Process #23

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l e go û t d e l i l l e \ 15 j osh wi nk \ 16 La m ag n i f i q u e ava n t- gard e \ 19 mau d g ir o n n ay \ 25 COULEURS DE LA C HINE CONTEM P ORAINE \ 26 Suzan n e J o n g m a n s \ 28 t h o m as l e br u n \ 30 L aur e n t D e q u i ck \ 35 o-s arc hitec t e s \ 40 5 r a i s o ns d'aim e r… \ 43 “l a” b i o \ 44 s o i rées mousse au shed \ 48 éric poindron \ 50 le m ic ro fo l i o d ' a l e x i s jo b 09

creative

process magazine

#23

\ m a r s -av r i l

creative

process

magazine


ARCHITECTURE D’INTÉRIEUR

R E S TA U R A N T L A V I L L A • R E I M S

DESIGN, MOBILIER CONTEMPORAIN, ARCHITECTURE D’INTÉRIEUR 3 2 R U E V O LTA I R E À R E I M S I 0 3 2 6 0 4 3 3 4 6 I W W W. H O M E A G E . F R


creative

É

volution de la maquette, plus de contenus, un portfolio dédié : petit toilettage de printemps pour Process. D’autres mouvements sont à venir cette année. Pour accompagner cette mise à jour nous avons pu obtenir un entretien exclusif, et surtout la présentation exceptionnelle du portfolio de la magnifique artiste néerlandaise Suzanne Jongmans qui signe la couverture de ce numéro. Ce ne sera évidemment pas la seule pépite : dans chacune de nos 5 grandes catégories, vous attendent les portraits de créateurs et de leurs « creative process ».

process

G

magazine

goût

0 8 / ac t u g o û t 09 / le goût de lille

M

muSique

1 4 / ac t u m u s i q u e 15 / josh wink 1 6 / L a m a g n i f i q u e ava n t- g a r d e

Benoît Pelletier

ÉDITEUR / Dir. de publication  Benoît Pelletier

A

Arts

RÉALISATION / design / diffusion  bel-studio.fr    direction artistique   Benoît Pelletier  assisté d'amélie luca

1 8 / ac t u a r t 1 9 / T h e way i f e e l d ' a r m e l l e b l a r y 2 0 / m a u d g i r o n n ay 2 5 / COULEUR S DE LA CHINE CONTEM P ORAINE 26 / Suzanne Jongmans

Si vou s souhaite z de ve nir d i ffu seu r, vous abo nne r pour recevoi r le magazine c he z vo u s, ou en commande r un exempl ai re, contacte z n ous ici : h ello @proce ss -mag.com P OUR DEVENIR ANN ON C EU R, DIFFU SEUR OU PARTENAIRE : bp @process-mag.com 0 6 80 6 5 8 9 72

Le magazine PROCESS es t édité par Belleripe SARL - 5 avenue vallio ud 69110 Sainte-f oy-lès-lyon . Tous droits réservés. Toute reproduction , même partielle es t interdite, sans autorisatio n . Le magazine PROCESS décline toute responsabilité pour les documents remis. Les textes, illus trations et photographies publiés en gagent l a seule responsabilité de leurs auteurs et leur présen ce dans le magazine implique leur libre public atio n . Le magazine PROCESS es t disponible gratuitement dans 170 po int s de dépôt à Reims, 25 à épern ay, 40 à c harleville, et 25 à C hâlons. retrouvez toute l a lis te sur www.process-mag.com

28 / thomas lebrun 30 / Laurent Dequick 40 / 5 r a i s o n s d ' a i m e r …

D

DESIGN

3 4 / ac t u d e s i g n 35 / os architectes 50 / le microfolio d'alexis job

B

business

Magazine à parution bimes trielle. PHOTOGRAPHIE DE COUVERTURE © Suzanne Jon gmans, Julie - portret van een vrouw, courtesy Galerie Wilms

www.p ro ce ss-mag. c om

4 2 / a c t u b u s i n e ss 43 / “ la ” bio 4 4 / s o i r é e s m o u ss e a u s h e d 48 / éric poindron


contri- PLA buteurs   BENOÎT PELLETIER  éditeur  directeur créatif  photographe

marie-charlotte burat  rédactrice

JULES FÉVRIER  journaliste   & photographe

Jérôme Descamps  réalisateur   & montreur de films

hélène virion chercheur en art & photographe

Peggy Leoty  communication / événementiel /  relations presse

CYRILLE PLANSON  redac-chef La Scène,   Le Piccolo, Théâtre(s) mag

alexis jama-bieri  dirigeant culturel

NICOLAS DAMBRE  journaliste & auteur

alain hatat  photographe

Géraldine Jaujou  écrivain / collectif de   slameuses Drôles de Drames / Fabrique à Lectures

@ p r o c e s s m ag a z i n e p r o c e s s _ m ag a z i n e @ m ag a z i n e Pr o c e s s

Retrouvez nous sur

w ww. proce ss-mag.c om


PLAYLIST s PLAYLIST

PAR alexis jama bieri

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Myd

Clara Luciani

Quentin Lepoutre, alias Myd, quart du collectif Club Cheval, a intégré pour son projet solo Ed Banger le label mené par Pedro Winter. Muchas est une pépite d’électro-pop solaire illustrée d’un clip qui parodie l’univers corporate et lourdingue des entreprises. Myd se produira à la Cartonnerie le 23 mars lors de la Ed Banger Party.

Récemment récompensée aux victoires de la musique, en tant que révélation scène de l’année, Clara Luciani a réédité son 1er album Sainte Victoire agrémenté de plusieurs titres inédits. Pourtant, Jean Bleu n’est pas dans l’album. C’est un titre un peu à part, comme un clin d’œil de 2018, une reprise de Blue Jeans de l'américaine Lana Del Rey, aux paroles réécrites dans la langue de Molière et réorchestrée en guitare-voix toute en sobriété et très grande classe par la jeune chanteuse aixoise.

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Jean Bleu

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Muchas

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Bang Bang

Carambolage

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Carambolage a sorti en février 2019 un EP de 4 titres dont fait partie Gauche-Droite. Le morceau raconte l’histoire d’une rixe nocturne, de blessures et de regrets. Carambolage s’aventure sur les terres d’une certaine France de 80’s, où l’odeur de la bière, du cuir des blousons noirs et de l’essence des vieilles mobylettes y est omniprésente, apprêtée de synthés datant de 1987. Un morceau col-wave, dark, viril.

Sorti il y a près de 20 ans sur 2001, deuxième album de Dre, Bang Bang dresse un portrait sombre du Los Angeles des 90’s finissantes. Classique du rap, Bang Bang fait le constat simple qu’un génocide a lieu dans les rues « Niggas doing brothers in worse than the Klan » (Les noirs tuent plus de noirs que le Ku Klux Klan). Un monde pire qu’hier, mais demain c’est loin. © dr

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Gauche-Droite

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Les bruits de la ville

Philippe Katerine

Voyou

J’aime tes fesses est le 9e titre du 9e album de Philippe Katerine, sorti en 2010. Chanté en duo avec sa compagne d’alors, l’actrice Jeanne Balibar, c’est un hymne léger à l’amour, l’amour du corps entier, allant des fesses aux invisibles entrailles, l’amour de l’être dans son ensemble et sa complexité. Mais tout commence par les fesses. J’aime tes fesses,… parce que j’aime tes fesses…

Thibaud Vanhooland est un voyou rêveur, un jongleur de mots et d’images, qui crée un univers pop légèrement mélancoliques. Edité sur son album Les bruits de la ville sorti sur le label Entreprise (Bagarre, Fishbach, Grand Blanc) en février 2019, ce morceau titre est chanté en duo avec Yelle et s’illustre par un clip pop acidulé dans un Paris de carte postale. Un peu de fraicheur dans un monde de brutes.

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J’aime tes fesses


news cloud faut pas rater ça

jusqu'au

30/03

Vivian Maier :   The Color Work Les Douches la Galerie / Paris

En 2013, son histoire a fait l’objet d’un documentaire nommé aux Oscars : À la recherche de Vivian Maier. Nourrice passionnée de photographie dans les années 50, Vivian Maier possède un talent caché, révélé après sa mort par un jeune agent immobilier, John Maloof. En achetant plus de 100 000 négatifs de l’artiste, ce dernier a mis en lumière son travail enfermé dans un box depuis de nombreuses années. Après avoir organisé une première exposition d’œuvres en noir et blanc de Vivian Maier en 2013, la galerie Les Douches présente ses clichés en couleur, pris entre les années 50 et 70. Cette exposition révèle l’autre versant de Vivian Maier, photographe devenue mythique après une vie d’anonymat. lesdoucheslagalerie.com

20/03 >22/11

jusqu'au

23/06

L’estampe au temps de Bruegel Bozar / Bruxelles

L’exposition brosse un tableau de la production de gravures aux Pays-Bas méridionaux à l’époque de Bruegel, dont l’œuvre picturale n’est qu’un minuscule échantillon mais qui, réputation du maître oblige, fait de l’ombre à de nombreuses autres images et illustrations sur papier qui sont autant de véritables joyaux à découvrir. La gravure, un support flexible et polyvalent, fut utilisée dans différentes formes de communication visuelle, des « journaux » de l’époque à la propagande politique. L’avènement et l’essor de l’« art de la gravure » au siècle de Bruegel n’est donc pas uniquement une success story artistique. Le savoir-faire totalement maîtrisé et l’audace entrepreneuriale ont également joué un rôle majeur. bozar.be

Coup de pub.

Graphisme et publicité en France dans les années 1930

03>05/05 La Conv’   de Tatouage   de Reims

La Cartonnerie / Reims La Convention de Tatouage de Reims sera l’occasion de réunir un plateau de 50 tatoueurs talentueux et passionnés, qui se font déjà un plaisir de venir à Reims ! D'autres surprises viendront se greffer.

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cartonnerie.fr

03>05/05

21/03>05/04

Tous à l’Opéra!

operadereims.com

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Opéra de Reims L"Opéra de Reims participera à cette 13e édition placée sous le thème « L’opéra, la grande fabrique du spectacle ». L’occasion de découvrir ou redécouvrir cette institution rémoise.

Mélimôme

agglomération rémoise + Épernay et Donchery Festival jeune public incontournable, Mélimôme propose comme à chaque début de printemps depuis 1989, des spectacles mêlant les genres artistiques pour les tout petits jusqu’à l’adolescence. nova-villa.com

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biennale-design.com

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MAMC+ / Saint-Étienne

Dans le cadre de la Biennale Internationale du Design de Saint-Étienne, cette exposition retrace l'impact de la publicité dans la société à travers une présentation des affiches qui s'emparent de la rue et du métro mais aussi des dépliants, catalogues et encarts publiés dans la presse qui envahissent l'espace privé.


31/03

Jean-Jacques   Lequeu, Bâtisseur de fantasmes

SUshi Festival Parc Floral de Paris

Petit Palais / Paris

Pendant deux jours, le plus grand festival de sushi d'Europe mets cette spécialité culinaire japonaise à l’honneur à travers des dégustations, des sessions spéciales ou encore de la musique live et des dj sets.

Le Petit Palais présente pour la première fois un ensemble inédit de 150 dessins de Jean-Jacques Lequeu (1757-1826), artiste hors du commun. L’œuvre graphique de ce dessinateur méconnu est l’une des plus singulières de son temps. Elle témoigne, au-delà des premières étapes d’un parcours d’architecte, de la dérive solitaire et obsédante d’un artiste fascinant.

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sushi-festival.fr

28+31/03

petitpalais.paris.fr

Ciné Club :   7 ans de réflexion /   Billy Wilder Cinéma Opéra / Reims © dr

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cinemasreims.com

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© J.J.Lequeu

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16/03

nuitnumérique#16 matières   innovantes Saint-Ex / Reims Cette 16e édition fait place aux matières innovantes. Il faut y voir ici des éléments liquides, solides, tangibles ou non, élaborés et fabriqués dans des FabLabs ou autres laboratoires. Des objets, des recherches, des expérimentations, des précipités, qui ont pour dessein de devenir de nouvelles matières. Au coeur d’un processus créatif, ces nouvelles composantes sont souvent fragiles et mouvantes mais très esthétiques et deviennent rapidement un nouveau point de départ pour la création dans son ensemble. Vous découvrirez à Saint-Ex, différentes expérimentations artistiques qui vous permettront de porter un autre regard sur les matières qui nous entourent, qui bousculent nos repères et questionnent notre futur proche.

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03> 06/04

20+21/04 Les 24h de   Tracteurs   tondeuses Yvernaumont L'objectif de ce sport inventé par les Anglais dans les années 1970 est de réaliser un maximum de kilomètres en 24 heures et (accessoirement) de voir survivre sa tondeuse à gazon améliorée. Épreuve internationale avec de nombreuses nationalités au départ (France, Belgique, Luxembourg, Suisse, Allemagne, …).

