L'été au large l Or Norme #57

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JUIN 2025

Actualités

Des robes qui hurlent l’indicible

Rencontre

Au Crocodile avec Louise-Anne Ruhlmann

Dossier

Le financement des startups

L’ÉTÉ AU LARGE

L’été au large

Par Patrick Adler, directeur de la publication et de la rédaction

«Ce que j’aimais par-dessus tout, c’était l’heure du départ. Ce moment où la terre ferme devient étrangère, où l’on tourne le dos au monde, et où le navire s’ébroue comme un animal impatient.

Le Rivage des Syrtes Julien Gracq, écrivain (1910-2007)

À l’heure où le monde bascule chaque jour un peu plus dans le tragique, la haine et la bêtise, est-ce une incongruité d’évoquer l’émotion simple d’un départ pour ailleurs, profitant du doux appel d’un « invincible été » ?

Peut-être... mais peut-être pas. Nous sommes tous victimes du diktat de l’actualité, devenue mondiale et instantanée, qui nous est imposée jour et nuit par les réseaux sociaux et les chaînes d’information continue.

Sommés d’avoir un avis, une position tranchée – il faut être d’un camp ou d’un autre –sur à peu près tous les sujets. Nous avons aussi le sentiment d’être constamment manipulés, car sans répit possible, beaucoup d’entre nous ne parviennent même plus à simplement réfléchir, seuls, en silence : à réapprendre à penser par soi-même.

Le vacarme ininterrompu engendré par cette omniprésence médiatique nous détourne même parfois de ceux qui nous entourent, nous entraînant insensiblement vers un vrai isolement alors que nous avons justement la sensation de n’avoir jamais été autant connectés aux autres, mais avec quelle superficialité !

Alors, savoir prendre le large, accepter le repos du cerveau et du cœur, de l’âme et de l’esprit, pour se reconnecter, à soi, mais aussi à ses proches (amour, ami ou famille), à la nature, et aux joies simples de soirées d’été paisibles où les échanges pourront se faire sans jugement et dans l’écoute attentive de chacun... voilà une des perspectives que pourrait nous offrir ce moment du départ « où l’on tourne le dos au monde ».

Et puis, reviendra le temps de l’action, celle que nous aurons décidée d’apporter au monde, afin qu’il soit plus juste, plus beau.

C’est toujours dans le repos et le silence que se préparent les grands projets et les grandes décisions, celles qui sauront se détacher du bruit incessant de notre monde, pour n’écouter plus que l’essentiel.

Que ce repos estival nous apporte à tous, le temps, l’énergie et la sagesse pour qu’à notre retour, nous puissions agir, avec courage et sans naïveté, afin de contribuer à la réparation d’un monde, que nous sommes, semblerait-il, les seuls à pouvoir construire ou détruire, selon que l’Humanité fasse appel à son génie universel ou à son insondable bêtise. ←

Les événements à ne pas manquer 8

Sommaire

René Lalique ou l’art total Il fut un maître verrier passionné d’architecture et de décoration 22

Vieillir ensemble, c’est tout ! Premier habitat participatif locatif pour seniors en France 26

Des robes qui hurlent l’indicible

L’exposition Thinking of You s’installe à Strasbourg 16

L’été de l’ours ↓

Une exposition de la photographe animalière

Sabine Trensz 20

Rencontres À l’église avec ↘ Alfonso Nsangu 30

Au CRBS avec Jacky Goetz 32

Au Crocodile avec Louise-Anne Ruhlmann 34

Au Karmen Camina avec Maurice de Similiqueer 38

À Strasbourg avec Céline Schnell 40

À la Manufacture des tabacs avec Ange Mercuri 44

Au bureau avec Mathieu Schweyer 46

Dossier

Le financement des startups 58

Décryptage

Money money money ! 72

Business

Comment ça va chez... Boehli 74 ☛

Dossier

La restauration à Strasbourg, que de bouleversements ! 78

Daniel Baal 50

L’inventaire

Terrasses cachées 92

Portfolio ↓

Darek Szuster 94

Un pays dans ma ville

Le Japon 104

Sommaire

Chroniques

Sous les bombes, écrire les poèmes à venir

Chronique d’Ukraine 108

Le jour où... les paysans alsaciens se sont révoltés

Chronique Histoire 110

Pierre Moerlen

Jusqu’à la fin des temps

Chronique Musique 114

Or Norme n°56 – Mars 2025 est une publication éditée par Ornormedias

1 rue du Temple Neuf – 67000 Strasbourg. Dépôt légal : à parution – N°ISSN : 2272-9461 contact@ornorme.fr – www.ornorme.fr

Suivez-nous sur les réseaux sociaux. Facebook, Instagram, X & Linkedin

Couverture Photographie par Francesca Gariti

Instagram : @des–racines–et–des–reves

Directeur de la publication et de la rédaction Patrick Adler (patrick@adler.fr)

Directrice Projet Lisa Haller (l.h.)

Publicité Régis Pietronave (publicité@ornorme.fr)

Lettre versane 2

Chronique d’Ailleurs 116

Une gorgée de velours ↓

Chronique Vins 118

Du sacré ?

Chronique Parti-Pris 120

Sélections par la rédaction de Or Norme 124

☛ Or Champ par Cédric Sueur 130

Rédaction (redaction@ornorme.fr)

Francis Blanrue (f.b.) – Salomé Dollinger (s.d.)

Hélène Edel (h.e.) – Jean-Luc Fournier (j-l.f.)

Guylaine Gavroy (g.g.) – Thierry Jobard (t.J.)

Véronique Leblanc (v.l.) – Alain Leroy (A.l.)

Olivier Métral (o.m.) – Jessica Ouellet (J.o.)

Barbara Romero (b.r.) – Maria Pototskaya (m.p.)

Sébastien Ruffet (s.r.)

Photographie Tobias Canales – Alban Hefti – Johanna Leguerre

Abdesslam Mirdass – Simon Pagès – Laetitia Piccarreta

Caroline Paulus – Sabrina Schwartz – Christophe Urbain

Direction artistique et mise en page

Cercle Studio (cerclestudio.com)

Impression Imprimé en CE

DÉCOUVREZ

NOS NOUVEAUX

ESPACES D’HOSPITALITÉ

Pour des rencontres à la fois sportives et professionnelles

Des espaces repensés pour vos besoins

• Espaces collectifs et loges privatives, ambiance élégante et conviviale

• Expérience unique alliant business et passion du football

• Offre culinaire raffinée et boissons

• Moments exclusifs : animations, jeux-concours, rencontres avec les joueurs et légendes, cadeaux, et bien plus encore !

UN CADRE UNIQUE POUR DES MOMENTS D’EXCEPTION

8 nouveaux espaces d’hospitalité répartis sur 3 niveaux pour vous faire vibrer au-delà des 90 minutes

Découvrez les opportunités o ertes par la rénovation du stade de la Meinau… Rendez-vous sur notre site et prenez rendez-vous dès maintenant avec un commercial !

À VOIR

Cinéma en plein air

Chaque vendredi, du 4 juillet au 29 août, Strasbourg devient la plus belle des salles obscures... à ciel ouvert !

Les Films du Spectre et Speaker vous embarquent pour un été de projections gratuites dans les parcs de la ville, avec une programmation éclectique et joyeuse. Classiques cultes (Big Fish, Le Magnifique, L’Homme qui en savait trop), films familiaux (Le Chat Potté 2, Tous en scène 2), documentaires engagés (Vivant) ou pépites fraîchement sorties (Le Comte de Monte-Cristo) : il y en aura pour tous les goûts et toutes les générations. Une sélection pour rêver, s’émouvoir, s’évader et partager : vive l’été à Strasbourg ! l.h.

→ Programme : ete.strasbourg.eu

MIRO FESTIVAL

Du 27 au 29 juin, le Miro Festival s’installera pour la 4e année consécutive dans les jardins du restaurant Miro à Ostwald, aux portes de Strasbourg. Imaginé par le chef Robin Dorgler et porté par l’association Nice To Meat You, l’événement mêlera, une fois encore, haute cuisine et rythmes électrisants. De nombreux chefs, comme Louis-Philippe Vigilant (Relais Bernard Loiseau**), Guillaume Besson (Les funambules*), ou encore Thomas Lemercier (La Bibliothèque, Londres) animeront des masterclasses gourmandes. Côté musique, Barbara Boeing et Rumbo Tumba, entre autres, feront danser les festivaliers. Au menu : tartes flambées revisitées, ceviches parfumés, pokés gourmands et viandes grillées au churrasco... h.e.

→ Programme et billetterie : www.mirofestival.com

(c) Vincent Gil
FESTIVAL
(c) Nicolas Busser
CINÉMA

FESTIVAL

WOLFI JAZZ

Depuis quinze ans, Wolfi Jazz fait vibrer les cœurs et résonner les murs du Fort Kléber ! Du 25 au 29 juin, le festival célèbre son anniversaire en fanfare, aux côtés du Fort qui souffle, lui aussi, ses 150 bougies. Cinq jours de fête, de musique et d’émotions dans un cadre exceptionnel, entre patrimoine chargé d’histoire et scène ouverte à toutes les audaces.

→ Programme et billetterie : wolfijazz.com

Angélique Kidjo, Chucho Valdés, Thomas Dutronc, Cimafunk, Tigran Hamasyan... Une affiche étincelante, entre légendes du jazz et talents émergents, qui défileront sur deux scènes en plein air. De ses débuts intimistes à sa reconnaissance nationale, Wolfi Jazz est resté fidèle à son esprit : le partage, la curiosité musicale et la joie de vivre ensemble la musique. l.h.

Alsace Rocks !

La tournée des terroirs

Huit dates, huit villages, plus de cent vignerons et une star incontestée : le vin d’Alsace ! La Tournée des Terroirs revient pour une 3e édition qui promet de faire vibrer la Route des Vins d’Alsace jusqu’au 20 juillet, chaque dimanche dans un nouveau village. Organisé par le CIVA, ce rendez-vous festif et engagé séduit autant les curieux que les passionnés, invités à (re) découvrir toute la richesse et la diversité des terroirs alsaciens, aux côtés de ceux qui les cultivent avec passion : les vignerons eux-mêmes. Mittelbergheim, Dambachla-Ville ou bien encore Kaysersberg, choisissez votre étape ou partez en tournée ! Au programme : dégustations de vins à thème, accords mets-vins (avec un clin d’œil au Japon), street food, ateliers nature, DJ sets, animations pour petits et grands...

Verre à la main, les pieds dans les ceps, bercé par l’ambiance conviviale des vignes en fête... Nous, on s’y voit déjà. l.h.

→ Infos : www.latourneedesterroirs.fr

(c)
Yann
Orhan
VIN

Les Carnets Or Norme

Carnet de voyages

L’ÉTÉ

AU LARGE

Quand vient l’heure des vacances il est temps de prendre le large vers d’autres horizons. Loin du tumulte quotidien, chercher le calme, le silence et se ressourcer. Un besoin vital de couper, de respirer, de simplement exister, ailleurs.

Bel été à tous !

Carnet de voyages

Destinations

Pas besoin d’aller loin pour partir loin : cet été, l’aéroport de Strasbourg vous ouvre les portes du soleil. De la Méditerranée aux confins de l’Europe, de nombreuses destinations s’offrent à vous !

☛ France

→ AjAccio Volotea

→ mArseille Volotea

→ nice Volotea

☛ Grèce

→ Athènes

Volotea et Aegean Airlines

→ hérAklion (Crète)

Volotea du 7 juillet au 25 août 2025

☛ Espagne

→ pAlmA de mAjorque (bAléAres) Volotea

☛ Portugal

→ fAro Volotea

☛ Maroc

→ agadir Ryanair

☛ Turquie

→ istAnbul Nouvelle destination Transavia

☛ Croatie

→ split Volotea à partir du 18 juin

☛ Italie

→ olbiA, sArdAigne Volotea

→ pAlerme, sicile Volotea

☛ Tunisie

→ djerbA Nouvelair

Carnet de voyages

Blotti entre les vagues de l’Atlantique et les collines du Sud marocain, Taghazout s’impose comme une escale à ne pas manquer. Ce petit village de pêcheurs devenu repaire de surfeurs séduit par sa simplicité, son énergie tranquille et son charme brut. On y vit au rythme des vagues, entre sessions de yoga au lever du soleil, tajines partagés en terrasse et couchers de soleil sur la plage. Un spot parfait pour ralentir, respirer, et se laisser porter par la houle. l.h.

L’ÉTÉ AU LARGE

bruncher WINDY BAY

Smoothies, pancakes, œufs brouillés... le spot idéal pour un petit-déjeuner vitaminé après la vague du matin.

s’évAder PARADISE VALLEY

Nichée dans les contreforts de l’Atlas, cette oasis naturelle dévoile des piscines cristallines et des cascades cachées. Randonnée dans ses gorges, plongée en eau douce, et sieste à l’ombre des arganiers.

rider SKATEPARK

Le skatepark de Taghazout, en front de mer, attire les riders du coin et les voyageurs de passage.

dîner DAR JOSEPHINE

Une table chaleureuse et raffinée, entre tradition et modernité, pour savourer un tajine ou un poisson grillé dans une atmosphère feutrée.

s’émerveiller

MUSÉE DE L’ARGAN

Le musée de l’argan, pour découvrir l’or liquide du Maroc et les secrets de sa fabrication artisanale.

SURF & YOGA HOTEL

L’adresse parfaite pour poser sa planche, son tapis... et ses valises. Vue mer, piscine à débordement et coucher de soleil à couper le souffle.

BIBLIOTHÈQUES IDÉALES

Les Bibliothèques idéales donnent le coup d’envoi de leur édition de septembre en dévoilant les quatre premiers concerts à l’affiche. Les réservations sont ouvertes !

☛ Samedi 27 septembre BNU – 17h30 du vent dAns les pinceAux Lecture musicale dessinée avec Christian Heinrich & Co

☛ Mardi 30 septembre Saint-Guillaume – 19h le cœur est un feu Spectacle musical avec Claire Audhuy, Tristan Lescêne & Baptiste Cogitore

☛ Jeudi 2 octobre

Église Saint-Guillaume – 20h30 johnny hAllydAy, vivre pour le meilleur Spectacle musical avec Yarol Poupaud & Jean Fauque

☛ Samedi 4 octobre

Église Saint-Guillaume – 20h ninA simone, l’écorchée vive

Concert de Grégory Ott & Sélia Setodzo

→ Réservations : biblideales.fr/billetterie

Carnet littéraire
dormir
AMOUAGE

ALL STAR GAME

DE BONNES ONDES

La famille Mediarun s’agrandit ! Christophe Schalk, figure incontournable de la radio en Alsace et à la tête de Top Music depuis 10 ans, annonce l’arrivée d’Europe 2 et de RFM au sein de sa régie publicitaire. Une nouvelle étape qui renforce encore un peu plus le poids de Mediarun dans le paysage médiatique régional. l.h.

BÂTISSEUR D’AVENIR

Edouard Sauer figure parmi les « 40 leaders qui s’engagent en 2025 » selon l’Institut Choiseul. À la tête de KS Groupe, il défend une vision ambitieuse du bâtiment, durable, inclusive et ancrée dans les territoires. Avec son frère Jérôme, il a amorcé une démarche rare en France : une transmission inédite au Fonds de Dotation KS groupe pour ancrer la pérennité du groupe et renforcer son mécénat à impact. l.h.

UN ALL STAR GAME MADE IN ALSACE !

DÎNER SUR SCÈNE

14 JUIN 2025

SALLE DE LA ROTONDE - STRASBOURG

Save the date ! Fabien Arneodo et l’association Beyond The Bounce ont décidé de relancer l’All Star Game « Alsace » qui, il y a un peu plus de dix ans, mettait aux prises les meilleurs basketteurs bas-rhinois et leurs homologues haut-rhinois. Cette fois, plusieurs rencontres sont au programme du samedi 14 juin et de nombreuses catégories sont représentées. Le gymnase de la Rotonde accueillera dès 10h des matches opposant des joueuses et joueurs alsaciens, de la Départementale 4 féminine et 5 masculine à la Nationale 1 féminine et 2 masculine, sélectionnés par les entraîneurs de la région, élus par les passionnés, et dirigés par quelques-uns des meilleurs coachs locaux. Point d’orgue de la journée, un match de gala entre des joueurs pros du cru : Hugo Invernizzi (SIG, Élite), Ludovic Beyhurst (ASA, Pro B), Léo Westermann (Espagne), Nicolas Lang (Limoges, Éllite) ou encore Jacques Alingue (Blois, Pro B) sont annoncés. g.g.

→ All Star Game, 14 juin 2025, à partir de 10h, gymnase de la Rotonde. Instagram: @allstargamealsace

Carnet d’adresses

Cuisiner du lien

☛Une table dressée sur la scène, les projecteurs pour chandelles : les 3, 6 et 7 octobre, l’Opéra national du Rhin convie le public à une expérience hors du commun. Le temps d’un dîner orchestré par le chef étoilé Guillaume Besson, les artistes du Ballet, du Chœur et de l’Opéra Studio se mêlent aux convives pour une immersion poétique entre répertoire classique et créations de la saison 25/26. Organisé par l’association Fidelio, l’événement soutient la création artistique de l’OnR. l.h.

→ Infos et réservations : fidelio@onr.fr

Rue Kuhn, Les Petites Cantines mijotent bien plus que des repas : elles créent du lien ! Dans ce restaurant participatif à prix libre, on cuisine ensemble le matin avant de partager un déjeuner convivial. L’objectif ? Tisser des liens entre voisins et salariés du quartier (ou d’ailleurs) autour d’une alimentation durable. En plus des repas partagés, autour de petites et grandes tablées, ce lieu chaleureux propose des team building et privatisations, ainsi que des ateliers et soirées à thèmes : la programmation estivale est en ligne. s.d.

→ Les petites cantines. 5 rue Kuhn strasbourg.lespetitescantines.org

☛ Sur 132 communes, Strasbourg décroche la deuxième place du classement Une ville pour les animaux de l’association L214 Politique & Animaux. Grâce à la mise en avant des légumineuses dans son plan alimentaire territorial, un événement grand public autour de l’alimentation végétale et un bilan transparent des fourrières, Strasbourg affirme son engagement pour le bien-être animal. s.d.

→ politique-animaux.fr/strasbourg

(c) DR
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VILLE ANIMAL FRIENDLY
Carnet de notes
(c) DR
(c) DR Carnet

CAVES & RESTAURANT

1-8 RUE DU TEMPLE NEUF

20 RUE DES BOUCHERS

STRASBOURG

JUIN

SAMEDI 21 : FÊTE DE LA MUSIQUE

LE RENDEZ-VOUS VIBRANT ANNUEL

JUILLET

VENDREDI 04 : ROSÉS DE VIGNERONS

LE MEILLEUR DE NOS VIGNERONS ARTISANS

AOÛT

VENDREDI 29 : GIN TONIC DE RENTRÉE

SAUVETAGE DE FIN DE VACANCES

ON SE RÉGALE AUX ALENTOURS !

CURIEUX

Envie de partager une planchette de charcuterie corse ou de succomber à de sophistiqués plats maison (7-15€), tout en levant un canon ? Rendez-vous dans le premier bar à vins nature schilikois, le PointBar, imaginé par trois amis bien connus du milieu strasbourgeois : Maud, ancienne cheffe du Boma, Sébastien, le gérant de l’Ours mal léché et des Grincheux, et Laëlien, figure du Café des Sports. Sur la vaste terrasse à l’abri des regards ou dans son intérieur cosy, ce « bar à manger » propose une belle sélection de vins nature ou de bières craft jusqu’à 0h30 les mardis et mercredis et 1h30 du jeudi au samedi. b.r.

→ PointBar 8 place de la Liberté Schiltigheim Insta : @pointbar strasbourg

POUR LES VIANDARDS, MAIS PAS QUE !

→ Les Complices 18 rue principale, Schiltigheim Insta : @les complices strasbourg POUR LES ÉPICURIENS POUR LES

Obtenir 4,9/5 sur Google deux mois après son ouverture, voilà un bel exploit pour Le Pavot, premier restaurant hongrois à Strasbourg. Aux manettes, Agnès, qui a posé ses valises en Alsace il y a huit ans après avoir travaillé dans des tables select de Londres. Au menu, des petits plats traditionnels hongrois subtilement revisités par une touche française qui ont déjà conquis le cœur des habitants du quartier de Cronenbourg, mais pas que ! Saucisson hongrois, cochon mangalitza, pain frit langos : Agnès propose une cuisine généreuse, mais raffinée, bien plus légère que le traditionnel goulash. Compter une vingtaine d’euros pour les plats, où pavot et paprika sont rois ! b.r.

→ Le Pavot 113 route de Mittelhausbergen Strasbourg Insta : @lepavot strasbourg

Direction Les Complices, nouveau repaire d’amateurs de – très – bonnes viandes, sourcées et choyées (même à la cabosse, c’est dire), avant de rejoindre nos assiettes. Anabel, Manon, Benjamin et Norman, « complices dans la vie, au travail et avec les clients » ont su créer dans le vieux Schilik une adresse aussi conviviale qu’un salon entre amis, où le produit est roi. Leur signature ? Des viandes ou poissons fumés aux essences de hêtre, de charme et frêne, une recette personnelle. Mais amis veggies, sentez-vous plus que bienvenus : le végétal co-règne chez ces complices, qui ne vous serviront que des assiettes 100 % de saison, sublimées de leur savoir-faire forgé dans des cuisines gastronomiques... Le petit plus : ni frites, ni spaetzle : ici, on sort des sentiers battus. b.r.

Carnet de bal QUEER TOUTE L’ANNÉE

☛ Il est encore temps de fêter le Mois des Visibilités à Strasbourg ! Jusqu’au 14 juin, plusieurs événements engagés sont organisés pour célébrer les personnes LGBTQIA+ et leurs luttes.

→ 12 juin : spectacle de drag et quiz chez Jeannette et les Cycleux & soirée musicale Pride au Social Bar.

→ 13 juin : Le drag show Spectacular Drag Stage envahit Le Petit Tigre.

→ 14 juin : Marche des Visibilités, au départ de la place de l’Université. De midi à 13h30, l’émission Voix Queer sera diffusée en direct sur Radio RBS depuis le village associatif.

→ After-Pride : L’East Pride chez East Canteen Grand’Rue & grande soirée mousse organisée par Les Tantines au Wagon Souk.

Douceurs en liberté

S’il était un dessert, Théophile serait un Paris-Brest, mais avec une crème mousseline légère, soyeuse, et une belle longueur en bouche. Louise, elle, serait une tarte aux fruits, précise et racée : « Elle juge un pâtissier à ses tartes et à la perfection de sa pâte », confie son compagnon en souriant. Ces deux amoureux de l’excellence viennent d’ouvrir Avellina, leur cocon épicurien, déjà pris d’assaut par les gourmands en quête de douceurs dans l’air du temps : moins sucrées, plus aériennes, fondantes à souhait. Et pour les fondus de chocolat ? Ils ont trouvé leur nouveau QG. À peine une semaine avant Pâques, les vitrines avaient déjà été dévalisées ! b.r.

