’édifce mais de manière concrète et immédiate, cette start-up affche déjà un succès impression nant, avec plus de dix millions de mètres carrés de forêt préservés et 24 000 foyers raccordés aux éner giesSeptrenouvelables.ansderéfexion et de tâtonnement plus tard, ReGreen, l’entreprise derrière TeamClimate, est fnalement lancée en 2015, lors de la dernière année d’uni des fondateurs. La plateforme, en ligne depuis 2020, est à ce jour l’un des plus grands portails de calcul et de compensation de l’em preinte carbone individuelle. teamclimate.com

L’idée de TeamClimate est venue aux fondateurs, Christoph Rebernig (à gauche) et Karim Abdel Baky, alors qu’ils étaient encore étudiants.

Bouger Il y a les pessimistes qui disent que la politique des petits gestes, surtout via smartphone, ne résou dra jamais le réchauffement cli matique, et il y a les optimistes qui essaient d’apporter leur contribu tion au changement, et pour les quels le smartphone est un outil adéquat. La start-up TeamClimate en fait partie : la plateforme qu’elle a mise au point permet de mesurer son empreinte carbone et surtout de la compenser en fnan çant des projets de lutte contre le réchauffement climatique.

INNOVATOR 39 SIEVERSDAVIDTEAMCLIMATE.COM

Avec ses recettes, TeamClimate soutient, entre autres, un projet au Pérou, où une meilleure protection des forêts apporte une aide à la fois environnementale et sociale.

La start-up autrichienne TeamClimate vous invite à mesurer votre empreinte carbone, et surtout, à la compenser !

AGIR POUR LE CLIMAT

À l’heure où se multiplient les sites de location de camping-cars et autres vans aménagés, tailler la route n’a jamais été aussi simple : un fourgon sélectionné, un clic –et hop, c’est parti pour l’aventure ! Enfn, en théorie : car en pratique, le rêve peut rapidement tourner au cauchemar. Un système de réservation fastidieux ou un véhicule défectueux peuvent vite gâcher l’aventure… Vinzenz Eder, le jeune fondateur de 26 ans de myvanture, veut faire le ménage, et insuffer une nouvelle vie au secteur plutôt conventionnel de la location de voitures. 4 modèles au choix C’est d’ailleurs à la suite d’un road-trip désastreux au Portugal qu’Eder, alors étudiant à l’uni versité d’économie de Vienne (Autriche), a eu envie de se lan cer dans la location de vans, mais avec un tout nouveau concept. Loin de se cantonner à la simple location de véhicules, myvanture propose tout un éven tail de services tournés vers les besoins de ces nouveaux touristes nomades, amoureux de liberté

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La demande en matière de voyage flexible et spontané, sans promiscuité avec des inconnus, est croissante. Le cam ping sur quatre roues répond à ce besoin.

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Sur la route : myvanture propose des abonnements au cas où le voyage durerait plus longtemps.

CAMPER Abonné·e à l’aventure

CONSEIL N° 5

CONSEIL N° 3

Privilégier un besoin à une envie Quand on planifie un voyage, on imagine d’abord ce qui nous fait envie depuis longtemps, sans s’interroger sur la valeur actuelle de cette envie (qui peut être devenue obsolète), laquelle ne répond pas forcé ment à de véritables besoins intérieurs. Il faut donc changer d’angle et se demander : « Qu’est-ce qui me ferait vrai ment du bien ? Du calme ou du mouvement ? Des échanges ou des moments de solitude ? »

Chacun·e peut activement contribuer à façonner l’avenir du voyage et de la mobilité en s’efforçant au moins de repen ser ses habitudes, et en pre nant conscience de leurs répercussions réelles dans notre sphère sociale et sur l’environnement.

sonlerisme,pourvoyageuseécrivainequimiliteleslowtoudurable,etluxedeprendretemps.

Aussi facile à dire qu’à faire Il est important de passer de la théorie à la pratique. Pour ce faire, inspirez-vous de ce mantra : ce que nous faisons aujourd’hui nous rapproche de ce que nous ferons demain. Si le voyage en train ou la rando sont des petites victoires faciles à mettre en place, cela vous motivera pour la suite. Et même si ça rate, ce qui compte, c’est de continuer à avancer.

Les voyages sont souvent synonymes de surconsommation et de clichés. Cela doit changer, estime l’auteure Maria Kapeller. Voici les bonnes questions à se poser avant de partir, afin de vadrouiller malin, dans le respect de soi et de ce que l’on visite. Maria Kapeller est une

INNOVATOR 41 WALTERJASMIN

Le pouvoir de l’intention Formuler une intention de manière vague (« À l’avenir, je voyagerai de manière plus durable ») n’a aucune chance d’aboutir. Il est bien plus utile de commencer très concrète ment lors du prochain voyage (« Cette fois-ci, je voyagerai sans prendre l’avion »). Cela permet d’envisager des alter natives. Où puis-je aller sans avion, et comment ? De com bien de temps est-ce que je dispose, et qu’est-ce qui est raisonnable dans ce cadre ?

D'UNE EXPERTE

En finir avec les excédents

Être l’acteur·rice du changement Si tout le monde s’applique à penser sa manière de voya ger de manière un peu plus durable, petit à petit, de nou velles habitudes se généra liseront à grande échelle et deviendront la nouvelle norme.

Esprit futé jamais ne s'arrête C’est en choisissant judicieuse ment le moyen de transport que l’on minimise vraiment notre impact sur l’environne ment. Sur place, privilégier l’eau de mer plutôt que la pis cine, les entreprises familiales plutôt que les grands groupes, la nourriture locale plutôt que les produits importés, etc.

CONSEIL N° 1

CONSEILS

CONSEIL N° 2

CONSEIL N° 4

VOICI COMMENT UNE CANETTE DE RED BULL PEUT TOUJOURS REDONNER DES AIIILES. MERCI DE RECYCLER !

Grâce au tri correct, le taux de retour des canettes en aluminium est supérieur à 90 % en Suisse. Le recyclage consomme 95 % d’énergie de moins que la fabrication d’une canette neuve.Lapart des productionrenouvelablesénergiesdansnotreestd’environ80 %, tendance à la hausse.

La production de la canette et son remplis sage sur le même site (principe « wall-to-wall ») permettent d’économiser 13 000 tonnes de CO2 par an.

Lors du transport, nos canettes en aluminium occupent 20 % de place en moins que les bouteilles en plastique.Plus d’infos sur la durabilité et le recyclage : redbull.com/recycling

INNOVATOR Réparer, recycler et réutiliser tant qu’on peut ! Comment acheter de manière réféchie, faire des économies, sans empirer la dette de l’humanité envers l’environnement. PAGE 58 Les lunettes de vélo imprimées en 3D : un exemple de durabilité et de fabrication 100 % suisse. PAGE 59 De quoi a-t-on vraiment besoin ? L’art d’acheter malin : trois conseils pour une consommation avisée. PAGE 46 Des occasions en or : les appareils électr(on)iques réno vés conquièrent les marchés sans percer le porte-monnaie. PAGE 54 L’homme derrière la plate forme Ricardo connaît précisé ment les goûts et les envies de  la population suisse. PAGE 57 Convertir du C0 ² en semelles de chaussures de sport ? Une idée difficile à concevoir, et pourtant… Consommer PROPOSTODELFEDERICA

2,5 FOIS PLUS QUE LES AUTRES Les millenials et la Gen Z (les 18-39 ans) sont bien plus enclins que leurs parents à acheter des produits de seconde main. Accessoires, électroménager, vêtements : la génération vintage, c’est elle ! 1,8 milliard de francs : c’est la somme que pourrait du–d’icil’économieengendrercirculaire2030enEuropesoitl’équivalentPIBdel’Italie. CONSOMMER— Les Suisse·sse·s ont un budget annuel d’environ 41 000 CHF pour leurs achats individuels, soit 16 000 CHF de plus qu’un·e Allemand·e. Quelques chiffres-clés sur notre mode de consommation, sa dimension écologique… et ses excès. LE TAUX RECYCLAGEDE indique la part des déchets ménagers recyclés et non incinérés. Pour la Suisse, ce taux (53 %) est quasi ment déjà celui que vise 55 %.2030,Européennel’Unionpourquiestde DUL'AVENIRCASH 78 % 64 %AllemagneEuro),dansFrancecontreleurslorsqu'ilsmentpaientAutrichien.ne.sdesprincipaleenespècesfontcourses,59 %en(73 %lazone66 %enetenSuisse. 128 enchaquesontélectriquesd’appareilstonnes000recycléesannéeSuisse. Des chiffres parlants 44 INNOVATOR

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PLANÈTES PAR AN C’est ce qu’il faudrait à l’humanité si tous les habitant.e.s de la Terre vivaient et consommaient comme les Suisse.sse.s. Si le papier et le plastique PET

Aux USA et dans l'UE, 60 % des voitures vendues sont des d’occasion.véhiculesCetaux tombe à 10 % pour les appareils électr(on)iques – même si ce marché est en croissance constante. 238vs12

JEUX D’ENFANT Selon un sondage réalisé en GrandeBretagne, un garçon de 10 ans possède environ 238 jouets, mais ne joue qu’avec 12 d’entre eux. % des interrogé·e·smateur·rice·sconsom par Mastercard dans 24 pays en 2021 ont indiqué vou loir adopter un mode plusconsommationdedurable.

correctement.–recyclablessont,niumrecyclage,6respectivementsupportentet10cyclesdel’alumi-etleverreenthéorie,àl’infnis’ilssontcollectés INNOVATOR 45 PROPOSTODELFEDERICAWOLFBENJAMINSTOCKADOBE

ÉCONOMIE CIRCULAIRE N’enjetez plus ! Consommer TEXTE Benjamin Wolf PROJET REFURBED : DES SMARTPHONES ET DES LAP TOPS REMIS À NEUF ET REVEN DUS SOUS GARANTIE. PROJET UPTRADED : UNE APPLI POUR S’ÉCHANGER DES FRINGUES, EN SWIPANT COMME SUR TINDER. Acheter neuf, c’est ringard ! Ces jeunes entrepreneur.euse.s veulent changer le monde en luttant contre la surconsommation. Leur credo ? Redonner une seconde vie à nos produits. 46 INNOVATOR GLASSBERGJULIEMESTROVIC,MARKO

PROJET BACK MARKET : LE GRAND SUPERMARCHÉ NUMÉRIQUE DU RECONDITIONNEMENT EN EUROPE. INNOVATOR 47

Un smartphone vraiment smart Remettre à neuf un appareil pour prolonger sa durée de vie, cela représente une économie de 70 % de CO² en moyenne : Refurbed va encore plus loin dans sa démarche éco-responsable en fnançant des projets de reboisement comme Eden Reforestation Project, actif à Mada gascar, en Haïti, au Mozambique, au Népal et au Kenya. Bref, l’économie circulaire dans toute sa splendeur ! Au fnal, on économise 258 kilos de matières premières, 68 400 litres d’eau et 175 grammes de déchets inutiles… sans compter le prix d’achat, jusqu’à 40 % moins cher que la version Évidemment,neuve.lemarché de l’occasion est un secteur très dyna mique depuis plusieurs années : les Suisse·esse·s connaissent bien Ricardo, site de vente aux enchères fondé en 1998. Mais sur le marché du reconditionnement sous garantie, ce sont les Français de Back Market qui ont été les premiers à s’implanter en 2014 en créant la première place de marché numérique mettant en relation les revendeur·euse·s et les acheteur·euse·s.Aujourd’hui,Back Market se développe à l’international, notam ment en Allemagne. Parallèlement, une petite start-up fondée dans le Tyrol autrichien est apparue avec une idée aussi simple que géniale : échanger des fringues sur une appli en swipant comme sur Tinder. Le point commun de toutes ces entreprises, c’est de faire partie de l’économie circulaire et donc de freiner la surconsommation des ressources de notre planète.

Les client·e·s de 48

Consommer

C’est ce que comprend malgré lui l’Autrichien Peter Windischhofer en 2016, lorsque l’iPhone qu’il vient d’acheter d’occasion rend l’âme quelques semaines après l’achat, sans qu’il puisse le retourner. Au même moment, Kaminski travaille chez Amazon Allemagne pour y monter le projet Refurbished et constate, dépité, que le géant américain n’a aucun intérêt à développer le marché du reconditionnement. Les deux hommes se rendent compte qu’il y a là un véri table marché à conquérir : remettre à neuf des appareils usagés puis les revendre sous garantie. Au fnal, tout le monde y gagnerait : les reven deur·euse·s, les consommateur·rice·s et l’environnement. C’est ainsi qu’est née Refurbed, Revendo en Suisse, une plateforme spécialisée dans le reconditionnement et la vente sous garantie d’appareils électroniques.

Jürgen Riedl, Kilian Kaminski et WindischhoferPeter (de g. à dr.) ont créé la Refurbedplateformeen2017. Acheter un etded’économiserreconditionnéportablepermet258kilosmatièrespremières68400litresd’eau.

Refurbed ne veulent ni du neuf, ni de l’occasion – il·elle·s veulent des appareils réparés par des expert·e·s et revendus sous garantie.

INNOVATOR GOTTERALEX

Les trois fondateurs de Refurbed font partie de cette génération d’en trepreneur·euse·s convaincu·e·s que l’on peut faire du business tout en étant éco-responsable, voire même utile à la société et à l’environnement en se sentant investi·e d’une véri tableDepuismission.safondation il y a cinq ans, le travail des 140 employé·e·s de Refurbed a permis de recondi tionner et de revendre en Europe plus d’un million d’appareils élec troniques, avec un chiffre d’affaires de 100 millions d’euros en 2020 – trois fois plus qu’en 2019, et une tendance à la hausse. Forcément, ça impressionne : alors pourquoi un tel succès ? La réponse tient en un mot : reconditionnement.

La carrière de Kilian Kaminski était toute tracée : il aurait pu rester mana ger chez Amazon, le géant mondial de vente en ligne, et se faire sa place au soleil… Au lieu de ça, Kilian a décidé de réparer des ordinateurs et de planter des arbres. L’Allemand a rejoint deux autres partenaires autri chiens, Peter Windischhofer et Jürgen Riedl, pour fonder en 2017 Refurbed, une start-up spécialisée dans le reconditionnement des appareils électroniques. Leur objectif : devenir l’équivalent d’Amazon sur le marché du reconditionné. « On veut devenir la référence européenne de la conso durable, et à terme la référence mon diale », annonce d’emblée Kaminski.

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INNOVATOR 49

Cela n’a donc rien à voir avec les plateformes classiques de vente d’occasion : « L’idée première de notre modèle, c’est le contrôle-qualité », explique Hügli. Un aspect crucial pour des entreprises comme Back Market et Refurbed, qui agissent comme des intermédiaires entre les multiples revendeur·euse·s répa rateur·rice·s et leurs client·e·s, en garantissant d’une part la qualité de la marchandise, et en récom pensant d’autre part les bon·ne·s revendeur·euse·s ou en les aidant à améliorer leurs services. C’est ce rôle de « supermarché numérique » qui les démarque de Rebuy, puisque cette dernière, installée en Allemagne, pro pose un service rachat-réparation-re vente sous un même toit. Pour Hügli, cette tendance de consommation responsable n’en est qu’à ses débuts : « Dans l’automobile, 70 % des revendeurs proposent de l’occasion, alors que dans le secteur de l’électronique, on n’en est qu’à 12 ou 15 % », explique-t-il, avant d’envi sager une évolution similaire pour ce secteur dans les cinq à dix prochaines années. Car c’est dans le développe ment de ces plateformes numériques que se situe le plus gros potentiel de croissance selon lui. Du côté des ateliers de réparation, en revanche, le marché est encore embryonnaire, même si Hügli s’attend à un renforce ment de l’offre. À titre d’exemple, il faut citer le développement fulgurant d’AfB, une entreprise fondée en 2004 en Allemagne qui rachète ou reprend auprès des entreprises et autres gros utilisateur·rice·s leur électronique usagé. Les données sont effacées, les appareils reconditionnés entièrement puis revendus – notamment via des plateformes comme Refurbed – avec une garantie de 12 mois.

