Process #24

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La tabl e d e T h i b au t R ugge ri \ 12 B an qu e t sc i e n t i f i que #4 de l’ESAD \ 15 i a n c aul f i e ld \ 19 carto g r a ph i e se n s i b l e \ 24 la rése rv e \ 26 c h r i st i n a z im p el \ 28 ala in hatat \ 35 o l i v i e r bo nhomme au s un n ys i d e \ 37 50 ans de la co mé d i e d e r e i m s \ 40 juli e richoz \ 45 d u r a b i l i t é , l e no uveau luxe \ 48 s e l e n cy \ 50 le m i crofol i o d ' a m a n d i n e g i lo ux 11

creative

process magazine

#24

creative

process

magazine


ARCHITECTURE D’INTÉRIEUR

R E S TA U R A N T B A M • R E I M S

DESIGN, MOBILIER CONTEMPORAIN, ARCHITECTURE D’INTÉRIEUR 3 2 R U E VO LTA I R E À R E I M S I 0 3 2 6 0 4 3 3 4 6 I W W W.G R E G O R YG U I L L E M A I N . F R


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goût

1 0 / ac t u g o û t 1 1 / L a ta b l e d e T h i b a u t R u g g e r i 1 2 / B a n q u e t s c i e n t i f i q u e # 4 d e l ’ ESAD

M

muSique

1 4 / ac t u m u s i q u e 15 / ian caulfield

ÉDITEUR / Dir. de publication  Benoît Pelletier

A

Arts

RÉALISATION / design / diffusion  bel-studio.fr    direction artistique   Benoît Pelletier  assisté d'amélie luca

1 8 / ac t u a r ts 19 / cartographie sensible 24 / la réserve 26 / christina zimpel 2 8 / a l a i n h atat

Si vous souhaite z de ve nir d i ffuseur, vous abonne r pour recevoi r le magazine c he z vous, ou en commande r un ex empl ai re, contacte z n ous ici : h ello @proce ss -mag.com P OU R DEVENIR ANN ON C EUR, DIFF U SEU R OU PARTENAIRE : bp @process-mag.com 0 6 80 6 5 8 9 72

Le magazine PROCESS es t édité par Belleripe SARL - 91 BIS RUE DU BARBÂTRE 51100 REIMS. Tous dro its réservés. Toute reproduction , même partielle es t interdite, sans autor isatio n . Le magazine PROCESS décline toute responsabilité pour les document s remis. Les textes, illus trations et photographies publiés en gagent l a seule responsabilité de leurs auteurs et leur présen ce dans le magazine implique leur libre public atio n . Le magazine PROCESS es t disponible gratuitement dans 170 po int s de dépôt à Reims, 25 à épern ay, 40 à c harleville, et 25 à C hâlons. retrouvez tou te l a lis te sur www.process-mag.com

35 / o l i v i e r b o n h o m m e au s u n n ys i d e

D

DESIGN

3 6 / ac t u d e s i g n 37 / 50 ans de la comédie de reims 40 / julie richoz 5 0 / l e m i c r o f o l i o d ' a m a n d i n e g i lo ux

B

business

Magazine à parution bimes trielle. illus tration DE COUVERTURE © C HRIS TINA Zimpel

4 4 / ac t u b u s i n e s s 45 / durabilité, le nouveau luxe

www.p ro ce ss-mag. c om

48 / selency


contri- PLA buteurs   BENOÎT PELLETIER  éditeur  directeur créatif  photographe

Peggy Leoty  communication / événementiel /  relations presse

JULES FÉVRIER  journaliste   & photographe

alexis jama-bieri  dirigeant culturel

CYRILLE PLANSON  redac-chef La Scène,   Le Piccolo, Théâtre(s) mag

ambre allart  rédactrice

hélène virion chercheur en art & photographe

marie-charlotte burat  rédactrice

@ p r o c e s s m ag a z i n e p r o c e s s _ m ag a z i n e @ m ag a z i n e Pr o c e s s

Retrouvez nous sur

w ww. proce ss-mag.c om


PLAYLIST s PLAYLIST a u t o m n e P O P PAR alexis jama bieri

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Lizzy Mercier Descloux

Depuis sa formation en 2002, Frustration poursuit son parcours exploratoire aux confins d’un rock intransigeant, viril et sombre. Avec Cause You Ran Away, Frustration offre à nouveau une perle de cold-wave affirmée, ténébreuse et synthétique. Rien ne sert de courir.

Lizzy Mercier Descloux fut la muse absolue de la scène rock de New York à la fin des années 1970, l’égérie française du mouvement No wave, ayant Patti Smith parmi ses admirateurs férus d’avant-garde, puis préfigura la World music à l’aube des 80’s. Sorti sur l’album Press Color en 1979, Fire s’inscrit dans l’univers pop inaugurant les 80’s, cultivant nonchalance dandiesque et hédonisme, érigeant la liberté et l’avant-gardisme en culte.

Romance noire

Bon entendeur

Double Mixte

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Entrevue Expérience (feat. Frédéric Beigbeder)

Bon Entendeur est le projet d’un trio formé depuis 2012 par Arnaud Bonet, Pierre Della Monica et Nicolas Boisseleau, autour de mixtapes thématiques et de morceaux agrémentés d’interviews, destinés à faire rayonner la culture française. Dans Entrevue Expérience, Frédéric Beigbeder porte, sur une musique langoureusement dansante, un regard quelque peu désabusé sur l’évolution des idées et des comportements au cours de la vie : « Soudain tous mes potes destroy des années 80 ne jurent plus que par la nourriture bio, le veganisme et les randonnées à vélo… Ma génération est passée en un clin d'œil de l'inconséquence à la paranoïa… Si on m'avait dit qu'un jour j'attacherai ma ceinture de sécurité à l'arrière des taxi s ». À écouter le vendredi en rentrant du bureau.

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Frustration

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Fire

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Double Mixte, le duo synthpop réunissant Thomas Maan et Clara Apolit s’est formé il y a 5 ans. Double Mixte, dont la référence tennistique est assumée, de même que la filiation avec Elli & Jacno, ou France Gall & Michel Berger, propose une musique synthétique d’ambiance nocturne et cinématographique, inspirée des vies personnelles de Thomas et Clara et de films noirs français et américains, comme Mulholland Drive. Romance Noire, sorti le jour de la St Valentin 2019 est la parfaite illustration de leur univers synthpop et noir. Pour les roadtrips nocturnes sans destination.

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Don’t Let Me Be

Madonna

Cassius

Madame X, le nouvel album de Madonna, avec encore une fois Mirwais (ex Taxi Girl) aux manettes, est sorti en juin. Pour célébrer ce nouveau disque, faisons un retour en arrière avec Everybody, 1er single sorti par Madonna en 1982, single qui resta toutefois confidentiel auprès du grand public, un an avant l’éclosion du phénomène Madonna, en 1983. Pourtant, ce morceau fut auréolé d’un certain succès en club auprès des DJs l’année de sa sortie. Le son de la Madone était né.

S’il y a un morceau qui nous fera encore danser en cette rentrée 2019, c’est Don’t Let Me Be de Cassius. Sorti en juin dernier sur l’ultime album du duo, cet hymne chill et pop fait appel à la chanteuse cannoise Owlle, fière représentante de la dream pop à la française. Un clip, réalisé par Emma Le Doyen illustre ce morceau. Dansante et empreinte de joie de vivre, cette courte vidéo est influencée par une scène du film “ Strip Tease ” d’Andrew Bergman dans laquelle Demi Moore sort de sa douche et s'habille en musique et en danse, manquant à tout instant de dévoiler sa nudité.

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Everybody

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Cause You Ran Away


news cloud faut pas rater ça

09> 19/10

Sunnyside   festival

divers lieux / Reims

Pendant 10 jours, le Sunnyside Festival fait vibrer Reims au rythme du jazz avec une programmation qui fait à la fois la part belle aux artistes internationalement reconnus et les futurs grands de demain. Le festival propose concerts, spectacles jeune public, expositions, et dégustations, le tout dans un esprit d’ouverture et de convivialité.

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sunnyside.fr

13/09

Bière Social Club #14 FRAC / Reims Voici plusieurs années, le Bière Social Club s'amuse aux quatre coins de Reims avec une idée simple : proposer des bars éphémères dans des lieux insolites et inviter les participants à découvrir des contenus houblonnés et artistiques originaux. Pour ce Bière Social Club #14 s’invente une collaboration avec le FRAC ChampagneArdenne et Sciences Po : une des plus belles terrasses de Reims, des performances artistiques, des DJ et des bières surprises. À cette occasion vous pourrez redécouvrir, juste avant sa fermeture, l’exposition Eté pourri peinture fraîche et assister à une session d’improvisation à la guitare de l’artiste Corentin Canesson ainsi qu’à la performance de Roman Ondak Swap (Collection FRAC Franche-Comté).

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facebook.com/bieresocialclub

05/10

à 14h30

Médiathèque Falala / Reims Viva doc ! est le rendez-vous documentaire de la médiathèque J. Falala qui donne à voir des œuvres rares et sensibles, à la thématique variée, originales dans leur forme et leur point de vue. Pina Bausch, quelques mois avant sa mort en 2008, décide de reprendre son fameux spectacle Kontakthof, non plus avec sa troupe, mais avec des adolescents de 14 à 18 ans qui ne sont jamais montés sur scène et n'ont jamais dansé. Un film d’Anne Linsel et Rainer Hoffmann.

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Viva doc ! Sur les pas de Pina Bausch

18+19+ 20/10

Journées Nationales de l’Architecture 2019 partout en France Au programme de ces 3 jours, des rencontres et des débats avec les acteurs de l’architecture, des visites d’agences d’architecture, de bâtiments et de chantiers ; des balades urbaines, des expositions, des films ou encore des ateliers pédagogiques. tout le programme sur journeesarchitecture.culture.gouv.fr

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bm-reims.fr

jusqu’au

27/10 Palace   paradis

Musée du Quai Branly L'occasion de découvrir l'art du Zhizha, objets funéraires en papier, brûlés pour « assurer le confort matériel des défunts dans l'au-delà ». Une jolie plongée dans l'art funéraire… quaibranly.fr


05/01

Memphis Plastic field Musée des arts décoratifs / Bordeaux Intuitif, multicolore, décoratif… Le groupe Memphis (Ettore Sottsass, Marco Zanini, Michele de Lucchi...) a réveillé la scène du design à sa naissance en 1980. Le Musée des Arts Décoratifs et du Design de Bordeaux (Madd) lui rend hommage avec cette exposition en réunissant plus de 160 œuvres iconiques conçues entre 1981 et 1988, et met en exergue l’esprit irrévérencieux et subversif de ces nombreux jeunes designers.

jusqu’au

13/10

madd-bordeaux.fr © fondazione berengo

Design on air Invisible, intangible, immatériel, mais aussi omniprésent et vital, l’air est à l’origine de la vie sur terre. Que peut bien représenter aux yeux des designers, le plus irréel, mais aussi le plus essentiel de tous les éléments ? En associant l’air au design, on découvre des créations époustouflantes, du matériau gonflable par injection de gaz dans le processus de fabrication, en passant par la volatilité, la légèreté, la forme des nuages ou le flou, tous ces angles d’approches sont autant de possibilités artistiques. grand-hornu.eu

© nicolas joubard

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Grand Hornu / Hornu - Belgique

28/09

à 17h

We can be heroes / Performance © dan ramaen

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jusqu’au

04+ 05/10 dès 19h30

Polis /   performance Place d'Erlon / Reims Quatre comédiens dans un container vitré, des spectateurs casques aux oreilles, un dispositif d’échanges pour remettre le dialogue au centre en ces temps de paroles compulsives et numérisées. POLIS invite à discuter du bonheur, en public, et à écouter ce que devient la parole, la vie, quand elle prend son temps et qu’elle cherche comment se formuler. lacomediedereims.fr

Parvis de la gare / Reims Rendez-vous parvis de la gare. La performance We can be heroes mobilise une trentaine de pieds de micro dans un carré dessiné au sol. Ce sont autant de participants amateurs de toutes générations qui sont appelés à devenir les héros d’un playback à ciel ouvert. manege-reims.eu / pour participer c.gruyer@manege-reims.eu


5 raisons d'aimer… surface Par Joachim Boitrelle, de la librairie La Procure Largeron à Reims

Parce qu'il est impossible de lâcher ses romans Code 93 nous plonge dans un environnement que Norek connaît bien, celui du quotidien des flics de Seine-Saint-Denis en compagnie d'une petite équipe d'inspecteurs que

Parce que lire, c'est vibrer !

le lecteur adopte aussitôt. Le style est vif,

Vibrer, oui ! Mais aussi ressentir des émotions,

simple, efficace et nous attrape dès les pre-

vivre une histoire, apprendre sur le monde,

mières lignes. L'essai va être transformé avec

s'enrichir et se divertir ! Pour toutes ces rai-

Territoires, dans lequel on retrouve les mêmes

sons, le polar français s'offre depuis plusieurs

flics, pour une histoire qui se fait encore plus

années une place de maître dans le paysage

dense. Un style qui éclabousse de talent

littéraire. L'image du polar “ enfant pauvre ”

et un fond plus puissant encore, avec les

du monde éditorial, n'est plus. Et cela, grâce

connexions entre petites frappes et politi-

à des auteurs qui ont su la sublimer avec

ciens. Norek termine sa trilogie avec Surten-

une vraie plume, un vrai style, des plongées

sions et met tout le monde d'accord ; Olivier

percutantes dans le monde actuel, une

Norek est entré dans la cour des grands du

critique de notre société et des personnages

polar français.

puissants. Parmi eux, Olivier Norek !