→ 62 Grand’Rue, Strasbourg — Avellina.fr

→ Et après ? Toute l’année, des soirées drag font vibrer des lieux comme The People, Les Tricheurs ou encore le Canapé Queer. Des expositions, des clubs de lecture et d’autres rendez-vous culturels sont portés par des associations engagées comme La Station ou Juin 89. Ces événements sont autant d’occasions de découvrir, de partager et de célébrer ensemble les cultures queer ! h.e.

(c) Lucas Hedel
Carnet gourmand
Carnet gourmand

Des robes qui hurlent l’indicible

Prise de vue de l’exposition

Thinking of You de l’artiste kosovare Alketa Xhafa Mripa à la Haye, aux Pays-Bas, en 2024.

Cela ressemble à une lessive. Des vêtements suspendus sur des fils tendus entre les arbres. Des robes, des jupes, des pantalons. Chaque pièce est le cri silencieux d’une survivante de violences sexuelles en temps de guerre. Un témoignage suspendu. Un acte de résistance.

Rédaction : Hélène Edel

À la fin du mois de juin, l’exposition Thinking of You de l’artiste kosovare Alketa Xhafa Mripa s’installe à Strasbourg. Au Conseil de l’Europe, du jeudi 19 juin au mardi 1er juillet, puis sur la Place Broglie, du vendredi 27 juin au vendredi 4 juillet. Dans la ville symbole des droits humains, elle vient briser le silence assourdissant qui entoure les violences sexuelles dans les conflits. De l’Ukraine au Soudan, du Myanmar au Sahel, les corps sont des champs de bataille. Des armes de guerre.

(c)

Dans l’ombre, des milliers de femmes, mais aussi des hommes, sont violés, mutilés, ostracisés. Au cœur du chaos, les violences sexuelles ne sont ni exceptionnelles ni accidentelles. Elles sont partout, systématiques, brutales. Les victimes portent des blessures qui dépassent le corps. Des cicatrices invisibles, alourdies par la honte, le silence, et la stigmatisation au sein même de leurs familles ou de leurs communautés.

« Des cicatrices invisibles, alourdies par la honte, le silence, et la stigmatisation. »

Comme en République démocratique du Congo, où ces violences ont été qualifiées d’armes de destruction massive. Comme au Myanmar, où des femmes rohingyas ont été violées devant leurs enfants. Comme en Bosnie-Herzégovine, où certaines ont été contraintes à l’innommable dans des camps. Comme en Ukraine, où les exactions continuent de laisser derrière elles des vies brisées. Comme au Tigré, en Éthiopie, où les témoignages s’accumulent sans que justice ne suive. Thinking of You refuse l’oubli. Là où la guerre a blessé, détruit, l’exposition offre aux survivantes la possibilité de faire de leurs vêtements un acte de parole. Car si l’art peut être beauté, ici, il est aussi douleur. Et outil de justice. Les vêtements exposés ont été collectés dans plus de vingt pays. Offerts par des survivantes ou par des personnes qui les soutiennent. Chaque pièce porte une

Opéra national du Rhin Saison ’25’26

Le monde est un théâtre

Opéra

Le Triomphe du Temps et de la Désillusion

Georg Friedrich Haendel

Otello Giuseppe Verdi

Les Fantasticks Tom Jones & Harvey Schmidt

Hansel et Gretel Engelbert Humperdink

Le Miracle d’Héliane Erich Wolfgang Korngold

Les Mamelles de Tirésias Francis Poulenc

Le Roi d’Ys Édouard Lalo

Les Noces de Figaro Wolfgang Amadeus Mozart

Follies Stephen Sondheim & James Goldman Danse

En regard Léo Lérus / Sharon Eyal

All Over Nymphéas Emmanuel Eggermont

Hamlet Brian Arias

Caravage Bruno Bouché

Danser Mozart au XXIe siècle

Rubén Julliard / Marwik Schmitt

Ballets russes

Tero Saarinen / Dominique Brun / François Chaignaud

operanationaldurhin.eu

L’artiste Alketa Xhafa Mripa lors du lancement de son installation Thinking of You, La Haye, juin 2024.

« L’exposition continue de transformer une action quotidienne, étendre du linge, en geste politique. »

histoire, un drame, une volonté de se relever. Depuis sa première installation au Kosovo en 2015, l’exposition continue de transformer une action quotidienne, étendre du linge, en geste politique. Une lessive de guerre, sans eau ni savon. Une œuvre-choc, qui oblige à regarder ce que l’on préfère ignorer.

Le 19 juin 2025, jour de l’ouverture au Conseil de l’Europe, coïncide avec la Journée internationale pour l’élimination de la violence sexuelle en temps de conflit. Une date symbolique, mais aussi un avertissement : tant que les responsables politiques détourneront les yeux, ces crimes perdureront.

À la rentrée, l’exposition traversera l’Atlantique pour s’installer à New York, au siège de l’ONU, à l’occasion de la 80e session de l’Assemblée générale des Nations Unies. Thinking of You y portera le même message, avec une urgence intacte : faire pression sur les décideurs internationaux pour qu’ils passent à l’action et brisent, enfin, le cycle de l’impunité.

Combien de corps faudra-t-il encore pour que le monde réagisse ? ←

(c) Fleur Beemster. Image reproduite avec l’aimable autorisation de l’artiste.

L’été de l’ours

Exposition

Oursitude

Du mardi 3 juin au samedi 30 août à la médiathèque André Malraux. Plusieurs conférences sont également prévues pendant la durée de cette exposition, avec des interventions pour les scolaires. Entrée gratuite.

Des profondes et sombres forêts des Carpates aux territoires glacés de l’Arctique et de l’Alaska ; de l’inextricable forêt pluviale de la ColombieBritannique (situées à l’extrême nord du Canada) aux confins de la Sibérie... cinq années durant, Sabine Trensz a arpenté les marges de ce monde. Là où l’homme n’est plus que toléré, là où il ne s’aventure qu’une fois tous ses sens en éveil et conscient de son immense fragilité. À la recherche des ours qui peuplent encore la planète, loin des humains ou s’en accommodant.

La photographe strasbourgeoise et son époux, le réalisateur animalier Pierre Mann, ont parcouru des milliers de kilomètres, bravé le froid et les éléments dans des paysages toujours somptueux, mais capables de se déchaîner sans prévenir. Ils se sont tenus immobiles, à l’affût, des dizaines et des dizaines d’heures, sans un bruit, sans une parole, avec à peine un geste pour éloigner l’inconfort ; conditions non négociables, mais pas pour autant suffisantes car il faut bien plus que ça pour capturer de rares images de cet animal symbole d’un monde en voie de disparition dans son milieu naturel.

Une quête, qui ne se confond pas avec une traque et qui est comme un témoignage, un

Plongée dans le monde sauvage et sa beauté cet été à la médiathèque André Malraux où la photographe animalière strasbourgeoise Sabine Trensz expose une quarantaine de clichés d’ours dans leur environnement naturel, fruit d’un passionnant travail immersif au long cours à travers les continents.

Rédaction : Alain Leroy Photographie : Sabine Trensz

manifeste pour la protection d’une nature entamée, réduite, atrophiée et qui lutte pour sa survie. Cette épopée, car c’en est une, a donné lieu à un film (L’Année de l’Ours qui sera d’ailleurs projeté le 20 juin à la médiathèque), un livre de photos (Oursitudes) et donc à cette exposition qui s’étendra tout au long des trois mois d’été.

« Cette exposition d’une partie de mes œuvres propose de découvrir dans leur environnement ces géants paisibles, mais quelquefois imprévisibles sur des terres d’une rare beauté, mais des terres de plus en plus fragiles et menacées », résume Sabine Trensz qu’il ne faudrait sans doute pas pousser beaucoup pour lui faire dire que la beauté seule sauvera le monde.

Tout au long de la quarantaine de photographies grand format exposées, c’est tout un univers qui s’ouvre. Celui de l’ours polaire, le plus populaire d’entre les ours sans doute et qui sera le premier à disparaître, de l’ours brun d’Europe, du grizzli capté au Kamchatka, de l’ours noir d’Amérique et puis celui, fantasmatique, de son cousin, le si rare Spirit Bear (ours esprit) aussi appelé ours Kermode, au pelage blanc/crème. Dans une lumière grandiose qui est aussi celle d’un crépuscule. ←

René Lalique ou l’art total

Bijoutier-joaillier, René Lalique fut un maître verrier passionné d’architecture et de décoration comme en témoigne l’exposition qui se tient au musée Lalique de Wingen-sur-Moder jusqu’au 2 novembre. Point de départ : l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes organisée à Paris en 1925. Il y a tout juste cent ans.

Rédaction : Véronique Leblanc Photographie : Alban Hefti

→ Véronique Brumm, directrice du Musée Lalique.

« Lalique était très présent dans l’exposition de 1925 », précise Véronique Brumm, directrice du musée, en commentant la Porte d’honneur ornée de grands panneaux de verre aux motifs de jets d’eau qui ouvre le parcours. Il y avait son pavillon idéalement situé sur l’Esplanade des Invalides, mais il aussi brillé dans seize autres lieux grâce à plusieurs fontaines : Les Sources de France dont trois cariatides sont présentées dans l’exposition ou bien encore la Fontaine à parfums qui signait l’espace réservé aux parfumeurs français dans le Grand Palais... ». Des photographies grand format restituent la monumentalité des créations

« Lalique était un artiste mais aussi un industriel qui optimisait sa création. »

de Lalique, créent des perspectives et une déambulation très dynamique dans un parcours jalonné d’éléments de verre tels que ces pommes de pin et pigeons provenant des fontaines qui lui seront commandées en 1933 pour le Rond-point des Champs-Élysées.

Les fontaines Poissons et Jet d’eau datent quant à elles de l’Exposition internationale des arts et techniques dans la vie moderne qui s’est tenue à Paris en 1937.

Thème cher à Lalique, l’eau se raconte jusque dans le verre comme le révèle l’impression de mouvement ressentie devant la fontaine Poissons.

La lumière varie selon l’endroit où on se place et le sentiment que les poissons jaillissent de la rivière est renforcé par les gouttes d’eau représentées dans la matière elle-même.

Façades, galeries et salons. Entrelacs de pavots à la façade de la succursale new-yorkaise

↑ Fontaine Poissons créée par René Lalique en 1937 dans le cadre de l’Exposition internationale des arts et techniques dans la vie moderne qui s’est tenue à Paris en 1937.

du parfumeur François Coty, panneaux de verre moulé d’oranges pour l’Oviatt Building de Los Angeles, le talent de René Lalique a franchi l’Atlantique sans pour autant délaisser la France. En témoigne la décoration des arcades des Champs-Élysées qui lui fut confiée par l’homme d’affaires Léonard Rosenthal afin de rivaliser avec les élégantes boutiques de la rue de la Paix. Signalées par des lanternes, éclairées de luminaires au motif d’acanthes, celles-ci étaient égayées par deux fontaines reprenant le motif des cariatides de la fontaine Les Sources de France « Lalique était un artiste, mais aussi un industriel qui optimisait sa création », explique Véronique Brumm. « Quand il avait mis en œuvre une bonne idée, il la réutilisait volontiers. »

Très spectaculaires, trois portes Lalique des années 30 mènent à la dernière section de l’exposition consacrée à l’aménagement d’appartements privés ou d’hôtels particuliers pour des commanditaires tels que le

« Artiste de grand talent et industriel avisé Lalique était aussi un très bon communiquant. »

couturier Jacques Doucet ou le magnat du pétrole Calouste Gulbenkian.

Un artiste avisé. Le sien sera construit en 1902 au Cours Albert-1er dans le 8e arrondissement de Paris et, au-delà de l’usage familial, servira de vitrine à son talent protéiforme. Lalique y installera une salle d’exposition pour ses bijoux, concevra les portes, dessinera broderies et autres éléments en bois ou en bronze.

« Artiste de grand talent et industriel avisé Lalique était aussi un très bon communiquant » souligne Véronique Brumm. « Il fut le premier, en 1932, à utiliser la photographie pour ses catalogues publicitaires dont il publiait des éditions “spécial Noël” ».

« Sa participation aux expositions servait sa renommée. Celle de 1900 l’avait consacré comme bijoutier, celle de 1925 le verra triompher comme verrier d’une grande modernité. Pendant six mois, d’avril à novembre, elle a drainé plus de 15 millions de visiteurs et a permis à l’Art déco d’essaimer dans le monde. » ←

Pommes de pin et Pigeons provenant de l’une des fontaines créées par René Lalique en 1933 pour le Rond-Point des Champs Élysées à Paris.

Trois cariatides provenant de la fontaine Les Sources de France conçue pour l’Exposition des Arts décoratifs et industriels de 1925.

Panneau Jet d’eau créé par René Lalique en 1925 pour la porte d’honneur de l’Exposition des Arts décoratifs et industriels de 1925.

Exposition

« René Lalique, architecte et décorateur », jusqu’au 2 novembre

Musée Lalique, 40 Rue du Hochberg, Wingen-sur-Moder

Vieillir ensemble, c’est tout !

Premier habitat participatif locatif pour seniors en France, la résidence des Pot’âgés expérimente un vivre-ensemble solidaire. Mais plus de six mois après l’emménagement, l’équilibre reste à inventer.

Rédaction : Hélène Edel

Photographie : Abdesslam Mirdass

↗ Alain, benjamin des Pot’âgés.

À Strasbourg, nichée au cœur du quartier de Neudorf, la résidence des Pot’âgés ne ressemble à aucune autre. Ici, depuis novembre 2024, dix seniors partagent bien plus qu’un immeuble. Ils tentent, ensemble, d’inventer une nouvelle manière de vieillir. Une manière plus douce, plus libre, plus solidaire. Des studios indépendants, des loyers adaptés aux revenus, une salle commune baignée de lumière, une terrasse panoramique, une buanderie, une pièce pour les soins... Le cadre est là, pensé pour permettre aux résidents de créer du lien. Mais six mois après les premiers emménagements, un constat s’impose : vivre ensemble, ça ne s’improvise pas.

Car chacun ici a son histoire, son passé, son rythme. Certains ont quitté un appartement qu’ils aimaient, d’autres ont vu dans ce lieu une opportunité de se poser enfin. Liliane, 78 ans, rayonne d’énergie. Ancienne cadre, militante féministe, écologiste convaincue, elle vit ce projet comme une continuité de ses engagements. La solitude ne lui fait pas peur, mais elle ne l’embrasse pas non plus pour autant. Elle a été profondément touchée par ce qu’a vécu sa mère en EHPAD : « Elle dépérissait, traitée comme une enfant à qui l’on refusait même de choisir ce qu’elle pouvait manger ». Au début des années 2000, Liliane

avait été enthousiasmée par les Babayagas, cette communauté autogérée de femmes féministes retraitées. Au sujet de la difficulté à faire communauté au sein de la résidence, elle tempère : « Je veux croire que les activités viendront. On apprend à se connaître. Certains sont encore prudents. C’est normal. »

Plus en retrait, Alain, 62 ans, est arrivé le jour même de sa retraite, après quelques années passées au poste de technicien piscine à l’Eurométropole. Dans son studio, qu’il a décoré comme un carnet de voyage, chaque objet raconte une escale, une époque. Il parle doucement, pèse ses mots : « Ce n’est pas toujours évident... Il faut faire avec les caractères, les rythmes. Mais j’avais envie de tenter. » Bricoleur dans l’âme, il rend souvent service. Parfois trop. Il a la sensation d’être vite devenu « celui qui dépanne », plus que celui avec qui on partage.

« On apprend à se connaître. Certains sont encore prudents. C’est normal. »

La terrasse panoramique de la résidence offre une vue imprenable sur l’écoquartier du Neudorf.

Liliane, doyenne de la résidence.

↑ Marie-Line, résidente, s’assure que les volets soient fermés lorsqu’elle quitte l’espace commun, « pour que les suivants puissent profiter d’une température agréable ».

→ Des résidentes partagent un moment de détente dans le salon commun.

Deux résidents, deux mondes. Et entre eux, huit autres histoires. Chacun avec sa solitude, ses élans, ses envies de lien ou de repli. Certains sont très pris à l’extérieur, d’autres très présents. Certains voudraient plus d’activités communes, d’autres savourent le calme. La greffe prend doucement.

« Tout le monde souhaite que ça prenne, mais personne ne veut vraiment forcer les choses », glisse un résident, dans un sourire à demi-avoué.

Alors on avance, doucement. L’association Écoquartier Strasbourg accompagne les habitants, propose des outils, facilite les échanges. Ce n’est pas spectaculaire. Mais il y a des signes : des coups de main entre voisins, un repas partagé de temps en temps, une chambre aménagée pour accueillir les proches en visite. Et cette simple phrase, qui revient parfois au détour d’un couloir :

« Si jamais tu as besoin, tu n’as qu’à frapper. ».

Les Pot’âgés ne sont pas un modèle figé. Ils sont une tentative, un laboratoire, un lieu vivant. Les critères d’entrée évoluent, les règles aussi. Le collectif se cherche. Ce qui semble faire consensus ? Le besoin de préserver son espace personnel tout en sachant qu’une porte peut s’ouvrir à côté.

« Ce n’est pas que ça ne fonctionne pas », dit une résidente, « c’est juste qu’on avance chacun avec son bagage. Et qu’il faut du temps pour les poser ensemble. » ←

« Tout le monde souhaite que ça prenne, mais personne ne veut vraiment forcer les choses. »

Réception pour un anniversaire, une communion, une occasion particulière ou un mariage...

Chez Soi est une entreprise familiale, à la cuisine authentique, généreuse et gourmande, à base de produits frais, locaux et de saison. Nos équipes sont passionnées, qu’il s’agisse de plats traditionnels du terroir alsacien ou de mets délicats, élaborés et inventifs.

Inauguration, lancement de produit, séminaire, congrès, assemblée générale ou repas d’affaires…

Alfonso Nsangu À l’église avec

C’est un chemin en pente douce qu’Alfonso a suivi depuis toujours. Pour arriver sur le devant de la scène, des Gospel Kids au stand-up, il a cru en lui, et appris de cette Alsace qui a su lui ouvrir ses bras.

Rédaction : Sébastien Ruffet Photographie : Christophe Urbain

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Alfonso porte sur lui le gimmick qui l’accompagne depuis toujours : « le sourire, c’est gratuit ».

[D]iscuter avec Alfonso Nsangu, c’est parler de la vie. D’abord de cet éclair, tout jeune, quand il découvre le film Sister Act 2. « J’ai compris que j’étais fait pour ça, le gospel, aider les autres, là où ma famille a juste vu un bon film. » La réflexion, un peu ironique, de son frère, va aussi amorcer un vrai chemin de vie : « Comment tu vas faire ? Tu sais pas chanter. » Il va apprendre. Cette lueur, le petit Alfonso va la garder en grandissant. Un cap qui va l’amener à créer les Gospel Kids, à faire chanter des milliers d’enfants dans les écoles de Strasbourg et alentours, à être, aussi, à leur écoute. Chanter l’hymne national avant un match de l’équipe de France de football au Stade de France, ou amener sa pétillante chorale au Zénith de Strasbourg, c’est une consécration, mais la récompense, parfois, se cache ailleurs. « Quand un jeune vient me dire «Tu m’as donné envie d’être grand et de transmettre», c’est incroyable. » De la même façon, Alfonso, que tout le monde surnomme affectueusement « Cousin », s’active auprès des jeunes footballeurs en formation au Racing Club de Strasbourg : « Beaucoup de gens estiment que si tu n’es pas riche, tu es forcément malheureux. Moi je leur dis qu’il faut être poli, gentil... Et l’autre jour, un jeune a dit que s’il ne devenait pas pro, il voudrait être comme Alfonso parce qu’il sourit tout le temps et qu’il est heureux ! »

Lors des concerts avec ses Kids, Alfonso a toujours aimé amuser la galerie. Et puis l’idée a germé de monter seul sur scène, pour faire

rire. « Je suis tout feu, tout flamme », rigole ce père de deux enfants. « Mon truc, c’est de raconter des histoires, à ma façon. J’ai mes thèmes, mais chaque soir est différent, et ça peut partir en impro plus ou moins longue. »

À la question de savoir s’il avait la caisse pour percer au plus haut niveau, Alfonso hésite. « Je ne suis pas un gars vulgaire ou qui fait de la politique. L’époque est aux mecs sans filtre. Mais moi je veux que les familles se sentent libres de venir au spectacle, sans avoir peur d’un moment gênant parce que ça parle de sexe par exemple. Je peux parler de l’homophobie, mais de manière détournée. »

Parfois cela fonctionne très bien, parfois moins, mais c’est le lot du spectacle vivant. Pour celui qui a appris à être Alsacien, carré et ponctuel, il était important de s’ouvrir aux autres. « Quand je suis arrivé à Hoerdt, on m’a dit vous êtes le troisième noir. Tu peux le prendre de deux façons. J’ai montré un signe, que j’étais heureux d’être là. C’est beau un black qui dit qu’il est heureux d’être Alsacien, non ? »

Alfonso poursuit ainsi son chemin, se remet d’un problème de santé aux cordes vocales survenu alors que la dynamique était bonne. « C’est pas grave, on avance. Ce que j’ai déjà vécu ne serait pas arrivé sans volonté, et cette volonté, elle vient du ciel. J’ai cette croyance depuis longtemps. » Et si sa maman continue de prier chaque jour pour lui, Alfonso sait aussi que son destin lui appartient. ←

Au CRBS avec

Jacky

Goetz

Dans le tout nouveau Centre de recherche en Biomédecine (CRBS) de l’INSERM à Strasbourg, le directeur de recherche passionné bouscule les clichés du scientifique nerd.

Rédaction : Hélène Edel

Photographie : Simon Pagès

J[J]acky Goetz est de ceux pour qui la science est une vocation, un engagement viscéral. Directeur de recherche, chef d’équipe, scientifique engagé, il consacre sa vie à une question vertigineuse : comment le cancer devient-il létal ?

