MARS 2025

Richard Malka
« Le combat pour les libertés est un combat constant. »
Rencontre
En révolte avec Shab
Le convoi oublié La déportation des tziganes alsaciens
MARS 2025
Richard Malka
« Le combat pour les libertés est un combat constant. »
Rencontre
En révolte avec Shab
Le convoi oublié La déportation des tziganes alsaciens
Par Patrick Adler, directeur de la publication.
« Femmes, c’est vous qui tenez entre vos mains le salut du monde.
Léon Tolstoï, écrivain russe (1828-1910)
Et si c’étaient les Iraniennes qui tenaient entre leurs mains le salut du monde d’aujourd’hui ? Ne faudrait-il pas l’espérer ? Car qui, dans ce monde devenu fou, fait preuve de plus de courage que ces femmes ?
Elles sont aujourd’hui le visage de la résistance face à l’obscurantisme : les femmes iraniennes mènent une lutte sans relâche contre les mollahs et l’islamisme radical.
Elles refusent de plier sous le joug d’un régime qui nie leurs droits les plus fondamentaux. Depuis le meurtre de Mahsa Amini en septembre 2022, elles ont érigé en cri de ralliement trois mots devenus le symbole d’une révolte universelle : Femme, Vie, Liberté.
Ce combat quotidien, elles le mènent au prix de leur sécurité, de leur liberté, parfois de leur vie. Harcelées, emprisonnées, torturées, assassinées, elles continuent pourtant de se dresser contre l’oppression. Elles défient le voile imposé, réclament le droit de choisir leur destin, revendiquent une vie digne, affranchie de la terreur et de la soumission.
C’est cette force d’âme qui leur a permis, presque à elles seules, d’avoir la lucidité et la bravoure de soutenir les femmes israéliennes victimes des atrocités du 7 octobre 2023. Dans un contexte mondial où tant de voix se sont tues par peur, calcul ou simplement par antisémitisme, elles ont été de celles qui ont osé parler, dénoncer, s’insurger. Elles savent mieux que quiconque ce que signifie la barbarie islamiste, car elles en sont les premières cibles depuis des décennies.
C’est donc avec une immense fierté que nous affichons en couverture de notre magazine une illustration forte : celle d’une Iranienne, blessée mais fière, la chevelure apparente et le regard bien que meurtri, défiant l’adversité.
C’est l’artiste franco-iranienne Shab, qui est l’auteure de cette illustration, comme de celle que vous découvrirez dans ces pages, et qui exprime son soutien à la famille de Yarden Bibas, dont l’épouse et les deux petits garçons ont été enlevés puis assassinés par les terroristes du Hamas.
Ce n’est sans doute pas un hasard non plus si les mouvements Femme, Vie, Liberté en France (notamment le collectif Femme Azadi, représentée par Mona Jafarian) font entendre leur voix pour défendre une autre cause : celle de Boualem Sansal. L’écrivain franco-algérien, figure de la liberté de pensée dans le monde arabe, et injustement emprisonné en Algérie alors qu’il est malade et âgé.
Les femmes Iraniennes incarnent mieux que quiconque la résistance à l’oppression, la soif de dignité, le refus de la soumission.
Leur lutte n’est pas seulement celle de l’Iran, elle est universelle. Car l’ennemi qu’elles affrontent est aussi celui qui menace le monde entier : l’islamisme radical. Et face à lui, elles nous rappellent que la liberté n’est jamais acquise, qu’elle se conquiert et se défend chaque jour, au prix du courage et du sacrifice.
Que leur combat nous inspire et nous oblige. ←
Les événements à ne pas manquer
Cette nouvelle génération qui réinvente les étoiles
Cinq chefs, tous aussi talentueux que singuliers 22
Cécile Kohler toujours otage des mollahs
Sa sœur témoigne 24
Un café... et plus si affinités ↓
Des lieux hybrides qui réinventent la pause gourmande 18
#IS25 : En-jeux
Tennis : le retour des Internationaux de Strasbourg 20
La Tech face aux violences faites aux femmes
Les nouvelles technologies au secours des femmes
26
Ça va piquer !
Le frelon asiatique devrait rapidement proliférer 28
À la manufacture avec Aude Fuchs 30
À l’ombre de Césaire avec Mike Sapwe 32
En révolte avec Shab 34
Dans son appartement avec Philippe Lechermeier 38
Au labo avec Rose-Marie & Ghislain Auclair 40
Dans sa caravane avec ↓ Marie « Tchaïa » Hubert 42
Au commissariat avec Joël Irion 46
Au bureau avec Stéphane Chauffriat 50
L’interview
Richard Malka 54
Dossier
Le vélo, une passion strasbourgeoise 62
L’inventaire
Le cadenas, c’est où tu peux, comme tu peux ! 76
Dossier ↓
Le sport féminin à Strasbourg 78
☛
Décryptage
Le sport féminin en data 90
Portfolio
Simon Pagès 92
Un pays dans ma ville
Le Mexique 102
Chroniques
Le convoi oublié
Chronique Mémoire 106
Pays fictif et nouvelle ovalité
Chronique d’Ukraine 110
Or Norme n°56 – Mars 2025 est une publication éditée par Ornormedias
1 rue du Temple Neuf – 67000 Strasbourg. Dépôt légal : à parution – N°ISSN : 2272-9461 contact@ornorme.fr – www.ornorme.fr
Suivez-nous sur les réseaux sociaux. Facebook, Instagram, X & Linkedin
Couverture Illustration par Shab
Instagram : @Shabillustre
Directeur de la publication et de la rédaction Patrick Adler (patrick@adler.fr)
Directrice Projet Lisa Haller (l.h.)