Les Noces   Félines

Palais du Tau / Reims Après 8 éditions couronnées de succès au Palais du Tau et en région, Velours investira de nouveau ce lieu prestigieux les 4, 5 et 6 avril 2019 ! 3 nuits de noces pour 3 climats musicaux. velours-prod.com

© A.giacometti

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saintex-reims.com

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20+ 21/04

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11/06 Alberto   Giacometti

LAM / Villeneuve d'Ascq Pour cette exceptionnelle rétrospective, plus de 150 œuvres seront réunies au travers d’une visite inédite des mythes fondateurs de l’histoire de l’art moderne, en collaboration avec la Fondation Giacometti, Paris. musee-lam.fr


Assis au bar, vous pouvez admirer les gestes des cuisiniers (mais vous pouvez préférer les tables en carreaux blancs). Les mains, d’abord les mains. Farinées, précises. Les doigts rompent le boudin de pâte, roulent les petits pâtons en cercle, farcissent, pincent et tournent la pâte. Le ravioli est déposé dans un panier en bambou, c’est parti pour la cuisson. Vous êtes au Petit Bao et vous allez vous régalez de spécialités spécialités de Shanghai. L’équipe est jeune, vive et vous renseigne précisément sur les plats de la courte carte : Crevettes Wonton, porc fermier, brioche veggie, coriandre, trésor de champignons, épinards à l’ail, nouilles ou riz

1

Les pâtes de fruits sont un excellent moyen de retrouver l’été. Carrés de couleurs recouverts de sucre cristallisé, ils croquent sous les dents, fondent sur la langue. Nous voilà plein de la saveur des fruits qui nous manquent quand l’hiver faisant des zigs-zags. Bien sûr, la plupart d’entre elles sont ignobles, ramassis de sucre et de colorants, mais si vous allez au marché Boulingrin du samedi, vous trouverez celles des Confitures des Ardennes : abricots et amandes, cassis, framboises, prunes blanches… L’été en parcelles. © les confitures d'ardennes

Les Confitures d’Ardennes Béatrice et Erice Leguay 08310 La Neuville en Tourne à Fuy confituresardennes.blogspot.fr

LIRE Le nouveau numéro de l’excellente revue hédoniste 180C avec ce titre blagueur : Courge toujours…

actu

goût Par

jérôme descamps

sautés… Tout est fin et goûteux dans un établissement Arty qui ne désemplit pas. J’ai faim ! 116 rue Saint Denis – 75002 Paris (si proche de la Gare de l’Est). 06 27 57 03 95

CROQUER Les plaques de chocolat blanc, noir ou au lait avec noisettes ou amandes incrustées. Le chocolat est peu sucré, les fruits secs sont nombreux. Un régal à un prix attractif, de quoi faire la nique à la grande distribution ! Pol Bouchex 5 rue du Daga 08000 Charleville-Mézières 03 24 52 66 52

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Braver la détestation des choux de Bruxelles. Ces petites fleurs pommées sont un plaisir à éplucher et d’une facilité déconcertante à cuisiner. Les deux seules règles qui vaillent c’est de les cuire dans de l’eau bouillante pour qu’il garde leur beau vert (ce qui ne veut pas dire de les jeter dans de gros bouillons, c’est délicat ces fleurs-là) et de contrôler la cuisson (selon la grosseur, ça cuit vite ou très vite, donc on reste sur le coup et on pique de temps en temps). Ensuite, beurre frais ou huile d’olive, sel et poivre ou jus de cuisson de volailles ou de viandes. Un régal de tendresse qui fait oublier le bouilli de la cantine.

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C’est un plaisir intense que d’éplucher une poire au mois de mars. C’est la fin de l’hiver, on commence à tourner en rond entre les agrumes et les bananes. Il nous reste le délice de ces poires d’hiver, juteuses comme si elles venaient d’être cueillies. Le couteau fait le tour du corps oblong, le jus coule sur vos doigts, c’est frais, agaçant mais tellement gourmand. Quartier après quartier, le fruit fond et coule dans votre bouche, c’est un plaisir des matins de week-end entre le croissant, le pain grillé, la confiture de l’été dernier (il n’en reste plus que quelques pots !), le café noir ou le thé Earl Grey, le journal ou le livre, celui que vous ne pouvez pas laisser de côté.

CUISINER

© Johan Leroux

DÉGUSTER

FONDRE

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SALIVER

FÊTER Pour l’arrivée du Printemps, n’oublions pas de fêter Saint Cunnilingus.

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SENTIR / RESSENTIR Vous n’avez pas le temps de vous évadez à la campagne pour contempler frémir la nature ? Le goût du printemps qui s’en vient est dans les marchés de villes. Un temps pour vous, pour la famille, pour les amis, les marchés sont des lieux de vie irremplaçables et pour peu que vous ayez un peu de temps vous découvrirez les premières jonquilles, les pissenlits, base de la célèbre salade aux lards ardennaise, des confitures maison quand ce ne sont pas des nems croustillants et autres financiers pâtissiers. Tout un monde saveur en bas de chez vous. Pour les chèvres et brebis frais, il faudra repasser, toutes les mères sont en agnelages, rendez-vous au mois de mai.

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le goût de lille promenade sensible

par jérôme descamps

Chéri prend ton sac on part à Lille. Lille ? Lille, parce que c’est une ville avec des allures de Flandres et un vieux quartier des plus charmants.

Parce que les couleurs vives des maisons et des immeubles font la nique au gris du ciel. Parce que cette ville a le chic pour marier les œuvres anciennes et contemporaines.

Parce que la jeunesse de la population Parce que le ciel bas d’hiver donne envie de donne un coup de fouet à chaque visiteur. manger des gaufres sur les marchés. Parce que vous revient en mémoire Parce que les cafés s’appellent l’histoire des grandes filatures et des des estaminets. mines du Nord. Parce que Dors mon p’tit Quinquin Parce que, au détour d’une conversation, est une très jolie berceuse. l’accent vous plaque contre le mur et vous fait tant plaisir. Parce que la vieille bourse sur la grand’place est un ensemble Parce que, « les gens du Nord sont architectural superbe. sympas », et que c’est vrai. Parce que la vitrine du fromager Philippe Parce que la ville est nonchalante Olivier est un cours de géographie et bonhomme. inattendu et gourmand. Parce qu’il fait gris et qu’on s’en fout Parce que la bière réconforte puisqu’on est dans une ville-capitale et le genièvre aussi. avec mille plaisirs.

Fini la poussière, vive la lumière ! 4 musées exemplaires La Villa Cavrois

Sous-sol de la Villa Cavrois à Croix (banlieue de Lille), chefd’œuvre de l’architecture des années 1930 créé par Robert Mallet-Stevens. Juste à côté de la « matériauthèque », bibliothèque de tous les matériaux récupérés sur le site, un diaporama explique les différentes phases de réhabilitation de cette villa qui a subi de terribles dégradations entre 1987 et 2001. Une jeune femme s’assoit à côté de moi et une autre, plus âgée, à ma gauche. La rigueur des architectes restaurateurs, les prouesses des artisans s’étalent devant nous, estomaqués par tant de précision et d’enthousiasme. Au bout d’un moment, la jeune femme dit tout haut « Pour des projets comme celui-là, je veux bien payer des impôts », phrase approuvée immédiatement par l’autre dame et ouvre une conversation à trois sur l’état, les aides, la puissance publique. En ces temps de doute sur le fonctionnement de l’état, cette simple conversation avait quelque chose de rassérénant. L’état c’est nous, c’est notre bien commun et, oui, ensemble, nous pouvons faire de belles choses, si et seulement si cette notion du commun est respectée et partagée. La Villa Cavrois à Croix, La Piscine à Roubaix, le Palais des Beaux-Arts à Lille, le LAM à Villeneuve d’Ascq, quatre lieux d’excellence qui démontrent qu’une politique culturelle ambitieuse est structurante, innovante et accueillante pour tous les publics.

Du côté de Roubaix, la Villa Cavrois propose une immersion dans un projet architectural fou : oser ce qu’il y a de plus contemporain en 1932 (dont une installation stéréophonique dans toute la villa) et une pensée globale d’un art de vivre au quotidien. C’est un château contemporain, où chaque ligne, chaque élément a été pensé, de la poignée de porte à l’emplacement des interrupteurs et aux jeux avec chaque lumière de la journée. De pièces en pièces, nous découvrons un paquebot moderniste prêt à prendre le large et on s’enorgueillit du travail des équipes de restauration d’aujourd’hui. Nous admirons donc aujourd’hui une pensée du XXème siècle en avance sur son temps et les savoirs faire de notre temps présent. La Piscine à Roubaix

Au centre-ville de Roubaix, découverte de La Piscine et de ses nouveaux espaces. Ce qui frappe d’abord ce sont les visiteurs, ils sont très nombreux en ce jour gris d’entre deux fêtes de fin d’année. De tous âges (vive les enfants qui courent dans les allées), à priori de toutes conditions (d’autant que le vendredi le musée est gratuit de 18h à 20h). Cette effervescence est parfois agaçante quand on ne peut pas accéder facilement à un tableau, mais c’est aussi rassurant de se laisser bercer par l’idée que les Beaux-Arts apportent de la joie et des enseignements au plus grand nombre. Il faut dire que les services pédagogiques font des efforts d’inventivité pour rendre l’accès aux œuvres facile,


process à lille

tout est annoté, contextualisé et chaque enfant dispose (comme tures et à l’étage peintures dont les inoubliables La Lettre et Le au Louvre/Lens) d’un livret de jeux pédagogiques pour aiguiser Temps de Francisco Goya. Comme beaucoup de grands musées, l’observation. le Palais des Beaux-Arts expose trop d’œuvres, certaines salles Il y a aussi, et tout d’abord, un lieu sont bien trop pleines pour nous permettre une déambulation magique. Une ancienne piscine « Artcontemplative. Déco » avec bassin, cabines de vestiaires Le LAM sur 3 étages et immense verrière. DerEnfin, le LAM à Villeneuve-d’Ascq, est une pépite logée au mirière cette cathédrale, il y avait Albert lieu d’un parc avec sculptures (Richard Deacon, Pablo Picasso, Baert, architecte et, encore et toujours, Alexandre Calder dont Reims, Croix du sud de 1970) où les une vision du partage et de la mise en familles se promènent. La partie historique conçue par l’archicommun d’un édifice pour permettre tecte Roland Simounet est un bâtiment en briques de 1983 qui aux ouvriers de profiter d’une piscine et de bains avec tout le se joue du paysage, sommes-nous à l’intérieur ou à l’extérieur ? confort moderne. On n’est pas si loin de cet idéal quand on voit Le parcours est ingénieux et nous permet les collections mises à la disposition du pud’accéder à une collection resserrée d’art blic. Partagé entre la collection permanente Tous c e s l i e ux so nt acc e s moderne habilement exposée autour du et des espaces d’expositions temporaires s i bl e s e n t r ansport e n comdialogue entre l’art des années 1910 à 1960 (Di Rosa, Picasso et Giacometti au menu mun à part i r d e Li ll e , vo i r acc è s s ur c hac un d e s s i t e s (Van Dongen période Fauves, Picasso, Mode la réouverture de l’établissement), il y a i nt e r ne t. digliani, Léger, Klee…) et l’art des masques aussi une « tissuthèque » qui met en avant V illa C av r ois africains, si inspirant pour les artistes de ce les savoir-faire des usines du Nord et des 6 0 av d u Pdt Ke nne dy temps, André Breton en tête. Puis vient la pièces venues du monde entier, un conser5 917 0 Cro i x nouvelle extension consacrée à l’art brut et vatoire des créations textiles qui fait bouillir 0 3 2 0 7 3 4 7 12 à la collection de l’Aracine. C’est une merles esprits. ww w. v il la- ca v ro is . f r veille absolue que de se promener parmi la p is c ine Le Palais des Beaux-Arts ces œuvres, représentations profondes 2 3 rue d e l’ E s pé ran ce Le Palais des Beaux-Arts à Lille est un end’artistes toujours mis à la marge. C’est un 5 910 0 Ro ubai x 03 20 69 23 60 semble imposant qui date de 1892, marque bonheur que de (re)voir les tableaux d’Auw w w. ro u bai x- lapi s ci ne . co m de son temps, il est un peu pompier. Il a été gustin Lesage ou de Fleury-Joseph Crépin le Pa la is de s B e a ux- A rt s restauré et rouvert en 1997. Le hall d’enet leurs palais fantasmés, les compositions Pl ac e d e l a Ré p ubl i q ue trée frappe par la qualité de son éclairage en broderie de Jules Leclercq, le bestiaire 5 9 0 0 0 Li ll e et surtout par les deux lustres vertigineux sculpté d’Auguste Forestier, les fusils d’An03 20 06 78 00 de Gaetano Pesce, superbes excroissances dré Robillard ou les totems somptueux de w w w. pba- li ll e . f r en verres colorées. Vient l’atrium blanc et Théo Wielsen. le la m or pour descendre au sous-sol et découL i lle Mé t ropole Mus é e d ’A rt vrir notamment un ensemble de sculpQuatre exemples de ce qui se fait de mieux Mod e r ne tures médiévales très finement travaillées dans le rapport des collections et des pu1 all é e d u mus é e 5 9 6 5 0 V i lle ne uv e - d ’A s cq et quelques chocs comme La dérision du blics. Les équipes en place sont imaginaw w w. m u s e e - lam . f r Christ (entourage de Luca Cranach) où le tives, les musées ont entamé une mue bienchrist, entouré de tortionnaires grimaçants, faitrice, ils deviennent des lieux d’accueil et a un regard pénétrant qu’il adresse aux spectateurs, ancêtre du de partage, les enfants y sont rois. Ils sont devenus des lieux « regard caméra », cher à Chris Marker. Moi, nous, spectateurs, politiques, la cité a besoin d’eux pour assurer une transmission nous sommes interpellé par la douleur de cet homme. Et si, ce de notre patrimoine, diffuser les histoires des siècles passé, les personnage, dégagé de sa gênante célébrité, n’était qu’une alléliens entre nous, humains. Dans leur révolution, les musées, gorie de ce que l’humain endure dans toute une vie et une mise comme beaucoup d’autres institutions culturelles, répondent à en garde sur ce que l’homme peut faire subir à l’homme ? Un nos questions d’humain du XXIème siècle, donnent du sens à nos vies. Quoi de mieux ? tableau comme un trouble profond. Au rez-de-chaussée, sculp-


process à lille

Inaltérable tradition

Brasserie André

Elle est entrée fière dans son manteau chamois. Elle est brune, moulée dans son pantalon, ajustée dans son pull d’où dépasse les doubles bretelles de son soutien-gorge, tous ces vêtements uniformément noirs. Cheveux ailes de corbeau, tirés en arrière par une queue de cheval impeccable, petit brillant aux oreilles et à la base du cou. Ses mains fines sont ornées d’ongles carmin. Dos droit sur sa chaise, elle poivre et sale avec précision un os à moelle d’une imposante dimension, elle dégage la précieuse gélatine de son habitacle et l’étale sur une tranche de pain grillé. Ses yeux s’écarquillent, elle porte la tartine à sa bouche. Elle ouvre les lèvres et croque à belles dents blanches. Elle mâche consciencieusement, ses joues s’articulent, ses lèvres s’animent légèrement d’avant en arrière. Elle déglutie. Sourire de contentement, l’extase n’est pas loin. Elle recommence, ouverture de la bouche, mastication de plus en plus soignée, la cave buccale comme espace de volupté, les pores de sa peau s’ouvrent, les duvets se dressent, les lèvres luisent, ses pupilles resplendissent, des diamants noirs qu’elle plante dans les yeux de son compagnon. Plaisir intense sous les lambris havane de l’institution lilloise. B ras s erie A ndré 71 rue B é t hune - 5 9 0 0 0 Li ll e 0 3 2 0 54 7 5 51 - brass e r i e and r e .f r V i v e l a c ui s i ne d u Nor d  : F i l e t amé r i c ai n , W e lsh Rar e b i t, Potj e v l e e sc h, Croq ue t t e s d e cre v e t t e s gr i s e s …

