Poésie :: octobre 2022 :: Serendip & Paon

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ÉRIC PESTY ÉDITEUR

Martin Högström

Prison-palais

« une architecture de langage qui ellemême parle d’architecture »

Dans Prison-palais, Martin Högström élabore une architecture de langage qui elle-même parle d’architecture, de prison à double fond ou qui se retourne, s’inverse, sans que ce renversement soit pour autant une échappée, plutôt une complexification du problème – où tout est double, ambigu, appariant les contraires. À la fois : dedans et dehors ; murs et passages ; pièces vides et pleines de lumière, de silence ou de bruits ; couloirs déserts mais traversés de gestes, de mouvements, de récits.

Le ton est calme, mais sombre ; il s’agit d’une investigation, dont le temps de vie est à la fois le risque et l’enjeu. Il s’agit de comprendre où et quand les choses vont pouvoir pivoter, s’articuler, glisser enfin autrement ; où et quand certaines parois montées sur rail pourront bouger, quel est leur mécanisme. Et ce grâce à des phrases qui finissent par se confondre avec ces bords, ces limites, ces lignes – qui les expérimente en les formulant. Bords et angles de murs, de cloisons ; tension et boucle de chaînes, rubans de Möbius, entraves, liens.

Auteur

Martin Högström est un poète, traducteur, éditeur, graphiste et typographe suédois né en 1969. Sa poésie a été traduite en allemand, anglais, français, norvégien, galicien, polonais et russe. Il a traduit, entre autres, Jean-Marie Gleize, Claude Royet-Journoud, Dennis Cooper et Danielle Collobert. Il codirige la maison d’édition de poésie CHATEAUX depuis 2012. Il a été membre du conseil éditorial de la revue OEI entre 2005 et 2014 et éditeur de la collection « Folkfronternas estetik » pour les années 2020–2021.

Du même auteur aux éditions du cipM : Discours transposés, traduction de Julien Lapeyre de Cabanes, 2017.

Traduit du suédois par David Lespiau et l’auteur

Parution : septembre 2022

Prix : 16 €

Pages : 120 Format : 14x22

EAN : 9782917786772

Collection : brochée Rayon : poésie contemporaine

CONTACT PRESSE ET LIBRAIRE

Éric Pesty : contact@ericpestyediteur.com

ÉRIC PESTY ÉDITEUR

J. H. Prynne

La Terre de Saint-Martin

Feuille-feuille et la sœur parle, nous saisissons toutes les chansons.

Ce poème des années 70 s’ouvre sur la citation d’un texte latin médiéval (traduit par J. H. Prynne) rapportant la légende des enfants verts de Woolpit, dont voici un résumé : Deux enfants, frère et sœur, sont apparus un matin dans un champ proche du village de Woolpit, leur corps était tout vert et ils étaient vêtus de couleur et de matière inhabituelles. Ils erraient avec stupeur parmi les villageois, parlant une langue étrange, capables de ne rien manger d’autre que des fèves crues. Ils vécurent de cette nourriture pendant quelques mois jusqu'à ce qu'ils s'habituent au pain. Puis leur couleur changea à mesure qu’ils reprirent une alimentation normale, et ils devinrent semblables aux habitants de Woolpit dont ils apprirent aussi à parler le langage. Ils expliquèrent alors qu'ils venaient de la Terre de Saint-Martin ; qu'un jour, tandis qu'ils s'occupaient des troupeaux dans les champs, ils ont été submergés par un bruit violent et précipité (d'autres versions de l'histoire parlent d'un doux son de cloche et d'un voyage à travers des cavernes souterraines).

Composé de huit strophes de huit vers titrées, qui, outre l’exergue, ne font référence qu’allusivement à la légende, le livre est imprimé en typographie avec une encre verte.

Auteur

J. H. Prynne est un poète anglais né en 1936. Bien qu’on lui connaisse une publication antérieure, il fait débuter sa bibliographie par Kitchen Poems (Cape Goliard Press, 1968).

Tous ses livres suivants ont été publiés sous la forme de plaquettes (chapbooks) chez de petits éditeurs – en marge donc du champ éditorial et académique anglais. L’intégralité de ses livres est aujourd’hui réunie en un seul volume de près de 700 pages qui en est à sa troisième édition : Poems chez Bloodaxe (2015).

La Terre de Saint-Martin est le quatrième livre de J. H. Prynne publié chez Éric Pesty Éditeur. Il succède à Perles qui furent (trad. Pierre Alferi), Poèmes de cuisine (trad. Bernard Dubourg), Au pollen (trad. Abigail Lang).

