Patrick Adler, directeur de la publication et de la rédaction.
Enfermez-vous dans les cabinets pour dire votre chapelet et, si vous avez quinze ans, pour fumer des cigares. »
Francis
Picabia, peintre et écrivain (1879-1953)
Mais oui !
Quinze ans c’est l’âge d’apprendre à tout connaître et de faire des bêtises, et quand on s’appelle
Or Norme n’est-on pas particulièrement bien placé pour revendiquer une insolente adolescence ?
À quinze ans, on apprend, on trébuche, on se relève. À quinze ans, on revendique une insolence joyeuse et encore (mais pour peu de temps), une certaine irresponsabilité.
Ce numéro anniversaire d’Or Norme aurait donc pu s’en contenter. Mais à regarder l’époque, on se demande qui, de l’adolescent ou de l’adulte, cultive le plus l’art de l’irresponsabilité.
Car pendant que nous soufflons nos bougies, la France, guidée par ses élus et ses gouvernants, continue de vivre à découvert.
Déficit public autour de 5 à 6 % du PIB, une dette abyssale, chaque hausse de taux alourdissant une facture d’intérêts déjà colossale. Des dépenses publiques au sommet de l’OCDE et une pression fiscale énorme qui laisse peu d’oxygène.
On objectera que la période fut rude : pandémie, crise énergétique, inflation. Certes. Mais l’empilement de mesures d’urgence, de boucliers et d’allégements ciblés, sans économies structurelles à due proportion, ressemble trop à une carte bancaire d’ado laissée en roue libre. On ne construit pas l’avenir en repoussant sans cesse l’instant où l’on trie le nécessaire du superflu, où l’on réforme ce qui dysfonctionne, où l’on accepte des arbitrages impopulaires mais justes.
Sur le sujet inflammable des retraites, la réforme de 2023 relevait l’âge légal à 64 ans. Elle améliorait la trajectoire, mais n’était qu’une solution partielle au problème.
Fallait-il alors renoncer ? Sûrement pas ! les leviers existent, mais ils exigent de sortir de l’adolescence politique. Faire des économies durables, ce n’est pas couper à l’aveugle : c’est réorganiser l’État et ses agences, mieux acheter, évaluer l’efficacité des dépenses, fermer les dispositifs qui coûtent cher et servent peu. Côté recettes, c’est simplifier, élargir les bases, revoir sans tabou les niches les plus coûteuses, et lutter sérieusement contre la fraude. Surtout, c’est relever la croissance potentielle par le travail et la productivité : formation, innovation, logement, insertion des jeunes et maintien en emploi des plus de 55 ans. Pas de grand soir, mais des décisions cohérentes, tenues dans le temps. Or Norme a quinze ans et, oui, nous revendiquons une adolescence insolente : celle des faits têtus et des questions qui fâchent. Et le droit d’être en colère ! comme le seront les jeunes générations quand elles subiront les conséquences de l’incurie et de la bêtise de nos élus de tout bord, de leur court-termisme qui n’hésite pas à les sacrifier sur l’autel des calculs politiciens du moment.
Merci à vous, chers lecteurs, de nous accompagner depuis quinze ans. Continuons, ensemble, à bousculer sans détruire et à construire sans jamais renoncer. L’avenir n’attend pas que nous devenions adultes, il nous y oblige. ←
Or
Les événements à ne pas manquer
Or Norme
18
Sommaire
Actualités
Expo TGV
Paris : un cru assez moyen mais, quelques pépites...
22
Expo Outre-Rhin
L’offre artistique du sillon rhénan...
28
La Villa d’Illkirch est l’île aux arts
Une Maison d’enseignement et de pratique des arts.
30
Le trésor endormi du TnS ↓
Un espace de plusieurs milliers de mètres carrés oubliés depuis trente ans.
34
Soir d’Europe à la Meinau
La Meinau a kiffé le retour de la coupe d’Europe. 38
Rencontres
Au Trois Chevaliers avec Gilles Egloff 42
Chez le kiné avec Stéphane Vouillot 46
Dans la cage avec Baki 48
Sur la langue avec Dominique Defert ↓ 50
Au bureau avec Stéphanie Lévêque 54
L’interview
Michel Onfray 58
Supplément
Le Club des partenaires Or Norme 67
Dossier Municipales 2026
Attractivité, sécurité & propreté en débat 68
Décryptage
Données chiffrées 84
☛ Business
Comment ça va chez... Bugatti 94
☛
Portfolio ↓
Pascal Bastien 98
DÉCEMBRE 2025
Sommaire
☛ Chroniques
Le jour où...
Strasbourg a brûlé ses Juifs
Chronique Histoire 108
Ukraine wow
Chronique d’Ukraine 112
Lettre versane 4
Chronique d’Ailleurs 114
Or Norme n° 59 – Décembre 2025 est une publication éditée par Ornormedias 1 rue du Temple Neuf – 67000 Strasbourg. Dépôt légal : à parution – N°ISSN : 2272-9461 contact@ornorme.fr – www.ornorme.fr
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Couverture
Photographie, voir pages 12
Directeur de la publication et de la rédaction Patrick Adler (patrick@adler.fr)
Jessica Ouellet (J.o.) – Maria Pototskaya (m.p.) – Barbara Romero (b.r.)
Photographie Pascal Bastien – Line Brusegan
Tobias Canales – Alban Hefti – Abdesslam Mirdass
Vincent Muller – Simon Pagès – Laetitia Piccarreta
Caroline Paulus – Christophe Urbain
Direction artistique et mise en page
Cercle Studio (cerclestudio.com)
Impression Imprimé en CE
Vivez la Magie de Noël en Grand Est !
Marchés de Noël, Saint-Nicolas, illuminations… font du Grand Est le berceau des lumières de Noël !
d’Infos +
15 ans Or Norme !
C’est donc en décembre 2010 que Jean-Luc Fournier, armé de sa seule conviction, lança, à Strasbourg, un magazine gratuit et indépendant, fait par des journalistes, et financé par ses annonceurs. Les premières années furent passionnantes et rudes pour Jean-Luc et la petite équipe de journalistes qui l’accompagnait, et en 2016, je décidais de rejoindre l’aventure qui menaçait de se terminer, en reprenant le titre au sein de Ornormédias.
9 ans ont passé, et fêter les 15 ans d’Or Norme, devenu le magazine numéro 1 à Strasbourg, est une fierté que je partage avec tous ceux qui font Or Norme.
Rédaction : Patrick Adler
Merci et Bravo !
Voici les mots qui me viennent en pensant à cet anniversaire à célébrer. Merci et Bravo à tous les journalistes, contributeurs, photographes qui, au fil de ces quinze années, ont contribué à faire d’Or Norme ce magazine d’un autre regard sur Strasbourg, si lié à sa ville et à ce qui s’y passe, mais aussi à ceux qui y passent.
Merci et Bravo à Julie Fournier pour la première maquette du magazine, au moment du lancement par Jean-Luc, son papa, à IZHAK Interact pour la maquette suivante, qui marqua le début de la transformation du magazine, à Cercle Studio (Maxime, Marie, Marlène et Louise) pour les deux suivantes, dont celle créée en cette année anniversaire et qui magnifie notre credo : un contenant à la hauteur du contenu, et inversement !
Merci et Bravo à notre imprimeur et notre distributeur, et à l’ensemble de nos fournisseurs, pour la qualité de leurs prestations.
Merci et Bravo à ma garde rapprochée : Lisa Haller, directrice projets, et Régis Pietronave, directeur commercial, pour leur dévouement et leur engagement permanent pour Or Norme
Merci et Bravo à mes amis dirigeants des entreprises membres du Club des Partenaires, qui nous accompagnent à l’année et avec qui nous partageons tant de moments forts.
Merci et Bravo à nos annonceurs fidèles qui contribuent, eux aussi, à la pérennité d’un magazine gratuit et de qualité à Strasbourg.
Merci et Bravo à tous ceux qui nous font confiance pour la réalisation de hors-série, et particulièrement aux Internationaux de Strasbourg dont nous allons produire la 10e édition de « TERRIENNES » en 2026, à l’occasion des 40 ans du tournoi.
Merci et Bravo à nos lecteurs, toujours plus nombreux, toujours plus réactifs à nos contenus, et toujours plus rapides à saisir leur exemplaire du magazine sur nos 350 points de distribution.
Merci et Bravo, enfin, à celles et ceux, qui au quotidien, parfois dans l’ombre, m’accompagnent et me soutiennent, quoi qu’il arrive.
À vous toutes et tous, je vous souhaite de rester Or Norme !
De bout en bout et jusqu’au lancement de notre magazine, l’année 2010 à Strasbourg aura été hors norme à bien des égards. Coup d’œil dans le rétro.
Rédaction : Olivier Métral
Photographie : Pascal Bastien
Cette année-là...
Tout avait pourtant si bien commencé ! Traditionnellement touché par de nombreux incendies de véhicules la nuit de la Saint-Sylvestre, Strasbourg se réveillait au matin du 1er janvier 2010 avec un bilan moins lourd qu’à l’ordinaire. « Ça a brûlé un peu, mais c’est resté plutôt calme », s’était presque félicité une source proche de la municipalité dans les colonnes du Figaro Alléluia ! La nouvelle décennie s’ouvrait ainsi sous de prometteuses perspectives dans l’atmosphère à peine enfumée des faubourgs strasbourgeois. Mais trois semaines plus tard, patatras ! Trois jeunes énergumènes, au crâne rasé et aux idées courtes, embrasaient de nouveau la ville et ravivaient les flammes de l’antisémitisme et de l’islamophobie, en profanant le cimetière israélite de Cronenbourg, avant de s’en prendre quelques mois plus tard au carré musulman des cimetières de la Robertsau, puis de la Meinau.
Le naufrage du Racing
En 2010, le feu est également dans la rue. Déjà, la réforme des retraites proposée par Éric Woerth, qui prévoit alors un report de l’âge légal de départ de 60 à 62 ans, soulève une vague de protestations à travers tout le pays, ponctuée par quatorze journées de manifestations. Il y a le feu, encore, sur la pelouse de la Meinau. Engagé cette saison-là en Ligue 2, le Racing Club de Strasbourg pédale dans la choucroute, essuie crise sur crise, change à plusieurs reprises de président et d’entraîneur et finit par toucher le fond, le 14 mai, avec une ultime défaite à Châteauroux qui le propulse à l’étage inférieur. Les épreuves cardio-respiratoires, que l’on croyait réservées aux seuls supporters du Racing, gagnent même la scène du Zénith : deux mois après
Profanation du cimetière de Cronenbourg le 27 janvier 2010.
Stade de la Meinau (saison 2009-2010).
Jafar Hilali est l’actionnaire majoritaire du club de décembre 2009 à septembre 2010.
le passage de Jean-Michel Jarre, sous Oxygène depuis 34 ans, c’est le groupe Scorpions qui s’y époumone le 22 mai au soir, en haletant qu’il nous aime encore. Quelques heures auparavant, Maria Sharapova triomphait aux Internationaux de Strasbourg, la « starine » du tennis mondial étouffant les espoirs de l’Allemande Kristina Barrois en finale et célébrant ainsi, et à sa manière, une année « France-Russie » dont on doute aujourd’hui qu’elle puisse trouver un second souffle au calendrier diplomatique. L’été, caniculaire cette année-là, laisse place à un automne marqué par le septième titre de champion du monde des rallyes pour Sébastien Loeb, le sacre de Rodrigo Cortés au Festival européen du film fantastique de Strasbourg pour son thriller claustrophobique Buried, et la fermeture de la discothèque « Le Chalet », immuable repaire des noctambules strasbourgeois depuis 1962.
Un premier numéro tout frais Mais voilà déjà l’hiver et il est drôlement rude en cette fin d’année 2010. À Strasbourg, on s’enfonce dans 25 cm de neige à Noël et le mercure dégringole à -18°C le lendemain. Ce soir-là, le train de nuit Strasbourg – Port-Bou cumule
La neige à Strasbourg en décembre 2010.
les avaries et finit péniblement par franchir la frontière espagnole avec quinze heures de retard. Finalement débarqués à bon port, les passagers du Lunea 4295 sont à bout. Ce parcours ferroviaire semé d’embûches rappellerait presque celui d’Or Norme, dont le lancement, initialement prévu en décembre 2008, a été retardé par la crise financière.
« On a pu stopper la locomotive à temps, juste avant un probable déraillement », rembobine Jean-Luc Fournier, le fondateur du magazine. « On a attendu pendant des mois des jours meilleurs, mais comme on ne les voyait pas arriver, on a pris la décision sur un coup de sang de partir quand même à l’aventure, avec 20 000 exemplaires distribués le 6 décembre 2010. C’était le prix à payer pour se faire connaître ». L’après-midi même, un ami de Jean-Luc lui transmet une photo volée sur la terrasse de la brasserie située au coin du Faubourg-de-Pierre et du quai Kléber. Un client y feuillette les pages de ce tout premier numéro. « Même si j’ai eu le magazine en main un peu plus tôt, ce cliché représentait pour moi la première preuve tangible de l’existence d’Or Norme ».
Quinze ans plus tard, l’établissement a toujours pignon sur rue.
Et Or Norme aussi. ←
15 ANS 15 COUV !
Un anniversaire, c’est l’occasion de se retourner sur le chemin parcouru, mais surtout de célébrer celles et ceux qui, numéro après numéro, donnent souffle, lumière et chair à nos pages : nos photographes.
Leur regard précède souvent nos mots. Il aiguise la curiosité, ouvre des portes, raconte ce que l’on ne sait pas toujours dire. Pour fêter nos 15 ans, nous avons voulu mettre leur talent à l’honneur. Nous leur avons proposé de signer notre couverture. Une seule consigne : Une image hors norme. Ils ont joué le jeu avec une liberté jubilatoire. Résultat : une collection de couvertures audacieuses, sensibles, parfois déroutantes... Autant de fenêtres ouvertes sur leurs univers.
À vous, maintenant, de partir à leur rencontre. Au fil de vos déambulations dans Strasbourg, tentez de dénicher ces « unes anniversaire » et, pourquoi pas, essayer de rassembler la collection complète, disséminée au hasard de nos 350 points de distribution. Merci à nos photographes Or Norme ainsi qu’à ceux qui, ayant bénéficié d’un de nos portfolios dans le passé, se sont joints aux premiers pour nous offrir 15 « Unes » pour nos 15 ans !
Pascal Bastien
Génération Or Norme : l’âge de l’élan.
— Chaume des Vaux
Insta : @bastien–pascal
Line Brusegan
Victor et Jan-Robert Weinsanto en majesté : un mariage comme un défilé.
— Château Du Champ De Bataille, Jacques Garcia, Sainte-Opportune-du-Bosc
Insta : @linebrusegan
Tobias Canales
L’ode à la lumière
Dans les Vosges du Nord, le Schieweschlawe perpétue le geste ancestral qui rallume le soleil.
— Offwiller
Insta : @tobiascanales
Rédaction : Patrick Adler
Jean-Louis Fernandez
Sur le tournage de Nouvelle Vague, l’hommage vibrant de Linklater à Godard et son premier film À bout de souffle
Guillaume Marbeck , Matthieu Penchinat.
— Paris
Insta : @jeanlouis.fernandez
Francesca Gariti
L’Opéra, contemplé depuis la scène, dans la lumière singulière des Dîners sur scène.
— Strasbourg
Insta : @des–racines–et–des–reves
Alban Hefti
Boualem Sansal aux Bibliothèques idéales en 2018, à la Cité de la Musique et de la danse
— Strasbourg
Insta : @albanhefti
Note : Au moment de préparer ces pages, nous avions choisi cette photo pour rendre hommage à l’écrivain, alors emprisonné en Algérie depuis novembre 2024. Pendant la maquette, nous apprenons sa grâce : Boualem Sansal est libre, enfin.
Corentin Kimenau
Éloge de la Solitude. « Le Soleil s’éteindra bientôt, ça te fera passer l’envie de tourner en rond. »
— Cévennes
Insta : @kimenau–corentin
Fabrice Mercier
Voir est un art, une invitation à regarder le monde autrement.
— Strasbourg
Insta : @lereveurdimages
Abdesslam Mirdass
Sur la terre noire, sous un ciel de braise. — Lanzarote
Insta : @boombastyc
Vincent Muller
L’heure blanche.
— Jura suisse
Insta : @vincentmullerphotos
Simon Pagès
Fragment d’un voyage aux confins du Nord. — Qeqertarssuaq, Groënland
Insta : @von–pages
Laetitia Piccarreta
Hier & demain — Seine et Marne
Insta : @jeudi13
Darek Szuster
Brume La Maine
Insta : @darek.szuster
Christophe Urbain
Dobermanman
— New-Orleans (2022)
Insta : @christophe–urbain
Simon Woolf
La Chambre du Silence, un lieu où la lumière et la mémoire se confondent.
— Vitry-le-François
Insta : @therapeutik
VIVEZ LA MAGIE DE DÉCEMBRE EN MUSIQUE !
Esprit de Noël
Beethoven | Tchaïkovski
Vendredi
12 décembre 20h
Palais de la Musique et des Congrès
Ciné-concert
Harry Potter à l’école des sorciers™
Samedi 20 décembre 20h
Zénith de Strasbourg
Découvrez le programme complet et réservez vos billets sur : philharmonique.strasbourg.eu
Concerts de la Saint-Sylvestre et du Nouvel An Florilège Lyrique
Borodine | Puccini | Bellini | Massenet | Verdi
Mercredi 31 décembre 20h
Jeudi 1er janvier 17h
Palais de la Musique et des Congrès
À VOIR
THÉÂTRE
La Sœur de Jésus-Christ au Point d’eau d’Ostwald
Jésus-Christ, c’est le surnom de Simeone, villageois des Pouilles qui en endosse le rôle du Christ lors de la Passion du Vendredi saint. Sa sœur, c’est cette magnifique Maria qui a longtemps feint l’indifférence face aux mufleries mais qui, un jour, s’empare d’un pistolet Smith & Wesson 9 mm afin de régler son compte à Angelo le Couillon qui l’a violentée la veille. Le village en entier va marcher avec elle, certains pour tenter de l’arrêter, d’autres pour l’encourager. Dans une prestation à couper le souffle, le Belge Félix Vannoorenberghe incarne l’insoumise mais aussi celles et ceux qui l’accompagnent. Et dans la salle le public marche avec lui, avec elle, avec eux, emportés par ce texte d’Oscar De Summa mis en scène par Georges Lini. Un western moderne qui longtemps vous habite. v.l.
→ Infos : Le vendredi 30 janvier au Point d’eau d’Ostwald à 20 h, par la Compagnie du Théâtre de poche de Bruxelles.
BIODIVERCITÉ AU MUSÉE ZOOLOGIQUE
Évoquer la jungle urbaine, c’est s’inquiéter à l’idée d’un monde où les humains sont sans pitié envers leurs semblables. Mais qu’en est-il de la coexistence entre humains et non-humains ? Perçues comme espaces de non-nature, nos villes abritent pourtant des espèces de toutes tailles et de toutes origines. Rats et souris, pigeons, faucons et autres cigognes, abeilles mais aussi foultitude d’insectes, jusqu’aux renards, hérissons et écureuils... Ils sont nombreux nos « concitoyens » ailés ou à quatre pattes qui nous obligent à repenser nos relations au vivant par-delà nos affects et nos phobies. C’est à la découverte de cet écosystème de proximité que nous convie le Musée Zoologique dans l’exposition BiodiverCité v.l.
→ Infos : Les animaux dans la ville. Avec une scénographie des étudiants de la HEAR, jusqu’au 31 décembre 2026.
Vue de l’exposition
« BiodiverCité
», Musée
Zoologique de Strasbourg.
Photo
: M. Bertola, Musées de la Ville de Strasbourg
(c) Lara Herbinia
(c) CDeBarry
ÉVÉNEMENT
FORUM EUROPÉEN DE BIOÉTHIQUE
Depuis plus de quinze ans, le Forum Européen de Bioéthique ouvre un espace unique où les enjeux de santé, de science et de société s’explorent à voix haute. Gratuit et accessible à tous, l’événement s’est imposé comme l’un des temps forts du débat public, réunissant chercheurs, médecins, citoyens et responsables politiques autour d’échanges exigeants éclairés, et toujours profondément humanistes. Du 4 au 7 février 2026, le Forum revient au Parlement européen et à l’Aubette avec un thème qui nous concerne tous : « Santé & Société ». Pendant quatre jours, il sera question de notre rapport aux soins, de solidarité, d’accès à la santé, de vulnérabilités et de responsabilités partagées. Autant de sujets qui touchent au plus intime, mais qui dessinent aussi notre avenir commun.
→ Programme à venir : www.forumeuropeendebioethique.eu
EXPOSITION
Le Temps retourné au MAMCS
À lire la note d’intention de l’exposition qui débutera en janvier au Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg, on pense inévitablement à L’Étrange histoire de Benjamin Button, ce film où Brad Pitt naissait vieux et rajeunissait au fil d’une vie qui se termina à l’âge de 84 ans sous l’apparence d’un poupon. Un voyage à rebours. C’est ce que propose le MAMCS dans l’exposition Le Temps retourné. Il s’agit de traverser toutes les phases de la vie au fil d’un cheminement qui commence dans un espace intitulé in memoriam pour se terminer dans une salle dédiée à la naissance. Vieillesse, fleur de l’âge, adolescence, petite enfance, venue au monde, forment les grands chapitres de ce projet réalisé à partir du fonds conservé au MAMCS. De Renoir à Sarah Jones, de Muybridge à Marlene Dumas... Corps et visages s’y succèdent comme arrêtés dans le cours de leur existence et fixés pour l’éternité par la force de la peinture, de la photographie ou bien encore de la vidéo. v.l.
→ Infos : Le Temps retourné.
Au fil des âges de la vie du 23 janvier au 18 octobre 2026 au MAMCS.
Affiche
Jean-Luc Moulène, Image blanche, 20 mai 1992, 20/05/1992
en 6 lés, sérigraphie sur papier. 400 x 300 cm. (c) Adagp, Paris 2025
Les Carnets Or Norme
Dans la hotte d’Ultima
Pour lui, pour elle... Notre sélection coup de cœur Ultima à offrir – ou à s’offrir – pour un Noël placé sous le signe de l’exclusivité et du raffinement. b.r.
Retrouvez ces références dans les boutiques Ultima. 4-8 Petite-rue de l’Église & 13 rue de la Mésange
PRATIQUE
☛ Le porte-cartes et porte-monnaie City de Balenciaga avec ses charms pile dans la tendance du moment se glisse dans n’importe quel sac de soirée. (420€)
CUTE-ISSIME
☛ La maison Celine nous enchante avec son charm peluche « Pom-Pom Triomphe » ultra mignon pour habiller son micro-sac Honorine ou tout autre petit sac porté-main. (510€ et 1250€)
FRAGRANCES
RACÉ
☛ Rendant hommage à l’animal qu’elle aime tant, le cheval, Stella McCartney décline son iconique sac Ryder en bordeaux, la couleur incontournable de cet hiver, version mini, à porter à la main ou en bandoulière. (995€ et 1295€)
☛ On craque pour la maison italienne BOIS 1920, née dans un atelier d’artisans florentins en 1920. La marque fait son entrée chez Ultima avec ses senteurs ultra raffinées pour nos intérieurs. (35€)
ÉLÉGANT
☛ Loin d’être démodés, les cravates en soie et boutons de manchettes Valentino apportent cette touche d’élégance intemporelle aux belles occasions. (230€ et 350€)
URBAIN
☛ Ultra fashion et pointues, les running B30 de Christian Dior devraient faire leur effet Waouh ! sous le sapin (970€)
Carnet de Noël
Carnet de Noël
Dans la Cave de Vino Strada
Que servir ? Que déboucher ? Que glisser sous le sapin ? À l’heure où les tables s’illuminent, Isabelle Kraemer nous souffle ses bouteilles essentielles pour des fêtes en parfait accord !
POUR L’APÉRITIF
En Alsace, on hésite toujours : Champagne ou Crémant ?
Alors… les deux font la fête.
☛ CHARPENTIER
Champagne Brut Terre d’Émotion Blanc de Blancs (45 €)
Une effervescence fine et citronnée, d’une élégance saisissante dès la première gorgée.
☛ MEYER-FONNÉ
Crémant Extra-Brut (15 €)
Un crémant vif, droit, scintillant : le plaisir alsacien qui fait toujours son effet.
POUR SURPRENDRE...
☛ Les Frères MIGNON Champagne 1er Cru Brut Rosé « Potion Pimpante » 2021 Un rosé vineux, gourmand et vibrant, bluffant sur un magret au chou rouge et au pinot noir réduit.
POUR BOIRE AVEC...
☛Les huîtres
Jo LANDRON – Muscadet sur Lie « Amphibolite Nature » 2021 (18 €)
Un blanc iodé, tranchant, au souffle minéral parfait pour sublimer les huîtres.
☛Le foie gras ET le saumon fumé
Domaine de la BONGRAN
Viré-Clessé « Quintaine » 2020 (38 €)
Une texture ample et veloutée, portée par une fraîcheur noble : l’accord idéal entre finesse et opulence.
☛Le chapon
Chantal LESCURE
Volnay 2022 (55 €)
Un pinot noir soyeux et délicat, qui enveloppe les viandes festives d’une élégance absolue.
☛La bûche de Noël ANDRESEN
Porto White 10 ans (25 €)
Un Porto blanc lumineux, aux arômes de fruits secs et de miel, qui prolonge le dessert avec douceur et éclat.
POUR METTRE SOUS LE SAPIN...
☛ À moins de 20 € :
CLOS MARIE
Pic Saint Loup « L’Olivette » 2023 (23 €) Un rouge sudiste plein de fraîcheur, de fruits et d’énergie : le cadeau qui fait l’unanimité.
☛ Pour marquer le coup : Sylvie ESMONIN –Gevrey-Chambertin
Villages 2023 (75 €)
Un grand Bourgogne racé et profond, où puissance et finesse ne font qu’un : un geste irrésistiblement festif.
Retrouvez ces références dans les boutiques Vino Strada à Strasbourg
1 rue du Temple Neuf & 20 rue des Bouchers
Carnet de course
BIBLIOTHÈQUE IDÉALE
QUATRE LIVRES À (S’)OFFRIR
☛ Ambre Chalumeau, Liste de lecture (L’Iconoclaste)
Sous le sapin, Liste de lecture est le cadeau idéal pour tous ceux qui aiment les histoires… et les histoires derrière les livres cultes.
Avec humour et passion, Ambre Chalumeau dévoile les secrets de vingt œuvres qui ont façonné notre imaginaire. À offrir sans hésiter : un concentré de culture réjouissante qui donne aussitôt envie de lire, ou de relire, les grands classiques.
☛ Marc Haeberlin, L’Auberge de l’Ill –Au fil de l’eau (La Martinière) Il est des maisons qui ne nourrissent pas seulement : elles émeuvent et racontent. L’Auberge de l’Ill appartient à ces lieux rares, posés au bord de la rivière qui lui a donné son nom.
Avec L’Auberge de l’Ill – Au fil de l’eau, Marc Haeberlin ouvre les portes de cette institution mythique. Il y dévoile son univers culinaire, le paysage qui l’a vu grandir et l’âme d’une maison qui a marqué la gastronomie française.
☛ Simone Morgenthaler, La brique au fond du lit (La Nuée Bleue) Récit autobiographique, souvenirs d’enfance, Simone Morgenthaler replonge dans son enfance dans son village d’Alsace. Elle nous offre un regard lumineux et nostalgique sur son enfance : les petits rituels, les gestes ancestraux, les fêtes saisonnières, les liens familiaux (père sculpteur, mère paysanne). C’est une « Proust champêtre » à la prose sensible, poétique, qui touche à l’univers du souvenir et de la mémoire rurale.
☛ Fabrice Mercier, Synchronicité Quatre années à parcourir Strasbourg pour en saisir la poésie du hasard : c’est ce que révèle ce livre-photo signé par l’un de ses regards sensibles. Le photographe Fabrice Mercier y capture des instants furtifs, souvent invisibles, où la ville s’aligne, se répond et surprend. Un livre à offrir à ceux qui aiment voir Strasbourg (et le monde) autrement !
9 RUE DU DÔME - STRASBOURG
Après l’exceptionnelle programmation de l’hiver dernier (lire Or Norme n°55), c’est comme si la capitale française avait ressenti un urgent besoin de reprendre son souffle. Néanmoins, l’exceptionnel parvient toujours à côtoyer quelques expositions surprenantes, de quoi plaisamment agrémenter vos séjours parisiens de fin d’année.
Suivez le guide !
Rédaction : Jean-Luc Fournier Photographies : DR
Expos
Paris : un cru hiver 2025-2026 assez moyen mais, heureusement, quelques pépites...
LES INCONTOURNABLES
Gerhard Richter à la Fondation Louis-Vuitton
Au hit-parade des expos de cet hiver 2025-26, c’est la fondation Louis-Vuitton qui, de nouveau, hisse très haut le flambeau des méga-expos événements. Ses quatre gigantesques niveaux à l’orée du bois de Boulogne sont en effet entièrement occupés par les plus de 270 œuvres de l’artiste allemand Gerhard Richter, un choix effectué par Dieter Schwarz et Nicholas Serota, les deux commissaires de l’exposition qui parvient à damer le pion à celle du même artiste en 2012 au Centre Pompidou, pourtant déjà remarquable (la marque de luxe avait déjà été le principal mécène de l’événement).
Résolument campée sur le choix de la chronologie de l’œuvre protéiforme de Richter (peintures, mais aussi sculptures, travaux sur papier et photographies couvrant la période de 1962 à 2023), l’expo présente la plus importante des rétrospectives de cet artiste jamais montrées en France. Né à Dresde en 1932, éduqué selon les très
rigides normes du réalisme socialiste de la RDA de l’après-Seconde Guerre mondiale, Gerhard Richter, dès son passage à l’ouest en 1961, commencera à peindre ses premières toiles d’après des photographies tirées de magazines puis, un peu plus tard, via d’autres sources notamment des photos de famille. Façon pour lui de remettre en question la représentation de la réalité, un chemin qui l’emmènera très loin ensuite. L’un des intérêts de l’exposition parisienne est de détailler assez précisément ce parti pris de ses premières années qui constitua très longtemps sa « marque de fabrique ». Sa technique de l’estompage ne cessant de s’affirmer jusqu’à radicalement se mettre à explorer tous les territoires de l’abstraction (son premier tableau abstrait de grand format, Konstruction, figure sur les cimaises de la fondation LouisVuitton). Il y gagnera très vite une forte notoriété, exposant à Londres, Eindhoven et Paris, le Centre Pompidou accueillant sa première grande rétrospective en 1977.
(c)
Gerhard Richter Art FoundationFondation Louis Vuitton
↓ Raoul Dufy, 30 ans ou la vie en rose, 1931, peinture à l’huile.
LES INCONTOURNABLES
Berthe Weill – Galeriste d’avant garde au Musée de l’Orangerie
Pan !... Dans l’œil ! C’est ainsi que Berthe Weill avait intitulé ses mémoires, publiées en 1933. Ce titre, avec les extraits de son livre, on le retrouve à l’entrée de chacune des salles que le musée de l’Orangerie, à l’orée du Jardin des Tuileries, consacre à cette immense galeriste, née à Paris d’une famille juive d’origine alsacienne (d’ailleurs, qu’attend-on pour la célébrer à Strasbourg, pourrait-on légitimement s’interroger).
L’audace, la vivacité d’esprit et le courage de cette maîtresse-femme s’écrivent avec l’encre de la légende. Dès 1901, elle défend résolument l’inconnu Picasso au cœur de sa galerie de Pigalle. Puis, avec la même passion et cet œil infaillible qui la caractérise, elle met en avant les « fauves », les élèves de Gustave Moreau soutenus par Matisse. Ce sera vite ensuite le tour des cubistes, puis de Modigliani dont elle organisera la seule exposition personnelle de son vivant, en 1917. Bien sûr, elle ne ratera rien de l’émergence des femmes peintres, dont l’immense Suzanne Valadon.
← Gerhard Richter, Hirsch, 1963, huile sur toile.
Les deux dernières décennies du XXe siècle seront marquées par cette célèbre série de quinze tableaux consacrés à la mort des activistes de la Rote Armee Fraktion (RAF) qui, évidemment, fera l’objet d’un véritable scandale en Allemagne où cet épisode de l’histoire du pays est longtemps restée très sensible. Malgré tout, les tableaux seront exposés à Krefeld puis à Francfort...
L’expo parisienne, décidément très complète, présente les dessins et aquarelles de l’artiste et restitue admirablement l’évolution du peintre qui quittera peu à peu les rivages de l’abstraction. La dernière décennie de son XXe siècle pictural sera couronnée par la rétrospective Forty years of painting que le MoMa new-yorkais lui consacrera en majesté, lors de son 70e anniversaire. Quelques années plus tard, il signera quatre peintures abstraites, la série Birkenau, réalisées à partir des seules photographies du camp d’extermination d’Auschwitz qui nous sont parvenues, prises par les prisonniers d’un Sonderkommando du camp. Ces quatre toiles sont aujourd’hui montrées pour la première fois en France...
Depuis un quart de siècle, Gerhard Richter est revenu au dessin qu’il continue de travailler dans son atelier de Cologne. Un de ses derniers, daté de 2023, clôt la brillante rétrospective parisienne...
☛ Gerhard Richter
Fondation Louis-Vuitton, jusqu’au 2 mars 2026
Malgré son talent exceptionnel, sa vista et ses prises de risque, Berthe Weill est restée dans l’ombre de bien de ses pairs masculins, machisme de l’époque oblige. L’exposition du musée de l’Orangerie la porte au niveau qui a été le sien et on le doit à la jeune chercheuse Marianne Le Morvan, commissaire de l’exposition et auteure du brillant Berthe Weill – Marchande et mécène de l’art moderne (Éd. Flammarion). Une centaine de tableaux prestigieux vous attendent au sein de cette exposition magnifique, parmi lesquels, La chambre bleue – Picasso, 1901, Les champs de pavots – Jean Metzinger, 1904, Le Restaurant de la Machine à Bougival – Maurice de Vlaminck, 1905, La chambre bleue –Suzanne Valadon, 1923, Nu au collier de corail – Modigliani, 1917, 30 ans ou la Vie en Rose – Raoul Dufy, 1931...
En 1941, Berthe Weill se fracture le col du fémur et est longuement hospitalisée. Elle place une amie à la tête de sa galerie pour contourner la loi d’aryanisation interdisant aux Juifs de tenir commerce, ce qui n’empêchera pas la galerie de fermer définitivement ses portes. Impotente et vivant cachée dans l’atelier d’une amie peintre, Berthe Weill vivra ses dernières années dans un dénuement extrême. En 1946, une vente aux enchères sera organisée pour lui venir en aide. Elle regroupera plus de quatre-vingts œuvres offertes par des amis de longue date, artistes et galeristes concurrents. Élevée au grade de chevalier de la Légion d’honneur, Berthe Weill s’éteindra le 17 avril 1951, à l’âge de 85 ans.