Dans le gris du Nord une visite au Musée du Louvre/Lens

Décrire le gris. Ce gris du ciel bas et de la bruine, ce gris qui éteint toutes les couleurs et qui s’accorde tant avec la terre noire, ce gris qui enferme le paysage, au risque de faire disparaître l’horizon. Pourtant, les couleurs sont en tapinois, elles attendent le moindre rayon de soleil pour éclater : maisons de briques rouge ou orange, encadrements de fenêtres blancs, prairies, buissons. Les villages se succèdent, les maisons sont alignées, blotties les unes contre les autres ou au garde à vous pour les besoins du patron, c’est selon. Seuls les bouleaux aux troncs immaculés zèbrent la terre rainurée par les labours. Quelques chevalets ponctuent encore la ligne de chemin de fer entre Lille et Lens et les terrils se dressent, mamelons noirs piqués de petits arbres entremêlés qui forment un flou supplémentaire comme un sfumato italien ou des dessins au fusain. À fourailler les entrailles de la terre, les hommes ont fait gonfler ses mamelons. S’il n’y avait pas tant de violences et de misères derrière le travail de la mine, l’image pourrait être séduisante. Le gris est la matière du Louvre Lens, gris des longs bâtiments

en acier brossé, gris du ciel qui se reflète dans les hauts panneaux de verre du pavillon d’accueil. La frontière est indéterminée entre les parois et le ciel. Le vaste rez-de-chaussée est ouvert sur la végétation, il permet de se perdre, d’attendre, de rêvasser, de boire un verre sans stress. Au sous-sol, un plateau s’ouvre sur les réserves et l’espace de restauration. Derrière de grandes baies vitrées, les œuvres attendent leur tour avec numéro et protection d’usage. Directement sur les parois, des écrans numériques décrivent ce que vous voyez, les coulisses du musée sont ouvertes aux visiteurs. Nous sommes bien entrés dans le musée du XXIème siècle et toute cette partie est visitable par groupe sur inscription. À partir du hall, deux espaces à votre choix, la Galerie du temps et la Galerie des expositions temporaires. Conçue comme un lieu de promenade, la Galerie du temps est sans doute l’innovation majeure. Imaginez une très ample halle toute en lumière du jour, l’histoire de l’art vous est ouverte sans barrières ni murs. Dans sa longueur, c’est le temps, sur toute la longueur du mur est gravée une immense échelle du temps


process à lille

de -4000 ans au XIXème siècle. Dans sa largeur, c’est l’espace, les différents pays, Egypte, Mésopotamie, Babylone, Grèce, Rome antique, Byzance, Occident, Terre d’Islam… Vous pouvez commencer votre balade. Peu importe où vos pieds vous mènent, l’échelle vous renseignera et les cartels vous expliqueront l’origine des pièces exposées. Certains vont droit au but, telle période qui les passionnent ou telle œuvre qu’ils veulent admirer, d’autres zigzaguent et s’émerveillent, des étonnés restent tanqués devant la délicatesse des sculptures égyptiennes, les torses avantageux des Kouros ou le regard éploré de la statue de la Vierge de douleur de 1480. D’autres sont émoustillés par les rondeurs blanches et soyeuses de l’Hermaphrodite endormi ou par le corps extatique et dévêtu du Saint Sébastien du Pérugin ou encore les rondeurs soyeuses de la peau de Suzanne au bain du Tintoret. Le bonheur de cette galerie est cette sensation que les œuvres nous sont données à voir dans les meilleures conditions, elles sont proches de nous, toutes à nous, notre regard les embrasse. Et le déclic survient. Notre concentration plane et, là, dans la diagonale, une autre œuvre nous attire, elle évoque celle que nous regardions, elle s’en éloigne aussi. Le jeu peut commencer. Vous regardez l’œuvre devant vous en la mettant en rapport avec les autres, la grande idée devient concrète : l’histoire de l’art est un continuum fait d’échos et de soubresauts, toutes les œuvres sont liées par le besoin immémorial de représenter notre monde. La rondeur de notre terre favorise les échanges, elle n’est pas faite que pour les hostilités. Les artistes ont toujours beaucoup circulé, les preuves sont devant nous. S’ouvrent alors une foule de questions : Qui a inventé quoi ? La réinterprétation d’une œuvre ancienne est-elle forcément plus faible que l’originale ? Comment les artistes d’autrefois trouvaient les moyens de voir les œuvres d’autres pays ? Comment les œuvres traversaient-elles les frontières ? Pourquoi toutes ces œuvres sont-elles ici sous nos yeux, quelles sont leurs parcours ? De combien d’échanges d’argent ou de prises guerrières, sommesnous les témoins ici ? Dans cette galerie, on peut avancer, reculer, se pencher, prendre la tangente, sortir, revenir (l’entrée est gratuite), rien n’est pesant, l’art ne nous y est pas assené, il nous cueille dans nos pas. Cette liberté est sans doute ce qui plait aux enfants, moins oppressés que dans les musées traditionnels. Parfois ils courent, parfois ils trainent, le plus souvent ils remplissent consciencieusement le livret « Parcours famille » particulièrement bien fait. Il est très émouvant de voir autant de parents et grands-parents courbés ou à quatre pattes regardant une œuvre avec leur(s) enfant(s) ou petit(s) enfants(s), en cherchant la solution avec eux. Il n’est pas rare qu’eux-mêmes prennent conscience de certains détails, retrouvent des notions oubliées. C’est la pure joie de l’art qui est mise en scène

ici, l’émerveillement que peut provoquer le travail acharné des mains et des esprits des artistes depuis que le monde est au monde. C’est une réussite que d’avoir initié ce nouveau mode d’appréhension de l’histoire de l’art et on comprend que Lens était une opportunité pour le Louvre. Non seulement l’institution mondialement connue faisait un geste fort pour la démocratisation des œuvres et la dynamisation d’un territoire violenté par l’histoire, mais aussi elle saisissait une opportunité, pour se projeter dans ce nouveau siècle, en quelque sorte, un salut. Le Louvre Lens est un laboratoire des regards, des sensations, un espace de conversation entre des œuvres, des spécialistes et nous, citoyens visiteurs. C’est le retour vers Lille. Assis dans les transports en commun, les visages se superposent, les corps se substituent aux corps. La mémoire fait un tri, reste alors la face triste de Antonio de Covarrubias y Leiva peint par Le Gréco, Le jeune mendiant solitaire de Murillo, la statue-cube de Ser, un égyptien accroupi depuis 3700 années ou la sobriété d’une Idole féminine qui a mis 4500 ans et 3000 km pour venir de Zyros en Grèce, elle évoque de manière troublante le travail de Brancusi, Picasso ou Modigliani. Ondes oscillantes de chaque œuvre à travers le temps et nos émotions.

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Dans l'atelier de

marc meurin C’est un anneau blanc en contrebas du musée du Louvre à Lens, un restaurant de vitres et de blanc. Accueil très souriant, que la fête commence ! L’amabilité de la jeune brigade ajoutée à leurs imperfections sont autant de qualités qui vous rendent cette cuisine fine, humaine et vivifiante. Émulsion de navets boule d’or en amuse-bouche, soyeuse à souhait puis crème de butternut aux copeaux de châtaignes, quenelle de crème fraiche aux cerneaux de noix, Saint-Jacques de Boulogne-sur-Mer, écrasé de céleri et chips de pomme de terre vitelotte, veau aux petits légumes et buche décalée noix de coco et pistache avec coulis de mandarine et fruit de la passion. Le tout arrosé d’un joyeux champagne Besserat de Bellefon, d’un Val de Loire Les deux tours, minéral et vif, et d’un Côtes-du-Rhône L’appel des Sereines de chez François Villard, rond et gourmand. Un grand moment où tous les sens sont convoqués, un moment de grande jouissance où, dans nos vies toujours trop pressées, notre corps vibre autrement. Ces retrouvailles avec la nature (les produits sont frais, beaux à voir, goûteux à savourer) et avec vous-même sont rassurantes, toute notre chair, toute notre « Maison d’os » vibrent, et c’est bon. Le rapport qualité-prix est imbattable, il ne vous reste plus qu’à réserver. atelier de m ars m eu rin 97 rue Paul B e rt - 6 2 30 0 L e n s 0 3 21 18 24 9 0 - ww w. at e l i e r d e marc me ur i n . f r M e nu (2 e nt r é e s , pl at e t d e ss e rt ) à 3 3 € e n s e ma i n e e t à 4 0 € l e w e e k - e nd . M e nu av e c me t s e t v i ns à 7 0 € .


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YAK

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Pursuit of Momentary Happiness, le deuxième album des Anglais de Yak est tout simplement captivant, bâti autour de riffs efficaces et de compositions instinctives qui séduiront les amateurs de rock. Yak sera en concert à la Cartonnerie le 23 avril : ne pas manquer !

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THE CHEMICAL BROTHERS

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Trois ans après la sortie de Born In The Echoes, le duo mancunien revient sur le devant de la scène avec un nouvel album, No Geography, dont la sortie est prévue le 12 avril. A écouter, Got To Keep, le premier extrait de ce nouvel LP, au son presque rétro.

CROCODILES

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Dix ans après la parution de leur premier album, les californiens de Crocodiles ont sorti en février leur septième album « Love Is Here (The End Is Near) ». Ici, les morceaux arborent des mélodies bien pensées portées par des guitares acérées, comme autant d'étendards rock. Efficace et imparable.

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THE STROKES

PETER DOHERTY & THE PUTA MADRES

Le retour du groupe new-yorkais mené par Julian Casablancas, qui a fêté l’année dernière ses 20 ans d’existence, est annoncé lors de l’édition parisienne de Lollapalooza les 20 et 21 juillet prochains. Une date unique en France à ne pas laisser passer, pour danser en live aux doux sons de Last Nite, Reptilia et You Only Live Once.

Nouveau groupe de Peter Doherty, Peter Doherty & The Puta Madres sort son premier album le 26 avril. Il a été enregistré live dans une maison de famille en Normandie, durant l’été 2018, pour capturer au plus près l’essence et l’esprit de The Puta Madres. Un portrait rock et intime sur l’amour, la dépendance et la tragédie. À découvrir.

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musique Par

alexis jama-bieri

JUSTICE

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Le duo phare de la Maison Ed Banger a été sacré meilleur album électro/dance aux Grammy awards 2019 pour Woman worldwide. Une consécration pour Justice qui entre dans le cercle fermé des artistes multi-récompensés aux Grammy Awards, onze ans après leur premier Grammy reçu en 2008. Nouveau projet de Justice IRIS : A Space Opera by Justice, est un film événement qui met en scène le live de Woman worldwide. La première mondiale d’IRIS est prévue aux Etats-Unis le 15 mars au SXSW festival.

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musique : josh wink

J’aime la scène de Berlin, c’est totalement unique Sortant de scène et abandonnant l’atmosphère extatique d’un public en lévitation, Josh Wink, DJ et producteur américain, souvent vu comme le pendant du DJ et producteur français Laurent Garnier, a, lors de la dernière édition du festival du Cabaret vert, accordé à Process magazine une interview exclusive.

Joshua Winkelman alias Josh Wink est de ceux qui ont bâti la techno US au moment même où la techno européenne faisait danser la jeunesse dans les raves à Berlin, Londres ou Paris et où balbutiait la french touch. Né le 20 avril 1970 à Philadelphie, Josh s’intéresse très tôt aux sons synthétiques, notamment à ceux joués au piano électrique Wurlitzer. Son premier disque, un vinyle, est Autobahn de Kraftwerk, un 45 tours acheté alors qu’il n’a que cinq ans. Mais c’est à son adolescence que la musique le submerge, notamment le son disco : « le disco pour moi a été une étape vers la House music », puis House : « une des raisons pour laquelle j’ai voulu devenir musicien, c’est la House de Chicago, plus que celle de New-York. Le son acide house de Chicago et plus tard l’expressivité de la deep techno de Detroit » et dans une moindre mesure les productions de DJs de Philadelphie tels que Cash Money et DJ Jazzy Jeff. Sa première prestation importante de DJ a lieu alors qu’il n’a que dix-huit ans, au club Memphis de Philadelphie, par un pur hasard puisqu’il y travaillait comme barman et qu’il dût remplacer au pied levé le DJ programmé par le club qui était alors souffrant. Josh Wink garde encore aujourd’hui une légère préférence pour les clubs alors qu’il se produit dans de nombreux festivals : « J’aime les festivals pour le sentiment de contrôle sur une grande foule. Mais j’aime un peu plus le club et son feeling plus personnel, où le public peut se connecter à moi et ne faire qu’un. En club, j’ai plus la possibilité de me concentrer sur les gens et leur état d’esprit, pour qu’ils se perdent dans la musique ». Pourtant, après plus de trente années à mixer dans les clubs, Josh a vu l’esprit du clubbing se transformer « c’était une culture, quelque chose qu’on cherchait à faire et pour laquelle on vivait tous ensemble, qu’on soit hétéros, gays, blacks ou blancs on vivait la culture, la scène. C’était spécial, différent, unique ! Maintenant on a perdu cette singularité, les gens « sortent en club » car c’est une chose « à faire ». Mais c’est encore spécial pour une partie des jeunes aujourd’hui, peut-être plus érudits musicalement que leurs semblables… ». C’est en Europe qu’on peut, selon Josh, trouver le mieux cet esprit de club « J’aime la scène de Berlin, c’est totalement unique !… Tout au long de la journée, tout le temps. Il

JOSH WINK

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n’y a pas de règles et les gens se respectent. Ça me fait penser à la scène disco de New-York des 70’s-80’s, très libre et très ouverte, lorsqu’il n’y avait pas d’appareils photo en club et que les gens étaient simplement eux-mêmes et pouvaient se promener nus s’ils le souhaitaient. C’était génial ce laisser-aller ! ». Ce lâcher prise et ce partage sont portés aujourd’hui par la musique de Josh Wink en club ou en festival « pour moi le set idéal, c’est de voir la foule qui se perd dans la musique, avec les yeux fermés, dans le ressenti et l’appropriation ! ».