Suivra l'extraordinaire Entre deux mondes, une plongée glaçante dans la jungle de Calais, un roman qui va bien au-delà du polar et nous fracasse contre une réalité qui parfois nous échappe…

Parce qu'il faut decouvrir Olivier Norek ! Le découvrir oui, et pas seulement pour son physique d'acteur Hollywoodien ! Après avoir travaillé en tant que bénévole chez Pharmaciens sans frontières, il devient lieutenant de police dans le 93 dans la section Enquêtes et Recherches. Au menu : braquages et homicides ! En parallèle, sa passion pour l'écriture prend peu à peu de l'ampleur. Il remporte un concours de nouvelles, prend confiance et

Parce que tout commence par un secret

sort en 2013 son premier roman, Code 93.

Un village englouti et reconstruit à quelques

Le début d'une nouvelle carrière qui va

kilomètres de l’ancien, et un cadavre qui

l'emmener aux sommets du polar français et

remonte à la surface. Avec lui, ressurgissent

dans l'écriture de scénarios pour la télévision.

les histoires que tous avaient pensé noyées et purifiées par les eaux. Conduite par Noémie Chastain, une Capitaine bannie de Parce les personnages sont puissants

Paris et de l’action qu’elle affectionne tant, dans un petit village de la campagne habi-

Récompensé à plusieurs reprises, Norek a

tuellement calme, ce corps va bouleverser les

un talent incontesté pour développer des

vies de chacun et interférer dans une enquête

personnages puissants et humains. La belle

que personne ne veut et dont chacun redoute

Noémie Chastain, personnage principal, capi-

l’issue et ses conséquences.

taine de la PJ de Paris se fait tirer dessus lors d’une intervention et se retrouve défigurée. L’histoire, au-delà de l’enquête, suit l’évolution de cette reconstruction après un tel trauma. Aidée d’un psy atypique, elle devra surmonter la destruction de cette part de son identité, le visage, et renouer avec une vie sociale malgré sa « gueule cassée ».



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30 avenue Aristide Briand 06500 Menton

CUISINER

Jusque là vous détestiez les gares et leurs abords d’une infinie tristesse. Vous aviez raison, mais vous allez changer d’avis et filer bien vite Gare de Lyon, à Paris. Depuis janvier 2018, Ground Control a ouvert un vaste espace de 4000 m2 intérieur réunissant boutiques de créateurs, bars à vins ou à bière et restaurants thématiques. Sur de grandes tablées à partager, on y mange sur le pouce la cuisine du monde entier. Que ce soit chez Mona (burgers), Coin Op Table (asie), Kalimera (cuisine grecque) ou Asado (argentine), la cuisine est simple et délicieuse. Une suggestion ? Doshas, pour un rendez-vous avec la cuisine d’Inde

Lire

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Vous avez été passionnés par les exploits de Julian Alaphilippe à Epernay et ailleurs, sur le Tour 2019 ? Vous n'êtes pas encore rassasiés ? Il est grand temps de vous mettre à l’heure de la Grande boucle cycliste, côté gastronomie. Plongez vous dans Le Tour de France à dévorer, le livre de Pierre Carrey. Le journaliste de Libération y livre des anecdotes incroyables qui témoignent du rapport, éminemment complexe, que les champions entretiennent avec la nourriture. De Coppi l’ascète à Anquetil le (trop) bon vivant, planté dans les cols d’Andorre au lendemain d’un méchoui trop arrosé, rien n’est oublié. Le Tour de France à dévorer, aux Éditions Directvélo.

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Blond ou rouge, le quinoa n’est plus seulement une céréale lointaine, certes excellente, mais au bilan carbone élevé. Le Pérou reste un gros producteur mais, désormais, près d’un tiers du quinoa consommé en France est produit près d’Angers. La coopérative Quinoa d’Anjou propose ses produits chez de nombreux distributeurs mais aussi en ligne, sur sa boutique virtuelle. On y trouve nombreuses recettes pour l’agrémenter, dont celle de Camille Delcroix, le gagnant de Top chef 2018, et son combo saumon / avocat / quinoa.

Essayer

actu

goût Par

cyrille planson

du sud et ces crêpes salées à base de riz et de lentilles accompagnées de chutneys, les dosas. Si vous préférez le Nord (de l’Inde), place à la volaille et aux légumes marinés cuits au four tandoor venu spécialement du pays.

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Manger des fleurs, cela vous tente ? Rien de plus simple puisque l’on peut cultiver des fleurs comestibles dans un coin de son jardin ou sur son balcon. Succès garanti auprès de vos convives. La capucine et le coquelicot décorent vos salades salées ou sucrées, la bourrache est excellente en soupe, le pissenlit réveille vos omelettes et le souci parfume les huiles ou le riz. Un régal pour les yeux. Et pas seulement !

Ground Control 81 rue du Charolais 75012 Paris 6

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L’application To good to go entend lutter contre le gaspillage alimentaire, en incitant les commerçants à vendre à prix réduits les produits frais qu'ils auraient jetés en fin de journée. Une appli à suivre au quotidien pour saisir au vol pâtisseries, viennoiseries et autres sushis à tout petits prix.

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Selon le magazine spécialisé Restaurant, le meilleur établissement du monde est français. On ne sait si l’on doit suivre les recommandations de ces journalistes britanniques - une nation pas forcément réputée pour son expertise en la matière -, mais on y irait bien jeter un œil au Mirazur, à Menton. Le chef argentin Mauro Colagreco s’y est fait une spécialité du calamar de Bordighera sauce bagna cauda, et de la betterave en croûte de sel agrémentée d’une sauce au caviar. Tout semble appétissant, mais la note sera salée. 260 € au bas mot…

DÉGUSTER

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G SALIVER

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rencontre culinaire : la table de thibaut ruggeri

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goût

La table de Thibaut Ruggeri à Fontevraud

À

Thibaut Ruggeri, Bocuse d’or, une étoile au Michelin, propose une cuisine à l’image du lieu, épurée, graphique dans sa présentation, sans apparat ni superflu. À la carte, quatre menus et un « Pierrot », spécialement destiné aux enfants. L’accueil se fait sur une coupe de vin pétillant de Loire, une cuvée spéciale de l’Abbaye. Encourageante entrée en matière. Juste après, première surprise pour le convive qui se retrouve face une écuelle retournée, témoignage de l'époque où les abbesses et les moniales de Fontevraud débutaient leur frugal repas par un morceau de pain dur trempé dans une soupe claire. Un velouté de betterave est ici servi au convive accompagné d’un biscuit croustillant ou craquelin rappelant le pain monastique.

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TEXTE Cyrille Planson

Aménagé par les architectes et designers Patrick Jouin et Sanjit Manku, le Restaurant de l’Abbaye royale de Fontevraud est l’une des (très) bonnes tables de l’Ouest.

L’écuelle a été façonnée par le céramiste Charles Hair de Thizay (Indre-etLoire). Toute la vaisselle proposée par cet artiste voisin de Fontevraud témoigne d’une même volonté de dépouillement. C’est un régal pour les yeux, à l’image de la présentation des plats, toujours d’une grande sobriété. Dans le cadre apaisant du cloître, et sans le décorum parfois excessif des « étoilés », on apprécie ici d’être séduit par des assiettes aux lignes sobres, aux couleurs pastels que réhausse parfois un détail (une fleur, une touche de sauce…). Thibaut Ruggeri travaille sur le terroir local (volaille de Racan, pigeon d'Anjou...) et dispose d’un jardin potager à l’abbaye, dont il utilise quasiment toute la production ainsi que les herbes. Dans ses propositions, changées à chaque « nouvelle lune », on peut trouver en amusebouche une madeleine au miel toutes fleurs de l'abbaye, aromatisée à la sauge – une « simple » du jardin -, un toast fin parsemé de graines de fenouil sur un consommé de topinambours parfumé à l'hélianthis, mousse de petits pois et butternut. Parfois, on retrouve aussi son plat signature, les champignons de Paris à Fontevraud, une duxelle de champignons issus des caves troglodytes locales, recouverte d'une farce fine de pintade et foie gras, d'un sabayon au café et à nouveau de champignons servis vinaigrés et en rosace. L’ensemble est fondant et évite le côté spongieux que peut réserver parfois, le champignon, qu'il soit blanc ou blond, s'il est mal cuisiné. Le pigeon Maine d'Anjou est cuit en deux temps et deux cuissons : cuisson basse température pour le fondant, puis snackée pour le croustillant. Un délice de textures qui séduit les papilles. La purée de carottes du potager est aromatisée au romarin, la caillette de pigeon recouverte d'une feuille d'épinard. On aime aussi le dos de marcassin, au goût puissant, crème butternut et châtaigne, accompagné d’un jus de viande à la fois concentré et raffiné, que précède la « révolution du potager », un plat qui fait honneur aux cultures de l’Abbaye. Ce dos de marcassin admirablement cuisiné restera longtemps dans nos mémoires. Seul bémol, le dessert (glace à la pomme, sauge et amande), un peu fade, manque un peu de longueur en bouche. La nuit venue, après ce dîner, les hôtes hébergés dans les chambres voisines ont un privilège rare : jusque tard dans la nuit, ils peuvent circuler seuls dans la plupart des salles de l’abbaye, parmi les œuvres de Claude Lévêque et les installations éphémères. Une expérience assurément inoubliable, comme la table de Thibaut Ruggeri.

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© Thibaut ruggeri

© Nicolas Mathéus

Fontevraud, près de Saumur (Maine-etLoire), l’expérience est d’abord visuelle dès que l‘on pénètre dans les bâtiments de l’ancienne abbaye royale, où sont encore exposés les gisants d’Aliénor et de son fils, Richard Cœur de lion. C’est au cœur du prieuré, un peu à l’écart, que s’est installée l’hôtellerie. Présente depuis les années 1980, elle a été rénovée en 2014 par les architectes et designers d’intérieur Patrick Jouin et Sanjit Manku. Transformée, elle accueille désormais 54 chambres à l’aspect sobre, un peu austère, propre à ces lieux. Juste à côté, le cloître du prieuré sert désormais d’espace principal au Restaurant de l’Abbaye que dirige le jeune chef Thibaut Ruggeri. Les architectes ont joué sur la transparence, avec un jeu de parois vitrées désolidarisées, plaçant au centre de l’ancien cloître un jardin de simple sur lequel tous les regards se portent, le soir au dîner comme le matin, au petit déjeuner. Une moitié du cloître restauré a ainsi retrouvé sa vocation première, la déambulation, tandis que l’autre partie est occupée par le restaurant. Réparti sur deux espaces, le restaurant de 88 couverts se prolonge dans la salle capitulaire. Le mobilier, sobre et contemporain, a été majoritairement créé sur-mesure, en faisant appel à ce que Patrick Jouin a nommé « la technologie des moines », à savoir un savoirfaire local, les matières premières naturelles, la collaboration de menuisiers, de charpentiers ou de céramistes… À l’image des moines qui les peuplaient, les lieux suggèrent la réflexion, la spiritualité, dans une sorte de dépouillement et d’ascèse chic. Les banquettes, en tissu et en cuir posées sur les bancs de pierre de la salle capitulaire en attestent. Très contemporaines, les suspensions luminaires en bois ont aussi pour mission de corriger une acoustique rebelle, dans un lieu marqué qui devait par définition cultiver la résonnance.


Goût : rendez-vous en terre inconnue

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goût

TEXTE jules février    Photos esad de reims


Banquet scientifique # 4 de l’ E S A D

Escale gourmande   en terre nourricière La terre que nous foulons machinalement et dont la masse structure mystérieusement notre espace-temps ; cette terre, berceau de l’humanité qui a nourri le chasseur-cueilleur avant de se livrer généreusement au soc de l’agriculteur ; notre ancestral patrimoine, nos « Terres en commun ». C’est cette question fondamentale de la terre nourricière et du soin que nous lui devons qui était, en mai dernier, au menu du Banquet scientifique initié par l’Ecole Supérieure d’Art et de Design de Reims sous les meilleurs auspices de la Maison Taittinger.