Publicité Régis Pietronave (publicité@ornorme.fr)
Le jour où... Strasbourg a accueilli un zoo humain
Chronique Histoire 112
Lettre versane 1
Chronique d’Ailleurs 116
De raisins, d’amour et d’eau fraîche
Chronique Vins 118
Ça va sans dire ↓
Chronique Parti-Pris 120
Business
Comment ça va chez... Alsace Lait 124
Sélections par la rédaction de Or Norme 128
☛
Or Champ par Mine Günbay 134
Rédaction (redaction@ornorme.fr)
Lucie Coniel (l.c.) – Salomé Dollinger (s.d.)
Marine Dumeny (m.d.) – Hélène Edel (h.e.)
Jean-Luc Fournier (j-l.f.) – Guylaine Gavroy (g.g.)
Isabelle Baladine Howald (i.b.h.) – Thierry Jobard (t.J.)
Véronique Leblanc (v.l.) – Alain Leroy (A.l.) – Olivier Métral (o.m.)
Christophe Nonnenmacher (c.n.) – Jessica Ouellet (J.o.)
Barbara Romero (b.r.) – Sébastien Ruffet (s.r.)
Photographie Pascal Bastien – Tobias Canales
Alban Hefti – Abdesslam Mirdass – Simon Pagès
Caroline Paulus – Sabrina Schwartz – Christophe Urbain
Direction artistique et mise en page
Cercle Studio (cerclestudio.com)
Impression Imprimé en CE
Comment raconter le présent dans un monde en crise ?
L’exposition Évidence soulève cette question avec les œuvres de quatre artistes internationaux : Mounira Al Solh, Nino Bulling, Neïla Czermak Ichti et Mazen Kerbaj. Par des approches personnelles et militantes, ces artistes tissent des liens entre l’intime et le politique, utilisant le dessin, la peinture et la broderie pour questionner notre époque. Un dialogue puissant entre narration visuelle et engagement personnel. l.h.
→Évidence. Dessiner le présent. Commissariat : Anna Sailer, conservatrice du musée Tomi Ungerer Du 21 mars au 28 septembre 2025 Musée Tomi Ungerer – Centre international de l’illustration 2 avenue de la Marseillaise à Strasbourg
Il y a eu le Japon, l’Argentine, l’Inde, le Liban, les peuples tsiganes et slaves, mais aussi l’Utopie. Tous les ans, Arsmondo est une invitation au voyage ; une exploration fascinante des cultures du monde à travers l’art, où se mêlent réflexion et partage. C’est en Méditerranée que nous invite cette fois l’Opéra national du Rhin, du 24 avril au 20 mai. Souvent décrit comme un « carrefour de civilisations », Arsmondo mettra en lumière toute la richesse et la complexité du bassin méditerranéen, qui se veut, tour à tour pont et frontière, marqué par des échanges commerciaux abondants, des conflits violents et des dialogues
intellectuels féconds, autant que par des migrations et des métissages culturels qui façonnent la pensée et notre histoire. Festival interdisciplinaire, son programme éclectique réunira de nombreux partenaires et lieux strasbourgeois autour de projections de films, d’expos, concerts, performances chorégraphiques, jeux culinaires, conférences et tables rondes, qui permettront au public de rencontrer une multitude d’artistes et de penseurs qui, du sud de l’Europe au nord de l’Afrique, en passant par le Proche-Orient, inviteront à plonger dans l’univers méditerranéen, son héritage et ses enjeux contemporains. l.h.
→La programmation, révélée le 20 mars prochain, est signée Camille de Fréminville et Antonio Cuenca Ruiz. www.onr.fr
Si mars marque le retour du printemps, il est aussi le mois où fleurissent les initiatives dédiées aux luttes féministes, prenant racine autour de la journée internationale pour les droits des femmes du 8 mars. C’est dans cet esprit de renouveau que, depuis trois ans, les Bibliothèques Idéales ont donné naissance à leur festival Le Temps des Féminismes : des journées dédiées à la révolution féministe et à ses enjeux contemporains, mais aussi aux destins exceptionnels de celles qui ont tracé, avec audace et détermination, des chemins vers l’égalité. Un temps pour réfléchir, échanger, et célébrer les combats féministes à travers l’art et la pensée. Pour cette édition sont proposés plus de 30 événements mêlant débats, rencontres croisées, grands entretiens, lectures et concerts, qui exploreront des thématiques essentielles illustrant la période post-#MeToo, telles que la redéfinition des normes de la féminité et des héroïnes contemporaines, les violences sexuelles et sexistes. Le festival se déroulera dans le cadre atypique et inclusif de la paroisse Saint-Guillaume, lieu idéal prêt à accueillir le public de plus en plus nombreux des Bibliothèques idéales. Au programme, des rencontres avec des figures emblématiques telles que Caroline Darian, Chloé Delaume, Rokhaya Diallo, Nesrine Slaoui, Laurie Laufer, Boris Cyrulnik, Camille Laurens, Christine Orban, Eva Ionesco, entre autres. l.h.
→ Programme complet sur biblideales.fr
ÉVÉNEMENT
Imaginez une nuit où plus de 3 000 musées à travers l’Europe vous ouvrent gratuitement leurs portes, vous invitant à explorer jusqu’à tard dans la nuit. Parcours inédits, animations, spectacle vivant, etc. des musées qui se dévoilent grâce à la nuit, sous un autre jour ! Ce n’est pas un rêve, mais bien la réalité de la Nuit européenne des Musées, qui revient le samedi 17 mai 2025. Strasbourg, bien sûr, sera au rendez-vous pour cette 21e édition. Après une précédente édition perturbée par un manque de personnel, on espère que cette année les musées auront à nouveau le cœur à la fête et pourront accueillir les nombreux Strasbourgeois désireux de (re)découvrir leurs musées emblématiques. l.h.