Le grand tournant Directeur de Back Market en Allemagne, Martin Hügli en est convaincu : « Nous sommes au début d’un véritable bouleversement. »

Fondée en France, Back Market est aujourd’hui la première place de marché numérique spécialisée dans le reconditionnement et la revente sous garantie de matériel électronique. Outre l’aspect écoresponsable, l’entreprise mise, selon Hügli, sur la « qualité, la garantie, la confance et le service ». Consommer écoresponsable est désormais à portée de toutes les bourses : il suffit d’avoir la bonne appli, ou le bon site.

Autriche, est enthousiaste : « La col laboration fonctionne à merveille, car comme les tâches à réaliser sont souvent répétitives voire monotones, cela peut parfaitement convenir à des personnes en situation de handicap mental qui éprouvent une grande ferté à voir que leurs compétences sont valorisées et appréciées. » Essler insiste également sur le fait que le modèle économique d’AfB a fait ses preuves et que l’entreprise veut étendre ce succès à toute l’Europe, pour en faire bénéfcier des milliers d’autres personnes.

Ateliers sans frontières Cette entreprise à but non lucratif, implantée dans cinq pays (Alle magne, Autriche, France, Suisse et Slovaquie), est devenue l’un des plus gros ateliers de reconditionnement informatique en Europe. Un succès qui fait sens également, puisque 50 % des 600 employé·e·s de la boîte sont en situation de handicap physique ou mental, comme le rappelle le sigle de l’entreprise AfB – pour Arbeit für Behinderte, trad. du travail pour les handicapés.KurtEssler, patron de AfB

Un objectif louable mais compli qué, du moins sur le plan juridique, car dès qu’une cargaison d’électro nique usagé passe les frontières d’un pays, même en restant en Europe, elle est estampillée « déchet électro nique » et soumise à une réglemen tation très stricte. Sans compter le fait que les habitudes des consom mateur·rice·s diffèrent grandement selon les pays : si les Français·es adorent revendre leurs appareils usa gés, les Allemand·e·s, les Suisse·sse·s et les Autrichien·ne·s n’ont pas encore ce réfexe… même s’il·elle·s achètent de plus en plus d’appareils reconditionnés.Carlatendance est bien là : l’éco nomie circulaire n’est plus un vœu pieu ou une simple niche réservée Comme sur Tinder : avec l’appli Uptraded, on swipe selon ses coups de cœur pour renouveler sa garde-robe.

Consommer 50 INNOVATOR KRISTENVANTHOMAS

3. Des consommateur·rice·s infor mé·e·s : en achetant un produit, les consommateur·rice·s doivent savoir si ce produit est réparable, quelles pièces peuvent être remplacées si nécessaires, et à quel prix. Un vaste projet qui, toujours selon Ganapini, va encore plus loin que la simple lutte contre la surconsomma tion : « Consommer moins a évidem ment un impact sur l’environnement et le climat – en fait, le smartphone le moins polluant du monde, c’est celui que vous possédez déjà , expliquet-elle. Mais l’économie circulaire va beaucoup plus loin : elle représente un énorme potentiel, pour l’écono mie et la création d’emplois à forte valorisation, mais aussi pour les consommateur·rice·s, qui veulent des produits de qualité qui durent long temps. »

aux écolos ou aux fauché·e·s. Elle fait désormais partie de notre vie : pour preuve, la politique et la société civile s’en sont emparées. Passer du jetable au durable C’est dans cette perspective de lutte contre la surconsommation qu’est apparue en 2019 l’initiative Right to Repair, soutenue par une centaine d’institutions et organisations issues de 21 pays européens, et notamment par le Parlement Européen. L’idée, c’est de donner un cadre juridique au « droit à la réparation », et donc d’obliger les fabricant·e·s à sortir sur le marché des objets qui soient répa rables – ce qui n’est pas le cas actuel lement. « Nous achetons des produits qui sont conçus pour une durée de vie limitée », explique Cristina Ganapini, porte-parole du groupe de pilotage à Bruxelles. Il ne s’agit pas simple ment de la fameuse « obsolescence programmée », ce qui est déjà en soi une aberration, mais aussi de cette nouvelle habitude qu’ont prise les fabricant·e·s de créer des objets qui ne soient pas réparables. Cela veut dire par exemple qu’on va trouver de moins en moins de vis et de plus de plus de colle sur un appareil, ou qu’il devient impossible de trouver des pièces de rechange pour certains nouveaux appareils… Une situation qui oblige les gens à jeter au lieu de réparer : au fnal, la surconsomma tion produit 53 millions de tonnes de déchets électroniques par an, et la tendance n’est pas à la baisse. Or, actuellement, seuls 15 à 20 % sont recyclés, là encore à fort coût environnemental. Que ce soit en Allemagne, en Autriche ou en Suisse, pays qui passent pour être de bons élèves en matière de recyclage, c’est le même constat : on jette encore trop. Beaucoup trop. Face à cela, de plus en plus de voix s’élèvent pour donner un cadre juridique à la lutte contre la surconsommation. Selon Cristina Ganapini, il faut que les pays – voire carrément l’Union européenne –adoptent des mesures légales pour rendre cette lutte vraiment effcace.

2. Un accès libre et facile à la répa ration : réparer un produit doit coûter moins cher que d’en acheter un neuf.

Un gain réel qui s’appuie en outre sur un soutien massif de la population, comme le montre une étude faite en 2020 par l’Union euro péenne : 79 % des citoyen·nes·s euro péen·nes·s interrogé·e·s trouvaient que les fabricant·e·s devaient faciliter la réparation des appareils électro niques ou le remplacement des pièces défectueuses. Et 77 % affrmaient qu’il·elle·s préféraient avoir la possi bilité de réparer plutôt que d’acheter du Sansneuf.compter le fait que le volume incommensurable de ressources (eau, énergie, minerais, terres rares) sur lequel s’appuie le secteur du numérique a lui aussi une durée de vie limitée et épuise la planète : à titre d’exemple, le secteur minier estime que les réserves mondiales en antimoine (une substance chimique utilisée dans la fabrication d’appareils électroniques) seront épuisées dans… douze ans.

1. La conception de l’objet doit permettre la réparation. Cela veut dire qu’un objet doit être assemblé en pièces détachées et détachables et livré avec un manuel de réparation et un accès aux pièces de rechange.

L’objectif de Right to Repair : l’économietoutl’environnementpourl’économiepromouvoircirculaireprotégerendynamisantlocale.

La jeune équipe de la start-up

Laufersweiler.AnnaMösl,àUptraded,autrichiennedegauchedroite:MichaelThomasMoser,GreiletTobias

Concrètement, cela signife qu’il faut adapter le droit du travail, le droit fscal mais aussi le droit de propriété, puisqu’un réparateur·rice ne doit pas risquer d’être attaqué en justice par le·la fabricant·e pour avoir démonté et réparé un de ses appareils.

INNOVATOR 51

L’équivalent du PIB italien Selon une étude réalisée en 2015 par le cabinet américain McKinsey – qu’on ne peut soupçonner de faire du militantisme pro-écolo –, le déve loppement de l’économie circulaire en Europe permettrait d’économiser sur quinze ans jusqu’à 600 milliards d’euros en matières premières. Les effets bénéfques collatéraux de ce développement – en termes de créa tion d’emplois, d’économies d’énergie ou de déchets – ont été chiffrés à 1 200 milliards d’euros : le bénéfce net ainsi engendré sur quinze ans serait l’équivalent du BIP actuel de l’Italie, soit 1 800 milliards d’euros pour l’année 2022.

L’initiative Right To Repair milite pour une juridiction en trois volets :

Les Français Thibaud Hug de Larauze, Quentin le Brouster et Vianney Vaute (de g. à dr.) ont fondé en 2014 Back Market, aujourd’hui le n°1 en Europe pour la vente en ligne reconditionné.d’électronique

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Si l’économie circulaire est deve nue une réelle nécessité, plébiscitée par la majorité des Européen·ne·s, qu’est-ce qu’on attend pour la développer ? Parce qu’il faut bien le reconnaître, on en est très loin ! Actuellement, chaque Européen·ne consomme en moyenne 16 tonnes de matières premières par an (chiffres 2012), 60 % des déchets ménagers sont enfouis ou incinérés et seuls 40 % – un score qui varie grandement selon les pays – sont recyclés. Pas mal, à première vue ? Sauf que si l’on inclut dans le calcul les déchets créés par l’industrie, le secteur du bâtiment et la production d’énergie, les chiffres explosent et le ratio ressources perdues/ressources sauvegardées tombe à 95 contre 5 % en termes de valeur, selon une étude réalisée par McKinsey. Mais alors pourquoi tant de lenteur ? Manque de données S’il existe déjà de nombreuses études et des initiatives citoyennes et poli tiques qui insistent sur l’énorme potentiel de l’économie circulaire, force est de constater qu’il manque encore des données précises sur les volumes et les fux de ressources et d’énergie quotidiennement consom més et éliminés par les acteur·rice·s économiques et les consomma teur·rice·s européens. L’Union européenne a, certes, mis au point en 2021 une Stratégie Terres Rares pour contrer sa dépendance à cer tains minerais rares mais essentiels (notamment pour la fabrication de batteries ou de semi-conducteurs), mais toutes les autres ressources – du sable au silicium en passant par le sel – n’ont pas fait l’objet d’études.

Les débats actuels autour de l’éco nomie circulaire se concentrent encore uniquement sur les appareils ménagers, alors qu’il faudrait englo ber dans un cadre juridique tous les secteurs de l’économie et les consom mateur·rice·s. Réduire les coûts salariaux pour rendre la réparation plus attractive, ou calculer les gains d’énergie et de ressources réellement réalisés à long terme, entre un appa reil neuf et performant, et un autre appareil, plusieurs fois réparé, sont des perspectives à explorer. Parce qu’il existe une synergie entre les souhaits des consomma teur·rice·s, les objectifs d’initiatives comme Right to Repair et l’émergence du secteur du reconditionnement. Par exemple, en France, dans le cadre de la loi anti-gaspillage, il est obligatoire depuis début 2021 de faire fgurer sur tous les appareils électr(on)iques une note de 1 à 10 selon l’indice de réparabilité.Partouten Europe, les initiatives se multiplient pour lutter contre nos

Consommer

montagnes de déchets, que ce soit le sac jaune en Allemagne – qui a fait école partout en Europe –, la taxe sur les déchets en Suisse, ou encore l’interdiction du plastique à usage unique adoptée par l’UE en 2021. Plus qu’une simple mode, il s’agit d’un véritable changement de paradigme, porté par les acteur·rice·s du mar ché, les citoyen·ne·s et les politiques. Aujourd’hui, acheter neuf devient de plus en plus ringard : sur Ricardo, la plus grande place de marché numé rique en Suisse, 70 % des sept millions de transactions annuelles concernent des produits d’occasion. Du côté des entreprises, de jeunes Autrichiens D’ici cinq à dix ans, on estime que seuls 30 % des appareils électroniques seront achetés neufs ; une bonne nou velle pour l’environne ment et l’économie. ont créé Uptraded, une appli qui nous permet de swiper comme sur Tinder pour s’échanger des fringues. La mode durable fait aussi partie, depuis peu, de l’offre sur Refurbed, puisqu’on y trouve une vingtaine de labels éco-responsables, qui utilisent au moins 50 % de matériel recyclé.

Toutes ces initiatives ont un point commun : vouloir « faire quelque chose pour que notre Terre soit un peu plus belle », pour reprendre les mots de Kilian Kaminiski, l’un des fondateurs de Refurbed. Finalement, ne sommes-nous pas en train de reconditionner nos mentalités de consommateur·rice·s ?

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Inspiration Acheter d’occasion mais sans risque ? C’est désormais possible grâce à de ouL’avenirdemandepourmarchépositionnentouRevendo,commeEnpourconsommateur·rice·sUnementdansplateformesnouvellesspécialiséeslereconditionne-sousgarantie.aubainepourlesetl’environnement.Suisse,desacteursSwisscom,Recommercemelectronicssesurledureconditionnérépondreàlacroissante.seracirculaireneserapas!

À propos Francesco Vass est Managing Director de General Marketplaces (qui comprend Ricardo, anibis.ch et tutti.ch) et, à ce titre, également PDG de Ricardo. Depuis novembre 2021, General Marketplaces fait partie du SMG Swiss Marketplace Group, qui a été créé par la fusion de Scout24 Suisse et de TX Markets et qui regroupe un réseau de marchés en ligne suisses dans les domaines de l’immobilier et des trans ports, entre autres.

Consommer

the red bulletin innovator : Qu’avez-vous acheté ou vendu à l’époque francesco? vass : Principalement des appareils électroniques et divers composants informatiques. Pas forcément dans une démarche de durabilité, d’ailleurs, mais parce que certaines pièces n’étaient plus disponibles qu’en ligne ou auprès de vendeurs et vendeuses privés. Vous n’êtes donc pas du genre vieil hippie chineur de brocantes ? (Rires) Non, pas du tout. Mais j’ai eu très tôt cette idée bien ancrée en moi qu’il ne servait à rien de laisser ses affaires prendre la poussière dans une cave si l’on ne s’en sert plus.

La conjugaison imprévisible de nombreux facteurs a permis au commerce d’articles d’occasion en ligne de décoller ces dernières années. Francesco Vass, PDG de Ricardo, explique ici comment se développe l’esprit de la vente de seconde main en Suisse.

EntretienDesDoccasionsenor

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rante, parfaite synergie de plusieurs facteurs qui ont permis au marché des occasions en ligne de s’envoler ces dernières années. Développement de la prise de conscience en matière de durabilité, périodes de confnement mises à proft pour faire le tri chez soi, saturation de livraisons émanant des boutiques en ligne traditionnelles et, bien sûr, optimisation constante de l’expérience d’utilisateur·rice sur la plateforme. Vass se défnit lui-même comme un « utilisateur de la première heure » de Ricardo sur lequel il est inscrit depuis 2001.

ROTENMICHÈLEOFFICEDROPIN.COM

Discuter avec Francesco Vass, PDG du site de vente en ligne Ricardo, c’est un peu comme sonder l’âme des consommateur·rice·s suisses. Ce père de deux enfants âgé de 48 ans sait tout sur nos erreurs d’achats, notre moment préféré pour faire du shop ping en ligne, les signes extérieurs de richesse que nous convoitons secrètement et la marque de baskets qui n’intéresse plus personne. Né à Lugano, il suit des études d’électro technique au sein de l’École Poly technique Fédérale de Zurich puis s’installe dans cette cité cosmopolite. Avant de rejoindre Ricardo en 2018, il travaille pour un autre site de petites annonces d’occasion, tutti. ch. Quand on lui demande si cette vocation lui est venue parce qu’il devait porter les vêtements de ses grands frères, Vass rit de bon cœur : « Non, je n’ai qu’une sœur, plus jeune que moi, je n’aurais pas pu rentrer dans ses vêtements. Et niveau taille, c’est plutôt celle des plateformes qui m’intéressaient. Ça et les possibili tés qu’elles offraient. » Et celles-ci ne manquent pas en ce moment : Ricardo connaît une croissance fulgu

Quelle est la catégorie qui marche le mieux sur Ricardo ? La mode, suivie par les articles de collection et les objets rares, les cartes postales, trains miniatures et consorts, le genre d’articles épuisés en magasins. En troisième place, le foyer et l’habitat, puis les objets d'ar tisanat, les articles de jardin, et de sports. Ces derniers ont fait un bond incroyable pendant le confnement.

J’ai acheté un rameur pendant la pandémie pour le revendre moins d’une semaine plus tard. (Rires) Vous n’êtes pas la seule. Les cartes graphiques étaient également très demandées à cette époque, ce qui a posé des problèmes d’approvi sionnement.

Sensibilisation ende produitsnementdifficultésdésencombrement,développementaudurable,d’approvision:lecommerced’occasionestpleinessorenSuisse.

