AUTEURS
Bruno Fern (1960) : Poète. Il co-dirige avec Typhaine Garnier la revue TXT depuis 2019. Il a notamment publié reverbs - phrases simples (Nous, 2014), Suites (roman fleuve) (Louise Bottu, 2018), Dans les roues (Louise Bottu, 2020).
Typhaine Garnier (1989) : Poètesse. Elle co-dirige la revue TXT avec Bruno Fern depuis 2019. Elle a déjà publié deux livres aux éditions Lurlure, Massacres (2019) et Configures (2021).
Christian Prigent (1945) : Il a dirigé la revue TXT de 1969 à 1993 et publié une cinquantaine d’ouvrages (poèmes, romans, essais), principalement chez P.O.L. Derniers ouvrages parus : Chino aime le sport (P.O.L, 2017), Point d’appui (P.O.L, 2019), Chino au jardin (P.O.L, 2021).
« Voilà notre classique et parfois laborieuse version [latine] régénérée par la fantaisie de ces trois auteurs, qui sont aussi poètes. La traduction des expressions, et non leur “craduction“, est fournie en fin de volume, pour qui voudrait mesurer l’écart entre les deux exercices. Cet écart témoigne des potentialités de l’oreille, qui entend le cradingue là où, dans le latin, il se cache. Si la ministre a un peu d’humour, elle reviendra sur sa réfome, c’est sûr… »
Christophe Kantcheff, Politis
« Tandis que la réforme du collège menace l’enseignement des langues anciennes, voici de quoi aider les latinistes à retrouver le sourire.
Julie Clarini, Le Monde des livres
« Pages rosses refait de la langue. Faire et refaire c’est toujours inventer, surtout ce qui saute aux yeux. L’écrivain n’a peut-être, au bout du stylo, d’autre occupation. Lorsqu’ils s’y mettent à trois, le temps s’éclaircit, les verbes s’affranchissent, et les mots se laissent aller à de nouvelles aventures curieuses et coquines [...] »
Philippe Chauché, La cause littéraire
> LES
> REVUE DE PRESSE DE PAGES ROSSES (Impressions nouvelles, 2015)
Bruno Fern Typhaine Garnier Christian Prigent
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Oï ippoï trekousin
Tous les hippopotames sont cousins
Fuck the police
Le phoque a une belle carnation
Federico García Lorca
L’orque fait des ricochets gracieux
Torta caprese
La tortue est capricieuse
Anch’io son’ pittore
Les anchois sont des pitres
Tópos ídios
Les taupes sont bêtes
Amant alterna camenae
Les chamelles sont volages
Cacoethes scribendi
Le cri du cacatoès est bandant
Sit tibi terra levis
Le tibia du lièvre pue la terre
Traductions :
Oï ippoï trekousin : les chevaux courent (Gr)
Fuck the police : nique la police (Ang)
Federico García Lorca : [poète espagnol, 1898-1936] (Esp)
Torta caprese : [gâteau de Capri] (It)
Anch’io son’ pittore : moi aussi je suis peintre (It)
Tópos ídios : espace privé (Gr)
Amant alterna camenae : les Muses aiment les chants de deux voix qui s’alternent (Lat)
Cacoethes scribendi : soumis à un urgent besoin d’écrire (Lat)
Sit tibi terra levis : que la terre te soit légère (Lat)
EXTRAIT 1
AU ZOO (partie Nos amies les bêtes )
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PROJETS DE CARRIÈRE (partie Au boulot !)
Pro tempore Météorologue
Golden boy Fan de Guillaume Tell
Desinit in piscem Designer d’urinoirs
Canto general Cantonnier tous terrains
Ad hoc Officier de marine
Self employed Dame de cantine
Jus publicum EDF
Prima donna Miss Univers
Faraona alle castagne Pharaon brutal
Traductions :
Pro tempore : pour la saison (Lat)
Golden boy : garçon en or, champion (Ang)
Desinit in piscem : finit en queue de poisson (Lat)
Canto general : Chant général [poème de Pablo Neruda] (Esp)
Ad hoc : fait pour ça (Lat)
Self employed : travailleur indépendant (Ang)
Jus publicum : droit public (Lat)
Prima donna : chanteuse principale d’opéra (It)
Faraona alle castagne : pintade aux châtaignes (It)
EXTRAIT 2
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JEUX (partie Le coin du sexologue)
Mare nostrum Entre nous, on s’marre
Gli eroici furori
Ici Eros les fait rire
Adagio Jouons à dada
Redeo ex urbe Rodéo champêtre
Beati misericordes Serre mieux les cordes, Betty !