→Programme (à venir) sur www.musees.strasbourg.eu
15 ANS
OR NORME
Or Norme ouvre cette année 2025 avec une toute nouvelle maquette que vous avez entre les mains à l’occasion de ce numéro 56. Nous espérons que vous éprouverez autant de plaisir à la découvrir que nous en avons eu à la produire avec nos amis de Cercle Studio, qui nous accompagnent depuis plus de quatre ans maintenant pour la maquette et la mise en page de notre magazine. Il fallait bien ça pour Or Norme, qui fêtera en cette fin d’année ses 15 ans d’existence ! Un événement sur lequel nous aurons bien sûr l’occasion de revenir prochainement. En attendant, chers lecteurs, bonne lecture et belle découverte à vous tous.
Ultima Outlet
Créateurs des quatre boutiques Ultima à Strasbourg et gérants de High, Michèle et Philippe Moubarak ont craqué sur un nouvel emplacement rue de la Mésange sans savoir encore quoi y proposer. Ils ont finalement décidé d’y déstocker leurs anciennes collections entre moins 30 % et moins 60 %, réussissant le pari du premier Outlet de marques de luxe en plein cœur de la ville. Balenciaga, Fendi, Gucci, Prada homme, Givenchy... Amoureux de belles pièces, c’est rue de la Mésange que cela se passe ! b.r.
→ 16 rue de la Mésange, Strasbourg
Chef pâtissier pendant une dizaine d’années de la Villa René Lalique, Nicolas Multon s’apprête à voler de ses propres ailes dans la capitale alsacienne. Il dévoilera courant mai son Ill flottante, un salon de thé pensé comme un lieu de vie hybride entre restauration et pâtisserie du petit-déjeuner à l’afterwork. « Je n’hésiterai pas à proposer des desserts éphémères suivant la saisonnalité, tout comme pour la partie restauration avec des produits en circuit court, avec un gros travail sur les fruits et légumes », confie-t-il. Un chef prêt à casser les codes et à revisiter les grands classiques de la pâtisserie française, telle sa fameuse île flottante version salée. Nicolas Multon innovera aussi avec des afternoon tea dignes des meilleures adresses londoniennes, ou des afterworks de 18h à 20h autour du comptoir en métal couleur champagne de huit mètres de long. Côté ambiance, l’Ill flottante misera sur une déco rétro-contemporaine à travers du mobilier des années 60 en réédition, et des touches plus design comme ses miroirs noirs et belles banquettes. b.r.
→ 31 rue du Vieux-Marché-aux-Poissons, Strasbourg.
Sens Pressé sous pression
Résolument tourné vers l’avenir, Sens Pressé (ex-Moi Moche et Bon) fait face à un redressement judiciaire depuis mai 2024. L’ouverture de son atelier au Marché Gare de Strasbourg, en mars dernier, a marqué une étape clé, mais aussi un défi financier dans un contexte économique tendu. La petite entreprise alsacienne ne baisse cependant pas les bras. Elle explore activement de nouvelles solutions de financement et des partenariats stratégiques pour assurer la relance de son activité. Avec son savoir-faire artisanal et son ancrage local, Sens Pressé entend faire de cette épreuve une opportunité de transformation. Suite au prochain épisode... h.e.
La peinture. C’est le fil conducteur de la 15e édition du festival Central Vapeur, qui revient du 19 mars au 6 avril 2025 à Strasbourg ! Le festival strasbourgeois d’illustration envahit la ville avec des expositions, ateliers, performances et rencontres, tout en accueillant des artistes comme Brecht Vandenbroucke (Belgique), Mazen Kerbaj (Liban), Nino Bulling (Allemagne), Anouck Constant... et bien d’autres. La liste est longue, et le programme (très) éclectique ! Le point d’orgue ? Le Salon des Indépendant es, les 29 et 30 mars, au Garage Coop + CRIC, avec des débats, tables rondes, concours et remises de prix. On y va pour découvrir les dernières tendances de l’édition indépendante des arts graphiques. On y va pour soutenir la richesse de la création. On y va pour célébrer l’illustration ! l.h. → Programme complet : centralvapeur.org
LES 5 TEMPS FORTS À NE PAS MANQUER AU TEMPS DES
☛ Samedi 22 mars
grAnd entretien - Caroline Darian
La fille de Gisèle Pelicot témoigne du procès de Mazan et poursuit son combat contre la soumission chimique, et pour la vérité.
lecture performée
Chloé Delaume & Léonie Dahan-Lamort Hommage puissant à Karen Finley, artiste féministe, à travers une lecture-performance de ses textes poignants sur le sida, les violences sexistes et la santé mentale.
☛ Vendredi 28 mars
grAnd entretien
Ambre Chalumeau
La journaliste de Quotidien dévoile un premier roman où drame et comédie s’entrelacent avec une sincérité désarmante.
lecture performée
Blandine Rinkel
Une lecture musicale envoûtante sur la famille, signée Blandine Rinkel et le compositeur
Maison Pierō. Coup de cœur assuré !
☛ Dimanche 30 mars rencontre croisée
Eva Ionesco & Maren Sell
Deux autrices radicales et incandescentes, pour un moment rare… et c’est à Strasbourg !