Dans la toute dernière salle de cette superbe exposition, une vitrine présente des documents originaux des années 1930. Parmi eux, une critique du livre Pan ! Dans l’œil ! signée par un certain J.T Martin, antisémite notoire, qui, sur quatre colonnes, crache sans vergogne sur la célèbre galeriste, de surcroît juive. Un texte hallucinant. Le nom de son auteur est totalement tombé dans les oubliettes saumâtres de l’Histoire, pas celui de Berthe Weill que l’expo du musée de l’Orangerie replace avec bonheur sous les projecteurs de l’histoire de l’art.
☛ Berthe Weill – Galeriste d’avant-garde Musée de l’Orangerie, jusqu’au 26 janvier 2026
(c) Musée de l’Orangerie
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À gauche :
John Singer Sargent, Madame X (Madame Pierre Gautreau), 1883–84, peinture à l’huile.
À droite :
John Singer Sargent, Portrait de modèle masculin, vers 1878, peinture à l’huile.
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John Singer Sargent – Éblouir Paris au Musée d’Orsay
Bien sûr, après l’exceptionnelle rétrospective Van Gogh en 2023 (qui pulvérisa le record du nombre d’entrées du musée d’Orsay) et la très brillante exposition Caillebotte en 2024, il fallait s’attendre comme à un trou d’air en cette fin d’année 2025. Nous y sommes donc, avec ce rendez-vous un tantinet quelconque avec l’Américain John Singer Sargent, surtout connu pour son habileté réelle en matière de portraits.
L’exposition d’Orsay (livrée « clés en main » par le MET de New York où elle a été présentée au printemps et à l’été derniers) insiste sur ces fameux portraits et vise à faire (re)découvrir cet artiste largement oublié en France alors qu’il est célébré en Angleterre et aux États-Unis comme un des plus grands artistes de la fin du XIXe siècle et du début du XXe.
Sargent a vite fui Paris dès le milieu des années 1880, après le scandale qu’a provoqué le célèbre portrait de Virginie Gautreau (Madame X), considéré aujourd’hui comme son chef-d’œuvre. À l’époque, la bretelle droite descendue sur l’épaule, le décolleté plongeant, le maquillage trop prononcé et son profil jugé très hautain avaient défrayé la chronique. Sargent a ensuite repeint ultérieurement la bretelle sur l’épaule et
conservé le portrait dans son atelier jusqu’à son achat par le Metropolitan Museum of Art en 1916, quelques mois après le décès du modèle. « Éblouir Paris » affiche le titre de l’expo : John Singer Sargent n’y sera pas vraiment parvenu durant son court séjour dans la capitale et le rendez-vous 2025 au musée d’Orsay, même à titre posthume, ne corrigera rien... Heureusement, le hasard des calendriers d’expositions fait bien les choses. Quatre salles (tout en haut du musée) sont consacrées à la peinture abstraite de la Britannique Bridget Riley, plus précisément à ses toiles inspirées par le néo-impressionniste Georges Seurat, « son mentor » selon les propres mots de la peintre. Les toiles exposées sont comme un festival de très subtiles formes et des harmonies de couleurs, savamment agencées pour suggérer les mouvements ondulatoires lents et réguliers des paysages peints. La passion de Bridget Riley pour Seurat illumine ces quatre salles qu’il serait dommage de rater si vous êtes sur place...
☛ John Singer Sargent – Éblouir Paris Musée d’Orsay jusqu’au 11 janvier 2026
☛ Bridget Riley – Point de départ jusqu’au 25 janvier 2026
(c) Musée d’Orsay
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Luc Delahaye – Le bruit du monde au Musée du Jeu de Paume
Après tant d’années consacrées au photojournalisme et même s’il a quitté l’agence Magnum il y a vingt-et-un ans, Luc Delahaye a bien sûr conservé une vraie appétence pour l’actualité mondiale des conflits et des rendez-vous de politique internationale. Mais le photographe de baroud sur tous les terrains du monde a aujourd’hui laissé la place à l’artiste qui s’interroge sur la réalité-même des faits que son appareil photo capture.
Superbement mise en scène (comme d’habitude au musée du Jeu de Paume), son exposition « Le bruit du Monde » présente une bonne quarantaine de grands formats dont plusieurs sont totalement inédits, qui ne cherchent plus forcément à documenter les événements, mais visent plutôt à réfléchir à la représentation des faits. Souvent les images se révèlent très travaillées, presque picturales, parfois mises en scène voire carrément recomposées par ordinateur. On est évidemment loin de la rigueur du photojournalisme, mais, cependant, on s’interroge sur la vraie réalité des scènes présentées, les relations entre les personnages ou le langage des corps, par exemple...
Depuis deux décennies, la mue du photographe est devenue si ostensible qu’il était largement temps qu’une grande exposition s’empare du phénomène. Le musée du Jeu de Paume y est parvenu haut la main !
☛ Luc Delahaye – Le bruit du monde
Musée du Jeu de Paume, jusqu’au 4 janvier 2026
À VOIR AUSSI...
Exposition générale – Fondation
Cartier pour l’art contemporain
Au vu de la diversité et de l’originalité des plus de 600 œuvres présentées par plus d’une centaine d’artistes contemporains du monde entier (issus des arts plastiques mais également de l’architecture, de la mode, du design, du monde des technologies et de la biologie), on n’ira pas jusqu’à parler de flop pour cette « Exposition générale » créée à partir de quarante ans d’expositions toutes installées dans les locaux du boulevard Raspail, entièrement réalisés par l’architecte Jean Nouvel, mais désormais délaissés par la Fondation Cartier pour l’Art contemporain au profit d’un emplacement prestigieux en plein cœur de Paris, sur la très distinguée place du PalaisRoyal, au voisinage direct du musée du Louvre.
Pour être tout à fait franc, on regrette déjà le superbe bâtiment de verre de l’ancien siège de la fondation Cartier et le bain de lumière permanent qui accueillait les œuvres exposées. Un exemple précis et frappant : cette immense toile de la série Les cerisiers en fleur du Britannique Damien Hirst, aujourd’hui exposée dans la pénombre des niveaux inférieurs de la nouvelle fondation, seulement éclairée par la froideur des projecteurs led. Il n’y pas si longtemps, la lumière solaire de ce petit coin de verdure qui abrita longtemps l’institution venait caresser la toile, mettant particulièrement en valeur les reliefs de l’épaisse peinture de Hirst et ce rose si particulier des printemps japonais... Bien sûr, les près de 6 500 m2 des cinq « plateformes mouvantes » sur les trois niveaux d’exposition de la nouvelle fondation Cartier vont sans doute permettre l’irruption de nouvelles œuvres totalement inattendues mais, sincèrement, on se sent un peu frustré par ce nouveau lieu qui se veut l’épicentre (avec la Bourse de Commerce de François Pinault pas si loin de là) de la création artistique contemporaine...
☛ Exposition générale
Fondation Cartier pour l’art contemporain jusqu’au 23 août 2026
↑ Luc Delahaye, Taxi, 2016, photographie.
(c) Luc Delahaye et Galerie
Nathalie
Obadia
(c)
Jean-Luc
Fournier
À VOIR AUSSI...
1925-2025 : cent ans d’Art déco au Musée des Arts décoratifs
En 1925, « l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes » (selon le titre officiel) organisée à Paris est devenue la vitrine de l’apogée d’un mouvement né dans les années 1910, plus tard nommé Art déco. C’est ce centenaire que célèbre l’exposition parisienne de cet hiver qui présente assez complètement les aspects très protéiformes de ce mouvement artistique, vécu comme une sorte de renouveau. La géométrie presque rigoureuse largement empruntée à l’Art nouveau apparu au début du XXe siècle a souvent laissé la place à un vaste foisonnement artistique dont l’expo se fait l’écho car, dès le début des années 1920, l’Union centrale des Arts décoratifs (ancêtre de l’actuel Musée des arts décoratifs) a fait nombre d’acquisitions et a reçu en don des pièces majeures, devenues les piliers de sa collection. La sélection des œuvres présentées souffre un peu de l’éparpillement bien connu des salles au sein de ce musée au parcours compliqué, si peu confortable à visiter, mais le caractère exceptionnel des pièces présentées justifie à lui seul la visite...
☛ 1925-2025 : cent ans d’Art déco
Musée des Arts décoratifs jusqu’au 26 avril 2026
ET AUSSI...
☛ Kandinsky — La musique des couleurs
Philharmonie de Paris jusqu’au 2 février 2026
☛ Georges de la Tour — Entre ombre et lumière
Musée Jacquemart-André jusqu’au 25 janvier 2026
☛ David — Le Louvre jusqu’au 26 janvier 2026
☛ Minimal — La Bourse de Commerce jusqu’au 19 janvier 2026
COMMENTAIRE
Public/privé : un constat accablant... Dans la douceur des premiers jours de novembre, quand nous avons visité pour vous le meilleur des expositions de fin d’année dans la capitale, flottait une atmosphère quasi surréaliste... Une quinzaine de jours auparavant, au lendemain même du « casse de l’année » et à deux pas de l’endroit fatidique où quelques « monte-en-l’air » à la Audiard ont tranquillement et en plein jour déployé un camion-nacelle de location pour ensuite fracturer une simple fenêtre et défoncer tranquillement une vitrine d’exposition où se trouvaient les joyaux de la couronne, à deux pas donc du lieu du méfait, était inaugurée la toute nouvelle fondation Cartier pour l’Art contemporain, une réalisation à 230 millions d’euros capable d’abriter une partie de la collection du célèbre joaillier. On devine aisément que toutes les conversations des invités triés sur le volet ont porté sur le cambriolage du Louvre et sur les dispositifs de « sécurité » incroyablement obsolètes du plus grand musée du monde. La ministre de la Culture, Rachida Dati qui était présente lors du pince-fesses inaugural, n’a sans doute pas beaucoup insisté sur la baisse annoncée de son budget de la Culture, 200 millions d’euros. On le sait, c’est le patrimoine national qui pâtira le plus de ces restrictions. On ne sait pas en revanche si elle a répété sa phrase désormais culte prononcée dans les heures qui ont suivi la découverte du casse : « Il n’y a pas eu de défaillance, il y a eu des failles... ».
La dichotomie entre le dynamisme des investissements privés et la baisse d’influence des établissements publics devient flagrante. Boostée par les effets de la loi mécénat de 2003, propulsée par Jean-Jacques Aillagon, on ne compte plus les marques qui ont décidé d’ouvrir leur propre structure : Louis-Vuitton, la collection Pinault, Cartier... jusqu’à la province qui s’y met : Leclerc à Landerneau (Finistère), Carmignac à Porquerolles dans le Var, LUMA à Arles... Côté structures publiques, le Centre Pompidou vient de fermer pour cinq ans de travaux (!), il en sera bientôt de même pour le Palais de Tokyo, pour deux ans, dit-on. Dans les deux cas, le financement des travaux reste à boucler alors que les fondations privées alignent leurs lieux d’exception, cossus et modernes à souhait.
On en revient à la rétrospective Gerhard Richter qui est l’événement majeur de cette fin d’année. Le constat est simple : aucun musée public n’aurait pu réunir le budget nécessaire pour que les 275 œuvres* soient présentes...
Le constat est accablant...
* dont plus de 100 prêts venus de toute la planète
(c)
Jean-Luc Fournier
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Expo Outre-Rhin
Beyeler et Burda : l’extraordinaire offre artistique
du sillon rhénan...
Depuis quinze ans, Or Norme n’a cessé d’inciter
ses lecteurs amateurs d’art à viser bien au-delà des frontières nationales pour profiter de l’extraordinaire offre artistique du sillon rhénan.
Parmi les lieux incontournables, la fondation
Beyeler à Riehen aux portes de Bâle et le Museum
Frieder Burda à Baden-Baden qui, en cette fin d’année 2025, proposent deux expositions bien différentes, mais qu’il faut voir….
Rédaction : Jean-Luc Fournier
Crédits photo : Mark Niedermann/Yayoi
Kusama – Ota Fine Arts – Jigal Fichtner
Fondation Beyeler : l’audace de Yayoi Kusama Beyeler, ou l’art de faire sensation. Sam Keller, le directeur de la fondation bâloise, ne cesse de surprendre avec ses choix et ses parti pris artistiques. Cet hiver sera celui de Yayoi Kusama, la star japonaise de l’art contemporain à qui il offre cette superbe rétrospective dont les coûts sont partagés avec deux autres institutions européennes qui la reprendront ensuite, le Museum Ludwig de Cologne (14 mars – 2 août 2026) et le Stedelijk Museum d’Amsterdam (11 septembre 2026 – 17 janvier 2027). De l’intelligence en matière de co-production artistique...
Avant de devenir une des égéries de la marque Louis-Vuitton, c’était en 2012 et à grand renfort d’attitudes emblématiques comme cette image où l’artiste est drapée dans un ébouriffant tissu à gros point jaune et coiffée d’une perruque écarlate, Yayoi Kusama a été de toutes les fêtes et événements dans le New-York déjanté des années 60 et 70 grâce à une réputation d’avant-gardisme déjà bien forgée dans le Japon post-traumatisme de la seconde guerre mondiale (elle est née en 1929).
C’est justement l’extravagance débridée de ces années new-yorkaises,
Yayoi Kusama, Infinity Mirrored Room
↑
avec ces happenings délirants et ces provocs à base de nudité omniprésente sur fond de consommations de substances interdites, qui manquent le plus à l’expo bâloise : on ne les retrouve que très furtivement dans un coin de la fondation Beyeler avec la projection du film Kusama’s Self Oblitération, film qu’elle a tourné en 1967 et dans lequel des instants de ses performances sont insérés. Toujours aussi prude, la Suisse ?
Pour le reste, on découvrira avec grand intérêt ce qui reste de ses premières œuvres de « débutante » (elle a elle-même détruit ensuite nombre de ses travaux initiaux) et, surtout, l’essentiel de sa production des dernières décennies où apparaissent ses constantes, notamment la très minutieuse répétition des points et taches qui finissent par saturer complètement les surfaces travaillées, les corps et la nature fournissant la très grande majorité des thématiques. L’obsession de ne pas laisser vide la moindre parcelle des surfaces est manifeste... Au sous-sol de la fondation, on découvre son Infinity Mirrored
Room, un large espace où le public peut librement déambuler parmi les délirants tentacules gonflables noirs à points jaunes d’une pieuvre démesurée. Enfin, librement, n’exagérons rien : on fait bien sagement la queue avant d’y accéder et on a à peine le temps d’y réaliser quelques selfies avant de laisser la place aux autres. Des selfies qui se retrouveront immédiatement sur les réseaux sociaux qui eux-mêmes inciteront d’autres visiteurs à faire la queue, etc, etc. L’art contemporain du premier tiers du XXe siècle est-il condamné à cette navrante platitude promotionnelle ? On aimerait connaître le sentiment de Yayoi Kusama à ce sujet, mais on devine qu’elle serait bien incapable de nous le donner puisque, de retour au Japon depuis le milieu des années 70, elle séjourne en partie dans un établissement psychiatrique en raison de troubles psychiques récurrents...
☛ Yayoi Kusama Fondation Beyeler à Riehen près de Bâle, jusqu’au 25 janvier 2026
L’impressionnisme allemand au Museum Frieder Burda À l’évidence, la belle aventure du mouvement impressionniste ne s’écrit pas de la même façon de part et d’autre du Rhin. Puissant et incontournable en France avec sa kyrielle de grands noms (Monet, Manet, Renoir, Pissaro, Cézanne, Degas, Caillebotte et on en passe...) et ses véritables temples (le Musée d’Orsay, Giverny), il s’est révélé moins prolixe et plus discret en Allemagne où les nombreux séjours en France de son inspirateur, Max Liebermann (1847-1935), et malgré quelques grands noms qui l’ont accompagné – Max Slevogt, Lovis Corinth ou encore Fritz von Uhde... – n’ont pas suffi à faire émerger un mouvement avec une ampleur artistique comparable au bouillonnement français. Néanmoins, avec une centaine de toiles réunies sur ses cimaises et provenant d’une soixantaine de collections, le Museum Frieder Burba nous fait partager cette époque où Liebermann et ses amis parvinrent à faire émerger envers et contre tout leur petite tribu artistique, en employant en partie les mêmes recettes que leurs homologues français, comme par exemple cette belle demeure au bord du Wannsee, à Berlin qui sera, à sa manière, le Giverny des impressionnistes allemands, aménagée avec un soin aussi précieux que l’avait fait Monet en Normandie...
Max Liebermann, Simson und Delila, 1902
La Villa d’Illkirch est l’île aux arts
Découvrir La Villa d’Illkirch-Graffenstaden c’est entrevoir, à un jet de tram de Strasbourg, la possibilité d’une île. Une île aux arts, une île aux enfants, une île sur l’Ill qui l’enserre de ses miroitements.
Rédaction : Véronique Leblanc Photographie : Alban Hefti
À deux pas de la bien connue salle de L’Illiade, ce lieu superbe de plus de 4 000 m2 a fêté en juin 2025 les dix ans d’une vaste réhabilitation qui a transformé l’ancienne chaufferie de la Société de construction mécanique (SACM) en Maison d’enseignement et de pratique des arts. Une maison où parents et enfants se croisent dans un joyeux va-et-vient pour se rendre dans les salles dédiées aux arts plastiques, au cirque, à la danse, à la musique et au théâtre.
Métamorphose d’un site industriel.
« Il a été baptisé La Villa à la suite d’une consultation publique » raconte son directeur Christophe Mougenot, « le terme a été retenu par le conseil municipal parce qu’on y retrouve, l’Ill, Illkirch, le “A” de “arts” et peut-être aussi d’un ailleurs porteur d’évasion du quotidien ». Natif de Besançon et
saxophoniste formé au Conservatoire de Strasbourg, Christophe Mougenot est arrivé à Illkirch en 1996. En presque trois décennies – qu’il « n’a pas vues passer » – il a commencé par donner des cours de musique dans « des salles souvent inadaptées » avant de devenir directeur adjoint de l’école de musique et de danse de la ville au début des années 2000. Époque où le maire, Jacques Bigot, a décidé de réunir tous les enseignements artistiques dans un même endroit afin de faciliter les échanges entre les pratiques et rendre le lieu plus visible pour les publics. L’ancienne chaufferie de la SACM a été choisie, ce qui a entrainé la destruction de son emblématique cheminée qui était « un peu la Tour Eiffel d’Illkirch », se souvient-il, « un véritable repère ». Les discussions ont alors parfois été houleuses, mais le projet a suivi son cours, tout d’abord
sous la houlette d’un architecte-programmiste chargé – en lien avec des comités de pilotage issus à la fois des écoles et des associations – de définir « ce que l’on attendait du lieu ».
L’art ça fait du bien ! Une fois le cahier des charges établi, un concours d’architectes fut lancé et remporté par le Parisien François Chochon, ce qui marqua le coup d’envoi des travaux en 2013. Christophe Mougenot a accompagné du début à la fin la création de cette « arche de la culture » à laquelle on accède par une passerelle achevée sur place, sur les berges de la rivière.
Le bâtiment a conservé ses trois façades d’origine protégées par le service de Conservation régionale des monuments historiques, avec pour seule modification autorisée, la création d’une verrière qui agrandit l’espace à l’avant.
« L’ambition des cours annuels que nous y proposons », précise encore le directeur, « est de permettre l’accès à une pratique amateur de qualité et d’accompagner nos élèves vers une forme d’aboutissement humain et culturel ».
« Car », poursuit-il, « pour accéder à une pratique artistique, il faut du travail, du temps, de la méthode et cet apprentissage aide à devenir
→ Christophe Mougenot, directeur de La Villa.
↓ L’ancienne chaufferie de la SACM réhabilitée pour devenir La Villa.
« Une arche de la culture à laquelle on accède par une passerelle. »
adulte, à vivre ensemble, à se respecter et à s’écouter en tendant vers un même but. » Et puis... « l’art ça fait du bien ! »
« Plein de vies se croisent » Une dimension essentielle pour un homme dont la vocation initiale était la médecine, « pour être utile ». N’ayant « pas le niveau en math » permettant d’envisager sérieusement cet objectif, il s’est tourné vers le saxophone et le jazz avant de découvrir combien la musique – et toutes les formes de pratiques artistiques – contribuaient à l’épanouissement des êtres. « On accompagne les élèves dans la bienveillance et le partage le plus loin possible, avec toujours la volonté de parvenir à une prestation de qualité » et « on réalise combien l’orchestre d’harmonie où se retrouvent certains octogénaires de la ville contribue à leur vie sociale et à leur agilité intellectuelle ». « C’est le cœur de notre pratique » conclut un homme heureux de veiller au quotidien sur un lieu où « plein de vies se croisent ». Il évoque aussi ce musicien de l’harmonie municipale qui, aujourd’hui bien âgé, vient chaque semaine répéter entre des murs où il a commencé à travailler à quinze ans, lorsqu’il y est entré comme ouvrier de la chaufferie de la SACM. ←
« On accompagne les élèves le plus loin possible, avec toujours la volonté de parvenir à une prestation de qualité. »
← La Villa, un lieu où
« plein de vies se croisent ».
Hugo Diaz Quartet, le samedi 31 janvier à 20h30 à La Villa. Fan de jazz qu’il a découvert à l’adolescence en écoutant un disque de Sidney Bechet, Christophe Mougenot en programme volontiers dans une Villa qui est aussi lieu de concerts, d’expositions et de résidences d’artistes. À venir le 31 janvier, le concert d’Hugo Diaz, jeune saxophoniste franc-comtois au jazz résolument contemporain déjà par deux fois primé. « Ce sera l’occasion pour nos élèves de travailler toute une journée avec Hugo autour du saxophone » se réjouit Christophe qui signale aussi, l’installation d’un showroom dédié au saxophone ainsi que la tenue d’un atelier de réparation et de vente d’instruments et d’accessoires proposé par Arpèges.
(c) Jo. Rose
Le trésor endormi du TnS
Derrière la façade majestueuse du Théâtre national de Strasbourg sommeille un trésor : un espace de plusieurs milliers de mètres carrés oubliés depuis trente ans. L’ancien conservatoire attend aujourd’hui une renaissance, que le TnS espère écrire avec l’aide de ses mécènes et de toute la ville.
Rédaction : Hélène Edel
Photographie : Francesca Gariti
← L’entrée de la salle Albert Schweitzer.
→ Une salle avec vue sur la place de la République.
En tram, en bus, en voiture, à pied ou à vélo, des milliers de personnes passent chaque jour devant le Théâtre national de Strasbourg (TnS). Ils lèvent parfois les yeux vers sa façade claire, son perron solennel, ses colonnes au charme d’un autre siècle. Peu savent pourtant que, derrière ces murs, 3 500 m2 d’espaces demeurent muets, dérobés depuis trente ans aux regards comme à la mémoire collective. Des salles, des couloirs, des escaliers monumentaux : tout un pan du théâtre plongé dans le silence. Ce cœur caché du TnS, c’est l’ancien Conservatoire de Strasbourg.
← →
L’incroyable salle
Stravinski, située
au-dessus de la salle Koltès : 600 places vides depuis 30 ans.
« Des cloisons furent alors dressées, séparant définitivement les espaces de l’ancien Conservatoire de ceux du TnS. »
Ce palais de grès blanc, construit entre 1888 et 1892, n’était pas à l’origine un lieu de théâtre. Il fut d’abord le siège du parlement d’AlsaceLorraine après l’annexion allemande de 1871. Dans sa grande salle d’assemblée coiffée d’un dôme lumineux, les élus débattaient du sort d’une province tiraillée entre deux cultures. Les sculptures allégoriques qui ornaient la façade représentaient l’Alsace et la Lorraine unies, figures de pierre d’un équilibre fragile. Le lieu respirait l’autorité et la solennité, mais portait déjà en lui cette dimension symbolique de la voix partagée, du mot prononcé en public. Un destin qui, sans le savoir, le préparait à devenir un jour théâtre. Après 1918, fut dissous et le bâtiment perdait son usage dans le système politique français très centralisé de l’époque. Le Conservatoire de musique s’y installa, transformant la grande salle d’assemblée en salle de concert rebaptisée Hector Berlioz. Pendant plusieurs décennies, le bâtiment vibra de musique : des archets, des cuivres, des voix d’élèves montant les marches, des gammes résonnant sous les plafonds de plâtre et de bois. Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Le 25 septembre 1944, une bombe alliée tomba sur le dôme. Le cœur du bâtiment s’effondra.
La fin d’une époque, mais le début d’une autre.
En 1952, l’État et la Ville décidèrent de reconstruire le bâtiment ravagé du Conservatoire de Strasbourg et d’y ajouter une extension de près de 5 000 m2 afin d’y accueillir le Centre dramatique de l’Est, jusqu’alors situé à Colmar. Le nouveau bâtiment fut conçu sous la direction du metteur en scène Michel Saint-Denis, grande figure européenne du théâtre, et de l’architecte-scénographe Pierre Sonrel. En 1954, le Centre dramatique s’y installa aux côtés du Conservatoire, qui occupait toujours une partie du bâtiment. En 1957, l’ancien hémicycle parlementaire, entièrement reconstruit, fut inauguré : la salle du Théâtre de la Comédie, qui deviendra bien plus tard la salle Koltès, était née. Onze ans plus tard, sous l’impulsion d’Hubert Gignoux et d’André Malraux, le lieu devint le Théâtre national de Strasbourg, seul théâtre national installé hors de Paris, fidèle à la vision fondatrice de Michel Saint-Denis : un théâtre-école tourné vers la création et la transmission. En 1995, lors des travaux de réhabilitation, les deux institutions quittèrent le bâtiment pendant deux ans. Seul le TnS y reprit ensuite place, tandis que le Conservatoire fut transféré à la Laiterie avant de rejoindre la Cité de la Musique et de la Danse. Des cloisons furent alors dressées, séparant définitivement les espaces de l’ancien Conservatoire de ceux du TnS.
Depuis, ces espaces emmurés dorment derrière des portes closes, vidés des âmes et des meubles qui les habitaient. Dans ces couloirs figés, l’air est immobile et la lumière poussiéreuse. On y devine le passage du temps, comme si les lieux avaient simplement suspendu leur respiration. Aujourd’hui, ces espaces inutilisés attisent l’imaginaire. On parle de les rouvrir, de les repenser, de les rendre à la ville. Rien n’est encore décidé, et c’est sans doute ce qui rend cette perspective si excitante : tout reste possible. Ces 3 500 mètres carrés pourraient un jour redevenir des lieux de vie, d’apprentissage, de musique, de parole. Le bâtiment pourrait alors retrouver ce qu’il n’aurait jamais dû perdre : son lien avec la cité, sa vocation à accueillir. Les études menées ces derniers mois ne promettent pas un bouleversement spectaculaire, mais un geste plus intime : reconnecter les ailes, rouvrir les anciens corridors, redonner au lieu son souffle d’origine. Ce serait une manière d’écrire un nouveau chapitre sans effacer les précédents, de permettre à la mémoire d’un bâtiment – né parlement, devenu conservatoire, puis théâtre,
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Dans une salle de classe à l’étage
de continuer à se transformer sans jamais cesser de dire quelque chose de son époque. Et pour que ce rêve prenne forme, les équipes du TnS cherchent activement des partenaires financiers et des mécènes prêts à s’engager dans cette aventure patrimoniale qui se chiffre à plusieurs millions d’euros. Car il ne s’agit pas seulement de restaurer un bâtiment, mais de redonner à Strasbourg un morceau vivant de son histoire culturelle. Chaque soutien compte : celui des entreprises, des institutions, mais aussi des citoyens, pour que ce trésor endormi retrouve la lumière et devienne à nouveau un lieu ouvert, partagé, habité.
Quand on lève les yeux vers sa façade, on voit une architecture imposante, héritée de l’Empire allemand, figée dans la pierre. Mais à l’intérieur, il y a encore du vide, du possible, du futur à inventer.
Peut-être qu’un jour, les Strasbourgeois qui traversent la place de la République ne passeront plus devant ce monument sans y prêter attention, mais à travers lui, comme on traverse une mémoire retrouvée. ←
« Ces 3 500 mètres carrés pourraient un jour redevenir des lieux de vie, d’apprentissage, de musique, de parole. »
ELLE VOUS BOUSCULE,
La Meinau a kiffé le retour de la coupe d’Europe. Il a fait froid, le vent a balayé les tribunes, mais la Meinau s’est enflammée. Après une parenthèse de vingt ans, le Racing Club de Strasbourg a renoué avec une soirée européenne à domicile, pleine de chants, de frissons et de souvenirs.
Rédaction : Guylaine Gavroy
Photographie : Christophe Urbain
Soir d’Europe à la Meinau
« Laisse-moi kiffer l’Europe avec mes potes »... La petite ritournelle entonnée il y a quelques saisons a pris tout son sens ce jeudi 23 octobre, quand le Racing a reçu à la Meinau les Polonais du Jagiellonia Bialystok pour le deuxième match de la Ligue Conférence – le premier à domicile.
La tempête Benjamin, qui avait balayé la France dans la journée, avait fait chuter les températures et les Strasbourgeois s’étaient emmitouflés dans leurs écharpes bleues, ornées du blason du club, d’ordinaire plus décoratives qu’utiles.
« Il faisait vraiment froid, je pense que c’est aussi pour ça qu’il n’y a pas eu tout de suite de l’ambiance », estime François, abonné au Racing depuis cinq ans.
L’attente, elle, avait été autrement plus longue. Vingt ans que le public alsacien n’avait pas vu son équipe évoluer dans une compétition continentale. Et
les espoirs étaient nombreux aussi, après un début de championnat convaincant et un match nul aux allures de victoire arrachée à Paris contre les champions d’Europe quelques jours auparavant. En rénovation depuis juin 2023, le stade de la Meinau avait fière allure en ce début d’hiver. Dans la tribune Nord, le retour tant attendu des sièges formant le mot « Strasbourg » avait transformé l’ancien bloc de béton en un décor enfin digne d’une soirée européenne. Même vide, l’enceinte semblait plus chaleureuse, plus fière — et plus télégénique surtout, les caméras des diffuseurs ayant investi l’antre des Alsaciens. Ils étaient finalement 21 748 à avoir pris place dans les tribunes pour ce premier rendez-vous européen.
Un retourné pour rallumer le feu. Mené au score au retour des vestiaires,
le Racing a égalisé grâce à un retourné acrobatique de son goleador argentin Joaquín Panichelli, un geste qui a fait se lever tout le stade comme un seul homme. Installé tout en haut de la tribune Sud, dans les dernières rangées exposées au vent, François n’en était pas à sa première soirée européenne et compte parmi ses beaux souvenirs un Milan AC – Paris SG en décembre 2023, à San Siro. « Le tifo préparé pour Donnarumma était exceptionnel, se souvient celui qui fera le déplacement à Aberdeen en décembre et qui a apprécié en connaisseur le but égalisateur de Panichelli. J’en ai rarement vu des comme ça en vrai ! Il y avait eu celui du Marseillais Bamba Dieng à la Meinau (lors du match de Ligue 1 Racing – Marseille, en décembre 2021) et celui de l’attaquant de Nice Terem Moffi à Bâle (avril 2023, en Ligue Europa). »
« On aurait dû le gagner, ce match », commentent pour leur part Marcel et René, abonnés de longue date, dans les coursives du stade. « Le but est magnifique, mais il y a eu plein d’autres occasions qui auraient dû finir au fond. »
Des chants, des souvenirs et un souffle retrouvé. Avant la rencontre, l’entraîneur Liam Rosenior avait insisté sur les notions de constance et de progression de son groupe : « On veut faire bonne impression chaque fois qu’on se présente sur le terrain. Pour cela, il faut rester consistant, ne rien changer dans l’état d’esprit vu le niveau atteint récemment. On veut continuer de la sorte pour marquer l’histoire du club. » Ce jeudi soir, les supporters polonais, nombreux, ont également contribué à mettre l’ambiance. Samia portait les couleurs rouge et jaune du Bialystok : « Je suis venue de Mulhouse, j’étais là pour Afimico Pululu (l’attaquant mulhousien du club polonais, meilleur buteur de la Ligue Conférence 2024-2025), que je connais un peu. On n’était pas dans le parcage visiteur parce qu’on est Français et qu’on a suivi la voie officielle. À la fin du match, on a continué à chanter, c’était super ! » Parmi les spectateurs du soir, certains découvraient la Meinau, comme Margaux, 8 ans : « C’était la première fois que j’étais au stade avec mon papa. Je vais parfois
« J’en ai rarement vu des comme ça en vrai ! Il y avait eu celui du Marseillais Bamba Dieng à la Meinau et celui de Terem Moffi à Bâle, mais celui de Panichelli, c’est autre chose. »
François, abonné du Racing, sur le retourné acrobatique de Joaquín Panichelli.
voir jouer mon frère. Là, c’était mieux : il y avait plus de monde et surtout des frites ! » D’autres ont vécu la rencontre de plus loin. Convalescent dans les Vosges après une arthroscopie, Guillaume, 44 ans, a suivi le match sur son ordinateur. « Ma famille, mes proches, tout le monde sait que lorsque le Racing joue, il ne faut pas me déranger, explique-t-il. J’étais moins excité qu’à l’époque, mais je continue de supporter le Racing par nostalgie et par fidélité. »
Abonné dans les années 2000 et depuis 2016, ce dirigeant dans l’industrie du jeu vidéo se souvient d’un autre soir européen mémorable à la Meinau. C’était le 14 décembre 2005, contre l’Étoile Rouge de Belgrade. « Kevin Gameiro avait 18 ans, il marque deux buts de la tête alors qu’il est tout petit (1,72 m) et fait taire les 6 000 Serbes venus à Strasbourg. C’est ce genre de souvenir qui reste. » Désormais Parisien, Guillaume prévoit de revenir dès novembre pour la réception de Crystal Palace, un voyage express, arrivée à 19h et retour au petit matin.
À la fin du match, les footballeurs strasbourgeois ont salué leur public. Dans la tribune Ouest, les supporters ont entonné le petit hymne de leur composition : « Laisse-moi kiffer l’Europe avec mes potes, J’suis pas d’humeur à ce qu’on me prenne mes torches. » Un refrain devenu familier, repris par plusieurs milliers de voix dans le froid d’octobre. Après vingt ans d’attente, Strasbourg a retrouvé l’Europe, et la Meinau, son souffle. ←
Au Trois Chevaliers avec
Gilles Egloff
Cofondateur du groupe Diabolo Poivre en 2007, Gilles Egloff est revenu à ses premières amours. Il a repris la célèbre winstub quai des Bateliers, Aux Trois Chevaliers, tenue par le couple Maser durant 17 ans.