Depuis plus de trois décennies, Josh Wink a beaucoup produit, en faisant constamment évoluer sa technique « Au départ, je n’utilisais que du hardware ou des ordinateurs. Puis j’ai utilisé des ordinateurs et des samples en combinaison, beaucoup de synthés, en passant de l’analogique au digital. Aujourd’hui j’utilise principalement le digital [...]. Je commence habituellement avec le rythme autour duquel je vais ensuite bâtir ma musique » Josh confie ne pas être adepte de la routine dans son processus de travail « Souvent, je vais au studio avec une idée en tête et il en ressort quelque chose de totalement différent. Ce que j’aime en musique électronique, c’est qu’il n’y a aucune règle et que ça change toujours. Ainsi, une erreur peut se transformer en quelque chose d’hyper cool ! ». Vous vous souvenez sûrement de ce morceau où un rire s’étirait en boucle du début à la fin – hahahaha hahaha, hahahaha hahaha…– intitulé Don’t laugh, sorti en 1995 et vous vous êtes, peut-être, interrogés quant à l’origine de ce rire. Josh lève enfin le voile sur ce mystère « Ce rire était le mien ! J’avais joué pendant quatre jours non-stop, et peut être dormi six heures… Je me sentais très inspiré et pourtant, je n’ai pu faire que rire. Alors j’ai samplé ce rire et il est devenu un morceau très populaire dans la scène techno-électro-house ». En introduction de ce sujet était évoqué Laurent Garnier, qui est de la même génération que Josh Wink. C’est un artiste que Josh côtoie souvent : « nous sommes de vieux amis, il soutient la musique que je joue et je joue régulièrement des titres qu’il adore jouer. On n’a pas encore prévu de collaboration, mais ça serait cool ! ».

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TEXTE & polaroid alexis jama-bieri

Traduction Nathalie Bye


musique : la magnifique avant-garde

La Magnifique Avant-Garde aura lieu du 23 au 28 avril. Autrefois prélude au festival La Magnifique Society, ce temps fort de rencontres prend son autonomie et défend la création musicale au féminin. Comme bien des laboratoires, Césaré a quelque chose de mystérieux, voire secret. Situé au nord de Reims, le centre national de création musicale reçoit des compositeurs et compositrices, des musiciens et musiciennes toute l’année et du

monde entier. Du 23 au 28 avril, La Magnifique Avant-Garde sera l’occasion de découvrir un peu mieux l’activité de ce laboratoire sonore. Il nous réserve de belles surprises. Philippe Le Goff, directeur de Césaré, confie : « Nous voulons nous montrer au public et pas seulement à travers des concerts. La Magnifique Avant-Garde correspond à notre travail de production musicale, à nos choix, à l’esprit de Césaré. Les artistes aiment présenter leur travail, les plus jeunes rencontrer des professionnels. » Innovation, inventivité, expérimentations, croisements… le public ouvrira grand ses yeux et ses oreilles durant six jours. Lors de cette édition 2019, focus sur la création féminine. Le rendez-vous s’articule autour de trois concerts, des ateliers, des installations sonores et visuelles, ainsi qu’une table ronde. En ouverture, au Conservatoire de Reims, l’Américain Carl Faïa et la Japonaise Mikako Mizuno proposeront deux concerts dédiés aux Musiques Électroniques du Monde, à écouter sur des chaises longues. Changement d’ambiance et de continent le lendemain à la Cartonnerie avec Kogoba Basigui. The Red Desert Orchestra et le Kadjula Band sont deux orchestres créés par des femmes, la française Eve

Aya Metwalli © Patrick Mouzawak Naïny Diabaté et Eve Risser © Romain Al’l Sonopopée-Station’hair © Vivien Trelcat Electric Indigo © Michael Breyer

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Risser pour le premier, et la diva malienne Naïny Diabaté pour le second. Une rencontre entre énergie mandingue et sons jazzy hypnotiques à ne pas manquer. Danse avec le son

Le troisième concert réunira quatre compositrices venues des quatre coins du monde au Shed. Ce nouveau lieu (brasserie / Bar / restaurant / concert / partage / 49 rue Gosset) accueillera la clarinettiste franco-américaine Carol Robinson, qui interprétera OCCAM d’Éliane Radigue, une des figures majeures de la musique contemporaine. Sculptrice de formation, la Française Méryll Ampe travaille souvent à partir d’enregistrements de sons du quotidien (field recordings). Aya Metwalli est originaire du Caire, chanteuse

d’abord accompagnée de sa guitare acoustique, elle a abandonné son instrument pour des sonorités électroniques. Enfin, Electric Indigo est le projet d’une DJ autrichienne proche de la scène techno de Berlin. En soirée, le public pourra découvrir RePHLeXion à la Cartonnerie, qui permettra à tout un chacun de s’improviser danseur, chaque mouvement créera des sons et laissera des traces visuelles sur un immense écran… Encore quelque chose de mystérieux. Également assez intriguant, L'Opéra de la Nature est une application gratuite à télécharger sur son téléphone mobile : casque aux oreilles, une composition sonore évoluera au gré des endroits parcourus dans Reims, grâce à un système de géolocalisation.

personnelles, avant un débat au sujet d’un récent livre intitulé « Compositrices, l’égalité en acte ». Autour de la même thématique, vous pourrez découvrir 2 artistes féminines à travers 2 portraits sonores, des entretiens enregistrés pour l’émission radiophonique « Sonar Primitif », proposée par Morgane Leveaux. Deux bornes d’écoute seront à la disposition des auditeurs au sein des médiathèques Falala et Laon-Zola. La Magnifique Avant-Garde s’achèvera de façon très conviviale par un goûter dominical au contact des installations du collectif rémois Sonopopée. Petits et grands pourront expérimenter de manière ludique, plusieurs dispositifs sonores. Visibilité

Jouer et toucher

La création rythmera La Magnifique AvantGarde. Des étudiants du Conservatoire de Reims et de l’ESAD pourront participer à trois ateliers : l’un consacré au beat box, un second au son comme matière à sculpter (avec Méryll Ampe) et un autre autour du projet L'Opéra de la Nature. Les résultats musicaux de ces workshops seront présentés au public. Une table ronde questionnera la création musicale féminine. Des artistes — pour beaucoup présentes pour des concerts — partageront leurs expériences

Ceux qui ont connu Elektricity se souviennent que Césaré s’affichait déjà aux côtés de ce festival electro qui faisait vibrer la cathédrale de Reims. La manifestation a été transformée en festival plus pop, La Magnifique Society, au Parc de Champagne. Le grand écart devenait un peu plus difficile à effectuer entre Césaré et la Cartonnerie (qui organise le festival du 13 au 15 juin). Mais les deux lieux collaborent toujours pour cette Magnifique Avant-Garde 2.0. Philippe Le Goff, directeur de Césaré, indique : « En trouvant deux moments distincts entre La Magnifique Avant-Garde et La Magnifique Society, nous assurons une meilleure visibilité à notre rendez-vous. » Une meilleure visibilité aussi pour les laborantins du son qui font partie de la galaxie Césaré. Alors, prêts à découvrir des sonorités venues d’ailleurs ?

cesare-cncm.com # ava n t g a r d e 2 0 1 9

la reims magnifique avant-garde, 2019 du 23 au 28 avril

une Avant-garde féminine

TEXTE Nicolas Dambre


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La part des femmes

Les frères Bouroullec, qui comptent parmi les designers contemporains les plus influents, développent paralèllement à leur activité de design une pratique du dessin sans lien avec la création d'objets (il en existe aussi en lien avec le design). C'est beau, évident, libre, et ca donne lieu à une exposition à la galerie Kreo jusqu'au 9 avril.

Le leitmotiv « Regardez-nous. Prenez votre temps » scande le manifeste du collectif La Part Des Femmes énoncé dans le cadre du programme de conversation « La femme, cette exception » de Paris Photo. À l’initiative de Marie Docher, les femmes photographes présentent sur la scène de l’Auditorium revendiquent une place méritée autour d’une scansion qui en dit long sur l’enjeu

galeriekreo.com bouroullec.com

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danse avec Monet De la compagnie de Trisha Brown au ballet de Lorraine, le musée de l’Orangerie poursuit jusqu’en avril 2019 un cycle de danse contemporaine au cœur des Nymphéas de Monet. De cette rencontre entre le mouvement des corps et la surface picturale émanent de nouveaux enjeux de création et un réinvestissement sublime de l’héritage moderne.

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camille Gharbi au festival " circulations "

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Les photographies de Camille Gharbi présentes cet été à l’exposition Ph   tographes, organisée par la Salle d’attente au Cellier de Reims viennent d’être sélectionnées pour le Festival de la jeune photographie européenne Circulation(s) 2019. L’extrême violence présente sous l’aspect épuré de la série " Preuves d'amour " a touché le jury. Son sujet poignant - les homicides conjugaux - sera exposé à partir du 20 avril au 104 à Paris. www.camillegharbi.com www.festival-circulations.com

Par

hélène virion

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du regard porté sur la création des femmes dans la photographie et l’art contemporain. lapartdesfemmesphoto.com

la girl power Dans cette mouvance, les initiatives rémoises ne sont pas en reste. Pauline, l’illustratrice de Petite Bohème met en valeur via la @girl_gang_gallery sur instagram la création de femmes artistes. Alors qu’Hélène Micherolli organise via @les_instpirantes_reims des rencontres et une mise en avant de femmes inspirantes. Deux initiatives à suivre !

Basquiat : la révélation par l'éffacement Pour Jean-Michel Basquiat exposé à la Fondation Louis Vuitton cet hiver, la révélation intervient par l’effacement. Il accroche en effet le regard du public en suscitant son intérêt par la dissimulation dans ses œuvres picturales d’éléments plastiques, graphiques à peine lisibles : « Je biffe les mots pour que vous les voyiez mieux. Le fait qu’ils sont à demi effacés vous donne envie de les lire. » 5

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l'art des Bouroulec

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© Bénedite Topuz

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_The way I feel, 2013 - 95 x 80 x 130 cm, structure métal, fils scoubidou, Photographie Alain Hatat

Cette œuvre est visible jusqu’au 17 mai à la faculté   de médecine Henri Warenbourg de Lille   (rue avinee 59120 Loos) dans le cadre d’une exposition   proposée par la direction culture de l’Université de Lille.

d'armelle blary

The way I feel

une oeuvre :


art : maud gironnay

_Moonrise, 2014. Monotype, 50 cm / 50 cm

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M aud G ironnay

Le cosmos comme horizon

Le geste de graver est pour elle un rituel. Non pas un rite de passage, mais un rite initiatique. Celui de l’artiste qui berce pendant des heures sa plaque avant d’opérer une taille douce en vue d’obtenir des valeurs, des niveaux de gris à la fragile volupté. Comme elle laisse parfois la matière s’exprimer, débore la virtuosité du geste pratiqué durant trois ans à der ses attentes pour prendre vie. La série des sept monotypes l’École Supérieure Estienne, Maud Gironnay tire la _Sula fyr, 2017. Photogravure, 60 cm / 40 cm de Moonrise en témoigne. Dans un léger gaufrage, le disque de puissance de tracés précis, comme de procédures rila lune peint, puis appliqué sur le papier, lui demande dextérité et lâcher prise. tuelles. Telle une alchimiste elle transforme les métaux en matrice. Elle berce, Sa trace, son geste appliqués sur la plaque se révèlent uniquement à la sortie de grave, épargne, encre la matière pour révéler à partir de celle-ci l’estampe. Sous la presse. Chaque tirage comme les cratères, les continents et les mers argentées la délicatesse de ses traits, de ses poupées, elle donne vie dans son atelier au de ses lunes sont ainsi uniques et répondent à la réaction de ses encres sur le monde des astres comme au monde astrale. En échos aux Contemplations de papier. Fascinée par l’impalpable de l’astre, elle laisse ainsi à son tour le mystère Victor Hugo, qu’elle affectionne particulièrement elle pourrait affirmer avoir vu s’inscrire au cœur de son œuvre. Sa fascination pour les forces d’attraction, pour « le ciel, l’éther, le chaos et l’espace. Vivants ! puisque j’en viens, je sais ce qui s’y ème ses danses lunaires et stellaires se dévoile ainsi dans une nouvelle danse, celle de passe ». Aux aguets des phénomènes célestes, au 2 étage de son atelier avec l’ e ncre glissant à la surface et pénétrant le papier. une vue dégagée sur le ciel, elle dévoile dans ses estampes l’univers, sa poésie et ses mystères. De ses ciels réalisés en monotypes à ses lunes, ses planètes effecLa virtuosité technique de votre trait, de votre geste sur la plaque prend en tuées en manière noire, elle témoigne d’une vie macroscopique, de la vie d’astres compte le hasard, les aléas de la matière. Dites-nous en plus… perçue derrière un télescope comme de la danse perpétuelle du soleil de minuit. Il est facile de se plonger dans le défi technique : graver, inciser au burin sans dévier, imiter des textures en cuisant des poudres ou en jouant de substances En résidence artistique dans le phare norvégien de Sula, elle suit pendant un chimiques sur le métal... On se prend vite pour un magicien d'images ou un mois les mouvements de rebond du soleil entre le zénith et l’horizon. Seule sur alchimiste. Mais alors il faut aussi accepter l'inattendu, et même parfois la décepson phare, elle adapte son rythme de vie sur celui du soleil pendant 48 heures. tion... Pour transformer cela en une autre matière, nouvelle. À heure fixe, elle sort affronter le vent et le froid pour photographier inlassablement les mouvements de l’astre et ses reflets sur la mer. Dans le sillage de ses Dans la série Demain de vos soleils de minuit, vous noyez la précision des photogravures à la manière noire de planètes ou de ses monotypes de lune, elle révèle graphies numériques dans la technique de la photogravure. Pourriez-vous nous à partir de ses photographies, 42 plaques de photogravure. Elle nous offre en livrer vos intentions, comme le processus de création… partage le témoignage de ses longues heures sans sommeil qui résonnent ô comD'ordinaire, je grave mes propres motifs et dessins sur mes plaques. Seulement bien avec le titre de son exposition au Domaine du Tournefou « Dansez, sinon ici je voulais faire intervenir un autre médium : le soleil. Mais comment graver nous sommes perdus ». Cet emprunt à la danseuse et chorégraphe Pina Baush avec la lumière ? révèle la danse qu’elle a livré durant ces 48 heures, durant cette journée sans fin. J'ai retravaillé mes photographies de manière à les imprimer sur des typons Comme elle témoigne de l’expérience mystique qu’elle entretient avec les astres, (sorte de films transparents) que j'ai ensuite disposés sur des plaques recouvertes mais également avec son médium. De l’alchimie du trait à l’alchimie de la matière, l’œuvre de Maud Gironnay témoigne d’un ailleurs étrangement présent.