Un lundi du mois de mai dans une Champagne particulièrement baignée de soleil alors que ce printemps peine encore à s’imposer. Nous sommes au Château de la Marquetterie, joyau du style Louis XV sauvegardé par la famille Taittinger, posé à flan d’un coteau viticole qui domine la commune de Pierry au sud d’Epernay. Au milieu des vignes qui préparent leur floraison, une vingtaine de convives, artisans culinaires, universitaires ou encore journalistes est réunie pour la quatrième édition de l’événement-phare du Master Design & Culinaire de l’ESAD de Reims : le Banquet scientifique qui cette année aborde la thématique des « Terres en commun ». Ce format original de création et de recherche est développé depuis 2013 par les étudiants en design culinaire, formation unique et sans égale dans les Écoles Supérieures d’Art publiques françaises et européennes. Le concept de l’événement : un colloque superposé à un déjeuner. « On parle sur ce que l’on mange et on mange ce dont on parle, dans un environnement scénographié », explique Germain Bourré qui coordonne le Master à l’ESAD. Chaque banquet aborde une thématique propre : « Pillage & Gaspillage » en avril 2013 à Paris, « Guerre & Alimentation », en septembre 2014 aux Halles du Boulingrin (Reims) et « Gastronomie & Diplomatie », en avril 2017 au Palais du Tau (Reims). Origine et préciosité

« Les banquets précédents pouvaient compter jusqu’à 200 invités mais pour cette édition nous avons souhaité restreindre le nombre de convives à une vingtaine par déjeuner pour faciliter les échanges », poursuit Germain Bourré. Sept mois de travail pour les neuf étudiants du Master, un voyage d’étude en Limousin et en Creuse à la rencontre du porcelainier d’art Coquet, d’agriculteurs et d’éleveurs impliqués dans la préservation de leur écosystème, pour aboutir à la construction du déjeuner thématique avec l’aide de la cheffe Georgiana Viou et du lycée hôtelier Gustave Eiffel. « La terre est un élément fondamental pour tout étudiant en design culinaire, elle constitue l’origine des produits alimentaires. Prendre conscience de cette origine permet d’appréhender concrètement la préciosité des matériaux et leur fragilité et d’envisager réellement les notions d’éco-conception. » Première étape du déjeuner : « La terre brute » où il s’agit de déguster en bordure

du vignoble des terres comestibles figurées par l’olive noire, la betterave, la lentille ou la fève de cacao, présentées sous forme de carottages dans un tube en plexigass. « C’est la prise de conscience, par la bouche, de la matière qui supporte la vie ». Des vins clairs issus des coteaux d’Avize et de Chouilly accompagnent l’expérience. Plus loin, un feu à même le sol chauffe des pierres qui cuisent des filets de sandre, comme une métaphore aux mythiques énergies telluriques. Retour dans le chai où une grande table est dressée pour la suite du déjeuner : « La terre imprime son rythme », une ode à la rusticité et à la complexité des saveurs des terroirs figurée par une association subtile de viandes maturées, de beurres parfumés et d’un couvert végétal. Puis une sublimation des « Fruits de la terre » où des herbes sauvages, légumes anciens et épices émaillent savamment les parois des bols en porcelaine dans lesquels un bouillon est versé. Pour l’occasion les convives découvrent en avant-première le millésime 2008 de la cuvée Comtes de Champagne Blanc de Blancs, fleuron de la maison Taittinger. La nourriture dessine le monde

Le repas est ponctué par l’intervention des différents invités, comme le pâtissier rémois Jérôme Waîda, le boulanger Christophe Zunic ou le jeune brasseur Yves Leboeuf qui rapportent chacun leur attachement à la qualité des produits et militent pour une agriculture saine et préservatrice de la biodiversité. Même plaidoyer éco-responsable pour l’ancien chef et journaliste Arnaud Daguin qui dénonce la « guerre que l’homme fait au vivant. Ce que nous mangeons nous constitue et dessine également notre monde. » Selon lui, l’homme fabrique du désert et la seule façon de s’en sortir serait de généraliser une « agriculture fondée sur les sols vivants et l’agroécologie ». Pour sa part, l’économiste Christian Barrère invite à penser notre patrimoine commun au-delà des apports individuels aussi déterminants soient-ils : « l’humanité doit prendre en compte d’une façon collective la gestion des territoires patrimonialisés reçus des générations antérieures, seule voie pour en assurer la pérennité et la transmission. » « Nous ne sommes jamais que ce que nous fournit la terre », résume ainsi Vitalie Taittinger en invitant l’assemblée à rejoindre le vignoble pour le dessert « Symbiose » : un baba au marc de champagne, jus de rhubarbe tiède, panna cotta à la cire, thym citron et nuage de pollen, en accord parfait avec la cuvée Comtes de Champagne 2002.

esad-reims.fr w w w.ta i t t i n g e r . c o m


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Première fois est un duo formé de deux artistes que j’apprécie tout particulièrement : Raphael d’Hervez, en tant que musicien (Minitel Rose, Pégase) et Jordane Saunal en tant qu’artiste plasticienne. Un hasard les a fait se rencontrer sur une plage en 2017. Ils se découvrent alors un désir mutuel pour une musique où la pop, le RnB et la musique balearic ne feraient plus qu’un. Quelques mois plus tard ils forment Première Fois et ne se quittent plus depuis. Leurs histoires rêvées et oubliées sont chuchotées avec une délicatesse et une simplicité rare, autour de samples qu’ils arrangent avec leurs claviers électriques et leurs synthétiseurs. On entend le souffle des consoles de mixage des 80’s et le traitement des samplers des 90’s, des outils qui sont pour la plupart plus vieux que le duo, mais qui donnent pourtant naissance à une musique particulièrement contemporaine. Leurs deux premiers singles, Numero Uno, et La Bouée crocodile, indéniablement prometteurs, ont contribué à la bande son de l’été. Un groupe à suivre !

L’épée

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L’Épée, c’est le nom du tout

nouveau groupe réunissant la chanteuse et actrice Emmanuelle Seigner, le leader de The Brian Jonestown Massacre Anton Newcombe, et le couple psych-yéyé de The Limiñanas. Cette équipe de choc avait déjà édité au printemps un 12'' de 3 titres (Dreams, Last Picture Show et Dreams extended a-go-go), enregistré en partie au studio d’ Anton Newcombe à Berlin. Diabolique le 1er album du groupe sort le 6 septembre.

Kompromat

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Bowie

Depuis 2012, et La mort sur le dancefloor, morceau de rave apocalyptique d’où filtraient quelques filets de stroboscopes comme des lueurs d’espoir, il semblait certain que Rebeka Warrior (ex Sexy Sushi) et Vitalic étaient faits pour se rencontrer, et plus si affinités. Suite à cette 1ère collaboration est né Kompromat, formule alchimique des deux artistes. Traum Und Existenz est l’album à écouter pour cette rentrée.

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Si vous cherchez une pépite en vinyle de Feu David Bowie, 9 titres inédits sont sortis cet été, sous forme d’album répondant au nom de The Mercury Demos. Enregistré en 1969 en amont du fameux album Space Odity, cet album était en fait un enregistrement basique du duo ‘Bowie & Hutch’ de l’époque. L’album contient notamment les 1ères versions de Space Oddity, et de Janine ou An Occasional Dream ainsi que les reprises de Life Is a Circus de Roger Bunn et de Love Song de Lesley Duncan, popularisé par Elton John.

actu

musique Par

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alexis jama-bieri

AMI AMI Bagarre

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C’est l’histoire de deux flics… Non, c’est plutôt l’histoire d’un festival, petit mais costaud, qui illumine chaque rentrée depuis quelques années. Au départ, le festival avait pris le nom, pour sa première édition, d’Elektrikiki, en hommage au festival Elektricity qui venait de disparaitre. Dès la seconde année, il se renomme AMI AMI pour nous offrir des moments de grâce pop, pleins d’amis partout, vintage. Pour cette édition 2019, le mini festival propose notamment 2 soirées de concerts les 13 et 14 septembre et accueille pour sa dernière soirée la chanteuse Pi Ja Ma et le chanteur Antoine Pesle, à la salle des ventes Chativesle.

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Près d’un an après la sortie de leur explosif 1er album CLUB 12345, Bagarre a dévoilé en mai le très dansant Kabylifornie, co-produit par Vladimir Cauchemar. Ce titre fusionne habilement la culture du skate, les influences kabyles, le hip-hop et l’énergie punk rock qui habite le groupe : " J’kiffe le skate, j’kiffe le rock, j’kiffe le bled, oui c’est moi ! ". Bagarre, c’est l’amour et la sueur, pas de fosse, pas de scène, un seul club. Bagarre a enflammé la scène de l’édition 2019 de la Magnifique Society, avec un featuring de Vladimir Cauchemar. Un Live presque d’anthologie.

www.amiamifestival.fr

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© julie michelet

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© Raphaël Neal

Première fois

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musique : ian Caulfield

le m u sic i e n

Ian Caulfield attrape notre cœur

Ian Caulfield est un jeune chanteur pop au nom rappelant Holden Caulfield, personnage mythique de L’Attrape-Cœur de JD Salinger. À première vue, on pourrait croire qu’il vient de sortir d’un film de Larry Clark. À l’écoute, on ressent la recherche d’authenticité du chanteur, avec des rythmes simples, semblant provenir du Hip Hop, des programmes DIY et une voix rappelant parfois Beach House. Mais c’est ce qui fait le charme de Ian Caulfield, car derrière l’apparence, rien n’est laissé au hasard, tout est voulu et recherché. Nous l'avons rencontré.

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TEXTE alexis jama-bieri

portrait jacques henri heim

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musique

Batteur depuis près de vingt ans, Ian Caulfield a joué dans plusieurs groupes, certains étant tombés dans l’oubli comme Supersocks, d’autres ayant atteint une certaine renommée, à l’instar de Rouge Congo, groupe pop rémois (qui sera à l’affiche du festival AMI AMI le 13 septembre 2019). Insatisfait par la vie de groupe, Ian a décidé à l’automne 2017 de se lancer dans un projet solo « Dans un groupe on n’est pas toujours satisfait de la manière de travailler des autres, il faut faire des compromis, être d’accord avec quelqu’un d’autre et on ne peut pas raconter ce qu’ on veut. Et les compromis en musique c’est un peu dur. Avec ce projet, je suis seul, il n’y a pas d’engueulades, je fais mon truc comme je veux. De plus, jouer seul, c’ est plus pratique pour faire tourner le spectacle, car ça ne coûte pas cher, ça ne prend pas beaucoup de place, ça peut convenir à beaucoup de salles et faire des 1eres parties ». Toutefois, Ian n’exclut pas de rejouer avec un nouveau groupe, mais un groupe qui se sera formé autour de son projet : « Si le projet prend de l’ampleur, je pourrai jouer avec des gens que ça intéresse vraiment ».


« Les compromis en musique, c’est un peu dur ! »16

musique : ian Caulfield

Ian Caulfield qualifie sa musique de : « pop, cinématographique, vocale en anglais et rythmique ». Pour lui, la composition est presque une quête : « ça me prend beaucoup de temps à composer. Il y a une idée qui me vient et je vais jusqu’au bout, même si ça dure deux semaines ». Comme beaucoup de compositeurs, il ne suit pas de schéma prédéfini : « Je compose plutôt à l’instinct. Ça change souvent car je travaille tous les jours sur mes morceaux, j’essaie plein de choses. Souvent, ça part d’un thème à la basse – même si je ne suis pas bassiste – ou de lignes rythmiques, c’est ce qui me lance dans les harmoniques après. Une fois que j’ai une bonne mélodie, j’écris dessus, une ligne, un refrain. En tout cas je n’écris jamais les paroles en premier ». Son premier morceau publié a été produit par Guillaume Brière (The Shoes) : « Avec Guillaume on s’était déjà croisés plusieurs fois à Reims. J’avais quelques maquettes que j’avais envoyées au studio du Chalet, et je voulais réenregistrer les morceaux pour qu’elles sonnent mieux. Le studio m’a alors conseillé de faire ça avec un producteur, et j’ai tout de suite pensé à Guillaume. Je lui ai alors envoyé mes maquettes qu’il a particulièrement aimées, et il m’a proposé de m’aider. Du coup, le premier morceau que j’ai sorti début 2018, je l’ai fait avec lui. Ce morceau était destiné à présenter mon projet. Bien qu’il date pourtant de 2016, il représente bien le projet, son univers, ce que je veux défendre ».

C’est surtout en live que Ian Caulfield fait connaître ses chansons, jusque sur les scènes des festivals tels que l’Ami Ami festival en 2017, la Magnifique Society et le Cabaret vert en 2018 : « Mon but c’est de faire le plus de concerts possibles pour faire connaitre le projet ». Son live, il le conçoit par deux fois à la Cartonnerie, à l’occasion de résidences qui ont eu lieu en janvier 2018 et en mars 2019 dans la SMAC rémoise. Une préparation nécessaire pour Ian : « J’ai le trac à fond au début de mes lives. Les deux premières minutes, je suis un peu terrorisé dans ma tête puis je décompresse. Le fait d’être tout seul sur scène, ce n’ est pas évident, j’ai vraiment peur que les gens s’ennuient. En effet, ce n’est pas comme dans un groupe où chacun peut amener son truc et où il y a une énergie collective. Pour mes premiers concerts solo, j’étais simplement accompagné de guitare et je trouvais ça un peu juste, alors j’ai ajouté un Pad, j’ai fait des choses plus visuelles, en alternant entre guitare, micro… Toutefois, je me suis rendu compte que, mine de rien, la guitare c’ est un peu contraignant car je ne peux incarner qu’un personnage ». Pourtant, Ian confie avoir une affection particulière pour chacun de ses instruments : « C’est le copain de ma mère qui m’a fabriqué ma guitare à partir de pièces éparses trouvées sur internet. Elle a un son plus chaud que mon autre guitare qui est une Epiphone. Tous mes morceaux sont séquencés afin de pouvoir jouer par-dessus la guitare et le chant ». Un live a particulièrement marqué Ian Caulfield : « Le live à la Magnifique Society (2018) s’est fait dans des circonstances particulières, car des choses atroces s’étaient passées la veille, avec le décès d’une amie chanteuse rémoise (Paulette Wright), et j’ai beaucoup pris sur moi pour jouer sur scène. J’aurais pu annuler le live, mais si je n’avais pas fait ce live là je m’en serais voulu, car ça a permis aux gens de se voir et se rassembler en ce triste moment… Ce type de live, ça met à l’épreuve ». © alexis jama-bieri

Plutôt solitaire, Ian a très jeune été plongé dans la musique : « il n’y a pas de moment où j’ai découvert la musique car mes parents m’en ont fait écouter dès ma naissance ». « Ce qui m’a marqué ce sont des trucs anglais comme les Beatles puis plus tard les Arctic Monkeys et c’est ça qui m’a donné envie de chanter ». La littérature et l’enfance ont une place centrale dans l’inspiration du jeune Caulfield : « Ce qui m’inspire beaucoup, c’est mon enfance, mon imagination débordante sur tout ce que je découvrais et que j’ai un peu perdue en vieillissant. Je suis particulièrement influencé par un livre qui s’appelle l’Attrape cœur, et je me mets un peu à la place du personnage qui est un gamin ». « Toutes mes influences ne se ressentent pas forcément dans ma musique, mais j’aime bien les films de Woody Allen, la musique pop comme celle de Beach house et le Hip hop de Kendrick Lamar ». Sa playlist idéale s’articule notamment autour de All Alone de Gorillaz, Pile driver waltz d’Alex Turner et By the river de Pi Ja Ma.