Carnet de notes
S’EXPORTE !
Bien connue des strasbourgeois, la pétillante attachée de presse Aurélie Rigaud, alias Aurèle in the city, s’apprête à vivre une nouvelle aventure éditoriale. Après avoir eu le courage d’autoéditer ses chroniques bien connues il y a quelques années des lecteurs d’Or Norme et depuis trois ans des auditeurs de Top Music, Aurélie vient de décrocher la publication de son livre aux éditions Vérone, lui permettant de s’exporter hors Alsace, dans tous les pays francophones, grâce au réseau Hachette dont dispose la maison d’édition parisienne. Vingt chroniques contemporaines dans l’air du temps parlant d’amour, de désir, de tromperie, de l’adolescence, de l’indicible deuil aussi... Qui trouveront dès mai un nouvel écho au-delà de Strasbourg, sa « jolie ». b.r.
Généreux, esthète, original : Cédric Kuster incarne sa Casserole, restaurant gastronomique de la rue des Juifs qui fête ses 10 ans. Alors directeur du Crocodile, Cédric Kuster décide de reprendre la Casserole des Girardin un peu fébrile à tout juste 28 ans. En trois semaines, l’affaire est bouclée. « Dix ans plus tard, je suis toujours là, et heureux ! » Élégant nappage, argenterie, verres en cristal, proximité des tables : en une décennie, sa « Maison », a installé sa réputation raffinée tant dans l’assiette que le décor, avec ce petit truc en plus d’un service jeune, décomplexé, mais pour autant irréprochable.
« À l’époque, j’étais convaincu que sans étoile Michelin, je n’y arriverais pas, confie Cédric. Aujourd’hui, je réalise que la marque “La Casserole” est plus forte qu’une étoile. Si je l’obtenais, j’attirerais forcément une clientèle “d’essayeurs d’étoile” m’obligeant à refuser mes habitués. C’est impensable pour moi. Je me suis résigné. » La Casserole ne se résume pas à ses 24 couverts, mais aussi à ses dîners exclusifs dans des lieux singuliers tels une église, une serre, ou une galerie d’art... Pour ses dix ans, chaque trimestre, son restaurant revêtira les habits de l’une de ses « Casseroles insolites », et proposera l’un de ses plats-signature, tomates-mozza en trois temps, crêpe Suzette ou filet de sandre récompensé par le Trophée Haeberlin. Cédric Kuster donne également rendez-vous pour un bel événement, au cœur de la ville, mais dans un endroit encore tenu secret – c’est le principe ! – le 19 juin. b.r.
→ La Casserole. 24 rue des Juifs
Si son testing des cordons bleus de Strasbourg est parti d’un délire entre potes, la révélation de son palmarès par Pokaa a fait grand bruit ! Surtout chez le lauréat du concours de Sylvain, 38 ans, alias Monsieur Cordon bleu, à savoir Les Trois Chevaliers, avec la note de 18,9/20 ! « On avait plus de 200 appels par jour, une vraie folie » se souvient Stephan Maser, le boss avec son épouse Christine des Trois Chevaliers. « Cela étant, cela fait très plaisir, c’est hyper positif pour nous. Depuis 17 ans que l’on travaille notre cordon bleu, c’est un peu notre Grammy Award à nous ! » Une distinction parmi 35 restaurants testés par Sylvain courant 2024. « Pour ceux qui ont un mauvais souvenir de la cantine, il faut venir en Alsace pour goûter le cordon bleu » sourit Sylvain. « Je suis agréablement surpris des retours que j’ai, avec des followers qui me donnent leurs recommandations, des chefs qui commencent à me contacter pour goûter les leurs... Cela crée des échanges, c’est top ! » Saveur, texture, qualité des produits... Sylvain est reparti pour un tour des cordons bleus alsaciens avec son tableur Excel en poche avec déjà 40 nouvelles adresses à tester ! b.r.
→ Insta : @monsieur—cordonbleu
Fini les fleurs fanées, place aux bouquets qui durent ! Mamie Rose fait éclore un concept écolo et malin : des compositions de fleurs séchées et stabilisées, louées aux pros via abonnement. Une touche végétale sans contrainte, qui évolue au fil des saisons. Hôtels, restos, bureaux... Dès 59 €/mois, ces créations artisanales assemblées à Strasbourg embellissent les lieux sans jamais flétrir. s.d. → www.mamierose.fr
Besoin d’une perceuse ou d’une pierrade le temps d’une journée ?
Les Compotes, tiers-lieu du Neudorf, ont mijoté un nouveau projet. Location d’équipements à petit prix, annuaire de pros, distribution de produits d’hygiène neufs, prêt de matériel informatique, événements artistiques et culturels accessibles à tous... Ici, l’entraide et la convivialité se partagent autour d’un bon latte. s.d. → www.lescompotes.fr
Le seul concours au monde dédié à toute la diversité des vins blancs revient au Palais de la Musique et des Congrès avec quelques nouveautés. Du vin a coulé sous les ponts depuis le premier concours « Riesling du monde », créé à Strasbourg en 1999. Tous les cépages blancs, et pas seulement alsaciens, sont aujourd’hui représentés au Mondial des vins blancs, qui prépare sa 27e édition au Palais de la Musique et des Congrès, les 5 et 6 avril prochains. Au chapitre des nouveautés cette année, l’introduction de deux nouvelles catégories : celle du meilleur vin blanc issu d’un cépage autochtone et celui du meilleur vin blanc désalcoolisé ou partiellement désalcoolisé. Le Dry January, dont la ville de Strasbourg est partenaire, s’invite ainsi, en léger différé, à la table des jurés. Aux Grand Prix du jury – le Graal du concours – et des douze trophées qui concernent les différents cépages et les vins d’assemblage, s’ajoutent deux prix VINOFED (Fédération mondiale des grands concours internationaux de vins et spiritueux) pour les meilleurs vins blancs secs tranquilles et effervescents, ainsi que trois récompenses « coup de cœur ». Celles-ci consacreront tout à la fois une cuvée issue d’une première participation au concours, un vin blanc de macération et un effervescent. Enfin, et pour la première fois, les vins médaillés « Grand Prix du jury » et « Grand Or » auront à disposition les commentaires de dégustation des jurés ainsi que leurs préconisations en termes d’accords mets-vins. o.m.