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TEXTE HÉLÈNE VIRION


_18h, 19h, 20h, 21h, 22h, 23h - Extrait de la série " Demain ", 2017. Ensemble de 6 photogravures en 14 cm par 60 cm


art : maud gironnay


art : maud gironnay

© Jean-Charles amey

_Petit tambour, 2015. Manière noire, 30 cm / 20 cm

d'une gélatine photosensible. Le tout enfermé dans un caisson lumineux pendant quelques minutes, le temps de laisser agir les ultraviolets pour cuire les tons clairs. La plaque est ensuite « révélée » dans un bain d'eau tiède, pour dissoudre légèrement la surface aux endroits correspondant au motif photographique. Je cuis une dernière fois la plaque au soleil, pour fixer définitivement les creux et reliefs obtenus. J'ai alors une matrice que je peux encrer, imprimer. Entre gravure et photographie, ce procédé est complexe car il me demande une concentration et des gestes sûrs. Mais cette expérience m'a permise de placer le soleil réellement au cœur de mon œuvre, en étant à la fois sujet et outil de son élaboration. La matrice de vos soleils de minuit, de vos gravures réalisées avec tant de finesse s’altère à chaque estampe. Comment

Je suis aussi influencée par mon médium de prédilection, la gravure, qui m’invite constamment à repenser le rapport entre la matrice et l’image, le relief et le creux, et plus généralement ce qui constitue un processus. Vers quels astres vos projets artistiques à venir nous emmèneront-ils ?

Je souhaiterai développer les photogrammes et notamment l'anthotype, un procédé ancien, inventé par Sir William Herschel en 1842. Le principe repose sur la capacité photosensible des plantes : en pressant des feuilles, pétales de fleurs, légumes... on obtient une émulsion d’une couleur variant selon le végétal utilisé. On applique cette émulsion sur une feuille qu’on couvre d’une photographie en positif, puis on met le tout dans un châssispresse pour une insolation via l’exposition au soleil. Ce travail révélerait donc des «échos» fragiles, témoins du vivant.

acceptez-vous cette disparition programmée?

J'aime qu'une série ne soit pas infinie, que chaque projet Je vais aussi m'atteler prochainement à une série d’estampes inconnaisse un dénouement : c'est ce qui lui apporte aussi sa titulée Les presqu’îles. À partir de photographies réalisées dans valeur. Concernant les soleils de minuit, le projet est déjà la baie de Morlaix en Bretagne, plus précisément de mares d’eau anachronique en soi puisque la captation s'est déjà dérouet de microcosmes que l’on re¬trouve entre les petits îlots de lée et est terminée. Un moment particulier, dans un lieu rochers, je retranscrirai le fourmillement de cette vie aquatique insolite, dont il ne reste qu'une réminiscence sous forme de avec algues, anémones, crustacés et coquillages... comme des _Callisto, 2015. Monotype, 50 cm / 50 cm photogravure. Le grain de l'image et les couleurs réinterprépetits mondes refuges, isolés de tout. Ce projet me permettra tées sont alors une sorte d'ersatz de ces instants faussement figés dans le temps, notamment de revenir à l'eau-forte, un procédé de gravure minutieux et vif. comme un souvenir dont on accepte de perdre les détails pour ne conserver que l’essence des choses. Dans un autre registre, j'ai participé à la conception de « Crépuscule » un conte noir mis en scène par Angélique Friant pour la compagnie Succursale 101. Les œuvres évoquées dans l’article ne sont qu’une partie de vos productions. J'aborde ici un tout autre univers, où la narration s'y inscrit en creux par des Pourriez-vous ouvrir sur les autres enjeux de votre démarche ? jeux d'ombres et lumières. Le spectacle sera bientôt visible, et une exposition du Je m'intéresse beaucoup à la nature : l'observation d'un environnement, ses travail réalisé sera présentée à l'automne. phénomènes... ce n'est pas très original, mais je pense que cette considération devrait tous nous toucher. Appréhender la nature non pas comme un territoire conquis ou un simple décor extérieur, mais une part de nous même. Et se laisser w w w . m a u d g i r o n n a y. f r fasciner pas ses plus petites manifestations...

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art : expo art contemporain chinois

COULEURS DE LA CHINE CONTEMPORAINE 30/03 > 16/04

2019

AU MUSÉE SAINT-REMI

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_YUE Minjun, Contemporary Terracota Warriors, 2011, Acrylique sur fibre de verre et plastique © Droits réservés

ART

F

in mars s’ouvrira au Musée Saint Remi l’exposition « Couleurs de la Chine Contemporaine. Une passion de collectionneurs. », l’occasion de découvrir un ensemble de créations artistiques plutôt hétéroclites qui sort de l’ordinaire. En effet, la centaine d’œuvres qui sera présentée lors de cette exposition a été acquise par un couple de collectionneurs de la région de Reims souhaitant rester anonyme. Non seulement ces œuvres ont été peu exposées au public - à peine une vingtaine de ces créations ont été présentées lors d’événements - mais ce rassemblement est en outre le résultat d'une entente entre pouvoirs publics et intérêts privés plutôt rare qui permet au Musée Saint Remi, lieu d'exposition d'excep-

tion, d'inaugurer ce regroupement inédit. Les artistes chinois repérés par ces connaisseurs raffinés de l’art oriental (Ai Weiwei, Liu Bolin, Lui Wei...) font partie des principaux acteurs de la scène artistique chinoise depuis les années 90, une scène marquée par la contestation du pouvoir officiel, mais aussi par une lecture originale des effets pervers de la mondialisation. Le désir pour certain d'y répondre par une contestation ostentatoire et provocatrice (chez Ai Weiwei par exemple) utilisant tous les supports artistiques (peinture, vidéo, sculptures, performances...) montre que les artistes chinois sont autant ancrés dans le monde d'aujourd'hui que leurs compatriotes occidentaux. D'autres comme Zhang Huan iront chercher dans la tradition

ou l'histoire de leur pays des réponses à la mouvance des repères culturels. Le parcours de cette exposition, à la fois chronologique et thématique, évoque la complexité et la richesse de l'expression artistique chinoise contemporaine nageant entre cette tradition et ce modernisme, cet individualisme et la conscience d'appartenir à un monde commun. Mieux qu’un essai politique ou économique, elle rend compte de la place qu'occupe aujourd'hui la Chine dans notre monde, celle d'un géant aux multiples voix.

COULEUR S DE LA CHINE CONTEM P ORAINE du 30 mars au 16 juin 2019 au musée Saint Remi

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TEXTE Géraldine Jaujou


A

rtiste pluridisciplinaire, Suzanne Jongmans compose des portraits photographiques qui s’inscrivent visuellement dans la lignée des grands peintres hollandais des XVe, XVIe et XVIIe siècles, rappelant les œuvres d’Holbein le jeune ou de Rembrandt aux compositions et aux jeux de lumière particulièrement élaborés. Mais à y regarder de plus près, on découvre un travail résolument contemporain, tant sur le fond que sur la forme. En effet, le travail de Suzanne Jongmans est pluridisciplinaire : elle est à la fois sculpteur, costumière et photographe. Cette pluridisciplinarité lui vient à la fois de ses études, de 1996 à 2000 à l’Académie des arts visuels de Tilburg où elle étudie le design textile et la photographie, des vêtements que sa mère et sa grand-mère confectionnaient elles-mêmes, et des livres d’art de sa mère qu’elle lisait enfant. C’est ainsi que sont nées les séries Kindred Spirit et Mind over Matter : « la première image de cette série date de 2007 » précise Suzanne Jongmans. Pour chaque photographie, un processus long est mis en œuvre par l’artiste hollandaise : « Mon inspiration se traduit de différentes manières, à travers les matériaux, l'expression du personnage et le titre de l'œuvre. Je conçois et réalise tout ce que vous voyez dans l'image finale, cela peut prendre plusieurs semaines, parfois des mois. Dans un ordre variable, je fais des recherches dans des livres présentant des œuvres de vieux maîtres et quand une idée est née, quand une image me vient à l'esprit, je l’explore, je trouve le matériel, puis je commence à construire un costume sur un mannequin jusqu'à ce que quelque chose soit là ». Vient ensuite la sélection, primordiale, du modèle : « Je cherche toujours des visages qui m'intriguent. Les modèles sont souvent des personnes proches, des amis, des amis d'amis, de la famille, mais aussi des gens que je rencontre ou que je vois dans la rue, qui ont

Suzanne Jongmans Un dialogue

avec le temps. Imaginer. Un froissement de taffetas, un reflet d’étoffe moirée, des dentelles empesées, des velours duveteux. Du luxe, un temps passé. L’art du portrait peint. Fermer les yeux. Puis les rouvrir, au XXIe siècle. Des déchets à foison, un climat qui se réchauffe, la photographie omniprésente, la mise en scène permanente. Tout semble si loin, et si contemporain. Suzanne Jongmans en a fait de l’art, en trompe-l’œil.

A

ART

TEXTE alexis jama-bieri

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_Suzanne Jongmans, Home, courtesy Galerie Wilms

_Cover_Suzanne Jongmans, Gratitude, courtesy Galerie Wilms


_Suzanne Jongmans, Sensibility, courtesy Galerie Wilms


_Suzanne Jongmans, Prinses eva, courtesy Galerie Wilms


_Suzanne Jongmans, Holding back, courtesy Galerie Wilms


_Suzanne Jongmans, Understanding, courtesy Galerie Wilms


_Suzanne Jongmans, Familiar patterns, courtesy Galerie Wilms


_Suzanne Jongmans, Man met kap, courtesy Galerie Wilms


photo : suzanne jongmans

_Suzanne Jongmans, Our kingdom, courtesy Galerie Wilms

_Suzanne Jongmans, Room for change, courtesy Galerie Wilms

_Suzanne Jongmans, Patience, courtesy Galerie Wilms

une apparence qui me parle ». L’acte principal de la composition se joue devant l’appareil photographique de Suzanne Jongmans : « je prends des photos du modèle, plusieurs centaines de détails de chaque détail, ainsi le modèle oublie presque que je suis là, en train de tourner en moi-même à la recherche d’une sorte de moment magique. Enfin je monte ce matériel photographique dans l'ordinateur. C’est à ce moment-là que tous les composants, aussi précis que possibles, se marient et s'emboîtent ». Au-delà de la simple composition artistique, l’œuvre de Suzanne Jongmans découle d’une philosophie écoresponsable : « Je suis une collectionneuse. J'adore le fait que certains objets ou matériaux trouvés (plastiques, mousses, vieilles couvertures de laine, choses de la nature…) ont déjà eu une vie antérieure et racontent une histoire en eux-mêmes. Je prends ces matériaux et les ajoute à mon histoire, ce qui crée automatiquement un dialogue dans le temps ». Au fil de ses œuvres, les créations de Suzanne Jongmans se sont complexifiées avec l’utilisation de nouveaux matériaux et l’influence d’autres peintures anciennes. Par son travail de recyclage, Suzanne Jongmans propose : « une façon de regarder les choses autrement ». Pour 2019, elle compte multiplier les projets de création : « une collaboration avec le chanteur Mercury Carter pour la couverture de son prochain album » et de diffusion : « une exposition à la galerie Wilms et à la foire d'art PAN à Amsterdam et l’édition d'un nouveau livre de portraits d'ici la fin 2019 ». Mais comment Suzanne Jongmans envisage la pérennité de ses créations dans près de cinq siècles ? : « Je ne sais pas si mon travail sera perçu comme ayant changé l’art, mais peut-être aura-t-il un impact sur la manière d’envisager l’assemblage des œuvres ».