Rémois de cœur, Ian Caulfield confie apprécier tout particulièrement la scène musicale rémoise : « c’est beaucoup de talent : The shoes, Alb, Yuksek, les Bewitched Hands, ce sont quand même des groupes et musiciens qui ont mis la barre assez haute ! Quand je suis arrivé à Reims je ne pensais même pas que je pourrais discuter ou collaborer avec eux. Ce qui est bien, c’est qu’ils sont tous accessibles ». Aujourd'hui Ian apprécie particulièrement : « Slowglide, c’ est un pote, qui sait extrêmement bien mixer et qui transporte directement, et les Black Bones, un groupe génial, de bons copains, qui ont le don de donner la bonne humeur à tout le monde ». Ian conclut qu’il est très difficile pour lui de parler d’un groupe plus que d’un autre, tant ceux qu’il apprécie sont nombreux à Reims.

@Ian.caulfield.music



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Pour sa première exposition, la plasticienne Virginie Héraut s’est exprimé avec son matériau fétiche, le papier, dont elle utilise – en le pétrissant, le froissant, le découpant – les infinies possibilités. Elle crée, à travers la mise en scène de ses sculptures, des récits intimistes et poétiques nous laissant entrevoir son imaginaire personnel. À voir jusqu’au 23 septembre. musees-reims.fr

imarabe.org

actu

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Bacon en toutes lettres

© z. ben romdhane

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Le Centre Pompidou poursuit la relecture des œuvres majeures du XXe siècle et met en lumière le travail de Francis Bacon. L’exposition s'intéresse à l’importance de la littérature dans la peinture de Francis Bacon. Des extraits de textes puisés dans sa bibliothèque personnelle rythme ainsi le parcours. Mathieu Amalric, Jean-Marc Barr et Carlo Brandt lisent Eschyle, Nietzsche, Bataille, Leiris, Conrad et Eliot. Muses de l'artiste, ces auteurs forment également une « famille spirituelle » en laquelle s’est reconnu le peintre. Jusqu'au 20 janvier 2020. centrepompidou.fr

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art Par

ambre allart

L’artiste Benoît Blanchard, dont on aime les œuvres délicates et empreintes d’onirisme, prépare une rentrée chargée avec, entre autre, deux belles expositions collectives : à Reims du 16 au 20 octobre Frichorama à La Fileuse, et en novembre, Quelque chose noir à la galerie parisienne Gradiva. Imaginée par Fanny Lambert, l’exposition dont le nom fait référence au recueil de poèmes de Jacques Roubaud, fera dialoguer œuvres d’artistes historiques et contemporains. galeriegradiva.com benoitblanchard.fr

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QUESTION EXISTENTIELLE AU PALAIS DU TAU L’univers minimaliste et contemporain d’Emmanuel Saint Salvador investit les lieux chargés d’histoire du Palais du Tau à Reims. Le plasticien tente à travers une exposition mêlant divers moyens d’expression (sculpture bas relief, couture, design, arts visuels) de répondre à la question fondamentale : « Qu’est-ce que le don de soi pour l’autre ? ». Toute réponse est la bonne. Du 13 septembre au 31 octobre palais-du-tau.fr

© michel leiris

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LA DOUCE PALETTE DE BENOÎT BLANCHARD S’EXPOSE

commissure © dr

Ce parcours pluriel montre la diversité des regards des photographes contemporains sur le monde arabe, tantôt engagé, tantôt drôle, poétique, sombre ou amoureux. L’occasion de découvrir le travail d’une cinquantaine d’artistes du 11 septembre jusqu'au 24 novembre simultanément dans 9 lieux parisiens.

META STORY AU MUSÉE SAINT-REMI

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© dr

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3e biennale des photographes du monde arabe contemporain

© dr

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art : claire trotignon

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art

Cartographie sensible L a déterritorialisation comme nouvelle donnée géographique et plastique

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ntre pesanteur et apesanteur, le travail de Claire Trotignon invite les sens à pénétrer les méandres de ses dessins. Il convie à saisir le bruissement des fragments de roche, le froissement des plaques tectoniques sur la surface du papier. Sous ses tracés au crayon comme sous ses outils digitaux l’œuvre de l’artiste formée aux Beaux-Arts de Tours est éminemment minérale et vibrante. De ses premiers dessins, sérigraphies, collages, à ses installations les plus récentes, ses œuvres semblent répondre à une même dynamique de propagation. Ses microcosmes éclatés, macrocosmes éparpillés s’épandent sur son support en autant de passages entre les pleins, les vides, les formes convexes et concaves. Dans une minéralité flottante elle produit sur la surface du papier comme jusqu’à la profondeur abyssale de ses blancs, des mondes où toute vie humaine est évincée, où les systèmes perceptifs et perspectifs n’ ont plus cours. Seule persiste une cartographie sensible, sans coordonnées géographiques, comme un territoire à investir. Claire Trotignon questionne ainsi l’essence des lieux, des limites géographiques et plastiques, comme notre rapport au réel. Elle collectionne pour cela d’innombrables images, des gravures anciennes où elle prélève précieusement des représentations à détourner, des lieux à réinvestir. Elle déleste ainsi les fragments minéraux, architecturaux de toute charge de ruine pour en révéler le potentiel visuel. Elle sort ses fragments de l’oubli et les érige

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en une nouvelle cartographie sensible. Les mondes de l’artiste sont autant de non-lieux que de territoires refuges, d’îlots en suspens que de bâtisses en ruines. D’une production à l’autre, les strates, les couches géologiques, les éclatements minéraux et architecturaux semblent se répondre, s’influencer et se faire écho en de nouveaux territoires. Dans le sillage du rhizome de la pensée de Gilles Deleuze et Felix Guattari ses œuvres ne présentent pas plus de centre que de noyau mais se révèlent dans des formes en expansion. En émane des zones sans coordonnées géographiques, des non-lieux fascinants où le vide comme les fragments d’un réel remanié, bruissent à la surface du papier jusqu’à prendre vie dans ses installations les plus récentes. Le processus de réalisation de vos œuvres et tout aussi polymorphe que minutieux. Pourriez-vous nous dévoiler vos secrets de réalisation ?

Pour le dessin, le collage, comme l’installation, je recherche et collecte perpétuellement des images, idées, codes, formes, notés sur de nombreux carnets. Il y a donc toujours une première phase de déchiffrage ! Parfois c’est le médium (à travers la collecte de gravures par exemple) qui invite au processus, le lieu pour une installation in situ, ou, d'une façon générale, une contrainte.


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art : claire trotignon

1_COLD HILLSIDE #1, Sérigraphie 1 couleur sur papier Arches, 70 x 100 cm, 8 ex, 2014, collections privées 2_HOLLYWOOD RUE D’ATHÈNES (amphithéâtre) & (Fountain), Gouache, collages de gravures anciennes, atlas et cyanotype, 30 x 40 cm, 2017, collections privées

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3_GYPSOTHÈQUE, Gouache, collages de gravures anciennes, 30 x 40 cm, 2019, collection privée 4_ANTICO ACTION #2, Collages de gravures anciennes, 40 x 50 cm, 2019, collection privée 5_STEREOTOMIE, Collages de gravures anciennes, 50 x 70 cm, 2019, collection privée 6_DRIVE IN BALTIMORE, Gouache, collages de gravures anciennes, 30 x 40 cm, 2017, collection privée

À l’atelier j’ai une multitude d’organisations qui forment des systèmes de classifications, afin que médiums et idées soient ordonnés et se croisent pour susciter de nouvelles amorces. Comme vous le mentionniez en évoquant la pensée de Deleuze, il n’y a pas de méthode, il s’agit d’une forme de pensée au long court dans laquelle j’opère comme une matrice déconstructrice entre des éléments existants et le résultat du processus, réalisé à travers différents degrés de sensibilité, mesures, spontanéité ou planification. Pour l’anecdote, lorsqu’il s’agit de dessins et collages, je travaille avec des instruments de chirurgie oculaire que j’ai la chance de me procurer grâce à une amie infirmière. Mon espace de travail épuré relève plus du laboratoire que de l’image romantique que l’on se fait d’un atelier d’artiste. Je découpe et taille au scalpel, utilise les pointes les plus fines en encre comme en crayon, nettoie à l’air sec et manipule à la pince de précision sous une loupe lumineuse. La cartographie est dans votre démarche tout à la fois éminemment latente et illisible. Vous en brouillez les cartes, les pistes de lecture. Dites nous en plus…

Pour avoir dès l’enfance expérimenté la navigation en mer, j’ai rapidement appris que la cartographie était un outil nécessaire à maîtriser. C’était l’élément sécurisant de notre position dans l’espace, car une fois sortie de la cabine : l’océan à perte de vue, cette ligne droite parfaite, le manque de repères habituels étaient aussi exaltant que déstabilisant. C’était la condition du présent nécessaire à la découverte d’un ailleurs. Cet apprentissage demandait invariablement de passer mentalement du plan au volume et d’adapter la représentation de son propre corps, de l’échelle humaine à une échelle quasiment terrestre. Ceci uniquement à travers un rectangle de papier à l’abstraction déconcertante, lui même plié d’une

seule façon. C’est cet aspect vertigineux qui m’intéresse, pouvoir appréhender l’ espace instantanément à travers une vision horizontale et verticale, d’une partie comme d’un tout et le déconstruire avec tous les codes et caractéristiques que peut offrir la cartographie. Je peux ainsi faire apparaître, ou obtenir, différents résultats selon le principe d’une équation à multiples variables. La décontextualisation de vos sujets architecturaux semble en détourner la fonction, l’usage, les enjeux. Convoquez-vous une forme de déterritorialisation chère à Gilles Deleuze et Felix Guattari ?

Bien sûr en transformant les éléments ils se singularisent, ils deviennent autres. Mon approche est moins sociologique que la théorie de L'Anti-Œdipe de G. Deleuze et F. Guatarri, mais en effet on peut souvent trouver dans mon travail une forme de « déterritorialisation » et « reterritorialisation ». Ma pratique fonctionne par associations d’idées et par stratifications. Par exemple, j’aime emprunter l’esthétique architecturale des peintres primitifs italiens, j’adore ces perspectives indécises pré De Pictura (Leon Battista Alberti) (qui favorisent par ailleurs les histoires multiples dans une même composition), l’espace y est révélé en aplat comme des collages. On n’y trouve jamais d’ombres portées, ce qui semble assez logique puisque la perspective n’a pas encore été théorisée. J’effectue un saut dans le temps en y associant par anachronisme certaines formes architecturales de type Art Deco « Miami District », le nuancier n’ est pas très éloigné, les aplats non plus. Les aplats sont importants car ils favorisent naturellement une vision en plan qui distend les repères, entre cubisme et constructivisme. Il n’y a jamais de présence humaine dans mes compositions, qui indiquerait une valeur d’échelle, en revanche on trouve souvent associé à l’architecture (qui ellemême atteste de l’implication de l’homme) une esthétique du débris. Celle-ci crée parfois un espace en construction structuré ; parfois une explosion figée,


art : claire trotignon

_SANS TITRE installation, Bois récupéré, plaques de plâtre, visserie, impression jet d’encre 5 x 8 m, 400 m2, C’est ainsi que finit le monde, pas sur un bang, sur un murmure..., CAC Le Transpalette, commissariat Damien Sausset et Jérôme Cotinet, 2011 © Nicolas Durand

à lire aussi bien comme une déflagration qu’une perspective explosée d’ingénierie ; ou enfin une forme de ruine, dont la présence peut-être le symbole d’un avertissement.

aux contraintes inhérentes à cette notion ! Avec plaisir lorsqu’il s’agissait d’investir un lieu pour une proposition in-situ, comme cette installation réalisée en 2011 au Centre d’Art Le Transpalette à Bourges. Les commisCette composition serait placée au centre saires de l’exposition, m’ont laissé réinvestir d’un espace blanc, pour lequel je conserveun espace à l’abandon de la friche, interdit rais les marges blanches propres à la pratique d'accès par arrêté. Dans un premier temps le _LES NOUVEAUX BUREAUX, Sérigraphie édition bleue sur papier Arches, 70 x 100 cm, de la gravure mais instaurant également un plancher des 400m2 d’atelier du XIXe siècle 3 ex. + 1 HC, 2015, collections privées fut prélevé, laissant apparaître les poutres, contexte relevant presque du désert, où l’œil solives et montagnes de scories. Le bois récupéré permis de recréer un chemin complétera les vides. L’ensemble des codes adoptés, entremêlés et sans attaches surélevé dans le squelette de l’espace, tel un ponton. Cette construction se diricréent l’idée d’un non-lieu, une entité plein / vide - plan / volume, presque une geait vers le dessin d’un paysage constitué de centaines de fragments issues de forme d’hétérotopie. En théorie l’espace est ce dans quoi un potentiel se formagravures, recouvrant les 60m2 du mur du fond. L’ensemble se déployait comme lise, ici l’histoire est passée ou en devenir selon le chronotope (Mikhaïl Bakhtine) un spectacle figé, mis en suspens, comparable aux panoramiques du XIXe siècle, projeté par le regardeur. visible d’un seul point de vue, des câbles de sécurité interdisant toujours l’accès à cet espace. Il y a également une forme d’appropriation du territoire dans la définition d’un espace constitué d’éléments pré-existants. Comme on construit une cabane en Après trois mois à arpenter au quotidien un véritable chantier en friche avec délimitant un périmètre en fonction des avantages et obstacles du terrain, mais masses et pieds de biche, le retour dans mon atelier de 15m2 m’offrait des capaaussi des éléments trouvés à proximité de cet espace : branchages, bois récupécités de création différentes auxquelles il fallait s’adapter. J’ai alors réalisé la série ré, morceaux de béton, clous rouillé… « Ce sont d’autres cabanes rustiques à de dessins et collages sérigraphiés Landscape(s), sur le principe du dessin préd’autres moments de l’histoire : un modèle essentiel de la création architecturale. senté au Transpalette. Cependant à l’échelle de ma pratique d’atelier, le processus Elles confirment la venue d’une architecture qui se retrouve dans la refigurademandait plus de précision, une complexité différente pour un résultat ajusté à tion nouvelle et consciente des images d’images, des symboles de symboles et une dimension et une lecture plus confidentielle. de signes de signes. » Melvin Charney, cité par Gilles A. Tiberghien « Notes sur J’ai toujours travaillé en fonction des possibilités que pouvait m ’offrir l’espace la nature… » dans lequel je vivais, c’est principalement la raison pour laquelle il y a une diversité d’échelle dans ma pratique. Il en résulte une pratique du dessin abordée Plus que le territoire, l’appropriation et la délimitation, c ’est l’espace entre les comme une construction et une pratique de l’installation que l ’on peut appréespaces qui m’intéresse, cette mise en abîme ou les rapports variables qui créehender comme un dessin dans l’espace. ront des paradoxes. J’aime l’idée de cette zone d’incertitude du « principe d’indétermination d’Heisenberg », qui désigne toute inégalité mathématique affirmant Vos œuvres étaient présentes lors de l’exposition collective « État des lieux » en qu'il existe une limite fondamentale à la précision avec laquelle il est possible de mars et avril 2019 à Brussels. Quel est votre prochain lieu d’accrochage ? Donnezconnaître simultanément deux propriétés physiques d'une même particule ; ces nous rendez-vous… deux variables dites complémentaires peuvent être sa position et sa quantité de À partir du mois de juin je prendrai part à l’exposition collective Some of us à mouvement. Büdelsdorf en Allemagne (curator Jérôme Cotinet-Alphaize). Vos installations les plus récentes semblent prendre vie à partir de vos œuvres bidimensionnelles. D’où provient ce besoin de nous immerger dans vos univers, dans vos non-lieux ?