Le PDG Francesco Vass, 48 ans, dans le bureau Ricardo à Zoug. Il sait quels sont les produits d’occasion que les Suisses et Suissesses recherchent le plus en ligne.

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Quelles ont été les principales étapes de développement de Ricardo jusqu’à présent ? Je distinguerais deux grandes phases. La première date des années 2000, soit l’époque du commerce entre utilisateurs privés. Ricardo était un véritable pionnier en Suisse dans ce domaine. Le site a connu un tel essor que les tentatives d’eBay de s’implanter en Suisse en 2004 se sont soldées par un échec. Puis est venue la phase de différenciation : suivre les pas d’Amazon, se posi tionner en tant que place de marché pour les entreprises. Cela n’a pas vraiment pris. Il y a plusieurs raisons pour cela, la principale étant que les utilisateur·rice·s étaient contre. Ils et elles considéraient Ricardo comme une plateforme pour les particuliers. C’est plus ou moins à cette époque que vous avez rejoint l’entreprise ? Exactement. L’un des premiers remaniements d’envergure que j’ai supervisé a été de revenir à la case départ. Nous avons contacté plu sieurs vendeur·euse·s d’articles neufs pour leur expliquer que leur offre ne correspondait pas à notre position nement stratégique, puis retiré des millions de produits du site. Parallè lement, nous avons donné un coup de neuf à la marque et modernisé une technologie devenue archaïque : le pic de fréquentation du dimanche soir posait régulièrement problème.

La Suisse fait son shopping sur Ricardo le dimanche soir ? Oui, chez nous et ailleurs : ce pic concerne une grande quantité d’acti vités en ligne. Les gens sont à la mai son et prennent le temps de répondre à leurs mails, d’organiser leur pro chain voyage, etc. Quel est le rapport actuel entre neuf et occasion sur Ricardo ? Nous essayons de proposer le plus d’articles d’occasion possible. L’an dernier, près de 70 % des sept mil lions de transactions concernaient des produits d’occasion, une tendance à la hausse même s’il est impossible d’atteindre les 100 % , car certains produits neufs s’inscrivent parfaite ment dans notre démarche : articles passés de mode, erreurs d’achat que l’on ne peut plus retourner ou autres.

La meilleure affaire que vous ayez faite sur Ricardo ? Une MoonSwatch pour un collègue ; pas vraiment une bonne affaire, mais j’étais très content. Et ma flle voulait à tout prix un de ces vélos de ville des années 80/90 dont les ados raffolent actuellement, j’ai là aussi fni par en dénicher un. Quels sont les futurs projets de Ricardo ? Une utilisation encore plus simple, plus ciblée et plus rapide. Toutes les démarches seront presque les mêmes que pour un achat neuf, ce qui réduira encore plus les éventuelles réticences des utilisateur.rice.s. La mise en vente va elle aussi être sim plifée : l’algorithme pourra bientôt déterminer le contenu de votre photo et proposera le prix du marché actuel. Plus qu’à faire une photo et hop, terminé.

La demande de recherche la plus courante ? Curieusement, les mobylettes. Puis BMW, Vuitton, Rolex et, justement, la Playstation 5. Mais à partir de ces mots-clés, l’idée est de faire une bonne affaire, autrement dit d’acheter quelque chose que l’on ne pourrait pas s’offrir en temps normal. Oui, avec la disponibilité, ce sont sans doute les critères les plus importants.

Consommer

Pour les produits, il est indiqué combien de CO² a été économisé en ne les achetant pas neufs. L’année dernière, Ricardo a affiché 150 000 tonnes.

Lors du confinement, Ricardo avait un immense avantage sur les autres commerces en ligne: vous ne dépendiez pas des livraisons. Exactement. Et les gens ont eu le temps de faire le ménage dans leurs caves ; contrairement à certains magasins, nous avons connu un réapprovisionnement de l’offre. La tendance sociale à la durabilité est-elle perceptible sur Ricardo, peut-on parler d’une nouvelle clientèle ? Oui, et cette tendance ne fait qu’aug menter. Si nos client.e.s étaient dans une tranche d’âge assez jeune au départ, nous voyons arriver de plus en plus de personnes âgées. Ce qui aide aussi, c’est que nous précisons la quantité de CO² économisée pour la majorité des articles, étant donné qu’ils n’ont pas été achetés neufs. Nous avons économisé 150 000 tonnes de CO² l’année dernière au total. Ajoutées à tutti.ch et anibis.ch, cela représente environ 300 000 tonnes, soit les émissions annuelles de CO² de 20 000 personnes. L’équivalent d’une petite ville comme Lugano. Quel.le est le.la consommateur.rice typique de Ricardo ? Plutôt masculin, habitant à la cam pagne (probablement parce que la disponibilité est moins importante qu’en zone urbaine), la trentaine. Mais comme je le disais, ce modèle ne cesse d’évoluer. Quelles sont les tendances actuelles, qu’est-ce qui s’arrache le plus vite ?

Francesco Vass aime lui-même acheter et vendre en ligne. Son dernier achat en date : des skis de fond ; sa dernière vente : une caméra GoPro.

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En ce moment, la Playstation 5 qu’il est toujours très diffcile de trouver et la MoonSwatch sont très recherchées. Les billets pour les concerts déjà com plets partent eux aussi très vite.

Je me suis demandé ce que l’on n’achetait pas d’occasion et il n’y a que les sextoys qui me sont venus à l’esprit. Peut-on en t rouver sur Ricardo ?

Non. Certaines catégories sont interdites, pour des raisons d’hygiène ou juridiques, comme par exemple les armes. Votre dernier achat sur Ricardo ? Des skis de fond. Votre dernière vente ? Une caméra GoPro. Vaut-il mieux vendre à prix fixe ou aux enchères ? Aux enchères, en commençant à un franc suisse. C’est ainsi qu’on fait le plus de recettes. Vous êtes plutôt vente aux enchères ou achat immédiat ? Cela dépend de la priorité du besoin. Mais j’aime beaucoup le principe des ventes aux enchères.

Y a-t-il quelque chose que vous n’achèteriez jamais d’occasion ? (Il réféchit.) Euh … des sous-vête ments … Non, pas vraiment, en fait. Quand je veux acheter un produit, je recherche systématiquement s’il est possible de l’obtenir d’occasion.

L’une des solutions proposées par On est la Cloudneo, une chaussure de sport fabriquée à base de l’huile des graines de ricin toute aussi légère que l’empreinte écologique qu’elle laisse derrière elle. Mais loin de se contenter du recyclage et de l’économie circu laire, l’entreprise suisse prévoit un nouveau pas de géant pour ses semelles grâce à un matériau en mousse fabriqué à partir d’émis sions de CO² : le CleanCloudTM. Cela peut paraître dingue, mais c’est tout simple : partenaire de On, l’entreprise LanzaTech cap ture le monoxyde de carbone de ses aciéries et décharges avant qu’il ne soit rejeté à l’air libre. Ces émissions subissent alors le même processus de fermentation que la bière et sont transformés en éthanol liquide, lui-même transformé en éthylène, puis en polymère EVA par Borealis, autre entreprise partenaire.

David Allemann, l’un des trois cofondateurs de l’entreprise innovante basée à Zurich depuis Également2010.cofondateur d’On, Caspar Coppetti est fier d’avoir atteint une produc tion faible en énergie fossile. Olivier Bernhard, ancien sportif d’endurance pro et cofondateur de la marque de sport suisse.

RUNNING

Shopping durable

Bénéfice multiplié par deux « Tout le monde ressort gagnant dans l’histoire. On capture les émissions de carbone avant qu’elles ne deviennent polluantes, cela en utilisant le moins de matières premières fossiles pos sible », s’enthousiasme Caspar Coppetti, cofondateur de On. En attendant l’utilisation généralisée du CleanCloudTM, Coppetti sou haite que ses client·e·s renvoient leurs Cloudneos usagées pour que celles-ci viennent rejoindre le cercle vertueux. C’est parti ! on-running.com

INNOVATOR 57 SCHREYERSIMONON

La preinteadesdefabriquéeCloudneo,àpartirl’huileissuegrainesdericin,unefaibleemécologique.

Le trio fait la paire

C hacun·e d’entre nous jette en moyenne 30 kilos de vêtements et de chaussures par an. Seule ment 2 % sont recyclés, le reste est soit incinéré, soit « éliminé » sous terre. Une bien triste réalité écologique que la plupart des collectionneur euse s de baskets choisissent d’ignorer au moment de leur nouvel achat. Trop, c’est trop, a déclaré la marque de sport suisse On, bien décidée à venir à bout de ce féau endémique. Son idée ? Transformer le proces sus de production linéaire en un processus circulaire.

Savez-vous qu’il est possible de transformer le CO ² en semelles de chaussures de sport ? Eux, oui.

Des objets imprimés en 3D à la mode éthique. Comment consommer dans un souci de transparence et en toute bonne conscience.

Un nom qui pourrait sembler exotique, mais qui ne l’est pas : Ileve est en fait issu d’une langue secrète parlée à Berne, le « mattenenglisch », et signife tout simplement « vélo ». En choisis sant ce nom pour leur marque de lunettes, Silvia Nadenbousch et Simon Krähenbühl, deux fans de cyclisme, ont voulu rendre hom mage à leur passion commune mais aussi à leur ville natale, Berne. Leur vision ? Des modèles simplissimes, tant dans la pro duction (locale) que dans leur conception (modulable mais ultra pratique). Résultat : les lunettes de cyclisme interchangeables et dont les différentes parties –verres, cadre et branches –se modulent à l’envie, en un tour de main. « Nous voulions les deux : la fonctionnalité et le design, en combinant un mini mum de complexité avec un maximum de confort », explique Simon Krähenbühl, cofondateur de Ileve District et responsable Design & Développement.

Charnières brevetées La grande nouveauté de la marque, c’est leur technologie click-in brevetée pour les char nières qui se fxent facilement entre les branches et la face. Un système inédit qui permet de renoncer aux vis (qui se dévissent) et de conserver une excellente stabilité des montures, bien pratique lorsqu’on a besoin de remettre ses lunettes pendant une course. De même, vous ne trouverez sur les modèles ni cous sinets en silicone, ni trace de colle. Là encore, on mise sur la durée de vie du produit – dont les pièces peuvent être facilement remplacées une par une, en cas de besoin. De la qualité et du local Un parti pris haute qualité 100 % made in Switzerland, puisque les pièces sont imprimées en 3D sur place. Ce qui permet d’imprimer en fonction de la demande, pour éviter tout déchet. Réduire son impact environnemental est d’ailleurs l’un des objectifs de la marque : « Nous sommes en train de tester un matériau bio sourcé à base de graines de ricin », explique Silvia Nadenbousch, cofondatrice et responsable Publicité & Marketing. Les graines de ricin poussent dans des zones sèches et n’entrent pas en concur rence avec les autres cultures vivrières. « Notre objectif, à terme, c’est de sortir sur le marché une paire de lunettes qui soit entière ment recyclable. » Si la marque bernoise ne propose pour l’instant que trois modèles, le premier modèle Ileve a déjà fait une sortie remarquée puisque la marque Strellson l’a intégré dans sa collection créée pour Fabian Cancellara, légende du cyclisme. Le second modèle permet d’y ajouter une correction de vue. Le troisième modèle a été développé avec Suplest, le fabricant de chaussures de vélo de course de Burgdorf (BE). ileve-district.com Lunettes modulables : des verres, un cadre, deux branches et quatre charnières – c’est tout. Un système click-in breveté fixe le tout pour une solidité irréprochable. Les pièces et les verres sont interchangeables : voilà la parfaite illustration de la durabilité version suisse. 26 g, solides, chics et écolos : les lunettes de cyclisme de Ileve District sont ultra confortables, pratiques… et 100 % suisses ! Du design à l’impression 3D, la production de lunettes de la start-up bernoise est 100 % locale.

TELESCASTEFANIAILEVE-DISTRICT.COM

LUNETTES DE VÉLO DURABLES La belle vue Consommer 58 INNOVATOR

Mais outre la question du « combien ? », le « quoi ? » est aussi décisif lors de l’achat. Il existe désormais des alterna tives plus durables dans tous les domaines de la consomma tion. On peut par exemple acheter une montre connectée d’occasion sur Refurbed, des baskets de seconde main sont disponibles en ligne sur de nombreuses plateformes, mais aussi dans les magasins d’occasion en plein essor dans les villes. Les aliments issus de la production biologique sont meilleurs pour l’environ nement. Et si l’on ne tient pas à manger de la viande tous les jours, les courses de la semaine ne sont pas forcément plus chères à cause du bio.

Besoin ou caprice ?

D’où provient le tissu ? Est-ce que je connais peut-être l’agri culteur·rice à qui j’achète les pommes de terre ? Plus c’est transparent, mieux c’est ! Prête-moi ta perceuse Mais le comportement durable va au-delà de notre mode de consommation : bien consom mer, c’est avant tout renoncer parfois à consommer. Emprun ter la perceuse de ses voisin· e·s au lieu d’en acheter une, s’attaquer de manière proac tive à l’ambiance malsaine qui règne au bureau plutôt que de compenser à la fin de la journée en faisant du shop ping… Ce n’est pas forcément l’acte d’achat qui nous rend plus heureux, c’est la satisfac tion immédiate qu’il apporte. Et moins il y a de consomma tion inutile, mieux c’est pour l’environnement ! Cela aussi a été prouvé scientifiquement.

Le pouvoir du non-achat A-t-on vraiment besoin de tout ce qu’on achète ?

En tant que consommateur·rice, quelle est notre part de responsabilité dans le processus de fabrication ? Sans inciter au boycott, la blogueuse Nunu Kaller nous aide à repenser nos habitudes de consommation. Introduction à une vie plus éco-responsable.

L’auteure, blogueuse et activiste autri chienne Nunu Kaller guide ses lecteurs vers un mode sain.consommationdeplus la récompense a sonné. De nombreuses études le prouvent, le shopping rend heureux car ces achats pro voquent la libération d’endor phine, c’est pourquoi on peut aussi en devenir accro. Mais une question reste toujours en suspens : est-ce que j’ai vraiment besoin d’une énième paire de sneakers ? Il est important de se la poser, car elle évite de faire des achats que l’on regrettera. Enfin, si l’on est honnête avec soi-même !

Il est également recommandé de se pencher sur la trans parence dans la chaîne de production : est-il possible de savoir qui a cousu le vêtement ?

INNOVATOR 59 ZOUBEKKALO

De la transparence

Le plus importante pour com mencer : nos achats sont plus souvent le fruit d’une impul sion, sous le coup de l’émotion, que d’une décision mûrement réfléchie. La journée au bureau a été pénible ? Un·e collègue tyrannique ? Une nouvelle paire de baskets vous remettra d’aplomb. Ou peut-être un nouveau gadget électronique en récompense d’une présen tation Powerpoint réussie. Cela fait un moment que la dernière Smartwatch vous a tapé dans l’œil… L’heure de CONSEILS EXPERTE

D'UNE

HORS DU theredbulletin.comCOMMUN RICARDO NASCIMENTO / RED BULL CONTENT POOL

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Celui·elle qui espère le meilleur, touche du bois. Celui·elle qui prévoit le meilleur, construit avec du bois. Et celui·elle qui veut aller au bureau, se fait une place au vert. 74 Adieu la morosité du quotidien au bureau ! Office LAB mise sur des espaces de coworking élégants et durables. 75 Avant de choisir votre lieu de vie sur un coup de tête, prenez le temps de consulter Doris Österreicher. 64 Les mini maisons sont les nouvelles cabanes en bois. L’esthétisme, le confort, et la biodégradabilité en plus. 72 Emma Wanderer offre un bain de nature pour mieux s’immer ger dans le travail, et se relaxer sitôt la journée terminée… 73 Green building, ou l’art de recycler les matériaux du bâti ment. Vienne montre l’exemple avec le LeopoldQuartier.