_Suzanne Jongmans, Infinity, courtesy Galerie Wilms

_Suzanne Jongmans, Closure, courtesy Galerie Wilms

w w w. s u z a n n e j o n g m a n s . n l


danse : thomas lebrun

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le dancefloor : lieu de séduction & d'extravagances Thomas Lebrun en roi de la piste

A

art

Ê

tre soi, être un autre. Se donner en spectacle, se mettre en scène. Se laisser forme - ou devient réellement lui-même - pour tenter de séduire. Une porter par la musique, puis devenir un « roi de la piste ». Le chorégraphe danse qui peut tout à la fois rendre le danseur attirant ou pathétique. Thomas Lebrun s’est emparé de ce lieu de la culture populaire qu’est la Sans sombrer dans la moquerie trop facile, Thomas Lebrun nous place devant piste de danse, celle de la discothèque, pour y étudier toutes les transgressions cette alternative, avec une réelle tendresse pour la quarantaine de « personou affirmations de soi que peut y susciter la nuit, la musique et l’exaltation du nages » qui se succèdent sur la piste. De dix à quarante secondes séparent chaque moment. Les Rois de la piste, c’est une galerie de portraits, une succession d’atti« performance ». Les danseurs ne sont que cinq au plateau et s’attachent, une tudes, qui traduisent toutes les dimensions sociales de la pratique du dancefloor, fois leur « numéro » fini, à rejoindre les coulisses pour enfiler un autre costume. répandue dans toutes les couches de la population depuis les années 1970. Sur la Souvent extravagant. Pour parvenir à cette justesse, Thomas Lebrun travaille sur piste de danse, la frontière entre l’expression d’une certaine norme sociale et celle le fil du rasoir, avec un spectacle très écrit qui, pour autant, doit aussi permettre d’une danse libre et transgressive est ténue. Et c’est là tout le talent de Thomas à ses interprètes un « lâcher prise » suffisamment important pour les rendre créLebrun de porter un regard aiguisé sur cette pratique de la danse. L’ ensemble est dibles et touchants dans leur jeu. Tout le sel de ce spectacle est dans la « liberté joyeux, rieur, drôle et l’on se plaît à se reconnaître dans tel ou tel de ces persond’interprétation » qui le nourrit. « C’est une pièce d’interprètes » aime à répéter nages. On ne pourra pas non plus s’empêcher de penser, en filigrane, au revers son auteur, lui-même danseur sur Les Rois de la piste. de la médaille, et à la solitude de celui ou celle qui ne participe pas à la fête Théâtralité et reste à l’écart. Et nous reviennent alors à l’esprit les quelques pages dans lesDirecteur du Centre chorégraphique national de Tours depuis 2012, Thomas quelles Michel Houellebecq décrit la tristesse absolue qui se dégage de la piste Lebrun est un chorégraphe singulier qui ne cache de danse d’une discothèque bretonne dans son pas l’intérêt qu’il porte aux cultures populaires premier roman, Extension du domaine de la lutte (danses, musiques, chanson…) qui trouvent sou(1994). Houellebecq y dépeint, avec un réalisme vent une place dans ses spectacles. Lui-même est inquiétant ce qui deviendra un thème récurrent en apéritif, une projection de « Femmes au bord de originaire du Nord de la France et d’un milieu dans son œuvre : la misère sexuelle et affective du la crise de nerfs ». modeste au sein duquel ces représentations popumâle occidental dans la compétition généralisée laires de la culture ont un sens. Au Manège de du libéralisme. Petit bonus intéressant, votre place pour Reims, il le partagera dans une pièce qui associe ce spectacle vous donne accès à un tarif Lâcher prise au jeu exubérant de ses interprètes la puissance et réduit pour une projection d’un film choisi Non sans y inscrire d’autres lectures, Thola théâtralité de sa danse. par Thomas Lebrun au cinéma Opéraims. mas Lebrun, fête aussi le corps exultant, aniSon choix s’est porté sur Femmes au bord mé d’une pulsion de vie que peut-être seule la de la crise de nerfs de Pedro Almodovar danse peut lui procurer, mais la solitude est pal(1989). La projection aura lieu la veille de pable. L’objet est aussi réjouissant que satirique, la première, le 24 avril à 20h30. au son des musiques funk, house et électro. La danse de Thomas Lebrun est ici une danse populaire, celle par laquelle l’individu se trans-

Les Rois de la piste Chorégraphie de Thomas Lebrun Au manège de Reims 2 5 AVRIL À 2 0 h 3 0 / 2 6 AVRIL À 1 9 h 3 0 w w w. m a n e g e - r e i m s . e u

TEXTE Cyrille Planson     photographies frédéric iovino


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arts

le photographe d'architecture pose ses objectifs à Reims du 29 mars au 4 mai

Laurent Dequick, un compas dans l’œil


photo : laurent dequick

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u 29 mars au 4 mai prochain, Laurent Dequick sera l’invité des concept-stores DP Home et DP Syle, dont ce dernier dispose d’un espace YellowKorner. Une double exposition Cities qui met à l’honneur le travail de ce photographe et son regard sur la ville contemporaine. Architecte de formation, Laurent Dequick n’a jamais exercé comme tel. Si l’architecture le passionne, c’est par un autre angle qu’il a décidé de l’appréhender, la photographie. Voyageant de ville en ville, il connaît le vrombissement de celles-ci, les turbulences qui leur sont propres. Cette incandescence urbaine, il la transpose en image, dans une série du nom de Vibrations, où le bruit devient palpable. Sensible à son esthétique, la maison d’édition de photographie YellowKorner, largement implantée à travers le monde, lui demande de rejoindre l’aventure pour dresser le portrait des villes qu’il parcourt. Pour sa dernière mission en date, c’est à Reims qu’il se rend où il prépare une toute nouvelle série. Sur place, Matthias Philippe, gérant du DP Style, mais aussi grand admirateur de son travail, l’attend de pied ferme. Souhaitant mettre sa ville à l’honneur à travers des photographies innovantes, il propose à Laurent Dequick d’exposer au sein des deux concept-stores. L’alchimie se crée de suite et l’opportunité arrive à point nommé pour le photographe qui désire présenter son travail sur Reims, mais aussi deux autres de ses projets : Sérénità Veneziana et High. Loin de se reposer sur ses acquis, le photographe a décidé de prendre le contre-pied de ses premiers travaux, d’en finir avec les Vibrations, et entreprend un nouveau langage pour parler d’architecture. C’est à Venise que l’inspiration lui vient, et il capture cette cité et ses canaux sous des airs plus sereins, plus apaisés. Après une première série (Notte Veneziana) où la nuit domine et les lumières dansent, il donne naissance à une version plus vaporeuse de Venise. Sérénità Veneziana est une ode à la tranquillité. On fait face à la ville par ce cadrage frontal, figé, et il n’est plus question d’évasion, de jeux de perspectives, mais d’ordre. L’architecture se fait plus précise, et l’on perçoit avec détail le système nerveux de ses bâtiments. À la manière du peintre italien Canaletto, ces panoramas sont directement inspirés des Vedute de la Renaissance vénitienne, petit bout de ville que les voyageurs pouvaient emporter avec eux. Avec cette chromatique éthérée, Laurent Dequick renforce l’idée de calme, d’intemporalité, comme si Venise flottait littéralement entre le ciel et l’eau. La Sérénissime se révèle dans toute sa noblesse, soulignée par son reflet ouaté. Phénomène curieux qui ne peut que nous interpeller par son absence, où se cache la foule ? Dans cet idéal du tourisme et du romantisme, nous voici seul, ou presque. La magie est totale, d’autant que nous sommes en plein cœur de la Biennale de Venise, période où la ville se métamorphose en capitale mondiale de l’art contemporain. Saluée par la critique, la série Sérénità Veneziana, primée par l'International Fine-Arts awards, ainsi que la série High, seront présentés chez DP style, tandis que tout le travail sur Reims sera présenté chez DP Home. Là où le grand angle nous livrait une vue d’ensemble, englobait tout le champ de vision de celui qui l’épiait, l’œil ne s’attarde ici que sur des morceaux de ville. Des fragments qu’il décompose et choisit avec partialité. Le sommet d’un building, d’une statue, ou encore d’un musée,


quelques tranches de façades, ou du mobilier urbain, et la ville se dessine par métonymie. Chaque cliché s’apparente à des éléments de maquette, des décors que l’on pourrait assembler ou dissocier. Au lieu de placer l’architecture dans son contexte, elle lui est cette fois-ci totalement soustraite. L’environnement n’a plus lieu d’être et c’est l’objet architectural seul qui devient le héros de la photo. Des effets visuels qui sont en grande partie dus à un travail de post-production, un doigté Photoshop qui fait partie intégrante du processus de création d’après Laurent Dequick, à l’instar des négatifs que l’on doit développer en labo après la prise de vue. Une analogie dont l’écho résonne d’autant plus que le photographe délaisse ces temps-ci son appareil numérique au profil d’un argentique, et plus précisément d’une chambre photographique. Dispositif bien plus encombrant, qui nécessite un temps d’adaptation pour maîtriser la technique, et qui interdit tout cliché pris « à la volée ». Ce nouveau pari l’oblige une nouvelle fois à tout repenser, à se réinventer, et en noir et blanc uniquement. Une transition qui intervient alors que Laurent Dequick travaille actuellement sur la ville de Reims, laissant fort à penser que cette série en devenir sera le témoin de ce nouveau procédé. Alors qu’une partie des photographies a déjà été captée en numérique, d’autres seront très probablement issues de l’argentique. D’un appareil à l’autre, mais aussi d’un paysage à l’autre. S’il s’est concentré jusqu’à présent sur la ville, sa cathédrale, ses monuments, Laurent Dequick souhaite désormais se pencher sur d’autres figures iconiques de la région, ses vignes. Une idée qui reste encore au stade d’inspiration et qui ne demande qu’à se concrétiser. Le 29 mars nous le dira.


photo : laurent dequick

Exposition Cities du 29 mars au 4 mai 2019 D P HOME e t D P S t y l e G a l e r i e Y e l low Ko r n e r

V e r n i ss a g e l e v e n d r e d i 2 9 m a r s en présence de l'artiste c h e z D P HOME FB @ D P HOME c o n c e p t s t o r e

S i g n at u r e p h o t o l e s a m e d i 3 0 m a r s en présence de l'artiste c h e z D P S TYLE / Y e l l o w K o r n e r FB @ d ps t y l e . f r

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TEXTE marie-charlotte burat


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© dr

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biennale-design.com

l’Atelier Cadet Architecte sélectionné pour le prix Archinovo Ce prix, dédié à la maison contemporaine en france, récompense les maisons d’architectes et les agences qui les ont concues. Le propos est de sensibiliser le grand public à l’apport de l’architecture contemporaine dans l’habitat individuel et de démontrer qu’il n’est pas réservé à une élite. Fait notable : vous pouvez voter en ligne pour votre maison favorite dans le cadre du prix du public. L'Atelier Cadet Architecte à soumis un projet de maison en métal bâtie en 2018. Il rejoint une petite quinzaine d'autres agences sélectionnées au niveau national. On vous reparle très vite de ce cabinet d'architecture. archinovo.fr cadetarchitecte.com

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Le délicieux designer culinaire Germain Bourré dont nous vous livrions le portrait dans notre numéro 17, vient d’obtenir le grand prix de la création de la Ville de Paris comme talent confirmé dans la catégorie design. La Ville de Paris décerne chaque année six Grands Prix de la Création, dotés chacun de 8000 euros, dans 3 disciplines : la mode, le design, les métiers d’art. Ils distinguent pour l’ensemble de leur travaux trois créateurs majeurs débutants (en activité depuis moins de 3 ans) et trois créateurs confirmés

Ceramix #2 Vous n’aurez que 3 jours (du 10 au 12 avril) pour aller voir au Cellier à Reims la restitution des travaux réalisés par les étudiants de l’ESAD de Reims dans le cadre de la seconde édition de CERAMIX, prix de la céramique initié en 2017 par le club d’entreprises Mécènes Prisme qui récompense expérimentations et recherches autour de ce matériau à la fois millénaire et ultracontemporain.

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www.esad-reims.fr www.prisme.asso.fr

Cinqpoints

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(en activité depuis plus de 3 ans et qui ont créé leur entreprise), travaillant en France.

Allez donc faire un tour sur le site cinqpoints.com, une marque française qui crée et édite des jeux, des produits de papeterie et des accessoires de bureau autour de l’architecture. La liste des architectes de premier plan qui encourage ou permet de diffuser leurs oeuvres par cinqpoints est à peu aussi impressionnante que la qualité et le soin apporté aux objets produits.

www.germ-studio.com

cinqpoints.com

Julie Linotte et l’identité visuelle de la Comédie de Reims.

Pile Bold Design

actu

design Par

benoît pelletier

C’est la graphiste Julie Linotte qui a été choisie pour renouveler l’identité de la comédie de Reims à l’occasion du changement de direction (Chloé Dabert remplace Ludovic Lagarde à la tête de la Comédie de Reims depuis janvier dernier). Ses travaux on laissé laissent entrevoir jusqu’a présent un gout pour le « twist » créatif résolument contemporain dans un environnement plutôt doux et ouvert dans lequel la forme ne phagocyte pas le fond. julielinotte.com

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Le très rare graphic designer visionnaire John Maeda, la naissance d’un design chinois, les créations de Le Corbusier et Charlotte Perriand sur le thème de la lumière, le design comme outil de médiation de la technique vers l’usager… : ce ne sont que quelques uns des thèmes abordés à l’occasion d’expositions, d’expériences, de rencontres de la très exhaustive biennale internationale du design de Saint-Etienne de 21 mars au 22 avril 2019.