Peu après mes études aux beaux-arts, outre la gravure, ma pratique était orientée vers le volume, selon un principe de construction / déconstruction. Mes préoccupations étaient liées à la notion d’espace certes, mais j’ai dû aussi me soumettre

Je prépare entre autres deux interventions pour l’année 2020, l’une à l’occasion de l’événement L’art dans les Chapelles (directeur artistique Éric Suchère) et une seconde sur une invitation du CCCOD (Centre de Création Contemporaine Olivier Debré) de Tours. Je suis impatiente de me plonger dans ces deux projets.

c l a i r e t r o t i g n o n .t u m b l r . c o m

TEXTE hélène virion

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art : regard sensible

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LE CŒUR ET L’INSTINCT D’ÉGLANTINE DARGENT-GUY LA RÉSERVE

Après avoir longtemps bercé ce rêve, Églantine Dargent-Guy a ouvert sa galerie d’art en 2016. Nommé « La Réserve », ce petit espace divisé entre une salle d’exposition et un atelier d’encadrement a discrètement fait sa place au 20 rue du Barbâtre à Reims. Nourrie dès le plus jeune âge par toutes les formes d’art, la sensibilité multiple de la maîtresse des lieux se traduit dans son métier en une forme discrète d’engagement : honorer les disciplines artistiques à la hauteur de ce qu’elles lui ont apporté.

Le déclic, Églantine l’a eu il y a 8 ans lors d’une rencontre avec un galeriste encadreur. Associer ces deux activités pour apporter de la viabilité à son projet, une évidence pour celle qui, malgré les difficultés du métier de galeriste, voulait remplir sa vie de ce qu ’elle aime. Elle décide alors de se former à l’encadrement d’art, et une fois le diplôme en poche, ouvre son atelier. Ce n ’est que 4 ans plus tard, après avoir installé les bases de son commerce grâce à son artisanat, qu ’elle créera La Réserve. La dimension « artisan » est omniprésente dans le travail d’Églantine. C’est même une composante essentielle dans l’œuvre des artistes qu’elle expose. À titre d’exemple, les huiles sur bois de Lluís Pericó ou les céramiques d’Hélène Morbu révèlent chez ces artistes une réelle maîtrise du matériau et de la technique. Mais au-delà de la qualité plastique d’une œuvre, ce qui intéresse avant tout Églantine, c ’est la poésie qui s ’en dégage : « Elle peut apparaître dans une seule œuvre, mais souvent c’est en découvrant l’œuvre globale d’un artiste, son processus de création sur le long terme, que je suis touchée. C’est là que prend pour moi toute la dimension de son travail, quand je découvre son univers. » Comme pour mieux saisir ses impressions, Églantine aime y poser des mots. Intéressée très jeune grâce à sa mère à la littérature et à la poésie, le catalogue d’exposition est le médium qui permet à Églantine d’écrire l’histoire qu ’elle veut raconter. La narration commence dès l’accrochage des œuvres, elle y cherche des accords « jusqu’à ce que ça coule, jusqu'à ce que l’histoire soit lisible. » Églantine fonctionne au gré des rencontres, de ses coups de cœur et des opportunités. Pour elle, être galeriste, c’est avant tout un travail qui demande d’agir à l’instinct. « Quand j’essaie de m’adapter à ce que me disent les visiteurs, ça ne marche pas. J’ai remarqué que

le plus souvent, je vends les œuvres que j’aurais aimées m’offrir. » Partager ce qui la touche avec sincérité, c’est l’essence même de son travail et cela ne s’arrête pas aux œuvres présentées sur les murs. C’est aussi à travers la gestion complète de son entreprise qu’elle souhaite affirmer ses valeurs. Églantine veut mettre l’art à la portée de tous et propose pour cela une diversité de formats, de médiums, de tarifs et de genres. Instaurer une relation de confiance avec ses artistes est son autre priorité et cela passe par un soutien constant ; si besoin, elle les conseille, les accompagne dans leurs démarches administratives, leur apporte de la visibilité et écrit sur leur travail. Églantine cherche à appréhender l’art comme un tout. Une vision qu’elle a retrouvée l'an dernier, lors d'un voyage au Japon et en particulier sur l’île artistique de Naoshima : « Là-bas, tout est interconnecté, tout est pensé pour apporter sa dimension à l ’œuvre. » Le Japon a été pour elle une vraie révolution esthétique : « Il y a un espèce d’enchevêtrement entre la nature, l’art, le sens de la transmission… Une sorte d’art de vivre en soi-même, un coté intrinsèque aux personnes et aux choses. » Depuis cette découverte, Églantine s’intéresse davantage à la céramique et au Land Art et aimerait développer des projets dans ce sens. Une correspondance parfaite avec sa ligne artistique composée prinActuellement à La Réserve cipalement de paysages, d’épure Nouvel accrochage des artistes et de minimalisme ; d’œuvres qui de la galerie font silence et dont la simplicité – À venir Exposition hors les murs de Pauline Cabarapparente seulement – a le goût de rus « Quand les mots se taisent » (peintures, l’essentiel. gravures et installations) au Centre d’art et de culture La Pierre

FB : LA RÉSERVE REIMS

TEXTE ambre allart    portrait benoît pelletier

INSTAGRAM  : GALERIELARESERVEREIMS

Longe, Auménancourt. Vernissage le 20 septembre à 18H30 20 RUE DU BARBÂTRE 51100 REIMS MER/JEU/VEN 10H-12H 14H-19H & SAMEDI 14H-19H


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’est tout d’abord dans la mode que Christina Zimpel exprime sa fibre créative : « après avoir été directrice artistique, j’ai décidé de travailler avec mon mari Patric Shaw, qui est photographe de mode et de beauté, dans son studio. Kitsuné a été la première marque à me découvrir, j'ai dessiné un petit renard qui est maintenant partout ! C’est une collaboration qui m’a apportée une grande visibilité et je leur en suis reconnaissante ». Bien que son intérêt pour l ’art soit ancien, sa pratique est venue plus récemment : « Je m’intéresse à l’art depuis mon enfance. J’ai fait des travaux de commande durant plusieurs années, mais je n’avais pas créé mon propre travail artistique. C’est mon fils, Alexander Shaw, qui est lui-même peintre, qui m’a encouragé à me lancer dans un travail personnel. J'ai donc commencé il y a environ trois ans à dessiner des autoportraits à l’aide d’un miroir, parce que c'était privé et que je pouvais expérimenter. Ensuite, je me suis lancée dans la réalisation de portraits d’autres personnes et j'ai commencé à poster mes créations sur Instagram. » On décèle dans les œuvres de Zimpel une influence picturale éclectique, moderne et pop : « J’adore les peintres fauvistes, mais mon goût est très varié. Je suis attirée par le travail de Philip Guston, Morandi, Peter Doig, Louise Bourgeois, et Alexander Shaw. » Le portrait occupe une place centrale dans l’œuvre de Christina Zimpel, qui a portraitisé des anonymes ou des figures médiatiques comme Karl Lagerfeld, saisissant un instantané de chaque modèle : « Ce qui m’attire c ’est l’esprit du modèle. J’essaie de connaître la vérité de chaque personne, dans un regard ou un geste infime. »

christina zimpel

Originaire de Perth, en Australie occidentale, Christina Zimpel est une une artiste et illustratrice qui vit et travaille à New York. Elle a travaillé comme directrice artistique pour le magazine Vogue et collaboré avec Michael Kors et Maison Kitsune sur des collections capsule et des décors. Ses peintures et dessins ont été exposés à New York, San Francisco, Paris et Sydney. cet été , Process a échangé avec Christina Zimpel sur son parcours et son travail.

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ART

TEXTE alexis jama-bieri

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© Christina Zimpel

© Christina Zimpel

art : christina zimpel

_Œuvre de Christina Zimpel

Christina Zimpel aime travailler à la table de sa cuisine, dans la maison de ville en briques rouges de 1870 située à Brooklyn, qu'elle partage avec son mari, au calme, en buvant un thé et pouvoir se promener dans son jardin quand elle a besoin de faire une pause. Toutefois, Christina Zimpel se définit comme rigoureuse dans sa méthode de travail : « J'essaie de commencer tôt et de faire quelque chose tous les jours. Je n'abandonne jamais après mes échecs, je rebondis pour créer autre chose. Tout commence par un dessin, donc un crayon. Les dessins à l'encre noire sont un pur plaisir pour moi, car je vois combien je peux dégraisser une image pour essayer de comprendre son essence. J’aime également peindre sur toile car c’est un défi pour moi. Dans mon processus créatif, je recouvre d’encre colorée mon dessin au crayon, puis j'utilise de la peinture acrylique pour donner de l'opacité et de la richesse à la couleur. Par contre, j'utilise très rarement l'ordinateur pour mon travail. Même mes œuvres qui semblent avoir été créées par ordinateur sont à la base un dessin au crayon. Pour les commandes de presse magazine et de mode, j’utilise toutefois une combinaison entre le dessin original et le traitement numérique des couleurs, pour donner un aspect net, dynamique et graphique. Mode et art, tout est lié. Il y a tellement de façons intéressantes de travailler aujourd'hui. J'ai beaucoup de chance de pouvoir passer d'une chose à l'autre et inversement. » Christina Zimpel déborde de projets à la fois dans le domaine de la mode et dans celui de l’art : « Je vais poursuivre mon travail avec les magazines et avec la marque de mode Lee Mathews (sa collection 2020 vient de présenter mes créations de tissus). Je viens par ailleurs d'exposer une partie de mon travail artistique à Paris et à Madrid durant l’été. »

christinazimpel.com + @christinazimpel


Alain Hatat une vie d'images photo-sensibles Tout sauf enfant de la balle, Alain Hatat a mené sa carrière au fil d'opportunités et de rencontres. Imprimeur, photojournaliste puis photographe indépendant, il a fait partie de l’agence Gamma et n'a céssé de nourrir jour après jour sa passion pour l'image fixe. Son parcours est celui d'un photographe qui a traversé un demi siècle de mutations pour porter, aujourd'hui encore, un regard bienveillant sur le monde, sur son monde.