Alsacien d’origine tombé amoureux de la science au lycée en découvrant la structure 3D des protéines, il n’a depuis jamais cessé de chercher à comprendre. Après une fac de pharmacie à Illkirch, il part à l’étranger pour son doctorat, d’abord à Montréal, puis à Vancouver. Suivra un stage post-doctoral à Madrid, avant un retour en Alsace en 2010. Trois ans plus tard, l’INSERM lui confie enfin un poste de directeur de recherche. Un rêve de toujours devenu réalité. Aujourd’hui, ils sont 25 chercheurs, dont six statutaires, à scruter sans relâche les mécanismes de la dissémination métastatique – ce moment où une cellule tumorale parvient à quitter la tumeur pour aller coloniser un autre organe. Récemment, Jacky Goetz et son équipe ont démontré que les plaquettes sanguines jouaient un rôle clé dans l’expansion des cellules tumorales en les protégeant des attaques du système immunitaire et en favorisant leur prolifération. Mieux encore, ils ont identifié un anticorps, le glenzocimab, capable de neutraliser cette fonction sans affecter le rôle normal des plaquettes dans la réparation des vaisseaux sanguins. Une piste prometteuse, même si les applications concrètes pour les

patients prendront encore des années. Si la science avance dans son laboratoire, c’est d’abord parce qu’il excelle dans un art devenu central pour tout chef d’équipe scientifique : celui de décrocher des financements. Car en France, la recherche progresse au rythme des dossiers à remplir et des budgets à justifier. L’INSERM et l’Université de Strasbourg allouent à son équipe 30 000 € par an, un budget ridicule quand on sait que les frais de fonctionnement de l’équipe s’élèvent en réalité à 700 000 €. Pour combler ce gouffre budgétaire, Jacky Goetz doit solliciter sans relâche des organismes financeurs, publics ou associatifs. « C’est le nerf de la guerre », explique-t-il. Il faut surveiller les appels à projets, rédiger, convaincre, justifier, encore et encore. « Mon métier, ce n’est pas ça », souffle-t-il, frustré. Une réalité partagée par de nombreux chercheurs en France, contraints de jongler entre science et survie financière, dans un contexte de sous-financement chronique de la recherche publique. Pourtant, il tient bon. Ce qui le guide, ce n’est pas une vision romantique du malade à guérir, mais une curiosité sans relâche. « Je pense science chaque seconde de la journée », dit-il. Ce qui l’obsède ? Les mécanismes invisibles, les logiques internes, cette architecture fascinante du vivant qu’il s’efforce de décoder. Père de deux filles, ultra-sportif, il mène une vie intense, à l’image de sa quête scientifique. Une course de fond contre l’inertie, le doute… et surtout, contre le manque de moyens. ←

Au Crocodile avec Louise-Anne Ruhlmann

Directrice du mythique restaurant strasbourgeois depuis quelques mois seulement, la jeune sommelière de formation a déjà trouvé ses marques rue de l’Outre.

Olivier

Rédaction :
Métral Photographie : Bastien Seon et Sabrina Schwartz

T[T]ête en bas et abrité derrière une verrière, le crocodile ramené d’Égypte par le capitaine Ackermann au début du xix e siècle trône toujours fièrement à l’entrée de la grande salle du restaurant qui porte son nom depuis 1840. En près de deux siècles, le reptile empaillé a vu ici défiler les hommes, les femmes, les propriétaires, les grands chefs et leurs étoiles. Depuis la fin du mois de janvier, il suit les premiers pas de Louise-Anne Ruhlmann, la nouvelle directrice de l’établissement. À vrai dire, il la connaît bien. Sa blonde chevelure a déjà flotté dans l’air des salons et il a gardé en mémoire son pas énergique qu’il a découvert en 2020, à l’occasion de la réouverture du restaurant après six mois de travaux. À cet instant, et alors qu’elle possède déjà une sacrée carte de visite, elle intègre le « Croco » comme assistante-chef sommelière, en suivant le chef Romain Brillat qu’elle a rencontré la saison précédente à L’Auberge du Vieux Puits, dans les Corbières. « Je suis alors revenue en terre sainte », s’amuse-t-elle, mais son envie de progresser encore dans le métier et d’occuper un poste à plus forte responsabilité la pousse à quitter sa région natale et à gagner l’île de Beauté

Louise-Anne Ruhlmann

Intérieur du restaurant

Au Crocodile.

et l’hôtel Marinca. Désormais cheffe sommelière, elle découvre à Olmeto le monde fascinant et « en pleine expansion » des vins corses avant d’être contactée par Amaury Barbado en 2024, alors directeur du Crocodile. « Il m’a annoncé son départ et demandé si le poste m’intéressait. J’ai bien sûr saisi cette énorme opportunité ».

Un nouveau rôle, de nouvelles responsabilités. De retour au bercail et après deux mois de passage de témoin avec son prédécesseur, la jeune femme de 29 ans porte seule, depuis fin janvier, la responsabilité d’une équipe de quinze personnes, entre serveurs, sommeliers et officiers. Ses épaules, qui peuvent paraître frêles à première vue, sont bien plus larges qu’on ne le pense. Son job ? « Garantir avant tout la satisfaction du client. Je veux de la sérénité en salle, du sourire et que chacun ici prenne du plaisir. C’est essentiel pour pouvoir en donner ». Sa gestion du personnel ? « J’essaie de m’adapter à chacun, à chaque caractère et à chaque compétence. J’apprends tous les jours. Directrice, c’est être

Pendant le briefing, juste avant le service.

au quotidien à l’école du management ». En « échanges constants » avec les cuisines et les chefs Romain Brillat et Victor Courtier – pour la pâtisserie –, Louise-Anne reste évidemment attachée à ses premières amours, la sommellerie, en évitant de marcher sur les plates-bandes de Raphaël Lozano, le responsable en titre au Crocodile. Elle est d’autant plus liée au monde du vin qu’elle reste toujours associée au domaine familial RuhlmannSchutz, situé à Dambach-la-Ville, avec son frère Jacques-Émile et ses cousins Arthur et Thomas. « Mon retour en Alsace facilite évidemment nos échanges et les prises de décision concernant le domaine », se félicite-t-elle.

Dans les pas du couple Jung. Si son retour physique au sein de l’entreprise familiale n’est pas à l’ordre du jour, il trotte toutefois dans un coin de sa tête. Derrière sa verrière, le crocodile du capitaine Ackermann sait qu’un jour lointain, la jeune directrice finira elle aussi par le quitter pour voler vers de nouvelles aventures. Mais pour l’heure, elle se donne corps et âme pour l’institution strasbourgeoise, en tentant de perpétuer l’excellence et la rigueur déployées là par Monique et Émile Jung, tout en essayant d’y apporter sa touche personnelle, avec par exemple le retour du flambage ou de la « Chemex », une méthode de filtration douce du café, ou encore le service de trois fromages associés à trois vins. Louise-Anne Ruhlmann n’a certainement pas fini de poser sa patte sur le Crocodile. ←

(c) Sabrina Schwartz

Le savoir-faire grandeurcafé

qui donne toute sa à votre

Au Karmen Camina avec

Maurice de Similiqueer

Derrière son élégance discrète et sa voix posée, une détermination sans faille à faire bouger les lignes. Le rendez-vous est fixé au Karmen Camina – l’un des rares lieux identifiés queer dans la ville.

Rédaction : Hélène Edel

Photographie : Laetitia Piccarreta

F[F]ace à la montée des fascismes et à la recrudescence des discours LGBTphobes, Maurice Style oppose une arme douce, mais puissante : la pédagogie. Journaliste, militant, créateur de contenus, il incarne une nouvelle génération d’intellectuel·les qui choisissent d’expliquer pour faire tomber les œillères. « On peut toutes et tous se battre, à notre manière, pour ne pas laisser les discours de haine s’installer ».

C’est dans cet esprit qu’il a fondé Similiqueer, un compte d’information sur Instagram dédié à l’actualité et aux savoirs queer, en janvier 2021. Queer ? Cet anglicisme encore méconnu ou mal compris désigne (sans aller dans le détail) l’ensemble des identités et des expressions de genre ou de sexualité qui s’écartent des normes dominantes. Un mot-parapluie, souple, politique, qui célèbre la diversité plutôt que de l’enfermer dans des cases. Aujourd’hui, Similiqueer réunit 53 000 abonnés, mais reste un média fragile parce qu’indépendant, et ce, coûte que coûte. Pour Maurice Style, parler des réalités queer suppose de ne rien édulcorer. Il revendique une parole libre, lucide, sans complaisance ni filtre.

Cette exigence de clarté et d’accessibilité traverse aussi son travail éditorial. Son premier ouvrage, Le Petit guide LGBTQIA+, paru en juin 2024 aux éditions First, propose une introduction aux enjeux de société, à la culture et à l’histoire queer, le tout pour 4,50 €. Un livre pensé pour être accessible à toutes et tous, y compris aux plus jeunes. Lorsque je lui demande s’il imagine son ouvrage intégré aux établissements scolaires, il ne tergiverse pas : « Bien sûr ! Et à ce prix-là,

↖ Maurice Style

↓ Trois ouvrages queer : Une histoire de genres aux éditions Marabout, Pédés chez Points, Le Petit Guide LGBTQIA+ de Maurice Style aux éditions F1rst.

si les collèges ou les lycées ne l’intègrent pas à leur bibliothèque, ce n’est pas une question de moyens, c’est une décision politique ». Ce mois de juin paraît son deuxième livre, Le petit livre des figures LGBT+ qui s’intéresse cette fois à des personnalités LGBTQIA+ qui ont marqué l’histoire. Un travail de transmission qui réinscrit les luttes dans une histoire longue et offre des repères à celles et ceux qui, aujourd’hui encore, doivent parfois se battre pour exister. À l’avenir, Maurice Style aimerait étendre son action en accompagnant les entreprises sur les questions d’inclusion, initier des réflexions de fond, adaptées à chaque structure, pour construire des environnements de travail plus sûrs, plus ouverts, plus justes. Une démarche qui prolonge son engagement dans des sphères où ces questions restent encore trop souvent taboues ou mal comprises. Maurice Style ne crie pas, il éclaire. Il ne morigène pas, il invite à comprendre. Dans un climat où l’extrême droite fait le pari de la minimisation et de la peur, il nous rappelle que la pédagogie est un acte politique. Et qu’à force de patience et de transmission, les mentalités changent. Lentement, mais sûrement. ←

À Strasbourg avec Céline Schnell

Curieuse de tout et profondément attachée à sa région d’origine, Céline Schnell rayonne comme le jaune qui signe son univers. À l’occasion des dix ans de son blog Une Fille en Alsace, nous l’avons rencontrée pour retracer son parcours et lui emboîter le pas dans Strasbourg.

Rédaction : Salomé Dollinger Photographie : Laetitia Piccarreta

Céline Schnell, une Fille en Alsace, à suivre sur Instagram @unefilleenalsace

C[C]éline Schnell a grandi au rythme des fêtes populaires et des scènes costumées du théâtre alsacien. Une enfance haute en couleurs, bercée par la voix de son père, animateur de la Fête de la bière à Schiltigheim, et les tambours joyeux des carnavals où elle défilait en costume traditionnel avec son frère. C’est là, entre les coulisses du folklore et l’œil malicieux de son Kodak jetable, que s’est forgée une curiosité insatiable pour les histoires et les gens, les images et les émotions.

Éternelle touche-à-tout. Quinze ans passés dans différents offices de tourisme, de SainteMarie-aux-Mines à Obernai, une formation en webmarketing, des ateliers animés pour aider les pros du territoire à apprivoiser les réseaux sociaux… et puis, un blog, ouvert presque par hasard. Comme un terrain d’expérimentation. C’était en 2015. Aujourd’hui, Une Fille En Alsace rassemble une communauté de plus de 40 000 abonnés sur les réseaux sociaux et attire chaque mois près de 12 000 visiteurs uniques sur son site. Céline Schnell y partage ses coups de cœur, ses balades, ses adresses favorites, ses rencontres avec des artisans et producteurs qui font rayonner son Alsace adorée. Au fil de l’eau, elle apprend la photo, affine son œil, investit les formats vidéo. Son blog devient un carnet de bord vivant, reflet fidèle d’une femme en mouvement. Chroniqueuse sur Top Music, présentatrice du magazine de l’habitat sur BFM Alsace, animatrice d’événements – comme la Foire aux Vins de Colmar avec les confréries viniques d’Alsace –, formatrice en tourisme digital, gestionnaire d’une chambre d’hôtes à Fortsfeld…, elle cumule les casquettes, sans jamais se départir de sa bonne humeur, aussi solaire que sa couleur signature : « Le jaune. Un clin d’œil à nos colombages » confie-t-elle à bord de sa 208… jaune ! Direction son Strasbourg de cœur, entre échappées gourmandes et parenthèse de nature.

1. Les épices Georges Colin. Tous les quinze jours, après avoir enregistré ses chroniques chez Top Music, Céline Schnell file chez Georges Colin pour faire le plein de saveurs. « Je ne repars jamais sans mon Week-end à Rome, un mélange de tomates séchées, oignons, ail, basilic et sarriette qui va avec tout. Quand je manque d’inspiration, je scanne le QR code au dos pour avoir une recette ». Ouverte depuis 2020, cette boutique cultive la même passion de l’authentique qu’elle. D’ailleurs, une de ses photos trône à l’entrée de la boutique.

2. La brasserie Bendorf. Une halte ensuite chez Bendorf, dans un ancien garage transformé en temple de la bière artisanale. « Je ne suis pas très bière, mais ici, ils osent des mélanges tellement fous que je craque à chaque fois ». Sourire en coin et bière cardamome à la main, elle avoue y faire son petit marché pour son compagnon caviste. Mention spéciale pour le Grand Hamster d’Alsace, une IPA engagée comme elle les aime.

3. Le Jardin des Deux Rives. Non loin de là, une frontière floue entre deux cultures. « Je me ressource au contact de la nature. Ça nourrit mon inspiration », avoue la blogueuse en empruntant la passerelle arborée qui relie Strasbourg à Kehl. Germanophone, elle rêve de traduire son blog pour rendre l’Alsace plus accessible aux touristes d’outre-Rhin, de plus en plus nombreux à la suivre depuis son apparition dans l’émission Expedition in die Heimat, diffusée sur la chaîne allemande SWR Fernseh.

À 41 ans, Céline Schnell savoure une vie à son image, entre scènes médiatiques et escapades en forêt, blog et chambre d’hôtes, danse hip-hop et séances de pilates… Tiens, si on lui donnait rendez-vous dans dix ans ? ←

(c) Alban Hefti

Vos événements professionnels sous le feu des projecteurs

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Événements sur mesure

À la Manufacture des tabacs avec Ange Mercuri

Amoureux de l’image au diapason des mots, l’illustrateur et maquettiste Ange Mercuri s’est fait un nom à Strasbourg. Il aime capter la vie qui va et qui vient à la Manufacture des tabacs.

Rédaction : Véronique Leblanc

Photographie : Alban Hefti

C’est le bar The People qu’Ange Mercuri a choisi pour la « toute première interview de sa carrière ».

« La manufacture est un lieu dynamique qui peut être inspirant », précise le jeune illustrateur strasbourgeois, mais corse d’origine. On y croise des artistes, des voyageurs, on peut y croquer des silhouettes et pourquoi pas y trouver un brin d’inspiration ».

Arrivé à Strasbourg à l’âge de quinze ans au gré d’une affectation de son père militaire, il y a mené une licence en design et tenté les arts déco en illustration, mais sans en avoir encore le « bagage », dit-il sans regret.

Qu’à cela ne tienne, il s’est ensuite formé à la gestion de projets et a passé la « grande porte » des éditions de la Nuée bleue en y obtenant un stage de fin de master.

Ange et les Barbares. Il en garde le souvenir d’une petite équipe rigoureuse et accueillante, son travail sur les maquettes, la chance de voir travailler le graphiste Blas aujourd’hui décédé. Vint ensuite le confinement, des commandes aussi jubilatoires qu’aléatoires et la décision de se lancer en indépendant pour structurer son activité. C’est en 2021 qu’un coup de fil de la directrice de La Nuée bleue, Mathilde Reumaux, a changé la donne.

« Elle avait vu un de mes projets d’affiche primé lors d’un concours et elle a pensé à moi comme graphiste pour Barbares, une nouvelle collection de romans dystopiques. »

Bien évidemment partant, Ange a assuré la couverture et la charte graphique de trois premiers ouvrages ce qui lui a permis d’accéder au statut d’artiste-auteur avant de devenir directeur artistique de La Nuée bleue. Un aboutissement pour un artiste qui a « dessiné et lu avec passion dès l’enfance », mais aussi un défi.

Au service des textes. Il lui a fallu apprendre à « lire beaucoup » parfois « jusqu’au vertige », à « se mettre dans la peau d’un ancien maire de Strasbourg ou d’un malgré-nous » en se plongeant dans le passé d’une région aux « thématiques lourdes ». Par chance, l’histoire l’a toujours intéressé. « Voir le livre en librairie est toujours une joie », dit-il, « mais je reste un technicien au service des textes ». Avec, laisse-t-il entendre un brin mystérieux, « la perspective de quelque chose qui serait mon projet, mon livre ». Peut-être dans le créneau de la Fantasy chère au cœur d’un artiste heureux d’avoir rencontré John Howe lors d’un concours « châteaux et légendes » organisé par la Communauté européenne d’Alsace. On n’en saura pas plus. ←

Ange Mercuri au People Hostel.

VOS RÊVES SONT NOS PLUS BEAUX DÉFIS

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LA CRÉATIVITÉ : irrigue, nourrit et dynamise notre activité. Elle pousse nos équipes à se réinventer chaque jour, à proposer l’exceptionnel pour ne pas être conventionnel.

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Au bureau avec Mathieu Schweyer

Rencontre avec le directeur général adjoint en charge du développement de SAS 3B Immobilier dans un des bureaux les plus ensoleillés de Strasbourg, au sommet de l’immeuble « Le Grand Angle », siège du groupe.

Rédaction : Jean-Luc Fournier

Photographie : Tobias Canales

La maquette de la Tour Émergence

Elle magnétise les regards dans le bureau de Mathieu Schweyer. La vente des appartements a débuté. La construction devrait être terminée d’ici fin 2028. Émergence sera un signal fort du quartier du Port-du-Rhin…

Une Saab miniature

« La vraie est garée au sous-sol de l’immeuble » raconte Mathieu Schweyer. « C’est une voiture qui n’existe plus car elle a été conçue par des ingénieurs qui ont refusé toute forme de compromis jusqu’à enterrer leur entreprise. » La plaque d’immatriculation identifiée ARP est un hasard…

La casquette

« Elle est arrivée avec ma moustache, mon crâne rasé et pas mal d’autres choses survenues après mon changement de vie. J’assume totalement d’avoir une personnalité et des goûts qui soient les miens, j’assume d’avoir fait mes choix. Ça me permet juste d’être droit… »

La pile de livres

« Les livres ont toujours occupé une place particulière et très importante dans ma vie. Ma mère a débuté sa carrière professionnelle en tant que libraire. Et mon père, juste avant de nous quitter, a rédigé son propre parcours de vie… »

Son livre est le premier au-dessus de la pile…

On vous a connu directeur régional d’un très grand groupe national et, depuis deux ans maintenant, vous travaillez aux côtés de Georges Bousleiman, le président du groupe 3 B... Avec Georges, on s’est rencontrés il y a bientôt deux ans. On s’est vus deux fois. Et la troisième fois, on a signé le contrat qui nous lie. Depuis, je suis absolument ravi de cette capacité que j’ai désormais de penser des immeubles, des logements, des bâtiments et des opérations en mettant vraiment en pratique mes trente ans d’expérience dans le métier. À 55 ans, c’est évidemment très intéressant de travailler en compagnonnage avec un homme comme Georges qui a tracé sa voie en essayant de construire de façon durable, en respectant les territoires et en parvenant à construire des repères urbains forts comme l’immeuble de notre siège, Le Grand Angle, ou encore la réhabilitation de la Coop ou de la Cour des Haras. Ces réalisations contribuent à structurer Strasbourg en mêlant identité locale et ambition architecturale. Cette exigence de respect du lieu est vraiment au cœur de l’ADN de 3B…

Le projet Émergence est un projet emblématique pour Strasbourg et la tour elle-même, quand elle sera édifiée dans trois ans, deviendra vite comme un symbole de la ville... Très certainement. Avec ce projet, 3B est encore quelques crans plus haut en termes de complexité et de défi. Tout a commencé en 2017, avec un concours que nous avons remporté face à des acteurs de renom. Pour concevoir ce projet exceptionnel, nous avons choisi de nous appuyer sur un binôme d’architectes unique : KCAP, un cabinet de Rotterdam, à l’embouchure du Rhin, reconnu pour son audace urbaine, et OSLO, une grande agence strasbourgeoise profondément ancrée dans la réalité locale. Ce dialogue entre Rotterdam et Strasbourg, entre tradition rhénane et vision contemporaine, a donné naissance à une architecture exceptionnelle : une tour sculptée dans la brique, fidèle aux racines de la région. C’est la géométrie de la parcelle qui l’accueille qui nous a permis de valider sa silhouette inspirée du Flatiron Building de New York…

↑ www.3bimmobilier.fr contact@sas-3b.net

Émergence s’impose aujourd’hui comme le symbole du Strasbourg du troisième millénaire : un phare urbain, ouvert vers le Rhin et l’Europe. Au-delà de sa forme singulière, Émergence est un manifeste : la tour témoigne de l’ambition architecturale et européenne de Strasbourg, tout en respectant son histoire et ses matériaux fondateurs.

Dans un secteur du bâtiment où on semble redouter aujourd’hui une vraie crise, quels sont aujourd’hui les atouts de 3B ? Le groupe connaît une croissance forte. Personnellement, j’ai rejoint SAS 3B pour accompagner cette dynamique, notamment par la création de l’agence Nord à Lille. Les agences de Nancy et Reims, ouvertes précédemment, complètent notre ancrage régional et participent au rayonnement de notre modèle : celui d’un promoteur indépendant, exigeant, mais agile. Nos projets de développement sont nombreux : nous avons récemment lancé « Essentielle par 3B », une marque destinée aux bailleurs sociaux et institutionnels, avec toujours la même exigence de qualité. Martin Nussbaum, notre nouveau directeur de la promotion, pilote ce développement stratégique. Fort d’une solide expérience dans les ventes en bloc et les opérations avec les grands bailleurs, il apporte à 3B une compétence précieuse pour structurer notre offre et répondre aux besoins d’un marché en profonde mutation.

Vous semblez ne pas douter, malgré l’immensité des enjeux. Oui, on avance avec confiance. Notre solidité repose aussi sur la vigilance et le travail rigoureux de Julien Winter, notre secrétaire général, qui veille à la bonne conduite de l’ensemble de nos opérations. Notre enjeu, c’est de continuer à développer des projets structurants et ambitieux, tout en restant fidèles à notre ADN. Pour cela, nous cherchons à renforcer nos équipes. Nous lançons un appel aux talents –développeurs fonciers, chefs de projets, responsables techniques… – qui souhaitent rejoindre notre société indépendante, agile et tournée vers l’avenir. Chez 3B, l’envie de construire mieux et autrement reste notre moteur quotidien… » ←

DANIEL BAAL

Élu président du Crédit Mutuel il y a un peu plus d’un an, renouvelé en avril dernier, Daniel Baal signe avec Nicolas Théry, son prédécesseur, Pour une société plus mutuelle un hymne au mutualisme qui affiche en bandeau de couverture une affirmation qui claque : « Sortir de l’ultralibéralisme est possible ». Rencontre avec un mutualiste de toujours, dont la carrière de banquier n’aura connu qu’un seul employeur.