Rédaction : Barbara Romero
Photographie : Laetitia Picarreta
Q[Q]ui ne connaît pas les Trois Chevaliers n’a jamais goûté au meilleur cordon bleu de la ville. Mais que les habitués se rassurent : même si la winstub with a view a été reprise par Gilles Egloff, la maison n’a pas perdu son âme. Aux fourneaux, les mêmes experts. À la carte, les mêmes plats généreux et réconfortants qui ont fait la réputation de l’adresse sous l’ère Maser. Côté cadre, tout est resté en place : les miroirs dorés, le magnifique lustre ancien, la lumière tamisée, et cette vue imprenable sur la cathédrale et le Palais Rohan. « Pour l’instant, je n’ai ajouté que l’œuf mayonnaise » sourit Gilles Egloff. « Quand j’ai annoncé la reprise, tout le monde m’a dit Ne change rien ! ». Et ne serait-ce que par respect pour Christine et Stephan qui ont fait un boulot incroyable pendant 17 ans, je n’ai rien changé. »
Un patrimoine à préserver. Si la carte évoluera au printemps avec l’un ou l’autre plat veggie, le nouveau propriétaire a bien senti le potentiel de cette winstub historique où le cadre séduit autant que l’assiette. « Cela faisait des années que je n’étais pas venu, mais quand j’y suis retourné, cela a été un vrai coup de cœur. L’affaire a été réglée en un week-end. » Puis il s’est souvenu de ses premières expériences aux Trois Chevaliers quand Éric Pfalgraff était aux commandes. « À l’époque, l’offre de restauration à Strasbourg était très classique, il n’y avait pas encore Diabolo Poivre » s’amuse-t-il. « Éric a imaginé une winstub moderne, branchée. C’est toujours aussi beau et d’actualité. »
Christine et Stephan ont marqué de leur empreinte les « Trois Che » à travers leur accueil chaleureux, l’esprit « comme à la maison » et leurs plats signatures – le fameux cordon bleu, mais aussi les galettes de pommes de terre au saumon ou les rognons aux morilles. Et Gilles Egloff semble destiné à en être le troisième chevalier. Amoureux du beau et du bon, il a apporté sa touche personnelle avec des fleurs fraîches, de jolies assiettes, de petites lampes de table dorées. « Chez Diabolo Poivre, je m’occupais de
ce qui se voit : la déco, les fleurs, la vaisselle, les fringues des serveurs... C’était plaisant, confie-t-il. Mais plus on grossissait, plus on demandait d’autonomie aux directeurs de nos établissements qui voulaient gagner en compétence. Nos tâches se limitaient à l’administratif et à gérer les soucis du quotidien. J’avais encore affaire aux clients, mais j’avais envie de plus. »
S’il n’a pas quitté par lassitude le Groupe qu’il a fondé en 2007 avec son ami Jérôme Fricker, l’idée de reprendre son envol lui trottait dans la tête depuis quelque temps. « Quand on a lancé Diabolo avec Jérôme, on s’était dit : à 50 ans, on arrête ! On parlait souvent de l’avenir avec lui et Christophe Lemennais qui nous a rejoints en 2015 avec son expertise en cuisine. Mais aujourd’hui j’ai 52 ans, je suis trop jeune
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Cette vue imprenable sur la cathédrale et le Palais Rohan.
pour m’arrêter. » S’il y a quelques années il a pensé à ouvrir un resto à Majorque, une île qu’il aime particulièrement, il a très vite réalisé que sa vie, ses amis, son mari, sa clientèle étaient à Strasbourg. En janvier, il remplace au service la directrice de la Corde à linge, l’un des premiers établissements du groupe Diabolo Poivre, et retrouve l’adrénaline de la salle. « J’étais au bureau la journée, au service le soir, mais jamais fatigué ! J’ai repris un plaisir de dingue. »
Une nouvelle histoire à écrire, sans tout réécrire. Sa rencontre avec Stephan Maser sera déterminante. « Durant le même week-end, plusieurs amis m’ont dit que les Trois Chevaliers me plairaient. Jérôme a appelé Stephan, et cela a été, comme je le disais, le coup de cœur. » Avec ses 50 places à l’intérieur et 50 en terrasse, l’établissement était trop petit pour la logistique du groupe. Un restaurant à taille humaine qui colle parfaitement avec son goût des bonnes choses et des ambiances chaleureuses. « J’aime aussi le mélange entre touristes et Strasbourgeois. Les touristes en vacances sont dans un état d’esprit plus détendu. » L’autre différence, c’est que l’ADN de Diabolo Poivre, c’est de transformer des lieux à partir d’une page blanche, comme
pour Chère Amie, le Drunky Stork Social Club, mais aussi Tzatzi, East Canteen, et La Hache, son établissement chouchou. Des endroits neutres, où tout était à écrire, alors qu’aux Trois Chevaliers, rien ne doit bouger, ou presque. « C’est à la fois stressant et rassurant ! Christine et Stephan avaient une super clientèle, et beaucoup m’ont dit qu’ils étaient contents que ce soit moi. Certains reviennent, d’autres ne viendront plus, des nouveaux arriveront... » La différence aussi, c’est que les Trois Chevaliers sont désormais chez lui. « La partie la plus sympa avec Diabolo Poivre, c’était de trouver les adresses, d’imaginer ce que l’on pouvait y faire, y construire notre carte, fantasmer le lieu... Mais une fois les travaux terminés, il se passe quelques jours, et le lieu ne t’appartient plus. »
Sa « Taverne avec vue », il l’a construite à son image : ouverte, conviviale, épicurienne. Une adresse où l’ardoise est libre pour déguster les « plats des copains » ou une salade de belles tomates dégottées au marché d’à côté où il a ses habitudes, « J’aime les lieux libres d’expression », confie le nouveau taulier qui fera quelques travaux de rénovation en janvier avant d’en révéler un peu plus de sa signature au printemps. ←
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Le cadre du restaurant Aux Trois Chevaliers : les miroirs dorés, le magnifique lustre ancien, la lumière tamisée.
3 quai des Bateliers, Strasbourg.
Chez le kiné avec Stéphane Vouillot
Il y a des gestes qui se perdent, non pas parce que le corps est abîmé, mais parce que le cerveau a oublié comment les commander.
Stéphane Vouillot, kinésithérapeute et ostéopathe, s’est formé à Allyane , une méthode encore confidentielle qui redonne du mouvement quand tout semble bloqué.
Rédaction : Salomé Dollinger
Photographie : Simon Pagès
D[D]iplômé de kinésithérapie en 1989 puis en ostéopathie en 2002, Stéphane Vouillot a complété son bagage par un diplôme universitaire en coaching et préparation mentale. Ce fil conducteur – aider les autres à accéder à leur potentiel – l’a mené à accompagner des sportifs de haut niveau. En 2020, une découverte vient enrichir cette pratique déjà protéiforme : la méthode Allyane, une technique novatrice de reprogrammation neuromotrice.
Quand le cerveau crée une barrière. Imagerie, chirurgie réussie, articulations intactes… Tous les feux sont au vert, et pourtant, impossible de faire ce mouvement !
C’est ce qu’on appelle l’inhibition motrice : « le muscle n’est pas lésé, mais son accès est comme verrouillé par un automatisme central ». La méthode Allyane agit précisément là, grâce à l’imagerie mentale et des sons de basses fréquences qui induisent un état de lâcher-prise propice à la reprogrammation.
Comment ça marche ? Une séance dure environ 1h30. Après un temps d’échange approfondi, Stéphane Vouillot guide le patient, yeux fermés : rappel des sensations du côté sain, « effacement » mental du membre atteint, puis « création » d’un nouveau membre fonctionnel. Le protocole est validé à chaque étape par un son choisi par le patient. 90 % des cas traités se résolvent en une seule séance, si l’inhibition motrice est bien avérée. Le patient retrouve un mouvement perdu depuis parfois des mois, voire des années. « C’est souvent très émouvant, certains pleurent face au retour d’une mobilité qu’ils croyaient perdue », confie le praticien… mais pas magicien ! Si la méthode Allyane agit sur le cerveau, elle nécessite ensuite un travail de renforcement musculaire classique. Elle s’adresse en priorité à des patients dont les examens sont « normaux », mais qui présentent un blocage moteur persistant : après une chirurgie, un traumatisme ou un accident.
modifient leurs tics moteurs. L’idée d’un lien entre sons et motricité voit le jour, et il crée une première machine « Alphabox ». Le kinésithérapeute et ostéopathe Paul Dorochenko reprend ses travaux et, en 2016, s’associe à Thierry Boiron, président des laboratoires, éponymes, afin de structurer la méthode et la diffuser. Aujourd’hui, le Dr Sonnery-Cottet, spécialiste du genou (qui opère le plus de ligaments croisés au monde), l’a déjà intégré dans son protocole préopératoire.
En France, 200 praticiens sont formés. À Strasbourg, l’agenda de Stéphane Vouillot est rempli un mois à l’avance, signe d’un bouche-à-oreille grandissant. « C’est une autre manière de considérer le corps. On a toujours regardé un genou comme un assemblage de ligaments et de cartilages. Mais c’est aussi, et surtout, un cerveau », rappelle-t-il. Et au-delà de la technique, il y a toute une dimension humaine à travailler. Chaque séance débute par une longue discussion sur le vécu du patient. Colère après un accident, peur de rechuter, bénéfices secondaires à rester diminué… Autant de freins émotionnels à lever pour que la méthode prenne toute sa puissance, et que la rééducation devienne un chemin de confiance. ←
L’Alphabimove(R) dispositif médical breveté de la méthode Allyane www.allyane.com
Une histoire scientifique hors norme. Si Allyane peut sembler futuriste, son origine remonte à 2005, lorsque le docteur Feijo, un chirurgien-dentiste espagnol, expérimente l’usage de sons basses fréquences lors de soins dentaires sans anesthésie. Il constate que certains patients
Baki Dans la aveccage
À 24 ans, Baïssangour Chamsoudinov incarne la nouvelle garde du MMA français. Né en Tchétchénie, ayant grandi à Haguenau, « Baki » a voulu défendre, en octobre, sa ceinture de champion des mi-moyens, chez lui, en Alsace.
Rédaction : Guylaine Gavroy Photographie : Alban Hefti
↓ Baïssangour Chamsoudinov, 24 ans, étoile montante du MMA.
La pesée a affiché 76,7 kg, poids idéal pour sa catégorie des moins de 77 kg. Son corps est affûté, plus sec qu’un an auparavant à pareille époque. Les muscles sont nets, les abdominaux tracent des lignes parfaites, presque irréelles. Son six pack semble photoshopé, mais Baïssangour Chamsoudinov est bien là, bien réel, à Strasbourg, pour un combat organisé pour lui, chez lui. Détendu, affable, patient, Baki – surnom emprunté à un héros de manga qu’il affectionne Baki Hanma – promène sa ceinture sur l’épaule, félin, sûr de sa force et de son territoire. Né à Ourous-Martan, en Tchétchénie, à une vingtaine de kilomètres de Grozny, Baki a quitté son pays en guerre à l’âge de cinq ans avec sa famille. Après un passage par l’Allemagne, le clan s’est installé à Haguenau. Ceinture noire de judo, puis adepte de la lutte, le benjamin d’une fratrie de trois garçons s’est tourné vers le MMA. S’il s’entraîne à Paris, voyage à travers le monde, le combattant de 1,78 m a conservé un fort ancrage alsacien. « Ce que j’aime faire quand je reviens ici, c’est passer du temps avec ma famille, revoir les clubs où je m’entraîne habituellement, chez Eddy Carda à Sarrebourg (club de MMA) ou le club de boxe à Schiltigheim. » Il rit en parlant de « l’air d’ici », qu’il est venu respirer avant la défense de sa ceinture de champion des mi-moyens en octobre, comme un retour à la source. Raison pour laquelle, Baki a voulu que ce combat se déroule à Strasbourg, devant les siens. « Est-ce que j’aurai d’autres occasions de combattre ici ? En onze combats pros, je n’en ai jamais eu. Dès que j’ai eu cette opportunité, je l’ai saisie. » La légende dit que c’est Chamsoudinov lui-même qui a demandé à ce que l’affiche estampillée ARES 35 soit organisée sur ses terres. Il rit, ne dément pas. Baki savait que la salle serait pleine, habitée par les siens, par une communauté tchétchène qu’il rêvait « de rendre fière » et qui devait lui donner de la force. « Une bonne pression, une pression qui nous met à l’affût et qui nous permet de nous rendre compte de l’importance de l’événement », lâchait-il dans un souffle, en amont du duel. Face à lui, Jordan Zébo, son ancien partenaire d’entraînement. « Il a des jambes intéressantes, plus que celles de mes adversaires habituels. Ce sera une manière différente de performer. » Baki s’était préparé à Paris, avec Nicolas Ott, l’un des coachs français de MMA, les plus reconnus de la discipline : « On a fait un gros camp, avec d’excellents sparring partners comme Benoît (Saint-Denis), ou William (Gomis), qui nous aident beaucoup ». Des partenaires d’entraînement de luxe, tous les deux combattants de l’Ultimate Fighting Championship, la prestigieuse ligue américaine de MMA. Le 18 octobre à 23h45, dans un Zénith d’Eckbolsheim plein à craquer, le rêve, hélas, s’est brisé. Dans le quatrième round, Baki a été mis K-O. par son challenger. Il n’avait rien laissé paraître, mais devait composer avec une déchirure du ligament croisé du genou gauche, blessure contractée à l’entraînement un mois plus tôt. Ce soir-là, Baïssangour Chamsoudinov, 24 ans, seul fauve à s’épanouir en cage, a été dompté. ←
LE BLUM
Commencez un nouveau chapitre, en toute intimité, quartier sud à Colmar.
Sur la langue avec Dominique Defert
Ils font un métier mal connu (et pas du tout reconnu) par le grand public et les lecteurs des librairies. Coup de projecteur sur le quotidien, et quelques situations insolites, vécues par les traducteurs d’œuvres étrangères, en compagnie du traducteur en français des livres de l’Américain Dan Brown (Da Vinci Code), le Strasbourgeois Dominique Defert…
Rédaction : Jean-Luc Fournier
Photographie : Christophe Urbain
L[L] a rencontre avec Dominique Defert passe d’abord par une jolie mise en bouche initiale avec la découverte de son insolite appartement-bureau au 4e étage d’un immeuble bordant le quai des Bateliers à Strasbourg. Avec une première surprise : si l’ascenseur vous conduit gaillardement à l’étage prévu, sa sortie donne directement dans l’appartement, sans le moindre palier ou sas, juste sécurisée par une ouverture de l’intérieur déclenchée directement par l’occupant des lieux. On pénètre ainsi dans un domicile qui n’a rien de linéaire, rythmé par plusieurs pièces souvent perpendiculaires les unes par rapport aux autres. Et si la distribution spatiale n’a donc rien de traditionnel, il en va de même pour la décoration générale et l’agencement des lieux, qui révéleront bien des surprises trahissant très certainement les passions multiples du résident : quelques belles guitares rock sur leur déposoir, un long piano noir près d’une sono qu’on devine de haute qualité avec une grappe de casques d’écoute à la facture très pro, une sonothèque assez conséquente sur les rayons de laquelle trône en majesté la partition d’origine du fameux Köln Concert du génialissime Keith
Jarrett, un salon dominé par la bibliothèque (tous les ouvrages traduits par Dominique Defert sont alignés sur les trois rayons supérieurs), cinq arcs de compétition révélant une ancienne activité sportive d’archer et, fin du fin, une vaste et claire chambre-bureau où l’on découvre un équipement informatique dernier cri avec un surprenant et gigantesque écran large permettant sans doute à plusieurs fenêtres de recherche de s’afficher conjointement au-dessus d’un plus petit écran présentant le texte original à traduire. Franchement, on n’a que bien rarement vu un tel lieu de vie, foisonnant et original à souhait…
L’univers de la traduction. On est venu jusqu’ici pour rencontrer le traducteur français des fameux romans de Dan Brown, le célébrissime auteur du mondialement célèbre Da Vinci Code (en 2004) et voilà qu’on se pose la question : qui donc est réellement l’occupant de ces lieux ?
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Chez
Dominique
Defert.
« J’ai soixante-cinq ans » débute-t-il. « Je suis né en banlieue parisienne, dans une ville du 93, Clichy-sous-Bois et j’ai vécu plus particulièrement à Montfermeil, une cité déjà assez chaude quand j’étais jeune. Pour ce qui est des études, autant dire tout de suite que rien ne me destinait à devenir traducteur. J’ai fait des maths, de la physique, pas grand-chose au-delà du bac, mais j’ai fini par obtenir une licence de géophysique. Ma première passion a été le cinéma et très tôt, je me suis attelé à la réalisation de petits films animaliers ou militants anti-chasse. Pour rassurer mes parents, j’ai passé et obtenu le concours de l’École nationale supérieure de cinéma Louis-Lumière, mais le statut d’intermittent du spectacle n’était pas facile à assumer. J’avais aux alentours de vingt-cinq ans et je me suis concentré
sur l’écriture, c’était un peu moins frustrant, car on pouvait assez facilement aller au bout d’une nouvelle sans engager de l’argent. Avec l’une d’entre elles, j’ai même fini par être édité chez Denoël, dans la célèbre collection science-fiction Présence du Futur, en plus, la collection où étaient éditées les œuvres de Ray Bradbury, c’est dire si j’étais fier. De fil en aiguille, il faudrait beaucoup de temps pour tout vous raconter » glisse malicieusement Dominique Defert, « j’ai fini par rencontrer un éditeur qui cherchait un traducteur pour un auteur anglophone et il trouvait que j’avais un style d’écriture qui correspondait parfaitement au sien. Vous ne voulez pas rejoindre mon équipe de traducteurs ? m’a-t-il proposé. Et c’est ainsi que sans connaissances précises en anglais et encore moins issu d’études littéraires puisque scientifique d’origine, je suis entré dans l’univers de la traduction ».
« Ma touche d’auteur... » Immédiatement, dès qu’on l’interroge sur les raisons qui ont fini par faire de lui un traducteur professionnel (et émérite), Dominique Defert nous désarçonne d’entrée : « Avant tout, c’est un métier qui a un énorme avantage : je passe des journées seul à écrire dans mon univers, ça me va très bien, car je n’ai pas de petit chef au-dessus de mon épaule. Je travaille quand et comme je veux, je fixe moi-même mes horaires. Et je ne m’ennuie pas le moins du monde, car, pour chaque bouquin que je traduis, je vis intimement avec le texte. Je pars en voyage avec lui et cette façon d’être et de travailler me satisfait merveilleusement. C’est un vrai travail de solitaire et, pour la plupart, un traducteur, en France, est reconnu comme un auteur à part entière, car il est souvent aussi, par ailleurs, quelqu’un qui écrit,
quelqu’un qui a une plume, comme on dit. Et c’est très important quand on traduit de la littérature. Les éditeurs apprécient ma touche d’auteur et se foutent un peu que je parle ou non un bon anglais. Mon fils se moque souvent de moi par rapport à mon anglais parlé, resté somme toute encore très rudimentaire. Il y a longtemps, avant l’avènement d’internet, je me débrouillais comme je pouvais pour trouver de l’aide et je posais énormément de questions à tout un tas d’amis anglophones. Et je suis même allé jusqu’à acheter des livres spécialisés, juste pour avoir la parfaite traduction d’un unique terme plus ou moins spécialisé… »
Secret industriel pour Dan Brown. En cet automne 2025, Le secret des secrets, le dernier livre de Dan Brown, est sorti dans le monde entier. Un timing impressionnant, mais implacable qui est la garantie de base de la réussite d’une stratégie marketing ultra-rodée, garante d’un invraisemblable succès d’édition. Rendez-vous compte : avant la sortie de ce dernier opus, l’éditeur américain Penguin Random House revendiquait pour Dan Brown le chiffre stratosphérique de « plus de 250 millions d’exemplaires vendus, en 56 langues »… Rien que pour l’édition française du Secret des Secrets, la patronne de JC Lattès, la Mulhousienne d’origine Véronique Cardi, annonçait un tirage initial de 155 000 exemplaires ! « Pour le traducteur que je suis » se souvient Dominique Defert, « cette stratégie m’a valu bien des contraintes. Pour Inferno et Origine, les deux derniers ouvrages de l’auteur américain, il m’a fallu accepter d’être enfermé à Milan dans une sorte de bunker ultra moderne certes, mais aussi ultra-sécurisé où tout était fait pour qu’aucun élément ne fuite avant la fin de la traduction : pour le pool de traducteurs européens du roman, ça avait commencé par la signature d’un document de confidentialité de plusieurs dizaines de pages, et une fois arrivés sur place, on avait dû se délester de notre téléphone mobile qui a été conservé dans un coffre. Chaque jour, les contenus de nos ordinateurs étaient méticuleusement effacés pour éviter que des fichiers cryptés sortent du bunker. Notre seul accès internet était configuré pour consulter uniquement des encyclopédies en ligne, nécessaires à nos recherches. Nos URL ont été traquées méticuleusement. Ce fut comme ça pendant toutes les semaines qu’il a fallu travailler, à raison d’environ 22 pages par jour. Les dernières pages où l’intrigue se dénoue nous ont été livrées au dernier moment.
Cette expérience est certes unique, elle est réservée aux traductions des livres de Brown en sortie mondiale. Je n’ai heureusement rien vécu de tel pour les 400 autres ouvrages que j’ai traduits, en près de quarante ans » sourit Dominique Defert… » ←
Derrière chaque cadeau se cache une attention sincère.
Chez Vino Strada, nous créons des moments à vivre et à savourer - des expériences gourmandes qui remercient vos clients et rassemblent vos équipes à l'approche des fêtes. Contactez-nous pour découvrir nos coffrets gourmands et ateliers dégustation, pensés pour ravir vos collaborateurs et célébrer ensemble la fin d'année.
ET
Au bureau avec Stéphanie Lévêque
Stéphanie Lévêque vous sourit vraiment. Elle efface la distance avant même de vous serrer la main, loin du dirigeant retenu et froid qu’on s’imagine parfois à la tête d’un grand groupe. Très vite, l’on comprend que la présidente du Groupe Beyer dirige comme elle est : avec authenticité et humanité.
Rédaction : Hélène Edel
Photographie : Tobias Canales
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Des cahiers de notes Inconditionnelle des to-do list et fan de cahiers, elle en a « au moins cent mille » plaisante-t-elle.
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Des photos de famille
Ses enfants et son mari sont ses « moteurs ». Plusieurs dessins ornent les murs du bureau de Stéphanie Lévêque qui se dit mère avant tout.
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Une cuisine
Lorsqu’il a été question de refaire son bureau, l’idée d’installer une cuisine s’est imposée : « J’aime créer des moments sympas avec les collaborateurs, je voulais pouvoir les accueillir dans les meilleures conditions. »
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Des plantes
Stéphanie Lévêque cultive une certaine forme de connexion au naturel et aime s’entourer de plantes et autre pierre de sel.
Aujourd’hui, le Groupe Beyer c’est 260 salariés, huit filiales et une expertise reconnue. Fleuron bas-rhinois du bâtiment, l’entreprise devenue un acteur majeur de son domaine, n’a jamais renié son ancrage territorial. « Nous faisons vivre un écosystème local. C’est essentiel parce qu’une entreprise n’existe pas seule. »
Depuis quelques années, Stéphanie Lévêque incarne le renouveau de l’entreprise, fondée par son grand-père, transmise à son père et donc à elle. Mais si l’héritage est fort, la trajectoire de Stéphanie Lévêque ne devait rien au hasard ni à la filiation. Elle suit d’abord son propre chemin : école de commerce internationale, expérience au Mexique, « une révélation sur l’ouverture au monde et les gens », puis débute dans la grande distribution, chez Carrefour, avant de rejoindre les 3 Suisses près de Lille. Elle y grimpe les échelons, devient cheffe de produit senior. « Un job de rêve. Imaginez : j’étais payée pour faire du shopping », plaisante-t-elle.
Puis un jour, son père vient lui rendre visite. Il lui parle de l’entreprise, de l’avenir, d’une possible transmission. Elle a alors 30 ans et vient d’acheter une maison pour sa famille dans le Nord, mais sent « que c’est le moment d’essayer. » En 2013, elle rentre à Brumath, où elle a grandi. Elle y retrouve un nom, une histoire, mais veut y mettre sa propre empreinte. « Je voulais être là où on ne m’attendait pas. C’est ma manière de vivre les choses : faire le choix le moins évident, me prouver que je peux le faire. »
À son arrivée, on l’observe, on la juge, parfois, on l’attend au tournant, souvent. Alors elle apprend. Elle travaille à différents postes, observe les savoirfaire. « J’ai remplacé des collaborateurs sur le terrain, j’ai voulu comprendre, vraiment. » Ce choix, celui de la proximité, deviendra sa signature. « Sans les collaborateurs, je ne peux rien faire. Je gère la partie administrative, un peu chiante, et eux sont sur le technique. Chacun ses compétences, et ensemble, on avance. »
Elle apprend les prénoms, crée du lien, essaye autant que possible d’avoir un petit mot pour chacun. L’humain est au cœur de son management et son style tranche avec celui de son père. « Le management d’hier ne marche plus. Aujourd’hui, il faut écouter, comprendre, s’adapter. Les femmes dirigeantes ont
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Stéphanie
Lévêque et quelques objets présents dans son bureau.
cette intuition, cette empathie, cette manière différente de décider. »
En 2019, elle rachète le Groupe Beyer. Depuis, la dirigeante a mené l’entreprise à travers toutes les tempêtes : crise sanitaire, guerre en Ukraine, hausse des coûts, incertitudes économiques. À chaque étape, elle s’est réinventée avec son équipe, refusant la fatalité.
Sa manière de diriger reflète une conviction profonde : celle que la solidité d’une entreprise se mesure moins à sa taille qu’à sa capacité à durer. « Ce qui m’importe, c’est la pérennité. Je n’ai pas d’ego de croissance. Ce qu’on fait, on le fait bien, et c’est déjà beaucoup. »
Stéphanie Lévêque défend une croissance raisonnée, centrée sur la qualité du service, l’expertise technique et la confiance des clients. Dans un monde où tout s’accélère, elle choisit la stabilité : investir dans les hommes, les compétences et la continuité des métiers. Consolider avant d’agrandir, préserver avant de conquérir. Un leadership calme et lucide, où la performance naît de la rigueur et du collectif plutôt que de la précipitation. Derrière le titre, il y a la femme, l’épouse, la mère, qui parle volontiers de ses enfants, de ses matins à les accompagner à l’école, « ces moments suspendus où on parle vraiment ». Elle n’a pas peur d’évoquer librement le poids de la charge mentale, des responsabilités, des décisions qui peuvent faire basculer des vies entières, mais aussi le moteur qu’est pour elle l’adrénaline du quotidien : « J’aime quand ça bouge, quand il y a du rythme. J’aime le fait qu’il n’y ait pas deux jours qui se ressemblent. »
Si la passation avec son père n’a pas toujours été simple, le dialogue a toujours prévalu. C’est aussi ça, la transmission. Un passage, parfois heurté, souvent émouvant. Aujourd’hui, Stéphanie Lévêque incarne une nouvelle génération de dirigeants. Elle veut être un modèle pour les femmes, mais sans posture. « J’espère simplement donner à d’autres l’envie d’oser. »
Dans son bureau équipé d’une cuisine (allez comprendre), la présidente du Groupe Beyer parle vite, rit souvent, puis s’interrompt. « Vous savez, ce qui compte, c’est qu’on soit toujours en mouvement. » Et tout, chez elle, respire ce mouvement-là : la vie, l’humain, l’entreprise, comme un seul et même élan. ←
MICHEL ONFRAY
Homme libre, Michel Onfray est de ceux qu’aucun vent contraire n’a jamais fait plier. Fidèle à sa conscience plus qu’à son époque, il avance à contre-courant, sans calcul ni compromission, quitte à déranger et susciter la polémique, le moyen le plus sûr de faire avancer la pensée. Sa parole compte. Elle est sans détours, sans faux-semblants, sans souci de plaire. Au moment où il s’apprête à réinventer son Université populaire, sous une forme encore tenue secrète, et vient de publier le premier volet d’une vaste histoire philosophique de l’Occident, il a accepté de se confier à Or Norme pour un entretien hors norme.
Rédaction : Vanessa Chamszadeh Photographie : Line Brusegan
Quelle a été la genèse de l’Université populaire de Caen, en 2002 ? Dans quel contexte en avez-vous ressenti l’urgence, et quel idéal de savoir portait ce projet ?
Jean-Marie Le Pen venait d’arriver au second tour des élections présidentielles. Lui et son antisémitisme, sa haine du général de Gaulle, sa dilection pour le pétainisme, sa complaisance à l’endroit de l’Occupation, son mépris de la Résistance, sa passion pour Brasillach. Tous ceux qui, depuis le renoncement de Mitterrand au socialisme et sa conversion à l’européisme en 1983, nourrissaient son succès en célébrant une gauche libérale forte avec les faibles et faible avec les forts en appelaient à faire barrage dans la rue, tout en continuant à engraisser la bête. Les mêmes invitaient à voter Chirac tout en continuant la même politique.
Pour ma part, j’ai souhaité réactiver le principe des Universités populaires, nées dans le contexte de l’affaire Dreyfus à la fin du XIXe siècle, pour faire de l’éducation populaire une arme de combat contre l’idéologie du Front national.
Vous avez quitté l’Université populaire de Caen en 2018, après la décision soudaine de France Culture d’interrompre la diffusion de vos conférences, dans un contexte que vous aviez jugé politique. Avec le recul, comment avez-vous vécu cette rupture ?
Je ne l’ai pas quittée. La mairie de Caen a trouvé le bon moyen pour la tuer, en ne trouvant plus d’amphithéâtre à me prêter pour que je puisse donner mon cours bénévolement, donc gratuitement, elle l’a assassinée. Dans le même temps, France-Culture a décidé de ne plus diffuser mon cours qui réunissait plus d’un million d’auditeurs à chacun de mes podcasts. Il est vrai que j’avais beaucoup écrit contre un certain Emmanuel Macron devenu président de la République, mais je ne veux pas croire que ceci expliquerait cela. Je disais avant les élections présidentielles de 2017 – mon éviction c’est l’année suivante – ce que la plupart disent aujourd’hui de lui, depuis que son bateau coule, y compris et surtout ses anciens amis. J’ai vécu cette éviction comme le signe que j’avais tapé fort et juste. Donc bien fait mon travail.
« J’AI TOUJOURS, CHEVILLÉE
AU CORPS, LA PASSION DE LA TRANSMISSION VIA L’ÉDUCATION POPULAIRE. »
Vingt ans plus tard, vous songez à relancer l’Université populaire. Dans le contexte actuel, cela vous apparaît comme une évidence ?
Je songeais en effet à le récréer dans mon village natal à Chambois dans l’Orne, mais la même classe politique s’est déchaînée pour que le projet n’aboutisse pas. Le maire de la communauté de commune, un LR catholique pratiquant, amateur de chasse à courre, a donc acheté le bâtiment que je convoitais. Puis, après que j’ai acquis un autre bâtiment en toute discrétion, interdiction du permis de construire signifiée par un gratte-papier de la communauté d’agglomération dont je connais le trajet peu reluisant. Ce qui m’avait animé en 2002, c’était la lutte contre l’antisémitisme de Le Pen. Ce qui m’animait il y a deux ou trois ans, c’est l’arrivée du flambeau antisémite lepéniste dans les mains des Insoumis et de leurs alliés. Les idées de Jean-Marie Le Pen se retrouvent désormais dans les descendants néomarxistes contemporains du pacte -germano-soviétique. D’où mon désir de relancer la même machine pour lutter contre les mêmes idées.
L’Université populaire de Caen remplissait jadis les amphithéâtres. Bientôt, vous lui redonnerez vie autrement, sous quelle forme ?
J’ai toujours, chevillée au corps, la passion de la transmission via l’éducation populaire. Je renonce donc à ce qui coûte, location de salles, paiement d’assurances ou construction d’un bâtiment dédié. Je souhaitais en effet redynamiser mon village avec
«
L’INCULTURE EST GRANDISSANTE ET ELLE SE MONTRE ASSEZ ARROGANTE, SUFFISANTE ET PRÉTENTIEUSE ! »
cette aventure qui supposait un café restaurant, une bibliothèque, des salles d’exposition, des salles d’études accompagnées pour les écoliers du village, etc. Je vais donc recréer cette UP, mais sur le net. Je préférerais pourtant vingt personnes en chair et en os à cinq mille personnes derrière leur écran, mais c’est le prix à payer pour ne pas subir les élus qui n’aiment rien tant que jouir du pouvoir d’interdire, ce en quoi réside la quintessence de tout pouvoir.
Recréer une université populaire, est-ce pour vous un geste de résistance ou l’élan d’une mission plus intérieure, d’éveiller, encore et malgré tout ?
Les deux. J’ai en effet été sauvé par la philosophie qui induit chez moi une conversion de type religieux alors que je n’ai pas vingt ans, ma vie avant et ma vie après ne sont pas les mêmes. J’ai raconté nombre de fois que ma vie change avec la découverte de la philosophie antique dans le cours de mon vieux maître Lucien Jerphagnon qui enseignait à l’université de Caen où j’ai fait mes études. J’ai souhaité toute ma vie rendre ce que j’avais reçu et donner ce que j’avais engrangé, vingt ans dans un lycée technique, seize ans à l’université populaire, depuis six ans dans ma revue Front Populaire
En entreprenant cette histoire philosophique de l’Occident en quatre volumes, vous semblez vouloir ressaisir le fil d’une mémoire qui se défait. Qu’est-ce qui rend cette entreprise nécessaire aujourd’hui ?
L’inculture est grandissante et elle se montre assez arrogante, suffisante et prétentieuse ! Je souhaite faire savoir aux demi-savants qu’il existe une civilisation judéo-chrétienne, ce qu’elle est, d’où elle vient, comment elle se porte, je souhaite dire que l’occident existe, que la France ne commence pas avec la République, ce qui signifierait qu’elle débute en septembre 1792, ce qui voudrait paradoxalement dire que la Révolution française, la prise de la Bastille, la Déclaration des droits de l’homme, l’abolition des privilèges, la fête de la fédération ont eu lieu dans un pays qui n’existait pas.
Dans Déambulation dans les ruines (Albin Michel), vous traversez l’histoire de l’Occident depuis la Grèce et Rome. Pourquoi commencer par ces ruines fondatrices ? Qu’y cherchez-vous ?