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art : alain hatat

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ART

« Je pouvais y aller à pied ». Un argument de poids pour Alain au moment de décider de son premier emploi, une manière comme une autre pour un garçon de 16 ans de faire son choix entre deux possibilités. Nous sommes à la fin des années 60, et sans avoir suivi de formation, Alain devient imprimeur. Bientôt un de ses amis, Gérard Richard, part travailler à la Maison de la Culture de Reims, et lui propose un an plus tard de le rejoindre. Septembre 1970, il y est employé comme imprimeur avec une subtilité supplémentaire : quantité de spectacles se jouent le soir, et doivent être photographiés. Une nouvelle attribution dont il a la charge, et c’est avec le Rolleiflex mis à disposition, cet appareil à double objectifs carrés dont la prise de vue se fait par le dessus, qu’il va se faire la main.

rêter là. Dans le cadre d’une grande exposition consacrée au vitrail contemporain, Alain va accompagner le photographe Gérard Rocskay sur les routes de France. D'abord petite main, il reçoit très vite la confiance du grand photographe et apprend à monter et installer l'encombrante chambre photographique mais aussi à préparer les plaques et même faire les cadrages. Il prend goût au plein air et cette escapade nourrit ses envies de reportages. Il rêve la photographie à travers Cartier-Bresson et ces grands reporters qu’il voit dans les magazines. Sous les conseils de Guy Le Querrec, un photographe très identifié dans le monde du reportage sensible, il entre dans la peau du personnage et achète son premier Leica. La Gamma Mania

Juste une mise au point

Pour se perfectionner, il participe à une formation d’une semaine. L'animateur du stage, le photographe Jean Clerc, conclue ce stage par un assez définitif : « la photo, c'est ton truc ». Une rencontre décisive dans la vie d’Alain qui se rend sur le champ boulevard Beaumarchais à Paris, la Mecque du matériel photo d'occasion. Il y achète avec son ami, un Ifbaflex. Ils passent rapidement au mythique Canon AE-1 avant de bifurquer vers le matériel Nikon, qu’Alain ne quittera plus jamais. Imprimeur le jour, photographe la nuit, voilà sa vie. Un rythme effréné, qui le remplit de satisfaction. Il ne compte pas s’ar-

PHOTOS ALAIN HATAT    TEXTE Marie-Charlotte Burat    portrait benoît pelletier

En 1981, il passe à la vitesse supérieure et effectue un nouveau stage. Sur place, il rencontre Marie-Paule Nègre, grand reporter qui rejoindra l’équipe Magnum. Une fois encore, la conclusion est la même « la photo, c’est ton truc ». L'idée d'en faire son métier à temps plein prend de plus en plus de place dans son esprit. Trois ans passent, et en juillet 1984, c ’est parmi les membres de l’agence Gamma qu’il suit une formation noir et blanc. Avec Jacques Burlot, grand reporter, Pierre-Jean Amar, tireur pour Willy Ronis et Cartier-Bresson, comme professeurs. Épatés par le travail d’Alain, ils lui offrent le stage qui suit, cette fois-ci consacré à la couleur. Le succès est total, et il remporte le premier prix


art : alain hatat



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art : alain hatat

du concours destiné aux élèves, avec son reportage dans les carrières de Courville (d'où est extraite la pierre utilisée pour la restauration de la Cathédrale de Reims) s’achevant avec les portraits des sculpteurs de pierre. Plusieurs années après, Alain recroisera la route de Jacques Burlot au sein de l’agence Gamma. Des retrouvailles qui le marquèrent définitivement et qui se résument en deux phrases. La première fut une interrogation, qu’il lança aux nouveaux arrivants « Qui ici considère qu’il n’a pas de chance ? ». Réponse fatale pour celui qui a eu la mauvaise idée d’être honnête en levant la main « Tu peux repartir. Il faut avoir de la chance pour ce métier ». Preuve en est. Moins assassine, mais toute aussi avérée, la seconde disait « En photographie, il n’y a pas de petit sujet ». Un aphorisme qu’Alain suivit tout au long de sa carrière, faisant de chaque cliché, commercial ou non, un sujet à part entière. La liberté d’être encarté

De retour à la Maison de la Culture de Reims, après ses deux mois de stage, Jacques Driol, photographe à l'Est Républicain, le contacte pour l'assister et piger dans ce journal. Alain y consacre alors ses weekends, ce sont ses premiers pas dans la presse. En 1987, les Maisons de la Culture disparaissent peu à peu, celle de Reims y compris au

profit du CNAC et de la Comédie. Au lieu d’intégrer l’une de ces deux structures, Alain plie bagage, un chèque en poche et se lance à son compte. Le voici photographe indépendant, l’un des rares de la région. Durant dix ans, les projets s’enchaînent. Il passe de L’Est Républicain à l’Union en une journée (littéralement), devient correspondant NordEst en parallèle pour l’agence Reuters, et réalise des commandes pour des entreprises. Gardant toujours un pied dans l’univers artistique, il aura notamment la chance de couvrir l’exposition universelle de Séville et le Festival d’Avignon. Mais bientôt, les codes du photojournalisme changent. Les années 90 sonnent le glas de l’argentique, du moins durant un temps. Impossible d’y couper, Alain doit se convertir à son tour, malgré une longue période de résistance. La déception est double, non seulement il doit délaisser ses pellicules pour des cartes mémoire, mais la qualité est loin d’être au rendez-vous. Il se garde tout de même un havre de paix, rien qu’à lui, un labo pour développer la nuit. Il est sollicité, entre autres, pour suivre les grands chantiers rémois, celui du Conservatoire, de l’Opéra, de la Comédie mais aussi du Tramway et des Halles. Durant quatre ans il va également couvrir le Rallye des Gazelles et continue dès que possible les reportages sur les artistes.


L’amour avec un grand L

Bien que son métier soit celui de la passion, Alain en vient à distinguer travail et art. Il va développer une photographie de l’intime, plus personnelle, qui va de pair avec sa pratique du Leica. Un nom magique, qui résonne comme une extase aux oreilles des photographes. Léger, discret, il est synonyme de liberté, promettant un contrôle permanent de l’image. C’est la figure de l’artiste, du créateur qu’il admire et veut saisir, mais dans une toute autre posture que celle qu’il adoptait à la Maison de la Culture de Reims, en dehors de la scène. Il couve ainsi le désir « de montrer la face cachée des gens », de les révéler quand s’installe une ambiance, une complicité. Mais qui dit intime, ne dit pas pathos. Quelle que soit la personne qui se place derrière son viseur, la situation qu’il capte, Alain refuse toute forme de misérabilisme dans ses clichés. Quand il photographie les gens, « il veut montrer ce qu’il y a de bon en eux », les valoriser, et porte un regard toujours bienveillant. Avec lui, le terme de photographe humaniste prend tout son sens. L’art et la manière

Ce regard tendre se déploie avec une intensité particulière dans une de ses plus belles séries, " le quartier du Chemin vert ". Cité-jardin créée dans les années 30, c’est là qu’il a grandi. Il veut restituer le lieu de son

enfance, et montrer avec précision comme sa simplicité, et celle de ses habitants, est belle, noble et vous touche au coeur. Changement de matériel pour ce travail réalisé avec un Hasselblad (gros boitier, à l’inverse du Leica, avec une qualité optique exceptionnelle), avant le grand ravalement de façade du quartier prévu l'année d'après. Pendant un an, il va s ’appliquer à en conserver la mémoire visuelle, cet espace hors du temps où « les gens ne meurent pas, vu qu’il n’y a pas de cimetière ». Les artistes restent son domaine de prédilection, ceux qui le fascinent plus que tout, laissant toujours présager d’une future série qui les mettraient à l’honneur. Et bien sûr les femmes, la grande histoire de sa vie… Pas une journée sans image, et chaque jour de nouvelles idées. Quelle sera sa prochaine inspiration ? son prochain sujet ? C’est bien ça le plus important, le sujet. Quand il le tient, il peut tout aussi bien construire son image autour de lui, que l’attendre en embuscade. La seule règle qui compte à ses yeux, est de se faire accepter, sans jamais agresser. À cette condition uniquement, il s'autorise à déclencher. Alain Hatat s'est frayé un chemin hors norme, dans le sillage des plus grands photojournalistes qui ont fait l’âge d’or des agences de presse. Un parcours pavé de talent, d’acharnement, et il faut bien l’avouer, d'un peu de chance.

Fa c e b o o k @ h atat. a l a i n i n s ta @ a l a i n h atat


art : sunnyside

l ' illustrateur

olivier bonhomme expose au sunnyside festival du 9 au 19 octobre au shed

Olivier Bonhomme diplômé de

Quel a été votre premier émoi artis-

l'École Emile Cohl en 2010 a travaillé avec différents clients, journaux et studios en tant qu'illustrateur et directeur artistique. Il a cofondé en parallèle le studio BK en 2012 dans lequel il produit des installations et des dispositifs de recherche en art numérique, pour appliquer l'image à la scène. Grand amateur de jazz, saxophoniste depuis près de vingt ans, Olivier Bonhomme imagine, au son du bebop et du swing, son univers psychédélique et pop. C’est donc tout naturellement qu’il s’est vu confier la conception de l’affiche du Sunnyside festival 2019 par JazzUs, la Scop organisatrice de l’événement.

tique ?

D'aussi loin que je me souvienne, mon premier émoi artistique est sans nul doute Tintin. J'étais un fan inconditionnel du personnage créé par Hergé. Sont venus ensuite les grands maitres de la ligne claire franco belge (Moebius, Tardi, etc…) et les grands peintres surréalistes et impressionnistes. Quelles sont vos influences principales ?

porter un regard objectif sur notre monde. L'illustration et la musique sont-elles liées pour vous ?

Improviser un solo sur un thème de jazz est pour moi la même chose que de mélanger les couleurs sur une palette. Donc oui, le lien est évident. La couleur peut être sonore et les sons peuvent être visuels. Il faut cultiver une sorte de synesthésie pour s'approcher au plus près de " l'acte artistique juste ", innocent,

Je regarde le travail d'innombrables artistes en permanence sur les réseaux sociaux, je me renseigne sur les expositions, les courants artistiques, etc. Je ne dirais pas qu'il y a une influence principale mais une somme de choses. Les moments m'inspirent plus que les oeuvres elles-mêmes.

w w w. b e h a n c e . n e t w w w. b k - f r a n c e . c o m w w w. s u n n y s i d e . f r

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ART

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TEXTE alexis jama-bieri

illustrations OLivier bonhomme

ment influencées par l'art japonais, l'art urbain... ?

Oui on peut dire cela. Tous ces mouvements sont ancrés dans une démarche résolument contemporaine. J'essaie dans mon travail de cultiver une forme d'anachronisme entre une technique académique et une vision actuelle de la société. Le surréalisme, l'art japonais et l'art urbain sont à l'image d'une pensée qui tend vers le décalage pour mieux

J'ai été contacté par le Sunnyside il y a quelques mois pour réaliser l'affiche, ce que j'ai accepté avec joie car c'est toujours un défi et un honneur de proposer une identité pour ce genre d'événement.

et vos envies pour l'affiche ?

les peintres surréalistes, mais peut-on dire que vos illustrations sont égale-

avec le Sunnyside festival ?

Quels étaient le cahier des charges

Vous avez cité parmi vos influences w w w. o l i v i e r b o n h o m m e . c o m

Comment est née votre collaboration

sans préméditation. C'est une forme d'abandon, une confiance totale dans les 5 sens, qui prend toute sa dimension avec un travail de représentation étudié en amont. Vous utilisez des couleurs fortes. Comment effectuez-vous vos choix ?

Je travaille la couleur à l'instinct, et avec une certaine rapidité pour garder la spontanéité des choix chromatiques. L'idée est de toujours avoir cette vision rythmique de la couleur, comme une respiration, une pulsation, une phrase de bebop sur un solo de jazz…

Ce fut très intéressant à produire. J'ai été très libre et l'idée directrice fut de ne pas proposer un personnage trop frontal, trop subjectif, et de mettre en avant le surréalisme pour illustrer les possibles du jazz et des musiques actuelles. J'ai donc imaginé cette hybridation de cuivre chevelu à lunettes, comme un avatar cosmique de ce qui, pour moi, représente le jazz et sa folie… Trait + couleur + ombres, la recette fut simple. J'ai par ailleurs réfléchi au travail de typographie, même si ce n'est pas ma spécialité à la base, mais ce fut un défi intéressant ! Au-delà de la création de cette affiche, quelle est votre actualité ?

Je travaille actuellement à la réalisation de mon premier court métrage d'animation sur Billie Holiday, mais je ne peux pas en dire plus ! Stay tuned…


Du 2 octobre au 24 février, la Fondation Louis Vuitton rend hommage à Charlotte Perriand, disparue il y a 20 ans. Femme libre et moderne, sa vision à la fois humaniste et rationaliste, centrée sur la notion d’art de vivre, fit d’elle une figure marquante du design du XXème siècle. En reconstituant son univers, où l’art occupe une place de choix, l’exposition donne au visiteur l’occasion de s’intéresser aux liens qui unissent art, design et architecture. fondationlouisvuitton.fr

benoît pelletier

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Thomas Architectes & Champagne Castelnau

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C’est Thomas Architectes, une agence dont nous vous avons déjà parlé dans ces pages qui a été choisie pour restaurer la Villa Tassigny en vue de devenir le nouveau lieu de prestige du Champagne Castelnau. Respect du bâtiment et de sa présence dans la ville (mur d’enceinte supprimé, immense miroir sur la façade arrière qui reflète le magnifique parc.) auquel à n ’en pas douter s’ajouteront une grande délicatesse dans le choix des matériaux et un dessin précis, allant à l ’essentiel, concu pour l'usage.

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On aime le beau travail militant des éditions fpcf qui œuvrent à faire connaître le travail de dessinateurs et photographes sous forme de petites éditions singulières et soignées. Pas de ligne éditoriale ou de barrières mentales, juste du feeling. Un travail considérable et toujours bien vu accompli depuis 2009. editionsfpcf.com

thomas-architectes.com champagne-castelnau.fr

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Bâm ! : la team Gregory Guillemain

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Le designer et architecte d’intérieur rémois Gregory Guillemain et son équipe ont terminé récemment plusieurs projets intéressants, mais on parle partout de celui-ci, l’aménagement intérieur du nouveau restaurant BÂM à Reims. Et bim.

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gregoryguillemain.fr facebook.com/BAMreims

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Les Images de Brice Martin-Graser On vous en a déjà parlé souvent (cover de notre numéro 7), mais on est vraiment fan. Voici la dernière des images « facettée » du « creative coder » rémois Brice Martin-Graser. Parfaite pour notre numéro de rentrée. Love. instagram.com/bricemg/

© T. Architectes

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éditions fpcf

actu

Par

instagram.com/baptiste. meyniel

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serpentinegalleries.org

design

Un designer qui, à l’image de Julie Richoz dont nous vous présentons le travail p.40, développe sa création à partir de la matière et des contraintes liées au matériau, et non l’inverse. Il s’adonne aussi à la pratique du dessin avec notamment ses « extruded drawings » spectaculaires et beaux. On like.

C’est l’architecte Junya Ishigami qui a été choisi cette année pour réaliser le pavillon provisoire de la Serpentine Gallery. Chaque année, ce musée d’art contemporain londonien offre la possibilité à un architecte, la plupart du temps au seuil d’une reconnaissance internationale, de réaliser un pavillon en forme d’exercice de style. Junya Ishigami, dont l’oeuvre délicate s’inspire de la nature en portant sur elle un regard poétique a choisi de réaliser une vague d’ardoise qui semble flotter au dessus du jardin.