Carnet d’adresses
☛ Dans les somptueux locaux de la rue de la Mésange où était installée Hermès avant de rejoindre la place Broglie, vient d’ouvrir le collectif de design scandinave Bolia. Encore méconnue des Strasbourgeois, Bolia regroupe des designers internationaux réunis autour de la qualité artisanale et du design scandinave intemporel, salués par de nombreux prix internationaux tels le E-commerce award, le Creative Circle Award, ou le World retail award. b.r. → 2 rue de la Mésange, Strasbourg Ouverture programmée au printemps
☛ Pour le plus grand bonheur des Strasbourgeoises – et des touristes – à la recherche d’accessoires ou d’objets tendance et qualis, la boutique Curieuse a récemment doublé sa surface. Son créateur, Patrick Verchot, à qui l’on doit également le concept store Curieux quai Kellermann, offre ainsi encore plus de choix pour faire plaisir ou se faire plaisir avec des exclus de marques locales ou de la trend parisienne et européenne. b.r.
→ 4 quai des Bateliers, Strasbourg
Au printemps, la brasserie La Bourse dévoilera son nouveau visage sous les traits de Louise, une néo-brasserie contemporaine sublimant le style Art déco de ce Bâtiment remarquable de plus d’un siècle d’existence.
Brasserie emblématique de Strasbourg, la Bourse ouvrira courant avril, sauf aléas du chantier. Désormais co-dirigée par le duo Jean-Noël Dron (Maison Kammerzell, Café Brant, Floderer...) et Pierre Diebold, l’établissement en grès rose de 400 m2 inauguré en 1927 se révélera sous un jour nouveau avec son fameux style Art déco revisité et twisté de touches contemporaines sous la plume des architectes et designers parisiens Olivier Lopez et Kevin Zanni.
Une grande salle, trois salons, une cuisine gourmande
Sa grande salle et sa vertigineuse hauteur sous plafond devraient faire leur petit effet avec un bar magistral en cœur de salle comme le veut désormais la tendance des grandes brasseries strasbourgeoises.
« En tant que client, j’aime m’installer au comptoir durant différents temps de la journée, pour prendre un café, un cocktail, et profiter de l’ambiance et d’une vue d’ensemble des lieux », souligne Pierre Diebold, qui ouvre ainsi à 33 ans
sa deuxième affaire avec Jean-Noël Dron après la brasserie Boehm, en plus de son premier établissement, Il Felice. Pour sublimer le lieu, les architectes ont pris le parti « d’accentuer les effets des colonnes et de reprendre les arches au niveau des niches, et une mise en valeur des piliers et l’ouverture de l’espace avec des miroirs. »
Dans le salon Rouget de l’Isle, boudoir chaleureux d’une trentaine de couverts, miroirs, moulures, et bibliothèque ajouteront à l’atmosphère intimiste de l’espace privatisable, au même titre que le salon Bugatti d’une cinquantaine de places. Avec sa verrière en verre texturé et sa cheminée d’époque, cet autre cocon de Louise devrait trouver ses habitués. Ouverte du petit déjeuner à 1h, avec cuisine en continu de 11h30 à 23h30, Louise proposera une carte brasserie suivant la saisonnalité. Une cuisine gourmande nous promet le chef Yannick Mattern, sans vouloir trop en dévoiler. b.r.
Carnet littéraire
☛ On ne pourra hélas les fêter avec Bernard Pivot, parti au paradis des livres au printemps 2024, mais on peut tout de même souffler les 50 bougies entre nous. L’émission a commencé en janvier 1975, et s’est terminée en 1990, pourtant personne ne l’a oubliée. C’était dû à la qualité de Bernard Pivot, passionné de foot et de vins tout autant que de livres, faux naïf avec une grande culture et surtout, à l’infinie curiosité. Il savait défendre aussi bien les romans populaires que les essais très « pointus ». Il a fait le grand succès d’un essai, Montaillou, village occitan de 1294 à 1334 (!), écrit par Emmanuel Le Roy Ladurie. Il y eut l’événement, avec Alexandre Soljenitsyne, extraordinaire figure, ou l’exceptionnelle Marguerite Duras et ses longs silences, le charme de son intelligence qui séduisent le jeune Bernard Pivot ébloui, rougissant, captivé. Tous les romanciers de l’époque sont passés chez lui, mais c’est lui que nous n’avons pas oublié, l’œil rieur, la mèche vive, le sourire gourmand, interviewant un Jean d’Ormesson aux anges ou un Modiano perdu dans ses phrases. i.b.h.
Ces lieux hybrides réinventent la pause gourmande en créant du lien et des expériences. Une nouvelle façon de prendre le temps... et de le savourer !