Les racines de notre arbre civilisationnel ! Les civilisations sont des organismes vivants, elles obéissent au cycle naissance, croissance, puissance, acmé, décroissance, sénescence, décadence, disparition. Mais toutes naissent de civilisations antérieures et préparent des civilisations à venir. Il me faudrait parler des racines de nos racines, Assur, Sumer, Babylone, l’Égypte, mais les textes font défaut. Seules subsistent des ruines muettes. L’arbre généalogique des civilisations se perd dans la nuit des temps. De même avec un individu qui ne saurait remonter bien loin dans son ascendance alors qu’elle est contemporaine des premiers hominidés.
Vous écrivez : « L’Occident existe, je l’ai rencontré et je le vois disparaître. »
Que désignez-vous exactement par Occident ? Cette disparition, la percevezvous comme une métamorphose ou comme un effacement ? Et selon vous, qu’est-ce qui a le plus contribué à ce renversement des valeurs, la culpabilité, le relativisme ou le ressentiment ?
L’Occident est construit sur le judéo-christianisme en part plus ou moins importante et plus ou moins vivante. Là où le bouddhisme, le confucianisme, l’islam, l’animisme font la loi civilisationnelle, il n’y a pas d’Occident. L’Occident s’efface après avoir effectué son temps. De la même manière qu’un centenaire qui a gagné les Jeux olympiques au 100 mètres dans les années cinquante ne saurait réitérer sa performance, notre civilisation a fait son temps, elle laisse place à plus jeune, plus vivant qu’elle. Elle passe la main. Cette métamorphose est un effacement avant dilution. C’est dans l’ordre des choses. Les pyramides de Louxor, l’acropole d’Athènes, le forum romain témoignent que ces civilisations sont mortes après avoir fait leur temps. Plus personne ne croit à Horus en Égypte, à Zeus en Grèce et à Vénus en Italie. Les églises occidentales sont en déshérence, elles ferment, sont achetées pour laisser place à des cinémas ou des salles de fitness, sans parler des actes de vandalisme qui prennent les symboles chrétiens pour cibles. L’avant-dernier pape fait de Jésus sur la Croix un migrant avec un gilet de sauvetage. Il n’y a aucune autre responsabilité dans la mort d’un homme, d’une civilisation ou d’une fleur que celle du temps compté de chaque chose. De la fourmi au système solaire, tout ce qui vit doit mourir. Il n’y a là ni faute ni culpabilité, ni bien ni mal. C’est ainsi.
Vous opposez la raison à la pensée magique, mais la raison, telle que l’Occident l’a érigée depuis Descartes, n’a-t-elle pas produit à son tour ses
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Yann SCHAFFNER
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propres illusions, celle du progrès, de la maîtrise totale du monde, de la toute-puissance humaine ?
Je ne connais personne – surtout ceux qui fustigent le progrès – qui refuse ses bénéfices quand il lui permet de sauver sa peau. Je connais peu de dévots de l’homéopathie qui refuseraient de soigner un cancer avec une chimiothérapie en lui préférant avaler des gélules de sucre. Pas plus que je ne connais d’ennemis de la modernité qui se prive d’électricité, de voiture, de téléphone, d’ordinateur, de TGV ou de chirurgien en cas de tumeur au cerveau. La critique de la technique est un luxe d’occidental bien portant et bien nourri, un problème de riche. Tous les pays pauvres et déshérités aspirent aux bienfaits de l’Occident. La preuve, les vagues d’immigration massives ne se font pas vers l’Afrique ou la Papouasie–Nouvelle-Guinée, mais vers l’Occident.
L’humanisme que vous défendez appartient-il encore à notre horizon ou faudra-t-il le refonder sur une autre idée de l’homme pour qu’il survive à l’époque ?
L’humanisme issu des Lumières a fait son temps. Cette idéologie s’est construite sur une idée de l’Homme qui, et pour cause, ignorait les leçons données par Darwin un siècle plus tard ! Nous ne sommes pas des divinités qui souhaitent supplanter les divinités religieuses comme au X v III e siècle, mais des « animaux frappeurs » pour le dire dans une formule de Schopenhauer et de plus en plus frappeurs. Il faut redéfinir l’homme non pas en regard de la fable chrétienne à laquelle il faudrait s’opposer mais en regard des vérités éthologiques. Pour exister, les Lumières abolissent le péché originel en décrétant que l’homme est naturellement bon. Cet antichristianisme se montre prisonnier du christianisme, il inverse le doigt du gant en pensant qu’il change de gant, voire qu’il abolit le gant. Mais le contraire d’une
« LE POST-HUMAIN EST L’AVENIR DE L’HOMME, COMME LA TOMBE EST L’AVENIR DU VIVANT. »
Déambulation dans les ruines. Histoire philosophique de l’Occident 2025, éditions Albin Michel.
erreur n’est pas obligatoirement une vérité, ce peut même être une autre erreur, plus grande encore que celle qu’elle prétendait abolir. Il eut fallu fonder un nouvel humanisme avec l’homme tel qu’il est. Mais c’est trop tard, car cet homme tel qu’il est ne va plus durer très longtemps. Le post-humain est l’avenir de l’homme, comme la tombe est l’avenir du vivant.
La dénonciation récurrente de l’Occident procède-t-elle, selon vous, d’une haine de soi ou d’une volonté de se purifier de ses fautes ?
C’est la vitalité des gens sans vitalité, la pensée des gens sans pensée, l’intelligence des gens sans intelligence. On connait le mécanisme depuis l’Ancien Testament, c’est celle du bouc émissaire. Une seule solution simple pour mille problèmes compliqués, l’Occident coupable est responsable de tout.
Chargé de tous les péchés du monde, on le désigne, on l’égorge et... rien ne se passe, l’Occident est mort, mais rien ne va mieux.
Votre texte dégage une colère lucide, presque prophétique, est-ce un cri de résistance ou un chant funèbre ?
Les deux, un chant funèbre chanté comme un cantique de résistance ! Ni optimiste ni pessimiste mais tragique, je sais que ceux qui n’aiment pas l’Occident n’aiment plus les livres, la lecture, la méditation, la réflexion, le commentaire, l’analyse, le débat et tout ce qui fait le génie Juif ! Il ne faut donc pas s’étonner qu’une grande partie de cette jeune génération acéphale aspire à la soumission en la présentant comme la liberté la plus grande ! Et que les Juifs, qui excellent justement dans les livres, la lecture, la méditation, la réflexion, le commentaire, l’analyse, le débat leur soient comme un seul Homme un miroir qui leur renvoie l’image de leur vacuité qu’ils ne veulent pas voir. ←
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ROSÉ
Le club des partenaires Chez avec
Des partenaires vraiment Or Norme !
Par Patrick Adler, directeur de la publication et de la rédaction.
Quelle fierté de vous présenter celles et ceux, grâce à qui, chaque trimestre vous retrouvez gratuitement votre magazine préféré sur un de nos points de distribution.
Dans un monde où le digital semble laisser peu de place à la presse écrite, si Or Norme peut fêter dignement ses 15 ans d’existence, nous le devons avant tout à leur soutien financier.
Mais derrière les entreprises partenaires du Club Or Norme, il y a surtout des femmes et des hommes dont les compétences et l’engagement sont à la hauteur de leurs valeurs humaines.
Ma plus grande fierté, en tant que directeur de la publication, est d’être entouré par ces personnes exceptionnelles qui font du Club des Partenaires Or Norme un lieu où l’amitié s’exprime de la plus belle des manières : l’échange et la découverte permanente de l’autre, pour un enrichissement mutuel.
Après les 15 ans du magazine en 2025, ce seront les 10 ans de ce Club des Partenaires vraiment Or Norme, que nous célébrerons en 2026 ! ←
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Georges Bousleiman
Chez SAS 3B avec
Georges Bousleiman
Les réalisations de SAS 3B se remarquent à Strasbourg, à l’image de La Cour des Haras dans le secteur Petite-France ou encore la réhabilitation de la Coop, aux bordures de l’Allemagne.
Rédaction : Jean-Luc Fournier Photographie : Foto Franz
L’exigence de résister à l’uniformité
Le promoteur vient d’annoncer le début de l’édification de la Tour Émergence sur la presqu’île Citadelle, un véritable signal qui s’élèvera en 2028 avec son architecture audacieuse et ses prestations haut de gamme.
« Chez 3B, le qualificatif hors norme n’est pas une expression creuse » réagit Georges Bousleiman, le Président de la société. « C’est l’exigence de dépasser les standards, de résister à l’uniformité, de réinventer les usages, non seulement dans le paysage urbain, mais aussi dans les logements eux-mêmes : nouveaux modes d’habiter, qualité de vie, mixité, innovation, comme nous le prouvons dans nos réalisations et particulièrement avec la Tour Émergence. J’aime insister sur le niveau de la qualité de ses logements atypiques, bercés de lumière avec des vues panoramiques. J’espère que nos futurs acheteurs comprendront nos intentions de revenir formellement aux principes fondamentaux, aux racines rhénanes de cette architecture que nous avons voulu imposer avec force dans ce projet. L’histoire de cette tour vient de très loin, c’est une histoire de femmes et d’hommes qui ont eu cette audace de la concevoir telle qu’elle se dressera en 2028, une fois bâtie. Émergence sera le symbole de la réalité de notre Strasbourg du troisième millénaire… »
Fidèle partenaire, Georges Bousleiman a un avis flatteur sur notre magazine : « Or Norme est un média qui incarne la singularité – “Si ce n’est pas hors norme, ce n’est pas dans Or Norme” : il prend parti, innove, met en scène les facettes inattendues de Strasbourg, et touche les Strasbourgeois au cœur grâce à une ligne éditoriale urbaine, audacieuse et innovante. » ←
Aurélien Moussan Chez AMC avec
À la tête d’AMC, Aurélien Moussan revendique une autre manière de construire : plus humaine, plus vertueuse, et résolument tournée vers l’excellence.
Rédaction : Hélène Edel
Photographie : Christophe Urbain
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Aurélien
Moussan
Depuis treize ans, AMC accompagne divers maitres d’ouvrage de type privés, institutionnels et particuliers dans le conseil, l’économie, la maîtrise d’œuvre et la coordination de projets immobiliers. L’entreprise, présente en Alsace et en Lorraine, produit chaque année entre 700 et 800 logements pour les promoteurs, ainsi que de nombreux projets tertiaires, commerciaux et de restauration. Chez AMC, on parle moins de collaborateurs que de « contributeurs ». Une nuance qui en dit long sur la philosophie de l’entreprise : « Les personnes qui travaillent avec nous ne font pas un job, elles vivent une aventure », souligne Aurélien Moussan, gérant et fondateur. Dans un secteur souvent dominé par la logique financière, Aurélien Moussan défend une position forte : Il faut mettre la finance au service de l’humain, et non l’inverse. « Nous nous retrouvons dans notre partenariat avec Or Norme parce que, comme le magazine, nous aimons sortir du cadre établi », ajoute-t-il.
Cette approche se traduit par un écosystème solide et bienveillant, où toutes les parties prenantes avancent dans la même direction. Ici, la technique se met au service du collectif : « Plus chacun évolue dans un bel écosystème, plus l’usager final bénéficie d’un projet pensé et réalisé dans les meilleures conditions », résume Aurélien Moussan. Cette alchimie rare, fondée sur l’écoute et la coopération, fait la force et la singularité d’AMC.
Fidèle à cette vision, AMC multiplie aujourd’hui les chantiers emblématiques : un programme d’habitat inclusif à Lutterbach avec le Réseau Pépin, un ensemble de trois tours de 400 logements à Huningue, ou encore 15 000 m² de logements en préparation à la COOP. Des projets ambitieux, portés par une ambition simple : bâtir autrement, avec et pour les hommes. ←
Thomas Bloch Au Cabinet d’avocats avec
Avocat depuis plus de trente ans au sein du cabinet Alexandre –Levy – Kahn – Braun & Associés, Thomas Bloch conjugue rigueur juridique et sens profond de l’humain. Aujourd’hui, la médiation a trouvé en lui un artisan du lien.
Rédaction : Vanessa Chamszadeh
Photographie : Laetitia Piccarreta
De la plaidoirie à la médiation
Pour Thomas Bloch, le droit n’est pas un métier, c’est un engagement. Peu importe le terrain, l’essentiel reste de plaider, défendre, convaincre. Pas par habitude, par conviction. Ce qui le rend fier, c’est d’accompagner ses clients avec cette lucidité de savoir qu’on ne gagne pas toujours, mais que chaque pas vers la justice compte.
Un tournant s’est joué au détour d’une affaire. Une clause contractuelle l’oblige à une médiation et ce qui devait être une formalité devient une révélation. Autour de la table, le dialogue renaît, les positions se déplacent et l’accord surgit là où tout semblait figé. L’expérience le marque. Il se forme, devient médiateur et exerce cette activité depuis quelques années.
Être médiateur, dit-il, c’est accueillir le conflit sans porter de jugement. C’est faire preuve de neutralité, d’impartialité et d’une objectivité constante. « Les gens arrivent chargés de colère ou de lassitude, confie-t-il, et le simple fait de leur permettre de se parler est déjà un pas. » Ce qu’il trouve hors norme, c’est cela, transformer la confrontation en compréhension.
Aujourd’hui, il mène de front ses deux métiers, fidèle à sa ligne, placer l’humain au cœur du droit. Il doute, souvent. Mais ce doute l’ancre, le rend vivant.
Son attachement au Club des partenaires Or Norme s’est imposé comme une évidence. Or Norme est un magazine rigoureux, attentif à la vie de la cité, dont il partage l’esprit. Les activités du Club prolongent cette exigence, des moments de rencontre, d’échange et d’ouverture. Un espace où le lien se tisse autrement, dans la confiance et la durée. Un mot pour résumer cette relation ? Humanité. ←
Thomas Bloch
Virginie Grass À l’Atelier 116 avec
Pains bio au levain et accueil chaleureux : à l’Atelier 116, la qualité se savoure au naturel depuis 2016. Une réussite hors norme, née d’une humilité sincère.
Le pain du cœur Depuis son fournil de la Grand’Rue, l’Atelier 116 a su se faire une place bien dorée dans le paysage strasbourgeois grâce à une recette simple : du pain bio au levain naturel, des ingrédients choisis avec soin, et un accueil toujours aux petits oignons. « Mon mari est très exigeant sur la qualité des ingrédients… jusqu’à faire les mélanges lui-même », sourit Virginie Grass, cofondatrice. L’idée ? Offrir du sucré et du salé, du petit-déjeuner au dîner, dans un esprit d’artisanat accessible. L’an dernier encore, la baguette bio coûtait un euro tout rond, avant d’augmenter de dix centimes. Un prix toujours abordable pour du bio ! Présent à la Halle du Marché Gare depuis trois ans, l’Atelier 116 y cultive le même esprit : du bon pain, et des sourires vrais. Derrière le comptoir, une équipe plurielle fait battre le cœur de la maison : boulangers, pâtissiers et vendeurs. Noémie, fille de Virginie et Philippe, incarne cette nouvelle génération qui relie savoir-faire et modernité. « Je suis passée par la vente avant d’obtenir mon CAP boulangerie. Ça me permet de répondre aux questions des clients et d’échanger avec nos boulangers », assure la responsable de la Grand’Rue. À ses côtés, Inès, qui a fait ses armes dans la restauration, a trouvé dans la farine un nouveau terrain de création. Responsable de l’Atelier 116 à la Halle du Marché Gare, elle portera la nouvelle offre salée, Allée de la Robertsau. En cette fin d’année, la famille y reprend la mythique Pâtisserie Patrick, avec un beau passage de flambeau : Patrick lui-même conseille l’équipe du laboratoire externe ! Un symbole fort pour cette maison où la qualité se cultive main dans la main, avec un grand bol de générosité. ←
À la Caisse d’Épargne Grand Est Europe avec
Bruno Deletré
Sous la conduite de Bruno Deletré, président du Directoire depuis 2018, la Caisse d’Épargne Grand Est Europe accompagne avec soin ses clients.
Rédaction : Olivier Métral
Photographie : Christophe Urbain
Sans doute la concomitance des deux événements reste fortuite. N’empêche que l’arrivée de Bruno Deletré à la présidence du Directoire de la Caisse d’Épargne Grand Est Europe en 2018 coïncide avec le bicentenaire de la création de la banque coopérative. Deux cents ans, donc, que la banque à l’écureuil accompagne par beau temps comme par tempête la vie économique et sociale du pays. Et ce ne sont pas les crises que le monde traverse aujourd’hui qui vont ébranler les solides fondations sur lesquelles elle repose. « Dans l’environnement difficile dans lequel on évolue », complète Bruno Deletré, « les entreprises ont besoin d’acteurs performants et notre robustesse, liée à nos bons résultats, permet à nos clients d’être pleinement rassurés ».
Adapter sans cesse ses offres aux besoins évolutifs de ses clients, c’est le credo de la Caisse d’Épargne qui accompagne les projets des entreprises comme ceux des particuliers tout au long de leur parcours de vie.
Une passion pour la grande musique
Violoniste émérite – il s’adonne à la pratique de l’instrument une heure chaque soir dans son bureau à l’heure où les autres sont désertés –, Bruno Deletré partage son temps entre ses hautes fonctions et sa passion pour la musique baroque et sacrée. Chef de chœur de l’ensemble vocal La Chapelle du Hainaut dans son Valenciennois natal, il a appris à s’organiser et à « gérer son emploi du temps comme le fait tout un chacun ». « Je ne suis pas différent des autres », glisse-t-il. Partenaire du club Or Norme depuis cinq ans, la Caisse d’Épargne Grand Est Europe y retrouve nombre d’entreprises avec lesquelles elle collabore. Secrétaire général de l’établissement et directeur de la communication, Guy Buchmann participe régulièrement à ses événements et apprécie avec Bruno Deletré « l’angle original, singulier et pour tout dire hors-norme » du magazine. Un avis à l’unisson auquel on accordera volontiers le plus grand crédit. ←
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Bruno Deletré
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Raphaëlle
Losser
Raphaëlle Losser Chez DS avecImpression
De la sérigraphie artisanale aux impressions écologiques XXL, DS Impression incarne la créativité à l’état pur, l’audace à grande échelle et la rigueur alsacienne.
En 2003, l’entreprise démarre modestement avec une seule machine. Vingt ans plus tard, elle est devenue l’un des leaders français de l’impression grand format et de la PLV. Car « impossible » n’a jamais fait partie de son vocabulaire. Ce goût du défi, allié à une rigueur industrielle, a façonné une signature singulière dans un secteur en pleine mutation technologique. Derrière cette réussite, un collectif soudé : des associés complémentaires et une soixantaine de collaborateurs répartis sur trois sites : Geudertheim, Paris et Lyon. « On est une petite constellation », sourit Raphaëlle Losser, directrice générale. Une organisation agile, humaine et connectée, capable de répondre à une campagne locale comme à un projet national en un temps record. Chez DS Impression, l’écologie n’est pas une contrainte, mais une source d’inspiration. L’entreprise a banni les solvants, adopté des encres à l’eau labellisées GREENGUARD GOLD et UL ECOLOGO®, et multiplie les initiatives vertueuses. Comme la Recyclerie d’Hortense, qui transforme les bâches publicitaires en objets du quotidien grâce à un atelier d’insertion. Ou encore le mécénat réalisé avec l’artiste Stom500 pour le Festival Plein Champ au Mans : un vitrail monumental, au cœur de la gare classée monument historique, conçu à partir de matériaux réemployés. « Avec Or Norme, nous partageons cette envie de sortir des cadres, imprimés ou mentaux. Votre impertinence éditoriale nous inspire, et nous vous apportons nos impressions “hors norme”. Ce partenariat, c’est un peu comme une belle mise en page : la rencontre du fond et de la forme. Et grâce à ce lien, nous montrons que DS Impression ne se contente pas d’imprimer : nous contribuons à raconter des histoires », conclut la pétillante DG. ←
Chez le Traiteur Chez Soi avec
Constant Waltz
De la boucherie-charcuterie au restaurant en passant par la case traiteur, Chez Soi cultive depuis trois générations l’art du fait maison et de la transmission.
Rédaction : Salomé Dollinger
Photographie : Laetitia Piccarreta
Le
goût du lien
Chez Soi, c’est d’abord une histoire de famille : celle des Waltz. Alphonse, le grand-père, ouvre une boucherie-charcuterie à Erstein, devenue traiteur il y a 35 ans sous l’impulsion de Georges, le père visionnaire, puis Constant, le fils passionné. Installée à la Meinau, l’entreprise s’est diversifiée sans jamais trahir ses racines artisanales. Aujourd’hui, elle orchestre plus de 900 prestations par an, 5000 plateaux-repas livrés et un restaurant – le premier à s’installer dans la zone industrielle – toujours plein le midi. « On a pris un virage à 90 degrés, mais on a gardé l’âme d’origine. La recette du pain-surprise au tartare de mes parents est toujours là, même si on l’a un peu revisitée », sourit Constant Waltz. Cette fidélité s’étend au-delà du cercle familial. Chez Soi accueille chaque année de nombreux apprentis et stagiaires. « Investir dans la transmission, c’est permettre à notre métier d’évoluer », rappelle le dirigeant, qui collabore avec le CEFPPA Adrien Zeller, le lycée hôtelier Alexandre Dumas et le lycée professionnel Charles de Foucauld. L’équipe compte aussi ses piliers, présents depuis vingt ou trente ans : une stabilité rare dans la profession. Car ce qui fait battre le cœur de Chez Soi, ce sont les rencontres. Les liens tissés au fil du temps, comme avec Damien Ligier, fondateur de Big Family, compagnon de route depuis trois décennies, et Patrick Adler. « Entre nous, ça a tout de suite matché : on partage le goût de la qualité et du beau travail. Or Norme est un magazine qu’on aime regarder, et garder ». Aujourd’hui en quête d’un nouveau terrain pour doubler la surface du laboratoire, l’entreprise reste fidèle à sa devise : grandir, oui, mais toujours en restant Chez Soi. ←
Chez le Groupe ÉS avec
Marc Kugler
À la tête du Groupe ÉS, Marc Kugler
fait de l’électricité un levier de transformation. Sa vision : une énergie au service du territoire et de la transition.
Rédaction : Hélène Edel
Photographie : Tobias Canales
Quand Marc Kugler évoque son métier, il ne parle pas uniquement de chiffres ou de parts de marché, mais aussi de responsabilité. À la tête du Groupe Électricité de Strasbourg, il porte une conviction forte : « L’énergie, plus que tout autre secteur, doit accompagner la décarbonation de nos usages. » Sous son impulsion, le groupe a adopté il y a un an la qualité de société à mission, un statut encore rare en Alsace, qui incite à s’engager sur des actions sociétales et environnementales concrètes et mesurables. Ce choix audacieux est l’aboutissement d’une culture d’entreprise déjà ancrée. Car en réalité, le groupe mène des actions de proximité partout sur le territoire depuis très longtemps déjà. Mais aujourd’hui, ces engagements se traduisent en objectifs précis, suivis à la fois par une gouvernance interne, mais aussi par un comité de mission, composé de membres externes à l’entreprise. « Ma conviction est qu’une entreprise locale comme la nôtre se doit d’agir en faveur d’un impact positif pour les habitants et pour l’environnement au sein du territoire dans lequel elle a ses activités », affirme Marc Kugler. Hors norme, ÉS l’est par son ambition : ETI de 1300 salariés ancrée en Alsace depuis 125 ans, le groupe fait aujourd’hui référence dans le domaine de la transition énergétique, du développement des énergies renouvelables et de la décarbonation des usages. « Nous sommes 100 % alsaciens même si nous devons appréhender le domaine de l’énergie de façon globale », sourit Marc Kugler. Cet attachement au territoire explique aussi le partenariat avec Or Norme : « Qu’il s’agisse d’énergie ou de culture, une même mission nous réunit : donner du sens au présent et ouvrir la voie d’un futur durable, aux côtés des habitants. » ←
Marc Kugler
Chez Espace H avec
À la fois présent à StrasbourgHoenheim, Haguenau et Obernai, le groupe automobile, désormais distributeur de cinq marques, développe en parallèle ses activités de service.
Rédaction : Olivier Métral
Photographie : Alban Hefti
Michel Hentz
Un simple coup d’œil dans le rétro suffit à mesurer l’ampleur du chemin parcouru depuis 37 ans par le groupe automobile Espace H, créé à Haguenau par Francis Hentz en 1988. Distributeur aujourd’hui des marques BMW, Mini, Mazda et Mitsubishi, le groupe automobile, qui s’est déployé aux quatre coins du Bas-Rhin, vient tout juste de rajouter une nouvelle corde à son arc, en complétant sa large gamme de véhicules avec le modèle T03 du constructeur chinois Leapmotor, entré depuis 2024 dans le giron du groupe Stellantis. « C’est une petite citadine, financièrement très bien placée sur son marché », assure Michel Hentz, qui tient aujourd’hui les rênes de l’entreprise paternelle. « Mais le meilleur reste encore à venir », promet-il encore, puisqu’est attendu en concession pour mars 2026 le tout nouveau BMW IX3, un SUV électrique « doté d’une technologie révolutionnaire et d’une nouvelle esthétique qui seront progressivement déclinées sur l’ensemble de la gamme ». Le carnet de commandes est d’ores et déjà ouvert.
Avancer sans bousculer
Chez Espace H, « la mobilité avance avec vous » et bien plus vite qu’on ne l’imagine. « Ces dernières années, on a accéléré le rythme des offres de service que l’on propose à nos clients », confirme le concessionnaire. Défenseur d’un système de management participatif, où tous ses collaborateurs peuvent être porteurs de projet, Michel Hentz s’enquiert également de leur santé et de leur bien-être dans l’entreprise en faisant appel à un professionnel extérieur, dont la mission est d’épauler et d’accompagner ceux qui, au travers d’une situation de handicap, nécessitent aide et soutien.
Partenaire du club Or Norme depuis presque la première heure, Michel Hentz avoue ne pas être « le premier lecteur » du magazine, mais à chaque nouveau numéro, il en embarque un exemplaire dans son propre véhicule comme on embarque un compagnon de voyage. ←
Michel Hentz
Céline Leininger Chez FIBA avec
Au sein du cabinet régional indépendant FIBA, Céline Leininger est engagée dans la transformation des métiers de l’expertise comptable.
Rédaction : Hélène Edel
Photographie : Simon Pagès
Lorsqu’elle est entrée dans le groupe il y a 26 ans, elle ne savait pas encore qu’elle y construirait toute sa carrière. Aujourd’hui vice-présidente du directoire, elle défend aux côtés d’Hervé Wentzinger l’idée que les métiers de l’expertise comptable doivent se réinventer. « Nos missions historiques évoluent, explique-t-elle. L’automatisation et l’intelligence artificielle transforment profondément notre façon de travailler. »
Ce bouleversement, Céline Leininger le voit comme une opportunité. Libérées des tâches répétitives, ses équipes peuvent se concentrer sur ce qui fait leur véritable valeur ajoutée : l’accompagnement quotidien des entreprises. Fournir des indicateurs financiers en temps réel, préparer la généralisation de la facture électronique, inscrire la durabilité au cœur des projets... autant de leviers pour aider TPE et PME
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Céline Leininger à gagner en efficacité et en réactivité. Pour elle, l’avenir du métier ne réside plus seulement dans la production de chiffres, mais dans la capacité à donner du sens à la donnée et à éclairer les décisions.
Avec 260 collaborateurs en Alsace, en Moselle et à Paris, dont 80 au siège de Schiltigheim, le groupe FIBA s’appuie sur des valeurs solides : engagement, confiance et partage. Et Céline Leininger veille à ce qu’elles irriguent chaque évolution. « Nous devons être facilitateurs pour les chefs d’entreprise », résume-t-elle. Une ambition qui guide aussi l’investissement du groupe dans les nouveaux outils digitaux conçus pour renforcer la relation client, et non s’y substituer. Dans un secteur parfois perçu comme figé, cette capacité à se transformer et à se projeter fait de FIBA, et de son parcours, une aventure résolument hors-norme. ←
Michel Hussherr Chez Financière Cajuba avec
Business angel engagé, Michel Hussherr mise sur l’expérience, le réseau et l’intuition pour révéler les start-ups de demain.
Rédaction : Hélène Edel
Photographie : Laetitia Piccarreta
Entrepreneur devenu business angel, Michel Hussherr s’impose comme l’une des rares figures du capital privé à Strasbourg avec la Financière Cajuba. Avec ses fonds personnels, il soutient la croissance de jeunes pousses prometteuses partout dans le monde et à Strasbourg, en s’impliquant bien au-delà du simple apport financier. En quelques années, il a étudié plus de 500 projets et investi dans 52 start-ups, dont six sorties heureuses, et même une licorne, Voodoo. Pour lui, un bon business angel ne se contente pas de remplir des chèques : il doit apporter son expérience, son réseau et un regard sincère. Michel Hussherr s’est d’ailleurs forgé la réputation d’être un investisseur franc. « Si je n’ai pas de valeur ajoutée autre que l’argent, je n’investis pas », insiste-t-il. Pour dénicher de nouvelles « pépites », il a développé sa propre recette : suivi des diplômés français du MIT de Boston, immersion dans les incubateurs, chasse aux profils capables de prendre des risques. « Une start-up n’a pas de passé, elle n’a qu’un présent. L’intuition est essentielle », reconnaît-il. Mais l’instinct ne suffit pas. « Mon objectif, c’est
de gagner une fois sur trois. » Pour provoquer cette chance, il multiplie les opportunités (le fameux dealflow) et s’entoure de ses pairs : « Plus j’ai de choix, moins je me trompe. »
Avec la communauté d’investisseurs qu’il a créée il y a trois ans, Michel Hussherr joue aussi un rôle de catalyseur. Ses soirées dédiées rassemblent déjà des dizaines de chefs d’entreprise prêts à investir à ses côtés. Une manière de renforcer l’écosystème entrepreneurial local, dans le même esprit que son partenariat avec Or Norme. Car tous deux partagent une même ambition : créer des ponts, stimuler les rencontres et révéler ce que Strasbourg a de meilleur. ←
Michel Hussherr
Camille & Maxime Egger Chez Espace couvert avec
Le loueur alsacien de structures temporaires poursuit son développement en repoussant les frontières tant géographiques que sectorielles de son champ d’action.
Rédaction : Olivier Métral
Photographie : Simon Pagès
L’hiver n’est plus une période creuse pour Espace couvert. Présente sur la quasi-totalité des grands événements printaniers et estivaux qui remplissent l’agenda culturel et sportif du Grand Est, la société codirigée par Camille et Maxime Egger tisse désormais sa toile en toute saison et bien au-delà de sa traditionnelle zone de chalandise, en s’attaquant à d’autres marchés que ceux dont elle avait coutume de s’emparer.
Depuis le 24 novembre dernier et jusqu’au 31 décembre prochain, 3000 m2 de ses structures abritent les nombreux visiteurs du marché de Noël de Berlin sur le Gendarmenmarkt, la légendaire et somptueuse place du centre de la capitale allemande. Une première pour l’entreprise reichstettoise qui poursuit parallèlement l’élargissement de son rayon d’action au secteur industriel. Cet hiver, elle est encore à pied d’œuvre pour monter un hall de stockage de 2400 m2 pour le compte d’un acteur régional d’envergure dans le domaine électrique. Cet hiver, toujours, et en parallèle de son activité, elle renouvelle ses opérations caritatives à l’approche de Noël, initiées depuis l’arrivée du covid, en faveur des Restos du cœur.
L’hiver n’a sans doute jamais été aussi prenant pour Espace couvert.
Les premiers pas au club Fraîchement intégrés au club des partenaires d’Or Norme, Camille et Maxime Egger en découvrent peu à peu les rouages et les autres membres. « Se faire connaître en allant au-devant des autres, c’est sortir de notre zone de confort », avoue en toute sincérité Camille, « mais il est pour nous très important, avec la réputation qui nous précède, de développer notre relationnel et d’élargir le cercle de nos connaissances ».
« Or Norme, son club et les échanges qu’il génère nous permet d’ouvrir un peu nos chakras ! », s’amuse-t-elle. ←
Camille et Maxime Egger
Nicolas Frémiot Chez France Boissons avec
Qu’il s’agisse d’un café partagé le matin ou d’une bière savourée entre amis après le travail, la convivialité a ses artisans de l’ombre. Nicolas Frémiot en fait partie.
Rédaction : Hélène Edel
Photographie : Laetitia Piccarreta
À Strasbourg, France Boissons fait partie de ceux qui, chaque jour, abreuvent l’art de vivre local. Leader de la distribution au centre-ville, l’entreprise détenue par Heineken approvisionne quotidiennement bars, restaurants, discothèques et clubs sportifs grâce à sa plateforme régionale située à Geispolsheim. Préparateurs, chauffeurs, techniciens, commerciaux… tout au long de l’année, jusque 200 collaborateurs œuvrent pour que la magie opère.
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Nicolas Frémiot
À la tête de la Business Unit Alsace Lorraine de France Boissons, Nicolas Frémiot parle avec respect de métiers qu’il connaît bien. Entré dans l’entreprise comme commercial il y a 23 ans, il a gravi un à un les échelons jusqu’à la direction. Ce parcours lui confère une sensibilité particulière aux réalités du terrain et à la pénibilité de certaines fonctions. « Nous sommes des hommes de l’ombre », résume-t-il avec fierté. Le partenariat avec Or Norme s’inscrit d’ailleurs dans cette même logique : valoriser celles et ceux qui, parfois loin des projecteurs, font vivre Strasbourg.
Sur un marché marqué par une baisse générale de la consommation, France Boissons mise sur le service et la proximité. Plus de 30% des produits distribués sont fabriqués en Alsace, parfois par de tout petits producteurs. La montée en puissance des gammes sans alcool, la collecte du verre perdu ou encore les livraisons en camions électriques dans le centre de Strasbourg témoignent par ailleurs de la volonté de l’entreprise de s’adapter aux usages.
Décembre marque un temps fort pour le distributeur : les marchés de Noël, qui génèrent à eux seuls un pic de près de 30 % d’activité. Une effervescence saisonnière qui illustre combien France Boissons est intimement liée à la vie de notre cité. ←
Florence Lickel & les 5 co-fondateurs Chez Izhak Interact avec
IZHAK Interact Agency. L’agence fêtera ses dix ans l’année prochaine. Sa directrice générale, Florence Lickel, s’exprime dans un échange à six voix.