Germain bourré lauréat

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On aime l’élégante simplicité du tabouret PILE créé pour Kataba, (un éditeur engagé pour une production artisanale, locale, de qualité), par la team de Bold. Elégante simplicité, volonté de donner du sens, de placer l’utilisateur au centre de ses préoccupations, esprit d’expérimentation… : autant de qualités aussi évidentes à percevoir que complexes à mettre en oeuvre qui constituent assez surement la patte de ce studio emmené avec brio par Julien Benayoun et William Boujon depuis 2008. bold-design.fr / kataba.fr

© dr

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Biennale internationale du design de Saint-Etienne


architecture : o-s architectes

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design

O-S Architectes

Une tournure d’esprit qui tient plus du constructeur que de l’artiste, voilà ce qui pourrait résumer la philosophie du trio de jeunes hommes à la tête des « Ateliers O-S Architectes ». Depuis 2002 Vincent Baur, Guillaume Colboc et Gaël Le Nouëne multiplient les projets ambitieux particulièrement remarqués, avec une constante énergie à créer des volumes à l’échelle humaine et pensés avant tout pour l’usager. Au dernier trimestre 2018 après quatre ans de travaux, ils livraient aux habitants de Cachan un théâtre entièrement réhabilité.



architecture : o-s architectes


architecture : o-s architectes

C

’est au programme Erasmus que les « Ateliers O-S Architectes » doivent leur existence. Un séjour d’étude à Rotterdam réunit les trois architectes qui jusqu’alors suivaient leurs études respectivement à Paris, Montpellier et Lille. « Nous nous sommes retrouvés autour de valeurs communes : la sobriété, la rigueur, l’exigence, l’envie d’être inventifs, de développer une architecture de qualité et en même temps une architecture d’auteurs », explique Gaël Le Nouëne. Retour à Paris en 2007 où ils s’associent pour créer leur société. Le temps de se rôder via de multiples concours internationaux et en 2011 l’agence est nominée au Prix de la Première œuvre du Moniteur avec le projet des « Decks Bleus », 39 logements à Chalon-sur-Saône. En 2014, le trio reçoit le prix « Europe 40 Under 40 », organisé par l’European Centre for Architecture Art Design and Urban Studies et le Chicago Athenaeum Museum of Architecture and Design, récompensant les 40 architectes de moins de 40 ans les plus prometteurs en Europe. « Nous travaillons sur plans bien sûr mais nous sommes surtout des constructeurs dans le sens où nous aimons particulièrement suivre le chantier sur le terrain et contrôler les phases de A à Z », précise l’architecte. L’agence qui compte maintenant une dizaine de personnes, s’attache avant tout dans les différents projets menés à valoriser l’usager, à en faire un véritable acteur au sein d’une architecture réactive et évolutive. « Pour être fonctionnel, le bâtiment doit être logique quant à sa conception et son orientation solaire par exemple. Et bien entendu, le respect de l’environnement est la base, nous sommes d’une génération qui a intégré ces notions ainsi que l’usage des matériaux biosourcés ou de récupération. Ce n’est pas un slogan que nous mettons en avant mais cela fait partie des fondamentaux. »

En continuité avec l’espace public

Projet marquant et particulièrement remarqué des Atelier O-S : le théâtre Jacques-Carat que les habitants de Cachan ont retrouvé en septembre 2018 après quatre années de travaux de réhabilitation. « Nous avons remporté le concours en 2011 et notre parti pris a été de conserver la cage de scène qui a une histoire forte et de construire une nouvelle structure tout autour » note Gaël Le Nouëne. Une salle principale rénovée, la création d’une seconde salle plus petite, des espaces de répétition, un lieu d’exposition, une cafétéria… : « tous ces éléments sont comme enveloppés par une nouvelle façade qui vient les unifier, qui coiffe le bâtiment comme un rideau de scène. » Les pierres moulées aux couleurs chaudes constituant cette façade offrent un relief ajouré qui se joue de la lumière créant des jeux de moucharabié. Le bâtiment est pensé comme un lieu de vie, avec en point d’orgue un grand foyer en béton brut et bois, ouvert sur la ville et conçu pour accueillir un large public et pas seulement les spectateurs. « Le foyer est une continuité de l’espace public, il est connecté à la rue, ouvert sur l’extérieur et relie tous les espaces du théâtre. Nous l’avons voulu comme une agora, un lieu de passage et de rencontre. »

o-s.fr w w w.t h e at r e j a c q u e s c a r at. f r

TEXTE Jules Février    PHOTOS BENOÎT PELLETIER

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5 raisons d'aimer… Le prince à la petite tasse Par Joachim Boitrelle, de la librairie La Procure Largeron à Reims

Parce que si elle s'attaque à un sujet qui sature les écrans son regard est vraiment différent. Au-delà des bandeaux impersonnels Parce qu'ellle sait nous embarquer vers

des chaines d’info, des bateaux de fortunes,

une folie douce avec une folle douceur.

des familles agrippées à des grillages qui

Auteur d’une dizaine de romans et livres

leur barrent l’avenir, tant d’images pesantes,

de jeunesse, elle crée, grâce à un style remar-

un livre surgit. Celui-ci. Où l’humain reprend

quable et chaque fois différent, une ambiance

sa place. Où la foule prend le visage d’un

et un univers sérieux et loufoque à la fois,

jeune Afghan qui découvre une famille,

avec des personnages atypiques mais réa-

qui peut enfin se poser. Deux univers se

listes. De la jeune fille en quête de sainteté

rencontrent et la vie de chacun s’en trouve

au mannequin vivant ou la femme malheu-

bouleversée pour le meilleur. La magie opère

reuse entourée de personnes délicieuse-

et tout devient alors possible !

ment barrées, de la ville imaginaire dans un désert noir au récit de son accueil d’un jeune migrant. Emilie de Turckheim révèle toujours, avec délicatesse, une part de folie douce extrêmement plaisante.

Parcequ'elle sait faire des mots, des personnages. Deux mondes se découvrent et s’apprivoisent. Entre celle qui maitrise parfaitement la langue et celui qui, ayant vécu mille vies après 10 ans de migration, tente difficilement d’exprimer ses sentiments. Et l’on s’amuse de tant de saynètes où les mots se croisent mais ne se reconnaissent pas. De la difficulté d’expliquer le mot « hop », la beauté si délicate à saisir le français, et la douceur de chacun pour aller vers l’autre.

Parce que c'est une double rencontre. Ouvrir un livre est toujours le début d’une Parce que c’est un conte de fées moderne.

aventure, d’une rencontre, d’une découverte.

Avec le récit vécu par l’auteur, on savoure

Surtout quand le livre nous parle d’une

soudain une histoire simple et pourtant si

rencontre entre cette auteure et un migrant. Nous avons immédiatement eu envie

extraordinaire, celle d’une famille parisienne qui accueille un jeune homme qui a parcouru des milliers de kilomètres, vu des proches

Émilie de Turckheim en live à Reims le 5 avril

de faire partager ce voyage à nos lecteurs. Faire découvrir le livre certes, mais il nous en fallait plus ! Nous devions en parler tous

mourir, s’est fait rejeter de pays en pays, qui a vécu le plus souvent la peur aux tripes.

Non content de nous transmettre le feu

ensemble, partager, échanger ! Et c’est avec

Et soudain, sur son visage, il n’y a que des

de sa passion pour la littérature avec ces

une immense joie que EMILIE DE TURCKHEIM

sourires, des fous-rires, aucune colère contre

cinq raisons d'aimer " Le Prince à la petite

a accepté notre invitation. Venez la rencon-

cette Europe qui s’emmure. Et c’est toute

tasse ", la librairie La Procure, nous offre

trer à la librairie La Procure le 5 avril 2019 à

la beauté d’un livre qui jaillit, un livre qui

la possibilité d'échanger avec son auteur,

19h30 !

au détour de moments drôles et émouvants,

Emilie de Turckheim, à l'occasion d'une

nous ouvre un peu les yeux sur l’Autre, qu’on

rencontre, le 5 avril à 19h30. Le livre + l'au-

n’a pas à craindre et qui au contraire peut

teur, what else ?

tellement nous apporter. Librairie La Procure 13 rue Carnot - Reims FB : @laprocurereims


MUSÉE SAINT-REMI 53 rue Simon - Reims 03 26 35 36 90 musees-reims.fr


© dr

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Beauté encapsulée

La première Audi 100% électrique débarque. Ultra connectée, l’Audi e-tron annonce une autonomie de 450 km et quelques nouveautés comme le rétroviseur virtuel. À tester chez Audi Reims dès le 24 mars et… à suivre !

Imaginez un appareil connecté à une application, une sorte de Nespresso 3.0, qui, en fonction de paramètres comme le climat, la pollution ou votre état de fatigue, crée chez vous au quotidien le soin adapté aux besoins de votre peau. Ce bijou existe grâce la start-up auboise Romy Paris. Cette jeune marque a d’ailleurs participé à deux reprises au salon mondial de l’électronique de Las Vegas pour présenter ses produits cosmétiques innovants, frais et personnalisés.

www.audi-reims.fr

actu

business

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Un sweat comme œuvre d’art

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C’est le fruit de la collaboration unique entre Berthold Bilukidi, jeune dessinateur, styliste et créateur de mode parisien, et Sublim Brodeurs. Après avoir développé un procédé de broderie sur cuir, la société rémoise, spécialisée dans l’artisanat de pointe, innove une nouvelle fois. Grâce à une machine japonaise commercialisée à une dizaine d'exemplaires en France, elle peut allier précision et grand format de marquage. Les traits de crayon de Berthold Bilukidi deviennent les fils de la broderie qui orne un sweat col rond en coton bio. En vente prochainement sur www.bertholdbilukidi.com www.sublimbrodeurs.com

www.romy.paris

Par

peggy leoty 5

Virginie Fleuriel

www.marli.fr 1

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Coup de foudre !

Carnet de santé connecté Dommage pour les nostalgiques du vieux carnet de santé corné, jauni et qu’on oublie tout le temps mais le PassCare, passeport de santé numérique, arrive. Pas plus grand qu’une carte de fidélité, cette plateforme interactive contient l’intégralité de votre dossier médical et est consultable par tous les professionnels de santé, même à l’étranger. Et c’est du made in Reims !

A lâché son métier dans la communication pour créer sa marque de maillots de bains. Des maillots de bain anti UV chics et très féminin avec un indice UPF 50 + (du costaud) destinés aux femmes ayant subi un cancer (comme elle, 3 mélanomes), ou simplement à celles qui protègent leur peau et leur santé. Un marché potentiellement important, donc. virginiefleuriel.fr

www.passcare.com

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Le cabas MARLI, c’est le sac de Mary Poppins ! Fabriqué en France, il est pratique, abordable (85 à 115 €) et élégant. Chaque pièce est unique puisque les sacs sont conçus à partir de tissus d’ameublement chinés dans les brocantes et les vide-greniers par Amélie Pretre, fondatrice de la marque. Mais MARLI, c’est aussi une démarche éthique et engagée; la confection des sacs est assurée par des personnes en situation de handicap, en région parisienne. Nouvelle étape aujourd’hui, et extension de la gamme, grâce aux chutes de cuir confiées par de grandes maisons de couture françaises à Amélie.

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MARLI : Cabas éthique et chic

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“la” bio,

business : “ la bio ”

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business

un modèle Ancré dans son territoire

Zéro déchet, circuit court, commerce équitable, solidarité, fournisseurs choisis en fonction de leur localité,… Si « le » bio renvoie à une agriculture écologique durable et à un marché, le féminin qualifie plus largement un mode de vie. « La » bio correspond à des valeurs partagées par des producteurs, des commerçants, des distributeurs et des consommateurs conscients qu’ils sont eux aussi aux manettes. La preuve par l’exemple, à Reims, avec le magasin Biocoop Saint-Thomas, un acteur engagé.

Réseau de près de 600 magasins indépendants, Biocoop est leader en France de la distribution alimentaire biologique. Fabien Hubert est le fondateur du magasin Biocoop Saint-Thomas à Reims, ouvert en 2017. Ancien chef de projet dans l’industrie, il explique : « Je me suis intéressé au modèle Biocoop, unique en Europe, parce qu’il respecte le producteur et permet au consommateur de payer le juste prix. On n’est pas un magasin comme les autres. On défend des valeurs humaines avant tout. » Pour être un « consom’acteur », la première étape est de savoir ce que l’on a dans son assiette. L’information et la pédagogie jouent un rôle essentiel. « Notre personnel est nombreux, qualifié et formé. On est en mesure d’expliquer à nos clients pour quelles raisons Biocoop refuse les OGM ou pourquoi nous ne vendons pas de tomate en février » explique Nadia Essebiyea, chargée de communication des magasins Biocoop du Centre et du Nord-Est. Elle ajoute : « On fait des interventions dans les crèches et les écoles car ces lieux sont des leviers pour véhiculer nos valeurs et poursuivre notre objectif de sensibilisation. » À Reims, Fabien Hubert multiplie les initiatives. Il fournit des produits en vrac à prix cassé aux étudiants de Sciences Po. Et, à l’autre bout de la chaîne, sur le terrain, il accompagne des agriculteurs en conversion bio. Partenaire de producteurs bio, l’une des spécificités de Biocoop est de s’engager sur les prix et les volumes pour contribuer au développement d’une agriculture biologique durable. La bio rassemble sur une ville, un territoire, un réseau d’acteurs qui partagent la même éthique. Parmi eux, Rémi Leroux. Il ouvre son restaurant La Végé Table en 2016, dans un esprit 100% écolo, de la casserole aux couverts, en passant par l’énergie qui alimente les lustres. Quotidiennement, c’est au magasin Biocoop que Rémi s’approvisionne pour la clientèle de son restaurant, ainsi qu'au marché ou chez les producteurs locaux. Il y achète ce qu’il ne trouve pas au marché ou auprès de producteurs locaux, principalement des fruits et légumes bio de saison et de l’épicerie. « Dans mon restaurant, je propose une alternative à notre mode de consommation actuel. On cuisine du bio, du local, pour des végétaliens mais pas uniquement. Ma préoccupation première est l’écologie et, aujourd’hui, notre bulletin de vote est dans notre caddie ! ». Rémi encourage le flexitarisme, qui consiste à être flexible dans sa pratique végétarienne, pour une consommation de viande réfléchie et mesurée. Il explique à ses clients comment remplacer certains aliments et où trouver des protéines. Et, dans un cadre associatif, il organise des ApéRestes : « On récupère les bons restes et avec des tomates un peu molles ou des bananes tâchées, on fait des soupes, des smoothies, … C’est l’occasion de partager des moments. Et peut-être qu’un jour, ensemble, on réussira à changer le système ! ».

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TEXTE Peggy Léoty

Biocoop, on y vient à pied, en tramway, en voiture ou à vélo comme c’est le cas pour Rémi. Fabien, qui milite contre les zones commerciales, a voulu un magasin accessible, dans ce quartier en pleine restructuration à deux pas de la gare et du Boulingrin. « On peut encore y acheter une petite maison avec un jardin. On est près de tout et il y a une vraie vie de quartier avec des écoles, des commerces, … Un fromager vient de s’installer et c’est une bonne nouvelle pour les clients et pour le quartier, même si je vends également du fromage » indique Fabien. Avec 4000 produits, Biocoop se positionne comme une alternative aux grandes surfaces. Et surtout, comme le souligne Fabien, les clients sont invités à consommer autrement. « On ne ressort pas de chez moi avec un caddie plein à ras bord. Nos clients achètent des produits de saison ou en vrac donc moins chers (30% en moyenne). Quant à la viande, ils en ont, pour la plupart, une consommation raisonnée. » En résumé, en achetant un paquet de pâtes bio à 1,29 €, vous vous nourrissez sainement et faites une belle action pour la communauté et pour la planète.