Traduit de l’anglais par Martin Richet

Parution : septembre 2022 Prix : 9 €

Pages : 16 Format : 12,7x12,7 EAN : 9782917786789

Collection : hors collection / série Prynne Rayon : poésie contemporaine

CONTACT PRESSE ET LIBRAIRE Éric Pesty : contact@ericpestyediteur.com

L'unetl'autre

Format:11,5x24,5cm 36pages

Couverturerempliée–broché 100g prixpublic:15€

Disponibleseptembre2022

ISBN:979-10-95625-20-9

«Publiés»àl'origineartisanalementparleurauteuràquelquesexemplaires [Samizdat],cescourtspoèmesévoquantlaformeduhaïkupourraientêtreune méditationsurl'automneetceluidelavie.NicolasBokov,connuenFrance depuislapublicationanonymede Nikto auxLettresnouvellesen1973,recherché parleK.G.B.poursesécritsouvertementcritiquesàl'égarddurégimesoviétique, s'estréfugiéenFranceàpartirde1975oùunedizainedeseslivressontpubliés auxéditionsNoirsurBlanc.

NICOLASBOKOV
éditionbilingue–inédit–TraductionChristianMouze

Niko Todassio (Nicolas Bokov)

1

Sur mon chemin tombe le fruit d’un prunellier. J’ai souri sans le vouloir. Le vent déjà s’éloigne.

2

Au crépuscule je me rappelle les enfants. Sans doute ont ils peur de marcher dans la nuit ; Comme moi jadis, il y a bien longtemps, bien longtemps. Et volontiers, Je les eusse rassurés.

3

Le voyage à Kyoto de nouveau se dessine. D’ailleurs, les nuages au ciel valent un parterre de pensée.

4

Le melon aux rayures Invite à réflexion C’est un fruit tigre. Un blason de grossesse.

5

Feuillage rassis. Ciel froid. Le cœur se serre Et des yeux, le goutte à goutte.

6

Oh, Oiseau solitaire de la forêt d’automne. J’ai envie aussi

e siècle.Cette

trèsgrandpoèteencorepeuconnu.

NIKOLAÏOLEÏNIKOV Poèmes Éditionbilingue–inédit–traduction:AnnedePouvourville Format:18x17cm 48pages–couverturerempliée-broché 100g Chaqueexemplaire estenrichi(couverture)d'unepeintureoriginale de ZAVENPARÉ prixpublic:25€ Disponibleseptembre2022 ISBN:979-10-95625-19-3 LespoèmesdeNikolaïOleïnikov(1898–1937)prochedumouvementObériou (Harms,Vvedenski,Zabolotski…),nefurentquasimentpaspubliésdesonvivant. Oleïnikovfutredécouvert(enU.R.S.S.etàl'étranger)àlafinduXX
éditionimpriméesen3couleurstentederestituerunpeudelafoliejoyeusedece

pour cesser d'exister

Inspirée par La Grammaire méthodique du français, ce texte est composé de 19 chapitres évoquant des principes grammaticaux (l’accord dans le groupe nominal, l’absence de déterminant, formes actives et passives, etc.) et suivant les réflexions d'une jeune femme désirant s'absenter de sa propre vie. L'écriture y est fortement poétique tout en suivant une trame narrative à la fois fixe et flottante : ses réflexions au coeur de la ville, l’étrange couple formé avec son compagnon/colocataire et tous les anciens colocataires fréquentés (sa famille, ses anciens camarades de classes…), ses habitudes de vie réalisées dans un élan à la fois mécanique et très analytique.

L'autrice Amélie Durand le présente ainsi : " J'ai écrit ce texte pour parler de la force que peuvent acquérir les discours qu'on se tient à soi-même et, en creux, du pouvoir magique de la littérature – apparition, disparition.

" Il pleut. Il ne pleut plus. Ça y est, j'écris. " Samuel Beckett

J'ai voulu créer des situations burlesques, dans lesquelles mon personnage échoue, à répétition, à atteindre le but qu'elle s'est fixé (qu'y a-t-il de plus drôle que l'échec ?) J'ai aussi voulu y parler de la condition féminine qui consiste, dans bien des situations, à s'excuser, à laisser la place, à s'effacer le plus possible."

L'autrice: Née en 1988, Amélie Durand se consacre à l'écriture individuelle mais également en collectif. Elle participe à de nombreux ateliers et revues littéraires.

à paraître en septembre 2022 115 x 205 mm, 72 pages, 7€ Thèmes: récit, poésie, féminisme ISBN : 978-2-492352-08-9

Éditions le Sabot C ollection du zbeul Grammaire
contact.lesabot@gmail.com le-sabot.fr 11 rue Gabriel Péri 59370 Mons-en-Baroeul +33 676249059

Grammaire pour cesser d'exister

L'ACCORD DANS LE GROUPE NOMINAL

Bien souvent, il serait avantageux de n’être pas là. Le soir, par exemple, je rentre chez moi et j’at tache mon manteau à une patère. Ce sont des mo ments comme ça. Ou alors, le soir, je rentre chez moi et j’entends quelqu’un dire : « Ça ne m’éton nerait pas mais alors pas du tout » ; et il faut que je réponde. Parfois, aussi, je mets mes vêtements à laver au Lavomatic.