INNOVATOR PROPOSTODELFEDERICA

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Se loger

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²⁄³ POUR

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1990

SE LOGER — La surface moyenne par habitant·e en Suisse a doublé depuis les années 1970, pour atteindre 46 m² par personne en 2020. Parallèlement, l’effcacité énergétique a doublé elle aussi, même si l’on consomme encore beaucoup plus d’énergie qu’il y a cinquante ans.

* Env.

HABITAT DURABLE Normes plus strictes, énergies renouvelables et matériaux plus durables : en Allemagne et en Suisse, le secteur du bâtiment a réduit % ses émissions de depuis 1990 – mais reste responsable de 24 % des émissions carbone du pays. CHAUFFERSE Les chauffage.d’énergieconsom68 %consacrentménagesjusqu’àdeleurmationau En Suisse vingtdeaménagesdescarbonel’empreinte,chuté4 %enans. 53 % Les déchets issus du bâtiment déchets–desplussoitlesdetion)réhabilitation(construction,etdémolireprésententpluslamoitiédetousdéchetsenEurope,presquequatrefoisquelevolumetotaldéchetsurbainsdontfontpartienosménagers.Environ ¾ des bâtiments en avantétécentraleEuropeontconstruits1990.* 60 % d'entre eux nécessitent des rénovations du point de vue énergétique. chiffres

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parlants 62 INNOVATOR

La modernisation ou l’assainissement des bâtiments permet de réduire de 75 à 90 % leur d’énergie.consommation 38 % DES ÉMISSIONS Le secteur du bâtiment est responsable de 38 % des émissions de CO² dans le monde, soit 9,95 milliards de tonnes par an. L’objectif pour 2050 : la neutralité carbone. 92 % LA FIN FOSSILESDES Selon une étude réalisée par la Banque Allemande pour la Reconstruc tion (KfW), 92 % des personnes interro gées fossiles.sortirimportantcommeconsidèrentcrucialoulefaitdedesénergies Un logement dit passif consomme peu d’énergie : 10 kWh/m²/an. C’est 11 à 25 fois moins qu’un logement traditionnel non rénové.* *moyenne des logements anciens : entre 115 et 250 kWh/m²/an PLUS D'1 MILLION DE D'ICIIMMOBILIERSPROJETS2030 50 000 nouveaux loge ments en moyenne sont construits chaque année en Suisse : et la tendance va en augmentant. INNOVATOR 63 PROPOSTODELFEDERICAWOLFBENJAMINSTOCKADOBE

Depuis la pandémie de Covid, les mini maisons connaissent un engouement exponentiel. Celles de Wohnwagon sont un moyen idéal de se prémunir contre les pannes de courant et la flambée des prix du gaz.

TINY HOUSE TEXTE Nicole Thurn Se Microloger cosmosZANGERLDANIEL

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La durabilité façon hipster. Voici le modèle Fanni de Wohnwagon : une maison minimaliste de 27 m² bâtie avec des matériaux naturels de manière durable, et conçue, à la demande, en autonomie complète d’énergie.

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Il devrait être plus simple de choisir comment se loger, « sans avoir recours à un crédit im payable », estime Theresa Mai, fondatrice de Wohnwagon. de vivre dans une maison offrant le strict nécessaire. Et les matériaux de construction naturels comme le bois massif et l’argile procurent une sen sation incomparable de bien-être », poursuit Sperl. La société Wohnwagon produit des tiny houses en Autriche depuis 2014, ce qui lui a valu bien des moqueries à ses débuts. Aujourd’hui, le rêve d’un mode de vie minimaliste devient une réalité de plus en plus tangible. Et un produit plus demandé que jamais : l’augmentation exorbitante des tarifs du gaz, la dépendance au marché de l’énergie et un secteur immobilier excessivement tendu conduisent un nombre croissant d’entre nous à rechercher des alternatives à la construction d’une maison ou à l’acquisition d’un appartement. Les tiny houses offrent à cet égard de nombreux avantages : selon le droit

D’autres modèles de tiny houses mobiles sur roues portent le nom de « Mia », « Frieda », ou « Karl », fruits de la rencontre entre l’univers hipster et un développement durable mâtiné de sentiment de liberté et de nostalgie.

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La petite table et ses deux chaises en bois au dossier ajouré confèrent au lieu une atmosphère pittoresque, tan dis que la banquette tapissée d’épais coussins blancs invite au prélasse ment. Incrustés dans le mur opposé, trois hublots offrent une vue dégagée sur la forêt. Dans l’angle se niche une alcôve abritant le lit, lui-même placé à distance raisonnable de la kitchenette parée de couleur crème et de bois clair. Quiconque franchit le seuil du Wohnwagon « Fanni » a vaguement l’impression d’évoluer dans une maison de poupée suédoise à taille humaine offrant tout le confort nécessaire sur seulement 27 m². De l’extérieur, la micro-maison en bois de mélèze a des allures de bateau.

Deux ans plus tôt, Daniel Sperl et Caro Osorio Rogelis, propriétaires de la so ciété de transport Cargo et négociants pour le café Klimabohne livré par bateau à voile, ont fait l’acquisition d’une tiny house auprès du fabricant autrichien Wohnwagon. Le couple avait déjà expérimenté la vie en com munauté dans une ferme par le passé.

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Les tiny

SCHWARZ-KOENIGKLIMABOHNE,ZANGERL,DANIEL

On a ensuite vécu un moment dans le jardin d’hiver d’un ami et constaté qu’on pouvait parfaitement vivre à deux dans un espace restreint », ra conte Daniel Sperl. Après un séjour dans un Wohnwagon à titre d’essai, ils ont signé le contrat de vente en jan vier 2021, et leur tiny house leur a été livrée clé en main en juin 2022. « Au cours du séjour d’essai, on s’est rendu compte qu’on appréciait réellement

Vision d’un habitat autonome L’idée du Wohnwagon a germé dans l’esprit des entrepreneurs-artisans Christian Frantal et Theresa Mai en 2012. Theresa avait, à l’époque, offert son soutien à Christian par le biais de son agence de marketing et s’intéres sait à l’avenir du logement depuis déjà un certain temps. « Nous souhaitions rendre accessibles une vie et un ha bitat plus auto-suffsants, plus libres, plus indépendants et plus durables, et ce, sans crédit courant sur plusieurs décennies », explique Theresa Mai, aujourd’hui gérante de la société Wohnwagon GmbH. Le projet avait alors failli échouer faute de fnance ment, mais l’entreprise visionnaire a pu être sauvée in extremis grâce à une opération de crowdfunding. Au jourd’hui, le mode de vie minimaliste n’est plus l’apanage de quelques éco los purs et durs et d’une poignée de marginaux, il s’adresse également aux célibataires, aux couples et aux retrai té·e·s : selon une étude de la société de conseil en tiny houses Livee réalisée en Allemagne en 2019, les personnes ayant fait le choix de la tiny house étaient majoritairement âgées de 46 Vivre en autono mie

minimalistemanière«d’unel’acquisitionRogelisetDanielsolaire-bois.chaudièretovoltaïqueinstallationenc’estcomplète,possiblecombinantphoetmixteSperlCaroOsorioontfaittinyhouseafinvivredeplus».

américain de la construction, la sur face habitable d’une maisonnette – sur roues ou stationnaire – ne saurait dé passer 37 m². La fédération allemande des micro-maisons retient quant à elle une surface habitable de 15 à 45 m².

INNOVATOR 67

La raison la plus souvent donnée pous sant à l’achat d’une tiny house est la volonté de réduire son mode de vie à l’es sentiel… sur une surface de 30 m².

––– Comment ça marche ?

Un défi technologique La société décline différents modèles : mobiles, elles ont la particularité de reposer sur une conception modulaire dont le niveau d’autonomie et les équipements peuvent être aménagés selon les besoins du client. Actuelle ment, la plupart souhaitent bénéfcier d’une autonomie aussi large que possible, « mais la garantie du confort avec douche chaude, connexion WiFi haut débit et une alimentation élec trique suffsante revêt une importance tout aussi grande pour une vie quoti dienne normale », explique Theresa Mai. Pour satisfaire à ces exigences, on peut optionnellement recourir à un système de traitement de l’eau permettant de rendre l’eau de pluie potable. Le chauffage et l’eau chaude sont quant à eux fournis par une chaudière à bois couplée à un circuit hydraulique grâce à une cuisinière à bois permettant également de faire la cuisine, tandis que les toilettes sèches assorties d’une fonction de compos tage transforment les excréments en engrais. Sur le toit, une installation photovoltaïque en îlots est raccordée à un système de batterie de stoc kage. En associant ces installations à une chaudière mixte bois-solaire, Que veulent les clients ? Un approvisionnement aussi autonome que possible, le confort d’une douche chaude, un WiFi rapide et suffisamment d’électricité pour un mode de vie moderne. La micro-maison Wohnwagon fonctionne en économie circulaire. Le degré d’autonomie peut être ajusté aux besoins de chacun·e.

3

à 55 ans. En outre, 83 % des per sonnes interrogées ont déclaré que ce choix était motivé par leur aspiration à la sobriété. Une démarche aux ef fets vertueux sur l’environnement : selon la chercheuse américaine Maria Saxton, les tiny houses permettent en effet de réduire la consommation énergétique de 45 % en moyenne. La pandémie a accentué la demande de micro-maisons. « La demande est essentiellement dopée par les clients en quête d’un logement à un prix abordable », souligne Theresa Mai. Avant la pandémie, Wohnwagon pro duisait environ vingt tiny houses par an, un chiffre qui s’élève aujourd’hui à trente. Les maisons sont livrées à l’international, mais surtout vers l’Au triche, l’Allemagne et la Suisse. Si né cessaire, la production pourrait même être portée à 40 unités par an sans engager de grands investissements. Le nombre d’employés a lui aussi augmenté, passant de 25 en 2018 à 43 aujourd’hui. L’objectif commercial de Theresa Mai est de développer, à moyen terme, « une entreprise solide de 60 à 80 employés ».

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DECIRCULAIREÉCONOMIE4L’EAU 2 SOLAIREÉNERGIE Se loger 68 INNOVATOR

1 LE MODE DE CONSTRUCTION Parois en bois massif, laine de mouton, argile, etc. Seuls des matériaux natu rels sont utilisés.

2 L’AUTO-SUFFISANCE EN ÉLECTRICITÉ est assurée par l’énergie solaire et, si nécessaire, par un apport en gaz. 3 LA CHA LEUR et l’eau chaude sont fournies par le chauf fage combiné solaire et bois. 4 L’EAU DE PLUIE est récupérée puis potabilisée, et des WC biolo giques transforment les excréments en engrais.

Ce genre d’habitat a toutefois un prix. Daniel Sperl a déboursé la somme de 160 000 CHF pour son Wohnwagon semi-autonome, amé nagement intérieur compris. La société Wohnwagon propose des tiny houses sur roues dans une fourchette de prix allant de 130 000 à 200 000 CHF, selon les équipe

Une qualité qui a un coût : selon l’équipement, il faut compter entre 130 000 et 200 000 CHF pour une tiny house de Wohnwagon.

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Depuis fin 2018, le site de pro duction de Wohnwagon est situé à Gutenstein, en Basse-Autriche.

D’ailleurs, l’équipe entière s’est installée là-bas à titre privé.

il est même possible d’atteindre une autonomie énergétique de 100 %. Aujourd’hui, la plupart des systèmes garantissent un degré d’autonomie de l’ordre de 90 % et peuvent par ail leurs être complétés par des modules individuels disponibles à l’achat sur la boutique en ligne. L’appli Wohnwagon permet en outre de surveiller la consommation énergétique en fonction de ses différents postes : chauffage, chauffe-eau, électricité. Une planifcation adéquate en début de projet revêt ici une importance cru ciale : « Avec le·la client·e, nous pas sons en revue sa consommation éner gétique au quotidien et examinons les potentiels d’économies qui nous permettraient d’atteindre l’autono mie », précise Theresa Mai. À l’heure actuelle, ces maisonnettes n’ont plus uniquement la vocation de devenir de simples maisons de vacances ou locations Airbnb. « Aujourd’hui, 70 % de nos client·e·s occupent leur Wohnwagon tout au long de l’année. » C’est pourquoi le fabricant recourt à une construction en bois massif à base d’essences provenant d’Autriche et à une isolation composée d’une épaisse couche de laine de mouton et d’enduit à l’argile pour un logement peu gourmand en énergie et un climat intérieur agréable. Daniel Sperl a fait le choix de l’autonomie partielle : « Nous avons besoin d’une petite ins tallation photovoltaïque sans grande batterie de stockage. Notre consom mation d’énergie est particulièrement économe », se félicite-t-il. L’hiver, ils se chaufferont désormais au bois et cui sineront sur la cuisinière à gaz.

ZAUNER/LIBERTYDOTHOMEKAJETANFOTODESIGN-WINTER,WEISS,BERND

MOOBLE Le fabricant turc de tiny houses Mooble House propose une maison sur roues entièrement autonome et habitable toute l’année, homologuée pour la route. Il y a de la place pour quatre personnes à partir de 35 mooblehouse.com000 CHF.

La demande en tiny houses augmente de jour en jour, notamment en raison de l’explosion des coûts du gaz et de l’électricité, et de la crainte d’un black-out. Les entreprises ont depuis longtemps reconnu cette lacune. Voici un panel représentatif de ce qui se fait en la matière.

Logement minimal un internationalphénomène

TINY HOUSE ALLGÄU La maison en bois de Tiny House Allgäu, d’une surface allant jusqu’à 30 m², peut être construite comme une maison démontable ou sur roues. L’équipement est individuel, c’est pourquoi le fournisseur ne donne pas de mobilesL’entreprisetiny-house-schweiz.chprix.ECOCAPSULEslovaqueEcocapsuleconstruitdesbullesd’habitationfuturistespouvantaccueillirjusqu’àdeuxpersonnessur6,3 m².Lemodèleentièrementautonome,fonctionnantàl’énergieéolienneetsolaire,estproposéà99900 CHF,lemoinscherà69900 CHF.ecocapsule.sk

MCTINY Le McTiny du fournisseur McCube en Autriche offre une surface habitable de 30 m² à partir de 109 900 CHF. Le chauffage est assuré par des panneaux infrarouges et le canapé-lit se laisse dissimuler dans le sol. mc-cube.at JUPE Jupe, une chambre d’amis mobile de 10 m² (sans WC) est vendue par d’anciens designeurs de Tesla, SpaceX et Airbnb, pour environ 14 300 CHF. L’électricité pour l’installation sonore, l’éclairage LED et la connexion Alexa provient de panneauxjupe.comsolaires.

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ments choisis. D’après l’étude Livee précitée, les clients dépensent en moyenne 67 000 CHF pour une tiny house de 28 m². Un grand nombre de fournisseurs comme Wohnwagon ont fait leur apparition sur le marché au cours des cinq dernières années, mais certain·e·s concurrent.e.s ont fait le choix du low cost. On trouve aujourd’hui des tiny houses pour quelques milliers de francs dans le discount : « Techniquement, ces constructions sont souvent équiva lentes à de simples abris de jardin », déplore Theresa Mai. Un nombre croissant de menuiseries et d’ateliers spécialisés surfent également sur cette tendance en proposant des maisons modulaires au format mi niature. Aujourd’hui, Wohnwagon commercialise aussi des maisons mo dulaires en bois massif de 51 à 97 m² destinées aux familles à un prix com pris entre 250 000 et 350 000 CHF et offrant des fonctions analogues, pour une vie autonome en circuit fermé. Quitter la ville pour le village L’équipe de Wohnwagon nourrit une véritable passion pour l’habitat durable : à l’automne 2018, Theresa Mai, accompagnée de l’ensemble de son staff de 24 personnes, a décidé de quitter Vienne pour s’installer dans le village de Gutenstein, à une quotidien. « À quoi bon habiter une tiny house si c’est pour vivre en ermite marginal ? », se demande Daniel Sperl. De son point de vue, un Wohnwagon se doit d’être intégré à une commu nauté, dans un souci de partage et d’entraide : « On aimerait bien trouver une vielle ferme et en faire une mai son communautaire, avec un atelier et une salle de séminaire. Pourquoi de vrait-on tous être propriétaires alors qu’on peut très bien partager ? », fait-il remarquer. Le Wohnwagon ferait alors offce de refuge personnel. Trouver le terrain, un défi À ce jour, le projet de Daniel Sperl re lève encore du domaine du rêve. Avec sa compagne, il est toujours en quête d’un terrain à louer. Principale diff culté : une tiny house destinée à être occupée en permanence ne peut être installée que sur un terrain à bâtir, et vu les prix pratiqués au Tyrol, l’achat d’un terrain reste hors de portée. Les prix élevés du foncier et les méandres administratifs inhérents au change ment d’affectation de surfaces agri coles sont des freins non négligeables à la réalisation d’un rêve. Mais qui veut, peut, et qui ose, fait !