Biocoop Saint-Thomas

La Végé Table

34 avenue de Laon, Reims

23 Passage Talleyrand, Reims

300 m2 de magasin / 6 salariés

19 places - Sur place / À emporter

Parking / 4 000 références /

Un plat qui change tous les jours en

+ de 200 références en vrac

fonction du marché et de la saison

Près de 50% de produits locaux pour les fruits et légumes Produits à moins de 150 km du point de vente achetés en direct

w w w. b i o c o o p - s a i n t-t h o m a s . f r / w w w. l av e g e ta b l e . f r


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business

SOIRéES   MOUSSE   au SHED

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on et goût sont corrélés. C’est ce que démontre une étude scientifique menée par un doctorant d’Oxford. Elle s’appuie sur l’exemple d’une bière créée spécialement pour le groupe de rock britannique The Editors par un certain Yves Leboeuf, grâce à un algorithme intuitif. Et il existe désormais un lieu à Reims pour se trémousser au rythme du malt, de la levure et du houblon. C’est bibi(ne) qui vous montre.


business : nouveau lieu à reims

To shed light on = Faire la lumière sur

C’est notamment pour répondre à la question : « Pourquoi le chocolat fond dans la bouche et pas dans la main ? » qu’Yves Leboeuf entreprend des études dans l’agroalimentaire. Pour ce fils d’œnologue, « un peu cancre » comme il se qualifie, la bière est une passerelle entre l’agroalimentaire et l’univers du vin. Premier job chez Chouffe en Belgique : « Il s’agissait de brasser la même bière, d’en contrôler la qualité. J’y ai appris la rigueur. C’était il y a presque dix ans lorsque les grosses marques de bière ont déboulé en France » explique Yves. Il apprend son métier: transformer une matière première en produit standardisé, maîtrisé. À 1000m d’altitude, en Suisse, Yves passe à la phase d’expérimentation pour la Brasserie des Franches Montagnes et crée de nouvelles recettes. En 2015, il intègre le Brussels Beer Project, un projet de brasserie collaborative dont il est le maître brasseur. « J’étais aux manettes dans LE pays de la bière. J’ai brassé à Tokyo, en Scandinavie,… Les collaborations en bière, comme des featurings, sont des échanges créatifs entre brasseurs où on mélange des styles, des ingrédients atypiques. » En parallèle, Yves organise à Reims, avec l’association Jazzus, le Bière Social Club. Un rendez-vous décalé, itinérant, mêlant bière, fromage et musique, pour un public de plus en plus nombreux. Parti depuis douze ans, 70 recettes de bière au compteur, il décide de réinvestir sa ville. « Je savais faire deux choses : brasser et parler de la bière et je voulais le faire pour moi et à Reims ». Et pour mener sa barque, être indépendant, sortir du carcan imposé par l’économie brassicole, Yves construit son concept. Circuit court, artisanat engagé, dans un univers artistique, populaire et créatif, Yves veut maîtriser toute la chaîne ; production / consommation / distribution. Versant vitré à pente rapide

Un shed est une toiture en dents de scie, typique des ateliers du XIXe siècle. Une succession de toits à deux versants. Le plus court, vitré et orienté vers le nord, bénéficie d’une luminosité constante. La vitrine de ce nouveau lieu situé rue Gosset, le cœur du projet, c’est la microbrasserie artisanale Senses Brewing créée en 2017 par Yves et son père Dominique. « Le lieu, anciennement Freinrail, a dessiné le futur projet. On l’a visité avec mon père et on a craqué. Puis on s’est demandé ce qu’on allait pouvoir faire dans cet espace de 1600 m2 ! » Réponse fin mars 2019, avec l’ouverture du Shed, un terrain de jeu et d’expérimentation artisanale, gastronomique et

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TEXTE Peggy Léoty

photographies ALAIN HATAT


business : nouveau lieu à reims

culturelle, à deux pas de Césaré et de la Cartonnerie. Une initiative privée, libre, autofinancée. Après avoir visité la zone de production, vous pourrez savourer au bar, à 1,20m des cuves, une bière bio au levain ou vieillie en barrique, tout en dégustant un burger ou un plat du jour préparé par Au Local. Connu pour son food truck, Au Local s’installe à demeure. Tout comme, la brasserie pilote de Senses Brewing, jusqu’alors installée à Vrigny dans 80m2. « Avec mon père, qui est mon associé, on est brasseurs d’arômes et assembleurs. À nous deux, on brasse aussi les générations. » Après avoir réalisé des bières pour La Magnifique Society ou le Sunnyside festival et soigné ses étiquettes empreintes de street art, Yves embauche aujourd’hui son premier salarié « le taulier derrière le bar et mon bras droit en production ». Microbrasserie, bar et restaurant… et ce n’est pas tout. À vous de choisir entre la partie de ping-pong, le jeu de fléchettes et les ateliers de dégustation. Demain, vous attendront la douche sonore, une lampe qui enverra la musique qui se marie avec votre breuvage, et la visite guidée en réalité augmentée. Le Shed en chiffres : Versant à couverture opaque, à pente faible

Le Shed abritera également des concerts et des expositions avec pour objectif, dans ce quartier populaire, de démocratiser l’art et la culture, qu’il s’agisse d’art contemporain, d’opéra ou de jazz. « Je veux que ce lieu brasse du monde parce que si les gens étaient plus ouverts, s’ils avaient davantage accès à la culture, la société irait mieux. Cette conviction est dans les veines du projet » précise Yves. Outre Au Local, quatre structures, jusqu’ici plus ou moins nomades, trouveront refuge sous les toits du Shed. Avec Jazzus, c’est le jazz qui aura désormais un lieu identifié dans la Cité des Sacres. Pour Planda Architectes, locataire d’une cellule au Shed : « Notre agence est à Paris. On cherchait des bureaux partagés à Reims. Notre plus-value sur le projet est de participer à la scénographie du lieu et de contribuer à la programmation d’expositions sur le design par exemple » indique Julien Jacquot. Yves ne veut pas d’un lieu « fourre-tout » et s’entoure de personnes et de structures qu’il choisit. À côté des bureaux de Synergies Créatives, une agence qui lie projets culturels et monde de l’entreprise, vous croiserez le studio photo de Romu Ducros, à défaut de l’avoir aperçu dans sa shooting box sous les Halles du Boulingrin. Et puis, dans un recoin de 200 m2 pourquoi ne pas faire pousser quelques légumes en permaculture pour garnir les assiettes ? Bref… « Les locataires, les clients, les passants, personne ne viendra au Shed par hasard. »

S h e d / 4 9 r u e G o ss e t , R e i m s Ouverture fin mars 2019 shedreims.fr sensesbrewing.com

1,5 millions € d’investissement / 1600 m2 / 50 places de parking / 7 mois de travaux / 6 entités Microbrasserie : •  16 tonnes d’équipement de production •  Gamme : 12 bières •  Capacité de production : 500 000 bouteilles / an •  Prévisions : 50% vendues ou consommées sur place / 50% distribuées dans les bars et restaurants Espace événementiel : 500 personnes Restaurant : 80 couverts Ouvert le midi du lundi au samedi, le soir du jeudi au samedi

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litTérature : éric poindron

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art

Lecture publique «  R ê v e r , m a r c h e r , s ’ e n v o l e r   » Arthur Rimbaud a v e c l e s ly c é e n s d e s e c o n d e d u Groupe Saint Michel et Éric Poindron M é d i at h è q u e J e a n Fa l a l a le 22 mars 2019 à 18h30 c a f e g e m . o r g / FB @ e r i c . p o i n d r o n . 5 6

TEXTE marie-charlotte burat

ntre le CaféGem et Éric Poindron, la rencontre a pris des airs d’évidence. Ensemble, ils ont décidé d’aller au-devant du public sous la forme d’une performance littéraire (Sous Perf) le 8 février dernier au Cellier. Un événement solidaire qui donne l’occasion de prendre soin de ce Groupe d’Entraide Mutuelle et café associatif, comme il le fait luimême pour autrui au quotidien. L’événement affiche complet. Adhérents et grand public ont répondu à l’appel de cette soirée de soutien au CaféGem, dont l’intégralité des recettes lui est reversée. Éric Poindron, protagoniste de cette rencontre, n’a pas manqué d’attiré les foules pour son retour à Reims. « C’est un artiste en étoile » le décrit Laurence Bastin, animatrice au CaféGem et chef-d’orchestre de cette manifestation. Une formule tout à propos pour ce personnage hybride, qui incite à la rêverie et au voyage en toute circonstance. Multipliant les projets, il est éditeur pour Le Castor Astral où il dirige la collection Curiosa & Caetera, après avoir passé presque vingt ans aux éditions du Coq à l’Âne à Reims. Auteur, il a publié une quinzaine de livres, objets fantasques entre roman, poésie et jeu, avec notamment Comme un bal de fantômes, prix du meilleur recueil poétique 2017, L'étrange questionnaire d’Éric Poindron (2017) et depuis le mois dernier Comment vivre en poète. Il fait aussi vibrer les mots au-delà du papier avec ses critiques littéraires à la radio, à la télévision, et le mois dernier lors de son exposition Du Cabinet de curiosités à la girafe à l’Espace Andrée Chedid d’Issyles-Moulineaux. Une étoile qui file, mais qui ne manque pas de croiser la route du CaféGem au milieu de ses pérégrinations. Encore mal identifiés aujourd’hui, les Gem sont des Groupes d’Entraide Mutuelle, répartis sur toute la France, dont le but est de soutenir ceux qui sont en difficulté, isolés, en les rapprochant d’autres personnes dans le besoin, afin de créer une cohésion, une dynamique vertueuse où

chacun vient pour être accompagné et accompagne les autres. Comme le laisse deviner son nom, le CaféGem a la spécificité d’agir en tant que café associatif, mais sans alcool. Son parti pris ? Aider à reconstruire du lien social et amener à l’épanouissement personnel via l’art et la culture. Une pensée qui anime Éric Poindron, dont l’écriture est une invitation au développement de l’être et de son esprit, où le lecteur passif n’existe pas, étant constamment poussé à la réflexion et à l’émerveillement, devenant parfois même le héros de ses livres qui ne cessent jamais d’être écrits (L'étrange questionnaire d'Eric Poindron et Comment vivre en poète). Ce qui compte, c’est la remise en question, le fait de s’interroger sur son rapport au monde, aux autres, et le dépassement de soi. Un point

Quand solidaire rime avec littéraire Éric Poindron se met en scène pour le CaféGem

commun entre l’auteur et le CaféGem qui se retrouve au cœur de cette performance littéraire, manifestation atypique, surprenante et bienveillante. À leur image. « Sous perf ». Le pari est lancé. Hors de question de rester sur les pointillés, de rentrer dans une case. Pour l’arrivée d’Éric Poindron au CaféGem l’idée d’une performance littéraire se dessine intuitivement. Une interview collective où l’auteur devient l’objet de toute l’attention, et tour à tour dans la salle, chacun est amené à lui poser une question. On est dans l’absurde, dans l’incongru, le merveilleux. Le but n’est pas de se livrer à un échange littéraire en bonne et due forme, mais plutôt de se laisser aller à une errance mentale, plus ou moins sibylline, basée sur la notion de temps : Si je cours durant l’hiver, arriverais-je plus tôt au printemps ?

Est-ce que le temps, s’il n’est pas mesuré, n’est-il pas comme un avion sans aile ? Le fond répond à la forme, et pour mener cet entretien à bien une subtilité s’ajoute, Éric Poindron ne dispose que de 2.30 minutes de répartie pour chaque interrogation posée. On le sait, pas de jeu sans règles, et c’est bien l’esprit ici. À la manière d’un cabinet de curiosités (grande passion d’Éric Poindron), la déambulation est reine et soulève toujours plus de questionnements au fil de son avancée sans jamais céder à l’affirmation. Afin d’épaissir le mystère autour de cette prestation, l’éclairage de la salle se fait tamisé, et les spectateurs sont munis de lampes frontales en direction de l’intéressé. Éric Poindron avance à l’aveugle. Par ce dispositif, la rencontre devient création. Une œuvre collective où le public est acteur de la pièce, où l’improvisation guide sa longévité et où le maître mot reste le partage. À y regarder de plus près, cet événement s’inscrit dans la lignée des ateliers qu’à l’habitude d’organiser le CaféGem. En plus d’être présents durant la performance et d’y participer, ce sont les adhérents qui ont pensé les questions en amont, à partir des œuvres d’Éric Poindron et de son univers visuel. Une démarche qu’ils exercent au quotidien lorsqu’ils reçoivent la visite d’artistes, et réfléchissent avec eux sur la création artistique. Si des subventions existent pour faire perdurer ces actions et la vie du CaféGem, les soirées de soutien comme celle-ci restent primordiales et permettent à chacun de s’impliquer dans cette cause solidaire, à la croisée des chemins entre la santé, le social et l’art. Pour ceux qui auraient manqué l’événement, une consolation est possible. Éric Poindron revient avec le CaféGem à la Médiathèque Jean Falala le 22 mars 2019, à l’occasion des Semaines d'informations de la santé mentale, pour une lecture publique donnée par les lycéens du Groupe Saint Michel, « Rêver, marcher, s’envoler », alternant les textes d’Arthur Rimbaud et d’Éric Poindron. De quoi s’accorder un sursis d’émerveillement.


Projet affiche d'expo Logo projet " indigo personna "

Cover EP " Reigi " de Slowglide

Le Microfolio d'

ALEXIS JOB

graphiste / DJ / producteur

Un passé de graffeur assez actif et son corollaire d’addiction pour les typos bien troussées, un présent de graphiste chez un architecte (AWO), un goût prononcé pour le « glitch art » (qui utilise les erreurs ou les défauts comme un materiau artistique à part entière), et surtout le besoin d’une vision globale son/image : Alexis Job produit avant tout les visuels de sa musique. Bien sur, ce membre du collectif La Forge et du label Lune, a été amené à designer pour d’autres. Il en résulte des images qui nous sont restées durablement dans l’oeil comme la cover de Slowglide ou les affiches des soirées OUTRUN. Good Job. Alexis jouera à la Cartonnerie aux cotés de F.A.T. (Feedback Administration Theory), Näte et JKS, à l’occasion de la LUNE PARTY organisée par le label Lune le 26 avril. Projet de fin d'études (identité visuelle d'un label de musiqe electro)

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D

design

Cover pour le morceau "L'envol" d'Indigo Persona

Affiches soirées OUTRUN


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