Gioielleria attaccata stasera Geôlière attachée très serré
Supply chain Supplice de la chaîne
Confessio est regina probatio Régine est fessée pour un baiser
Fajitas y tortillas
Qui on fouette se tortille
Traductions :
Mare nostrum : notre mer (Lat)
Gli eroici furori : les fureurs héroïques (Lat)
Adagio : lentement (It)
Redeo ex urbe : je reviens de la ville (Lat)
Beati misericordes : heureux les miséricordieux (Lat)
Gioielleria attaccata stasera : bijouterie attaquée ce soir (It)
Supply chain : chaîne d’approvisionnement (Ang)
Confessio est regina probatio : la confession est la reine des preuves (Lat)
Fajitas y tortillas : [crêpe fourrée à la viande] (Esp)
EXTRAIT 3
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Parution octobre 2022
isbn : 978-2-911917-83-7
140 x 200 mm
50 pages
12 €
L’auteur
un livre de Guy Girard
Poésie contemPoraine
Les poèmes du peintre et poète surréaliste Guy Girard sont au jour nal ou au récit de voyage ce qu’un oreiller est à une paire de sandales lorsque celles-ci ne sont pas ailées. Poèmes écrits pendant ou au retour de séjours plus ou moins longs en quelques pays d’Asie, d’Amérique du Nord ou d’Europe, ils se veulent des moments d’évidence lyrique, où se conjuguent, à l’observation d’une réalité tremblant sur ses lisières, les injonctions d’un imaginaire étirant ses latitudes et longitudes vers la ligne d’un horizon semblable à ce pont traversé en Corée, qui est une « marelle de glace / sous laquelle les truites ont le cœur en feu ». ■
mots-cLés
Atlanta – Cherbourg – Chine – Corée du Sud – États-Unis
– Fleurs rouges – Golem – Grèce – Lisbonne – Longzhou – Montréal – Québec – Voyage – Zakinthos.
originaLité du Livre
Guy Girard a publié plusieurs recueils de poèmes, dont : L’Oreiller du souffleur (Éditions Surréalistes, 2008), Maillot d’hécatombes pour Jeanne d’Arcula (Sonambula, Montréal, 2013), Les Coulisses du plomb (Le Grand Tamanoir, 2015), À L’Ouest de l’enclume (À L’Index, 2018), Ciel de paille (Sonambula, Montréal, 2020), Les Sans-Culottides (Le Grand Tamanoir, 2020), Les Roses de l’alphabet (Litan, 2021) ; un recueil d’essais : L’Ombre et la demande, projections surréalistes (Atelier de création libertaire, 2005), ainsi qu’Insoumission poétique, tracts, affiches et déclarations du groupe de Paris du mouvement surréaliste, 1970-2010 (Le Temps des cerises, 2011).
En tant que traducteur, il a participé à l’édition d’Un couteau entre les dents d’Antonio António José Forte (éd. Ab Irato, édition bilingue, Paris, 2007), de Marée de fièvre de Carmen Bruna (Sonambula, Montréal, 2015), de Un sans un de Fernando Palenzuela (idem, 2016) et de Elutriation de Jean-Paul Martino (idem, 2019).
contexte du Livre chez ab irato
Je préfère l’ailleurs aux haillons de la distance est le treizième titre de la collection d’approche poétique « Abiratures ». Parmi les derniers titres de la collection :
• Jindřich Štyrský, Poésie (édition bilingue franco-tchèque) ;
• Jacques Abeille, Anne-Marie et Jean-Pierre Guillon, Carnet d’excursion ;
• Alain Joubert, L’Autre côté des nuages.