© dr

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© brice martin-graser

www.hudsonyardsnewyork.com

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Junya Ishigami à la Serpentine Gallery

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EXPOSITION HOMMAGE À CHARLOTTE PERRIAND

Allez jeter un coup d’oeil au « Vessel » dessiné par le designer londonien Thomas Heatherwick. Il s’agit d’une structure / scultpure composée de 154 volées d’escalier interconnectées qu’on peut parcourir en tous sens et qui offre une nouvelle perspective sur le site d’Hudson Yards et plus globalement sur New York.

Les « extruded drawings » de baptiste Meyniel

© dr

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« vessel  » de Thomas Heatherwick

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architecture : la comédie

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design

LA COMÉDIE mise à nue le bâtiment op è re un retour aux sources pour f ê ter ses 5 0 ans

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La Comédie de Reims, lieu emblématique de la vie culturelle rémoise, célèbre cette année ses 50 ans. Si elle est aujourd'hui un lieu bien vivant de travail et de spectacle, elle offre aussi un double témoignage, celui d'un moment charnière dans l'évolution des politiques culturelles françaises et celui d'un mouvement architectural de première importance, le brutalisme.



architecture : la comédie

Comme chacune des Maisons de la Culture édifiées en France dès 1961, celle de Reims – devenue plus tard La Comédie, centre dramatique national de Reims – s’inscrivait dans la politique de démocratisation et de décentralisation de la culture initiée par André Malraux. Ces structures multidisciplinaires, en constituant un réseau sur tout le territoire, devaient permettre au plus large public, et non plus seulement aux parisiens, l ’accès aux « œuvres capitales de l’humanité ». Espaces de confrontation avec les arts, les Maisons de la Culture étaient aussi envisagées comme des lieux de rencontre et d ’échange – un esprit d ’ouverture que souhaite perpétuer la nouvelle directrice de la Comédie, Chloé Dabert, en faisant de cet établissement une « maison pour les artistes et les publics ». Pour la construction de la Maison de la Culture de Reims, l’État et la ville avaient alors fait appel à l’architecte Jean Le Couteur, qui prit le parti d ’édifier un bâtiment à l ’âme brutaliste. Apparu dans les années 50, après-guerre, le brutalisme répondait à volonté architecturale de modernité et de vérité. Cela s’est traduit par la suppression de l’ornement et l’utilisation de matériaux bruts. « Il n’y a plus de langage qui rappelle les architectures antérieures, explique Giovanni Pace, architecte et président de la Maison de l’Architecture de Champagne-Ardenne. Ce courant a été magnifié par l’usage du béton armé, un matériau assez magique puisqu’il permet d’exprimer une architecture quasi sculpturale grâce à la technique du coffrage. C’est selon cette technique qu’a été construite la Maison de la Culture de Reims. On voit d’ailleurs les empreintes laissées dans le béton par les planches qui, placées les unes à coté des autres, formaient le moule ». L’identité de l’édifice de la Comédie de Reims ne repose cependant pas seulement sur le béton, elle tient aussi à la brique qui recouvre les façades, « un autre matériau brut, dans le sens où il n’est ni enduit, ni recouvert par de la pierre. Les brutalistes privilégiaient le béton, la brique, et l’acier Corten – un acier qui rouille – car ce sont des matériaux qui gardent les traces des dégoulinures et du temps qui passe. Les brutalistes voulaient faire en sorte que le bâtiment vive et montrer la matière telle qu’elle était, avec ses qualités et ses défauts. On ne cachait rien et l’on revenait à l’essentiel. On ne peut plus rien enlever dans le brutalisme. » Bien que la Maison de la Culture de Reims ait été bâtie dans la plus pure tradition brutaliste, Jean Le Couteur, son architecte, ne s ’est pourtant jamais revendiqué d ’aucune tendance. Son œuvre, extrêmement diverse, est davantage marquée par le rejet de toute idée préconçue et par l ’empirisme dont il fait preuve pour chaque projet, que par l’utilisation de certains matériaux ou techniques constructives. Pour la Maison de la Culture de Reims, il conçut un bâtiment aux volumes généreux, imbriqués et polyvalents, articulés autour d’un foyer central. « La Comédie rappelle les formes courbes d’Alvar Aalto, souligne Giovanni Pace. Alvar Aalto était un architecte finlandais qui s’est beaucoup inspiré de la nature. Elle est conçue de façon organique, c’est-à-dire par petits bouts, comme si l’on mettait des organes les uns à coté des autres pour que le bâtiment prenne vie. C’est une architecture qui donne l’impression que l’air passe. Ce n’est pas un bloc, ça vit. » Un sentiment de vie accentué par le jeu de lumière qui baigne l’intérieur du bâtiment : « Jean Le Couteur a traité les façades avec des trames en béton de grande hauteur, sortes de ventelles verticales, qui permettent d ’amener une lumière filtrée. Cela donne un bâtiment fait d’ombres et de lumière. Le foyer est déjà un théâtre en soi. » La Maison de la Culture de Reims répond à un désir de pureté, d’honnêteté de la structure et de la matière, à la fois propre au brutalisme mais aussi caractéristique de l’ensemble de l ’œuvre de Jean Le Couteur. Disparu peu après les années 70, le brutalisme reste aujourd’hui un courant architectural très important – reflet de son temps – ainsi qu'une grande source d ’inspiration pour les architectes de notre époque sensibles à l’esthétique minimaliste.

lacomediedereims.fr

TEXTE ambre allart    photographies benoît pelletier



design : julie richoz

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Julie Richoz

design

designer nomade

L’art de la laque à Taïwan, le tressage de la palme au Mexique, le tissage de la laine au Maroc ou encore le soufflage du verre à Marseille : c’est dans l’artisanat traditionnel issu de multiples cultures que Julie Richoz puise son inspiration de designer d’objets. Des savoir-faire ancestraux, loin de la performance technologique ostentatoire, qui lui permet de créer des objets délicats et poétiques dont la modernité s’ancre dans l’histoire du beau geste et de l’environnement domestique. Une naissance en Suisse près de Lausanne, une enfance passée en France à Evian puis à La Rochelle ; d’aussi loin qu ’elle se souvienne Julie Richoz a toujours eu le goût des arts appliqués. « J’aurais été aussi heureuse à faire du graphisme, de l’architecture ou même de la mode, explique-t-elle. Si j’ai choisi finalement le design d’objets c’est pour la variété des possibles. Il y a une palette très étendue dans ce domaine, entre le travail sur le volume, les matières, les assemblages de surfaces, les couleurs…. Et c’est un métier qui nécessite d’être en relation avec d’autres personnes, des industriels ou des artisans notamment. » En 2012, fraîchement diplômée de l’école cantonale d’art de Lausanne (Ecal), elle décroche le Grand Prix du festival Design Parade à la Villa Noailles pour son projet de fin d’études : des corbeilles en métal souple dont la conception mêlent déjà technique industrielle avec la découpe chimique et artisanat avec une mise en forme manuelle. S ’en suit une collaboration avec le designer Pierre Charpin avant la création de son propre studio où la jeune femme nourrit son éclectisme et étoffe son champ des possibles. « Mes projets débutent par des recherches autour des dessins et des maquettes en papier, et quelques fois avec la modélisation 3D également », explique-t-elle. À force de réflexion et de croquis arrive l’instant précieux où la jeune designer sait qu’elle est sur la bonne voie et qu’il faut passer à l’étape plus concrète de la production. « Ce qui fait la cohésion d’un objet est le rapport entre son dessin et sa conception. Il faut comprendre la façon dont il est fabriqué pour que tout s’entrelace de manière fluide. Je suis contente de ne pas être spécialiste de telle où telle matière, cela me permet de proposer des approches différentes et singulières. » Ainsi, quand en 2013, peu après son diplôme, elle initie une résidence avec le Centre international de recherche sur le verre et les arts plastiques (Cirva) à Marseille, elle conçoit la série des « vases-oreilles » dont une partie était en verre soufflé l’autre partie en fusion : « un petit challenge pour les souffleurs de verre qui ont dû chercher la bonne solution pour réaliser l’objet », s ’amuse-t-elle. Quelques années après, Julie Richoz recevra le prestigieux Swiss Design Award notamment pour ses vases qui ont intégré la collection du Museum für Gestaltung à Zurich.

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TEXTE jules février

photographies julie richoz


La noblesse de l’objet

Luminaires, tapis, vases, mobiliers, bijoux, Julie se joue des formes et des matières pour créer des objets fluides et presque familiers comme construits pour apaiser le quotidien. « Le plaisir qu ’offre un objet tient dans le détail d’une courbe, d’un émail sur une céramique qui induit une profondeur particulière, un jeu avec la lumière… Il y a le plaisir propre à la plasticité d’un objet », souligne-t-elle. En 2017, c ’est au Mexique qu’elle s’installe pour une résidence de plusieurs mois à la Casa Wabi, une maison d’artistes fondée par le plasticien Bosco Soli. « Un endroit très méditatif et inspirant, connecté avec les communautés d’artisans locaux » dont des tresseurs de feuilles de palme avec qui Julie réalise des paravents. « En occident la création d ’objet est souvent liée à la prouesse technique ou technologique, j’ai découvert au Mexique ces fabrications qui sont très liées à la vie quotidienne avec une façon simple de produire des objets dans une économie locale. Simple et économique mais qui impose au fond beaucoup de sens et d’esthétisme » Nouvelle étape à cette inspiration nomade, c‘est au Maroc auprès de tisseurs de tapis berbères que la jeune femme travaille en ce moment à ses prochaines créations. « Ce qui m’intéresse le plus dans l’objet est qu’il soit une sorte de médiateur, qu’il crée du lien. Ces voyages auprès d’artisans m ’ont appris qu ’on pouvait faire de choses très belles dans la simplicité. Et c ’est la noblesse de l’objet que de s’insérer simplement dans l’environnement domestique. »

w w w. j u l i e r i c h o z . c o m

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design : julie richoz


B Face B

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La cassette audio pourrait bien renaître de ses cendres grâce à une PME française, Mulann Industries, installée dans les Côtes-d’Armor. Elle ne connaît qu’un concurrent aux États-Unis et produit 5 000 cassettes audio vierges chaque mois, sous la marque Recording the masters. Un marché de niche, pourtant Björk vient de rééditer toute sa discographie sur bandes magnétiques. On rembobine ?

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recordingthemasters.com

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Donner, c’est donner

Une cave, un bar et des gens bien… Mais pas que !

Première application mobile de don et de récup’ d’objets entre particuliers, GEEV est une solution simple et gratuite pour faire de la place dans vos placards et donner une seconde vie à vos vêtements, vos meubles ou encore vos DVD. L’appli comptait déjà 80 000 annonces six mois après son lancement en 2017. Un concept solidaire et écoresponsable qui touche une communauté de 250 000 membres. À vot’bon cœur !

À partir de mi-juin, Aux 3 P’tits Bouchons vous (ra)conte une nouvelle histoire dans sa maison du Boulingrin. Grâce à l’arrivée de Valentin (et pas du grand méchant loup), ancien de l’Assiette Champenoise, vous pourrez désormais vous restaurer du jeudi au samedi midi avec un menu unique et le dimanche midi autour d’un brunch. Du bio, du végétarien, du carnivore et toujours du bon vin.

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Le retour de l’Americana

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Les jolies poupées de Chacha

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La cosmétique au chanvre

business Par

peggy leoty

Une gamme d’huiles et de crèmes pour le visage et pour le corps au cannabis, c ’est ce que développe une start-up troyenne sous la marque Chanvria, pionnière sur ce marché. Cultivé et transformé dans l’Aube, sans pesticide, ni engrais, ni herbicide, ce chanvre naturel et bio a de nombreuses vertus cosmétiques ; hydratante, cicatrisante, anti-inflammatoire.

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Le crowdfunding version agricole

MiiMOSA est une plateforme de

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Inspirée par sa mamie, Charlotte coud, tricote et brode. À partir de vos photos de famille, elle réalise des poupées personnalisées et uniques pour votre faire-part de naissance ou de mariage, faites à la main dans son atelier rémois. Elle vous brosse le portrait de famille, pas en chair et en os, mais en laine et en fil.

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financement participatif dédié à l’agriculture. De la brasserie artisanale, à la production laitière ou à l’exploitation maraîchère, il y en a pour tous les goûts si vous avez envie de soutenir l’agriculture et, plus largement, l’agroalimentaire, sous forme de prêt rémunéré ou de don avec contrepartie. En cinq ans, MiiMOSA a aidé 1800 projets et collecté 10 millions d’euros.

chanvria.com

Buon appetito !

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Bienvenue dans le plus grand marché italien, ouvert sept jours sur sept : Eataly. Pour sa première installation en France, la franchise détenue par le Groupe Galeries Lafayette investit un espace parisien de 2 500 m2 au cœur du Marais. Une cave à vin, sept points de restauration et huit marchés avec plus de 1 500 produits sélectionnés chez des artisans, des éleveurs et des producteurs responsables.

www.miimosa.com

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lesproductionschacha.com

www.eataly.net

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© dr

actu

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© thibaut voisin

Après le come-back de la Stan Smith et de la Superstar, la marque aux trois bandes réédite sa basket emblématique Americana. Créé en 1974 pour équiper les joueurs de basketball, ce modèle mythique des années 80 a ensuite été récupéré par la street culture. Un design légèrement revisité par la firme allemande, sans toucher à la signature bleu, blanc, rouge, hommage au drapeau américain.

© dr

© dr

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business : durabilité, le nouveau luxe

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business

DURABILITÉ LE NOUVEAU LUXE Loin d’être un simple phénomène de mode, l’écologie et l’humanisme s’emparent de la création. Un mouvement de fond porté par une société qui ne veut plus seulement du Beau mais du Bien, et qui exprime à travers sa consommation, qui elle est. Les confectionneurs du luxe doivent revoir leur notion de la beauté, car pour nombre d’individus, elle se conçoit désormais au sens large, comme un synonyme de nos valeurs les plus élevées.