Rédaction : Jean-Luc Fournier Photographie : Johanna Leguerre et Alban Hefti

Parmi tous vos collègues qui président une grande banque (le Crédit Mutuel est la 5e banque française, la 9e de la zone euro – ndlr), vous présentez une particularité unique : l’intégralité de votre carrière de banquier s’est effectuée au sein de la même entreprise.

Effectivement. Je suis entré au Crédit Mutuel en 1979, comme rédacteur crédit au siège du Wacken, à Strasbourg. J’y ai occupé nombre de postes jusqu’à devenir directeur général aux côtés de Nicolas Théry à qui j’ai succédé au printemps 2024. Je pense que mon engagement permanent en faveur de cette banque différente n’est pas pour rien dans ce parcours. Je me suis toujours senti en totale symbiose avec les valeurs portées par le Crédit Mutuel…

Une banque différente, dîtes-vous. En quoi le Crédit Mutuel est-il si différent des autres banques de détail en France ?

Déjà à l’époque de mes débuts, j’avais conscience que cette banque était différente des autres, sans bien sûr pouvoir alors exprimer la totalité de cette différence. Dans ce livre que je cosigne avec Nicolas Théry, nous développons toutes les facettes du modèle d’entreprise porté par le Crédit Mutuel, nous détaillons tout ce que le mutualisme peut continuer à apporter à la société…

Un mot sur cette co-signature : l’ex-président et le nouveau, ce n’est pas si fréquent de s’afficher ainsi.

C’est une parfaite complicité qui s’exprime dans les pages de ce livre et même une amitié qui s’est scellée durant dix ans d’étroite collaboration, en particulier ces sept dernières années où j’ai été directeur général de l’entreprise aux côtés de Nicolas. Nous avons lancé ensemble nombre d’initiatives pour transformer le mutualisme. Quand il m’a passé le relais en avril de l’an passé, nous nous sommes tout de suite dit que nous pourrions écrire ensemble un tel livre qui ne serait pas qu’un livre de témoignage, mais qui signerait un acte de foi sur la modernité de ce mouvement vertueux et sur tout ce qu’il sera encore capable d’apporter.

D’entrée, vous affirmez que le mutualisme est absolument partout dans nos vies de citoyens français, qu’il imprègne donc considérablement notre société. Historiquement, à la fin du XIXe siècle, ce mouvement est né d’une forte volonté de lutter contre la pauvreté.

Ce fut une idée révolutionnaire à l’époque, l’est-elle encore autant aujourd’hui ?

Oui, nous l’affirmons hautement, et c’est encore plus vrai dans le contexte actuel. En fait, le mutualisme est devenu une pratique très pragmatique, très efficace pour assurer le fonctionnement d’une entreprise et, au final, faire bouger les lignes. En tout premier lieu, nous pouvons apporter les meilleures réponses à nos sociétaires et clients. Nous poursuivons ainsi la construction d’un groupe très performant, et cette performance nous permet de pouvoir être encore plus solidaires. Cette solidarité s’exprime en interne, mais également en externe. Cette idée du dividende sociétal est la parfaite illustration de l’engagement que nous voulons prendre pour le monde de demain, un monde que nous voulons plus juste et plus durable. Notre ambition est là. Bien entendu, notre seule action ne permettra pas d’y parvenir pleinement et c’est pour cette raison que nous voulons donner une impulsion vers le monde entrepreneurial, en expliquant pourquoi cette notion de dividende sociétal pourrait parfaitement être élargie en direction des autres entreprises, notamment les plus grandes d’entre elles… Il s’agit juste d’une question de choix et de volonté…

Pour autant, cette notion n’apparait pas si simple à appliquer dans le cas d’une entreprise lambda. Elle peut même apparaître comme étant à contre-courant de l’époque que nous vivons marquée par cet ultralibéralisme que vous citez en couverture du livre.

Il faut être clair ; nous ne sommes pas contre la pratique du versement de dividendes. Nous pensons qu’effectivement, le dividende se doit de rémunérer le capital. Là-dessus, il n’y a pas de sujet. Cependant, rien n’empêche une entreprise capitaliste de consacrer une partie de son résultat au dividende sociétal, c’est-à-dire de contribuer au bien commun. C’est un engagement qu’elle doit pouvoir prendre et notre rôle à nous, c’est de l’encourager à le prendre…

« CETTE PERFORMANCE NOUS PERMET DE POUVOIR ÊTRE ENCORE PLUS SOLIDAIRES. »
← Daniel Baal et Nicolas Théry à la librairie Kleber pour la présentation du livre.

De là à imaginer que le mutualisme peut être un recours aux excès de l’ultralibéralisme, n’y a-t-il pas une grande marge encore à franchir ? En parlant des dérives de la financiarisation, vous citez un essai du regretté économiste Daniel Cohen Il faut dire que les temps ont changé... Chronique (fiévreuse) d’une mutation qui inquiète paru en 2018, ce même Daniel Cohen avec lequel Nicolas Théry avait signé une tribune très percutante qui avait fait couler beaucoup d’encre, durant les mois de la pandémie en 2020. Daniel Cohen y parlait, je cite, du « triomphe de la cupidité », ce fait générateur de l’intense injustice sociale que nous vivons. L’espoir que cette époque soit en train de se terminer est-il crédible ?

Cette situation pourrait perdurer justement si nous n’entreprenions rien. La période est en effet plus complexe que jamais. Et bien, c’est une raison de plus pour en revenir aux fondamentaux et cela passe par un modèle d’entreprise qui, non seulement, œuvre pour son développement, mais poursuit en même temps des objectifs relatifs au bien commun. Dans ce livre, nous évoquons bien sûr beaucoup la solidarité comme un moyen de faire grandir le monde pour lequel nous œuvrons. La solidarité, ce n’est pas de la charité, c’est un facteur mutualisant qui permet de construire une collectivité plus forte.

« CETTE INNOVATION
PERMANENTE ET CETTE PERPÉTUELLE

REMISE EN CAUSE FABRIQUENT UN MUTUALISME VIVANT. »

Cette innovation, parce qu’il s’agit bien de cela, a toujours été comme « la marque de fabrique » du Crédit Mutuel, je pense bien sûr à la mutualisation des risques, mais aussi à l’invention du micro-crédit par exemple. Le monde dans lequel nous vivons réclame-t-il plus que jamais cette volonté d’innovation ?

Je n’ai aucun doute là-dessus. Cette innovation permanente et cette perpétuelle remise en cause fabriquent un mutualisme vivant et c’est en effet cette modernité que nous voulons continuer à incarner et qui se traduit par le statut d’entreprise à mission que nous avons adopté…

Ce statut (la notion de « société à mission » est une qualité reconnue aux sociétés garantissant le respect d’engagements sociaux et environnementaux – ndlr) a été adopté il y a un peu plus de cinq ans. Un premier bilan ?

C’est tout l’objet de ce livre. Il ne s’agissait pas pour nous d’en faire juste un objet de communication, mais au contraire d’installer ce statut comme un acte essentiel de notre démarche. Il est aujourd’hui pleinement intégré à notre modèle d’affaires. On n’est plus depuis longtemps dans un modèle hors-sol, ce statut est aujourd’hui une réalité que nos équipes vivent pleinement au quotidien. Quand nous sommes en relation avec nos clients, par exemple, ce client comprend très vite que nous sommes attachés à des règles telles que celle qui édicte que leur conseiller dédié n’est absolument pas commissionné. On pourrait aussi parler de la systématisation du prêt à 0 % pour les étudiants ou du fait que nous proposons au monde associatif des prestations bancaires et de responsabilité civile de ses dirigeants…

OBJECTIF RETRAITE : FORME PHYSIQUE ET SANTÉ FINANCIÈRE

NOTRE ACCOMPAGNEMENT :

Étude de vos droits acquis aux régimes de base et complémentaires

Simulation de vos pensions futures

Conseil personnalisé sur l’optimisation de vos pensions

Conseil sur la fiscalité et les enjeux fiscaux liés à votre départ à la retraite

Liquidation et suivi de vos pensions auprès des différentes

caisses de retraite

L’une des originalités du Crédit Mutuel est d’être propriétaire d’un groupe de presse, regroupant neuf grands journaux régionaux. « Un domaine aussi peu connu que mal compris », écrivez-vous. Outre Les Dernières Nouvelles d’Alsace et le journal L’Alsace, on y trouve des titres édités en Lorraine, Champagne-Ardenne, Bourgogne-France-Compté ainsi que dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Le groupe EBRA est devenu le premier groupe français de presse quotidienne régionale avec plus de 800 000 exemplaires imprimés chaque jour. Vous n’hésitez pas à qualifier de « baroques » les raisons de cet investissement. Tout est parti des discrètes ambitions politiques du directeur général du Crédit Mutuel de l’époque, Michel Lucas, qui rêvait de devenir ministre de Nicolas Sarkozy. On lit tout ça dans votre livre. Sans doute qu’à l’époque, Michel Lucas pensait-il qu’être propriétaire d’un groupe de presse pouvait permettre d’en faire un outil d’influence. Ce qui n’est d’ailleurs pas facile tant nous sommes régulièrement l’objet d’interventions les plus variées de la part de certains qui, pour une raison ou pour une autre, ne s’estiment pas bien traités par les journaux de notre groupe. À chaque fois, nous leur adressons la même réponse : nous ne sommes pas la rédaction de tel ou tel journal, cette rédaction reste indépendante. On manifeste ainsi que le groupe EBRA n’est pas un outil d’influence. Je le dis et je le redis : nous n’utiliserons jamais ce pouvoir-là.

D’ailleurs, j’affirme même que pour le Crédit Mutuel, c’est exactement l’inverse qui se produit. Nous sentons en effet très bien que beaucoup de journalistes des journaux du groupe éprouvent des difficultés pour parler de leur actionnaire et on peut le comprendre même si le Crédit Mutuel, première entreprise d’Alsace, est forcément souvent présent dans les actualités des journaux de sa région…

En tant que banquier, vous avez bien sûr un regard particulier sur les comptes du groupe EBRA. « Chaque année, EBRA perdait 60 millions d’euros, ce qui, ajouté aux 300 millions payés pour l’acquisition, aboutit à une perte dépassant le milliard d’euros. Sans pour autant que Michel Lucas devienne ministre » lit-on dans votre livre. Le groupe est revenu à l’équilibre en 2021. Pour autant, les comptes sont-ils redressés ?

Pas totalement, et ce malgré les efforts qui ont été faits. Il faut donc continuer à travailler dans cette perspective parce qu’une entreprise de presse est une entreprise comme les autres et qui n’a pas vocation à être structurellement déficitaire. Dans le monde dans lequel nous vivons, c’est compliqué et c’est pourquoi

nous avons très largement accompagné cette restructuration. Et nous devons encore le faire parce que l’équilibre financier doit être impérativement atteint. D’autres groupes de presse français y sont parvenus. Nous nous devons de prendre cet élément en compte. Reste que jusqu’à présent, et ça, tout le monde ne l’a pas malheureusement pas compris, nous avons pu maintenir dans les régions des titres de qualité. On entend dire souvent que ce n’est pas normal qu’un groupe financier soit propriétaire d’un groupe de presse. Je laisse ceux qui disent cela à leurs responsabilités. Au contraire, nous avons fait le choix de donner à ce groupe de presse les moyens de continuer à se transformer. Chacun de nos titres, dans sa région, permet que l’information ne soit pas l’apanage des seuls réseaux sociaux…

Dans les années qui vous restent à œuvrer à la tête de la banque, y a-t-il un objectif absolument prioritaire que vous vous êtes fixé, un objectif dont l’atteinte vous paraît absolument essentielle ?

Oui, et il est très clair : renforcer encore et encore la performance du groupe. Je sais que nos équipes y travaillent au quotidien avec notamment l’appui de la direction générale autour d’Éric Petitgand. Tout simplement parce que cela nous permettra d’être toujours plus solidaire et de vraiment contribuer au mieux au bien commun… ←

En près de 170 pages, Daniel Baal et Nicolas Théry rappellent les origines du mutualisme et en décryptent les réussites, mais aussi les difficultés. Ils nous parlent d’un monde où les dirigeants ne touchent pas de stock-options, où les actionnaires-sociétaires ne sont que « locataires » d’un capital préservé pour les générations futures, où une part des résultats est réinjectée dans l’économie sociale et solidaire, où la planète fait partie des priorités et où l’engagement bénévole et la démocratie sont le socle de l’économie. Ils nous donnent ainsi des clefs pour construire une société plus mutuelle, qui combine intérêt des personnes et bénéfice collectif.

Pour une société plus mutuelle – Sortir de l’ultralibéralisme est possible, Éditions de l’Aube – 15 €

Une escale gastronomique au cœur de la Petite France, signée par les créateurs culinaires Nicolas Stamm-Corby et Serge Schaal - La Fourchette des Ducs et exécutée par le chef Cédric Koch.

Dossier

LE FINANCEMENT DES STARTUPS

En Alsace, les lignes bougent. De l’incubation au salon VivaTech, en passant par l’importance du financement privé, immersion dans un écosystème en mouvement où acteurs publics, privés et entrepreneurs tracent la voie du futur.

Devant le Village Digital dans la cour de la Manufacture des tabacs à Strasbourg.

Les participants interviewés lors de cette table ronde dans les locaux de Bpifrance à Schiltigheim, de gauche à droite:

Emmanuel Poteaux (CEO Conectus), Patrick Maffeis (Vice-Président d’ABA), Stéphane Chauffriat (Directeur général de Quest For Change), Alban Stamm (délégué Innovation Bpifrance),

Jean-François Rax (responsable capital amorçage Capital Grand Est), Sébastien Pierre (directeur adjoint Centre d’Affaires Caisse d’Épargne Grand Est Europe),

ACCOMPAGNEMENT

L’écosystème de financement en Alsace, en progression, avec encore beaucoup d’ambition

Créer une startup, c’est risqué. Seuls quelques projets parviennent à s’imposer. Qui les aide à se financer ? Rencontre avec ceux qui, chaque jour, disent « oui », « non », ou « quand vous aurez atteint ce jalon » aux jeunes pousses du territoire, et partagent le risque de réussir !

Rédaction : Francis Blanrue Photographie : Alban Hefti

Un écosystème structuré, en progression continue . En Alsace, une dizaine d’acteurs structure un écosystème de financement dense et collaboratif. Investisseurs publics, privés, banquiers, incubateurs, tous se connaissent. « Nous avons la chance d’avoir un écosystème reconnu pour son efficience, y compris au niveau national », souligne Emmanuel Poteaux. À l’entrée du parcours entrepreneurial, SEMIA, l’incubateur alsacien du réseau Quest for Change, joue un rôle pivot. « Nous les aidons à définir et activer leur stratégie de financement. Parfois, ils n’en ont pas besoin », précise Stéphane Chauffriat. Chaque projet de

Michel Hussherr (investisseur et animateur communauté Cajuba), Khelaf Idiri (responsable filière innovation CIC Est), Christine Meyer Forrler (Présidente Sodiv)

startup est unique. « On ne finance pas une startup santé comme une application mobile », renchérit Emmanuel Poteaux.

Quasiment tous les financeurs du territoire sont représentés autour de la table pour cette interview. Mentionnons-les brièvement : Conectus (SATT – Société d’Accélération du Transfert de Technologies), qui finance la valorisation de la recherche publique, par exemple les dépôts de brevets. La Banque publique d’investissement (Bpifrance), qui propose prêts, subventions, garanties bancaires, co-investissements avec les business angels, etc. La palette des outils est particulièrement vaste. Les business angels avec le réseau Alsace Business Angels et la communauté Cajuba, qui investissent leur argent personnel, seuls ou collectivement. Les banques privées avec la Caisse d’Épargne et le CIC Alsace, qui apportent des prêts bancaires. Capital Grand Est, qui est un fonds investissant essentiellement en Région Grand Est. La SODIV, qui peut financer les premiers recrutements et le besoin en fonds de roulement.

Tous siègent régulièrement au comité d’engagement de SEMIA, où se décident les entrées en incubation.

Financer une startup : entre expertise… et incertitude. Accompagner une startup, c’est mobiliser des compétences multiples, du flair,

et accepter une part d’aléa. « Malgré toute notre capacité d’analyse, on peut se planter sur une boîte qu’on pensait voir briller et voir décoller une autre jugée moyenne », confie Michel Hussherr. « Le taux d’échec est important, c’est le jeu », ajoute Patrick Maffeis. Pour Khelaf Idiri, « la différence entre une startup et une entreprise classique, c’est l’incertitude, le manque de repères ».

Alban Stamm explique : « notre métier chez Bpifrance, c’est d’analyser le risque. Pour chaque projet, on se demande : est-ce qu’on est prêts à aider ce projet à franchir un cap et créer un effet de levier… Nous disposons d’une vaste palette d’outils. On sème large au départ, et selon les étapes franchies par le projet, on décide de continuer ou pas. »

Il faut arrêter de croire qu’on peut détecter des « licornes », ces startups valorisées à plus d’un milliard, dès le démarrage d’un projet. Il faut miser sur la masse.

Argent privé : le principal manque. « La France finance son innovation avec les financements publics. Ce serait une catastrophe pour l’innovation si Bpifrance disparaissait », alerte Christine Meyer. Par contre, les financements privés sont insuffisants. « En Europe, on investit 10 à 30 fois moins qu’aux États-Unis en capital-risque », rappelle Jean-François Rax. C’est culturel, et structurel. « Là-bas, les fonds de

→ Alban Stamm, délégué innovation BPI, aux manettes d’une palette très vaste d’outils de financements.

Être utile, c’est dessiner de nouveaux horizons. Pour vous, comme pour notre région.

La Caisse d’Epargne Grand Est Europe s’engage ici, maintenant et pour tous.

1. EPITA : L’École pour l’informatique et les techniques avancées, école d’ingénieurs en informatique

EPITECH : L’école pour l’informatique et les nouvelles technologies

2. Entreprise de taille intermédiaire, se situe entre la PME (Petite et Moyenne Entreprise) et la grande entreprise.

« Il faut entraîner les personnes qui ont de l’argent à en remettre une partie dans l’économie.
C’est loin d’être évident… »

pension misent sur l’innovation. Ici, on place sur le Livret A. » rebondit Christine Meyer. Michel Hussherr regrette l’absence de fortunes locales parmi les investisseurs : « Il y a des Alsaciens fortunés, mais beaucoup ne savent même pas qu’on existe. » L’écosystème manque aussi de présence bancaire. « Deux banques autour de la table, c’est trop peu », glisse un intervenant. Khelaf Idiri rebondit : « Certaines banques se sont éloignées du financement des startups. Il nous faut davantage d’acteurs privés. Il faudra trouver la bonne formule pour flécher ou réorienter certains fonds et compenser l’absence de certains acteurs en local. »

Résultat ? Faute de moyens, le système reste élitiste. Des projets intéressants sont certainement perdus en route.

De vraies réussites, et l’envie d’accélérer. Malgré les freins, l’enthousiasme ne faiblit pas. « C’est quand même génial de se lever le matin en se disant qu’on va peut-être financer un nouveau médicament », sourit Emmanuel Poteaux. Parfois, l’investissement dépasse la rentabilité : « Si je perds de l’argent en soutenant une boîte qui sauve la planète, je vivrai bien avec ça », confie un autre.

Fizimed (objets connectés), Polyplus (biotechnologies), Chargemap (bornes de recharge électrique), Blackleaf (production de graphène) Alsachim (Recherche et développement sciences physiques et naturelles), Synovo (numérique et solutions logicielles)… « on est fiers d’aider et de voir grandir des boîtes qui créent de l’emploi ici », souligne Sébastien Pierre.

Même quand des startups délocalisent leur siège pour séduire des investisseurs étrangers, les usines et les emplois, eux,

restent souvent ici. C’est notamment dans l’industrie, la santé, ou les deeptechs que l’Alsace peut se distinguer. Elle peut capitaliser sur ses forces avec de nombreux projets startups. « Le quantique est un levier d’avenir », rajoutent Sandrine André et Arnaud Guittard de l’Eurométropole, interviewés par ailleurs. Et si l’Alsace n’est pas un territoire « numérique », il y en a partout. « Les startups créées sont le reflet des forces en présence. On a du deeptech quantique ici, parce que le Centre européen de sciences quantiques est à Strasbourg… Et si nous avions plus d’EPITA/EPITECH ?¹ » sourit Arnaud Guittard.

Et maintenant ? Plus de volume, plus de visibilité. « Comme la sélection reste incertaine, il faut plus de volume », martèlent les acteurs. L’enjeu : orienter l’épargne vers l’économie réelle, mobiliser ceux qui ont réussi pour qu’ils réinvestissent, notamment des industriels. « Il faut entraîner les personnes qui ont de l’argent à en remettre une partie dans l’économie. C’est loin d’être évident… Les possibilités de défiscalisation peuvent aider à attirer, ça n’est pas toujours possible et ça ne suffit pas », témoigne Patrick Maffeis. Alors oui, c’est risqué. Mais c’est enrichissant, parfois très rentable, et profondément utile pour le territoire. Après, c’est un peu comme aux jeux : on ne joue que ce qu’on est prêt à perdre.

Appel à mobilisation : l’innovation a besoin de vous. Entrepreneurs, épargnants, curieux : et si vous faisiez partie de l’aventure ? Les acteurs de l’écosystème lancent un nouvel outil pour limiter les risques et ouvrir plus largement l’investissement privé aux particuliers. Rejoignezles, la startup d’aujourd’hui peut devenir, ici, l’ETI² de demain – avec votre soutien. ☚

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SALON Viva Technology, direction Paris pour 21 startups alsaciennes

Viva Technology, grand-messe européenne des startups et de la tech, accueillera 21 jeunes pousses locales accompagnées par l’Eurométropole de Strasbourg. Échange avec les responsables de l’opération.

Rédaction : Francis Blanrue

Photographie : Alban Hefti

☛ Vingt-et-une jeunes pousses locales s’apprêtent à faire rayonner leur savoir-faire, du 11 au 14 juin, au salon Viva Technology, rendez-vous phare de l’innovation en Europe. Rendez-vous sur le pavillon de l’Eurométropole pour les trouver. Objectif : attirer investisseurs, clients et partenaires.

« Cette opération s’inscrit pleinement dans notre politique d’appui à l’innovation », explique Sandrine André, responsable Innovation et Affaires internationales à l’Eurométropole de Strasbourg. « S’il ne fallait en choisir qu’un en Europe, ce serait celui-là », confirme Arnaud Guittard, responsable Économie numérique. « C’est une première pour nous. Toutes les grandes métropoles y sont présentes »

Les entreprises, sélectionnées après un appel à manifestation d’intérêt, évoluent

dans quatre secteurs clés du territoire : mobilité et industrie, industries culturelles et créatives, numérique et santé. Leur point commun ? Elles ont déjà franchi l’étape de la commercialisation. « L’enjeu était de cibler celles pour qui c’est le bon moment », précise Sandrine André.