Christophe Urbain
En dix ans, l’agence s’est installée dans le paysage des agences de communication, réunissant au sein de son agence atypique 40 collaborateurs experts et passionnés par des projets à l’intersection de la communication, de l’IA, du social media et du digital. Les cinq fondateurs ont depuis trois ans confié l'exécutif à Florence Lickel. L’arrivée récente de Xavier Hommel comme directeur Business Excellence, complète leur feuille de route et confirme leur implantation sur Paris et l’île de La Réunion. La méthode reste un secret bien gardé. IZHAK se veut discrète, mais ce sont ses résultats qui font du bruit. Make noise, not ads* , revendique Sébastien Lopez. « C’est ce qui nous a permis de nous adapter aux mutations importantes de notre secteur d’activité », explique Florence Lickel. « Être fort sur le social media et l’influence, nouer les bonnes alliances avec des partenaires technologiques et médias favorise la pertinence de notre approche. »
« Les marques ne peuvent plus seulement vendre, elles doivent prendre position », souligne Mickael Ben David. L’agence s’adresse à une génération de communicants conscients que le monde a changé. « Nos clients savent qu’avoir une mission positive et se rapprocher de leurs publics ne sont pas opposés, mais un impératif marketing. » 2025 confirme les 3 fondamentaux de l’agence : Surprendre. Personnaliser. Déployer. Du local à l’international, l’approche stratégique et créative de l’agence séduit : Hager et le Groupe du Chef Lignac depuis dix ans. Roppenheim The Style Outlets, Livoo, Arte, Coca-Cola, Parcus, Vélhop entre autre. Plus récemment, Bouygues Immo, Cénovia au Mans, Factory ou le Groupe Géraud leur font confiance. Stabilo et La Brasserie Licorne leur ont confié leurs budgets nationaux. Le Crédit Mutuel ou plus récemment Old El Paso ont intégré IZHAK à leur pool d’agences. « Ni hasard ni exploit. La volonté de faire réussir nos clients, c’est notre signature », préfèrent dire Florence Lickel et Mathieu Zenner avec enthousiasme. ← * « Faire du bruit. Pas des Pubs. »
Florence Lickel
Photographie :
Ludovic & Joaquim Armindo Chez Joaquim Armindo avec
→ Joaquim Armindo, en chemise bleue. Ludovic Armindo, en chemise blanche.
À la tête de l’entreprise familiale, Ludovic et Joaquim Armindo portent avec force et conviction l’héritage tant humain que professionnel que leur père leur a transmis.
1967. Joaquim Armindo fuit la dictature salazariste qui sévit au Portugal pour rejoindre l’Alsace à la recherche d’une vie meilleure. À la force du poignet et malgré son jeune âge, il prend son destin en main en travaillant d’arrache-pied. Malgré Rimbaud, on peut être sérieux quand on a 17 ans. Avec ses deux frères, il crée dix ans plus tard sa première entreprise de construction avant de se lancer à son propre compte en 1988. Son fils Joaquim l’y rejoint presque aussitôt, avant que son frère Ludovic ne le rejoigne en 2000. Vingt-cinq ans plus tard, l’entreprise repose toujours sur de solides fondations, avec 75 salariés à son actif, 18 millions de chiffres d’affaires annuels et des chantiers d’envergure, comme celui de la tour Convergence, à Saint-Louis, qui font sa renommée. Et tout cela sans jamais s’écarter des valeurs transmises par son fondateur. « Celles de l’effort, de la parole donnée, mais aussi de la récompense », rappelle Joaquim, qui défend l’idée d’une entreprise ouverte à tous, quelle que soit l’échelle sociale d’où l’on vient.
L’optimisme de rigueur
Avec une activité concentrée sur la construction d’habitats collectifs et de bâtiments professionnels et la réhabilitation de logements, la société haut-rhinoise, également engagée dans la promotion immobilière, traverse la crise actuelle avec optimisme. « Elle finira par passer, comme toutes les autres », rassure Joaquim.
Fidèle aux rendez-vous du club des partenaires d’Or Norme, il en évoque « la grande richesse des rencontres » et le « sentiment très particulier » qui l’anime lorsqu’il est pris dans « le tourbillon » des interviews dirigés par Jean-Luc Fournier auprès d’invités comme Costa-Gavras, Olivia Ruiz ou Brice Teinturier. « Des pointures dans leur domaine ! ».
Le magazine ? « Il est riche, instructif et m’entraîne sur des sujets vers lesquels je n’irai pas spontanément ».
La lecture, comme une fenêtre ouverte sur d’autres mondes. ←
Vanessa Lefakis Chez Klafs Sauna avec
Gérante de Klafs en France, Vanessa Lefakis conjugue exigence et douceur. Elle incarne un luxe apaisé, fidèle à l’esprit familial et à la beauté du sur-mesure.
Diplômée d’une école de commerce, passée par la banque puis l’industrie pharmaceutique, Vanessa Lefakis semblait promise à un autre destin. Mais ses parents ont cru en elle. De retour à Orbey, Vanessa a repris, avec son frère, la gérance de Klafs, maison réputée pour ses saunas et espaces bien-être haut de gamme. Deux ans d’apprentissage côte à côte avant un passage de flambeau fondateur. Depuis, l’entreprise s’est agrandie, modernisée, embellie sans jamais renier son âme. Aux côtés de son frère, de sa belle-sœur, de sa cousine et d’un ami fidèle, Vanessa cultive un esprit d’équipe rare. À l’origine, la maison s’était fait un nom dans le chauffage, une activité qui perdure. Le tournant s’est produit quand ses parents ont introduit en Alsace la marque Klafs, alors méconnue. Vanessa a prolongé cet élan, donnant à l’entreprise une nouvelle dimension, aujourd’hui partenaire d’hôtels prestigieux et d’une clientèle exigeante, des stations les plus luxueuses aux plus belles adresses parisiennes. Un métier hors norme, où se conjuguent artisanat et luxe, rigueur et beauté. « Je ne pourrais vendre un produit que je n’admire pas », confie-t-elle. Le sauna, pour elle, n’est pas un gadget, mais un art de vivre, un rituel d’apaisement. Des lignes pures, des matériaux nobles, une sobriété raffinée. Sa force tranquille inspire confiance. Les projets sont longs, parfois jusqu’en 2028, mais elle avance avec patience et constance. Fidèle au Club des partenaires Or Norme depuis 2019, elle s’y sent « à sa place ». Les déjeuners intimistes, les échanges vrais, les liens tissés au fil du temps comptent autant que la visibilité offerte. Le sens du vrai, le goût du beau, cette audace tranquille, un esprit qu’elle partage naturellement avec le magazine qu’elle affectionne. ←
Vanessa Lefakis
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De gauche à droite : Jérôme Sauer & Edouard Sauer.
Chez KSavecGroupe
Édouard & Jérôme Sauer
Héritiers d’une longue lignée d’entrepreneurs, Édouard et Jérôme Sauer incarnent une nouvelle manière de diriger, où performance et responsabilité vont de pair.
Rédaction : Hélène Edel
Photographie : Christophe Urbain
KS Groupe réunit tous les métiers liés à l’acte de construire et intervient sur des projets allant du logement à l’industrie. Avec de grandes réalisations comme l’usine Alpro à Issenheim ou la maison de champagne Rothschild à Reims (livrée en cette fin d’année), l’entreprise s’est largement développée depuis 10 ans dans l’industrie et l’immobilier d’entreprise.
Cette croissance s’accompagne d’une volonté de sens. Sous l’impulsion des deux frères, l’entreprise est devenue société à mission et a créé un fonds de dotation actionnaire, appelé à détenir progressivement la majorité du capital. Une démarche encore peu répandue, pensée pour sanctuariser les valeurs du groupe et garantir que la richesse créée bénéficie à l’intérêt général. « Nous nous dépossédons de nos parts pour que l’entreprise, ses valeurs et ses réussites servent durablement le bien commun », expliquent Édouard et Jérôme Sauer.
Cette volonté de conjuguer performance et impact s’incarne dans des projets concrets. Et la liste est longue. Dans le domaine environnemental, KS Groupe investit notamment dans la recherche de matériaux durables, à commencer par le béton de chanvre, un mélange de chanvre, de chaux et d’eau capable d’absorber le CO₂, d’isoler naturellement et de participer à la décarbonation du bâtiment. Leur engagement s’étend aussi à l’innovation sociale (entre autres !), notamment à travers le soutien à la start-up Les Biens en Commun, qui propose des casiers partagés pour encourager la location entre particuliers. Pour Édouard et Jérôme Sauer, la réussite n’a de valeur que si elle fait bouger les lignes. Une conviction en résonance avec l’esprit d’Or Norme, qui met en lumière ceux qui font autrement. ←
À la Halle du Marché Gare avec
Vincent Léopold
Conviviale, gourmande et locale, la Halle du Marché Gare s’est imposée en trois ans comme un véritable lieu de vie où producteurs, artisans et bons vivants se retrouvent autour du goût.
Née d’un projet municipal confié au groupe Géraud, la Halle du Marché Gare a ouvert ses portes en octobre 2022. Un espace hybride de 985 m², à mi-chemin entre marché, food court et cantine urbaine regroupant quatorze commerçants triés sur le volet par Vincent Léopold. Ici, pas de concurrence, mais un collectif soudé : « Ce qui nous relie, c’est la qualité, la traçabilité et la convivialité », résume le directeur, au cœur d’une ambiance joyeuse et cosmopolite.
Poissonnier, boucher, volailler, fromager, primeur, maraîchers ou boulanger travaillent main dans la main. Les produits sont sourcés en direct, souvent bio ou labellisés, et proposés à des prix justes. Les clients viennent autant pour faire leurs courses que pour partager une plancha au feu de bois, un café ou un verre au Comptoir de La Halle. Un service participatif – on commande, on récupère, on débarrasse – qui renforce la convivialité unique. Loin d’être figée, la Halle continue d’évoluer : arrivée d’offres italiennes (Bottega Renzini) et libanaises (Le SAJ du Liban) et développement d’un espace « produits du quotidien » (L’Épicier de la Halle) viennent complémenter l’expérience. Partenaire du magazine Or Norme depuis son ouverture, la Halle du Marché Gare partage la même philosophie : soutenir l’économie locale et valoriser les initiatives qui font vibrer le territoire. « C’est un partenariat fondé sur des valeurs communes et un vrai plaisir d’échanges. Nous croyons qu’un bon produit – comme un bon article – se savoure mieux quand il est fait avec sincérité », conclut Vincent Léopold avec un franc sourire. ←
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Vincent Léopold
À la Maison de l’Alsace avec
Charlotte Formhals
Directrice de la Maison de l’Alsace à Paris depuis 2022, Charlotte Formhals revient sur l’histoire singulière de ce lieu emblématique des ChampsÉlysées qui porte les couleurs de l’Alsace créative et moderne.
Rédaction : Barbara Romero
Photographie : Alban Hefti
L’immeuble haussmannien qui abrite la Maison de l’Alsace depuis 1968 a été acquis par les départements de l’époque, à l’initiative d’André Bord. « Là où l’Alsace a eu une vraie vision, c’est en achetant cet immeuble pour un peu plus de huit millions de francs. À l’époque, c’était une somme considérable, et cette décision avait fait grincer quelques dents. Aujourd’hui, il est valorisé à 140 millions d’euros... C’est certainement l’une des meilleures opérations immobilières de la région », sourit sa directrice depuis trois ans, Charlotte Formhals.
Centre d’affaires et espace événementiel À l’origine « office de tourisme » pour faire découvrir la région aux Parisiens, la Maison de l’Alsace est devenue un centre d’affaires et un espace événementiel en 2016, après d’importants travaux. Propriété de la CeA (Communauté européenne d’Alsace), sa gestion a été confiée à la SAS MDA Partners, un regroupement de quatre entrepreneurs alsaciens : Dominique Formhals, PDG d’Aquatic Show International, Pierre-Étienne Bindschedler, PDG de Soprema, Bertrand Jacoberger, PDG de Solinest, et Christian Schmitter, PDG de Croisieurope.
« L’architecte a remplacé le toit en zinc par un dôme de verre offrant une vue à 180 degrés sur les plus beaux monuments de Paris. Cet espace est devenu notre écrin événementiel que l’on peut louer avec ou sans prestation clé en main. Nous y accueillons également tous les deux mois le Club des 100 qui réunit des entrepreneurs alsaciens, dont Or Norme », précise Charlotte Formhals. Un partenariat noué avec Patrick Adler qui date de longues années et fait sens selon elle. « Nous sommes en phase avec ce magazine qui va au-delà des clichés sur l’Alsace. Je suis profondément attachée à notre région et à en dépoussiérer l’image. Il explore des sujets sur le design, l’économie, la gastronomie, l’engagement... On y retrouve l’Alsace moderne qui nous inspire et nous définit également. » ←
Chez MLD Architectes avec
À la tête de MLD Architectes, Mathilde Lebouteiller défend une vision ouverte et collaborative de l’architecture.
Rédaction : Hélène Edel
Photographie : Christophe Urbain
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Mathilde Lebouteiller
Implanté à Schiltigheim, le cabinet MLD Architectes conçoit aussi bien des logements que des bureaux, des agences bancaires ou des bâtiments tertiaires. Neuf ou rénovation, clients particuliers ou professionnels, la structure revendique une approche plurielle, sans dogme ni signature imposée. « Notre ambition, c’est de nous adapter aux attentes et aux besoins de chaque client », résume Mathilde Lebouteiller, architecte et cogérante du cabinet.
L’histoire du cabinet s’enracine dans celle d’AMC, entreprise de maîtrise d’œuvre et d’économie de la construction où Mathilde Lebouteiller exerçait auparavant. En 2018, l’évolution naturelle des activités conduit à la création de MLD Architectes, cofondé avec Aurélien Moussan. Depuis, les deux structures évoluent côte à côte, partageant les mêmes locaux et parfois les mêmes projets, dans un esprit de complémentarité et d’échange.
Ce mode de fonctionnement est né d’une conviction forte : « L’architecte ne peut plus tout faire tout seul. » Ainsi, face à la complexité croissante des normes et des chantiers, MLD concentre son savoir-faire sur la conception et l’étude. Plutôt que de tout faire, le cabinet travaille main dans la main avec des économistes, des bureaux d’études et des maîtres d’œuvre. « Travailler en co-traitance, c’est l’avenir de notre métier. » Un positionnement distinct qui rend MLD Architectes « hors norme » dans le milieu : « Sauf pour les très grands cabinets qui intègrent un pôle économie, peu fonctionnent ainsi. Nous, nous préférons multiplier les compétences sur différents types de programmes », explique Mathilde Lebouteiller. Ce modèle collaboratif, à la fois souple et exigeant, incarne une évolution de l’architecture vers plus de transversalité et de coopération. Une manière de construire autrement, avec exigence et sens. ←
Mathilde Lebouteiller
Emmanuel Guingand Chez MediaSchool avec
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Emmanuel Guingand
Emmanuel Guingand est incontestablement
LE visage du campus MediaSchool de Strasbourg depuis sa nomination en 2020. « MediaSchool est présent à Strasbourg depuis 2012 » se souvient-il, « avec un peu plus de 200 étudiants dès sa première année d’activité.
Rédaction : Jean-Luc Fournier
Photographie : Tobias Canales
Nous accueillons aujourd’hui 360 étudiants dans nos différentes filières : SUPDEWEB (web et Digital), IEJ (journalisme), ECS (communication), IRIS (informatique) et MediaSchool SPORTS, dédiées aux métiers du sport. Les étudiants sont encadrés par 132 intervenants, tous experts reconnus de leur discipline… »
Situé sur la presqu’île Malraux, le campus
MediaSchool Strasbourg offre un cadre de travail agréable et le plus optimal possible avec ses sept salles de classe, deux salles informatiques, son studio TV, son studio radio et un espace de coworking permettant à ses étudiants d’acquérir
des compétences professionnelles en phase avec la réalité des métiers préparés. Un deuxième site à proximité immédiate est venu renforcer les infrastructures des différentes filières du campus.
À l’image de son parcours professionnel (un vaste patchwork de postes axé sur la communication, le commercial et l’aéroportuaire) Emmanuel Guingand est un passionné de tout ce qui touche l’acquisition d’expériences : « Mon obsession quotidienne à MediaSchool est de fournir aux étudiants le plus vaste panel possible de possibilités de mettre en pratique les contenus que leurs professeurs leur enseignent… »
Or Norme figure en bonne place dans les locaux du campus. « Ce magazine est un vrai bijou, sur le fond comme sur la forme. Notre partenariat nous permet nombre de rencontres de qualité au sein du Club des Partenaires et génère de belles synergies. Petite confidence : la maquette de notre magazine interne s’est largement inspirée de celle d’ Or Norme . C’est volontaire et c’est dire à quel point Or Norme est apprécié sur notre campus » conclut Emmanuel Guingand. ←
Arnaud Ferrière Chez Nexity avec
Arnaud
Ferrière
Face à un marché immobilier sous tension, Arnaud Ferrière défend un secteur qui s’adapte, innove et reste au service des territoires.
Rédaction : Hélène Edel
Photographie : Tobias Canales
Quand on lui parle de la crise de l’immobilier, Arnaud Ferrière, directeur général de Nexity Promotion Est, refuse le fatalisme. « Notre rôle, c’est de trouver des solutions pour continuer à loger, à bâtir, à accompagner les villes », souligne-t-il.
C’est dans cet esprit que Nexity élargit son champ d’action pour répondre aux nouveaux défis du logement, notamment la réhabilitation. Le groupe explore également des solutions comme les opérations bénéficiant d’une TVA à taux réduit pour « proposer des logements à des prix réellement finançables, sans renoncer à la qualité architecturale ni à la mixité des publics. »
Dans le même esprit, le promoteur immobilier poursuit son engagement auprès des collectivités pour répondre à leurs besoins concrets : Déjà opérateur de deux résidences étudiantes à Strasbourg sous le nom Studéa, Nexity a récemment inauguré une troisième résidence entre Strasbourg et Schiltigheim, qui associe logements privés et sociaux dans une dynamique d’ouverture. Un engagement local que reflète aussi son partenariat avec Or Norme, « une vitrine locale précieuse pour faire connaître nos projets et valoriser notre démarche ».
Au-delà de la promotion immobilière, Nexity élargit aussi son champ d’expertise vers de nouveaux métiers porteurs. Le groupe déploie aujourd’hui des solutions pour permettre une production photovoltaïque pour des terrains ou des équipements qui s’y prêtent. Enfin, le groupe se dote de compétences pour développer des hôtels, des parcs d’activités, des data centers, en s’appuyant sur une organisation régionalisée capable de piloter ces projets directement sur le terrain.
Dans un contexte incertain, Arnaud Ferrière revendique un optimisme lucide : « L’immobilier reste un secteur essentiel de la vie des villes. Les besoins, variés, de logements sont immenses : à nous d’en faire un levier de progrès et de lien social. » ←
Christophe Cance Chez Puma avec
Le sport comme école de vie… et de management. À la tête de Puma France depuis 2021, Christophe Cance conjugue exigence sportive et esprit collectif. Du rugby à la direction d’entreprise, son parcours illustre une même conviction : l’esprit d’équipe dépasse le terrain et guide toute une vie.
Rédaction : Guylaine Gavroy Photographie : Alban Hefti
Au quatrième étage de l’immeuble sis au 4 place Adrien-Zeller, le bureau de Christophe Cance respire la passion du sport. Sur l’un des murs, des maillots de Reims, Marseille et Rennes, dédicacés par les joueurs et encadrés par l’artiste Migloo. Dans une vitrine, les gants de Lucas Chevalier, les pointes d’Usain Bolt signées, les crampons d’Olivier Giroud dédicacés, un ballon de cécifoot, ou encore une lampe de mineur offerte par le RC Lens… « Et un livre sur les Jeux olympiques dédicacé par Tommie Smith », sourit le Président et Directeur général de Puma France.
Ancien rugbyman de haut niveau, le natif de Béziers a pratiqué le judo, le tennis, le handball. « Le judo m’a inculqué des valeurs, la discipline et une façon d’appréhender les choses. Mais je ne me réalisais pas dans les sports individuels. C’est le handball qui m’a fait goûter au sport collectif. »
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Christophe Cance
Ces valeurs, Christophe Cance les transpose aujourd’hui dans son management. « Le sport, je l’ai ancré en moi. Les notions de performance, de dépassement de soi et d’équipe dans le respect des règles et de l’adversaire : tout cela m’a formé. Dans mon management, je crois que j’ai encore les termes, et on me dit souvent, que j’ai gardé un ton de coach ». Le ton et les gestes aussi, lorsqu’il utilise le paperboard disposé dans son bureau.
Installé à Strasbourg depuis 2000, sans avoir perdu l’accent du Sud, Christophe Cance a pris la direction générale de Puma France en 2021 après un parcours au sein d’Adidas puis de New Balance. Sous son impulsion, la marque poursuit son développement : une collaboration entre Puma et Balzac Paris et l’ouverture d’un entrepôt de 40 000 m² à Vendenheim.
Fidèle partenaire d’Or Norme, il prolonge un lien initié par son prédécesseur Richard Teyssier « C’est un magazine de qualité, avec un fort ancrage local. Être partenaire, c’est s’engager dans la vie strasbourgeoise. »
Actif au sein du Club des partenaires, Christophe Cance salue la richesse des rencontres : « Des échanges passionnants, entre culture, sport et société. J’aime ces discussions entre dirigeants où personne ne se prend au sérieux. Ce n’est pas un microcosme où l’on vient se montrer, on s’y retrouve par plaisir. » ←
Au Stade de la Meinau avec
Dans son nouveau bureau à la Meinau, Marc Keller raconte une aventure faite de reconstruction, d’ancrage strasbourgeois et d’amitiés durables.
Rédaction : Guylaine Gavroy
Photographie : DR/RCSA
Après deux années dans des algecos, Marc Keller a pris possession depuis quelques semaines de son bureau, au quatrième étage de la tribune Est de la Meinau. L’espace est sobre : la Coupe de la Ligue 2019 trône sur une étagère, un livre de photos de Strasbourg et un tableau de Flore Sigrist qui le suit depuis longtemps structurent le décor. Par les baies vitrées, le Président du Racing Club de Strasbourg retrouve un quartier qu’il a connu joueur, il y a trente ans, et qu’il a contribué à métamorphoser. « D’ici, on peut voir l’univers du Racing : la Meinau, le centre de performance et l’académie juste derrière. Tout est lié. Et les filles sont là-bas aussi, dans les nouveaux algecos. Encore quelques mois de travaux et on aura un stade totalement fermé avec cette tribune exceptionnelle d’où l’on voit la Cathédrale. »
La rénovation du temple du football alsacien, lancée il y a neuf ans, arrive à son terme. La tribune Nord inaugurée début novembre a porté la jauge de spectateurs de 22 000 à 31 000. « Le stade avait vieilli, il arrivait au bout de son utilisation. Il en fallait absolument un nouveau », rappelle-t-il. Trois ans pour convaincre, trois ans pour concevoir, trois ans pour construire. « Il reste à finaliser la tribune Est, la fanzone et la tribune nord. C’est un projet de plus de 180 millions qui redonne à Strasbourg et à notre club l’image d’excellence. Au bout de dix ans, je suis très heureux. ».
De ces quatorze années à la tête du club, il ne conserve pas un seul moment fort, mais des milliers. « Ce que je retiens davantage, c’est
Marc Keller
le parcours général que nous avons eu, avec des hauts et des bas. Ça a été une aventure incroyable, notamment avec le public », dit-il, en évoquant l’accession en National, les montées successives, l’Europe ou la section féminine.
La fidélité à Or Norme s’inscrit dans cette même logique d’ancrage. La collaboration puise dans plus de vingt ans d’amitié avec Patrick Adler. « C’est quelqu’un de précieux, un soutien constant. Le partenariat vient de là : de la confiance et de la fidélité. Et Or Norme, c’est un magazine intéressant, qui aborde de nombreux domaines avec un prisme différent. Il y a quelques années, il y avait eu un hors-série sur le Racing que j’avais trouvé superbe. » Le président apprécie aussi le Club des partenaires, « cet espace où se croisent des dirigeants d’horizons variés ».
Dans neuf mois, l’enceinte sera définitivement achevée. Depuis ce quatrième étage, Marc Keller n’y voit pas un aboutissement, mais la continuité d’un parcours partagé avec le club et son territoire. ←
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Marc Keller
Nicolas Schulé Chez Café Sati avec
Chez Café Sati, maison
strasbourgeoise, familiale et indépendante, la passion se torréfie à feu doux depuis près d’un siècle.
Rédaction : Salomé Dollinger
Photographie : Laetitia Piccarreta
L’odeur du café flotte dès l’entrée. Dans le laboratoire, Nicolas Schulé fait glisser les tiroirs d’échantillons, commente la robe d’un Bella Italia avec la précision d’un œnologue et dévoile un fût rare de Blue Mountain de Jamaïque. « La qualité, c’était la valeur numéro une de mon père. Et c’est ce qui est hors norme chez nous. Notre petite taille – 150 collaborateurs et 90 millions d’euros de chiffre d’affaires attendu en 2025 – nous permet de nous approvisionner chez des producteurs qui font des sélections particulières », confie le président de la société. Ce savoir-faire familial, Café Sati le met au service d’une vision responsable : 40 % des cafés sont labellisés bio ou équitables, les capsules sont compostables ou en aluminium recyclable. L’entreprise est certifiée Alsace Excellence et PME+, réalise un bilan carbone annuel et soutient les Jardins de la Montagne Verte ainsi que l’association Libre Objet. Les engagements verts s’y cultivent avec autant de soin que l’ancrage local. Depuis 2013, Sati porte en effet les Talents Sati, un concours artistique destiné aux étudiants en art, invitant à sublimer la façade de la torréfaction. Ici, l’innovation rime aussi avec transmission. Dans le labo, on croise Sébastien Maurer, responsable qualité et cinq fois champion de France de Cup Tasting : « un extraterrestre ! » plaisante Nicolas Schulé. Dans son bureau, devant ses deux magnifiques caféiers, le président évoque avec fierté Myriam Gretzer, fraîchement retraitée après 42 années chez Sati. C’était l’assistante-sténodactylo de sa grand-mère, et il a tenu à la laisser former son remplaçant pendant une année entière. Prendre son temps, partager, transmettre… comme le permet le Club des partenaires Or Norme « On partage aussi ce goût pour la liberté. Et cette certitude commune : un bon café, comme une belle histoire, se savoure lentement ». ←
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Nicolas Schulé
Claire Huilier À la avecSogehô
Société familiale, la Sogehô signe neuf établissements hôteliers à Strasbourg et à Colmar. Des écrins raffinés qui redonnent vie aux bâtisses d’exception.
Rédaction : Barbara Romero Photographie : Laetitia Piccarreta
L’aventure démarre en 1986 avec la création du Régent Contades, puis en 1989 avec le Régent Petite France, deux bâtiments emblématiques portés par Jean-Maurice Scharf. En 2002, Jean-Pascal Scharf crée la Sogeho, société de gestion hôtelière dotée d’une plateforme commerciale qui intégrera ensuite les services Ressources humaines, Comptabilité, Achats/Projets et Marketing/Communication.
Le sens des belles choses
Un tournant s’opère en 2006 avec la Cour du Corbeau, joyau du XvIe siècle que la famille réhabilite après de titanesques travaux pour en faire un hôtel au charme indéniable entre histoire et modernité. « Jean-Pascal est animé par l’envie de redonner vie à des bâtisses historiques », confirme Claire Huilier, directrice marketing et communication. À l’image du Léonor, le dernier écrin du groupe installé dans l’ancienne demeure du maréchal Léonor au XvIIe siècle. Dans ses autres établissements, la Sogehô s’est attachée à inventer une nouvelle histoire en s’adaptant aux différentes manières de voyager. « Nous sommes en remise en question permanente. On aurait pu dupliquer les hôtels Régent, mais Jean-Pascal et son épouse Stéphanie Scharf n’ont pas ignoré, dans la création de nouveaux hôtels, l’essor du tourisme lifestyle » souligne Claire. Avec sa décoration ethnique-chic et son restaurant-bar, le BOMA incarne ces nouveaux hôtels devenus lieux de vie. Paul & Pia, à Colmar, mise sur l’accueil « comme à la maison » avec son salon et sa cuisine ouverte. Dans le même esprit, le Grand Hôtel Bristol, toujours à Colmar, entame un vaste chantier de rénovation programmé jusqu’en 2027 pour s’adapter à une offre hôtelière colmarienne montée en gamme. Impliquée auprès des associations locales, la Sogehô est aussi une société à fort engagement RSE : tous ses établissements strasbourgeois sont labélisés Clef verte. « Notre partenariat avec Or Norme coule ainsi de source. J’adore sa signature “Un autre regard sur Strasbourg”, confie Claire Huilier. C’est important de soutenir un magazine qui met en avant ceux qui valorisent Strasbourg. C’est aussi ce que nous voulons apporter ». ←
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Claire Huilier
Christophe Caillaud-Joos Chez EventsStrasbourg avec
Sous l’impulsion de Christophe Caillaud-Joos, Strasbourg Events poursuit son développement et fait rayonner la métropole à l’international.
Gestionnaire du Palais de la Musique et des Congrès et du Parc des Expositions, Strasbourg Events anime la capitale alsacienne en produisant et accueillant salons, congrès et grands événements. Depuis quelques années, l’entreprise s’est engagée dans une profonde transformation, rendue possible grâce à un effort majeur de ses actionnaires, la Ville de Strasbourg et le groupe GL events : 200 millions d’euros investis pour rénover le Palais en 2016 puis inaugurer le nouveau Parc des Expositions en 2022. Arrivé à la direction générale en 2021, Christophe Caillaud-Joos, spécialiste du redéveloppement de palais des congrès en France, prolonge cette dynamique et en amplifie les effets. L’an passé, 700 000 visiteurs ont franchi les portes des événements organisés par Strasbourg Events, générant 192 millions d’euros de retombées locales. Un impact direct qui irrigue tout l’écosystème économique strasbourgeois. Strasbourg figure désormais au 4e rang des villes françaises pour l’accueil de congrès internationaux, notamment dans le domaine de la santé, secteur clé de sa stratégie de développement. « Notre publicité, c’est de dire : c’est made in Alsace, mais ouvert sur l’Europe », souligne le directeur général. Avec 80 salariés permanents et un solide réseau de partenaires locaux, Strasbourg Events est devenu un moteur de l’attractivité de la métropole. L’ouverture à de nouveaux formats et aux expositions immersives, comme celle sur Van Gogh intitulée The Immersive Experience (visible jusqu’en mars prochain), confirme cette dynamique. C’est dans cet esprit que s’inscrit le partenariat avec Or Norme : « Le magazine est une boussole de ce qui se fait et de ce qui se dit sur le territoire. Être à ses côtés, c’est affirmer notre attachement à Strasbourg et à son écosystème. » ←
Christophe Caillaud-Joos
Caroline Strauch Au TnS avec
Au Théâtre national de Strasbourg, la culture se vit comme un élan collectif. Caroline Strauch y invente des passerelles entre artistes, habitants et entreprises du territoire.
Rédaction : Hélène Edel
Photographie : Tobias Canales
Beaucoup ignorent que le TnS n’est pas seulement une scène : c’est une maison de création complète, avec ses ateliers de costumes et de décors, et son école unique en France qui forme à tous les métiers du théâtre : acteurs, régisseurs-créateurs (lumière, vidéo, son et plateau), scénographes-costumiers, metteurs en scène et dramaturges. Il y a 10 ans, Caroline Strauch y a créé le service mécénat et partenariats, alors relativement inédit dans une maison publique. Sa conviction : la culture doit s’ouvrir au monde économique et social pour inventer ensemble des histoires au service du public. « Je ne fais pas que de la levée de fonds. Je crée des liens, j’encourage les rencontres entre des univers qui cohabitent sans toujours se connaître », dit-elle. Une démarche qui fait écho à l’esprit d’Or Norme, dont le partenariat favorise lui aussi le dialogue entre culture et entreprise au cœur du territoire.
Depuis quelques années, Caroline Strauch s’attelle à un défi d’envergure : réhabiliter, au cœur du palais du TnS, les 3 500 m² laissés vacants par l’ancien conservatoire depuis près de trente ans. Cette renaissance offrira au théâtre de nouveaux lieux de création, de formation et d’accueil du public, tout en fédérant partenaires et énergies. Prévue pour 2030, elle incarne l’avenir du TnS et constitue déjà un puissant moteur pour son mécénat. En attendant, la vie bat son plein : au mois de décembre, Andromaque signé Stéphane Braunschweig, ancien directeur du TnS, se joue sur les planches de la salle Koltès. Et chaque jour, les ateliers bruissent, les salles de cours s’animent, la « ruche » poursuit son travail. Pour Caroline Strauch, cette effervescence est le cœur battant du TnS : une maison qui crée, qui forme et qui relie. ←
Caroline Strauch
Christophe Schalk Chez Top Music avec
En 2026, Christophe Schalk fêtera ses 10 ans aux commandes de Top Music. Mais en creusant, ce partenaire
Or Norme entretient un lien avec la radio depuis... 1985, année durant laquelle il y effectue son stage de terminale.
Rédaction : Barbara Romero
Photographie : Alban Hefti
Quand il rachète Top Music en 2016, Christophe Schalk pensait pourtant avoir tourné la page « Radio ». « Elle s’est imposée à moi par le plus grand des hasards », sourit-il. Son histoire remonte pourtant à 40 ans, quand il effectue un stage avec le commercial de Top Music, tout en lançant sa propre radio à Sélestat. « J’ai vite compris qu’en Centre-Alsace, je n’aurai pas le chiffre d’affaires nécessaire pour faire tourner la boutique, je me suis donc rapproché de Top. Ma petite radio sélestadienne, gérée par mon ex-associé, est d’ailleurs toujours notre franchisée. »
Son ADN : la proximité
Il fait alors un détour de neuf ans à la tête de la régie pub de Lagardère, où il s’occupe par hasard d’Europe 1, la radio de son adolescence, avant de revenir à ses premières amours en rachetant Top Music. Une décision qu’il explique par son attachement au territoire : « J’ai toujours vécu en Alsace. Racheter un acteur qui promeut la région, cela fait sens. » Un fil rouge qui se ressent dans la ligne éditoriale qu’il défend : la proximité, le ton positif, le service et la création d’événements pour la « Famille Top ». Un volet événementiel qu’il propose aussi à ses 400 clients depuis la rentrée. « Si on arrive à réunir 10 000 auditeurs pour un concert à Colmar, on est capable de réunir 300 salariés sur un événement », appuie le dirigeant qui vient aussi de reprendre en régie Europe 2 et RFM, « deux autres radios aux auditoires complémentaires. »
↓ Christophe Schalk
Parmi ses défis des années à venir : capter la jeune génération, moins fidèle au média, et miser sur la délinéarisation en étant présents sur tous les supports.
Fervent défenseur du lien local et du territoire en mouvement, Christophe Schalk a rejoint l’aventure Or Norme en 2016, quand Patrick Adler a racheté le titre. Une évidence pour lui, au-delà de leur amitié : « Il faut soutenir les initiatives locales qui permettent à de vrais gens de se retrouver, de réseauter, de partager », soutient-il.
