Lâexposition mĂȘle portraits de stars â Mick Jagger emmitouflĂ©, en 1964 ; Jerry Hall et Helmut Newton Ă Cannes, en 1983 â et clichĂ©s dâanonymes (en bas, habitant des Naga Hills, en Inde, 2012).
LA RENCONTRE
David Bailey, photographe.
Celui qui fut la star du magazine âVogueâ dans les annĂ©es 1960 expose Ă Londres 300 portraits, dont plusieurs inĂ©dits. Câest un gamin dyslexique de lâEast End, Ă Londres, devenu une icĂŽne de la photographie grĂące au visage des autres. RepĂ©rĂ© par le Vogue amĂ©ricain dĂšs ses 25 ans, en 1963, David Bailey devient lâune des grandes figures du magazine, auquel il offre quelques sensationnelles couvertures, avant de vivre mille autres aventures. Les Stones, les Beatles, les Who, le Swinging London et sa femme dâun temps, Catherine Deneuve, ou plus tard Grace Jones et Lady Di⊠Toute la planĂšte people est passĂ©e devant son objectif, et se retrouve aujourdâhui dans lâexposition, parrainĂ©e par la marque Hugo Boss, que lui consacre la National Portrait Gallery de Londres. Entretien avec un photographe⊠de caractĂšre. vous dites parfois quâil faut plus dâimaGination pour ĂȘtre photoGraphe que pour ĂȘtre peintre. paradoxal, non ?
David Bailey x4
Ce que jâai dit, câest que la photographie exige autant dâintelligence que la peinture. Au dĂ©part, tu nâas que la rĂ©alitĂ©, et il faut lui accorder beaucoup, beaucoup de temps pour quâelle devienne extraordinaire. Il nây a pas de secret. Tout ce quâil faut faire, câest regarder, encore et encore. JusquâĂ ce que
âUn aPParEiL Photo Est biEn PLUs qUâUnE machinE Ă EnrEgistrEr LE mondE.â
quelque chose surgisse. A 17 ans, alors que jâĂ©tais dyslexique, considĂ©rĂ© comme un idiot, jâai compris quâun appareil photo Ă©tait bien plus quâune machine Ă enregistrer le monde. pour lâexposition Ă la national portrait Gallery , Comment avez-vous fait le tri de Cinquante ans de CarriĂšre ?
Il ne sâagit pas vraiment dâune rĂ©trospective de mon travail. Il nây a que des portraits, trois cents au total, â dont ma sĂ©rie de nus, « Democracy », et mon dernier travail, inĂ©dit, effectuĂ© dans les Naga Hills, en Inde. Mais rien dâautre. lâexposition mĂȘle Ă la fois vos imaGes les plus CĂ©lĂšbres â portraits de miCk JaGGer, JaCk niCholson, patti smith⊠â et des photoGraphies dâanonymes de lâeast end. y a-t-il un pan de votre travail auquel vous ĂȘtes plus attaChĂ© ?
Rien nâest plus important que rien. Je ne vois pas pourquoi on serait surpris de mes photos prises dans lâEast End : jây suis nĂ©. Quant Ă la photo de mode dont vous me rebattez les oreilles, je nâen fais plus depuis les annĂ©es 1980, et cette exposition nâest surtout, surtout pas une exposition de photos de mode. vous menez, en parallĂšle, une pratique de plastiCienâŠ
Oui, jâai toujours peint, et nâai jamais arrĂȘtĂ©, câest de lĂ que je viens. En ce moment, dans lâatelier, je rĂ©alise aussi des sculptures, des bronzes, figuratifs. vous avez travaillĂ© e sur la famine en afrique en 1985, avez Ă©tĂ© en afGhanistan. vous vous sentez parfois Journaliste?
Jamais, jamais, jamais, je nâai Ă©tĂ© journaliste. Sâil fallait choisir, jâopterais plutĂŽt pour le terme dâartiste.
Propos recueillis par Emmanuelle Lequeux
« Baileyâs, Stardust », du 6 fĂ©vrier au 1er juin. National Portrait Gallery, St Martinâs Place, Londres. TĂ©l.: 0-20-73-06-00-55. www.npg.org.uk
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