Pour maximiser leur impact sur place, l’Eurométropole a mobilisé les forces vives volontaires de l’écosystème : SEMIA, la CCI, ACCRO, Grand Est Développement, la French Tech... Au programme : entraînement au pitch, gestion d’agenda, optimisation de la présence sur le salon… Chacun a apporté sa contribution pour que les startups puissent maximiser leurs opportunités et séduire un maximum d’investisseurs sur le salon. Une dynamique collective au service de leur réussite. Vivement la suite ! ☚

Arnaud Guittard, responsable Économie numérique et Sandrine André, responsable Innovation et Affaires internationales à l’Eurométropole de Strasbourg.

Retrouvez les startups sélectionnées :

Michel Hussherr
à l’Hôtel Tandem de Strasbourg, lieu des fameuses Cajuba Nights

Michel Hussherr, croire plus fort dans les startups... et en

l’Alsace

Entrepreneur, investisseur, animateur de réseau. Bénévole et philanthrope aussi. Michel Hussherr trace un chemin singulier dans l’écosystème des startups. Portrait d’un business angel déterminé à faire grandir les startups et l’écosystème local.

Rédaction : Francis Blanrue

Photographie : Alban Hefti

Du Burkina Faso à Strasbourg, un fil rouge : l’envie d’agir. Ce qui définit Michel Hussherr avant tout, c’est son envie d’agir. En 2007, il cofonde Burkinasara, une ONG au Burkina Faso, pays qu’il connaît depuis l’enfance. Objectif : soutenir l’initiative locale, créer de l’emploi, redonner de l’autonomie. Deux cents emplois ont ainsi vu le jour. Quelques années plus tard, il cofonde la Librairie des Étudiants, aujourd’hui leader français du manuel scolaire. Après avoir cédé ses parts en 2012, il quitte l’opérationnel et s’offre une parenthèse bénévole au Racing Club de Strasbourg où il participe au redéploiement du service marketing et commercial. Verdict ? « Définitivement, je suis un développeur, pas un gestionnaire. »

Voodoo, l’investissement qui change tout. 2016 est l’année du tournant. En prenant la direction de SEMIA, incubateur de startups, il plonge dans l’univers des jeunes entreprises innovantes... et dans les méandres administratifs. Rêvant d’avoir plus d’impact, il démissionne.

La même année, il réalise son troisième investissement en tant que business angel, dans une jeune pousse strasbourgeoise encore inconnue, Voodoo. Deux ans plus tard, la startup explose et devient une licorne. Retour sur investissement pour l’entrepreneur ? Cent trente-sept fois sa mise ! C’est énorme pour une personne qui investit son propre argent dans une jeune entreprise prometteuse.

Avec ses nouveaux moyens, il décide de se consacrer à l’investissement à plein temps. Pour parfaire son anglais, « c’est important dans cet univers », il part à Boston, épicentre de l’innovation américaine. Là-bas, il rencontre... un Alsacien, bien sûr, évoluant dans le monde

« Même lorsqu’un projet n’aboutit pas, les apprentissages incroyables et les compétences développées par le startuper irriguent ensuite le territoire. »

des startups ! Enchaînant soirées, conférences et rencontres, Michel Hussherr découvre les codes de l’investissement américain, les KPIs, les méthodes. Il en revient transformé et crée Innouvo, une société d’accompagnement des startups vers les États-Unis.

Cajuba : conjuguer collectif, business et impact. Prendre le risque de soutenir l’émergence et la croissance de nouveaux modèles d’affaires à impact nécessite des fonds importants et de l’intelligence collective. C’est pour cela qu’en 2019, il lance la Team Cajuba, une communauté comptant aujourd’hui 135  business angels unis par une même vision : « faire du bien en faisant du business ». Ni club fermé ni fonds d’investissement, chaque membre reste libre de soutenir ou non les projets qu’il y découvre. « Chacun peut aussi décider d’y aller seul. » Avant de présenter une startup à d’autres investisseurs, Michel Hussherr investit beaucoup de temps auprès du ou des fondateurs. « Je présente à la communauté des startups qui m’intéressent, que j’ai pris le temps de connaître et d’aider », précise-t-il. « Il faut entre quatre mois et deux ans d’interactions avant une levée de fonds. »

Pour décider quels projets soutenir avec d’autres business angels, il imagine les Cajuba Nights : process de trois soirées pour découvrir une startup, échanger autour d’un repas, visiter ses locaux et sentir l’ambiance de l’équipe. « Je

n’investis jamais sans avoir vu le dirigeant en action. Et ce qu’il soit à Boston, Ouagadougou ou Strasbourg », affirme-t-il. Depuis sa création, la Team Cajuba a investi plus de 7 millions d’euros dans 23 projets. Deux échecs, plusieurs belles croissances, et des perspectives de gains de plus de 20 millions d’euros pour les membres de la communauté.

Faire circuler l’information et l’argent pour irriguer l’Alsace. Investisseur aguerri, Michel reste fidèle à ses racines : un tiers de ses investissements est réalisé dans le Grand Est. Et toutes ses sorties positives proviennent de cette région. « Il se passe des choses ici. Mais on peut aller encore plus loin », plaide-t-il. Il rêve d’un écosystème plus solidaire, plus visible et attractif, plus ambitieux. « Il n’y a pas assez de deal flow, de projets smart à mon goût. On a tout à gagner à les stimuler. Même lorsqu’un projet n’aboutit pas, les apprentissages incroyables et les compétences développées par le startuper irriguent ensuite le territoire. » Il milite aussi activement pour inciter les entrepreneurs à succès à réinvestir localement : « Gagner de l’argent, c’est bien. S’acheter une Porsche, pourquoi pas. Mais ensuite ? On peut aussi aider d’autres talents à éclore ici. »

Son credo : « Sortons l’argent des banques. Faisons circuler le capital pour irriguer notre territoire. » ☚

Michel Hussherr

L’ÉCRIVAIN

Commencez un nouveau chapitre, en toute intimité, quartier sud à Colmar.

MONEY MONEY MONEY !

Chiffres à l’appui, l’écosystème alsacien affirme son dynamisme : projets soutenus, fonds levés, investisseurs engagés... Autant d’indicateurs d’un territoire en transformation, qui reste confronté au défi de l’investissement privé local pour bâtir son avenir. Source :

Datavisualisation : Cercle Studio

270 projets / an en moyenne

1237

associés et salariés dans les startups

accompagnés par SEMIA

accompagnées par SEMIA en 2024

€ 447 M€ de fonds levés

118 M€ de chiffre d’affaires

entre 2021-2024 par les startups en incubation chez SEMIA

Source: CapitalGrand Est

placés chaque année dans des startups alsaciennes par Capital Grand Est 8 M€

business angels identifiés au total avec Alsace Business Angels et la communauté Cajuba

14 M€

investis au total avec Alsace Business Angels et la communauté Cajuba depuis leur création

50 % des 62 M€

d’aides à l’innovation de Bpifrance Grand Est ont été captés par l’Alsace, en raison notamment du poids des labels I-Lab, Deeptech et PIA

Source: UniversitédeStrasbourg

8,5 M€

reçus en 2023 dans le cadre du plan France 2030 avec le PUI Alsace pour favoriser l'émergence de startups deeptech issues de la recherche publique

COMMENT ÇA VA CHEZ Boehli

L’entreprise familiale de Gundershoffen se réinvente sans perdre une miette de son identité. Visite guidée par Raphaël Wurtz, son directeur d’usine.

Rédaction : Salomé Dollinger

Photographie : Laetitia Piccarreta

Fiche technique

Boehli c’est : 90 ans de bretzels, sticks et biscuits apéritifs.

6000 m2 d’usine, 3100 m2 d’entrepôt logistique et 500 m2 de musée qui accueille chaque année 20 000 visiteurs.

Effectif : 90 collaborateurs

Chiffre d’affaires : 22 millions d’euros en 2024, dont 38 % à l’export (22 pays)

Production : 7 000 tonnes de biscuits/an

Distribution : 60 % MDD, 40 % marque Boehli

↓ Depuis

20 ans, Raphaël Wurtz impulse les projets stratégiques comme l’entrepôt logistique automatisé et l’AGV.

Depuis 1935, la PME alsacienne, ancrée à Gundershoffen, a toujours su conjuguer croissance et indépendance. « Quand mes parents ont racheté Boehli en 1998, le chiffre d’affaires était de 700 000 francs. Aujourd’hui, nous sommes à 22 millions d’euros », affirme Nicolas Meckert, son PDG. Une ascension fondée sur une recette simple : qualité, savoir-faire local et audace industrielle.

Pour accompagner sa croissance, l’entreprise a investi 6,7 millions d’euros dans une septième ligne de production et un nouvel entrepôt automatisé (Boehli 2), cofinancé en partie par la Région Grand Est, l’État et l’Union européenne à hauteur de 400 000 euros. Ces équipements modernes, épaulés par « Toby » et « Giorgio » (voir encadré), permettent d’optimiser les flux logistiques et d’expédier jusqu’à 250 palettes par jour. L’automatisation fait gagner 50 % de temps de préparation tout en réduisant l’empreinte carbone, grâce notamment à l’installation de panneaux photovoltaïques d’une puissance de 250 kWh sur le toit de Boehli 2, qui a déjà permis de réduire de 31 tonnes les émissions de CO2.

« Nous sommes passés de deux à sept lignes de production : cinq pour les bretzels et deux pour les sticks » explique Raphaël Wurtz, le directeur d’usine. Et l’extension industrielle est impressionnante : Boehli 2, véritable cathédrale logistique de 3100 m2 avec dix mètres de hauteur sous plafond, peut stocker jusqu’à 4054 palettes. Deux transstockeurs automatiques assurent la manutention, tandis que quatre quais permettent de préparer simultanément trois commandes. La production, elle, tourne cinq jours sur sept en continu, portant la capacité de 31 tonnes à 42 tonnes de biscuits apéritifs par jour.

↑ Dans un tiers de la France, de la Normandie jusqu’à Lyon, les produits alsaciens se vendent sous la marque Boehli.

« NOUS SOMMES PASSÉS DE DEUX À SEPT LIGNES DE PRODUCTION : CINQ POUR LES BRETZELS ET DEUX POUR LES STICKS. »

« Toby » et « Giorgio » : les héros mécaniques

Chez Boehli, même les robots ont du caractère ! Toby, petit AGV suisse, charge les palettes avec agilité. Giorgio, navette électrique autonome italienne, relie les deux sites de production sur 300 mètres, avec guidage au sol, remplaçant six allers-retours quotidiens de semi-remorques. Ensemble, ils optimisent la logistique tout en réduisant l’empreinte carbone. s.d.

La Fabrique à Bretzels : un incontournable du tourisme local Unique en Alsace, ce musée de la bretzel dévoile les secrets de fabrication de Boehli. Pour ses 90 ans, la marque a imaginé une exposition immersive autour des cinq sens, Voyage sensoriel au pays de la bretzel, où la convivialité alsacienne se vit et se déguste. Et pour résoudre définitivement un débat local : oui, on dit bien UNE bretzel ! s.d.

Avec cette septième ligne, la capacité de production a augmenté de 35 %, passant de 31 tonnes par jour à 42 tonnes.

Vingt conteneurs partent pour l’export chaque année, direction l’Allemagne, le Japon, Dubaï, la Corée du Sud ou encore la Chine.

Si l’entreprise familiale mise sur l’innovation industrielle, elle n’oublie pas l’essence de son succès : la qualité produit. Dans la zone boulangerie, la préparation de la pâte répond à un cahier des charges rigoureux : farine bio, sel, huile de tournesol, levure, malt et eau. Le pétrissage dure entre dix et douze minutes avant de passer aux lignes de production. Puis vient le bain de saumure de bretzel à base d’hydroxyde de sodium, chauffé à 60 °C grâce à un échangeur de chaleur permettant de récupérer l’énergie des cheminées. « C’est ce qui va donner la couleur et la brillance », explique Raphaël Wurtz. Une traversée sous le rideau de sel et les bretzels sont prêtes pour la cuisson : cinq minutes chrono pour passer une ligne de sept fours longue de 30 mètres, avec une variation de température entre 150 et 250 °C. « Il y a cinq ans encore, le remplissage se faisait à la main », rappelle le directeur d’usine. Désormais, ensacheuses et balances associatives assurent une précision et une vitesse d’exécution optimale. Ce souci d’efficacité n’éclipse pas l’engagement local de Boehli. L’entreprise travaille avec des partenaires de proximité, comme le Moulin des Moines pour sa farine bio, cultivée à moins de 20 km de l’usine. Aujourd’hui, 18 % de la production est certifiée bio, « française, voire alsacienne, quand les récoltes sont bonnes », précise Anita Schaeffer, directrice commerciale. Selon la demande des clients, Boehli peut aussi concocter des recettes audacieuses à partir de farines d’épeautre, de quinoa, ou encore à base de pois chiches, de carottes... Depuis trois ans, la marque commercialise aussi des éclats de bretzels, à parsemer dans des recettes sucrées. Preuve que chez Boehli, l’innovation ne se limite pas à l’outil industriel : elle passe aussi par la créativité des saveurs. En 2024, alors que le marché français des apéritifs à croquer progresse de 4,8 % en volume, Boehli poursuit sa stratégie de développement en marque propre tout en conservant 60 % de son activité en marques de distributeur. Avec encore 3000 m2 exploitables derrière Boehli 2 – pour des projets « top secret » selon Anita Schaeffer –, la PME alsacienne a de quoi voir venir... et continuer de faire croustiller les apéros pour les 90 prochaines années ! ←

Dossier

LA RESTAURATION À STRASBOURG, QUE DE BOULEVERSEMENTS !

Restaurants, restaurateurs, clients… beaucoup de certitudes et d’acquis ont été bousculés durant les cinq dernières années. Or Norme analyse l’essentiel, à travers le regard de celles et ceux qui possèdent une vraie expertise en la matière…

Véronique Siegel

Véronique Siegel

Le secteur de la restauration est fragilisé…

Présidente départementale du Bas-Rhin de l’Union des métiers de l’industrie hôtelière

(elle siège aussi au directoire de l’UMIH Nationale), Véronique Siegel analyse lucidement l’évolution du secteur de la restauration dans la capitale européenne.

Rédaction : Jean-Luc Fournier

Photographie : Tobias Canales

Cinq ans après ce véritable cataclysme qu’a représenté la pandémie de Covid dans le secteur de la restauration, quels sont les principaux retours que vous enregistrez de la part des restaurateurs du Bas-Rhin ?

☛ parce qu’ils n’avaient plus les bras suffisants pour servir leurs clients… Au final, ce manque de personnels a bien sûr eu un impact sur leur chiffre d’affaires, c’est évident… Les marges se sont dégradées d’autant que la profession a tenu sa promesse ante-Covid de rehausser les salaires du secteur. Il nous faut aujourd’hui, et c’est impératif, renforcer la formation des personnels nouvellement arrivés. C’est vital pour notre image de marque…

Vous avez raison de parler de cataclysme. Les fermetures totales qui nous ont été imposées ont fait qu’une grande partie de nos équipes se sont retrouvées à la maison pour la première fois de leur vie, souvent. Jusqu’alors, nos salariés avaient l’habitude de fonctionner en horaires décalés vis-à-vis de leurs proches et soudain, ils se sont retrouvés comme déboussolés. Alors certains se sont dit que c’était peut-être le moment d’envisager une toute autre vie professionnelle. J’ai les chiffres au niveau national : en deux ans, ils ont été plus de 180 000 qui ont disparu de nos effectifs. Chaque année, la profession a besoin de 200 000 nouveaux employés, il nous a donc fallu en rechercher près de 380 000, alors que nous n’en formons que 80 000 par an. Vous mesurez donc bien le challenge auquel nous avons été confrontés. Tous les restaurateurs ont bien sûr grincé des dents…

Concrètement, comment ont-ils réagi ?

Ils ont tous essayé d’attirer de nouveaux collaborateurs en adaptant au maximum les contraintes d’horaires de présence, le principal point noir de la profession. Mais bien sûr, les marges de manœuvre sont restées étroites. Alors, ils ont utilisé toutes les possibilités imaginables : à la campagne, certains ont même fermé une salle complète de leur restaurant

Peut-on parler d’un secteur fragilisé ? Oui, je crois. J’ai vu passer des chiffres au niveau national qui prouvent qu’un quart des restaurants seraient en situation déficitaire. Beaucoup de ceux qui ne le sont pas affichent des marges très faibles, autour de 2 % : autant dire qu’au moindre écart, ils basculent dans le rouge. Un mois de travaux dans leur rue et ils sont morts. À Strasbourg, il y a aussi des difficultés spécifiques, comme par exemple la fin du parking de surface gratuit entre 12 h et 14 h qui date des derniers temps de la précédente municipalité. Plus récemment, la hausse vertigineuse des frais de stationnement a été terrible pour nos restaurateurs. Les possibilités de dialogue avec l’actuelle municipalité sont quasiment inexistantes : lors d’une réunion à laquelle je participais en tant que présidente de l’UMIH, j’ai exprimé quelques demandes pouvant apporter un peu d’oxygène. Je me suis entendue rétorquer par la maire de Strasbourg : « Madame, je ne suis pas là pour satisfaire les restaurateurs strasbourgeois et leur permettre d’avoir des clients. » Nous en sommes là… ☚

Marilyn Lefebvre

Poids Plume a fermé ses portes au début du printemps

C’était un de ces établissements fréquentés tant par les Strasbourgeois que par les touristes, en raison de sa parfaite situation à l’orée de la Petite-France et de l’excellence de ses petits plats. Mais sa propriétaire, après s’être longtemps battue contre toutes sortes d’obstacles, dont certains assez stupéfiants, a décidé de déposer les armes. Ce pan entier de la sympathique place des Meuniers est devenu aujourd’hui bien silencieux.

Rédaction : Jean-Luc Fournier

Photographie : Tobias Canales

☛ Poids Plume était, pour certains d’entre nous, ce qui se faisait de mieux en matière de cuisine asiatique à l’hyper-centre de Strasbourg. Les palais de ses clients frémissent encore des saveurs travaillées par Céline, la chef de cuisine (ex-chef de l’étoilé La Cambuse, qui se trouvait à deux pas – on y reviendra…).

Le regard un peu triste de sa propriétaire Marilyn Lefebvre nous a accueilli à quelques jours de la fermeture, en avril dernier. « Je suis née ici, juste dans la maison qui ferme l’autre côté de la place. Nous sommes une famille de restaurateurs depuis trois générations. Mes grands-parents sont arrivés à Strasbourg au tout début des années 60 et ont ouvert La Rivière des Parfums. Puis mes parents ont démarré La Cambuse au coin de la place Benjamin Zix, restaurant qui a hérité d’une étoile au Michelin avant d’être revendu il y a six ans. Le tonton et une cousine possédaient deux établissements pas loin. Depuis toujours, nous sommes donc de petits indépendants qui maîtrisions toute la chaîne, du bistrot à l’étoilé. Depuis toujours aussi, nous étions de petits faiseurs qui travaillions sur le terrain et nous savons donc un peu de quoi nous parlons, en matière de restauration… »

Un bouche-à-oreille efficace. Poids Plume n’aura pas donc survécu au-delà de sa onzième année d’existence. L’enchaînement qui aura mené à cette funeste issue est parfaitement analysé par Marilyn : « Après des débuts un peu compliqués par un concept de départ mal maîtrisé, une sorte de Bistrot-Poussette censé accueillir les jeunes mamans avec des animations pour les enfants, on a bifurqué vers la cuisine vietnamienne

comme celle que je mangeais chez ma grandmère. Nous avons été par exemple le tout premier restaurant de Strasbourg à proposer des bo buns. Aujourd’hui, on en trouve partout. Avec l’arrivée de Céline après l’arrêt de La Cambuse, on a monté encore d’un cran en qualité. Durant ces cinq dernières années, nous proposions des plats du jour très variés et très appréciés, manifestement, par une clientèle composée à 80 % par des habitués qui ont fait fonctionner efficacement le bouche-à-oreille… »

Et c’est vrai qu’il faisait bon déjeuner ou dîner au Poids Plume… « Évidemment, le Covid a signé le début de nos difficultés, avec le peu de personnel qu’on a pu recruter à la réouverture… » se souvient Marilyn. « Déjà, un peu avant, nous avions senti les effets d’une moindre fréquentation quand la fin du stationnement gratuit entre midi et deux était intervenue. Mais ce n’était rien à côté de ce véritable coup de pelle que nous avons pris quand, il y a deux ans, les tarifs du stationnement ont été férocement augmentés, de même que le coût des transports en commun. Plein de gens ont fini par nous dire : “Bon, on est désolé, ce n’est plus possible de venir de l’extérieur pour manger un bo bun en rajoutant dix balles de parking. On va rester à l’extérieur de Strasbourg…” »

À partir de là, on n’a jamais pu travailler sereinement. Il y a eu ensuite la hausse insoutenable de l’énergie qui nous a contraint de fermer l’hiver pour ne pas avoir à chauffer, tout en nous concentrant sur nos ventes de notre chalet au Marché de Noël qui, heureusement, existait depuis pas mal de temps. Puis nous avons subi la hausse terrible des matières premières, alors on a jonglé, on s’est adapté…

Les faillites se multiplient

Le nombre d’entreprises ayant entamé des procédures collectives a atteint, en 2024, son plus haut niveau depuis quinze ans. Et la restauration est encore plus touchée que les autres secteurs d’après les statistiques de la Banque de France publiées en février dernier. En janvier 2025, le nombre de défaillances était supérieur de 17% à la moyenne constatée de 2010 à 2019. Une autre étude, celle de l’Observatoire de la Banque Populaire Caisse d’Épargne affirmait à la même période qu’environ 25 000 emplois étaient menacés. En moyenne, chaque restaurant a enregistré une baisse de son chiffre d’affaires de 1 à 2 % l’an passé et les taux de marge ont fondu… J.l.f.

« Recevoir une mise en demeure de la Mairie parce qu’un bac à fleurs dépassait légèrement la ligne autorisée, ça m’a coupé les ailes et j’ai commencé à envisager la fermeture… »

« On a tout fait pour survivre… » Mais le véritable coup de bambou a été plus récent. « C’était l’été dernier, quand la municipalité a mis en route une violente redéfinition des espaces en terrasse. J’en ai pleuré : comment peut-on agir de la sorte, sans même venir nous parler et en nous sanctionnant aussi durement ? On a perdu le bénéfice de dix tables dans ce combat. On s’est senti comme des délinquants de haut vol, nous qui pourtant étions très engagés sur les côtés humains de notre métier, comme donner accès à nos toilettes pour les touristes, car il n’y en a pas dans le secteur pourtant très fréquenté. Ici, on n’a jamais refusé un verre d’eau à une famille de passage… Dans ces conditions, recevoir une mise en demeure de la Mairie parce qu’un bac à fleurs dépassait légèrement la ligne autorisée, ça m’a coupé les ailes et j’ai commencé à envisager la fermeture… » Évidemment, le chiffre d’affaires de 2024 a enregistré la pire baisse des onze années d’exploitation de Poids Plume (-20 %). Malgré tout, Marilyn a continué à se battre, multipliant les calculs sur ses tableurs Excel et tentant de raisonner les fonctionnaires municipaux pour retrouver des espaces extérieurs plus généreux, absolument vitaux pour l’équilibre de son activité.