Guy Girard – Peintre et poète, né en 1959 à Flamanville dans la Manche, Guy Girard fait des études aux Beaux-Arts de Caen. En 1977, il découvre le surréalisme et participe à compter de 1990 aux activités du Groupe de Paris du mouvement surréaliste. Passionné et engagé, il a publié une quinzaine de plaquettes et livres de poésie.
Je préfère l’ailleurs aux haillons de la distance
Le seL noir de MontréaL
à Enrique Lechuga
Je suis à Montréal, à la belle saison, sur une haute colline surplom bant la ville, marchant parmi un fouillis de petites rues très pentues, bordées de maisonnettes construites en pierre, peut-être en meu lière. Cela me fait penser à la fois à certaines banlieues parisiennes, comme
Arcueil, et à Séoul. Puis je regarde la ville en contrebas, notamment un grand parc très boisé, puis le fleuve Saint-Laurent avant de fixer mon attention sur une sorte de temple de forme
ovoïde que soutiennent des colonnes blanches. Il s’y donne alentour une fête apparemment très animée. Je décide de m’y rendre.
Rêve du 27 février 2014*
De l’air bleu si bleu qu’il colore les cheveux des jeunes femmes de sa lumière d’aube du temps du rêve
Ce matin-là le soleil était un kangourou évadé d’une bonbonnière Quelle surprise soudain de ne plus entendre le chien des enfers
Nous étions libres de construire des cabanes des palaces des errances parmi les images le long du fleuve ou sur les pentes de la montagne intérieure non loin du verbe dans lequel le vieil androgyne prépare sa mue badigeonné de noir de momie tel un escalier entre deux étoiles
– 1 –
Cela aurait pu faire crac boum blang comme une sauterelle consacrant de la confiture d’icebergs dans un tabernacle nidifié par l’oiseau-tonnerre qui cet après-midi-là vaquait à ses monstrueuses affaires
Cela n’a été que quelques jetons de plus distribués aux réparateurs de l’attente déduction faite d’une larme de rire dans le potage neuronal Devant tel fleuve je ne reprendrai pas les querelles de la source avec son estuaire D’autres s’y sont avec le sable livrés et les pincèrent alors les panthères du hasard non pas ça mais plutôt car quand même tout est visible j’interrogerai les inlassables les imprévisibles les miroitants et gigantesques camions aux mufles d’épingles d’argent trouant le lait bleu de l’air de Montréal
Camions-iguanes camions-libellules camions-dragons qui traversez la ville en tous sens comme une métaphore de ferraille
Les lignes d’une main tendue pour saluer les prestiges de l’amitié que transportez-vous dans vos remorques de comparable à la jouvence de la philosophie dans son boudoir ou aux fractales sérénités du génie des lieux
Les fenêtres vinrent à nous pierres transparentes qu’il ne faudra cesser de semer au coin des rues et des hantises Sœurs des camions-poulpes rayonnants dans l’azur les bicyclettes sont fleuries quelques regards portent leurs fruits jusque dans l’alcôve où les guitaristes lèvent leur verre à la santé des tatouages portant leurs masques au voisinage de l’ivoire Poursuivrons-nous ici la dialectique des gobelins Comme eux nous sommes chasseurs d’ombres sidérées Rue Sainte-Catherine l’ambassade du granit explose en tambours lents tandis que dans le quartier chinois passe le camion superlatif qu’on dirait tel un gigantesque crayon d’oxygène venu signer un pacte avec l’inédite coutume qu’imaginèrent les cactus polaires plantant depuis quelle semblance de l’âge d’or leur tente aux yeux de castor sur l’échiquier des retrouvailles Oui cette fête d’ombres blanches cette fête fermentant dans les plis d’un arc-en-ciel souterrain L’envers du monde est facile à saisir pour qui ne doute plus du chemin reliant le puits des géométries à l’œil mercuriel de ce bel oiseau noir aux ailes soulevées d’une flamme rouge qui à l’entrée du parc La Fontaine guide l’improvisé bateleur vers l’obscure solution d’un miroir marmonnant parmi le feuillage Revienne donc un autre camion vert pour la balance somptuaire Il ira et bien d’autres ensuite vers le port