Ce qui pose actuellement le plus de problèmes aux adeptes de tiny houses, c’est la recherche de terrains et leurs prix élevés.

Inspiration Il ne doit pas forcément s’agir d’une tiny house autonome en terme d’énergie ni d’une ferme autosuffisante : « Le premier pas vers l’autosuffisance, c’est d’adopter un état d’esprit », explique Theresa Mai. Les petits pas comptent pour beaucoup. Cela peut être un mini potager sur le balcon ou la boîte de légumes que l’on va chercher chez un·e agricul teur·rice bio. Une réduction de la surface habitable et une plus grande ouverture d’es prit vis-à-vis de l’habitat en communauté peuvent être un début aussi. Tout comme le fait de renoncer à d’énièmes vêtements, aux articles de consommation superfétatoires ou à sa propre voiture. heure de route de la capitale. « Nous voulons incarner les valeurs que nous défendons : l’autonomie en commu nauté », affrme Theresa Mai. L’équipe a installé un bureau provisoire dans la salle de l’auberge désaffectée du village. Quelques employé·e·s ont trouvé refuge dans les chambres d’hôtes au premier étage, tandis que d’autres, comme Theresa Mai, ont choisi d’occuper des appartements environnants. Redonner vie aux loge ments vacants lui paraissait plus sensé que de construire un lotissement de maisonnettes Wohnwagon. L’auberge du coin est progressivement équipée afn de la rendre autonome en éner gie : une chaudière à bois déchiqueté a remplacé le chauffage au foul, une installation photovoltaïque suivra prochainement. Le premier étage accueille désormais un bureau mo derne en open space. Les chambres ont été rénovées et transformées en six mini-appartements destinés aux employé·e·s de Wohnwagon et de la coopérative, fondée par l’équipe, qui assure l’exploitation des chambres d’hôtes, d’un restaurant et d’un projet de service régional d’assistance au

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Chalets en bois stylés, bureaux en pleine nature, maisons modulables et évolutives : le bonheur est dans le pré ! E

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Douceur de vivre

Une entreprise vien noise crée des espaces de coworking en pleine nature. Quelle bonne adresse ! WANDERER

auTravailvertSeloger

Planification à l’échelle européenne La construction du premier site a débuté au mois de juin en Styrie (Autriche), à deux pas des montagnes. Plusieurs autres vont suivre, dans toute l’Europe. Un concept qui n’attire pas seulement les indépendant·e·s, mais aussi les entreprises souhaitant quitter leur cadre urbain pendant quelques jours pour une retraite en équipe. emmawanderer.com

nfler ses chaussures de ran donnée et partir en montagne sitôt la dernière visioconférence terminée ? Ce rêve sera bientôt réalité grâce à l’entreprise vien noise Emma Wanderer. Avec son équipe, Andreas Jaritz développe des bureaux de coworking (lieux de travail que peuvent se par tager plusieurs personnes) non pas situés en plein centre-ville comme c’est le cas actuellement, mais bien à l’écart de l’agitation urbaine. L’occasion idéale pour les professionnel·le·s indépen dant·e·s (et, accessoirement, pour les entreprises) de combiner vacances et travail. Un peu dans la même veine que le concept de workation (contraction des mots anglais work, travail, et vacation, vacances), mais avec plus de pos sibilités qu’un van et une table de camping. L’appel de la forêt L’idée d’Emma Wanderer ? Déve lopper un site en pleine nature composé de bureaux communau taires ouverts et interconnectés au milieu de nulle part, avec des espace de coworking au centre et connexion WiFi rapide, salles de réunion et snack-bar. Si l’on souhaite faire une pause ou res ter dormir, des tiny houses sont également à disposition avec tout le nécessaire pour vivre sur quelques mètres carrés.

Travail et vacances : Andreas Jaritz, PDG, est un adepte des transitions fluides.

De la mer du Nord au cœur de l’Europe, de Hambourg à Vienne, les quais se mettent au vert.

Il s’agit d’un procédé de construc tion sain à base de matières premières déjà recyclées ou teur immobilier UBM Develop ment. Les 5 % restants (déchets de type tubes fuorescents) sont mis à la décharge conformément à la législation. »

La construction écologique, ou green building, commence dès la démolition. Un démantèlement favorable au développement durable est à la base du LeopoldQuartier, premier quartier urbain en bois d’Europe dont la construc tion débutera en 2023 dans le IIe arrondissement de Vienne, en bordure du canal du Danube. Cela lui a valu d’être récompensé par le certifcat d’or de la société allemande pour la construction durable (DGNB). « On peut recy cler presque tous les matériaux issus de la démolition, soit envi ron 95 %, explique Christoph Trenner, chef de projet du promo Le cradle to cradle est un procédé de construction sain à base de matériaux déjà recyclés, ou recyclables. Maquette du futur LeopoldQuartier. L’ancien quartier a été démoli selon le principe du cradle to cradle, précieux cycle de matières premières qui évite les déchets.

recyclables dans le futur. Ces bâti ments sont pour ainsi dire des entrepôts de matériaux : à la fn de leur cycle de vie, ils sont entiè rement réutilisables. Cette utopie devenue réalité met les voiles sur la capitale autrichienne. Recyclage perfectionné

Un immeuble permettant de produire 42 tonnes d’oxygène et de fxer 6,2 tonnes de carbone par an grâce à sa façade végétale est actuellement en cours de construction dans le quartier HafenCity, à Hambourg. Basée sur le principe du cradle to cradle (trad. du berceau au berceau), la tour résidentielle Moringa est à 94 % recyclable et compostable.

CYCLE DE RÉUTILISATION

Construire malin, vivre bien Troisième facteur déterminant : l’utilisation systématique de la géothermie, du géocooling et des panneaux solaires. Les 45 unités de bureaux et commerces, ainsi que les 253 appartements du LeopoldQuartier seront neutres en carbone et disposeront d’un atout déterminant pour préserver les ressources : « L’interaction de capteurs intelligents et de sys tèmes d’automatisation numérisés permet de réduire considérable ment et durablement les besoins en énergie des bâtiments », explique Thomas G. Winkler, directeur d’UBM. Une vraie mine d’or pour l’avenir. leopoldquartier.at

Le Timber Pioneer, premier immeuble de bureaux en bois hybride de Francfort et source d’inspiration pour la construction écolo gique du LeopoldQuartier.

INNOVATOR 73

En avecphasel’avenir

KALTENBÖCKNINAARCHITECTSHNP

74 INNOVATOR SCHREYERSIMON

« Nous essayons de conserver le style architectural des bâtiments d’origine et de le mettre en valeur avec des éléments modernes. Dans le cas du bâti ment historique de la poste à la gare de Winterthur, cela se traduira par un mix de briques, de gros tuyaux au plafond et de design industriel. » À l’avenir, Offce LAB souhaite atteindre 100 % d’électricité éco logique et d’origine hydraulique, et n’être meublé que de mobilier de bureau composé entièrement de matériaux recyclés.

COWORKING

CAMMARDELLAGIAN-ANDREA est responsable marketing chez Office LAB. L’objectif selon lui n’est pas simple ment de louer des heures de travail, mais d’aider les occupant·e·s des espaces à les utiliser de manière optimale et durable.

Au cours des cinq prochaines années, les émissions du site de Winterthur seront réduites de moitié.

Des plusunécolobureauxpourmondebeau

Se loger À Winterthur, les espaces ont été matériauxaménagésmajoritairementavecdesneutresenCO²

Une des deux salles de réunion repenséenouvellementdel’anciennepostedeWinterthur.

Les créatif ive s et PME adeptes du coworking sont souvent déçu·e·s lorsque, , dans de nom breux cas, il·elle·s découvrent des oasis de plastique pseudo-futu ristes aux couleurs très vives conçues avec des matériaux non durables et non respectueux de l’environnement.Unetendance dont l’entre prise Offce LAB veut se démar quer en proposant, en Suisse, des espaces au design épuré. Disposant déjà de cinq sites, l’entreprise prévoit d’en ouvrir un sixième en novembre à Winterthur (avec onze espaces individuels et deux salles de réu nion), qui inclura un étage essen tiellement composé de matériaux neutres et positifs en termes d’émissions de CO². « Nous aspirons à proposer des lieux qui ne se réduisent pas à la location d’heures de travail », explique Gian-Andrea Cammardella, le responsable marketing d’Offce LAB.Cammardella et l’équipe d’Offce LAB assistent les client·e·s pendant toute la durée de la location et cherche constamment à améliorer l’utilisation et la durabilité de chaque site : « Nous accompagnons les usager·ère·s dans la durée et leur soumettons régulièrement de petites amélio rations. » L’infrastructure du bâti ment ne peut toutefois pas être modifée pour satisfaire les seuls besoins des locataires. Comme l’explique le Directeur général d’Offce LAB Roger Krieg : Office LAB soigne le design de ses espaces de travail partagés, et aussi leur quotient de durabilité.

Au cours des cinq prochaines années, les émissions du site de Winterthur seront réduites de moitié par rapport à celles de bureaux traditionnels. Quant à la mobilité, elle se fera à vélo ou en voiture électrique partagée. Tel sera le bureau écolo ! officelab.ch

CONSEILS D'UNE EXPERTE INNOVATOR 75 FÜRTHNERBOKU/CHRISTIAN

La manière et l’endroit où nous construisons nos maisons font une énorme diffé rence pour l’environnement. La chercheuse en écologie Doris Österreicher nous explique comment inviter la nature à prendre ses quartiers chez nous.

Place à la nature

CONSEIL N° 3

Les énergétiquesdépenses

La recherche d’une consom mation d’énergie aussi faible que possible passe par un inventaire : de combien d’es pace ai-je besoin ? 200 ou 70 m² ? Plus la surface est petite, plus la consommation d’énergie est faible. Lors de la recherche d’un logement, il faut donc prêter attention au plan car l’agencement pré vaut sur la taille. Par ailleurs, à l’avenir, de nombreux espaces peuvent être pensés et utilisés en communauté : le jardin ou les lieux de coworking en télétravail.

N° 2 La surface

Avant de déménager, il faut veiller à ce que le nouveau logement ait un besoin en énergie et en ressources le plus faible possible, et si le bâtiment possède une part importante d’énergie renou velable. Il est également pos sible de réfléchir à des com munautés d’énergie ou à des modèles d’électricité en com mun : dans ce cas, on s’associe avec d’autres locataires et on choisit le·la fournisseur· euse le·la plus éco-respon sable en la matière.

CONSEIL N° 4

judicieusementÉconomiser

Pour les propriétaires, il existe des subventions pour la réno vation thermique et la mise en œuvre d’énergies renouve lables. Si vous êtes locataire, vous pouvez vous adresser à votre propriétaire pour l’inviter à faire des travaux de rénova tion allant dans ce sens. D’une manière générale, il existe quelques mesures pour écono miser l’énergie : en hiver, mieux vaut ne pas trop augmenter la température et s'habiller chaudement si on a froid, car chaque degré de moins sur le thermostat permet de faire des économies d’énergie ; il faut aussi aérer ponctuellement et rapidement, ne pas laisser les fenêtres ouvertes en perma nence et bien fermer les portes. En été, ombragez autant que possible les pièces intérieures, en fermant les volets ou les rideaux, aérez bien la nuit et gardez les fenêtres fermées pendant la journée. La climati sation est très néfaste car elle consomme beaucoup d’électri cité. Préférez la méthode à l’an cienne qui consiste à placer des linges mouillés devant un venti lateur en marche afin de rafraî chir la pièce. energieschweiz.ch

CONSEIL N° 1

Doris Österreicher est architecte et fait de la recherche à la BOKU, Vienned’Agronomiel’Universitéde(Autriche).CONSEIL

Le choix du lieu Où est-ce que j’habite et com ment m’y rendre ? Plus la zone est dense, plus l’urbanisation est développée et plus mes besoins énergétiques seront faibles, que cela concerne la mobilité, les infrastructures ou l’approvisionnement en éner gie. Un bâtiment à énergie positive, construit selon toutes les normes écologiques en vigueur, n’est pas forcément plus durable s’il est difficile d’accès. Tout repose en grande partie sur l’infrastructure pré sente : si l’approvisionnement local et énergétique est déve loppé de manière optimale, cela permet d’économiser des ressources.

d’ d’

Quel délice de manger sans pensée rabat-joie. Aperçus de l’origine et de la fabrication des aliments de demain, lesquels sont plus sains pour nous, et plus respectueux de l’environnement. besoin d’être un cordon bleu pour cuisiner –goûteusement – ce saumon végétal imprimé en 3D. 84 Fabriquer du fromage comme on fait de la bière : avec des bactéries saines, et sans contribution animale. 80 Zoom sur l’industrie alimen taire : en pleine reconversion, elle repense l’élevage intensif et l’exploitation animale.

Se nourrir PAGE 84 Que faire avec le pain sec récolté chez les boulangers ? Un croustillant muesli pour le petit-déj bien sûr ! PAGE 87 Comme chez mamie : les meilleures recettes vegan, livrées chez vous avec tous les ingrédients. INNOVATOR

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PAGE 83 Pas

PROPOSTODELFEDERICA

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163 m 2

DE POURSURFACEUNSTEAK

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Des chiffres parlants

L’élevage bovin et ovin nécessite d’immenses étendues de terre, servant de pâturages ou de terres agricoles pour le fourrage. Un petit steak de bœuf représente 163 m² de sur face au sol, quand 100 g de protéines issues de pois son d’élevage n’ont utilisé que 3,7 m² et 2,2 m² pour celles issues du tofu. dans le monde couvrent 50 millions de km², ce qui correspond à la moitié de toutes les terres habitables du globe –soit cent fois plus qu’il y a mille ans.

Les légumes très aqueux comme les concombres se dessèchent vite une fois cueillis, ce qui pose problème quand les temps de transport et de stockage s’allongent : les protéger d’un film plas tique est, au final, moins coûteux en termes de ressources que de devoir jeter les stocks gâchés.

CE QUE MANGEONSNOUS Au niveau mondial, les produits d’origine végétale fournissent 82 % de nos ap ports caloriques, la viande et les produits laitiers 18 %, mais représentent 37 des protéines consommées.

— L’agriculture et la pêche sont responsables de 37 % des émissions de gaz à effet de serre, alors que les rendements par superfcie augmentent. Sur un hectare de culture, on récolte aujourd’hui trois fois plus qu’il y a soixante ans – et la prochaine révolution ne fait que commencer.

DE TOUTES LES AGRICOLESSURFACES sont utilisées pour la production de viande et de produits laitiers, que ce soit pour les pâturages ou la production de four rage. Seuls 23 % servent aux cultures végétales directement destinées à la consommation humaine. % NOURRIR

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78 INNOVATOR

MOINDREPLASTIFIÉCONCOMBRE?UNMAL

ALIMENTAIRESÉCURITÉ

INNOVATOR 79 PROPOSTODELFEDERICAWOLFBENJAMINSTOCKADOBE

L’indice de cinquième.la113 paystairerésiliencenaturellesquedesibilitélaponibilité,enrityoualimentairesécurité(leGFSIGlobalFoodSecuIndex)estcalculéfonctiondeladislaqualité,sécuritéetl’acceséconomiquelanourritureainsilesressourcesetlaalimend’unpays.Surévalués,Suisseseclasse

Clean Meat désigne la viande « cultivée » en laboratoire à partir de cellules prélevées sur un animal. Le premier burger de viande de culture a été dégusté en 2013 et coûtait quelque 250 000 CHF. … a été multipliée par trois : sur un kilomètre carré, on produit de nos jours en moyenne trois fois plus de nourriture qu’il y a soixante ans. La mondiale…annuellerécolte

0,66HECTARE–LATAILLED’UNTERRAINDEFOOT C’est la surface agricole moyenne dont disposait chaque personne en 2016, deux fois moins qu’il y a un demi-siècle. Grâce aux progrès tech nologiques, on est pour tant capable de nourrir plus d’êtres humains que jamais auparavant.