Aujourd’hui, Top Music rassemble 450 000 auditeurs par semaine. Président du SIRTI, Christophe Schalk a mené avec son syndicat un combat remporté face à Meta, obtenant 1,5 M$ de droits voisins. Et de rappeler : « En tant qu’annonceur, il ne faut pas se limiter au digital. Miser sur le territoire reste essentiel. La radio s’en sort bien, car nous sommes encore dans la proximité. » ←
Chez Ultima avec
Michèle & Philippe Moubarak
Commerçants indépendants depuis 1987, Michèle et Philippe Moubarak ont construit avec force et détermination leur univers Ultima, rejoints par leur fille Tatiana, animée des mêmes valeurs.
Rédaction : Barbara Romero
Photographie : Abdesslam Mirdass
Dans un centre-ville en mutation, le couple Moubarak fait partie des rares commerçants indépendants à résister au temps. « Nous avons un nom, une locomotive, les gens nous font confiance et on ne peut pas les décevoir », confiait ainsi Michèle lors de l'ouverture de leur nouvelle boutique Ultima Homme début octobre au 13 rue de la Mésange. Une boutique à l’atmosphère sobre et élégante, reflet de leur vision du luxe. Ouvrir un nouveau lieu dans un contexte incertain ? Un pari audacieux, mais fidèle à leur ADN. « Être indépendants aujourd’hui, c’est travailler plus, être présents sur le Net, souligne Philippe. Si nous continuons d’investir, c’est pour rester toujours au top, en continuant d’offrir un service impeccable. » « On demande à notre
← Michèle, Tatiana et Philippe Moubarak.
personnel d’accueillir notre clientèle comme si elle entrait dans notre maison », ajoute Michèle.
Excellence et exclusivité
C’est donc là le secret d’un commerce qui dure : le sens de l’accueil, de l’innovation, du risque aussi. Depuis près de 40 ans, le couple Moubarak déniche les maisons les plus en vue, Dior, Celine, Fendi, mais aussi des créateurs émergents auxquels ils croient. Dans les boutiques Ultima, priment la recherche de l’excellence et de l’exclusivité, tout en s’adaptant aux nouveaux modes de consommation. « Cela ne suffit plus de proposer de belles pièces, aujourd’hui la clientèle veut une expérience, des attentions. Cela ne se fait plus tout seul », constate Michèle, qui rappelle qu’en arriver là ne se fait pas par un coup de baguette magique, « mais à force de travail. Quand mes petits étaient bébés, je les emmenais avec moi en réserve. Aujourd’hui nous sommes là pour soutenir Tatiana qui sera peut-être amenée à diriger l’entreprise. » Fidèles aussi à Or Norme depuis dix ans, les Moubarak apprécient la longévité du titre dans un contexte médias délétère, et ce partenariat fondé sur la confiance et la qualité, « avec de beaux événements organisés tout au long de l’année. » ←
Isabelle Kraemer Chez Vino Strada avec
Dans un milieu longtemps encombré de préjugés sexistes, Isabelle Kraemer a su imposer sa patte pour se forger une solide réputation sur la place strasbourgeoise.
Rédaction : Olivier Métral
Photographie : Laetitia Piccarreta
Pendant des années, Isabelle Kraemer n’a pas été à sa place. Celle dont elle rêvait, plus jeune, à l’arrière des cuisines en tant que pâtissière, ni celle où on a voulu un temps l’enfermer, au service en salle. Face à une clientèle qui ne portait pas toujours l’attention attendue à son travail et au contenu des assiettes, la frustration qu’elle en a ressentie lui a sans doute donné la force de rompre avec ces contraintes, de trouver sa voie et de tracer sa route dans l’environnement encore très patriarcal du monde du vin dans les années 90. La frustration qu’elle en a éprouvée lui a sans doute donné la force d’en briser les chaînes, de trouver sa voie et de tracer sa route dans l’environnement encore patriarcal du vin dans les années 90. Sa rencontre avec Roger Bahl, « un grand homme du vin », sonne alors pour elle comme une révélation. Elle fera du métier de caviste sa passion, en s’affranchissant des appellations ronflantes pour débusquer, dans le Languedoc puis ailleurs, des petits vins de pays authentiques, portés par des vignerons viscéralement liés à leurs terroirs.
Un temple du vin et de la gastronomie
Aujourd’hui, sa marque Vino Strada se décline sur deux boutiques, rue des Bouchers et rue du Temple Neuf, où il suffit de changer de trottoir pour franchir la porte de son restaurant. Le chef Gilles Claret y concocte une cuisine « à la hauteur des flacons » proposés en face, tant et si bien que les deux établissements se répondent dans un perpétuel mouvement d’essuie-glaces.
Alors qu’elle vient d’acquérir une ferme sur les hauteurs du village de Fréland pour en faire à l’horizon 2027 une auberge ouverte à tout ce qui la fait vibrer – rencontres vigneronnes, gastronomie, concert, yoga –, Isabelle nage comme un poisson dans l’eau lors des master class œnologiques qu’elle anime dans le cadre du club des partenaires d’Or Norme qu’elle a tout récemment intégrée.
Le magazine ? « Moi qui préfère rester dans l’ombre, loin du microcosme strasbourgeois, sa lecture est pour moi comme une séance de rattrapage sur l’actualité locale ».
Même si elle aspire à une certaine discrétion, Isabelle et ses yeux bleus n’ont plus rien d’Inconnus. ←
Isabelle Kraemer
Philippe Bouvet Au CIVA avec
Directeur marketing de l’organisme de promotion des vins d’Alsace, le Comité Interprofessionnel des vins d’Alsace, Philippe Bouvet dévoile avec gourmandise les chantiers d’envergure qui l’occuperont ces prochains mois.
Rédaction : Olivier Métral Photographie : Simon Pagès
L’année 2025 qui s’achève n’aura pas été de tout repos pour les vignerons, confrontés à un millésime prometteur, mais ô combien éprouvant, ni même pour les équipes du Comité Interprofessionnel des vins d’Alsace (CIVA), engagées sur tous les fronts pour en valoriser la production.
À Osaka, d’abord, où leur pleine participation à l’exposition universelle a permis d’offrir à toute une profession une formidable vitrine ouverte sur le monde. En Alsace, ensuite, où la 3e édition de la Tournée des Terroirs, événement estival festif et itinérant, a une nouvelle fois conquis les amateurs dans le cadre spectaculaire du piémont viticole. Mais le regard de Philippe Bouvet se tourne déjà vers l’avenir, avec en ligne de mire, une année 2026 qui marquera le 50e anniversaire de l’appellation crémant d’Alsace.
À la recherche du jamais-vu
Plus loin à l’horizon, l’ouverture programmée pour début 2029 de la future « cité des vins d’Alsace », qui sera adossée au château de la Confrérie Saint-Étienne, à Kientzheim, mobilise déjà ses équipes. « Notre plus grand défi sera de trouver les clés qui permettent de parler du vin sous une forme inédite, merveilleuse et intemporelle, alors que le marché évolue à toute vitesse. Notre ambition est de s’écarter du déjà-vu pour atteindre le jamais-vu ». Le partenariat ente le CIVA et Or Norme relève d’une idée aussi simple qu’essentielle pour Philippe Bouvet. « Quand on veut conquérir le monde et briller à l’extérieur, il faut d’abord être bon à domicile, sur son propre terrain. Et Or Norme, au travers de son réseau et de son média, fait partie intégrante de l’écosystème qui fait bouger les choses à Strasbourg ». « Absolument ravi » des deux hors-séries déjà consacrés aux vins d’Alsace par le magazine, Philippe Bouvet caresse l’espoir d’une troisième et fructueuse collaboration. ←
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Frédéric Didier
Frédéric Didier Chez wienerberger avec
Entre héritage industriel et innovation durable, Frédéric Didier dirige wienerberger France avec la conviction qu’une industrie responsable peut bâtir le monde de demain.
Rédaction : Hélène Edel
Photographie : Laetitia Piccarreta
wienerberger, littéralement « la montagne de Vienne », c’est deux siècles d’histoire et un savoir-faire forgé dans la terre et le feu. Présente en France depuis 30 ans, l’entreprise autrichienne défend un modèle d’économie circulaire : produire ici, pour construire ici. « 100 % de nos briques sont fabriquées en France » souligne Frédéric Didier.
Suite à l’acquisition de Terreal en 2024, wienerberger France passe de 800 à 2 300 salariés et conforte sa position de leader. L’entreprise aurait alors pu recentrer son organisation, mais a choisi de rester fidèle à ses racines alsaciennes. « Nous tenions à garder ce lien avec le territoire, c’est une question de valeurs, insiste son directeur général. Nous sommes fiers de cet ancrage et c’est dans ce cadre que s’inscrit notre partenariat avec Or Norme. »
Arrivé chez wienerberger il y a dix ans, Frédéric Didier a accompagné une croissance exceptionnelle, portée par une stratégie d’innovation et de durabilité. Sous sa direction, l’entreprise s’est engagée dans une transformation profonde : « Notre ambition est de créer des matériaux extrêmement durables, extrêmement sains, pour continuer d’améliorer la qualité de l’air intérieur et le bien-vivre dans le bâtiment. » Deux laboratoires de R&D en France y travaillent déjà, avec un objectif clair : atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.
Lucide sur les tensions du secteur, frappé par la baisse des investissements, Frédéric Didier garde foi en l’avenir. « L’industrie, c’est du courage et de la continuité. Nous devons rester fidèles à ce que nous sommes, à ce que nous fabriquons, tout en inventant ce que nous serons demain. »
Parce que construire, pour wienerberger, c’est bien plus qu’ériger des murs : c’est préparer les lieux où vivront les générations futures. ←
Le Club des Partenaires Or Norme, c’est...
de confiance, de rencontres et d’idées partagées
partenaires fondateurs toujours à nos côtés depuis l’origine
des partenaires qui renouvellent chaque année
secteurs d’activité représentés
Et surtout, tant de collaborations nées au sein du Club : partenariats, mécénats, projets communs, opportunités professionnelles et collaborations croisées.
Le Club des Partenaires Or Norme, là où les idées naissent, les projets grandissent ; Une communauté qui évolue, inspire, et où se tissent, au fil des saisons, des relations sincères et durables.
événements exclusifs organisés depuis 2017
Le club des partenaires
Là où les idées naissent et les projets grandissent.
Merci aux partenaires Or Norme pour leur soutien.
Dossier Municipales 2026
ATTRACTIVITÉ, SÉCURITÉ &PROPRETÉ ENDÉBAT
Dans ce deuxième dossier consacré aux Municipales 2026, place à l’attractivité, la sécurité et la propreté à Strasbourg. Sujets suscitant, sans surprise, quelques tensions.
Rédaction : Barbara Romero
Photographie : Abdesslam Mirdass & Alban Hefti
ÉLECTIONS MUNICIPALES
Jeanne Barseghian Changement de ton : l’attractivité entre en scène.
Attractivité, sécurité, propreté... La maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian, s’est prêtée au jeu du reportage, entourée de son adjoint au commerce et au tourisme, Joël Steffen, et du président des Vitrines de Strasbourg, Gwenn Bauer. Récit entre bilans et perspectives.
Rédaction : Barbara Romero
Photographie : Abdesslam Mirdass
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Jeanne Barseghian, maire de Strasbourg et Joël Steffen, adjoint au commerce et au tourisme.
☛ Hasard du calendrier, nous nous retrouvons le 3 octobre, date de la fête nationale allemande, pour prendre le pouls du centre-ville strasbourgeois... Les rues sont noires de monde, la météo clémente, la police bien présente, les services municipaux au taquet. Tous les signaux sont au vert. « Tu as bien choisi ta journée ! », lance Gwenn Bauer, président des Vitrines de Strasbourg. « Je n’ai pas donné d’instructions », sourit Jeanne Barseghian. De fait, les chiffres sont avec elle : « La fréquentation du centre-ville connaît une augmentation mensuelle moyenne d’un million de visiteurs, ce qui signifie qu’un centre-ville comme Strasbourg est très attractif. La question reste : que vont-ils consommer ? »
« Attractivité » n’est donc plus un gros mot pour la maire de Strasbourg, candidate à sa succession. « Ce n’est pas un terme que j’utilise, mais je constate que Strasbourg est très attractive », reconnaît-elle. Strasbourg est en effet classée troisième métropole de France derrière Rennes et Montpellier du baromètre 2025 Arthur Loyd dans la catégorie « Grandes métropoles ». Elle figure aussi dans le TOP 40 du Global Destination Sustainability Index (GDS Index) « qui fait de Strasbourg un territoire de développement durable, de services, d’inclusion », précise Joël Steffen.
Comment veiller à la diversité commerciale ?
Mais quelle est la réalité économique ? « Depuis le COVID, on observe un changement
de consommation en France. Je ne sais pas où est la désertification dont on nous parle eu égard à la fréquentation du centre-ville, des transports en commun ou des P+R (parking relais), commente Jeanne Barseghian. Mais en effet, avec le recours de la vente en ligne (+9,6 % en 2024 – ndlr), les visiteurs viennent plutôt boire un verre qu’acheter en boutique. » « Il n’y a qu’à regarder l’augmentation des adresses de pâtisseries, appuie Joël Steffen. Les gens recherchent le réconfort, la convivialité. »
Pour autant, dans le numéro 57 d’Or Norme paru en juin, la présidente départementale de l’UMIH (Union des métiers de l’industrie hôtelière), Véronique Siegel, dénonçait un secteur de la restauration fragilisé par l’inflation, le manque de personnel, les travaux, la fin du stationnement gratuit entre midi et deux décidé par la municipalité précédente, et la « hausse vertigineuse » des tarifs de stationnement sous cette mandature. « Un tiers de l’offre commerciale se situe dans la restauration, fast-food compris, la concurrence est rude, il faut être au top de la tendance, ce n’est pas facile pour eux », reconnaît Joël Steffen. La montée en puissance des fast-food, un sujet ô combien politique... « En actionnant le droit à la préemption depuis 2023, nous veillons à la diversité commerciale, assure Jeanne Barseghian. Pour autant, nous sommes dans la libre-entreprise des propriétaires privés, nous n’avons pas droit à l’ingérence. Il faudra
Joël Steffen, adjoint au commerce et au tourisme « Un tiers de l’offre commerciale se situe dans la restauration, fast-food compris, la concurrence est rude... »
Les priorités des Vitrines
L’association les Vitrines de Strasbourg regroupe 700 adhérents et plus de 4000 salariés au centre-ville. Autant dire qu’ils en sont les yeux et les oreilles. Si son président Gwenn Bauer ne prend pas position politiquement, son rôle est de relayer les demandes des commerçants à tous les candidats aux prochaines municipales. Parmi les priorités : la sécurité, « avec des vols et violences verbales qui se multiplient, et une mendicité agressive » nécessitant, selon eux, un renfort de la présence policière sur le territoire et un retour de l’arrêté antimendicité agressive. Les commerçants réclament aussi une meilleure coordination et signalisation des travaux de voirie, un allongement de la durée des places violettes, notamment pour permettre aux visiteurs de déjeuner en ville sans dépenser en stationnement le prix d’un plat du jour, le développement des parking-relais avec une tarification spéciale pour les résidents de l’EMS. Enfin, pour en finir avec la baisse du chiffre d’affaires (moins 20-25 % mensuels en moyenne hors marché de Noël), les Vitrines veulent un plan de propreté, notamment contre les nuisibles, les incivilités et davantage de bancs pour profiter de la beauté de la ville. b.r.
« Les agents n’ont jamais été aussi nombreux que sous mon mandat, ils sont 330 aujourd’hui. »
Jeanne Barseghian
compléter cet arsenal par un encadrement des loyers commerciaux pour trouver un bon équilibre et que les locaux ne soient pas accessibles qu’aux chaînes de restauration. »
À titre d’exemple, le Printemps, fermé depuis quatre ans : « Il n’y a pas une semaine sans que l’on soit interpellé. Mais le loyer est de quatre millions d’euros par an, on voit bien que la marge de manœuvre est limitée. »
Régler les conflits vélos-piétons
Côté stationnement, les élus mettent en avant les 200 places violettes permettant de faire ses emplettes au centre-ville pour 2 € l’heure et demie de stationnement. « Les métiers de bouche apprécient, admet Gwenn Bauer, mais il faudrait proposer un tarif pour les résidents et trouver une offre spécifique pour les habitants de l’Eurométropole. »
En cette journée de fête nationale allemande, les rues sont bondées. Les Strasbourgeois pressés slaloment tant bien que mal entre les touristes flânant durant leur jour férié. La plupart des cyclistes mettent pied à terre, tandis que les livreurs ne ralentissent pas le tempo, comme trop souvent. « Il faut régler les conflits vélos-piétons », insiste Gwenn Bauer. « D’où le Ring, répond Jeanne Barseghian. Mais à un moment donné il faudra verbaliser, principalement les livraisons... » Au risque de mécontenter les restaurateurs : « C’est là tout l’enjeu : rechercher l’intérêt général et concilier les intérêts divergents, c’est le rôle d’un élu local », rappelle la maire, qui s’étonne qu’on lui reproche de ne pas avoir été assez sur
le terrain durant son mandat. « Il y a trois ans, j’ai initié les “Cafés de la maire” pour échanger avec les commerçants, les habitants, je vais en ville, sur les marchés, sur les lieux de travaux. Après il y a la maire et ses adjoints, Joël Steffen et Pierre Ozenne qui sont aussi sur le terrain. »
Durant notre déambulation en ville, rares sont les Strasbourgeois à l’interpeller. Si ce n’est Nadia, 64 ans, qui salue ce qu’elle est « en train de construire ». À la librairie Quai des Brumes dont l’activité bat son plein avec la rentrée littéraire, le moral est au beau fixe. « La rue est désormais l’une des plus dynamiques de Strasbourg, mais il faudrait plus d’arceaux et modérer les livreurs à vélo », souligne son gérant. « Et plus de poubelles aussi, ajoute une libraire. Avec toutes les ventes à emporter, elles débordent ! »
Souvent pointée du doigt en effet, la propreté de la ville depuis cinq ans. « Nous avons en effet un souci avec la vente à emporter, et les cartons du e-commerce, reconnaît la maire. Les agents n’ont jamais été aussi nombreux que sous mon mandat, ils sont 330 aujourd’hui. Nous avons récupéré plusieurs tonnes de déchets supplémentaires. Nous sommes l’une des premières villes à avoir mis en place des sanctions administratives, jusqu’à 15 000 €, auxquelles s’ajoutent des pièges photographiques qui prennent les gens sur le fait, y compris au centre-ville. » Concernant les arceaux qui manquent dans l’hypercentre, ils rappellent que l’on est dans un périmètre sauvegardé où il n’est pas possible de tout faire. « C’est pourquoi nous avons ajouté 1000 places autour de
www.zenith-strasbourg.fr
« Il n’y a pas de lieux magiques où l’on peut déplacer les gens. La mendicité est autorisée en France. Je n’ai pas de pouvoir en tant que maire, il faut que l’on travaille sur comment les prendre en charge et permettre aux commerçants de travailler. »
la Grande île et réfléchissons à un parking souterrain place de la Gare et à des emplacements sécurisés. »
Des mesures trop tardives ?
Reste enfin la question de la sécurité à Strasbourg avec en point de mire la mendicité agressive. « On a peur de passer place Kléber et rue des Grandes-Arcades, il y a trop de SDF avec leurs chiens pas attachés », lancent deux jeunes filles de 18 ans. « Je ne me balade plus seule à pied en ville le soir, » rapporte une jeune maman. « Les inscriptions à l’école de musique rue du 22 – Novembre ont baissé », appuie Gwenn Bauer, rappelant les vives tensions dans le secteur qui ont mis du temps à être apaisées : « Mais depuis l’arrivée du nouveau préfet, les choses ont été prises en main après Noël rue du Faubourg-National et rue du 22 Novembre. »
« C’est une coproduction de sécurité Ville-État, je ne peux pas tout faire toute seule », se défend la maire qui a pris un arrêté pour verbaliser la consommation d’alcool en mars dernier. Trop tardivement selon l’opposition. « Nous avons mené une action coordonnée et musclée avec la préfecture, la police nationale et la procureure face à une situation très alcoolisée voire sous stupéfiants et des comportements agressifs. Cet arrêté permet de verbaliser sans attendre que la personne soit ivre morte. Cela étant, ce sont des situations complexes de personnes ayant besoin d’une aide et d’un suivi. »
Regrette-t-elle d’avoir supprimé l’arrêté anti-mendicité agressive de 2019 dès son arrivée au pouvoir ? « C’est un arrêté pris en fin de mandat pour donner un signal aux commerçants mais qui ne réglait aucun conflit, avec ce
risque d’effet plumeau : ils vont se déplacer. Il n’était pas écrit “mendicité agressive”, (C’était bien le cas – ndlr) et pour moi, c’était un arrêté purement symbolique. C’est pourquoi j’ai pris des mesures administratives en cas d’agression ou de comportements illicites. » « Pour autant, une commerçante de la Grand’Rue a appelé la police nationale et la police municipale la semaine dernière parce que des personnes squattaient devant son commerce, mais ils ont indiqué n’intervenir qu’en cas d’agression », déplore Gwen Bauer. « Nous on demande d’intervenir si l’accès au commerce est entravé, ou s’ils sont devant les vitrines, rétorque Jeanne Barseghian. Il n’y a pas de lieux magiques où l’on peut déplacer les gens. La mendicité est autorisée en France. Je n’ai pas de pouvoir sur ça en tant que maire. Il faut que l’on réfléchisse à la meilleure façon de les prendre en charge et permettre aux commerçants de travailler. » Sans aucun doute, l’attractivité, la sécurité et la propreté seront au cœur de cette campagne municipale qui s’annonce tendue. ☚
Suite à notre dossier « Municipales 2026 » paru dans le n°58 et consacré à la politique culturelle à Strasbourg dans lequel des élus de l’opposition affirmaient que « La Maire n’avait même pas rencontré Jean-Claude Gandur car il a fait fortune dans le pétrole, la Mairie a tenu à réagir : « C’est inexact : la maire a rencontré Jean-Claude Gandur le 3 juillet 2023, il a été à la fois reçu à l’Hôtel de Ville par la maire pour un déjeuner et une réunion de travail, et a ensuite visité plusieurs sites à Strasbourg. »
Jeanne Barseghian
Vincent Triponel
La CCI mise sur un quotidien serein.
Vincent Triponel, Vice-président délégué de la CCI Alsace Eurométropole, en charge de l’attractivité des territoires et des relations avec les collectivités, échange sur le sujet de la croissance économique à Strasbourg.
Rédaction : Barbara Romero
Photographie : Studio Chlorophylle
Quelles sont les principales préoccupations du monde économique à Strasbourg ?
« En préambule, je rappelle que nous sommes “agnostiques politiquement”. Le monde économique souhaite la stabilité, moins de travaux, l’accessibilité de Strasbourg et des loyers corrects. Ce sont des facteurs d’attractivité, mais bien sûr nous sommes dans une compétition avec d’autres territoires. Notre message à tous les candidats : il ne faut pas rendre la vie plus compliquée qu’elle ne l’est déjà. Une entreprise est pragmatique : elle recherche des services, l’accessibilité, des transports, des bâtiments répondant à ses attentes environnementales, la capacité de recevoir. Depuis plusieurs mandats, les élus n’ont pas su mener ces actions en centre-ville. Pour pouvoir recevoir du commerce, il faut des clients. La zone commerciale Nord est finalement très accessible, elle offre des services, elle est clairement en concurrence avec le centre-ville. On ne peut pas payer 35 € de stationnement pour deux heures ni tourner pendant une heure pour trouver une place et être bloqués dans les bouchons. Le développement des transports en commun est une tendance lourde et nécessaire. Mais rappelons que les déplacements sont polymorphes : on ne doit pas privilégier un mode de transport par rapport aux autres, mais respecter les différents usages. »
Strasbourg est-elle en décroissance ?
Une ville est appelée à apporter une envie de la vivre de façon harmonieuse. Des communes comme Molsheim, Haguenau, sont devenus des écosystèmes indépendants et donc en concurrence avec l’EMS. Pour autant, Strasbourg n’est pas en décroissance, mais en patience. Strasbourg pèse 60 % de l’économie du Grand Est. C’est à la fois une capitale européenne et de région. Quand une entreprise étrangère veut s’installer, elle vient ici car elle a ce côté « aimant » dans tous les sens du terme. Mais s’il y a compétition avec les autres villes, il faut accepter d’être dans la compétition. » ☚
GEWUZRTARMINER ?
GEWÜZRTRAMINER ?
GEWRUZTARMIREN ?
GREWUZTARMINER ?
GEWURZTRAMINER !
BREf, GEWURZ
Le vignoble alsacien a développé au fil des siècles la culture de cépages très aromatiques se forgeant ainsi sa propre identité. Fruité et généreux, le Gewurztraminer est certainement l’un des plus emblématiques.
L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ, À CONSOMMER AVEC MODÉRATION
ATTRACTIVITÉ
Michel Pirot, gérant de la chocolaterie Galler L’heure des comptes.
Retraité de l’Eurocorps, résidant du centre-ville depuis 1994, également ancien président des Vitrines de Strasbourg, et commerçant depuis 20 ans, Michel Pirot s’est toujours engagé pour faire bouger les lignes. Aujourd’hui, il demande les analyses des stratégies engagées pour en mesurer la pertinence.
Rédaction : Barbara Romero
Photographie : Alban Hefti
En replongeant dans les archives de la presse locale, le constat s’impose : la grogne des commerçants ne date pas d’hier. Levée de boucliers contre l’arrivée du tram sous l’ère Trautmann ; contre l’insécurité, l’accessibilité et le manque de stationnements durant les mandats de Keller et Ries... « Les mandatures précédentes n’ont pas été extras, reconnaît Michel Pirot. Mais, avec le recul, c’était “moins pire” que la situation actuelle. Avec Ries, on avait le sentiment d’être écoutés et respectés. »
Gérant de la chocolaterie Galler, il nuance : « Je ne vais pas dire que l’aspect économique a été oublié, mais il n’a pas été prioritaire. Le taux de vacance augmente, le centre se vide… Certes, il y a plus de touristes, mais beaucoup mangent leur fast-food sur un banc. »
Sans commerce, un centre-ville est mort
L’ancien militaire belge se demande, « Où sont les résultats de la politique de la Ville ? Nous, les commerçants, nous mesurons la tendance à la fréquentation et au panier moyen à la fin de la journée. » Ce qui manque selon lui : une vraie stratégie : « J’attends d’une municipalité qu’elle pose un projet que l’on peut discuter, qui soit réaliste, finançable et qui ne crée pas d’irritants sur la vie en commun, la sécurité et la propreté. »
L’ancien président des Vitrines de Strasbourg durant 18 mois, puis fondateur de l’association Défis (Défense et initiative pour Strasbourg), regrette « le manque de dialogue et de contact physique avec cette équipe. J’ai un certain recul car je ne suis pas commerçant à la base. Mais je le rappelle, être commerçant, c’est une prise de risque au quotidien, pour son entreprise, ses salariés, sa santé. Être commerçant à Strasbourg, c’est très compliqué avec tous les problèmes d’accessibilité, de frais de stationnement, de travaux. Et c’est aussi le riverain qui vous parle ! Les commerces jouent un rôle social déterminant. Sans commerces, un centre-ville est mort. » ☚
SÉCURITÉ/PROPRETÉ
Nadia Zourgui
Face aux changements de physionomie urbaine...
Adjointe à la maire en charge de la tranquillité publique, la police municipale, la prévention de la délinquance et la médiation, Nadia Zourgui analyse l’évolution des faits de délinquance et les mesures mises en œuvre par la Ville en complément des services de l’État.
Rédaction : Barbara Romero
Photographie : Abdesslam Mirdass
La présence policière reste essentielle pour les commerçants et élus.
☛ Silence radio du côté de la Préfecture et du Parquet : en période électorale, devoir de réserve oblige, pas question de commenter les enjeux sécuritaires. Ce qui est connu et public néanmoins, c’est qu’un plan départemental de restauration de la sécurité au quotidien a été lancé en février, conformément aux préconisations gouvernementales.
En mai, le préfet Jacques Witkowski, la procureure Clarisse Taron, le directeur interdépartemental de la police nationale Jean Hayet, et le général Gwendal Durand, dressaient un premier bilan devant les élus. Objectif : « lutter, de manière concrète et pragmatique, contre les phénomènes de délinquance et d’incivilités qui nuisent à la sécurité des habitants au quotidien », résumait le préfet. À Strasbourg, en particulier, et sur la zone gendarmerie en général, la lutte contre le trafic de drogue reste l’une des préoccupations majeures des policiers bas-rhinois, avec les cambriolages et les vols avec violence.
Problèmes de recrutement
La sécurité reste de fait une compétence régalienne de l’État. Pour autant, le premier magistrat a un pouvoir de police. Il est donc l’autorité compétente pour prendre et faire respecter les mesures nécessaires au maintien de l’ordre, de la sécurité, de la tranquillité et de la salubrité publiques. Rôle que n’aurait pas tenu la maire Jeanne Barseghian, selon l’ensemble des candidats de l’opposition (lire pages 86 à 92).
Son adjointe en charge de la sécurité et de la tranquillité publique, se défend néanmoins d’immobilisme. « Nous avons avancé sur beaucoup de dossiers, et notamment le
Nadia Zourgui
recrutement de policiers municipaux, insiste Nadia Zourgui. Quand je suis arrivée, il y avait vingt postes vacants, nous en sommes aujourd’hui à sept ou huit. En France, on en compte 3000. En 2020, la Cour des comptes avait remis en cause certains avantages des policiers municipaux. Nos prédécesseurs et nous-mêmes avons eu des problèmes de recrutement. Il y avait 500 € de différence entre les anciens et les nouvelles recrues. J’ai mis presque cinq ans à obtenir le même salaire pour tout le monde. Le temps de l’administration est très long ! » Strasbourg compte 157 agents, « mais il en faudrait 300, reconnaît-elle, tout comme les élus d’opposition. Il manque également 100 agents dans la police nationale. Cela étant, la préfète et aujourd’hui le préfet ont toujours réussi à obtenir des renforts pour les gros événements comme le marché de Noël ou Nouvel An. Nous sommes plutôt bien servis dans le Grand Est. »
Pour comprendre la situation actuelle à Strasbourg, Nadia Zourgui rembobine à leur arrivée au pouvoir en 2020, en pleine crise sanitaire. « L’État avait concentré les personnes sans domicile fixe au quartier Gare. C’était un quartier qui avait bien changé, et nous nous sommes retrouvés avec du trafic partout ! » Pour Nadia Zourgui, c’est toute la physionomie de la ville qui a changé depuis le COVID : « On observe une poly consommation de drogue et d’alcool dans l’espace public. Les associations constatent l’arrivée de SDF de Paris, mais aussi d’Haguenau ou de Brumath, dont 80 % ont un hébergement. Ce ne sont pas de “vrais SDF” qui n’auraient d’autres endroits que la rue pour dormir. »
(c)
Jérôme
Dorkel
Lumière...
Concernant l’extinction des feux sur laquelle la majorité a finalement rétropédalé, Joël Steffen, avec sa casquette d’adjoint à la vie nocturne explique : « En pleine crise énergétique, il fallait faire des arbitrages : nos factures avaient augmenté de 300 % ! Nous avons fait le choix, en nuit profonde, entre 1h et 5h du matin, d’éteindre 30 % des axes. Les chiffres de la délinquance n’ont pas augmenté, mais cette situation nouvelle demande aux usagers un effort d’adaptation et, quand tout est éteint, il peut y avoir un sentiment d’insécurité. Nous investissons un million d’euros par an pour rénover les éclairages publics, nous travaillons sur des solutions où l’éclairage est réduit mais permet de s’orienter. Nous allons déployer ces systèmes, mais il faut refaire 800 km de voirie de la collectivité. » b.r.
« Les vols à l’étalage ont augmenté fortement dans les magasins. Cette augmentation est liée à la paupérisation des publics, à un manque de moyens d’éduquer. »
Stupéfiants, violences intrafamiliales, vols à l’étalage...
En septembre 2022, elle convainc la maire d’étendre les arrêtés anti-alcool sur tout le secteur entre la Gare et la place Kléber. « Cela a été une vraie bataille, les gens n’aiment pas les interdits. J’ai aussi découvert que l’on ne peut pas interdire la consommation 24h/24 et 365 jours par an. Or quand on s’alcoolise dès 10h, c’est un vrai problème sanitaire. J’ai aussi découvert que les policiers municipaux connaissent très bien ce public, ils ont une vraie fibre sociale. »
Une équipe dédiée, épaulée par une psychologue, intervient désormais sur le terrain, en lien également avec le service propreté. « Autrefois, les sans-abri se cachaient sous les ponts, ils étaient dispersés. Aujourd’hui, ils sont plus visibles, souvent regroupés, parce que ces espaces étaient restés vides », observe-t-elle.
Au cœur de son mandat, un objectif clair : rétablir une véritable police de proximité. « J’ai demandé aux policiers municipaux d’abandonner la voiture pour des patrouilles à pied, en journée. L’idée, c’est de renouer le dialogue avec les commerçants et les habitants. »
Un enjeu d’autant plus urgent que, selon elle, les vols à l’étalage ont fortement augmenté cette dernière année. « C’est le reflet d’une société qui se paupérise, d’un manque de moyens pour accompagner et éduquer. »
À l’inverse, « les violences urbaines ont diminué, les Nouvel an sont plutôt calmes. Depuis trois ans, nous travaillons avec les bailleurs sociaux, la police nationale et la municipale pour répertorier les voitures abandonnées : 1900 véhicules sont enlevés chaque année depuis 2023. » Contrairement à ce qui pourrait être dit, « nous ne sommes pas contre les caméras de vidéosurveillance ! En lien avec la
police nationale et les agents assermentés, les élus de territoire, nous avons ajouté 83 caméras dans l’Eurométropole, dont 30 à Strasbourg depuis 2020. Aujourd’hui, la ville en compte 400 et d’autres devraient encore arriver. Il faut compter entre 15 000 € et 30 000 € pour l’installation d’une caméra. »
Nadia Zourgui a aussi pris l’initiative de faire appel à un organisme privé pour embaucher dix médiateurs de tranquillité publique pour davantage de proximité en ville, mais aussi dans les parcs squattés ou devant les dépôts sauvages toujours plus nombreux. « En un an, ils sont intervenus sur 136 conflits impliquant 469 personnes au centre-ville. Ils ont effectué 10 925 déambulations, dont 8000 contacts avec les citoyens. » Elle constate que 90 % des mains courantes proviennent du centre-ville élargi, et concernent notamment le partage de l’espace public. « Nous travaillons aussi avec la CTS et les bailleurs sociaux pour créer une vraie équipe de médiation sur tout le territoire plutôt que de travailler chacun de notre côté », ajoute-t-elle.