Extrait
où tout recommence avec les fées à bord de leurs pirogues les saumons les serments que la nuit prend à cœur et c’est le cœur ouvert du monde qui certes n’est pas une plaie mais une franche ouverture vers les landes bleues où s’étreignent les dix-mille danseurs du bien et du mal Et parmi ceux-ci je désire celle qui rue du Mont-Royal défroissait sous l’averse sa courte robe d’azur nocturne Je tremble à nouveau sur la passerelle des lueurs N’y a-t-il rien de plus merveilleux de plus définitif que parmi les cycles de l’éternel départ ces ellipses qui font tanguer le jeu de vivre comme le guet des roses trémières
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Reprenons tout à l’envers de cette genèse le ciel tressé d’étoiles tel le pubis d’une princesse chamanique Et sous mon pas le ciel noir des fleurs de Montréal Il ne faut donc pas que s’éteigne la lumière dans le couloir central où se croisent la licorne du désir et le scarabée de la volonté Il ne faut pas qu’avant la saison des noisettes un tintinnabulant cortège puisse dresser l’inventaire de nos espoirs de nos livres de magie crue ou cuite Il ne faut pas que les enfants ignorent le secret du bleu Il ne faut pas non plus que les camions tombent en panne d’essence Non surtout pas lorsqu’ils passent dans le rêve du chat qui dort dans la petite rue où s’affrontent les géants de l’Atlantide Mais j’aimerais que cesse cette fichue pluie tandis que je descends la rue Saint-Hubert et que je suis seul à regarder ces robes de mariée de toutes couleurs
Il y en a des milliers pour des femmes qui ne vivront que dans un siècle après avoir été violées par l’éternité
Des centaines de mannequins aux lèvres scellées me font des signes d’intelligence Je comprends maintenant leur ferveur de varech qui réclame un baiser pour les animer
leur permettre de descendre les derniers degrés de cette tour de Babel que semble Montréal sous cette pluie comme une hiérogamie inachevée parmi ces simulacres de la réalité L’Eve future devra encore attendre sous les minces rivages d’une autre pornographie guère moins explicite que les hiéroglyphes que trace l’érosion des fantasmes sur les murs de béton de la station de métro Jean Talon N’est-ce donc pas l’éternité qui montre ici-même son talon d’Achille À la mère des mariées
Je venais de passer sous cette enseigne à la recherche sans doute d’Isis parmi ces reines de cire ou de plastique lugubre sorcellerie mais quêter sous le regard de la belle chtonienne autochtone peinte à fresque sur le mur de l’immeuble abritant la librairie anarchiste L’Insoumise l’indice renouvelé parmi la foraine frénésie des couleurs Depuis toujours sont truqués ces jeux comme la face cachée de la lune que les gens d’ici savent couverte de baisers Alors je ne médirai pas de cette belle astrologue qui derrière son comptoir de banque le jour reçoit les doléances des trappeurs emmitouflés dans leurs habits d’insectes mais qui la nuit sur le toit de son immeuble lance vers la lune la chaîne de larmes que tisse son chant de lotus Pensant à elle à la virginité des incendies je revenais de Sainte-Hélène
La piscine était une chambre d’échos pour des hommes-grenouilles pris dans les glaces Qu’en sera-t-il demain que ferais-je pour changer les règles du jeu
La marelle est retournée en jachère l’entrée du métro suspendue à la mâchoire d’un ange et sur le pont les camions-toujours brillent comme les traces des escargots sur les seins de la lumière
Montréal, 2014
* Je précise qu’avant le 3 juin 2014, je n’étais jamais allé à Montréal.
NicolasMILLET reprendre,haleine
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NicolasMilletestpoète,traducteur(EmilyDickinson,Hopkins,…)etdepuispeuéditeur(ed. Atmen).