À l’heure où certains producteurs de saucisses font davantage de chiffre d’affaires avec des substituts végétaux qu’avec leurs saucisses carnées et où bon nombre de start-up entendent commercialiser leur viande de culture dans les supermarchés, il convient de se poser la question : sommes-nous à la veille d’une révolution alimentaire ? Vers une viande sans animaux Se nourrir ALIMENTATION ILLUSTRATIONS atipo TEXTE Helena Zottmann 80 INNOVATOR

La santé avant tout « Il ne faut pas nécessairement opter pour une approche dogma tique qui interdirait toute consom mation de viande, estime-t-elle. Mais nous savons que la consom mation quotidienne de viande n’est pas bonne – ni pour nous ni pour la planète. » Un constat qui explique le succès grandissant du régime fexitarien. La clientèle de la société suisse Planted est elle aussi majoritairement constituée de consommateur·rice·s qui, pour une raison ou pour une autre, délaissent occasionnellement la viande. Cette tendance se traduit par une augmentation de la part de linéaire dédiée aux produits Motifs avancés pour consommer plus d’alternatives végétales : 15 pour% des motifs financiers 41 % en raison de la faible disponibilité des produits 43 pour%préserver la santé, l’en vironnement et les animaux (Source: The Vegan Society, 2020)

annuelleConsommationdelait de vache par personne en Suisse : 1081989kg 582012kg 502020kg (Source : Secrétariat de l’Union suisse des paysans, 1990 & swissmilk.ch, 2020)

E

En 2020, la marque de charcuterie allemande Rügenwalder Mühle générait pour la première fois da vantage de chiffre d’affaires avec des produits non carnés qu’avec ses véritables saucisses. Cela est la suite logique d’une tendance qui se développe depuis de nom breuses années : « Aujourd’hui, les gens se posent clairement la question de l’origine des produits et des répercussions globales de leur comportement de consomma teur·rice », explique Inga Bruns, de l’entreprise munichoise Planty of Meat qui commercialise des produits à base de viande végé tale en Autriche et en Allemagne depuis 2019. L’aspiration à une alimentation saine, la notion de « santé planétaire », les scandales autour des abattoirs ainsi que les effets néfastes de l’élevage intensif sur les sols, l’eau et l’utilisation des terres constituent autant de raisons de renoncer à la viande.

INNOVATOR 81

Nous concevons nos –Judithvoiture.conçoiventcommealimentairesproduitsd’autresuneWemmerPlanted

Projection pour

« Il sera intéressant de voir com ment évoluera la situation : tous les acteur·rice·s survivront-il·elle·s à long terme ou le paysage concurrentiel va-t-il se contracter après le boom actuel ? », s’inter roge Inga Bruns. Au regard de ses potentiels extraordinaires, le mar ché est aujourd’hui suffsamment vaste pour accueillir un grand nombre de fournisseur·euse·s. Prix et ingrédients Mais les crises n’ont pas unique ment pour effet de doper la de mande de produits qui promettent « santé planétaire » et « vie plus

Favoriser le local Planted obtient ses protéines de tournesol à partir d’un sousproduit issu de la production d’huile de tournesol appelé « tour teau ». Il est traditionnellement utilisé pour nourrir les cochons ou pour servir d’engrais. Les fbres et les protéines de pois pourraient également avoir une utilité éco nomique supplémentaire en tant que sous-produits de l’agriculture. En effet, les légumineuses, c’està-dire les plantes comme le pois végétaux et par un meilleur em placement dans les rayons des su permarchés. Elle s’accompagne en outre d’une profusion du nombre d’acteur·rice·s sur le marché : Vegini en Autriche, Like Meat et Greenforce en Allemagne, Vege tarian Butcher aux Pays-Bas, Im possible Food en Californie. Alors qu’on ne comptait qu’une poignée de fournisseur·euse·s il y a encore quelques années, on peine au jourd’hui à tou·te·s les énumérer.

saine », elles tirent aussi les prix vers le haut pour le consomma teur. Une hausse que subissent également les produits d’origine animale. Inga Bruns estime que « cette augmentation du prix de la viande est tout à fait justifée », dans la mesure où les tarifs de la viande conventionnelle bon mar ché sont largement inférieurs à sa valeur de production réelle. Selon elle, « à 12 CHF le kilo de viande bio, les prix s’approchent peu à peu d’un niveau raisonnable ». La texture et le goût déter minent les expériences olfactives des produits vegan, qui reposent le plus souvent sur des ingrédients de base très similaires. Dès son lancement, Planted s’est fxée pour objectif de recourir à une liste d’ingrédients très concise. La mission première de son dépar tement de recherche, qui compte aujourd’hui cinquante salarié·e·s, réside ainsi dans le choix avisé des produits de base. « Pour le poulet, nous avons commencé avec des protéines de pois, des fbres de pois, de l’eau et de l’huile de colza, relate Judith Wemmer, gérante de Planted. Pour la variante mari née, on a ajouté des herbes et des épices. » Les fbres et les protéines de pois, de tournesol, de blé ou d’avoine sont les ingrédients les plus fréquemment mentionnés sur les emballages des escalopes, des bâtonnets de poisson et des nuggets vegan. Les protéines de tournesol confèrent au produit la couleur la plus sombre et conviennent donc parfaitement aux substituts de viande de bœuf. « Grâce à ces ingrédients, nous concevons nos produits alimen taires comme d’autres conçoivent une voiture », poursuit Wemmer.

402040%de viande d’ani maux abattus 25 % d’alternatives végé tales à la viande 35 % de viande cellulaire (Source : AT Kearney, 2019) Se nourrir 82 INNOVATOR

Poisson imprimé Bien qu’il était déjà possible de fabriquer des bâtonnets de poisson et d’autres alternatives au poisson, le filet imprimé en 3D permet de réaliser un rêve caressé de longue date par l’industrie du poisson végétal. « Créer un filet de saumon végétal au goût et à la texture réalistes représente un défi technique monu mental et nous sommes fiers d’avoir atteint cet objectif », se félicite Robin Simsa, PDG de Revo Foods. Le filet de poisson se compose de protéines de pois, d’extraits d’algues et d’huile végétale et peut être cuisiné comme un filet de saumon conventionnel. Sur le plan nutritionnel, ce produit convainc par sa haute teneur en pro téines, mais aussi par une concentra tion en oméga-3 analogue à celle de sa version animale. Le filet de sau mon végétal devrait être disponible dans le commerce à partir du début de l’année 2023. Grâce à leur innovation, ils ambitionnent de lutter contre la surpêche : en mettant au point un pois son végétal, la start-up Revo Foods a franchi une étape décisive. 1

jaune, le soja, le lupin, mais aussi le trèfe, favorisent la fxation dans le sol de l’azote, un nutriment essentiel à la croissance des végé taux. Les plantes très gourmandes en éléments nutritifs, comme le maïs ou le colza, qui seraient cultivées sur les mêmes champs l’année suivante, pourraient alors puiser dans les réserves d’azote ainsiActuellement,constituées. la culture de pois suisses est toutefois exclusi vement dédiée à l’alimentation animale et non à la production de viande végétale. La Confédération suisse fnance uniquement la culture des légumineuses destinée à l’alimentation des animaux, ce n’est donc qu’à cette condition qu’un agriculteur·rice suisse culti vant des légumineuses à grains pourra se voir attribuer des sub ventions. Planted a donc décidé de recourir à l’importation de cette matière première, par exemple de puis l’Europe de l’Ouest. Selon Ju dith Wemmer, « il s’agit de struc tures obsolètes aux racines très anciennes qui doivent à présent évoluer ». Un constat qui a conduit Planted à cofonder l’association suisse pour les protéines alterna tives, qui compte également deux des plus grands organismes trans formateurs de viande de Suisse parmi ses membres. « Dans cette association, nous consacrons nos efforts au changement et réfé chissons à la manière de le faire advenir durablement sur les plans politique, économique et social », explique-t-elle.

Six aliments du futur et leurs créateur·rice·s

Le cabinet de conseil AT Kearney estime qu’en 2040, la part de la viande cellulaire cultivée dans des bioréacteurs représentera jusqu’à 35 % de la consommation de viande globale, contre 25 % pour la viande végétale et 40 % pour la viande provenant d’animaux abattus.

INNOVATOR 83 FOODSREVO

Viande de culture

Fondateur·rice·s de Revo Foods : Robin Simsa, Theresa Rothen bücher, Manuel Lachmayr.

L es fins amas de fibres, la couleur, le goût : le plat qu'on nous a servi a l’apparence d’un filet de saumon. Techniquement, c’est d’ailleurs bien du saumon, à ceci près que celui-ci n’a jamais vu la mer et a été fabri qué par imprimante 3D du côté de Vienne (Autriche). La start-up Revo Foods spécialisée dans la food tech a produit le premier filet de saumon entier à base de plantes. L’entreprise était déjà parvenue à introduire sur le marché son saumon fumé vegan dans seize pays européens. La pro duction d’un morceau de filet entier constitue un tournant majeur.

expériencesavoureuseUne

Alors que les alternatives végétales à la viande atterrissent déjà dans les assiettes d’un nombre croissant de consommateur·rice·s, la viande cultivée en laboratoire semble en core tout droit sortie d’un flm de science-fction. Différentes études de marché lui promettent pour tant un potentiel extraordinaire.

L’ entreprise de biotech berlinoise Formo n’ambitionne rien de moins que de produire les produits laitiers de l’avenir sans animaux. « Les pro duits d’origine animale sont partie intégrante de notre culture et de notre identité. Enfant, mes plats préférés étaient tous préparés à partir d’animaux », se rappelle Raffael Wohlgensinger, fondateur de l’entreprise helvético-brésilien et amateur de fromage. Il a luimême adopté une alimentation non animale depuis quelques années et a ainsi pu constater les limites gustatives des fromages sans lait animal. « Notre objectif vise à com mercialiser des produits laitiers qui offrent ce plaisir gustatif tout en étant élaborés sans animaux. »

Les procédés uti lisés dans leur laboratoire s’inspirent des méthodes des brasseurs de bière.

Sandra Wilde, responsable Food Science chez Formo, a développé un lait à base de protéines dans le cadre de son doctorat.

Chaque jour, 70 tonnes de pain sont jetées dans la seule ville de Vienne.

Une brasserie laitière Si l’on en croit les données du fabri cant, les produits laitiers de Formo ont le même goût, la même texture et les mêmes propriétés fonction nelles que le fromage d’origine animale. Le secret de fabrication du produit repose sur le concept de fermentation de précision : au cours de cette étape, les micro-or ganismes synthétisent des proté ines de lait, de façon analogue à ce qui se produit dans les brasseries lorsque les micro-organismes syn thétisent de l’alcool.

Afin que le pain rassis n’atterrisse plus dans les poubelles, deux Autrichiens ont imaginé un concept brillant. Un muesli en fermécircuit3

Au total, 20 % des produits de boulangerie produits quotidien nement n’atterriront jamais dans nos assiettes. Si le gaspillage ali mentaire était un pays, il s’agirait du troisième plus gros émetteur de gaz à effet de serre après les USA et la Chine. Cette triste réalité a conduit les Nations unies à faire de la réduction du gaspillage alimen taire de 50 % l’un de ses objectifs de développement durable. « Notre ambition est d’apporter notre contribution à cet objectif et de promouvoir une gestion conscien cieuse des ressources », confient les fondateur·rice·s de Brüsli.

2

Sarah Lechner a fondé Brüsli pour recycler le pain rassis en granola.

Cette forme de production de pro téines de lait est jusqu’à 20 fois plus efficiente que la production de lait de vache conventionnelle.

Du sansfromagevache

Raffael Wohlgensinger et Britta Winterberger ont fondé la start-up en 2019. Aujourd’hui, l’équipe com posée de biologistes, d’expert·e·s en science de l’alimentation et d’innovateur·rice·s souhaite élargir sa gamme de produits et proposera prochainement des spécialités lai tières comme la Mozzarella et la Ricotta.

Se nourrir 84 INNOVATOR

Chaque kilogramme de granola Brüsli permet de recycler 1 kilo de pain et d’économiser 1 400 litres d’eau. Ce granola vegan se compose de pain, de fruits, d’épices et de fruits à coque.

Les amateurs de fromage de la société Formo aspirent à élaborer des produits laitiers dont le goût n’a rien à envier aux produits laitiers d’origine animale.

S arah et Michael Lechner ont fondé la société Brüsli en 2021 et ont à cette fin noué des coo pérations avec des boulangeries et des entreprises de la capitale autrichienne et de ses environs. Dès l’année de sa fondation, l’entreprise a été en mesure de sauver des ordures 100 tonnes de pain. La démarche de l’entreprise vise à produire un granola non seule ment moins émetteur de CO² que d’autres mueslis, mais aussi de lutter contre le gaspillage alimentaire.

Comment est fabriquée la viande artifcielle ? Viande cellulaire, viande cultivée ou encore viande propre : cette profusion termi nologique montre à quel point la technique est nouvelle pour bon nombre d’entre nous. L’idée est pourtant simple : les cellules animales sont multipliées artif ciellement sur un support placé dans un bioréacteur jusqu’à ce que se développent les fbres muscu laires qui réjouissent tant les pa pilles des gastronomes sous forme de steak, d’escalope ou de flet.

Lorsqu’en 2013, des chercheur ·euse·s de l’université de Maastricht présentaient le premier steak haché cultivé en laboratoire, son prix atteignait encore la co quette somme de 250 000 CHF. En 2022, la même quantité de viande cellulaire coûte environ 10 CHF. De plus, le nombre de variétés de viandes disponibles a considérablement augmenté. Aujourd’hui, les scientifques sont capables de cultiver en laboratoire de la viande de poulet, de porc, d’agneau, de kangourou et de che val. Des start-up comme Orbillion se focalisent exclusivement sur le développement du goût. « Le but est de faire en sorte que les gens donnent une réelle préférence à notre produit par rapport à la viande bovine classique, indique Patricia Bubner, fondatrice d’Or billion. Il nous faut pour cela créer une viande qui ait à la fois meil leur goût, soit plus respectueuse du climat et, idéalement, plus saine, bref, un produit tout sim plement supérieur. »

Des alternatives en pleine croissance 14 % des nouveaux produits du segment viande sont déjà d’origine végétale. 40 % des entreprises de la filière viande planchent sur des alternatives végétales. : Mintel, Global Meat News, Market Insights, Gesellschaft Österreich)

(Source

Place à la dégustation Mais ces produits ont-ils réelle ment le goût de la viande ? Le rapport entre masse musculaire et masse grasse joue ici un rôle déterminant. Un rapport adé quat donnera au produit une authentique saveur de viande. De nombreuses entreprises planchent actuellement sur la restitution du goût et la faisabilité du projet. À ce jour, la viande cultivée est généralement « non structurée », c’est pourquoi elle est passée au hachoir et transformée en steak haché ou en nuggets. Actuelle ment, la recherche concentre ses efforts sur la production de flets ou de steaks. Brasser de la viande ?

Bubner compare cette méthode à celle des brasseur·euse·s, dont le principe revient également à multiplier certaines cellules dans de grandes cuves en acier dans des conditions faisant l’objet d’un contrôle rigoureux.