Parmi ses objectifs pour un éventuel nouveau mandat : la création d’un Observatoire de la tranquillité publique conventionné par l’État pour connaître en temps réel les chiffres de la délinquance et faire participer les citoyens au débat. « Durant tout le mandat, j’ai pu constater que les violences intrafamiliales ont explosé. C’est un vrai marqueur depuis cinq ans, dans tous les quartiers de la ville. Pour les stupéfiants, c’est pareil, avec un pic notable en 2023. Le niveau d’incivilité est aussi plus élevé, ne serait-ce que pour les déchets. » Et sur ce dernier point, avec son franc-parler légendaire, elle conclut : « Ce n’est pas la ville qui est sale. Ce sont les gens, tous milieux sociaux confondus, qui le sont. » ☚
Nadia Zourgui
ATTRACTIVITÉ SÉCURITÉ,
PROPRETÉ
À STRASBOURG
Comme souvent, quelques chiffres valent mieux que de longs discours et sur ces sujets sensibles, voici un décryptage qui permet de mieux comprendre les enjeux de ce dossier.
Datavisualisation : Cercle Studio
Attractivité
annuels (hors marché de Noël) entre 2023 et 2024 4,1M
Comparatif en 2024 entre la moyenne nationale et Strasbourg
:
:
Sources
Données fournies par la société CODATA (le périmètre ne prend pas en compte les centres
: Place des Halles, Aubette, Maison Rouge et la gare)
Sources
MyTraffic (réalise un comptage via des données mobiles anonymisées)
POLICIERS MUNICIPAUX
Vols sans violence contre des personnes
Violences physiques hors cadre familial
caméras de vidéosurveillance en ville
Propreté
Comparatif entre Strasbourg, le même type d’agglomération, le département et la France entièremême type. Nombre de mis en cause pour 1000 habitants 330
AGENTS
cendriers urbains
Corbeilles publiques ramassées trois fois par jour (centre-ville) de canisacs en 2024
de déchets issus de dépôts sauvages ramassés
Strasbourg France entière Département Même type d’agglomération
Sources : SSMSI, base communale des crimes et délits enregistrés par la police et la gendarmerie; Insee, recensement de la population.
interventions pour dépôts sauvages
Agents de surveillance de la voie publique formés contre les dépôts sauvages
: Ville de Strasbourg
Source
Un bilan
dans l’œil de l’opposition
La décroissance. Sentiment d’insécurité, propreté dégradée, attractivité en trompe-l’œil : les candidats de l’opposition à la mairie de Strasbourg sont, sans surprise, sans pitié sur le bilan de la municipalité.
Rédaction : Barbara Romero
Dessin : Yannick Lefrançois
☛ Strasbourg, une ville attractive ?
Pernelle Richardot (PS) : « La municipalité a sapé la jambe économique et fracturé les communs. On peut citer l’extinction de la cathédrale, sous prétexte d’économie, qui a entamé un symbole commun. Ou le parc de l’Orangerie : rendre le stationnement payant réserve le parc à ceux qui ont les moyens ou à ses riverains. Comment venir du fin fond du Neuhof sans voiture, avec tricycle, ballon et compagnie ? Quand on fracture les communs, l’attractivité s’en ressent. »
Pierre Jakubowicz (Horizons) : « Strasbourg vit sur des acquis incroyables, mais globalement, ils s’étiolent. Lors de congrès à l’étranger, je suis interpellé du nombre de personnes qui ne connaissent pas Strasbourg. Dans une circulaire officielle, la maire avait banni le mot “attractivité”, ce qui implique une perte de qualité de vie et de partenaires de projets. C’est une logique de décroissance. Dire que son rôle n’est pas de faire faire des affaires aux commerces et aux hôtels, ce n’est pas une politique qui vise à renforcer le rayonnement et l’attractivité de Strasbourg. »
Jean-Philippe Vetter (LR) : « Quand on entend parler de Strasbourg, c’est pour des polémiques, sur les seniors, la rue Mélanie, la cathédrale, pas pour des événements qui la font briller... Or c’est une ville qui accueille les institutions européennes, une université qui compte dix-sept prix Nobel, elle a tout pour réussir ! Strasbourg n’attire plus les PME-PMI par manque de confiance : depuis son arrivée au pouvoir, la municipalité a doublé sa dette, la Cotisation foncière des entreprises (CFE) a augmenté de 300 %. Quelle entreprise veut s’y installer ? La première idée, c’est que si on veut partager la richesse, il faut la créer. Nous pensons qu’il faut un accompagnement des entreprises, un guichet unique inter collectivités en cas “d’alignement des planètes” pour leur simplifier la vie. L’enjeu des entreprises est de
pouvoir attirer des employés. Notre rôle, c’est de créer un écosystème pour les accueillir. »
Virginie Joron (RN) : « Pour que Strasbourg reste attractive, il faut redonner de la valeur à son économie locale et protéger le pouvoir d’achat des habitants. Je m’engage à redynamiser la ville en respectant son identité alsacienne, en soutenant l’emploi, les startups et les commerces locaux, avec des mesures concrètes comme des parkings gratuits et une campagne “Achetez Strasbourgeois” ».
Florian Kobryn (LFI) : « Qui peut dire le contraire ? Plus de 90 000 visiteurs par jour, une fréquentation touristique en hausse constante. C’est aussi l’une des villes les plus dynamiques du Grand Est, elle gagne chaque année en habitants. Mais cette attractivité se fait parfois au prix de l’exclusion sociale. Les classes moyennes et populaires sont chassées de certains quartiers par la flambée des loyers et du coût de la vie. Une ville vraiment attractive, c’est une ville où on peut vivre avant de consommer. »
En quoi la Ville a-t-elle perdu sa « richesse économique » ?
Pernelle Richardot : « La dette a explosé, de l’ordre de 175 M€ sur le mandat. Des entreprises sont parties ou ont renoncé à s’implanter à Strasbourg au profit des communes voisines, comme Molsheim, Saverne, Haguenau. C’est autant d’emplois et de recettes en moins, donc moins de services publics. J’y vois la théorisation d’une “décroissance” devenue ligne directrice de la mandature. »
Pierre Jakubowicz : « J’ai l’ambition que le centre-ville redevienne un écrin pour ceux qui entreprennent, par l’accessibilité, la propreté, la présence de services publics. Je suis pour la création d’un Pôle municipal et européen de la recherche et de l’innovation, d’un fonds de FIERTÉ pour soutenir les commerces indépendants, les artisans, les associations, les initiatives locales... On a perdu la clientèle de deuxième couronne
« Strasbourg vit sur des acquis incroyables, mais globalement, ils s’étiolent. »
Pierre Jakubowicz, Horizons
Jean-Philippe Vetter, LR
Jean-Philippe Vetter, LR
« On connaît un doublement de la dette à cause des dépenses de fonctionnement qui ont dérapé. »
« Des
projets coûteux et inutiles ont dilapidé l’argent public sans bénéfices visibles. »
qui faisait ses emplettes dans le centre-ville, les touristes ont moins de pouvoir d’achat. On a plus de monde, plus d’engorgement des transports en commun, plus de saletés, mais moins de retombées économiques. »
Jean-Philippe Vetter : « Les dépenses publiques doivent être tournées vers l’investissement. Or on connaît un doublement de la dette à cause des dépenses de fonctionnement qui ont dérapé. En six ans que s’est-il passé ? Que reste-t-il de l’héritage Barseghian ? Une dette. »
Viriginie Joron : « Des projets coûteux et inutiles ont dilapidé l’argent public sans bénéfices visibles, comme certains travaux de la rue Mélanie ou la place du Temple-Neuf. Je m’engage à lancer un audit des finances municipales pour éliminer ces gaspillages et recentrer les dépenses sur ce qui est vraiment utile. On peut donc se poser la question de l’effet “Barseghian” et cette municipalité verte qui fait la chasse aux grands voyageurs ou automobilistes qui voudraient dépenser de l’argent au centre-ville mais qui sont obligés d’aller vers des zones commerciales car l’accès est facilité et gratuit. »
Florian Kobryn : « Strasbourg a toujours été un laboratoire économique, social et politique. C’est ici qu’ont émergé les coopératives ouvrières, les mutuelles, les mouvements féministes et pacifistes, portés par une tradition d’émancipation populaire et d’engagement citoyen. Mais cette richesse a été étouffée par des décennies de gestion technocratique et libérale, où la ville s’est peu à peu pensée comme une “marque” plutôt qu’un projet collectif. Les mêmes qui célèbrent son “rayonnement international” ont abandonné les quartiers populaires, fermé les services publics et laissé s’effondrer le monde associatif. »
Le taux de vacance a augmenté, mais reste en dessous du niveau national...
Pernelle Richardot : « Un chiffre brut ne dit pas tout : quelle offre s’implante ? Quelle place pour les indépendants ? Il faut une politique d’accompagnement sur le problème de pas-de-porte et de loyers élevés, et travailler avec la CCI et le manager de centre-ville pour soutenir les démarrages d’activités. Le commerce est un sujet délicat, je refuse de donner des leçons. Ce que je vois en revanche, c’est le mépris. Or derrière une vitrine qui ferme, il y a des vies, un quartier. J’ai en effet supprimé la gratuité du stationnement entre midi et deux. Mais là, les tarifs sont devenus prohibitifs et incompréhensibles, même si les zones violette sont une solution intéressante. Le résultat, c’est la gentrification du centre-ville. »
Pierre Jakubowicz : « Il faut réinsuffler une stratégie pour rediversifier l’offre commerciale plus qualitative et utiliser les dispositifs fiscaux pour une exonération de fiscalité sur les trois premières années d’exercice. On peut créer une foncière municipale, comme à Angers, pour préempter sur les locaux vacants et exercer une pression à la baisse des loyers des propriétaires privés. Ce sont des choix politiques. »
Jean-Philippe Vetter : « On devrait être largement meilleur qu’au niveau national du fait de notre dynamisme et de notre situation géographique. Les rues sont noires de monde, mais sans paquets dans les mains ! Un des enjeux est de faire revenir les Strasbourgeois et les habitants de la première et la deuxième couronne. L’accessibilité, le prix du stationnement, la propreté, la mendicité agressive détournent la clientèle traditionnelle. »
Virginie Joron : « Cette situation appelle à la vigilance. Le taux de pauvreté dans la ville centre est passé de 24,8 % à 26 % entre
↑ Virginie Joron, RN
↑ Pierre Jakubowicz, Horizons (c)
(c) Abdesslam Mirdass
(c)
Abdesslam Mirdass
Viriginie Joron, RN
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« Je défends l’idée d’une brigade des transports publics. »
« On a une responsabilité de justice, de discernement et de prévention. »
2015 et 2021, ce qui est un taux plus élevé que la moyenne nationale (20,7 % en 2021). Pour contrer cette tendance, je propose des mesures pour rendre la ville plus accessible, notamment en facilitant l’accès au logement grâce à une meilleure gestion fiscale et en boostant les commerces par des initiatives concrètes comme la gratuité de deux heures de stationnement. Et un accès aux logements sociaux beaucoup plus transparent. »
Florian Kobryn : « Le taux de vacance reste bas, preuve que Strasbourg résiste mieux que d’autres. Mais derrière ces chiffres, n’oublions pas les vitrines fermées depuis des années et l’accélération de la gentrification. Les commerces populaires disparaissent souvent au profit des grandes enseignes. Cette situation est le fruit de politiques locales et nationales qui ont favorisé les zones commerciales périphériques. Une Strasbourg insoumise fera le choix inverse : soutenir les commerces de proximité, bloquer les projets dévastateurs comme celui de Vendenheim, et rendre le centre-ville aux habitants. »
Strasbourg est-elle une ville sûre ?
Catherine Trautmann : « Il faut faire le distinguo entre ce qui relève du sentiment d’insécurité et les vrais risques. Le premier magistrat a un pouvoir de police, faire comme si cela n’existait pas, ce n’est pas acceptable. On a une responsabilité de justice, de discernement et de prévention. »
Pierre Jakubowicz : « Aujourd’hui, Strasbourg compte 157 policiers, mais il en faudrait 300 pour être aux normes nationales. J’affiche l’objectif d’au moins 200 policiers en service pour augmenter leur capacité de présence sur le terrain. Je suis pour le déploiement de vidéos de protection. Un enjeu reste
essentiel : retrouver une relation partenariale entre les acteurs de la sécurité. Le continuum a été rompu. Un maire a des devoirs et doit les assumer. »
Jean-Philippe Vetter : « Ce qui est ressorti lors de nos dix réunions de quartiers, c’est que la sécurité et la propreté sont la priorité numéro 1 : il faut en finir avec tout ce qui pourrit la vie des gens. Nous proposons la création d’un écosystème de sécurité basé sur l’autorité, mais aussi la prévention active. Je souhaite rallumer les lumières dans la ville, augmenter le nombre et la présence des forces de l’ordre sur le terrain, développer la vidéoprotection et responsabiliser les parents face aux comportements déviants de leurs enfants. Je ne craindrai pas de sanctionner : le citoyen a des droits mais aussi des devoirs. »
Virginie Joron : « Je souhaite renforcer les effectifs de la police municipale et leur donner les moyens nécessaires pour intervenir efficacement. L’éclairage public doit être amélioré et des caméras installées dans les zones sensibles. Je suis pour que Strasbourg teste le “safe city” comme à Nice, avec de nouveaux outils numériques interconnectés. La tolérance zéro sera appliquée face aux incivilités, aux voitures brûlées, aux rodéos sauvages et à toutes formes de violence. Je veux une ville où chacun peut se sentir protégé avec une parfaite coordination avec la préfecture. »
Florian Kobryn : « Le discours sécuritaire est une mise en scène électoraliste. Il agite la peur pour masquer l’absence de projet social et écologique qui répondent aux besoins des habitants. La première des violences à Strasbourg est la violence sociale : la spéculation, les loyers hors de prix, la privatisation de l’espace public.
Cela ne veut pas dire pour autant que la sécurité des habitants, et surtout celle des
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Catherine Trautmann, PS
(c)
Alban Hefti
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Abdesslam Mirdass
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Florian Kobryn, LFI
(c) Alban Hefti
↑ Pernelle Richardot, PS
Pernelle Richardot, PS
Catherine Trautmann
Florian Kobryn, LFI
« Ces arrêtés sont une honte : nous ne combattons pas les pauvres, mais la pauvreté. »
habitantes, ne nous intéresse pas. Nous défendons une vision centrée autour de la tranquillité publique. Dans cet objectif, notre priorité est la prévention. Nous voulons une police municipale de proximité, mieux formée, mieux rémunérée, au service du peuple. »
Reprendriez-vous un arrêté anti-mendicité agressive ?
Catherine Trautmann : « Il faut apporter une réponse aux habitats éphémères dans la rue. Des gens vivent très mal de payer un loyer et de voir cela. C’est un sujet vraiment lourd, on est face à des gens touchés par la toxicomanie de plus en plus vieux. Ce n’est pas seulement un problème de jeunesse ou de couleur de peau. »
Pierre Jakubowicz : « Il faut redonner un arsenal aux policiers municipaux pour leur permettre d’intervenir, comme un arrêté anti-mendicité agressive contre les rassemblements et la consommation d’alcool dans un périmètre moins restreint qu’actuellement. »
Jean-Philippe Vetter : « Oui, il faut un arrêté anti-mendicité agressive, les commerçants n’ont pas à gérer l’espace public, et personne ne peut privatiser l’espace public. »
Virginie Joron : « Je pense qu’il faut combattre la mendicité agressive, qui peut être source de malaise, tout en restant humain et solidaire. »
Florian Kobryn : « Non. Ces arrêtés sont une honte : nous ne combattons pas les pauvres, mais la pauvreté. Une Strasbourg insoumise, c’est une ville en partage, qui investit dans le logement, les soins et la solidarité, pas dans la répression. La meilleure réponse à la mendicité est une politique sociale ambitieuse. Jeanne Barseghian avait porté une vision similaire en 2020, mais a continué à construire des dispositifs excluant, comme sur le site de l’ancien campement de Krimmeri-Meinau. »
Trouvez-vous la ville sale ?
Pernelle Richardot : « Sans objectifs clairs et moyens, ce sont les agents qui sont pris à partie. Il faut évaluer le service et lancer un plan de propreté ambitieux, incluant des outils modernes, comme des caméras dédiées, l’IA pour la détection des dépôts sauvages,
l’utilisation des financements européens possibles et investir massivement. Un élu doit soutenir son administration, pas s’en désolidariser publiquement. »
Pierre Jakubowicz : « Il y a quelques mois, la maire a commencé à faire des annonces, après avoir maintenu pendant cinq ans que la ville n’était pas sale. On a laissé les difficultés s’installer une grosse partie du mandat. Le curatif est donc plus difficile. Il y a deux ans et demi, j’ai fait voter une résolution pour le tri dans la Grande île, notamment pour faire face au défi des déchets de la vente à emporter. Depuis c’est devenu une obligation légale, mais rien n’est appliqué à Strasbourg. Même sur les enjeux environnementaux, l’équipe municipale ne prend pas les sujets à bras le corps. »
Jean-Philippe Vetter : « Strasbourg est devenue la ville du “laisser-faire”. Regardez l’état des berges, les centaines de rats dans les quartiers, les dépôts sauvages, les herbes non coupées où prolifèrent les tiques... C’est le laisser-faire généralisé ! Les citoyens ont des droits mais aussi des devoirs. Je suis pour la prévention, l’éducation, mais aussi la sanction. »
Virginie Joron : « Il est nécessaire d’augmenter les moyens alloués au nettoyage urbain, de renforcer les campagnes de sensibilisation aux bonnes pratiques et de sanctionner les incivilités comme les dépôts sauvages. Trop longtemps négligée, la ville est aujourd’hui perçue par ses habitants comme sale et mal entretenue, notamment au niveau de ses espaces verts. »
Florian Kobryn : « La propreté est une question de dignité : quand les bailleurs laissent pourrir les immeubles, quand les services publics manquent de moyens, c’est sur les habitants qu’on fait peser la faute. Nous agirons pour un service public de la propreté renforcé et pour contraindre les bailleurs à entretenir un habitat digne. » ☚
(*) Nous avons rencontré Pernelle Richardot avant la candidature de Catherine Trautmann qui s’est exprimée par la suite. D’où leurs deux prises de parole dans cet article dédié à l’opposition.
COMMENT ÇA VA CHEZ Bugatti Automobiles
Alors que l’industrie automobile va toujours plus vite, Bugatti choisit la précision et la minutie de la main de l’homme : une maison qui défend l’artisanat à l’ère du tout numérique et promet l’éternité dans un monde d’obsolescence.
Rédaction : Hélène Édel Photographie : Bugatti
Fiche technique
Siège : Molsheim (Bas-Rhin)
Collaborateurs : 184, dont une trentaine de spécialistes travaillent à la main sur chaque véhicule
Production : Environ 100 véhicules par an Fabrication : entre 8 et 10 semaines d’assemblage et de tests pour un modèle standard et plusieurs mois, voire années, pour les configurations Sur Mesure
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Christophe Piochon, président de Bugatti Automobiles SAS.
Il y a vingt ans, Bugatti sortait tout juste de l’ombre : après plusieurs décennies d’interruption et des tentatives avortées de renaissance, la Veyron, lancée en 2005 sous l’égide du groupe Volkswagen, a marqué le véritable retour de la marque sur la scène mondiale. « Bugatti était comme un diamant oublié, confie aujourd’hui Christophe Piochon, président de Bugatti Automobiles SAS. Désormais, il rayonne d’une intensité que nous n’avions pas anticipée. » Depuis la Veyron puis la Chiron, la maison n’a cessé d’affiner cet éclat, jusqu’à incarner le luxe automobile absolu. Cette réussite s’appuie aussi sur une structure nouvelle : depuis 2021, Bugatti appartient à la coentreprise Bugatti Rimac, qui réunit l’ingénierie électrique du groupe croate Rimac et l’expertise artisanale héritée de Molsheim.
De cette renaissance est née une identité retrouvée, à la fois enracinée et visionnaire. Parce que Bugatti, c’est d’abord un ancrage : celui de Molsheim, terre d’adoption d’Ettore Bugatti, où chaque modèle sort toujours des ateliers historiques. Le site, surnommé le Château, mêle architecture alsacienne et design contemporain. Dans le calme de ces bâtiments, 184 collaborateurs conçoivent et assemblent chaque voiture à la main, entre savoir-faire horloger et ingénierie d’orfèvre. Mais Bugatti, c’est aussi une philosophie : « Chez Bugatti, nous ne suivons pas les tendances, nous les transcendons », résume Christophe Piochon.
Une manière élégante de rappeler que la marque avance à contre-courant d’une industrie automobile obsédée par la vitesse de mutation technologique. Là où d’autres accélèrent vers l’électrique intégral, Bugatti choisit la nuance avec
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Les ateliers de production.
« SUR UN MARCHÉ OÙ LA PRÉVAUTQUANTITÉSOUVENT SUR LA SINGULARITÉ, LA MARQUE CONTINUE DE SUIVRE UNE AUTRE VOIE : CELLE DE LA RARETÉ. »
la Tourbillon, « dont l’élégance, l’émotion et le luxe dépassent tout ce qui a été fait jusqu’à présent ». Première hybride de la marque, l’hypersportive marie un moteur V16 à un groupe électrique, combinant innovation et âme mécanique. Conçue pour durer, elle s’inspire des icônes intemporelles qui ont fait la légende de Bugatti : la Type 35, reine des circuits, la Type 57SC Atlantic, chef-d’œuvre d’élégance, ou la Royale, symbole d’un luxe absolu. Interrogée sur sa santé économique, la maison reste fidèle à sa discrétion.
Bugatti ne communique ni sur ses résultats financiers ni sur son chiffre d’affaires. En revanche, l’entreprise confie être en phase d’expansion : « Nous sommes actuellement en train de construire un second atelier pour accompagner la production de notre premier véhicule hybride, la Tourbillon. » Ce nouveau site, opérationnel courant 2026, incarne une nouvelle phase de développement maîtrisé. Un investissement de plusieurs millions d’euros qui traduit la volonté de la marque de concilier héritage et modernité. Or si la marque s’agrandit, elle n’élargit pas pour autant la production. Sur un marché où la quantité prévaut souvent sur la singularité, la marque continue de suivre une autre voie : celle de la rareté.
Le « Programme Solitaire » pousse cette logique jusqu’à l’extrême : deux véhicules exclusifs produits par an, conçus main dans
Le cœur à Molsheim
C’est dans le parc d’un ancien relais de chasse, au cœur de Molsheim, que bat l’âme de Bugatti. Ici, les bâtiments mêlent tradition et futurisme : les briques alsaciennes et les verrières contemporaines se mêlent aux odeurs de cuir et de carbone. Chaque voiture est assemblée à la main, dans le respect de gestes hérités d’un siècle d’excellence. Ce lien au territoire n’a rien de folklorique : il incarne la fidélité à Ettore Bugatti, qui fit de l’Alsace un symbole mondial d’ingéniosité. Ici, la modernité ne chasse pas l’histoire, elle la prolonge. h.e.
Créateur de légendes À la fin des années 1990, Bugatti n’est plus qu’un nom oublié. Lorsque le groupe Volkswagen rachète la marque en 1998, il lance un pari jugé impossible : créer la voiture la plus rapide, la plus puissante et la plus luxueuse du monde. En 2005, la Veyron 16.4 voit le jour à Molsheim. Son moteur W16 de huit litres, ses 1 001 chevaux et sa vitesse de pointe à 407 km/h redéfinissent les limites de l’ingénierie automobile. Produite à seulement 450 exemplaires, assemblée à la main par une trentaine d’artisans, la Veyron a coûté plus cher à fabriquer qu’à vendre. Mais l’enjeu n’était pas économique : il s’agissait de prouver que Bugatti pouvait renaître sans rien céder à son exigence. La Veyron a rendu à Molsheim son éclat d’antan et ouvert la voie à de nouvelles légendes. h.e.
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Le Château, siège de Bugatti à Molsheim.
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Les ateliers de production Bugatti.
la main avec leurs propriétaires. « Chaque client devient co-créateur de son véhicule », explique le président. La Bugatti Brouillard, première création de ce programme, pensée entièrement Sur Mesure pour son commanditaire, rend hommage à l’art du coachbuilding (c’est-à-dire l’art de concevoir et de fabriquer une carrosserie Sur Mesure pour un châssis existant). Ici, la personnalisation n’est pas un supplément d’âme : elle est le cœur battant d’un modèle économique où l’exclusivité fait office de matière première. « Nous ne produisons pas en masse, nous créons des pièces uniques, pensées pour être transmises », insiste Christophe Piochon. Bugatti revendique un luxe durable, celui de l’objet fait pour durer, pour traverser les générations. Une forme de sobriété aristocratique, plus proche de la haute horlogerie que de la mobilité. À l’heure où le luxe s’interroge sur son rapport au monde, Bugatti esquisse peut-être une réponse : le vrai luxe ne se mesure pas à la performance, mais au temps qu’on lui consacre. Un temps lent, choisi, presque spirituel, à rebours de la vitesse effrénée qui gouverne notre époque. Pour Christophe Piochon, l’un des défis quotidiens consiste à maintenir l’équilibre fragile entre tradition et avenir. « La gestion de l’excellence est une discipline silencieuse », confie-t-il. Derrière chaque véhicule, des centaines de décisions invisibles : préserver le geste de l’artisan, garantir la confidentialité absolue des clients, rester fidèle à l’esprit d’Ettore Bugatti. À l’heure où l’industrie automobile cherche à tout réinventer, Bugatti avance sans renier ce qui la fonde. Or, refuser la fuite en avant technologique ne signifie pas refuser le progrès : la cybersécurité, la durabilité des matériaux et la sobriété énergétique du moteur hybride de la Tourbillon témoignent d’une modernité maîtrisée, presque méditative. Quand on l’interroge sur la Bugatti de 2040, Christophe Piochon évoque une œuvre « profondément humaine », pensée par et pour l’Homme. « Pas une voiture : une émotion. » C’est sans doute la clé de cette maison singulière : elle ne vend pas des machines, mais des mythes. Et l’on sait que les mythes, eux, ne meurent jamais. ←
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Pascal Bastien
Depuis plus de quinze ans, Pascal Bastien saisit son quotidien à travers le viseur carré d’un 6x6 chargé de pellicule noir et blanc. À la Filature de Mulhouse, il dévoile pour la première fois plus d’une centaine de tirages argentiques, autant de fragments intimes d’un monde à la fois poétique, tendre, drôle et parfois un peu grinçant. Entre son salon et une chambre d’hôtel dans les Vosges, entre un camping suédois et une ruelle indienne, il promène son œil curieux, attentif aux petits riens qui disent tout. Une vie passée à tenter de faire coïncider le petit bricolage argentique avec le grand tragique de la vie : un regard singulier, libre et profondément humain.
pascalbastien.com
@bastien pascal
Exposition « Tu gères la fougère »
La Filature, 20 allée Nathan Katz à Mulhouse
Du mercredi 14 janvier au dimanche 1er mars
Photographe installé à Strasbourg, Pascal Bastien collabore avec la presse française et internationale (Le Monde, Libération, Télérama, The New York Times...). Diffusé par Divergence Images et publié depuis 2013 aux Éditions Médiapop, il mêle textes et images dans des récits photographiques inspirés du roman graphique.
Quand la matière
révèle le territoire
Ancré au cœur des territoires français, wienerberger met son savoir-faire au service d’une architecture durable et respectueuse de son environnement.
Depuis toujours, nous accompagnons celles et ceux qui façonnent les paysages d’aujourd’hui et préservent le patrimoine de demain. Nos solutions, structure, toiture, façade ou énergie solaire, allient authenticité, performance et élégance, dans le respect des traditions locales.
Wienerberger s’engage aux côtés des professionnels du bâtiment qui partagent une même ambition : imaginer des lieux de vie où le confort, la beauté et la nature se conjuguent en harmonie.
Parce que chaque construction est une part de notre héritage commun, nous bâtissons ensemble un avenir plus harmonieux et durable.
www.wienerberger.fr
Par Alain Leroy ☛ Le 14 février 1349, 2000 Juifs sont brûlés à Strasbourg, sur l’actuelle place de la République, par des citoyens en colère qui les accusaient d’empoisonner les puits et de propager la peste. Une tache noire et indélébile dans l’histoire de la cité.
Le jour où... Strasbourg a brûlé ses Juifs
C[C]e jour-là, le ciel avait pris une couleur de cendres et l’air, l’air…. Comment dire… Comment raconter l’odeur… On ne peut pas. Six jours durant, les brasiers ont brûlé et les chairs se sont consumées sur cette place qui n’était pas encore celle de la République, ce devrait être suffisant pour imaginer. Nous sommes au mitan du XIve siècle. Le Saint-Empire romain germanique est parcouru de spasmes violents, il a la fièvre. Une fièvre noire, comme la peste du même nom qui, depuis Justinien au moins, ravage à intervalles plus ou moins réguliers les contrées qu’elle traverse et fera plus de
Représentation d’un massacre de Juifs en 1349. (Bibliothèque royale de Belgique)
25 millions de morts en Europe. Si le désespoir est toujours un terreau fertile pour la haine, les épidémies sont toujours celui du complot. C’était valable au Moyen Âge bien sûr, ça l’est toujours aujourd’hui, on l’a vu lors de la pandémie de Covid lorsque les fantasmes les plus débridés ont refait surface. La misère le dispute alors à la guerre et la maladie succède aux accidents climatiques. L’heure est à la recherche de boucs émissaires pour soulager tous ces malheurs, conjurer le sort peut-être.
En ce samedi 14 février 1349, ils sont tout trouvés : les Juifs parce que Juifs, supposés vecteurs de germes ou propagateurs de maladies, d’empoisonneurs. Peu à peu exclus des professions artisanales et commerciales sous l’influence croissante des corporations, la plupart d’entre eux avaient dû se vouer au commerce de l’argent et au prêt. Supprimer les Juifs ce n’était pas simplement conjurer le sort ou éliminer les empoisonneurs, c’était aussi effacer d’un coup toutes les créances. Le chroniqueur Twinger von Königshofen écrira d’ailleurs, au sujet de ce massacre : « S’ils avaient été pauvres et si les nobles ne leur devaient rien, ils n’auraient pas été brûlés. »
Pourtant, les Juifs de Strasbourg étaient plutôt dans une position plus enviable que celle de leurs coreligionnaires. Strasbourg était une ville libre depuis le début du XIIIe siècle. On pourrait dire à gros traits que les Juifs étant des commerçants dans une ville très commerçante, qu’ils faisaient partie d’une communauté d’intérêts et qu’à ce titre ils devaient être protégés.
L’orage se rapprochait pourtant, en même temps que la peste. Au début du mois de janvier, à Bâle, des émeutiers avaient rassemblé tous les juifs qu’ils avaient trouvés
dans une hutte en bois construite sur une île du Rhin et y avaient mis le feu. Le 30 janvier, c’est au tour de la communauté juive de Freiburg d’être victime de pogroms.
Le 8 février à Benfeld s’ouvre une rencontre entre autorités politiques pour statuer sur leurs congénères de Basse-Alsace. Les Stadtmeisters (maires) de Strasbourg, le juge Sturm et Conrad Kuntz von Winterthur, soutenus par l’ Ammeister Peter Schwaber sont quasiment les seuls à les défendre. La majorité des délégués, soutenus par l’Évêque, veut éradiquer le mal à la racine comme on le fait ailleurs.
Le lendemain, les choses s’enveniment. Rentrées à Strasbourg, les autorités reçoivent la visite, si on peut appeler ça comme ça, d’une délégation d’artisans qui réclament de l’argent pour ne pas s’en prendre aux Juifs. Peter Schwaber fait arrêter une partie des meneurs pour calmer les autres. Ça ne calmera rien, au contraire.
Le gouvernement de la ville, qui s’oppose autant qu’il le peut à la fureur antisémite, est renversé le 10 février par une partie de la noblesse et surtout les membres des corporations. Les familles Zorn et Müllenheim se sont alliées aux artisans pour retrouver leur rang. La foule s’enivre comme elle le fait toujours quand on lui donne une bonne haine dont elle peut se repaître. Le 14, elle se met en branle et marche sur le ghetto. La suite on la devine, enfin non, on la connaît.
Certains habitants réussiront à échapper au massacre et à l’incendie du quartier, de loin pas tous. Près de 2 000 seront poussés vers l’actuelle place de la République où avait été érigé un immense bûcher dans lequel on les jetait les uns après les autres. Les enfants étaient baptisés de force, les apostats épargnés. Les dettes s’éteignirent quant à elles en même temps que leurs créanciers et les biens pillés répartis entre les artisans, l’évêque et la municipalité qui, dans la foulée, promulgua un décret interdisant toute installation de Juifs dans la ville pour deux cents ans.
Ci-dessus, Pogrom de Strasbourg, illustration du XIXe siècle d’Émile Schweitzer
En dessous, plaque mémorielle du massacre des Juifs de 1349 à Strasbourg
La précaution fut sans doute insuffisante, car la peste noire s’abattit sur la ville quelques mois plus tard. Certains, ils étaient rares, y virent un châtiment divin pour leurs crimes, d’autres la confirmation qu’ils avaient agi trop tard. ←
Ukraine wow
C
Par Maria Pototskaya
☛ « Et sur la terre rénovée Il n’y aura plus d’ennemi, ni de tyran, Mais un fils, et une mère, Et il y aura des hommes sur la terre… »
[C]es vers nous viennent du XIX e . Ils appartiennent au poète ukrainien Taras Chevtchenko, un ancien serf qui inspire liberté et éveil national. Pour nous, Ukrainiens, Chevtchenko n’est pas qu’un simple auteur. Il est bien plus. Il est une métaphore vivante de la résistance à l’Empire, un symbole de lutte et de respect de notre dignité et de notre indépendance.
Tant de « comment ? » De l’immensité de notre idole post-soviétique, repeinte en jaune pour l’exposition « Ukraine wow », j’observe le regard du maître, fier, et sa forme massive, solide, presque architecturale. Et je songe à ma ville : Zaporijjia, bien plus à l’est de Kyiv, où le mot perestroïka, qui a bercé mon adolescence, ne signifie déjà plus « réforme », mais plus sûrement « reconstruction ». Chaque jour ou presque, après chaque frappe de missiles et vies endeuillées.