Parfois, je rentre chez moi, je me tourne tout doucement vers le mur et j’y plaque les deux mains. Après, je glisse imperceptiblement vers le sol et depuis la cuisine mon colocataire me dit : « Encore faudrait-il qu’ils sachent ce qu’ils veulent, ces gens là. ». Il me demande aussi si j’ai mal aux genoux. Je n’ai pas mal aux genoux, ça va. Je n’ai jamais eu de problèmes d’articulations.

UN MODÈLE CANONIQUE : LA PHRASE DE BASE

Une fois mon colocataire endormi, je devrais pouvoir à loisir faire un point sur les avancées de la journée. Malheureusement, je suis exténuée et recouverte de sueur et je m'endors sans avoir pu y songer. L'effort immesurable que je dois faire chaque jour pour ne pas détromper les gens de leur croyance que je suis, continûment, là où je suis, m'exténue et me met en nage. Je voudrais inven ter le moyen d'en faire l'économie mais pour cela il faudrait être moins fatiguée, et c'est précisément ce qu'il y a de terrible avec cette dépense : je la fais, et elle est énorme, mais sans vraiment y penser, sim plement parce que, quand on me parle, je réponds.

Et à peine j'ai parlé qu'il me faut déjà parler en core, parce qu'il semble que quand ils m'entendent leur parler les colocataires en déduisent toujours que c'est moi qui leur parle, et qu'une très grande

Mon colocataire est coopératif, d’une certaine façon. Il ne comprend pas vraiment ce que je fais mais il ne cherche pas non plus à m’en empêcher. Parfois, on est tout nus chez nous, dans notre chambre, et il met sa main sur mon cou, par exemple. C’est même gentil de sa part. Notre lit est presque collé à une grande fenêtre qui donne sur un mur. Ce sont des moments comme ça.

Souvent j’entends des gens raconter leur rencontre c’est une histoire facile à retenir toujours la même dans ce bar chez des amis à cette soirée pendant ce bla bla bla bla bla il était là elle faisait ça et alors et j’ai dit et on a ah oh ah c’est fou oh ah oh dis donc ah oh ah ceci cela

tous ces gens qui ne connaissent pas Lola.

Une seule fois, il a eu l’air de comprendre que je suis, depuis des années, en pleine investigation. Il avait mis ses mains sur moi alors j’ai regardé à travers sa tête et je suis allée me plaquer contre la fenêtre. C’est là qu’il a dit : « Qu’est ce que tu fabriques, encore ? ». Ce qui m’a semblé le plus inquiétant, c’est qu’il ait dit « encore ». Finement, j’ai décidé de rester collée à la vitre jusqu’à ce qu’il éteigne la lumière et qu’il s’endorme. On n’a plus jamais reparlé de fenêtre. C’est comme ça, avec les hommes, me disait ma mère. Elle disait aussi autre chose mais j’ai oublié quoi.

partie de leur considération pour moi provient de cette conviction qu'ils ont. J'ai à coeur de me con server leur amitié et leur respect, c'est pourquoi je souhaite ne pas les désabuser.

Cela m'embêterait beaucoup, beaucoup, d'être prise un jour, par l'un d'eux, en défaut : mon co locataire serait, depuis une heure, en grande con versation avec moi dans la cuisine, et il se rendrait compte qu'il y a cinquante minutes que je suis sortie me promener. Bien sûr qu'il ne me le par donnerait pas. C'est pourquoi je suis, en attendant d'avoir trouvé le moyen imperceptible de m'absent er de ma propre conversation, forcée de rester là, une fois un mot planté : de rester là, pas trop loin, une fois le mot dit, comme si c'était pour toujours moi même qui l'avais dit et que je devais y rester attachée une époque, toute une vie au minimum, comme à un enfant, pour le toucher et le torcher, parce que je l'aurais voulu et qu'après tout il serait à moi.

Cette obligation vis à vis de ma propre parole m'engage à flotter dans des lieux où je n'ai rien à faire et auxquels je n'appartiens pas. Chaque mot que j'ai dit ayant été dit par moi, je reste amarrée partout où j'ai parlé comme si j'y étais encore et j'ai déjà trente ans, et je n'ai pas encore réussi à inven ter autre chose mais une fois, quand j'avais huit ans, j'ai lu un album de Tintin.

Éditions le Sabot Collection du zbeul contact.lesabot@gmail.com le-sabot.fr 11 rue Gabriel Péri 59370 Mons-en-Baroeul +33 676249059

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