« J’ai finalement, de haute lutte, obtenu l’autorisation pour réagrandir la terrasse d’un mètre devant l’entrée du restaurant et d’1,20 m sur le côté. L’an passé, avant tous ces tracas, la terrasse me coûtait 2200 € de taxes municipales, avec ces nouvelles mesures, on est passé à 4 200 € ! »

Alors, un jour, la mort dans l’âme… l’abattement a laissé la place à une mesure plus

radicale : « On avait tout fait, vraiment tout fait pour survivre. On n’était plus que deux, on n’avait plus ni plongeur ni barman ni femme de ménage donc on se tapait tout le boulot dès 8h le matin. Des journées de folie. Alors, on en a eu marre, j’en ai eu marre ! Marre de gérer toutes ces contraintes dont certaines étaient aberrantes, moi qui ne prenais mon pied qu’en servant mes petits plats les plus raffinés à une clientèle que j’aimais et à qui ça me faisait tellement plaisir de faire plaisir. Un acheteur potentiel s’est présenté il y a un an et demi. Il été patient pendant que Céline et moi faisions tout pour nous en sortir. Mais non, nous avons fini par admettre qu’il fallait mieux arrêter avant de devenir médiocres. J’ai préféré partir proprement avant de commencer à vraiment péricliter… »

Fin de l’histoire. Céline et Marilyn ont répondu à une demande d’un supermarché de périphérie et vont lui fournir des petits plats préparés à la façon « Poids Plume ». « Si ça marche, on avisera » dit Marilyn, enfin libérée du stress « des contraintes administratives débiles et de la dictature des Uber, Deliveroo et autres Fourchette dont les représentants sortent de HEC et viennent te pomper des commissions invraisemblables sur le fruit de ton travail… »

Une grande lassitude devant tous ces obstacles qui, au final, « nous ont empêchées de travailler avec la satisfaction et le plaisir de nos clients pour seule boussole ».

C’est triste… mais c’est aussi une part de la réalité quotidienne de pas mal de restaurateurs de Strasbourg. ☚

LE TEAM PADEL CHEZ DS IMPRESSION : UN MOTEUR DE COHÉSION ET DE BIEN-ÊTRE AU TRAVAIL

Depuis huit mois, DS Impression, leader français de l’impression numérique grand format, a lancé une initiative originale en intégrant le padel dans ses activités internes. Cette démarche s’inscrit dans les préconisations de la Fédération Française du Sport d’Entreprise (FFSE), qui promeut l’activité physique en entreprise comme vecteur de bien-être, de santé et de performance collective.

Le padel, un sport collectif au service de l’entreprise

Le padel, sport de raquette dynamique et accessible à tous, se joue en double et mise sur la coordination, la stratégie collective et la bonne humeur. Sa pratique en entreprise crée un cadre informel propice aux échanges et renforce la solidarité entre collègues.

L’un des aspects marquants de cette initiative est la participation régulière des dirigeants de DS Impression aux sessions de padel. Leur engagement sur le terrain aux côtés des collaborateurs symbolise une volonté forte de casser les barrières hiérarchiques, d’encourager l’échange direct et de montrer l’exemple en matière de bien-être au travail.

Des effets concrets et mesurables

En seulement quelques mois, les retombées sont visibles : Meilleure cohésion d’équipe : les liens se tissent plus naturellement, même entre services.

Baisse du stress : les salariés éva-

cuent les tensions accumulées grâce à une activité ludique.

Hausse de la motivation : la reconnaissance implicite via cette activité partagée rejaillit sur l’engagement professionnel.

Des challenges inter-entreprises pour aller plus loin Une fois par mois, DS Impression participe à des challenges inter-entreprises de padel, réunissant d’autres acteurs du territoire.

Ces événements, à la fois compétitifs et conviviaux, permettent de fédérer les équipes autour d’un objectif commun, de valoriser les talents internes

et de tisser des liens avec d’autres entreprises locales. Ils renforcent le sentiment d’appartenance tout en ouvrant l’entreprise vers l’extérieur dans une dynamique positive.

Avec son programme Team Padel, DS Impression signe une initiative exemplaire de sport en entreprise. En mêlant plaisir, engagement collectif, implication des dirigeants et ouverture aux autres entreprises, la société démontre qu’il est possible d’inscrire le bien-être dans la culture d’entreprise tout en valorisant les compétences humaines.

IMPRESSION XXL POUR LES MARQUES & LES RETAILERS : AFFICHE, PLV, SIGNALÉTIQUE, PACKAGING, THÉÂTRALISATION & ÉVÉNEMENTIEL

RÉFLEXIONS

Paroles de pros

Jean-Noël Dron est le PDG de Trasco, le plus grand groupe de restauration de Strasbourg. Stéphane Wernert gère le restaurant Il Girasole avec son épouse Fanny.

Enfin, Philippe Loubry, s’il est retraité, aligne plus de quarante ans de bons et loyaux services dans le secteur de la restauration. Tout en ayant conservé son légendaire « franc-parler », il gère encore aujourd’hui les réseaux sociaux d’une dizaine de restaurants d’un grand groupe strasbourgeois. Best of de leurs réflexions sur la restauration à Strasbourg.

Rédaction : Jean-Luc Fournier

Photographie : Tobias Canales

☛ Ces temps qui changent

Jean-Noël Dron

« Le secteur de la restauration évolue vite, mais ce n’est absolument pas nouveau. Cette évolution, je l’ai toujours connue depuis trente ans que je travaille dans ce secteur. Longtemps, la restauration strasbourgeoise a fait dans le classique, voire l’ultra-classique. Mais depuis plusieurs années, on a vu naître ces concepts de néo-brasseries. Dans notre groupe, l’exemple le plus visible jusqu’à ce jour a été celui de La Chaîne d’Or, cette brasserie ultra-connue des strasbourgeois qui était incontournable au débouché de la Grand-Rue sur les voies du tram et la station Langstross. On a fait un constat : aujourd’hui, on mange de plus en plus vite et les goûts changent, comme tout change. De plus, la fréquentation de la Grand-Rue est devenue beaucoup plus jeune, plus dynamique. J’avais acheté La Chaîne d’Or en 2000 et j’avais préservé cette institution. Mais, si rien n’avait été entrepris, elle n’aurait pu que décliner. La restauration a les mêmes règles que partout ailleurs, il faut anticiper et tenir compte de son environnement… »

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Crédit
Zagaoui

☛ Ces temps qui changent

Stéphane Wernert

« Il faut faire une croix sur le profil du couple de restaurateurs comme on l’a tous connu et aimé, bien sûr. L’exemple type fut celui du prédécesseur de Véronique Siegel à l’UMIH, Roger Sengel et son épouse Marie qui géraient la winstub Le Clou, lui à la cuisine et elle, en salle. C’est Roger qui lui-même avait résumé ça en une de ses formules dont il avait le secret : “Sur une semaine, j’ai été longtemps cinq jours en cuisine et deux jours au bureau. À la fin, c’était le contraire : cinq jours au bureau et deux jours en cuisine !” Avec mon épouse Fanny au Girasole, nous sommes une exception, mais nous savons bien que nous allons finir par disparaître et être rachetés… »

Philippe Loubry « Compte tenu de ses spécificités, Strasbourg est loin d’être une ville sinistrée en matière de restauration. Mais, la baisse globale du chiffre d’affaires est bel et bien là. Pour moi, il y a un vrai problème : celui d’avoir à constater que Strasbourg est devenue une ville bien trop chère au niveau de l’immobilier et du coup, la restauration est devenue globalement bien trop chère aussi. Les temps changent, c’est vrai. En une ou deux décennies, les comportements des consommateurs sont devenus radicalement différents : aujourd’hui, les cadres branchés qui ont la quarantaine ne restent plus des heures à table, il y a vingt ans, ils avaient un gros ventre et ils buvaient. De nos jours, ils arrivent au resto avec un pantalon de taille 38, il mange une salade, boivent une Badoit et ils s’en vont ! Aujourd’hui, à table, on est passé de la bouteille de vin au vin au verre, de l’apéritif à la demie Carola, on est passé du digestif et du cigare au café décaféiné. Tous ces “à-cotés” produisaient de la marge pour les restaurateurs alors, sans eux, il leur a fallu rehausser le reste des plats pour conserver un ticket-moyen correct. Passer de 14 à 18 € est devenu la norme… »

↑ Stéphane Wernert
↑ Philippe Loubry ☚

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Des clients moins nombreux

C’est le constat d’au moins une demi-douzaine de sociétés d’études sur le secteur de la restauration en 2024. En cause, le télétravail qui a totalement bouleversé les traditionnelles habitudes de consommation des salariés lors du déjeuner de midi. En cause également, la hausse spectaculaire du nombre d’enseignes moins chères (dont beaucoup de boulangeries comportant des places assises). La vente à emporter se taille la part du lion. La hausse des prix « à la carte » (environ 20 % depuis 2022) n’est pas étrangère à la baisse de la clientèle dans la restauration traditionnelle. Un cabinet (Food Service) souligne qu’encore plus de Français sont sensibles aux prix affichés : 89 %, contre 84 % en 2023. À Strasbourg, on souligne de plus en plus les difficultés d’accès en ville (et pas seulement dans l’hypercentre) : dans ce contexte, la hausse violente du coût du parking en surface a fortement impacté la fréquentation des restaurants et modifie radicalement d’autres habitudes, comme celle de l’accès des camionnettes des artisans au centreville. La hausse conjointe tout aussi radicale (et très surprenante) du coût des transports en commun est venue en rajouter à un tableau assez sombre… J.l.f.

☛ Un centre-ville devenu inaccessible et problématique

Jean-Noël Dron

« Il est de bon ton de tout mettre sur le dos des élus actuels, mais, si on veut rester objectif et ne pas verser dans le politique, on se doit de reconnaître que nombre de problèmes existaient depuis longtemps. Comme la suppression du stationnement gratuit entre midi et deux : je me souviens qu’il y avait une forme de tolérance sur les dépassements après 14h et que ça bénéficiait aux restaurateurs, bien sûr. Mais je me souviens aussi que le soir, les véhicules de la fourrière tournaient comme des abeilles autour d’un pot de miel. L’insécurité et la saleté ne datent pas d’hier même si je reproche à l’actuelle municipalité de n’être pas très pro-active sur ces sujets. Je travaille en ville depuis trente ans sur une dizaine de rues au maximum, je les connais par cœur. Les principaux problèmes ne datent pas d’aujourd’hui… »

Stéphane Wernert

« Il faut savoir ce que l’on veut. Si on veut limiter drastiquement l’accès de la voiture au centre-ville, il va falloir assumer toutes les conséquences sur le commerce. Car on ne peut pas tout avoir : aujourd’hui, de grandes zones commerciales en périphérie accueillent les voitures à bras ouverts !

C’est devenu très compliqué de faire ses courses au centre-ville, c’est certain. Et ça ne concerne pas que le commerce traditionnel : les professions libérales songent elles aussi à quitter l’hypercentre de Strasbourg pour mieux pouvoir accueillir leurs clients : je connais un cabinet de dermatologie qui vient de finaliser sa délocalisation. J’espère que la revitalisation du centre-ville, avec ses commerces et ses restaurants, sera au cœur des débats des municipales dans moins d’un an maintenant… »

☛ Revitaliser ?

Philippe Loubry « Mille fois oui ! Il faut s’adresser aux plus jeunes adultes, pour eux la cigogne, la choucroute, la cathédrale et les marchés de Noël, ça ne veut plus rien dire du tout. Et puis, il ne faut pas exagérer comme le font certains, Strasbourg n’est quand même pas devenu un coupe-gorge crade comme ils le clament. Ce qu’il faudrait, c’est relancer une vraie politique événementielle, sans se contenter de n’exploiter que les seuls marchés de Noël, créer une vraie dynamique sur ces sujets. Mais bon, on nous a même dit qu’il ne fallait pas prononcer le mot “attractivité”, alors… »

Stéphane Wernert

« La vraie priorité, la priorité urgente c’est de s’occuper du commerce et la restauration fait intégralement partie de cette urgence. Il faut redonner le goût du centre-ville à ces milliers de gens qui se sont mis à préférer les grandes zones commerciales de périphérie. Mais, en ce qui nous concerne plus particulièrement nous les restaurateurs, il faut tenir compte de l’évolution de la société, comme mieux gérer les réseaux sociaux devenus omniprésents aujourd’hui, par exemple. On ne reviendra jamais en arrière donc changeons la position de nos curseurs pour mieux nous adapter. Reste que le grand défi qui nous attend pour au moins deux décennies, c’est de trouver les réponses à des questions comme : comment relancer l’activité des centresvilles ? C’est vital, car un centre-ville en mal de commerces dynamiques, c’est rien, c’est que dalle. Ça n’attire plus personne.

Un centre-ville dynamique, c’est un véritable poumon économique. Il faut quand même le crier bien fort quand certains veulent des arbres en masse avec des oiseaux qui chantent et que cet idéal-là fait que tu finis par oublier la fonction première d’un centre-ville. Personnellement, je veux en toute circonstance rester optimiste même si, sincèrement, sur ces questions-là, je crains que le mal ne soit déjà fait… »

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Elodie DJORDJEVIC

Directrice Développement Adjointe edjordjevic@nexity.fr 06 78 06 09 58

Yann SCHAFFNER

Responsable Développement

Terrasses

À l’abri des regards dans l’hypercentre strasbourgeois, dans des cadres plus bucoliques ou industriels, les terrasses nous réjouissent dès l’arrivée des beaux jours. Avant les éclats de rire, les cafés fumants ou les claviers qui crépitent, notre photographe Simon Pagès en a capté l’essence brute, révélant la beauté simple et authentique de ces lieux où il fait bon vivre. Du quai des Bateliers au Phare Citadelle en passant par l’ancienne Manufacture des tabacs ou Koenigshoffen, focus sur ces espaces pensés pour nous réjouir.

Rédaction : Barbara Romero Photographie : Simon Pagès

1 Captain Bretzel

49 quai des Alpes, Pont

Winston Churchill, Strasbourg

2 Karmen Camina

4 cour des Cigarières, Strasbourg

3 Brasserie Perle

10 place de l’Abattoir, Strasbourg

4 Le ravito des cyclos

3 Ecluse, Ernolsheim sur Bruche

5 Overground Brewing

8 rue de la Tour, Strasbourg

6 Hannong Hôtel & Wine Bar

15 rue du 22 novembre, Strasbourg

7 B’art Garden Apollonia

23 rue Boecklin, Strasbourg

8 AEDAEN Brasserie

4 rue des aveugles, Strasbourg

9 Café Atlantico

9A quai des Pêcheurs, Strasbourg

10 Art Café MAMCS

1 place Hans-Jean-Arp, Strasbourg

11 Phare Citadelle

13 rue de Nantes, Strasbourg

Darek Szuster

Reporter-photographe au journal L’Alsace au milieu des années 90, Darek Szuster a longtemps croqué la vie quotidienne des habitants de la région en posant sur eux ce regard doux, tendre, à la fois humain et décalé qui n’appartient qu’à lui.

Aujourd’hui devenu photographe indépendant et installé dans l’ouest de la France, il poursuit ce travail à hauteur d’hommes en menant des projets au long cours qui nécessitent un investissement personnel que la presse quotidienne ne peut plus qu’exceptionnellement permettre.

Cette série de photos qui s’ouvre au fil des pages suivantes constitue les prémices de l’un de ces travaux qui sont comme des plongées au cœur d’une autre humanité. Plusieurs semaines durant, Darek Szuster est allé à la rencontre des derniers mineurs de Haute-Silésie, en Pologne, d’où il est originaire. Descendant au fond de la mine avec ces forçats du charbon, partageant leur quotidien. Consignant les derniers souffles d’un monde qui était une vie.

↑ Un enfant sur la place de jeux dans le quartier de Szopienice. Dans les années 70 dans ce quartier de Katowice fonctionnait une fonderie de plomb dont les émissions dans l’environnement dépassaient de 70 fois le seuil toléré. Le Dr Jolanta Wadowska-Król avait diagnostiqué le saturnisme chez de nombreux enfants du quartier. Les autorités ont pendant longtemps caché à la population la nocivité des produits transformés dans la fonderie, qui a définitivement fermé ses portes en 2008.

L’industrie minière a depuis des décennies modelé les paysages de Haute-Silésie comme ici à Łaziska Górne.

↑ Le souvenir d’un lointain passé, quand les mineurs amenaient au fond de la mine des canaris, très sensibles au méthane. La mort du canari donnait l’alerte sur la présence de gaz et permettait aux mineurs d’évacuer le secteur.

↗ Un mineur remonte après une journée de travail au fond de la mine « Wujek » dont la liquidation a été prévue pour 2026. Dans le cadre du Pacte vert européen le gouvernement polonais s’est engagé à arrêter l’exploitation de charbon d’ici 2049.

→ Travaux de maintenance à 800 mètres sous terre.

← La nature reprend ses droits sur le terril « Skalny ». Il occupe une surface de 30 hectares entre la mine Bolesław Smiały et la centrale électrique de Łaziska Górne et mesure 389 mètres de hauteur. Les déchets de la mine voisine s’accumulent ici depuis 220 ans.

↑ Le dimanche des Rameaux à Katowice.

→ Sur des centaines de kilomètres, les grands tuyaux du réseau de chaleur à ciel ouvert traversent les champs et les forêts pour alimenter les habitations de la région.

↑ Stanisław Płatek chez lui à Katowice en tenue d’apparat. En décembre 1981 il était meneur de la grève à la mine Wujek de Katowice après l’instauration par le général Jaruzelski de la loi martiale en Pologne. Blessé lors de l’assaut des ZOMO, qui a coûté la vie à neuf mineurs, il a été condamné à quatre ans de prison.

↗ Au moment de sa construction, dans les années 1908-1915, la cité minière Nikiszowiec à Katowice, conçue par Emil et Georg Zillmann, était une véritable prouesse urbanistique. Elle a accueilli pendant un siècle les salariés de la mine voisine aujourd’hui fermée.

→ Le quartier Bobrek vit à l’ombre des cheminées de la cokerie Szombierki de la ville de Bytom. Après la fermeture de la fonderie et de plusieurs mines voisines, Bobrek est devenu l’un des quartiers les plus pauvres de Pologne.

LE JAPON

Qu’on pousse la porte d’un restaurant intimiste, d’une librairie spécialisée ou qu’on plonge dans l’effervescence d’une convention, le pays du soleil levant rayonne dans la capitale alsacienne. À la découverte de trois lieux et événements qui font vibrer la culture japonaise au cœur de la ville.

Rédaction : Guylaine Gavroy

Photographie : Alban Hefti

Le Camphrier

Librairie ☛ 4 place Kléber, Strasbourg. Ouvert du lundi au samedi.

Fondé en 2015 par Fabrice Dunis, féru de culture asiatique brutalement décédé le 4 janvier dernier, le Camphrier a quitté la rue de Pâques et ses 80 m2, pour la place Kléber en 2022.

Spécialisée dans le manga et la culture japonaise, la librairie qui s’étend désormais sur 300 m2 propose plus de 50 000 références : des mangas bien sûr, mais aussi des livres de cuisine nippone, d’apprentissage de la langue japonaise, d’ésotérisme. Chaque mois, plusieurs centaines de nouveautés garnissent les rayons. « Nous suivons bien entendu les tendances, mais nous les anticipons et nous en lançons également, estime Ricardo Alves, responsable du magasin et dithyrambique quand il évoque son dernier coup de cœur, la série DanDaDan. Le passionné s’adresse aussi bien aux connaisseurs en quête de raretés qu’aux néophytes de tous âges qui font leurs premiers pas dans l’univers japonais et sont accueillis par une silhouette du capitaine Flam et un portrait de Goldorak.

Depuis 2022, la librairie s’est aussi lancée dans l’édition avec Le Grand livre des oni du Strasbourgeois Sylvain Jolivalt, spécialiste de la mythologie japonaise. Et pour aller encore plus loin dans la découverte et dans l’immersion, Le Camphrier propose des cours de japonais. Arigatô gozaimasu ! ←

Hibiki

Restaurant ☛ 6 rue de la mairie, 67300 Schiltigheim. Ouvert du lundi au vendredi le midi, et tous les soirs sauf le dimanche. Tel : 03 67 99 70 38.

L’adresse se murmure de bouche à oreille, et pourtant l’endroit ne désemplit pas. Il faut réserver pour réussir à déjeuner (une formule avec plusieurs propositions) ou dîner (deux services le soir, à la carte, avec des portions à partager) dans ce restaurant qui ne compte, il est vrai, que douze couverts.

Cela fait désormais six ans que Jiro Yasuma et Masahiro Takeuchi ont ouvert l’Hibiki (Harmonie en japonais) au 6 rue de la mairie, à Schiltigheim. Et s’ils refusent de déménager dans un espace plus grand, c’est de peur de rompre l’équilibre patiemment construit. En cuisine, Jiro Yasuma s’active. Avant de se poser à Schiltigheim, il a officié dans de nombreuses maisons renommées à travers la France dont, près d’ici, le Chambard à Kaysersberg aux côtés d’Olivier Nasti, ou encore le 1741 à Strasbourg. « Il existe plein de restaurants qui proposent des sushis, des tempuras... Je me suis dit que ce n’était pas la peine d’en rajouter un. Je voulais plutôt mêler les cuisines françaises et japonaises, explique le chef. Une cuisson à la française d’ingrédients japonais et inversement, en respectant les saisons et en utilisant des légumes locaux de mon jardin... enfin du jardin de ma femme plutôt (sourire) ». Kimpira de racines de lotus, dos de thon agrémenté d’une purée de yuzu, tataki de bœuf au ponzu, panna cotta au sésame noir, les options sont variées même si Jiro Yasuma aime surtout à cuisiner le poisson. En salle, Masahiro Takeuchi veille à la justesse des accords, du vin aux sakés en passant par une excellente bière artisanale japonaise. À l’approche de l’été, la carte va évoluer avec des propositions préparées sans passage au four, par souci éthique : la climatisation viendrait à rompre l’harmonie de l’Hibiki. ←

STRASBOURG À

❸ La Japan Addict

☛ Parc des expositions

Événement incontournable du calendrier strasbourgeois, la « Japan Addict », convention dédiée à la culture geek et à la pop culture asiatique créée en 2004, attire un public chaque année plus nombreux.