Dans la galerie lumineuse qui, non loin de la gare centrale de Kyiv, héberge le poète, résonne une techno minimaliste, comme pour marquer l’époque. Du vin y est aussi servi et des discussions s’y nouent. On y parle de décolonisation, d’émancipation. De fin des tyrans. De renaissance. Et pourtant, les portes extérieures franchies, c’est une autre réalité qui éteint, avec un désir de stabilité quotidiennement assombri par moult coupures électriques et de vies. Ukraine : ironie 2025, entre art de vivre et survie ; entre la puissance de la métaphore et celle des lâchés de bombes. « Ironie », parce dans ce monument jaune, baigné de lumière, ce n’est pas le romantisme du XIX e que je lis ou j’observe, mais le défi du XXI e Comment célébrer la « terre rénovée » quand l’ennemi s’y tient encore et ne cesse même de la grignoter ? Comment imaginer que des hommes offrent leur vie pendant que l’Europe peine à s’unir pour dégeler ces milliards russes qui pourraient peut-être nous sauver ? Sans doute Chevtchenko aurait-il envie de rappeler l’urgence du moment, et, avec une douce ironie, la signification des mots électricité et volonté
Théâtre de l’absurde. De retour de Kyiv, je pose depuis mon balcon un regard sur ma ville. Et j’observe la réalité immergée de cet absurde. D’un côté, la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande d’Europe,
déconnectée du réseau, fonctionne depuis plusieurs semaines sur des générateurs diesel. De l’autre, des diplomates européens palabrent dans la chaleur de leurs fauteuils. Pendant qu’entre crainte d’un nouveau Fukushima et un chantage russe, les habitants attendent, patiemment, inlassablement. Entre Beckett, Kafka et Matrix, parfois, je me demande : qui, demain, en l’absence de trop ou de trop peu de lumière sera désigné responsable de ce théâtre de l’absurde ? L’électricien, le ministre des Finances ou celui qui s’est trop longtemps assoupi sous son ciel douze fois étoilé ? Ne parlons même pas de Trump qui tente inlassablement de nous imposer une trêve « sur les lignes actuelles ». Parce que « la victoire n’a pas besoin d’être totale ». Il est vrai qu’en matière d’occupation, l’homme orangé s’est endurci...
À Zaporijjia, on préfère en rire, amèrement, cela va s’en dire. Notre hiver sera chaud, mais pas comme le vôtre. Les ogives quotidiennes évitées, comme si la vie ne se résumait qu’à une partie de roulette, nous savourerons notre café du matin avant de reprendre notre route, professionnelle et familiale, entre déblaiements de la nuit et reconstructions de bâtisses endolories. « Nous », ces autres que d’aucuns estiment parfois lointains ; trop, peut-être, pour qui n’a pas encore compris que nous étions leur front géographique et démocratique ; la ligne avancée de leur paisible renoncement. À l’heure où j’écris ces lignes, Trump et Poutine sembleraient néanmoins s’accorder sur une nouvelle rencontre. Mais chez Orban, à Budapest. Ça aussi, pour qui connaît l’idéologie de l’homme, quoi d’autre que le mot « farce » viendrait à l’esprit ? Comme si Anchorage n’avait pas suffi... Quand je repense à mon Chevtchenko jaune, je me dis que, peut-être, c’est finalement ainsi qu’apparaît notre Ukraine contemporaine à tous ces dignitaires : une imposante œuvre d’art, à la fois teintée de tragédie et d’ironie. De dédain et d’envie, aussi. Nous, en attendant, ne nous reste que la survie comme objectif. Et le regain de nos terres, peut-être, si certains finissent par se lever de leurs sièges exécutifs. D’ici là, n’en doutons pas : de nouvelles frappes, pertes et coupures viendront. Mais, rassurez-vous, nous ne sommes plus surpris quand s’éteint la lumière. Nous le sommes quand elle revient. ←
(c)
Maria Pototskaya
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Pour donner en ligne : tns.fr/lecole/les-coeurs-makers
Par E202 ☛ Envoyé sur Terre de la planète Versa (du versan Krapchoujk), E202 est chargé d’étudier les humains et d’établir des rapports réguliers au Haut Conseil en vue d’une éventuelle prise de contact officielle.
Lettre versane 4
À
[À] l’attention du puissant Haut Conseil : Ô sublimes grandeurs à la sagesse infinie, je vous adresse humblement mon nouveau rapport sur les humains.
J’avoue que plus je passe de temps sur ce qu’ils appellent Terre et moins je comprends leur fonctionnement. Certes ils restent incomparablement primitifs au regard de notre propre et glorieuse civilisation, mais je ne cesse de m’étonner qu’étant tous semblables ils soient à ce point différents. J’ai désormais acquis la conviction que l’étendue sexuée de leur être (qu’ils appellent corps) est une source infinie de problèmes. Que ne peuvent-ils comme nous se faire esprit… Il m’arrive encore de commettre des erreurs d’interprétation. Ainsi j’ai cru que les humains étaient pourvus à l’un de leur membre d’une excroissance électrique ainsi que certains poissons des profondeurs de leurs océans. Comme ils l’utilisent en permanence, l’effet est trompeur. En fait il s’agit d’une prothèse nommée portable. La chose est certes assez rudimentaire, mais, comme de tout ce qu’ils produisent, ils en sont très fiers au point de l’exhiber à tout moment. Je dois confesser qu’il m’est arrivé de le leur subtiliser afin de constater leurs réactions. Ce fût fort drolatique, mais je n’en ai pas abusé.
J’ai procédé à une rapide analyse de l’utilisation qu’ils faisaient de ces portables qui leur demandent autant d’attention. Je crois avoir vécu là, je le confesse, l’une des plus décevantes expériences depuis ma venue en ce monde. Je ne me permettrai certainement pas d’abuser du temps de Vos Seigneuries en relatant l’affligeante trivialité de leurs échanges (« T ou ? », « Tu fé koi ? », « Cé bon mon mari n’est pas là ce soir »). Ils ne sont que le reflet de la déplorable habitude caquetante des humains qui semblent ne jamais faire autant de bruit que lorsqu’ils n’ont rien à dire de fécond.
Cet universel bavardage semble posséder une vertu cathartique puisqu’ils aiment plus que tout s’invectiver par le biais de cet
appareil ainsi que commenter les commentaires de commentaires de commentaires. J’aurais cru que l’accès fourni à l’essentiel de leurs sommaires connaissances leur donnerait l’occasion d’apprendre quantités de choses, mais ils s’occupent surtout avec des jeux stupides (les humains aiment pratiquer toutes sortes de jeux) ou bien regarder des séquences animées appelées vidéo avec des animaux chats et d’autres chats qui ne sont pas des animaux.
En revanche il est à noter que ces portables sont extrêmement efficaces pour ce qui est de discipliner les humains. Il suffit d’un bip pour qu’ils se précipitent sur leur engin toute affaire cessante. Ils semblent ainsi naturellement disposés à la servitude et possèdent tout un vocabulaire pour l’exprimer : serfs, esclaves, employés, amoureux… D’autant plus que, comme ils l’avouent sottement d’eux-mêmes : « J’ai toute ma vie dans mon portable ». Ils confient donc nombre de données personnelles à un appareil dont ils ignorent tout du fonctionnement, données exploitées par des entreprises privées qui les utilisent en retour pour leur faire acheter des choses et pénétrer leur intimité. On peut également savoir à tout moment où ils se trouvent. Et ils le font de bon cœur, ce qui confirme ce que j’avançais précédemment sur leur amour de l’obéissance. Ils préfèrent d’ailleurs sacrifier leur liberté à leur sécurité, ce que certains parmi leurs chefs ont très bien compris. Ceci est à retenir en vue d’une éventuelle colonisation future.
Et ce d’autant plus qu’ils se sont découvert un nouveau jouet appelé Intelligence Artificielle qui les fait frétiller d’excitation puérile. Ils se réjouissent de conférer à des machines leurs propres capacités créatives, c’est dire… Mais ce sera sans doute l’objet d’un prochain rapport.
Je suis, puissant Haut Conseil, et pour toujours, votre humble et dévoué serviteur, E202. ←
Je suis ton ... maître d’oeuvre &&... et plus !
Christophe Nonnenmacher ☛ À moins d’une heure de Strasbourg, dans le petit village de Saint Quirin, Emine Seker dirige avec son époux Étienne Jaxel-Truer le Centre de l’Écriture à l’Image. Un lieu depuis lequel naissent nombre de films primés à l’international.
Le cinéma d’Emine
SEtienne Jaxel-Truer
(c)
[S]aint-Quirin. 90,9 km de Strasbourg. 17,3 de Sarrebourg, où Emine Seker me retrouve à la sortie de mon TER. Dans sa Twingo vert pomme, celle que je n’avais plus vue depuis deux ans peut-être s’excuse du bordel qui s’est emparé de sa cylindrée. Je ne dis mot, juste heureux de retrouver celle qu’un ancien directeur de Films en Bretagne m’avait fait rencontrer, le temps d’une série documentaire tournée dans l’est du pays. Emine n’a en rien changé. Juste un enfant en plus. « Quelle idée », lui dis-je. « Déjà que prendre soin d’un n’est pas aisé... Combien, désormais ? ». « Quatre », sourit-elle.
Sans auteur, pas d’histoire. Sans récit, pas de film. Arrivés dans son village de SaintQuirin, direction l’Hostellerie du Prieuré, à cinquante mètres à peine de ses bureaux. Dans la salle principale, la propriétaire nous salue, s’attarde pour nous présenter la carte et échanger d’autres souvenirs. Nos voisins se tournent vers Mine, le diminutif que d’aucuns aiment lui donner. Tous trois causent, presque inlassablement. Je les laisse faire, sors quelques instants ; vue sur la Rose Rouge, l’un des trois édifices religieux qui surplombe ce petit territoire mosellan. Je consulte mon téléphone, prends des nouvelles de Munich, Wroclaw et Zaporijjia. Comme l’originelle région de Trabzon de Mine, l’intimité de nos vies a ceci de commun qu’elle est plurielle et fragmentée. Presque cinématographique. Les plats servis, je tente un audio. L’ancienne élève de la HEAR me regarde et s’amuse : « Tu enregistreras plus tard. Dis-moi plutôt : pourquoi nous ? ». « Étienne et toi ? Regarde », fais-je d’un mouvement de bras : « on est là au milieu de nulle part, en plein cœur du massif vosgien et la France du cinéma vous regarde. Qui, dans ce milieu, ne connaît pas ou ne valide pas votre travail ?
Ce n’est pas rien ce que vous avez construit au cours de ces quinze dernières années, tu sais. » Sans auteur, pas d’histoire. Sans récit, pas de film, court, long ou d’animation. Comme pour un trajet en TER, un nombre non négligeable de gares doit aussi être
franchi. Et, comme des cheminots, Mine et son compagnon Étienne Jaxel-Truer en joignent les rails.
Séduire, interroger et étonner. « Centre de l’Écriture à l’Image » : c’est le nom complet qu’ils ont tous deux donné à la structure que dirige Mine. Deux semaines durant, six auteurs qu’ils ont sélectionnés sur dossier, réfléchissent, échangent, partagent, s’abreuvent de conseils émis par quelques autres sommités : producteurs, auteurs, réalisateurs, mais aussi scientifiques, sociologues, philosophes, journalistes, économistes, comédiens, tous genres confondus. Les six notent, « dénotent », écrivent, raient, effacent, réajustent leurs récits, fonction des retours qui leur sont faits. Écrire n’a rien d’évident. Pas plus que de s’orienter dans les méandres d’une possible production. Peu avant ma venue est intervenue auprès d’eux une responsable d’Arte : pour transmettre, informer, guider et, si jamais, par après, accompagner. Quel que soit le format choisi, un film doit séduire, interroger, étonner pour transformer un rêve en ambition matérialisée. Étienne l’a lui-même expérimenté par le passé : année 2020, avec le dessinateur de presse Aurélien Froment. Josep : c’était l’histoire d’un exode vers la France ; celui des réfugiés de la guerre civile espagnole. Entre autres récompenses : le César du meilleur film d’animation, et bientôt, me confie Mine, une autre création à savourer.
Au fil des ans, le Centre n’a cessé d’étonner et de récolter les fruits de son accompagnement : du festival Cannes ACID jusqu’au New York Urban World, en passant par le Los Angeles COLCOA ou le Festival International du Documentaire de Buenos Aires. Ceci au point que d’autres rêves et envies ont commencé à naître jusqu’à imaginer Saint-Quirin se projeter jusqu’aux frontières de la mer Noire. Sofia, pour commencer, où une réunion attend déjà Mine. Puis, aimerait-elle, Istanbul, comme pour relier ses racines à ses branches quirinoises. Et les nourrir de la singularité de leurs lumières. ←
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Par Thierry Jobard ☛ Contre les pessimistes, déclinistes et autres fumistes, il est temps de rappeler que nous vivons une époque bénie. Nous sommes en démocratie, dans un modèle de libre-échange et sous le règne du néo-libéralisme. Donc nous sommes libres comme jamais, n’est-ce pas ?
Liberté chérie
(c) Jeff Siepman
F[F]oin des outrances et des lamentations 1. Il est bon de rétablir certaines vérités et de rappeler les évidences que nous perdons trop facilement de vue. Nous comptons parmi les premières économies mondiales. Nous pouvons élire nos représentants politiques et nos dirigeants vertueux en citoyens consciencieux. Nous bénéficions d’un des meilleurs systèmes de santé. Nous promouvons inlassablement un vivre-ensemble inclusif. Nous comptons certaines des plus grandes fortunes mondiales qui, grâce à leurs investissements, permettent un ruissellement des richesses. Bien sûr le Marché a parfois besoin de petits réajustements. Par exemple, lors des dernières crises financières l’État a dû injecter de l’argent dans les banques qui avaient spéculé d’une manière un peu espiègle. Mais pour ce qui est de l’emploi, on nous l’a dit, il suffit de traverser la rue (en marchant sur les passages piétons). Dans le pire des cas, il reste l’assistanat pour entretenir ceux qui ne veulent pas travailler. Mais ce n’est pas tout. Regardez quelle ampleur ont pris nos libertés individuelles. On s’aime, on ne s’aime plus, on passe à autre chose. On est bisexuel, pansexuel, asexuel, demisexuel, graysexuel, sans que ça pose problème. On peut changer de sexe, de genre, se faire enlever du gras, se faire ajouter de la poitrine, se faire enlever des rides, se faire ajouter du cerveau. Ah non, pas ça. Quoique, les avancées en matière d’implantation de puces sont prometteuses 2. Je ne parlerais même pas de l’Intelligence Artificielle qui est en passe de supplanter la connerie naturelle.
Bref, nous vivons une ère de libertés et d’épanouissement sans pareille. Quel beau pays que la France ! Bien entendu une telle profusion de grâces suscite des jalousies, surtout de la part des autres. Mais on sait bien que les étrangers ont toujours tort.
J’en étais là de mes réflexions satisfaites lorsque je dû me rendre à la hâte dans un supermarché, un samedi soir (quand se décidera-t-on enfin à ouvrir les commerces 24h sur 24 ?), afin de faire profiter mes enfants des produits ultratransformés de l’agro-industrie en leur achetant des chips. Normalement c’est à mon épouse de s’occuper de ce genre de choses, mais il restait des lessives à faire et je me suis dévoué de bon cœur. Il faut savoir rendre service de temps en temps. Cependant face au rayon concerné je fus pris d’un grand désarroi : que choisir ? Je comptais en effet – horresco referens – une centaine de types différents de chips 3. Évidemment personne ne répondait à mes appels téléphoniques angoissés. Et je restais longtemps dans l’indécision tel l’âne de Buridan. Je me sermonnais, n’étais-je pas un digne spécimen d’homo oeconomicus, c’est-à-dire un agent libre de décider en toute connaissance de cause et donc de faire le meilleur choix pour moi ? J’optais finalement pour le plus consensuel : parfum anguille fumée. Or, étrangement, mon choix fut accueilli avec la dernière mauvaise foi et me valut l’opprobre général : « Mais put* pourquoi tu as choisi un truc aussi dég* !? ». Il est dans le destin de l’homme de bien de subir l’ingratitude de ses semblables.
Cependant face au rayon concerné je fus pris d’un grand désarroi : que choisir ?
Je me drapais noblement dans ma dignité offensée en arguant que tel était le fruit de mon libre-arbitre.
Je me drapais noblement dans ma dignité offensée en arguant que tel était le fruit de mon libre-arbitre mais le mal était fait et je me répétais intérieurement : pourquoi avais-je donc fait ce choix ? Par lassitude ? Au hasard ? Parce que le poisson est riche en phosphore ? Avais-je vraiment choisi ? Ou bien ma décision finale n’était-elle que le résultat d’une série de causes et d’effets m’ayant conduit inexorablement à acheter de la merd* ? J’acquis peu à peu la conviction que, plus qu’une expérience d’achat, ma mésaventure au supermarché était une expérience de pensée. Il en est une autre, relatée par Thomas Nagel 4. Vous êtes à la cantine de votre entreprise, et pour le dessert vous avez le choix entre une pomme et une part de Forêt-Noire. L’été approche et vous êtes conscient qu’il faut préparer votre summer body. Mais vous choisissez la bonne grosse tranche crémeuse de gâteau. Après le repas, bien lesté du bidon, vous vous dites « J’aurais pu prendre la pomme ». Si vous aviez déjeuné avec cette connasse de Jennifer-de-la-compta qui pratique assidûment la zumba, vous auriez sans doute choisi la pomme. Jusqu’au dernier moment, vous avez hésité. Il n’était donc pas inscrit, il n’était pas déterminé que vous deviez prendre la Forêt-Noire. Plus encore, c’est à l’instant même, en le faisant, que votre main s’est dirigée vers cette damnée pâtisserie.
On sait bien que des goûts et des couleurs on ne discute pas. Et pour cause, loin d’être anodins, la sociologie nous apprend qu’ils ne sont aucunement l’effet du hasard, mais bien l’expression de notre position sociale 5. Aurais-je donc des goûts de chiottes ?
Mais pour Bourdieu nous ne sommes pas entièrement déterminés et il existe chez les acteurs une part de stratégie, donc une forme de liberté contrainte par les déterminations sociales. On voit que le libre-arbitre n’est déjà plus tellement impavide.
Pire encore selon Robert Sapolsky, neuroscientifique reconnu, qui relate un certain nombre d’expériences aux résultats désormais clairement établis 6. On y apprend que nos décisions sont prises avant même que nous en ayons conscience, que nos attitudes sont influencées à la fois par le niveau des hormones et les variants de leurs récepteurs dans notre cerveau. Et impossible de montrer en amont de la chaîne causale qu’émerge une décision spontanée. Voilà de quoi relativiser singulièrement les décisions que nous sommes censés prendre librement. Dès lors, il n’y a que peu d’options possibles. Soit nous sommes libres (et alors il faut prouver qu’existent des actes de pure volonté) soit nous sommes déterminés. La troisième possibilité, dite comptabiliste estime que l’on peut ménager une petite place sur les bords pour le libre arbitre. Entre le produit d’une évolution millénaire, les influences de l’environnement, le rôle des gènes et des protéines, la façon dont nous avons réagi aux expériences passées (la petite marge de manœuvre), on ne peut pas dire que nous changeons, nous sommes changés.
Vous voyez où cela mène : si le libre-arbitre n’existe pas, la responsabilité morale non plus. Et là c’est la merde. À suivre le raisonnement à son terme, il apparaît que le libre-arbitre n’est qu’une illusion. Il est des illusions nécessaires. ←
1. Je précise d’emblée à l’intention de toutes celles et tout ceux qui sont porteurs et porteuses du gène du premier degré qu’ils risquent une forme de dissonance cognitive à poursuivre la lecture.
2. Neuralink, la start-up d’Elon Musk montre le chemin du progrès de l’humanité www.lesechos. fr/tech-medias/hightech/ neuralink-apres-sa-premiereimplantation-dans-un-cerveauhumain-la-puce-rencontre-undysfonctionnement-2093989
3. Le marché de la chips représente près d’un milliard d’euros et sa consommation a augmenté de 42 % en 10 ans. Pour un apport nutritionnel proche du néant.
4. Thomas Nagel, Qu’est-ce que tout cela veut dire ? Éditions de l’Éclat, 2007.
5. Bourdieu, La distinction, Critique sociale du jugement, éditions de Minuit, 1982.
6
Robert Sapolsky, Déterminisme, une science de la vie sans libre arbitre, éditions Arpa, 2025.
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Par Jessica Ouellet ☛ Depuis quelques années, les chefs français valorisent les techniques traditionnelles et les préparations épurées. La démarche s’oriente ainsi vers les produits bruts, la sobriété esthétique, et les cuissons à la braise et la flamme. Cette réévaluation des fondamentaux fait écho dans le monde de la bière, où la pils (re)gagne en légitimité.
Où sont les pils ?
J[J]usqu’aux années 2000, la bière industrielle domine largement, avec une offre assez homogène. Puis la recherche d’authenticité marque un tournant. On assiste alors à un crescendo des goûts marqués comme étendards de qualité. Les bières très houblonnées, acides ou vieillies en fût deviennent des marques de reconnaissance entre passionnés. L’explosion des bières expérimentales suit les goûts polarisés de l’époque. C’est qu’au même moment, la domination des vins « parkerisés » (du nom du célèbre critique américain Robert Parker) bat son plein et le café monte en intensité.
Contrairement à la pensée populaire, les propriétés rafraîchissantes de la bière ne lui sont pas inhérentes. Elles restent néanmoins attirantes, surtout dans un contexte estival. Pour leur part, les bières marquées par des goûts ultra-amers, alcoolisés ou aromatiques, sollicitent généralement la curiosité plus que la soif. Conçues pour créer une exploration gustative, elles engendrent – après quelques verres – une saturation sensorielle.
« Dans le secteur brassicole, il y avait un désert il y a 15 ans, et tout a été expérimenté », avance Christian Artzner, maître brasseur à la brasserie Perle de Strasbourg. Arrière-arrière-petit-fils du fondateur, il a fait renaitre la marque de ses ancêtres en créant une pils inspirée par la recette originale. Ce style – inhérent à la brasserie Perle – a inscrit l’entreprise dans le paysage brassicole alsacien. Historiquement vendue en volume, la pils souffre d’une sous-valorisation par le
grand public, alors qu’elle exige une grande précision et un coût de production élevé. Elle contient si peu d’ingrédients que chaque défaut est amplifié. C’est pourquoi certaines microbrasseries attendent plusieurs années avant de se lancer dans une pils, et d’autres préfèrent produire des ales (comme des IPA), plus rapides à brasser et plus tolérantes aux erreurs.
Monsieur Artzner admet un retour aux sources chez les consommateurs. En témoignent aussi les concours – comme le World Beer Awards – où les pils reviennent sur le devant de la scène. Même son de cloche dans les publications spécialisées qui parlent du « Lager Renaissance ». Il ne s’agit pas d’une simple tendance passagère. Il s’agit d’un changement profond dans la façon dont brasseurs et consommateurs perçoivent l’équilibre, la tradition et la nuance 1. C’est que le retour aux styles classiques est un signe d’une maturité du marché. Dans le verre – et dans l’assiette – la quête de simplicité valorise la précision plutôt que la surenchère aromatique ou visuelle. Savoureuses sans être agressives, complexes sans être épuisantes 2, les pils sont fiables en ce sens où elles ne fatiguent pas les papilles. Légères, équilibrées, et particulièrement digestes, elles répondent aussi à un besoin de repères clairs, qui n’est pas anodin à notre époque. ←
1. Renée Garrahan, What’s Driving the Craft Lager Renaissance, craftbeerindustry.com, 1er juillet 2025.
2. Ibid.
La Pils de la Brasserie Perle
• Visite VIP : Arrivée des joueurs, zone mixte, salle de presse, bord terrain
• Repas semi-gastronomique dans le salon "Les Coulisses" et sélection de boissons
• Vue unique sur le tunnel d'entrée des joueurs
• Maillot offert
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Les sélections de la rédaction
Chaque trimestre, les membres de la rédaction de Or Norme ont lu, écouté, visionné l’essentiel de ce qu’on lui fait parvenir. Ces pages font part de leurs coups de cœur...
Par Olivier Métral ☛ Autrefois biologiste, aujourd’hui journaliste, mais depuis toujours hédoniste, je ne refuse jamais un ver (re), qu’il soit de Baudelaire ou de gewurztraminer. J’aime le rock progressif des années 70, le crachin des Highlands, le couscous de ma mère sétifienne, le cinéma de Ken Loach, les parcours atypiques, les dessins de Lefred-Thouron et l’accent du Grésivaudan.
La Route Manu Larcenet
Rarement la peur, l’angoisse, le froid, le vide et la terreur n’ont été si bien représentés que dans cette adaptation du roman post-apocalyptique de Cormac McCarthy, porté plus tôt à l’écran par John Hillcoat, avec Viggo Mortensen dans le rôle phare. Un père et son fils livrent là le combat (peu) ordinaire de leur propre survie parmi des hordes de nomades cannibales, dans un monde dépourvu de toute humanité, si ce n’est celle aussi naïve que sincère du jeune garçon. ←
Borgo Stéphane Demoustier
Construit sur une double temporalité qui exacerbe sa puissance narrative, ce thriller carcéral suit le parcours sur un fil d’une surveillante pénitentiaire prise dans la toile mafieuse du banditisme corse et de ses guerres claniques. Tout en nuances et en subtilité, le jeu de Hafsia Herzi (César de la meilleure actrice) ballotte le spectateur sur l’ambivalence de son impénétrable personnage et les dilemmes moraux qu’on lui devine. Captivant ! ← LIVRE
SORTI depuis avril 2024
DURÉE 1h58min
PARU EN mars 2024
AUX ÉDITIONS Dargaud
COMBIEN 29,95 €
PAGES 160
GENRE Drame
PAR Stéphane Demoustier
AVEC Hafsia Herzi, Moussa Mansaly, Louis Memmi
MUSIQUE
Donal Fagen
The Nightfly
À la frontière de la pop, du rock, du smooth jazz et même de la funk, le premier album solo de Donald Fagen, cofondateur du groupe Steely Dan, impressionne toujours autant par sa modernité, malgré ses 40 ans bien sonnés. Le chanteur-claviériste américain y égraine ses souvenirs d’ado de la fin des fifties sur des mélodies impeccables aux arrangements hyper sophistiqués. Un son juste parfait et quelques titres, comme New Frontier et I.G.Y, qui résonnent comme des chefs-d’œuvre indémodables. ←
SORTIE octobre 1982
LABEL Warner Bros, Records À ÉCOUTER SUR www.open.spotify.com
Par Marine Dumény ☛ Fille du Sud, journaliste à Strasbourg, j’ai grandi au milieu des livres, entre histoire et mémoire de mes grands-parents. La littérature étrangère m’embarque loin, mais quand je pars vraiment, c’est en train de nuit, vitres noires, paysages qui défilent, souffle du monde autour de moi. L’automne strasbourgeois m’enveloppe de lumière dorée, de plaids et de pumpkin spice latte, entre librairies et longues randonnées.
Beautiful Friendship
In a Christmas Mood
Né sur les bœufs de jazz entre la Krutenau et le quartier des Halles, le duo strasbourgeois Beautiful Friendship incarne cette magie des rencontres musicales imprévues. Julieta, chanteuse argentine, et Antonin, musicien français, mêlent leurs univers dans un dialogue feutré. Leur dernier mini-album, In a Christmas Mood (décembre 2024), distille trois morceaux doux comme un soir d’hiver : un jazz élégant, complice, fait pour accompagner la lumière d’une bougie ou la neige derrière la vitre. À savourer avec un verre de vin chaud, pour partager un peu de chaleur. ←
À ÉCOUTER SUR Spotify, Deezer
Au revoir les chats ! Hiro Arikawa
Dans Au revoir les chats !, Hiro Arikawa renoue avec la tendresse et la profondeur qui avaient marqué Les Mémoires d’un chat. À travers sept nouvelles, elle nous fait voyager dans le Japon des humains vus par leurs compagnons félins. De la perte à la joie, de l’absence au renouveau, chaque récit effleure ce qui rend la vie fragile et précieuse. On y retrouve Hachi, le chat de Satoru, et avec lui cette façon si japonaise de parler du deuil sans jamais s’y enfermer. À lire emmitouflé(e) dans un plaid, un matcha latte mousseux à la main – le goût du Japon et le réconfort d’une page tournée. ←
PARU EN novembre 2023
AUX ÉDITIONS Actes sud COMBIEN 21,90 €
PAGES 256
Entre nuit et lumière
Le podcast du Mur des Noms
Porté par la Région Grand Est, ce podcast réunit les journalistes strasbourgeoises Maud de Carpentier et Stéphanie Wenger, sous la réalisation délicate d’Anna Buy. Ensemble, elles donnent voix à dix destins d’Alsaciens et de Mosellans morts pendant la Seconde Guerre mondiale — civils, incorporés de force, résistants, communautés persécutées. Par les témoignages, les archives et la justesse des récits, Entre nuit et lumière tisse un hommage vibrant à ceux qu’on oublie trop souvent. À écouter le soir, un thé fumé à la main, pour accompagner ces voix qui montent des cendres et des souvenirs. ←
À RETROUVER SUR Radio France, Ausha, Soundcloud et YouTube
Redécouvrez un Noël authentique, artisanal, local, responsable, solidaire et inclusif.
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26 nov.
24 déc.
Par Salomé Dollinger ☛ J’aime les livres qui questionnent notre rapport à soi, aux autres et à la vie en général ; qui parlent de liberté, de conscience et de plaisir simple. « Dis-moi ce que tu lis, je te dirai qui tu es », chez moi ça donnerait : une éternelle optimiste, ancrée dans le réel, mais jamais à court d’imagination !
Moi qui n’ai pas connu les hommes
Jacqueline Harpman
Ma libraire m’avait prévenue : il faut aimer les fins ouvertes. Celles qui offrent au lecteur la liberté vertigineuse de mettre le point final. Dans ce huis clos cauchemardesque, quarante femmes sont enfermées dans une cave : privées de repères, surveillées par des gardes muets. Puis une alarme, des clés oubliées sur la serrure... et elles remontent à la surface d’une terre déserte, à la recherche d’autres humains ou d’une explication. Écrite il y a 30 ans, par une autrice belge aujourd’hui disparue, cette dystopie s’émancipe en phénomène littéraire. ←
PARUTION ORIGINALE EN 1997
AUX ÉDITIONS Stock COMBIEN 19,90 €
PAGES 272
Cessez d’être gentil, soyez vrai !
Thomas d’Ansembourg
Derrière ce titre provocateur, une invitation : quitter le masque du bon élève pour renouer avec soi. Thomas d’Ansembourg y explore les mécanismes qui nous coupent de nos émotions et de nos besoins, et nous guide vers une communication plus consciente. Un ouvrage salutaire, qui agit comme un miroir : parfois, le reflet ne nous plaît guère, mais c’est ainsi qu’il éclaire notre inconscient. Facile à lire et bien illustré, ce livre apprend à oser être soi sans (s’) écraser. ←
Cessez d’être gentil, soyez vrai ! Être avec les autres en restant soi-même
PARU EN 2004
AUX ÉDITIONS de l’Homme
PAGES 249
Le Journal de Clémentine Clémentine Vergnaud
Quand la maladie s’invite dans une vie qui semblait sur les rails, que reste-t-il à dire, à espérer, à entendre ? J’ai trouvé refuge dans ce récit trempé de vérité, parce qu’un cancer s’est invité dans la vie d’une amie, et que je cherchais des mots. Clémentine traverse l’ombre, nomme la peur, les silences. Son livre s’ouvre comme une confidence et se clôt dans une postface de son mari. Dans ce que cette journaliste (de mon âge) n’a pas vécu, on entend tout. Ce qu’elle espérait en écrivant – laisser une trace –, elle l’a accompli avec une force et une justesse bouleversantes. ←
PARU EN octobre 2024
AUX ÉDITIONS du Seuil/Fiction & Cie
COMBIEN 18 €
PAGES 192
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Or Champ est une tribune libre confiée à une personnalité par la rédaction de Or Norme. Comme toute tribune libre, elle n’engage pas la responsabilité de la rédaction de la revue, mais la seule responsabilité de sa ou son signataire.
I trump, you trump, he trumps, we trump!
Par Patrice Schumacher, Président du Club de la Presse Strasbourg Europe.
Photographie : DR
À moins de s’imposer une déconnexion médiatique radicale, vivre une journée sans intrusion de Donald Trump dans sa paisible existence relève d’une douce utopie.
Dans les matinales radio, les quotidiens, les magazines, sur les réseaux sociaux, les chaînes info, pas un jour sans Donald ! Minute par minute, le monde entier semble vibrer au rythme des échos de ses éminentes déclarations. Le président américain dispose d’un talent qu’il faut humblement reconnaître et que bien des personnalités publiques lui envient, l’ubiquité médiatique.
Ainsi, l’homme à la mèche blonde et au teint carotéïné s’immisce dans nos vies de façon inédite, comme aucune autre personnalité avant lui.
Selon l’INA, qui scrute les mentions verbales dans les journaux télévisés, Donald Trump est trois fois plus tendance qu’Emmanuel Macron. La plateforme Tagaday, spécialisée dans l’analyse de la présence médiatique des personnalités, complète le diagnostic et relève 590 000 contenus mentionnant Donald Trump dans la presse française au premier semestre 2025. À n’en pas douter, la barre du million de citations sera franchie en cette fin d’année.
Et malgré la densité de l’actualité politique hexagonale, Emmanuel Macron est à la peine. Lui qui trônait en tête des personnalités les plus médiatisées depuis douze ans consécutifs doit céder la pole position.
Donald est au zénith de l’influence.
Game over Manu ! Exubérant, imprévisible, excessif, autoritaire, impulsif, Trump est un ovni. Climatosceptique,
Patrice Schumacher, journaliste de télévision, a été élu président du Club de la presse Strasbourg Europe en avril 2025.
Donald s’attache à faire lui-même la pluie et le beau temps sur la planète. Ses indéniables résultats politiques, il les obtient au forceps. Le rapport de force est idéologisé. Il décide de la paix ou de la guerre, rêve du prix Nobel tout en lorgnant sur le Groenland et le Canada, taxe ou détaxe selon ses intérêts, choisit les médias et les universités qu’il juge dignes de confiance. Des postures de maître du monde en somme, ou d’homme-orchestre version heavy metal.
L’hypermédiatisation des faits et gestes de Trump infuse aussi les cerveaux français. Son style, ses méthodes musclées, ses idées simplistes semblent légitimer la radicalité en politique. En France, la polarisation atteint un paroxysme, et cette « trumpisation » des esprits contribue à écarter dangereusement le compromis comme valeur cardinale de la vie en société.
Alors il devient urgent de réhabiliter certaines notions essentielles avant qu’elles ne deviennent totalement has been. Défendons avec vigueur les vertus de la nuance, de la mesure, de l’écoute, de l’empathie, des échanges directs et des débats d’idées. Respirons. Prenons de la hauteur. Résistons à l’infobésité qui nous guette, aux torrents de la désinformation qui nous submergent avant qu’ils nous emportent dans leurs tourbillons.
Après les journées sans tabac, sans voiture, sans alcool... ne serait-il pas temps d’instaurer une journée sans Donald, tel un moment de déconnexion, loin de la radicalité que le monde contemporain semble vouloir nous imposer ? ←
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