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reprendre haleine —
le poète le dit, certains mots « exigent appellent ou illuminent de proche en proche, (…) leur apparition, l’obsession de leur présence (…) germes
Reprendre H 13 AOÛT.indd 9 16/08/2022 16:42
TextedeBrunoYvonnet,1989
LaFrances'appelaitautrefoislaGaule.LesGauloisvivaientgroupésentribusetpeupladesquise querellaientsouvent.Alors,poursauversescompagnonsquiallaientmourirdefaim,Vercingétorixse renditàCésar.
Aprèssamort,onracontasurluideschosesextraordinaires:onl'appelaitl'empereuràlabarbe fleurie.Ondisaitqued'unseulcoupdesonépée,iltranchaitendeuxunsoldattoutarméavecson cheval.Unmoine,Pierrel'Ermiteallaitdevillagesenvillagesrépéterlamêmechose.Lesgens criaient:«partons,Dieuleveut!».Plusdelamoitiépérirent.
Auboutdetroisans,lessurvivants,commandésparGodefroydeBouillon,arrivèrentàJérusalem,et laprirentd'assaut.Àlabataille,iln'avaitpeurderien.Maisiln'aimaitpaslaguerre.
Ilétaitaussitrèsjuste.Etilrendaitsouventlajusticelui-mêmesousunchêneduboisdeVincennes. Danscettecohue,lesflèchesennemiespleuvaientcommeneigeetleurscoutiliersachevaientles cavalierstombésàterre.Jusqu'àlanuit,lecarnagecontinua.
Malgrésesparents,ellevoulutpartir.EnfinleseigneurdeVaucouleursluidonnasixhommes d'escorte,lesgensdupaysluiachetèrentuncheval.
Alorscommençasonsupplice,quiduraunan.
L'évêquePierreCauchon,amidesAnglais,essayaitdelafairepasserpourunemauvaisechrétienne ouunesorcière.Enfin,l'odieuxtribunaldéclaraqu'elleseraitbrûléevive.Ilfitenfermerdansdes cagesdeferceuxquiluirésistaient.Auxpoètesquifaisaientdejolisvers,ildonnadespensions.Luimêmecomposaitdeschansonsetdespoèmes.Celafinitparuneguerredereligion.
Unhommebonetraisonnable,leministreduroi,MicheldeL'Hôpital,leurdisait:«c'esttrèsmalde tuerquelqu'unparcequ'ilnepensepascommevous.»
En1610,lesFrançaisapprirentqu'onl'avaitassassiné.
Ilspleurèrentbeaucoup.«Ah!disaient-ils,nousavonsperduunpère».Alors,lesdéputésduTiersEtat,avecquelquesdéputésduClergé,s'enallèrentdansuneautresalle,oùonjouaitquelquefoisàla paume.Ensouvenirdecettevictoiredupeuple,le14juilletestdevenufêtenationale.Lelendemain soir,lemaireréunitlesinvitésdelaveille.Audessert,ilseleva;et,desabellevoixdeténor, accompagnéauclavecinparsanièce,ilentonna:«AllonsenfantsdelaPatrie».
Bientôtlechantfutconnudanslemidi.Etaucouplet«Liberté,Libertéchérie...»ilstombaientà genouxetfondaientenlarmes.L'annéesuivante,cefutletourdesPrussiensàIéna;puisceluides RussesàEylauetàFriedland.Lessoldatsétaientémerveillés.
MaislesRussesbrûlèrentlavilleetilfallutl'évacuer.Alorscommençauneterribleretraite.Celadura troisjournées(lestroisglorieuses):27,28et29juillet1830.Lessoldatsvivaientdanslaboueetla vermine,ayantfaim,ayantfroid,décimésparlesballes,lesobus,lesmines,lesgazasphyxiants.En 1917,cependantlesFrançaissedécourageaient.
Le11novembre1918,lesclochesdetouteslesvillesetdetouslesvillagesfrançaisannonçaient l'armistice.Lemondeentierétaitdélivréd'unhorriblecauchemar.
TABLEAUNOIR