Rédaction : Salomé Dollinger Photographie : Simon Pagès
Le premier café-concept serait apparu en Suède au début des années 2000. Inspiré du traditionnel fika, il nous invite à refaire le monde autour d’une boisson chaude. Un art de vivre qui a influencé l’émergence des cafés-concepts.
Coffee ride L’inspiration nordique, on la retrouve chez Åven Bike & Fika, que l’on prononce oven – comme le four en anglais – ou aven, en référence au puits naturel bien connu des grimpeurs. « On voulait mettre tout ce qu’on aime au même endroit », explique Jean-Baptiste, « un lieu de vie tourné autour du vélo », complète Thomas. Après une expérience commune chez Decathlon, les deux passionnés reprennent ce local de 200 m2 en décembre 2023. Depuis l’extérieur, il s’apparente à un simple coffee shop, bien que le vélo cargo Omnium en vitrine annonce la couleur... Il faut s’approcher du comptoir pour découvrir l’atelier réparation. Ici, pas d’embouteillage : les vélos restent rarement plus d’une journée, sauf s’ils ont besoin d’une pièce sur commande. « Je viens ici tous les jours, pour faire réviser mon vélo ou juste pour prendre un café et découvrir les nouveautés », témoigne Adrien. Car en plus de maîtriser les gaines et le latte art, Jean-Baptiste et Thomas vendent des accessoires responsables et organisent des événements en soirée (vernissage,
concert). À terme, le duo souhaite développer une offre sur-mesure, en récupérant des cadres vintage pour monter une bécane au goût de son cycliste.
Café Céramique Il suffit de traverser la rue, non pas pour trouver un travail, mais pour découvrir La Boutique des Bouleaux, le premier café céramique de Strasbourg. Entre deux ateliers et bon nombre de remerciements, Eugénie nous conte son histoire. Avec sa maman, elle installe une boutique dans une vieille maison de Walscheid. « C’était en 2022. On proposait des cours de poterie et on vendait nos créations : les poteries de ma maman et mes bougies, que je crée après chacun de mes voyages ». C’est lors d’une escale à Montréal qu’Eugénie découvre le concept des cafés-céramiques. « En rentrant, j’ai dit à ma mère : il faut qu’on propose ça ! » Quelques semaines après, l’atelier est plein à craquer et la pousse à ouvrir, en octobre 2024, La Boutique des Bouleaux à Strasbourg ; un clin d’œil à la Maison Mère en Moselle, nichée rue des bouleaux. On y retrouve d’ailleurs la même ambiance, avec des meubles chinés, un mur tapissé de tableaux anciens et un espace boutique où l’on peut acheter poteries, bougies et cartes postales en bois Woodhi. Ici, on peint son biscuit (la pièce en céramique, pas le gâteau !) entre deux gorgées de latte. Nos œuvres
← La Boutique des Bouleaux
Insta : @laboutiquedesbouleaux
→ Åven Bike & Fika
Insta : @aven.bike
« On voulait mettre tout ce qu’on aime au même endroit. »
Jean-Baptiste, co-fondateur d’Åven Bike & Fika
← La Bouture
insta : @labouture. strasbourg
Atelier tricot
Insta : @cafe–birk–tricot
suivent ensuite un long processus artisanal : l’émaillage et la cuisson dans un four qu’Eugénie surveille à distance grâce à un baby phone ! Comptez un mois pour récupérer votre création, que vous pouvez garder à l’œil en suivant les live « on défourne ensemble » sur la page Instagram @laboutiquedesbouleaux.
CBT : café-birk-tricot Née de la reprise de PUR etc. par ses salariés en 2022, La Bouture est un café-restaurant 100 % végétal. Le café Mokxa côtoie la cuisine de la cheffe Ola, mêlant influences polonaises et asiatiques. Autour d’une infusion Hocus Pocus, Léa initie Faustine au tricot.
« Dans ce genre d’atelier, on finit toujours par fatiguer. Donc c’est idéal d’être dans un café : une petite pause gourmande, et ça repart ! » sourit l’aficionado du tricot, qui a aussi tissé des liens avec Les Compotes. Ce café-communauté du Neudorf valorise les projets à impact des entrepreneurs alsaciens. Parmi eux, Pomme Fripe Club (@pommefripe.club), la première boutique d’échanges de vêtements de la région, qui y installe ses portants certains samedis matins. Autant de tiers-lieux où le café dépasse sa simple fonction de boisson chaude, car il se déguste en parallèle d’une activité qui nourrit l’esprit et favorise le partage. ←
Le troisième plus grand événement de tennis en France, après Roland Garros et le Rolex Paris Masters, les Internationaux de Strasbourg, vous donnent rendez-vous du 17 au 24 mai.
Rédaction : Barbara Romero
Photographie : Victoire Lacoste
Du 17 au 24 mai au Tennis Club de Strasbourg.
Infos & réservation : internationauxstrasbourg.fr
L’équipe des Internationaux de Strasbourg a accompli l’exploit en organisant son passage en WTA 500 en moins d’un an. « C’est un challenge immense sur le plan financier, mais on était porté par l’idée que si on apportait le niveau nécessaire sur le plan sportif, on y arriverait. Et cela a été le cas », rappelle son codirecteur Denis Naegelen.