INNOVATOR 85 BRUESLI.COMFORMO.BIO,

La base de cette technique est directement inspirée de la recherche sur les cellules souches. Elle consiste à prélever des cel lules souches par biopsie à partir des tissus d’un animal avant de les plonger dans une solution nutritive avec des facteurs de croissance. La cellule peut s’y multiplier et fnit par développer des fbres musculaires. Ce procédé permet de créer de la viande dont les cellules ne se distinguent en rien de celles d’un animal abattu. La durée du processus diffère se lon les cellules cultivées. Ingénierie de pointe La culture de cellules est une tech nologie à la fois chronophage et onéreuse, dans la mesure où les cellules doivent être maintenues à une température adéquate, entretenues et nourries. De plus, tout ce qui rentre en contact avec ces cellules doit être soigneuse ment stérilisé. Le passage à une production à grande échelle représente un véritable déf pour l’ingénierie moderne, comme le laisse entendre Silvia Woll, phi losophe et chercheuse à l’Institut pour l’évaluation des technolo gies et l’analyse des systèmes de Karlsruhe : « Un des aspects de la production in vitro qui est souvent passé sous silence est la consom mation d’énergie. » La quanti fer paraît impossible à l’heure actuelle, « pour la simple raison que nous n’avons encore jamais construit des bioréacteurs d’une telle dimension ». Une consomma tion qu’il convient de comparer

2018 / © Vegane

Innova

Usage des céréales en Europe en 2019 1 % pour l’industrie 62 % pour l’alimentation 23animale%pour l’alimentation 3humaine%pour les semences 1 % de pertes (Source : Institut fédéral pour l’agriculture et l’alimentation BLE, 2021) Se nourrir 86

aux besoins colossaux en terres et en énergie de l’élevage conven tionnel. Plus de 77 % des surfaces agricoles sont aujourd’hui utili sées pour la production de viande animale ou de produits laitiers, en tant que pâturages ou pour la pro duction fourragère – c’est plus que la surface couverte par l’ensemble des forêts de la planète. Les produits à base de viande et les produits laitiers ne représentent pourtant que 18 % de la consom mation mondiale de calories. Et le bien-être animal ? La viande dite propre n’échappe pas à la question du bien-être animal. Bien que ce procédé permette d’éviter l’abattage des animaux, l’élevage d’animaux donneurs vivants reste néanmoins indispensable au prélèvement de cellules souches par biopsie. La biopsie proprement dite s’apparente à une simple piqûre et est très bien tolérée par les bêtes. Mais un usage à grande échelle obligerait les laboratoires à élever un nombre d’animaux qui reste diffcile à déterminer, or aucune réglementation n’existe à ce jour pour encadrer une telle pratique. Il est en revanche certain que cette technologie permettrait d’élever et d’abattre beaucoup moins d’ani maux, ce qui se traduirait par une moindre utilisation des terres et des émissions de méthane nette mentMaisdiminuées.àcejour, les fabricant·e·s ont systématiquement repoussé le moment de la mise sur le mar ché de la viande de culture, nous promettant à chaque fois que le produit atteindrait la maturité commerciale « d’ici deux à cinq ans ». Il semble néanmoins que la recherche ait accompli des avancées considérables. C’est du moins ce que suggèrent les der niers chiffres publiés en matière d’investissements dans les start-up et de fnancement de la recherche. Nous n’avons malheureusement pu joindre aucune entreprise à ce sujet, nos demandes étant restées lettre morte ou ayant été déclinées pour cause de « phase de fnance ment particulièrement tendue » qui priverait ces entreprises de leur « potentiel à répondre favo rablement à toute demande d’in terview ». Chiffres d’affaires en hausse Parallèlement, les producteur· rice·s de viande végétale enre gistrent dès aujourd’hui un taux de croissance considérable : alors que, début 2020, Planted comp tait seulement quinze employé·e·s touche-à-tout qui travaillaient à la fois au labo, dans la production et dans la vente, la jeune entreprise

Marita Gersthofer et son fils, le champion du monde de jet ski Kevin Reiterer, cofondateur·rice·s de Nuea.

Cuisiner sans effort La start-up suisse a lancé sa bo lognaise vegan en septembre 2021 qui a été commercialisée en ligne à titre de test. « Grâce aux ensei gnements recueillis, nous avons pu identifier les améliorations et les appliquer à la nouvelle gamme de produits », raconte Adriana. De puis avril 2022, cinq produits sont disponibles dans le commerce et en ligne, et l’équipe travaille déjà à l’élaboration de nouvelles prépara tions culinaires. La société suisse Schweizer Foodies a imaginé une idée originale pour faciliter la vie des amateur·rice·s de cuisine vegan à la maison. chez mamie

Oui, la germination confère aux produits une saveur plus intense et légèrement plus sucrée. Cela est dû à la modification de la structure des nutriments qu’entraîne le pro cessus de germination. L’amidon (peu digeste) est transformé en sucre simple, facilitant ainsi l’assimilation des nutriments par l’organisme.

commeManger

4

INNOVATOR 87 NUEA.ATCOOK,VE

Lestempérature.alimentsgermés ont-ils une saveur différente de celle des aliments non germés ?

Deux athlètes pensent avoir trouvé le complément idéal pour une alimenta tion saine et respectueuse de l’environnement : les graines germées. Des germermentsnutri-àfaire5

L asagnes, émincés : les kits de cuisine vegan Ve-Cook rappellent les plats de notre enfance, et ce, sans utiliser d'ingrédient d’origine animale. Les kits à cuisiner soimême contiennent des substituts de viande vegan à base de soja ou de pois et sont agrémentés d’épices. Les fondateurs, Adriana et Niklas Bubori, sont originaires de la commune d’Oberengstringen, près de Zurich. Avec leur start-up, ils entendent proposer des kits de cuisine vegan aussi variés que pos sible et faciles à préparer.

Kevin a longtemps été sportif pro. Il a été amené à passer plusieurs semaines en Chine pour ses compé titions et nous nous sommes mis à la recherche de moyens de mainte nir un haut niveau de performance. Après avoir réalisé quelques expériences avec des aliments germés, nous avons pu glisser dans nos bagages des graines de sarrasin, de brocoli ou encore de riz com plet, germées et séchées à basse

Marita Gersthofer et Kevin Reiterer, mère et fils, sont les créa teur·rice·s des produits germés bio de Nuea. Après s’être mis en quête de nutriments à la fois digestes et rapidement disponibles, il·elle·s ont découvert les super-aliments Pourquoigermés. les céréales germées sont-elles plus riches en éléments nutritifs ? Lors du processus de germination, les vitamines et nutriments se mul tiplient, des enzymes sont activées et la structure des minéraux et nutriments est modifiée, ce qui les rend plus facilement assimilables par Est-ill’organisme.possiblede cultiver soi-même des graines germées ? Naturellement. Le processus de germination dure environ quatre à sept jours. La durée varie légè rement pour chaque produit. Le processus doit en effet être stoppé à des moments différents selon la variété cultivée pour garantir une densité nutritive optimale. Il est important de contrôler soigneuse ment les graines germées tout au long du processus, dans la mesure où l’humidité favorise le dévelop pement rapide de bactéries ou de champignons. C’est un aspect auquel nous portons une attention toute Commentparticulière.avez-vous eu cette idée ?

a vu ses effectifs grimper à plus de 200 et a créé son département Innovation composé de cinquante chercheur·euse·s spécialisé·e·s dans la technologie alimentaire, la biotechnologie, l’ingénierie tissu laire, la science des données et le géniePlantymécanique.ofMeat a ainsi été en mesure de doubler sa production tous les ans au cours des trois premières années de son exis tence. Malgré toute l’euphorie suscitée par la viande végétale, les produits de substitution vegan ne représentent encore qu’une petite partie de l’alimentation humaine en comparaison avec la viande animale. La viande, le poisson, le lait et les œufs produits en labora toire n’ont, pour la plupart d’entre eux, pas encore atteint le stade de la mise sur le marché. La transfor mation des habitudes de consom mation de viande est toutefois bel et bien en cours. La consomma tion de viande par personne a déjà notablement chuté en Europe au cours des dix dernières années, bien qu’en chiffres absolus, elle reste à un niveau élevé. Si l’on en croit les projections, ces tendances se poursuivront et la viande de culture s’imposera plus naturelle ment dans nos assiettes.

La dumaraîchèreculturefutur6

C ultiver des légumes à l’endroit précis où la demande se manifeste : tel est le projet que Sarah Tuna mène à bien dans sa ferme indoor. Grâce à un système de rayonnage commandé par appli conçu pour la culture hydroponique verticale, elle fait pousser ses plantes comes tibles en pleine ville. Un système qui consiste à cultiver les plantes dans de l’eau potable, les germes tirant la totalité de leurs nutriments des semences elles-mêmes. Des vitamines toute l’année La récolte au stade de graine ger mée permet de réduire la durée de la phase de croissance à quelques jours. Il en résulte une production peu gourmande en espace avec un rendement maximal, quelle que soit la météo et la saison. Des mini-bombes nutritives Parmi ces super-aliments figurent les pois mange-tout, les radis et les mini-brocolis. Les germes de ces variétés ont la particularité de se développer à partir de deux feuilles embryonnaires, ce qui leur garantit déjà une forte teneur en substances vitales. Des super-aliments au menu Sarah Tuna produit des micro pousses depuis 2020 dans un an cien entrepôt situé en plein cœur de Düsseldorf. Ses clients viennent essentiellement de la restauration et de l’hôtellerie, mais aussi du commerce de gros.

Cette jeune créatrice d’entreprise a transformé un entrepôt en ferme au beau milieu de la ville.

La consommation de viande par personne diminue –7,4 % Autriche 2011 : 65,3 kg Autriche 2020 : 60,5 kg (Source : Statistik Austria) –12,5 % Allemagne 2011 : 62,83 kg Allemagne 2021 : 54,99 kg (Source : Statistisches Bundesamt Deutschland) –10 % Suisse 2011 : 52,4 kg Suisse 2020 : 47,3 kg (Source : Statista) Nous savons que la –Ingaplanète.nousbonneviandequotidienneconsommationden’estpas–nipournipourlaBrunsPlantyofMeat Se nourrir 88 INNOVATOR BLATTSACHE.DE

Fiez-vous aux repères L’éventail des produits à dispo sition est tellement large qu’il est vain de décortiquer l’éti quette de tous les articles qui nous intéressent. Par contre, il existe des labels de qualité, comme Fairtrade, qui vous éclairent sur leur origine. Pour savoir quels labels sont réelle ment dignes de confiance et ne relèvent pas du greenwashing, consultez les sites Internet des organisations de protection de l’environnement : guide-labels-alimentaires.com

Les viandes et aliments d’ori gine animale sont particulièrement gourmands en ressources, ce qui nuit à l’envi ronnement. Vous êtes vous déjà demandé quelle était la quantité d’herbe qu’une vache devait ingurgiter et ruminer afin de produire son lait ? La production de viande avec les élevages intensifs indus triels est une catastrophe éco logique. Par ailleurs, manger trop de viande n’est pas recommandé pour la santé. Optez pour l’une des nombreuses alternatives végétales.

CONSEIL N°4

Les dates de péremption indiquées sur les emballages sont souvent plus indicatives que directives. Les produits laitiers, par exemple, sont encore consommables trois semaines après la date limite. Il suffit de mettre ses cinq sens et son bon sens à contri bution pour s’assurer de la qualité d’un aliment, et éviter ainsi de nombreux déchets alimentaires inutiles.

CONSEIL N°5

On la joue fair Assurez vous que les produits issus du commerce internatio nal, notamment des régions de l’hémisphère sud (cacao, thé, café, fruits tropicaux, etc.) que vous achetez sont bien siglés du label écologique FairTrade, qui lutte contre l’exploitation des enfants.

Dans son entreprise, la cuisinière Cornelia Diesenreiter transforme les fruits et légumes excédentaires du commerce en confitures et chutneys. Elle égraine ici des pistes de réflexion pour nous diriger vers une alimentation plus durable.CONSEIL N°2

Eat it easy! Pas de gâchis

Question de sens

CONSEIL N° 1 La tranquilleconscience Elles sont rares, mais elles ont le mérite d’exister : les règles en matière de durabilité sont très simples. Vous adoptez une démarche d’autant plus éco responsable lorsque vous achetez des aliments produits localement, que vous les choi sissez issus de l’agriculture biologique, et, cela va de soi, de saison. Ainsi, vous consom mez la conscience tranquille.

CONSEILS D'UNE EXPERTEgreenpeace.chwwf.ch INNOVATOR 89 DIESENREITERCORNELIAEISENBERGERHARALD

CONSEIL N°3

On se met au vert !

Cornelia Diesenreiter est cuisinière de formation et a bouclé trois cursus univer sitaires. Son ambi tion : sauvegarder le climat.

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ET

Soutenu par le CHU de Zurich, le Health Innovation Hub vise à promouvoir l’innovation dans le domaine médical. Comme par exemple b-rayZ, une start-up qui simplifie la vie des femmes en rendant les mammographies plus efficaces.

DE

» 92 INNOVATOR PERSPECTIVES USZB-RAYZ,STOCK,ZAPP2PHOTO/ADOBE SCHREYERSIMON

NOUS

U ne mammographie, ce n’est déjà pas forcément très agréable, mais lors qu’on doit en subir plusieurs à la suite, ça devient carré ment pénible. La raison ? Des radiographies pas assez nettes qui ne peuvent servir à formuler un diagnostic suff samment précis. Une situation récurrente qui oblige de nom breuses femmes à retourner au cabinet de radiologie pour se faireC’estré-examiner.pourpallier ce problème qu’est né en 2019 « b-rayZ » : il s’agit d’une scis sion du CHU de Zurich qui utilise l’intelligence artifcielle pour analyser plus effcace ment les images issues des mammographies. Leur logi ciel, basé sur des algorithmes précis, apporte une véritable solution au personnel médi cal mais aussi et surtout aux Matthias Herrmann responsable Innovation Management et directeur du Health Innovation Hub du Centre UniversitaireHospitalierdeZurich. « SOMMES UN INCUBATEUR D’IDÉES UN MAILLON L’INNOVATION DURABLE.

LA RÉVOLUTION DU RAYON-X

comme un maillon de l’écono mie circulaire. Si les start-up soutenues connaissent le suc cès et sont rachetées par une autre entreprise ou font leur entrée en bourse, un pourcen tage à un chiffre du produit de la vente est reversé à la fonda tion afn de fnancer d’autres projets », explique le Respon sable Innovation Management MatthiasDepuisHerrmann.sacréation il y a trois ans, le Health Innovation Hub a soutenu l’émergence de neuf start-ups, toutes directement liées au CHU de Zurich et qui ont réussi à devenir fnancièrement indé pendantes dans le domaine de la recherche. Tous les pro jets porteurs d’améliorations médicales, que cela concerne les patient·e·s, la recherche ou le personnel médical, peuvent faire l’objet d’une candidature auprès du Health Innovation Hub du CHU de Zurich : health-innovation-hub/usz.ch/en/ L’innovation au service de la santé : la majorité des projets soutenus par le CHU de Zurich ont acquis une indépendance financière.

«

LES START-UPS QUE NOUS SOUTENONS AUJOURD’HUI SONT INVITÉES À NOUS SOUTENIR DEMAIN. »

patientes, en leur évitant d’attendre trop longtemps leur diagnostic ou de subir d’autres mammographies en cas de résultats imprécis. Déjà utilisé dans plusieurs hôpitaux en Suisse, cet appa reil d’analyse baptisé « b-box » sera bientôt exporté dans d’autres pays, notamment en Scandinavie. Avec la création du Health Innovation Hub, le CHU a vu naître l’un des pre miers incubateurs hospitaliers de Suisse, qui transforme des projets à potentiel de scission issus de sa propre recherche en entreprises indépendantes. B-rayZ représente un premier projet optimal puisque les deux parties proftent de la collaboration. Incubateur d’idées L’initiative du CHU de Zurich est fnancée par des donateur· rice·s privé·e·s en collabora tion avec la USZ Foundation, la fondation du CHU : « Nous nous considérons à la fois comme un incubateur d’idées porteuses d’avenir, mais aussi

La b-box, mise au point par la startup b-rayZ, permet d’analyser plus précisément les mammographies –un gain de coût… et de temps pour le personnel médical et pour les patientes, qui n’ont plus à subir plusieurs examens. Déjà utilisée dans plusieurs hôpitaux suisses, la b-box est l’un des premiers projets soutenus par le CHU de Zurich.