« On est passés de 500 visiteurs les premières années à près de 20 000 lors des dernières éditions », se réjouit Alexandre Bertrand, coordinateur de l’événement, président de l’association depuis quatre ans et responsable d’une équipe de 44 bénévoles. Quand on arrive à 8h du matin et qu’il y a déjà une file de visiteurs déguisés, maquillés, qui attendent patiemment... c’est notre plus belle récompense. » Cosplay, K-pop, créateurs et exposants venus de Strasbourg, de France, voire de l’étranger, se retrouvent chaque année dans une ambiance festive. Des invités spéciaux, souvent issus de l’univers du manga, viennent rencontrer leur public. L’édition 2025 accueillera notamment la grande finale de la coupe de France & Francophonie de Danse K-Pop.

Depuis 2024, la convention a quitté le Zénith pour s’installer dans un lieu plus vaste : le Parc des expositions. Pour sa 21e édition, les 7 et 8 juin prochains, la Japan Addict mettra notamment à l’honneur l’univers des « monstres de poche ». ←

(c) Japan
Addict

Du 19 au 21 septembre 2025

Le PréO

Oberhausbergen / Strasbourg

forumpeuplesracines.org

Forum des peuples racines 4ème édition

ÊTRE EN JOIE

Avec les représentants des peuples

Betsimisaraka (Madagascar) - Amazigh (Maroc)

Karir-Xoco (Brésil) - Maya (Mexique) - Penan

Le Forum des Peuples Racines est bien plus qu’un événement, c’est une invitation à la rencontre, au partage et à la découverte des cultures et traditions de peuples du monde entier.

Le Programme : Venez vous inspirer, rencontrer, découvrir, réapprendre ensemble et voyagez avec eux au travers de : Dialogues avec les peuples, Ateliers participatifs, Conférences et Artisanat.

Promotion spéciale -20 % pour les lecteurs de OR NORME avec le code orn20%

En présence de notre marraine et de nos parrains

Billetterie & don

Sous le patronage de :
Véronique Jannot
Arnaud Riou Josef Schovanec
Crédit
photos
Lorine Schaeffer,Lorine SchaefferMise en page : Christophe Kuntzmann, avec le soutien de l’agence Scarlett, www.agence-scarlett.com

Par Maria Pototskaya ☛ Bon sang , qu’il est loin ce temps où je prenais encore soin de préparer mes vêtements pour le lendemain. Une occupation presque méticuleuse : choisir la robe, le haut, le manteau qui s’accorderaient au mieux avec l’humeur, les projets personnels ou professionnels du moment ; avec la météorologie, aussi.

Sous les bombes, écrire les poèmes à venir

A[A]ujourd’hui, mon costume est presque inlassablement le même : strict, d’affaires, avec pour rare fantaisie le port de talons hauts, même si une paire de tennis au logo crocodile rapportée de la rue des Hallebardes n’est jamais bien loin. Par attachement à mon récit personnel, par besoin, aussi, d’enfiler au plus vite des chaussures de course pour me réfugier dans l’abri le plus proche, si jamais la prochaine frappe m’en laissait le temps. L’ancien Premier ministre français Gabriel Attal, récemment en visite dans notre ville, a lui-même été le témoin de ma panoplie de Working Girl , édition Marathon Man. Simple, basique, chanterait Orelsan. Étonnant et joli, en y songeant, la place qu’a pris la France dans ma vie, même à 2500 km de distance, contraints par les vents mauvais que nous traversons ici. Après cent jours de « règne », la « paix » de Trump et de son vice-président Vance a semble-t-il pris du plomb dans l’aile. Bien sûr, nous pourrions capituler, nous laisser tuer ou enfermer : leur plan initialement formulé, dont personne ne sait vraiment ce qu’il en est et qui vacille à mesure que vacillent leurs certitudes de deal makers, ce plan prévoyait de reconnaître l’annexion par la Russie de cinq oblasts (région) orientaux de l’Ukraine, dont le nôtre... pour un tiers encore sous contrôle ukrainien et qui

Février 2025, Gabriel Attal en visite à Zaporizhzhia.

Lichkatiy

Serhii

(c)

me permet encore de vous écrire depuis sa capitale éponyme. Notre centrale nucléaire devait passer, elle, sous gestion américaine ; mon pays devait aussi obtenir un passage sans entrave le long du fleuve Dniepr et le contrôle de la flèche de Kinbourn. Nos terres rares, cela est déjà acté, resteraient notre propriété, au moins sur le papier. Question inabordée : quid de leur sort si nos régions passaient sous pavillon russe ? Quid de nos habitants « abandonnés », surtout... ?

Au cours des 365 derniers jours, les alertes aériennes ont retenti plus de deux mille fois à Zaporizhzhia ; sans interruption même durant même plus de 83 jours ; une maison sur quatre a déjà été partiellement détruite. Je vous épargne les flaques de sang, les chairs à vif, les larmes. À quoi bon ajouter à ce que vous voyez chaque jour sur vos écrans télévisés ? À ces images gravées à jamais, je préfère d’autres « graines », tout aussi réelles, comme inspirées de la chanson de Gaël Faye : 700 000 personnes encore en vie, près de 45 000 enfants qui poursuivent leur scolarité à l’abri de bunkers récemment bâtis. Côté adultes, près de 400 nouvelles entreprises qui ont ouvert leurs portes au cours de l’année écoulée ; des centrales solaires qui se construisent sur les toits des hôpitaux, tandis que des usines sidérurgiques produisent des centaines de tonnes d’acier destinées à

l’exportation. Côté loisirs, des restaurants qui continuent de servir des chefs-d’œuvre culinaires. Des arts qui se refusent à lâcher leur public toujours présent à la Philharmonie ou à des forums littéraires. Des échanges, aussi, qui se renforcent avec des villes proches de Strasbourg, à commencer par Belfort avec laquelle nous sommes jumelés : post-formation de médecins dans des cliniques françaises, politiques de réhabilitation médicale pour nos « anciens » combattants ; accueil d’élèves francophones, d’artistes locaux et de jeunes musiciens ukrainiens en terre franc-comtoise ; aménagement de serres fleuries adaptées au climat de Zaporizhzhia, dans le cadre du projet Belfort Alley. « C’est l’fracas dans la ville, la bravoure du civil ; Et la force vient de loin, de l’amour de la vie », chante Faye. « On affronte le destin (…), on riposte le regard vers demain ; Et l’espoir qui nous porte nous aide à tenir ; On écrit aujourd’hui les poèmes à venir ; Bien qu’on tombe constamment sous le feu de leurs haines ; S’ils nous enterrent, (nul doute), ils perdront car nous sommes des graines ». « Graines » : quel joli mot de la langue française. Après la tragédie de Tchernobyl, en 1986, nos aînés en ont aussi planté, dans la zone dévastée. C’étaient des fleurs de tournesol, un emblème national, un signe d’espoir, de résilience, de paix et de liberté. ←

Par Alain Leroy ☛ Une révolution, une vraie, de celles qui font trembler les pouvoirs en place : en 1525, les paysans alsaciens, comme avant eux ceux de la quasi-totalité du Saint-Empire romain germanique, prennent les armes au nom de l’Évangile pour s’opposer à un système seigneurial qui les étouffe et mettre fin aux dérives du clergé.

Le jour où... les paysans alsaciens se sont révoltés

La bataille contre les Rustauds à Saverne (gravure de Gabriel Salmon illustrant le livre de Nicolas Volcyr de Serrouville, 1526).

[T]out ça se terminera dans un bain de sang bien sûr, c’est le propre des révolutions, elles ne peuvent s’achever que dans le sang, les livres d’histoire racontent ça très bien. Celle de 1525 n’échappera pas à la règle, encore moins qu’une autre sans doute ; parce qu’il y a dans cette révolte qui est plus qu’une insurrection un désespoir qui confine à la rage. Vivre libre ou mourir ? Pas complètement non plus, mais enfin, il y a quand même de ça.

1525 donc. Il y a 500 ans cette année. L’Alsace n’est pas encore française – ce qui explique sans doute pourquoi cet épisode pourtant majeur n’est pas étudié dans notre pays et depuis tout ce temps passé quasi inaperçu –, elle fait, pour un peu plus d’un siècle encore, partie du Saint-Empire romain germanique, vaste et puissant ensemble alors dirigé par Charles Quint où la vie des gueux, des rustauds, des paysans n’est pas plus facile qu’ailleurs en Europe. Même si la société dans son ensemble est bien plus évoluée qu’on ne le croit et où les idées circulent bien plus qu’on ne l’imagine.

Depuis le xive siècle, les révoltes populaires, mais on pourrait tout aussi bien parler de révoltes paysannes puisque la paysannerie est le peuple, sont nombreuses, régulières, fréquentes partout sur le continent. Quelques épisodes climatiques désastreux qui ruinent les récoltes sont en général l’étincelle qui met le feu à la grange et puis à la région et parfois à tout le pays. D’ordinaire, les flammes crépitent, montent très haut parfois et puis

Thomas Müntzer
La révolte se propage comme une traînée de poudre.

retombent parce que la révolution c’est bien beau, mais enfin il faut survivre, retourner aux champs pour faire bouillir la marmite. Et puis les paysans ne sont pas des gens d’armes ni une société unie et à une époque où la loi du plus fort s’exerce toujours, ils font rarement le poids.

Mais en 1525, c’est tout autre chose que se joue. Il ne s’agit pas d’une jacquerie comme on en a connu, c’est bien plus que ça. Certes, il y a bien l’habituel contexte social, celui de la domination d’une classe dirigeante qui n’en n’a jamais assez et d’une société profondément inégalitaire régie par les lois de la naissance et du servage, mais les choses sont plus compliquées.

D’abord, ce qu’on appellera en Allemagne le Ehrebung des Gemeinen Mannes (Le soulèvement de l’homme ordinaire) et en France La Révolte des rustauds, n’est pas partie de rien. Elle a une base profonde et relativement ancienne qui a eu le temps de fermenter, celle des révoltes qui ont agité tout le Saint Empire à partir de 1493 et jusqu’en 1517. Cinq siècles plus tard le petit peuple qui se soulèvera brandira un bonnet rouge ou un gilet jaune, mais pour l’instant, il arbore un soulier lacé (Bundschuh), l’emblème des « sans dents » de ce temps.

Ce soulier lacé vient s’opposer frontalement aux bottes des cavaliers et des nobles et aux chaussures montantes des bourgeois. Il est un manifeste à lui tout seul.

Surtout, cette révolution se distingue des insurrections « ordinaires » par l’ampleur de ses revendications. Il ne s’agit pas seulement, on l’a dit, de se révolter contre des conditions de vie indignes, cela va bien plus loin. Il est question de fraternité, d’égalité et de moralité dans une civilisation et même, osons le mot, car l’historien Georges Bischoff, grand spécialiste de la période, l’ose, il est question d’utopie.

« Il s’agit d’affirmer que tous les hommes sont libres, égaux et fraternels », expliquait-il récemment lors d’une conférence à Haguenau. « L’utopie est dans l’air du temps avec notamment les textes du philosophe anglais Thomas More qui a écrit en 1516 que tous les biens doivent être communs. Nous sommes dans une région où le peuple qui va se mobiliser aspire à plus de justice, plus de morale ». Plus de morale dans l’Église aussi, la réforme protestante de Martin Luther étant passée par là et les contradictions pour ne pas parler d’hypocrisie d’un clergé qui prône le dépouillement et ne cherche qu’à s’enrichir ne passant quant à elle plus.

Ce qui fait la particularité de cette grande révolution populaire, la dernière avant celle de 1789, c’est donc le spectre large des revendications et la volonté de changer radicalement la société. C’est aussi son degré de préparation et de coordination. Car en Alsace, le peuple se soulève comme un seul homme ce lundi 17 avril 1525 qui est un lundi de Pâques, le jour symbolique de la Résurrection. Il se soulève à plusieurs endroits en même temps, du nord au sud de l’Alsace, avec un point nodal à Molsheim. Bientôt, il prend violemment le contrôle des villes ; des châteaux, des couvents, des abbayes sont pillés et incendiés, la révolte se propage comme une traînée de poudre.

Une charte en douze articles dans laquelle il est question de liberté, d’égalité, de fraternité et de respect des Évangiles est publiée et c’est un texte majeur dans l’histoire.

Des Conseils qui sont des Soviets sont montés, des capitaines sont nommés à la tête des troupes, tout ça est très organisé.

Rapidement la terre tremble, les seigneurs aussi qui lâchent du lest pour ne pas tout perdre : ici, certaines corvées sont abolies, là un grenier est construit afin de stocker les grains et prévenir de futurs épisodes de disette et l’augmentation des prix qui s’en suit toujours, ailleurs c’est un pasteur qui sera élu par le peuple. Tout semble pouvoir devenir possible.

Sauf que, bien sûr, les choses vont vite se gâter. À chaque révolution sa contre-révolution. Les troupes du duc de Lorraine, celle de son frère de Guise et de l’armée française viennent siffler la fin de la récréation. Le dire comme ça est d’ailleurs insultant pour le drame qui s’est joué là, parce que ce n’était pas une récréation et qu’il n’y a pas de coups de sifflets, mais des coups de feu, de fouet, et de sabre. On estime que dans tout le Saint-Empire romain germanique entre 100 000 et 130 000 paysans perdront la vie durant cet épisode. En Alsace ce sont plus de 30 000 insurgés qui seront tués, massacrés serait un mot plus juste, en deux mois. Parmi eux les meneurs, dont le prédicateur Thomas Müntzer, torturé et décapité pour l’exemple. Mais ce qu’on appelle l’ordre a beau être rétabli à l’automne 1525, plus rien ne sera jamais comme avant. Ses effets se feront ressentir longtemps après que la colère est retombée. L’étau s’était un peu desserré, chacun, notamment les puissants, ayant maintenant bien conscience que toute forme d’oppression a ses limites et qu’il existe chez l’homme aussi un point de rupture. ←

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Par Olivier Métral ☛ Disparu il y a tout juste vingt ans à l’âge de 52 ans, le percussionniste alsacien Pierre Moerlen a marqué son époque au travers d’une époustouflante carrière.

Pierre Moerlen Jusqu’à la fin des temps

B[B]enoît Moerlen n’a que 17 ans. Étudiant au Conservatoire de Strasbourg, il répond à l’invitation de son frère aîné Pierre de le rejoindre à Oxford où, avec ses compères du groupe psychédélique Gong, il enregistre l’album You, pièce maîtresse du space rock des années 70. « Une expérience plutôt étrange pour le jeune homme que j’étais »,

sourit-il. « Entre gros pétards, parties de fléchettes et repas macrobiotiques aux chandelles, les gars n’arrêtaient pas de faire des bœufs et j’étais là, moi, au milieu de ce capharnaüm, à jouer du tambourin ».

De Gong à Mike Oldfield. Dernier volet de la trilogie Radio Gnome Invisible, You marque aussi la fin d’une époque pour Gong, dont le virage stylistique est porté par Pierre Moerlen, le batteur virtuose de la bande. L’album Shamal (1975) ouvre alors la voie à une ère jazz rock, suivi de Gazeuse !, premier véritable opus du Pierre Moerlen’s Gong, nom sous lequel le groupe évoluera désormais sous sa direction. « Après le départ de Daevid Allen, le leader historique de Gong, Virgin lui a laissé les mains libres », explique Benoît, qui fait alors partie de cette nouvelle aventure – aux côtés de son frère –, comme percussionniste lui aussi.

Parallèlement, Pierre Moerlen collabore avec le légendaire Mike Oldfield. Les deux hommes se connaissent depuis 1973 et la première représentation publique de Tubular Bells . À la recherche d’un percussionniste, Mike Oldfield avait remarqué le batteur alsacien dans un concert londonien. Présent sur six de ses albums, de Ommadawn à Islands, Pierre Moerlen apparaît dans le clip du tube planétaire Moonlight Shadow et participe à ses tournées européennes. Benoît en a été, lui aussi, en 1979 et 1980. « Il y avait 44 musiciens sur scène et Mike pouvait entendre chacun d’entre nous. Il avait une super oreille ».

L’anticlassicisme en héritage. Adrien Moerlen, fils de Pierre et donc neveu de Benoît, écoute son oncle évoquer tous ses souvenirs. Graphiste à Strasbourg et leader du groupe BBCC qui prépare actuellement son 4 e  album sous le label October Tone, il n’a vraiment découvert le travail de son père que sur le tard. « Ado, je n’étais pas très réceptif à sa musique, mais elle est là dans un coin de ma tête et j’en ai hérité malgré moi ». Il se souvient lui avoir fait écouter les premières maquettes de son groupe naissant, un an avant sa mort. « Il m’avait dit que c’était plutôt pas mal, mais je crois que c’était surtout de la bienveillance de sa part ! », sourit-il.

Avec ses acolytes de BBCC, Adrien Moerlen propose une musique à contre-courant, un brin déjanté et multidirectionnelle. La pomme ne tombe jamais loin de l’arbre. ←

À gauche : Pierre Moerlen.

À droite : en haut, Adrien Moerlen, son fils et en bas, Benoît Moerlen, son frère.

Par E202 ☛ Envoyé sur Terre de la planète Versa (du versan Krapchoujk), E202 est chargé d’étudier les humains et d’établir des rapports réguliers au Haut Conseil en vue d’une éventuelle prise de contact officielle.

Lettre versane 2

À

[À] l’attention du puissant Haut Conseil : Je poursuis avec zèle et application la mission qui m’a été confiée par Vos Grandeurs et dont je suis honoré.

J’apprends à connaître les humains, ce qui requiert de ma part beaucoup d’efforts et entraîne nombre de malentendus. J’ai décidé de stationner dans une contrée nommée France, car elle semble, d’un avis humain assez unanime, être l’un des plus beaux endroits de la Terre – quoique les autochtones passent leur temps à se plaindre. Il est vrai que cette place est notamment prisée du fait de productions semblant procurer beaucoup d’agréments aux humains. J’observe qu’ils s’en repaissent goulûment et au-delà de leurs besoins fondamentaux. Alors ils grossissent et connaissent d’inquiétants dysfonctionnements – de leur point de vue. Pour autant, ils ne cessent ces mauvaises pratiques, ce qui donne lieu à des altérations notables.

L’absorption d’un liquide nommé alcool les rend ainsi encore plus stupides qu’ils ne le sont naturellement, et bêtes davantage encore que les bêtes – ainsi qu’ils nomment les autres habitants de la Terre. (Vous trouverez une transcription lexicale de leurs termes signalés par un astérisque [*] jointe à mon rapport.)

J’ai cru dans un premier temps qu’il existait deux types d’humains : les gros et les pas gros. En effet, les gros sont assez mal considérés par le reste de la société, qui organise nombre d’activités pour ne pas devenir gros. Après approfondissement de mon étude, il appert que certains gros peuvent devenir pas gros, puis redevenir gros. Il est donc question d’un état humain potentiellement transitoire dont tirent profit de nombreux margoulins. (Pour ce qui concerne le profit et l’argent, cela fera l’objet d’un rapport en soi,

tant la question m’apparaît importante dans la vie des humains.)

Ce qui m’amène à une autre distinction plus appropriée entre eux : celle entre les riches et les pauvres. À la consultation des archives des humains, j’ai noté qu’il fût un temps – relativement ancien à leur échelle –où les riches étaient gros et les pauvres pas gros. À l’instant où je me trouve sur Terre, la situation s’est inversée : bien souvent, les gros sont pauvres et les riches pas gros. Et il y a de plus en plus de gros, et des riches de plus en plus riches.

Les gros voudraient devenir pas gros, mais surtout ils voudraient devenir riches. D’après mes premières constatations, cela n’arrive que rarement. Quant aux autres, ils envient les riches et méprisent les pauvres. Peut-être ont-ils peur de devenir gros eux aussi. Quoi qu’il en soit, ils meurent tous pareils, et sont cachés dans des trous de la même taille. Je ne sais pas s’il faut opérer une nouvelle distinction au sein des humains entre les vivants et les morts, mais j’ai pu me rendre compte qu’après un certain temps passé dans leur trou, les humains changent d’apparence. Ils restent très tranquilles et ont tous le sourire. Je pense qu’ils sont soulagés de ne plus avoir à se préoccuper de ces histoires de gros et de pas gros.

Conclusion du deuxième rapport : Je maintiens la conclusion de mon premier rapport. Les humains ne sont pas complexes, mais compliqués. En revanche, ils ne sont peutêtre pas si cons… ou pas en permanence… ou pas au même degré. Surtout lorsqu’ils parlent avec les morts.

Je suis, puissant Haut Conseil, et pour toujours, votre humble et dévoué serviteur, E202. ←

UN LEADER de l’enveloppe du bâtiment

Aujourd’hui réunis, wienerberger et Terreal en France conjuguent expertise, expérience et innovation pour vous offrir le meilleur de l’enveloppe du bâtiment. Notre capacité industrielle alliant savoir-faire ancestral et avancée technique nous permet de vous proposer des solutions adaptées à l’ensemble des besoins du marché.

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Par Jessica Ouellet ☛ L’amertume s’invite dans le paysage des boissons. Dans le sillage de l’Apérol spritz est apparu un fulgurant engouement pour les vins orange, les bières India Pale Ales, ainsi qu’une tendance au slow coffee 1.

Une gorgée de velours

C1.

Le slow coffee met en avant des méthodes d’infusions douces, permettant de révéler une palette aromatique plus complexe, incluant des notes amères.

Un accord mets et vin bien choisi crée une harmonie gustative qui met en valeur les qualités de chacun.

[C]e retour en grâce fait écho à la baisse de popularité du goût sucré depuis le début des années 2000. Le film SugarLand (2014) et la biochimiste et auteure française Jessie Inchauspé (connue sous le nom de Glucose Goddess), entre autres, ont contribué à cette prise de conscience nutritionnelle. Même son de cloche en Alsace, où l’identité viticole a –elle aussi – grandement évolué. Les vins secs, adaptés à la gastronomie contemporaine, ont pris une place centrale. Ils affichent des mentions claires d’équilibre, d’acidité, et de terroir.

Pendant ce temps, les vendanges tardives (VT) et sélections de grains nobles (SGN) se raréfient. Ils ornent la cave des aînés qui attendent une occasion spéciale, et affichent un caractère délicieusement désuet auprès de la génération Z. C’est que le duo foie gras et gewurztraminer VT véhicule une image bourgeoise et vieillotte. Les données récoltées par le Conseil interprofessionnel des vins d’Alsace (CIVA) relèvent d’ailleurs une production moyenne en déclin : 6486 hl entre 2019 et 2024, contre 10 215 hl entre 2014 et 2024.

Inspirée par le vin de glace appelé eiswein originaire de la vallée de la Moselle Allemande, l’Alsace a une longue tradition viticole liée aux vins riches et sucrés. Dans les années 80, les prestigieuses mentions VT et SGN sont apparues avec un cadre de réalisation très strict, appelé cahier des charges.