Les trombes d’eau de l’an passé les obligent cette année à revoir leur copie pour accueillir au mieux les meilleures joueuses de tennis mondiales et le public, en initiant une remise aux normes du vieillissant Tennis Club de Strasbourg avec la Ville de Strasbourg et le club. « 75 % des éclairages sont défaillants, la toiture fuit, nous avons ensemble engagé un minimum de travaux pour que le bâtiment soit utilisable de manière décente, sans odeur d’eaux usées, appuie Jérôme Fechter, codirecteur du tournoi. Le bâtiment a été conçu pour 15-20 personnes. Durant les IS, ce sont 600 personnes qui le fréquentent entre les joueuses et leur staff. Il faut le moderniser avec des solutions intelligentes. » En parallèle, les organisateurs nourrissent l’ambition de voir émerger, un jour, un court central moderne, écoresponsable et équipé d’un toit en cas d’intempéries. Un projet qui, pour eux, ne saurait se limiter aux seuls Internationaux de Strasbourg, mais devrait bénéficier à l’ensemble du territoire.
Objectif parité. Parmi les travaux en cours, le drainage des courts 1 et 2 qui ont causé pas mal de soucis aux équipes d’entretien des terrains, « les vrais héros de l’édition 2024 », applaudissent les directeurs. « C’est un travail de dingue, les équipes ont été mises à rude épreuve, avec une nappe phréatique à fleur... », rappelle Jérôme Fechter. Et, grande satisfaction,
malgré la pluie, les spectateurs ont répondu présents !
« Même pour le premier tour, nous étions pleins, alors que les autres tournois 500 dans le reste du monde sont à moitié vides », relève Denis Naegelen. Les organisateurs s’attèlent donc à accueillir comme il se doit un plateau que l’on attend remarquable, mais aussi à améliorer encore l’accueil du grand public avec une restauration de qualité, des showcases...
Côté hospitalité, deux nouveaux salons de travail privatisables seront aménagés. Sans perdre de vue l’ADN du tournoi : la défense de la place de la femme. « Nous adhérons à l’objectif de la WTA d’atteindre la parité d’ici 2033, confient-ils. Nous augmentons ainsi chaque année le prize money de 150 000 dollars pour arriver aux 2 millions de dollars que touchent les hommes. » Comment ?
« En bossant ! Beaucoup pensent encore à tort que le sport féminin ne vaut pas le sport masculin. Or le tennis, ce n’est pas qu’une force de frappe ou la vitesse, c’est une intelligence, une stratégie, les femmes ont les mêmes qualités que les hommes », rappelle Denis Naegelen. « Cette année les matchs masculins étaient à sens unique alors que les femmes ont mené des batailles incroyables », appuie Jérôme Fechter. Le public reste en attente de grands combats à l’image de l’ère Williams-Sharapova. Les deux spécialistes et passionnés sont confiants pour l’avenir du tennis féminin mondial, même s’il manque encore une figure française.
« Aujourd’hui, la numéro 1 mondiale Sabalenka est en train de devenir une star, Swiatek n’a pas encore le même charisme, mais... » Du 17 au 24 mai, les IS promettent une nouvelle fois du grand spectacle, dans et hors les courts. ←
Le 31 mars prochain, le guide Michelin dévoilera son palmarès 2025. Cinq chefs, tous aussi talentueux que singuliers, ont accepté de nous parler de leur rapport à la petite étoile rouge.
Rédaction : Hélène Edel
Photographie : Simon Pagès
← Constant Meyer, chef du Bistrot Coco, à Strasbourg
→ Robin Dorgler, chef du Miro, à Ostwald
Pour certains, l’objectif est lointain, mais atteignable. C’est notamment le cas de Constant Meyer, chef du surprenant Bistrot Coco. À seulement 32 ans, il offre une expérience gastronomique décomplexée et nourrit l’espoir de décrocher un jour cette distinction prestigieuse. Mais il reste réaliste. S’il reconnaît que l’étoile serait pour lui une forme d’accomplissement personnel, il admet qu’il lui reste encore du chemin à parcourir :
« Une étoile, c’est une immense reconnaissance, mais on avance pas à pas, on s’améliore
continuellement pour atteindre l’excellence, que ce soit dans nos plats ou dans le service. »
De son côté, Robin Dorgler, chef du dépaysant Miro, semble partager l’approche de Constant Meyer : « Une étoile, c’est un rêve de gosse », mais le moment n’est pas encore arrivé : « Ici, on respecte notre rythme de croisière, on suit le chemin, au bout peut-être, une étoile ». Être recommandé par le guide Michelin depuis trois ans représente déjà une étape importante, presque une consécration à ses yeux. Et si cette reconnaissance est moins exigeante qu’un macaron, elle lui permet de travailler sans la pression écrasante qui accompagne souvent cette récompense.