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ondée en 2009 par Barbara Coignet, l’agence 1.618 (référence au nombre d’or, symbole d’harmonie) identifie les entreprises du luxe les plus engagées et leur apporte de la visibilité à travers du conseil en image, un marketplace et des événements grand public tels que les biennales 1.618 qui donnent un aperçu de l ’offre la plus pointue en matière de luxe durable. Présentée lors de la dernière édition, on retrouve parmi les marques mises en lumière, la maison de joaillerie JEM (« Jewellery Ethically Minded »). Construite dès ses débuts, en 2008, autour de l’engagement éthique de son fondateur Erwan Le Louër, JEM est devenue la première marque française à avoir certifié son or Fairmined, un label garantissant une extraction minière artisanale et responsable ainsi que le respect d’une charte stricte par tous les acteurs de la filière (affineurs, fondeurs, joailliers). Reprise en 2014 par Dorothée Contour, la marque sertit désormais ses collections avec des diamants de laboratoire. Ces gemmes ont l ’avantage d’avoir les mêmes caractéristiques physiques et chimiques que les diamants miniers, sans en avoir les conséquences sur l’environnement et la main d’œuvre. Réalisées en France dans un atelier joaillier travaillant pour les grands noms de la Place Vendôme, les créations JEM arborent des lignes géométriques et minimalistes comme en témoigne la collection Voids dessinée par l’architecte India Mahdavi. Un design intemporel allant de pair avec la notion d’objet durable et une démarche jusqu’au-boutiste pour « transmettre au-delà d’un bijou, un élan qui fasse bouger les lignes ». Face à l’émergence d’un nouveau profil de consommateurs du luxe, sensible à l’écologie ainsi qu’aux enjeux sociaux et sociétaux, le secteur n ’a d’autre choix que de se réinventer. Les « Social Wearers » – c’est le nom que le Boston Consulting Group leur a attribué lors d’une récente étude – ont vu leur part de marché doubler en l’espace de 5 ans (2013-2017) et se classent parmi les « top consumers » qui tirent le marché. Pour cette clientèle, les notions historiques de rareté, de savoir-faire et de privilège ne suffisent plus à être garantes du « vrai luxe » ; elles doivent désormais être associées à celles de préservation des ressources, d’éthique et d’innovation. Un dernier point essentiel pour trouver des alternatives pérennes aux matières premières dont l’exploitation s’avère polluante, toxique pour l’Homme ou négligente concernant le bien-être animal. Les groupes Kering et LVMH ont ainsi fait de la recherche de nouvelles sources d ’approvisionnement, un point clé de leurs stratégies de développement durable. Cela s’illustre chez LVMH par La Maison des startups, un incubateur au sein duquel figurent des entreprises qui élaborent des matériaux à fort potentiel, à l’image du bois augmenté translucide de la startup Woodoo, dont l’usage pourrait s’appliquer à l’architecture comme au design. Kering, quant à lui, leader mondial sur les sujets du développement durable dans le secteur du luxe*, met à disposition de toutes ses maisons, le Material Innovation Lab, une matériauthèque réunissant plus de 3000 échantillons textiles issus des biotechnologies ou de fibres recyclées. Le groupe, dirigé par François-Henri Pinault, met un point d’honneur à partager en open source ses propres outils et solutions afin d’encourager l’ensemble des industries du luxe et de la mode à s’engager vers des modèles de production plus vertueux.

* Selon le classement « Global 100 » 2019 de Corporate Knights, élaboré à partir d’une liste d’environ 7 500 entreprises dont le chiffre d’affaires dépasse 1 milliard de dollars.

JEM, Collection Voids

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business : durabilité, le nouveau luxe

Contre toute attente, l’innovation joue aussi un rôle déterminant dans la valorisation des matières premières et savoir-faire traditionnels. Ainsi, le label Organica Precious Fiber, instauré par le groupe français de fibres haut de gamme Chargeurs Luxury Materials, peut assurer la traçabilité de sa laine mérinos grâce à la technologie blockchain, une base de données publique ou privée infalsifiable, qui contient l’historique de tous les échanges effectués entre les différents acteurs de la chaîne de production. Comme le précisait Déborah Berger, directrice générale adjointe en charge du développement chez Chargeurs Luxury Materials lors d’une interview pour FashionNetwork, « de nombreuses marques achètent des produits finis ou semi-finis et n’ont pas de visibilité sur la provenance de la matière initiale. L’idée derrière le label Organica Precious Fiber est donc de redonner à ces marques le contrôle sur les différentes étapes de production tout en s’engageant en faveur des travailleurs, de Label Organica Precious Fiber © Chargeurs Luxury Materials l’animal et de l’environnement. »

Biennale 1.618 © Thomas Smith

JEM, collection Octogone

La mode connaît actuellement de grandes mutations – ce qui fait par ailleurs l’objet d’une forte médiatisation. Pourtant, affirme Barbara Coignet, « il s’agit là de l’un des secteurs les plus en retard sur les sujets du développement durable. A contrario, d’autres filières comme la cosmétique, enregistrent des avancées exceptionnelles depuis de très nombreuses années. » L’agence 1.618, qui tient donc aussi à mettre à l’honneur les initiatives responsables des autres secteurs du lifestyle, fait ainsi cohabiter sur ses salons des marques telles que Jaguar (et son I-Pace 100% électrique), Cha Ling (gamme cosmétique « née d’un rêve écologique ») ou encore Ôzento (solutions d’habitat, intelligentes et immersives). Le « Slow Luxury » nécessite une nouvelle approche de création, où il faut prendre en compte la valeur immatérielle du produit, le sens qu’on y introduit tout au long de la chaîne. Une philosophie chaque jour un peu plus adoptée par des entreprises naissantes qui portent dans leurs gênes l’esprit du 21e siècle. C’est le cas de Maison Crivelli, inaugurée en octobre dernier. Après 10 années passées au service des divisions de parfums de grands noms de l’industrie du luxe, c ’est une envie latente d ’entreprendre et une approche davantage artistique du parfum qui a finalement conduit Thibaud Crivelli à créer sa propre marque. Associant depuis toujours les senteurs à des textures, des saveurs, des lumières ou des sons, le fondateur a fait appel à 5 nez différents pour traduire ses visions esthétiques en compositions olfactives. En résulte des fragrances où se côtoient à titre d’exemple, la rose Centifolia et les embruns salés, l’absinthe et les aurores boréales. Le « Slow Perfume » de Maison Crivelli s’illustre aussi en termes plus concrets. Formulés sans phtalates ni colorants de synthèse, les jus sont concentrés dans des flacons fabriqués puis montés à la main en France. Une attention particulière est portée aux matériaux d’emballage afin de réduire leur impact carbone et aucun test n’est effectué sur les animaux. Par ailleurs, la marque privilégie, dans la mesure du possible, des matières premières issues de cultures responsables et apporte dans cette perspective, son soutien à l’association Cœur de Forêt pour favoriser le développement de filières durables de patchouli en Indonésie. Cette démarche progressive de responsabilisation a pour dessein d ’offrir au client des parfums exemplaires, susceptibles de le reconnecter à la nature comme à son propre imaginaire.

Maison Crivelli

i n s ta g r a m . c o m / 1 . 6 1 8 pa r i s - 1 6 1 8 - pa r i s . c o m

Retrouvez sur l’e-shop les plus belles marques de l’art de vivre, créatives et engagées.

i n s t a g r a m . c o m /j e m _ j e w e l l e r y - j e m - p a r i s . c o m

Boutique au 10 rue d’Alger, Paris 1er

organica-preciousfiber.com a m e d e e pa r i s . c o m

Résilience, c’est peut-être le mot qu’il faut associer à ce mouvement global qui consiste à appréhender les problématiques de notre époque comme autant de sources d’innovation et de créativité. Laisser le temps aux choses de se mettre en place ; c’est parfois tout un modèle d ’activité qu’il faut revoir et les paramètres à modifier sont souvent sous-estimés par le grand public. Mais la machine est lancée, un nouveau luxe émerge et reflète dans la matière la vision qu’a l’Homme de la beauté.

TEXTE ambre allart

Amédée 1851, écharpes d’exception en laine mérinos extra-fine du label Organica

maisoncrivelli.com

Parfums disponibles sur l’e-shop et au Bon Marché Rive Gauche, Paris 7ème


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business

Selency

Le vintage Ă la cote

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Depuis cinq ans, Selency digitalise la brocante et propose à la vente des meubles et accessoires chinés. Une success story pour cette startup parisienne qui vient de prendre ses quartiers au BHV Marais. Une histoire d’articles de seconde main pour un projet mené à quatre mains, celles de Charlotte Cadé et Maxime Brousse.

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Se lever à 7h du mat’ un dimanche, monter dans sa voiture, faire 15 km pour arriver à la brocante. Marcher, avoir froid, rêver d’un café. Faire (ou pas) des trouvailles. Patienter une semaine pour la brocante suivante. Ça, c’était avant. Aujourd’hui, on peut chiner du mobilier et des objets déco d ’occasion, confortablement installé dans son canapé. C ’est l’idée de Charlotte Cadé et Maxime Brousse, cofondateurs de Selency, une plateforme en ligne qui permet de brocanter directement auprès de marchands professionnels, d’antiquaires et de brocanteurs. Une nouvelle ère de l’achat déco online : la fast decoration. Bordelaise d'origine, Charlotte Cadé est passionnée de déco et de brocantes et surfe régulièrement sur des sites à la recherche de pièces uniques pour se meubler. À cette époque chef de projet dans une agence de design, elle imagine un site qui sélectionnerait pour elle les meilleures annonces, un équivalent de Vestiaire Collective qui ne s'adresserait pas à des particuliers mais à des vendeurs professionnels qui ont besoin de transformer leur métier. Sur ce marché concurrentiel (eBay, LeBonCoin, Marketplace Facebook), en l’espace de cinq années, Selency a fait sa place. La société compte aujourd’hui 30 collaborateurs dont dix commerciaux, cinq geeks et une directrice des contenus, précédemment chez My Little Paris. Selency touche une cible jeune, habituée aux achats en ligne et qui veut accéder à un éventail plus large. Pour les séduire, elle édite une newsletter aux photos soignées et au ton décalé. Elle s ’adresse à la nouvelle génération en proposant des idées à travers des inspirations et des visuels. Entre la newsletter et les réseaux sociaux, Selency parvient à toucher une communauté de 500 000 personnes. Et grâce à ses 2 500 vendeurs professionnels partenaires, la plateforme propose un catalogue de plus de 100 000 pièces uniques allant de 10 € à 20 000 €, enrichi chaque jour de 500 nouveautés. Depuis quelques mois, les particuliers ont eux aussi la possibilité de vendre un meuble ou un objet dont ils veulent se séparer. En moyenne, le panier d’achat se situe entre 250 et 300 € et, pour se rémunérer, Selency prélève sur chaque transaction une commission de 15% avec les pros et 25% auprès des particuliers. Fin 2018, la startup a bouclé un tour de table de 15 millions d’euros auprès d’un fonds sudafricain spécialisé dans l’e-commerce, portant les levées de fonds à 18 millions d’euros au total, depuis la première en 2015. Initialement baptisée BrocanteLab, l’entreprise qui a grandi décide, en 2016, de changer de nom pour montrer son ambition à l’international, en commençant par le Royaume-Uni, pour élargir les produits proposés sur la plateforme avec des antiquaires et galeristes et pour signifier, par ce nom, qu’elle présente une vraie sélection déco. Prochainement, un système d’algorithmes permettra au site de proposer directement le bon produit à la bonne personne. Des investissements technologiques pour faciliter la vente en deux clics mais aussi pour faire en sorte que chacune des pièces trouve le bon acheteur. Si toutefois vous avez envie de sortir de chez vous pour chiner et apporter une touche personnelle à votre intérieur, Selency s'est installée depuis mars dernier dans le célèbre grand magasin BHV Marais. Dans cette boutique de 100 m², vous pourrez dénicher de la déco vintage ou du mobilier rétro dans une scénographie qui évoluera en permanence. Avec la sortie de son abécédaire du design « Y’a pas d’âge pour le vintage », Selency enfonce le clou. 256 pages contenant une centaine de sujets ; du style scandinave, aux designers de renom en passant par des objets stars comme le rocking-chair et des conseils pour mixer les styles. Car Selency ne se positionne pas comme un simple revendeur de mobilier mais comme une marque, une référence de la déco vintage.

en dates / chiffres : Création 2014 Siège social Paris Financement 500 000 € (mars 2015) 2,5 millions € (août 2016) 15 millions € (novembre 2018) Staff 30 personnes 2 500 vendeurs 100 000 pièces uniques 500 nouveautés par jour Commission Selency 15% avec les professionnels 25% avec les particuliers

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TEXTE peggy léoty

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business : selency


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design

Le Microfolio d'

Amandine Giloux Une nouvelle approche de la photo « food » avec la directrice artistique Amandine Giloux qui nous propose des images « cinématographiques » et « storytellées » de produits qui deviennent les acteurs d’un scénario écrit sur mesure. Cette graphiste, à la palette plutôt large, a eu l’idée de cette série en observant la fascinante sophistication qu ’apporte le genre humain à une fonction physiologique de base : manger. Elle a eu envie d’en faire des images très ludiques qui trouvent leur place à côté de l’imagerie traditionnelle de plats ou de produits. Ce faisant elle renouvelle le genre et ouvre des portes en direction de clients « food » qui lui donneront sans doute l’occasion de développer cette vision très originale. Un pas de côté healthy à base de produits frais dans sa vie de graphiste. B.P. w w w. l a s av e u r d u n e i m a g e . c o m w w w. a g i l . s t u d i o


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