INNOVATOR 93 SANTÉ

Connaissez-vous la barre X3 Bar Elite ? Cette àvotrevousbiohackerprésentéeinnovation,parnotrepréféré,aideraàréduireséancedesportvingtpetitesminutes.

BIOHACKING

L’ entraînement physique est indispen sable, même pour un biohackeur· euse. Contrairement à d’autres spor tif·ve·s, l’objectif du·de la biohackeur·euse est d’obtenir les meilleurs résultats en un temps record. Et la X3 Bar Elite, conçue par l’entrepreneur John Jaquish, y contri bue grandement. Le dispositif se compose d’une plaque d’appui, de quatre bandes de résistance en latex et d’une barre de préhension, le tout permet de mettre la plupart des appareils de musculation clas siques au rebut. Le principe mis en œuvre ici combine entraînement jusqu’à épuise ment musculaire (une série de 40 répéti tions), résistance progressive (contraire ment aux haltères, la résistance dépend du mouvement) et courte séance (quatre exercices de 40 répétitions effectués en 20 minutes, récupérations incluses).

Andreas Breitfeld

0

« CECI EST UN ACC É L É RATEUR DE FORME » 94 INNOVATOR

De plus, la X3 Bar Elite sollicite bien moins les articulations que des exercices avec des haltères. Pour ceux·elles qui s’intéressent à la science derrière le concept, Jaquish a compilé ses résultats dans un livre, Weight Lifting Is A Waste of Time (trad. soulever de la fonte est vain). Ça tombe bien, on a gagné plus de temps pour lire… jaquishbiomedical.com

Bon plan Luxe 10

KONRADNORMANPICHLER,KLAUS

Pour grand public Pour les initiés 0 10 Scientifique Ésotérique 0 10 GADGET-O-MÈTRE X3 Bar Elite : plaque d’appui, bandes de latex comme résis tance et barre de préhension.

Le biohacker allemand prend sa santé en main. Dans son labo, il teste des accessoires de santé, puis détaille les résultats de ses évaluations. Retrouvez ses astucieux conseils en la matière ici :

8 INNOVATOR 95 AGENDA WINTERTHURCLUBENTREPRENEURCONNECT,NZZJANESKI.CH,POOL,CONTENTBULLGOLA/REDTOMEK

THESAVEDATE

Après une longue période de disette, l’impatience de faire de vraies rencontres et de vrais échanges monte. Voici quatre rendez-vous à ne pas manquer. novembre 2022 Des start-up motivées, d’auda cieux·ses créateur·rice·s d’idées et des engagé·e·sinvestisseur·euse·sseretrouveront au Swiss Innovation Forum, à Bâle, afin de faire avancer la scène suisse de l’innovation. Des key notes et des best cases offriront des pistes de réflexion alterna tives sur les tendances et les technologies les plus récentes dans le domaine. La zone d’ex périence interactive permettra de découvrir de près la culture suisse de l’innovation. Swiss Innovation swiss-innovation.comForum 23novembre 2022 L’événement gaming Red Bull UnEverse est de retour ! Les spectateur.rice.s du Red Bull Gaming World au Musée des transports de Lucerne seront transpor té·e·s dans un monde qui peut leur sembler étranger, mais qui n’est pas inconnu des gamer·euse·s partici pant·e·s. Quatre personnali tés du milieu s’affronteront en direct dans différents jeux pour remporter la victoire sur l’UnEverse. Livestream sur Twitch inclus ! Red Bull redbull.comunEversE & 4 novembre 2022 Cinquante intervenant·e·s, 2 000 fondateur·rice·s et 5 000 participant·e·s sur deux jours : les Startup Nights à les Eulachhallen de Winterthur constituent le plus grand évé nement de Suisse dédié aux start-ups. Il s’adresse à tous ceux·elles qui cherchent de l’inspiration, qui veulent profi ter de l’expérience des autres ou simplement réseauter : les fondateur·rice·s, les investis seur·euse·s ou les personnes intéressées peuvent participer à des keynotes, des workshops, et même à une session de pitching de start-ups.

20

Startup startup-nights.chNights 3 octobre 2022 Le premier ArtTech Space de Suisse ouvrira à la Haus der Kallistik, au centre de Zurich, début octobre. Sur ce nouvel emplacement, des expériences artistiques numériques et immersives seront introduites dans le monde physique et vous découvrirez les possibilités illi mitées de la technologie, de la science et de la créativité grâce aux expositions et aux événe ments innovants.

ArtTech Space Zurich

L e moteur de recherche d’hôtels Trivago a acheté les droits publici taires sur le maillot d’entraînement du club de football londonien FC Chel sea. Pour huit millions de francs. Mais pourquoi ? Les meilleurs supports publi citaires sont en fait les maillots de match car on les voit à la télévision. Je trouve néanmoins que c’était une idée intelli gente. Une idée dont les start-ups peuvent s’inspirer pour faire du marke ting créatif. Et rien n’est plus important pour les jeunes entreprises que l’atten tion portée à leurs produits. Les années fastes sont révolues Les temps sont redevenus un peu plus durs pour les start-ups. Après des années de politique de taux zéro, les taux d’inté rêt augmentent, le capital de départ devient plus élevé, et tout le reste aussi. Salaires, loyers, espaces publicitaires, etc. La conséquence ? Les investisseur· euse·s n’ont plus autant d’argent qu’avant. Mais une croissance rapide est tout aussi importante pour la survie des start-ups qu’une perception différen ciée de la performance et des produits. C’est le cas des vêtements comme des services de livraison de repas, car le pro duit de base ne se distingue que très peu des autres. C’est pourquoi la notoriété est, ici, décisive.

96 INNOVATOR

CHRONIQUE

WestermeyerPhilipp

Pirater le fux Toutefois, les grandes plateformes restent incontournables. Près de trois milliards de personnes visitent Facebook chaque mois. Plus d’un milliard de personnes se connectent à Google une fois par mois. En tant que start-up, il faut donc faire preuve de créativité. Et c’est là que les maillots d’entraînement de Trivago entrent à nou veau en jeu. L’approche : on fait un détour par le monde hors ligne pour atteindre les gens dans les médias sociaux. Cette stratégie a un nom : hacking the feed, autrement dit, pirater le fux. Le fux, ce sont les posts d’autres personnes qu’un·e utilisateur·rice voit apparaître. Trivago s’est rendu compte que Chelsea FC et ses joueurs comptent ensemble près de

L’entrepreneur Philipp Westermeyer, spécialiste de la scène des créateurs d’entreprise, explique ici pourquoi les jeunes entreprises actuelles doivent faire preuve de créativité, notamment pour la pub.

10 000 CHF par post La question est donc la suivante : com ment une entreprise peut-elle aujourd’hui se faire connaître rapidement et ce, sans investir beaucoup ? Il y a vingt ans, ceux· elles qui n’avaient pas beaucoup d’argent étaient aidé·e·s par les plateformes Inter net : Google, Facebook, puis Instagram. À l’époque, la publicité y était encore bon marché, et seules quelques grandes entre prises s’intéressaient à la manière dont on obtenait parfois même une attention non payée sur Google. Aujourd’hui, ces plateformes sont encombrées, et font payer la visibilité très cher. Tout le monde fait de la publicité sur Google ou du marketing d’infuence. Google, Amazon, Meta (société mère de Facebook et Ins tagram), tous vendent leurs espaces publicitaires aux enchères : celui·elle qui paie plus a plus de chances de voir sa publicité diffusée auprès du groupe cible.

DES COMMEMOTSDE PETITS NUAGES BLANCS DANS LE CIEL

La voie indirecte via les infuenceur· euse·s n’est généralement pas plus avan tageuse. Un·e infuenceur·euse avec un million d’abonné·e·s prend nettement plus de 10 000 CHF pour un seul post.

Cet entrepreneur de 43 ans a créé en 2011 le OMR Festival qui, avec 70 000 visiteurs chaque année, est l’un des plus grands événements du secteur numérique au monde.

JOHANNIKMATO

Direction artistique commerciale et co-publishing

INNOVATOR BY THE RED BULLETIN Suisse, ISSN 2308-5886 Country editor

Gestion de l’édition Ulrich Corazza Publishing management Melissa Stutz (dir.), Ivona Glibusic, Bernhard Schmied Directeur Ventes médias & Partenariat Lukas Scharmbacher Directrice co-publishing

MENTIONS LÉGALES

Alexander Müller-Macheck Management de projet co-publishing, B2B-Marketing & communication Katrin Sigl (dir.), Katrin Dollenz, Teresa Kronreif, Eva Pech, Valentina Pierer, Stefan Portenkirchner, Jennifer Silberschneider, Sophia Wahl Solutions créatives Verena Schörkhuber-Zöhrer (dir.), Sara Wonka, Tanja Zimmermann, Julia Bianca Zmek, Edith Zöchling-Marchart Mgnt commercial co-publishing

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Directeur exécutif de la création

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Finances Mariia

The Red Bulletin Andreas Rottenschlager (dir.), Sara Car-Varming Rédacteur en chef Innovator Benjamin Wolf Éditing David Pesendorfer Directeurs créatifs Innovator Kasimir Reimann (dir.), Erik Turek Direction artistique Marion Bernert-Thomann, Miles English, Tara Thompson Maquette Martina de Carvalho-Hutter, Kevin Faustmann-Goll, Cornelia Gleichweit, Judith Heimhilcher, Barbara Kaiser, Antonia Uhlig Rédaction photo Eva Kerschbaum (dir.), Marion Batty, Susie Forman, Tahira Mirza, Rudi Übelhör Rédaction digitale Christian Eberle-Abasolo (dir.), Lou Boyd, Marie-Maxime Dricot, Melissa Gordon, Lisa Hechenberger, Elena Rodriguez Angelina, Julian Vater Rédacteur en chef Contenu global Tom Guise Rédaction audio Florian Obkircher Cheffe de service Marion Lukas-Wildmann

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Bernhard Schmied Collaborateurs indépendants Niko Jilch, Saskia Jungnikl-Gossy Relecture Hans Fleissner (dir.), Monika Hasleder, Billy Kirnbauer-Walek, Belinda Mautner, Klaus Peham, Vera Pink Ventes médias & partenariats Thomas Hutterer (dir.), Alfred Vrej Minassian, Franz Fellner, Ines Gruber, Michael Baidinger, Wolfgang Kröll, Gabriele Matijevic-Beisteiner, Nicole Okasek-Lang, Britta Pucher, Jennifer Sabejew, Johannes WahrmannSchär, Ellen Wittmann-Sochor, Ute Wolker, Christian Wörndle, Sabine Zölss Ventes & développement

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INNOVATOR 97

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Direct to Consumer Business Peter Schiffer (dir.), Marija Althajm, Victoria Schwärzler, Yoldas¸ Yarar Manager Vente et projets spéciaux Klaus Pleninger Annonces Manuela Brandstätter, Monika Spitaler Fabrication & production Veronika Felder (dir.), Martin Brandhofer, Walter O. Sádaba, Sabine Wessig Lithografie Clemens Ragotzky (dir.), Claudia Heis, Nenad Isailovic, Sandra Maiko Krutz, Josef Mühlbacher Gerutska (dir.), Maier Kocsisek, Michael Thaler Auerbach Gafitanu, Melanie Grasserbauer, Pucher

Peter Knehtl (dir.), Luana Baumann-Fonseca, Silvia Druml-Shams, Erwin Edtmayer, Simone Fischer, Andreea Gschwandtner, Lisa Jeschko, Araksya Manukjan, Carina Schaittenberger, Julia Schinzel, Florian Solly, Sophie Weidinger, Stephan Zenz

Directeur de la publication

Lisa Masten Relecture Hans Fleissner (dir.), Monika Hasleder, Billy Kirnbauer-Walek, Belinda Mautner, Klaus Peham, Vera Pink Ventes médias & partenariats Thomas Hutterer (dir.), Alfred Vrej Minassian, Franz Fellner, Ines Gruber, Thomas Gubier, Wolfgang Kröll, Gabriele Matijevic-Beisteiner, Nicole Okasek-Lang, Britta Pucher, Jennifer Sabejew, Johannes WahrmannSchär, Ellen Wittmann-Sochor, Ute Wolker, Christian Wörndle, Sabine Zölss

marco.nicoli@goldbach.comGoldbachmichael.wipraechtiger@redbull.comMichaeljessica.puenchera@redbull.comJessicamarcel.bannwart@redbull.comMarcelchristian.buergi@redbull.com(dir.),Bannwart,Pünchera,Wipraechtiger,Publishing,MarcoNicoli, et courrier des lecteurs abo@ch.redbulletin.com 200 millions d’abonné·e·s, réparti·e·s sur toutes les plateformes. Ils y publient des photos de chaque entraînement. Trivago opère ainsi presque 24 heures sur 24 sur tous les canaux et obtient une portée massive. Si Trivago avait acheté la même portée sur Instagram – par exemple par le biais de la publicité payante – il aurait dû débourser entre trente et quarante millions de francs. Le Chelsea FC n’a demandé que huit millions de francs pour le maillot d’entraînement. Certes, c’est encore beaucoup d’argent. Mais hacking the feed peut aussi s’avérer moins cher. Il sufft de faire quelque chose d’inhabituel, pour que les gens sortent leur téléphone et postent une photo sur Instagram. La société de mode Young Poets Society a payé grosso modo 3 000 CHF pour qu’un avion écrive son nom en petits nuages blancs dans le ciel bleu. Les gens ont trouvé ça cool et ont posté des photos. Le tout a ainsi été vu deux millions de fois sur Internet en très peu de temps. L’importance de l’humour de la culture régionale Un autre exemple de publicité créative sur les médias sociaux est celui des pages de mèmes à vocation régionale : des pro fls gérés par des personnes qui créent des images drôles avec des slogans pour une région ciblée. Certaines entreprises de scooters électriques ont saisi l’oppor tunité et y intègrent leur publicité. Un exemple en Allemagne : la compagnie Felyx a fait publier, sur la page Duessel meme, un post présentant la location de scooters via un mème amusant, et a ainsi incité 575 utilisateur.rice.s de Düsseldorf à installer l’application Felyx. Chacune de ces installations n’a coûté que deux francs. Diffcile de faire moins cher. En coordonnant plusieurs profls de mèmes régionaux de ce type, on obtient rapide ment une portée nationale. Il n’est donc pas nécessaire d’avoir beaucoup d’argent pour augmenter sa notoriété. Une bonne idée, une nouvelle approche, suffsent.

HUMOUR LE TRAIT DE LA FIN

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Réparer au lieu de jeter (voir page 46) : une tendance aux effets secondaires inattendus.

La Razzia (Doris Schamp) est illustratrice et caricaturiste. Elle a remporté en 2013 le Prix international de la bande dessinée d’Aix-la-Chapelle (Allemagne). Doris Schamp, 39 ans, explore les abîmes de l’humour et de Los Angeles, où elle a vécu. Quand elle ne fait pas de planche à voile, elle dessine et évolue entre la campagne et la capitale autrichienne. Un toast à Doris !

SCHAMPRAZZIA/DORISLA

Jusqu’à 444 kilomètres d’autonomie. Un intérieur sans cuir. Et les services Google intégrés. Découvrez l’avenir de la mobilité: la Volvo C40 Recharge complètement électrique. Voici à quoi ressemble le futur. La Volvo C40 Recharge Pure Electric. Disponible en ligne sur volvocars.ch/C40Recharge Volvo C40 Recharge, P8 AWD Pure Electric 204+204 ch/150+150 kW. Consommation moyenne d’électricité: 19,8–22,3 kWh/100 km, émissions de CO 2: 0 g/km. Catégorie d’efficacité énergétique: A. Google est une marque de Google LLC. A B C D E F G A

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