Depuis, ces vins sont exclusivement issus de cépages nobles – gewurztraminer, pinot gris, riesling ou muscat – et récoltés tardivement. L’indication du millésime est obligatoire, et ces vins doivent respecter un élevage minimum de 18 mois. À la dégustation, les VT affichent généralement des arômes de fruits confits exotiques, avec une finale fraîche. Plus concentrés et plus rares, les SGN dévoilent des parfums de pâte de fruits, et une harmonie qui ensorcelle les papilles.

Les vins sucrés offrent une porte d’entrée rassurante en procurant un plaisir immédiat. Cette accessibilité prend parfois des airs de simplicité et de cache-misère, sans parler du sacro-saint stéréotype du « goût féminin ». Ainsi, le vin sec est souvent perçu comme plus sérieux ou haut de gamme. Certains moelleux ou liquoreux – tels que les VT ou SGN – présentent néanmoins un équilibre d’orfèvre. Les plus réussis tapissent les papilles comme du velours avec un poids de soie. Résonne ainsi la citation de l’écrivain Français Jean Amadou : Comme les vendanges, les amours tardives sont les plus délicieuses

Mais les humains sont pleins de contradictions. Pendant que le sucre est l’ennemi public n°1, des marques qui s’adressent majoritairement à la génération Z – telles que Rhode et Skims – utilisent le marketing sensoriel pour éveiller des émotions positives et vendre mieux (lire vendre plus). Des baumes à lèvres et des sous-vêtements fricotent alors avec des images de croissants et de gaufres nappées de sirop afin d’augmenter leur désirabilité. Les vendanges tardives et sélections de grains nobles sont des fleurons de la viticulture alsacienne. Avec ou sans foie gras, ils balisent souvent d’heureux moments de dégustation tant ils sont méditatifs. À force d’être boudés, ces vins – parmi les plus grands liquoreux au monde – tendent à s’effacer de la production. Invitons-les à petites gorgées là où on ne les attend pas. Au Théâtre du Vin, dans la Halle Marché Gare de Strasbourg, la sommelière Émilie Entz recommande de moderniser les accords avec un fromage persillé, une tarte à la rhubarbe, ou une bisque de homard très épicée. Chic ! ←

(c)
Caroline Paulus

Maître d’Œuvre sur archipel 2, Lot A. Wacken, Strasbourg.

Maître d’ouvrage : Vinci Immobilier / Demathieu Bard Immobilier

Par Thierry Jobard ☛ Lequel d’entre nous n’a pas son ou ses livres, films, séries cultes ? Qui n’a pas d’objet fétiche ou bien ne considère pas tel ou tel accessoire comme mythique ? Mais n’est-il pas étrange que ce vocabulaire bien laudateur et bien connoté soit employé pour désigner ce qui relève de la production de masse ?

Du sacré ?

E[É]trange il faut bien que cela le soit un tantinet sans quoi cet article n’aurait pas de raison d’être. Tentons donc de nous en persuader.

Faisons d’abord la part de la démonétisation du langage qui tend à nous faire accroire qu’un nouveau parfum de glace peut être génial et qu’il faut s’ébaudir devant chaque manifestation de l’une des plus hautes valeurs de notre société : la nouveauté. Il faut bien se constituer son petit Panthéon de goûts et de couleurs dont on sait qu’ils en disent trop sur nous pour qu’on en veuille discuter (à savoir que nos goûts ne sont pas de vrais choix mais le reflet de déterminations sociales).

Mesurons la part du marketing et de la publicité qui imbibent nos existences au point qu’on finit par croire que les qualités des produits vantés sont réelles ou qu’elles nous apporteront un supplément d’être. Il faut acheter parce qu’il faut vendre et tout se vend et tout s’achète. Et si on ne peut pas acheter ? On s’endette.

Ceci hâtivement ôté, que nous restet-il. Officiellement une République laïque et démocratique (et sociale, mais ça c’était avant ; et démocratique mais sans excès).

Après des siècles à bigorner avec les bigots, le roi de France contre le Pape, la République contre l’Église, la laïcité s’est imposée. Laïcité qui, je le rappelle du fait des détournements dont elle fait actuellement l’objet, permet la liberté de conscience de chacun sans

emmerder ses voisins. Depuis le xviiie siècle pour le bassin parisien, plus tardivement pour d’autres régions, le christianisme s’est peu à peu effondré, avec une accélération dans les années soixante. Déchristianisation et sécularisation sont des phénomènes de longue durée et tout pourrait sembler aller pour le mieux dans une société laissant chacun libre de croire ou de ne pas croire et de croire ce qu’il veut ou peut.

Or, les anthropologues l’ont établi, il n’existe pas de société qui ne produise du sacré. Si on ne peut sérieusement envisager qu’il se niche dans une pile de jeans ou une nouvelle production (le terme est à prendre au sens premier d’artefact mis sur le marché de l’attention) de l’industrie cinématographique, alors se pose la question : où c’est qu’il est donc le sacré aujourd’hui ?

On pourrait avancer, la main sur le cœur et les yeux embués, que la vie est sacrée. Oui mais ça dépend, comme disent les élèves de terminale en cours de philosophie. Quand la vie commence-t-elle ? À combien de mois de gestation ? Et quand finit-elle ? Peut-on en décider ? En ce cas elle n’est pas sacrée. Ça frictionne déjà. Et l’on sait pertinemment que toutes les vies ne se valent pas, in concreto. Il y a les principes et il y a les rapports de force, il ne faut pas confondre. Non pas qu’il ne faille pas avoir de principes. Mais si on ne se donne pas les moyens de les appliquer, on finit toujours par avoir mal aux fesses. Bien que cela nous paraisse

Il y a les principes et il y a les rapports de force, il ne faut pas confondre.

aujourd’hui remonter au Déluge, durant la Première Guerre mondiale mourraient en moyenne presque 1000 Français chaque jour. Le record : 27 000 le 22 août 1914. (Je vous prie respectueusement de bien vouloir faire une pause dans votre passionnante lecture le temps d’y penser.)

Le sacré c’est le « tout-autre ». La vie valaitelle moins il y a 110 ans ? Le deuil était-il plus doux et la peine moins profonde ? Assurément non. Mais la défense du territoire le justifiait, ainsi que l’Amour sacré de la Patrie 1. Ne surestimons pas non plus le patriotisme des Poilus (nonobstant bien réel). Défendre sa patrie c’est aussi défendre son village, sa maison, sa famille. À ce titre, une autre guerre mondiale plus tard, ce n’est pas aux cris de Vive Staline ! ou Vive l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques (c’est trop long d’ailleurs) que les vagues de fantassins contre-attaquaient mais plutôt, selon leurs propres dires, à ceux de Ta mère la pute !, voire Enculés de fascistes ! ou quelque chose d’équivalent2. La guerre est une terrible chose. Du moins se référait-on à quelque chose qui dépassait chacun et unissait tout le monde, soit une transcendance.

Commençons enfin par définir simplement ce dont il est question : le sacré est ce « qui appartient à un domaine séparé, interdit et inviolable »3. Il fait l’objet d’une « référence religieuse » et s’oppose au profane, ce qui se tient devant et hors du temple selon l’étymologie (pro-fanum). Religieux, religion, le mot est lâché et les poils se hérissent ? Car l’on sait qu’aujourd’hui on lui préfère celui de « spiritualité », moins contraignant et qui permet toutes les interprétations, surtout les plus tartes. De plus, notre conception du religieux est surdéterminée par le monothéisme d’une part et il y a fort à parier, d’autre part, que notre vision de la Foi n’est pas celle qu’en avaient les hommes et femmes du xviie siècle ni cette dernière celle de ceux du xve siècle. À supposer que toutes et tous avaient la même au surplus.

Le monde moderne est une démagification. Sacré d’un côté, profane de l’autre, à la fois d’un point de vue spatial (le Saint des saints est réservé aux personnes consacrées) et temporel (on ne travaille pas le dimanche, en général). Mais encore d’un point de vue symboliquement spatial

si l’on peut dire. Le sacré est un autre lieu, une autre réalité, un autre monde, paré de toutes les excellences : le « tout autre ». Mais aujourd’hui nous n’avons plus qu’un monde, d’ailleurs nommé la mondialisation, et le Paradis est un conte pour enfants. Vivre c’est ici et maintenant puisque, comme le disent tous les jouisseurs, on n’a qu’une vie. Nous pataugeons dans l’immanence. Le monde moderne est celui d’une démagification et d’une rationalisation croissante qui induit un contrôle de la nature, en vue de son exploitation. Les forces naturelles ne sont plus l’expression d’un pouvoir surnaturel mais de simples phénomènes physiques. L’économique a acquis une existence propre, celle de l’échange abstrait en fonction du prix, au contraire des sociétés traditionnelles qui pratiquaient le don et le contre-don4.

Mais peut-on se satisfaire de ce désenchantement du monde, selon l’expression de Max Weber (1864-1920) ? Ce qui nous ramène à la question : quel sacré émane-t-il de nous ? Entendu que le sacré revêt une double dimension : à la fois ce qui est séparé, préservé, sublime, et ce qui est effrayant, dangereux, horrible et dont il faut se ménager les bonnes grâces. Le sacré est vénéré parce que craint également. C’est ce qu’établit Rudolf Otto dans un texte essentiel sur la question5 en avançant la notion de numineux pour qualifier le sentiment mêlant attirance et répulsion vis-à-vis d’une puissance surnaturelle. En ce sens, le sacré précèderait l’instauration de toute religion, comme un fond archaïque toujours prêt à s’investir dans telle ou telle forme ritualisée. Et celle-ci est collective, partagée, commune. Or le surnaturel n’existe plus pour nous, à part dans les risibles délires ésotériques et New Age contemporains, et, là encore, aucune crainte puisque l’univers est un ami généreux et bienveillant. Peut-être l’émergence d’une conception, contestée, de la nature comme être vivant s’auto-régulant, voire capable de se venger6 remplira-t-elle cet espace du sacré, après avoir vaincu bien des réticences. Icelles étant souvent le reflet d’intérêts bien compris (il vaut mieux faire du pognon et ne rien céder sur son confort plutôt que de préserver notre environnement, c’est évident). Le sacré c’est aussi ce qui nous limite et aux limites nous y sommes. Comme vous l’aurez remarqué, on tourne en rond. ←

Vivre c’est ici et maintenant puisque, comme le disent tous les jouisseurs, on n’a qu’une vie.

1. Sixième couplet de la Marseillaise, mais on ne le connaît pas.

2. Nikolaï Nikouline, Carnets de guerre 1941-1945, Les Arènes, 2019

3. D’après M. Robert.

4. Voir, entre autres, Marcel Mauss, Essai sur le don, PUF, 2012

5. Rudolf Otto, Le sacré, Payot, 2015

6. James Lovelock, La Terre est un être vivant, L’hypothèse Gaïa, Flammarion, 2010

Récolté plein sud Dégusté bien frais

sur une terrasse

Les sélections de la rédaction

Chaque trimestre, les membres de la rédaction de Or Norme partagent ce qu’elles et ils ont lu, écouté ou visionné. Ces pages font part de certains de leurs coups de cœur...

Par Lisa Haller ☛ De Or Norme aux Bibliothèques idéales, je navigue entre les casquettes et les missions, mais toujours portée par une même énergie : une passion vive, joyeuse, tenace. Elle relie les projets, les rencontres, les élans. Je ne me sens pas capable de me ranger dans une case. Cette sélection le montrera peut-être…

Mon vrai nom est Elisabeth Adèle Yon

Pour briser le poids d’un héritage hanté par la légende d’une folie héréditaire, Adèle Yon remonte le fil d’un silence tissé au cœur même de sa lignée. Elle enquête sur son arrière-grand-mère, Betsy, que la mémoire familiale disait folle. Internée, effacée, oubliée. Dans ce premier roman à la croisée du récit intime, de l’enquête familiale et de l’essai, l’autrice mène une investigation aussi rigoureuse qu’émouvante. À travers le destin de cette femme lobotomisée, c’est toute une généalogie de femmes réduites au silence qu’elle interroge, au nom de la norme, du soin ou de l’ordre. Une lecture puissante et profondément nécessaire. Pour rendre justice à Betsy. Et pour ne plus jamais se taire. ←

MON VRAI NOM EST ELISABETH

PARU EN février 2025

AUX ÉDITIONS du sous-sol

COMBIEN 22 €

@accidentally wesanderson

Avec @accidentallywesanderson, le monde devient un plateau de tournage grandeur nature. Ce compte Instagram recense des lieux bien réels, mais dont l’esthétique semble sortie tout droit d’un film du génie Wes Anderson. On y retrouve l’esthétique unique et méticuleuse du cinéaste : amour du détail, symétrie obsessionnelle, saturation des motifs, style rétro... Un monde soigneusement rangé, hors du temps, filtré par un rêve. Un voyage visuel, tendre, mélancolique et décalé, qui remplace le sempiternel Insta vs reality par une réalité déjà cinématographique. ←

Il déserte Antoine de Caunes & Xavier Coste

1962 : Georges de Caunes, journaliste et figure phare du JT quitte tout pour vivre une année sur l’île déserte d’Eiao, aux Marquises. Il en fera le récit à la radio. Son fils, Antoine, n’a alors que huit ans. Soixante ans plus tard, Antoine de Caunes rouvre les carnets de ce père-Robinson et convoque ses propres souvenirs pour raconter cette expédition hors norme. Dans Il déserte, il redonne vie à cette odyssée de solitude et d’abandon, entre tendresse, et émotion. Un récit de filiation fort, sublimé par les planches et couleurs éclatantes de Xavier Coste. Un joli trésor graphique à offrir pour la fête des pères, ou à glisser dans son bagage avant un été d’évasions rêvées. ←

IL DÉSERTE Georges ou la vie sauvage

PARU EN mars 2025

AUX ÉDITIONS Dargaud

INSTAGRAM @accidentallywesanderson

COMBIEN 30 €

LIVRE
COMPTE INSTA BANDE DESSINÉE

Par Hélène Edel ☛ Rédactrice, amoureuse de Strasbourg et de son effervescence culturelle, je profite de ce numéro de juin, mois de la Fête de la musique, pour mettre en lumière trois voix singulières qui font battre le cœur de notre ville. À force d’écouter en boucle les mêmes artistes partout, on oublie parfois de tendre l’oreille vers ceux qui créent tout près de chez nous…

Brumera

Brumera mêle folk et poésie pour transmettre des émotions que les mots seuls peinent à exprimer. Derrière ce projet solo, François-Henri, formé au jazz et aux musiques improvisées au Conservatoire de Strasbourg, a choisi de suivre sa propre voie, en toute sensibilité. Meadows, son premier EP paru en mai, reflète cette quête de sincérité musicale, entre lumière douce et mélancolie assumée. Sur scène, il apprivoise la solitude, transforme la timidité en force, et donne vie à des instants suspendus. À suivre de très près. ←

Lüssi

Lüssi tisse des chansons douces où jazz et pop convergent, portées par des guitares suspendues, un violoncelle envoûtant et une voix à fleur de peau. Conteuse d’histoires, elle dévoile une musique épurée, sincère, toujours habitée, entre l’audace de Klô Pelgag et le monde coton de November Ultra. Avec Premières lueurs, un premier EP lumineux, puis Je Pleure, son tout dernier single, Lüssi crée un univers feutré, délicat et touchant, qu’on prend plaisir à écouter... mais surtout à ressentir. ←

Vedette

Vedette distille une indie pop groovy aux nuances pastel, portée par une plume délicate et une énergie scénique magnétique. Depuis ses débuts en 2022, elle façonne un univers à l’esthétique léchée, oscillant entre formats live intimistes et productions en studio, entourée de ses musiciens complices. Sa musique, nourrie par l’indie britannique et la pop-rock française, explore des terrains à la fois dansants, mélancoliques et subtilement nostalgiques. Après Dernier quart d’heure, un nouveau titre phare est en approche... À ne pas manquer. ← SITE www.distotalprod.com/brumera

@Lussioff

@vedettemusique

(c)
Fanny
Colnot
(c) Sébastien Marchand
(c)
Mahdi
Pourarab
FOLK
JAZZ / POP POP

LES ESTIV’HALLE

NE FAITES PLUS VOS COURSES, FAITES VOTRE MARCHÉ

14 producteurs et artisans réunis dans un lieu unique OUVERT DU MARDI AU DIMANCHE

MAÎTRE FROMAGER AFFINEUR

Par Jean-Luc Fournier ☛ Si, depuis si longtemps, je chemine encore sur les chemins du journalisme, c’est grâce à quelques solides convictions. Dont celle de n’avoir aucune envie de me promener sur des sentiers quelconques, ceux de la com par exemple. Un jour, si on oublie ce que représentent la presse et ses journalistes, on se sera perdu au cœur d’une nuit profonde…

EXPOSITION

Brice Bauer

Tout au bout de l’éprouvé

Personne n’a oublié Brice, ce superbe funambule de la vie qui s’est longtemps produit devant « sa » cathédrale.

Brice disait : « Tout doit vibrer. Tout est matière. Tout est sons. Tout nous dépasse. Être là. En cet instant. Maintenant... » Cette émouvante exposition présente un choix de ses œuvres les plus marquantes. ←

La mort dans tous ses états

Vincent Wackenheim

Rassemblant 104 danses macabres modernes et plus de 1 000 images commentées, cet énorme pavé de près de 1 000 pages témoigne de la vitalité et de la pérennité d’une forme graphique ancienne que de nombreux artistes, de toutes nationalités, ont revisitées dès le XVIIIe siècle. La réalisation du livre est exceptionnelle et Strasbourg ne peut que s’enorgueillir de compter parmi les siens une maison d’édition aussi audacieuse et pertinente que l’Atelier Contemporain qui, contre vents et marées, parvient à tenir bon le fil de l’édition de qualité. ←

LA MORT DANS TOUS SES ÉTATS. Modernité et esthétique des Danses macabres, 1785-1966

Struthof 1944-1945 Frédérique Neau-Dufour

Fin 1944, alors que l’Alsace oscille entre la joie de la Libération et la peur de la contre-offensive allemande, le camp de concentration nazi de Natzweiler est recyclé en camp d’internement administratif : le « Struthof ». Pour épurer la région, des milliers d’hommes et de femmes, et même de bébés, aux profils très variés y sont internés.

L’historienne Frédérique Neau-Dufour s’est plongée dans les très nombreuses archives de cette période et a rencontré d’anciens internés. Le résultat de son enquête historique inédite nous immerge au cœur d’une année glauque... ←

STRUTHOF 1944-1945 :

Un camp pour épurer l’Alsace

OÙ Église protestante Saint-Guillaume QUAND jusqu’au 31 août prochain PLUS D’INFOS www.passions-croisees.com

PARU EN février 2025

AUX ÉDITIONS L’Atelier Contemporain

COMBIEN 39 €

PARU EN avril 2025

AUX ÉDITIONS La Nuée bleue

COMBIEN 27 €

LIVRE
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(c) Simon Woolf

Le club des partenaires

Là où les idées naissent et les projets grandissent.

Merci aux partenaires Or Norme pour leur soutien.

Or Champ est une tribune libre confiée à une personnalité par la rédaction de Or Norme. Comme toute tribune libre, elle n’engage pas la responsabilité de la rédaction de la revue, mais la seule responsabilité de sa ou son signataire.

Repenser notre rapport aux animaux sauvages

Par Cédric Sueur, primatologue, professeur des Universités en Éthologie et Primatologie. Membre de l’Institut Universitaire de France.

Le déclassement du loup en tant qu’espèce strictement protégée et la réouverture de la chasse au cormoran illustrent les tensions entre la conservation de la biodiversité et la protection des activités humaines. Ces décisions, soutenues par éleveurs et pêcheurs, posent la question du partage des territoires entre espèces sauvages et usages économiques.

Jeff McMahan, philosophe en éthique animale, affirme ainsi que la nature est un lieu de souffrance, où les prédateurs infligent une mort violente à leurs proies, sauvages ou domestiques. Certains intellectuels, comme Amanda et William MacAskill, proposent l’élimination des prédateurs pour réduire cette souffrance, arguant que, tout comme on soigne les animaux sauvages malades, on pourrait intervenir contre la prédation. Cette perspective remet en question l’importance accordée aux prédateurs par rapport à leurs victimes, bien qu’elle soulève des dilemmes éthiques et des risques pour les écosystèmes.

Cette approche pose un problème de spécisme : doit-on éradiquer tous les prédateurs, y compris insectivores, cétacés à dents et mammifères omnivores ? Même des espèces comme les chimpanzés et les écureuils consomment parfois de la chair animale. Où fixer la limite sans arbitraire ? Par ailleurs, les animaux domestiques carnivores posent une contradiction : faudrait-il aussi les éliminer ou les forcer à adopter une alimentation végétale ?

D’un point de vue écologique, croire que l’élimination des prédateurs réduirait la

souffrance animale révèle une méconnaissance des dynamiques naturelles. La disparition des loups à Yellowstone a causé un déséquilibre : sans prédateurs, les élans ont proliféré, détruisant la végétation essentielle aux castors, perturbant ainsi tout l’écosystème. La réintroduction des loups a permis de rétablir l’équilibre. Paradoxalement, les prédateurs limitent aussi la souffrance en éliminant les animaux faibles ou malades.

L’idée d’une ingérence écologique évoque les dérives du droit d’ingérence en politique, où des interventions bien intentionnées peuvent aggraver les problèmes. Supprimer les prédateurs pour protéger les proies peut perturber gravement les écosystèmes et générer plus de souffrance. Dans Zoopolis, Sue Donaldson et Will Kymlicka défendent le droit des animaux sauvages à la souveraineté, plaidant pour une non-ingérence humaine dans leurs territoires.

Enfin, cette approche repose sur un naturalisme occidental, dénoncé par Philippe Descola et Baptiste Morizot, qui sépare culture et nature. Guillaume Blanc, dans L’invention du Colonialisme Vert , critique cette vision anthropocentrée qui perçoit le monde vivant comme une ressource à gérer selon des critères humains. Pour éviter un nouvel interventionnisme écocidaire, il est essentiel de repenser notre relation aux autres espèces, en adoptant une approche à la fois respectueuse des êtres vivants en tant qu’individus et attentive aux équilibres écosystémiques dans leur globalité. ←

Cédric Sueur

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jusqu’à 30 000 € *

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Le Crédit Mutuel, banque coopérative, appartient à ses 8,9 millions de clients-sociétaires. Caisse Fédérale de Crédit Mutuel et Caisses affiliées, société coopérative à forme de société anonyme au capital de 5 458 531 008 €, 4 rue Frédéric-Guillaume Raiffeisen, 67913 Strasbourg Cedex 9, RCS Strasbourg B 588 505 354 - N° ORIAS : 07 003 758. Pour les opérations effectuées en qualité d’intermédiaires en opérations d’assurance (immatriculations consultables sous www.orias.fr), contrats d’assurances souscrits auprès de ACM IARD SA et ACM VIE SA, entreprises régies par le Code des assurances.

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