Car décrocher l’étoile peut bouleverser la dynamique d’un restaurant. Les attentes des clients explosent et la pression s’intensifie. Pour Hugo Ehrhardt, chef du plébiscité restaurant Partage, il est important de choisir le bon moment : « J’ai un respect immense pour les chefs étoilés et leur brigade, mais pour l’instant on n’est pas sur ce créneau... peut-être que ça évoluera, mais on le décidera collectivement. On ne veut pas imposer ça à l’équipe. »
Pour l’heure, celui qui dit proposer une cuisine « de produits, de sincérité, de passionnés », préfère se concentrer sur ses clients. Très fair-play, il souligne en parlant de l’étoile : « il y a des chefs qui la cherchent, qui la méritent et qui ne l’ont pas encore, je n’ai pas la prétention d’être à leur niveau. » Si certains la repoussent, d’autres se sentent prêts à l’embrasser. C’est le cas de Noémie D’hooge et Marin Remy, duo de chefs du restaurant Ondine. Elle, est diplômée dans le
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Hugo Ehrhardt, chef du restaurant
Partage à Andlau
↗ Noémie D’hooge et Marin Remy, duo de chefs du restaurant Ondine à Strasbourg
domaine des arts plastiques. Lui, s’est préparé à intégrer Sciences politiques avant de se plonger à corps perdu dans les arts culinaires. Avec Ondine, petit restaurant de seulement 12 couverts, ils se sont rapidement fait une place dans le paysage gastronomique strasbourgeois. Marin se confie : « Je pense qu’on est prêt, mais tout dépendra de la sensibilité du guide à notre style ». Il rappelle que derrière chaque étoile, il y a des inspecteurs humains, doués de sensibilité. Inutile donc selon eux de remettre sans cesse en doute leurs pratiques : « Si on ne l’a pas cette année, cela ne changera rien au service et à l’expérience que nous proposons à nos clients. Nous faisons toujours de notre mieux. Nous l’aurons peut-être plus tard, ou ailleurs. »
Au-delà des distinctions, tous ces chefs s’accordent sur un point : la cuisine est un art collectif, guidé par la passion et le respect de l’autre. « L’époque des chefs tyranniques c’est terminé. Aujourd’hui, le succès vient de l’harmonie qu’on construit avec notre équipe, » affirme Constant Meyer. Robin Dorgler partage cette vision : « On travaille ensemble pour que nos clients repartent avec le sourire. »
Qu’ils visent l’étoile ou s’en détournent, leur dévotion envers leurs clients est le fil rouge qui unit ces jeunes chefs. Chacun à leur manière, ils redéfinissent les contours de la gastronomie strasbourgeoise. Humains, passionnés par leur métier et profondément engagés en faveur du bien-être de leurs équipes, ils donnent une nouvelle définition au succès. Quoi qu’il advienne le 31 mars prochain une chose est sûre, leur lumière brille déjà dans le cœur de leurs clients. ←
Tout faire pour que Cécile Kohler soit libérée par le régime des mollahs. Savoir que les séquelles de l’enfermement sont inévitables. Avancer au jour le jour. Rester forte pour elle. Sa sœur Noémie ne baisse pas les bras.
Rédaction : Véronique Leblanc
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Noémie Kohler (à gauche) avec Cécile.
« Cécile a le droit d’appeler quelqu’un de sa famille à peu près une fois par mois, on ne sait pas quand et on ne sait pas qui, tout dépend du bon vouloir des autorités iraniennes », confie Noémie Kohler. Cela fera trois ans en mai qu’elle attend ces appels de venus de la prison d’Évin à Téhéran où sa sœur Cécile est enfermée dans la section 209, quartier de haute sécurité sous contrôle des renseignements iraniens. Le plus dur de tous. Près de 36 mois, sans quitter son téléphone désormais accroché au cou. Quand nous lui avons parlé, le 20 février dernier, Cécile avait appelé la veille et le chercheur Jacques Paris, son compagnon arrêté en même temps qu’elle sous de fallacieux prétextes d’espionnage, était à ses côtés. « C’était très dur, dit Noémie. L’état de santé de Jacques est extrêmement préoccupant et, pour la première fois, Cécile s’est autorisée à parler de son désespoir. »
L’arbitraire des geôliers. Un désespoir entretenu par leurs geôliers qui soufflent le chaud et le froid, leur promettent une libération proche et font ensuite brutalement marche arrière. « Cela fait un an qu’ils sont autorisés à se voir pour appeler, précise Noémie, ce qui les aide beaucoup, mais là encore il s’agit d’un moyen de pression. Ils peuvent en être privés par pure arbitraire. » À chaque coup de fil, les familles se préviennent. Noémie, la Lyonnaise, joint ses parents et ses frères Luc et Robin installés à Soultz. On appelle la famille de Jacques, les amis, les soutiens. Il faut rester soudés. Cette solidarité sans faille est d’autant plus importante que rien ne laisse présager une issue rapide. « On y a cru en apprenant que nous allions être reçus à l’Élysée le 17 février,
dit Noémie, mais à l’issue de notre entretien avec le président Macron, nous avons compris que ça pouvait encore durer des mois et nous n’y étions pas préparés. » Elle parle du « besoin d’espérer mêlé à la peur d’espérer » comme en écho aux angoisses traversées par sa sœur, par Jacques et par Olivier Grondeau, otage lui aussi depuis 2022.
Homère pour compagnon de cellule.
Du quotidien de Cécile, Noémie raconte la cellule de 9 m2 , sans fenêtre, mais éclairée 24 heures sur 24, l’absence de lit, les sorties d’une demi-heure trois fois par semaine dans la cour. « On sait que le cauchemar ne s’arrêtera pas à leur libération, les dégâts physiques et psychologiques seront terribles, il faudra du temps et nous nous préparons déjà à être là pour eux. » Reste que « pour l’instant, insiste Noémie, l’urgence absolue est leur libération à tous, Cécile, Jacques et Olivier Grondeau pour qui nous avons également très peur. »
Elle parle aussi des livres envoyés à sœur, mais jamais reçus. « Cécile dispose de trois livres qui circulaient dans la prison, le tome 2 de Millenium, La Nuit du sérail et L’Odyssée d’Homère qu’elle est en train d’apprendre par cœur. » ←
Classé parmi les 50 premiers groupes de construction et d’infrastructures en France * , KS groupe a choisi d’accélérer sa transformation en devenant société à mission.
Fort de 12 entreprises intégrées permettant de proposer des solutions adaptées de la conception à l’exploitation, le groupe familial indépendant s’engage pour :
• Le bien-être et le développement de ses 450 collaborateurs.
• La construction d’une société plus durable en plaçant les enjeux environnementaux au cœur de tous ses projets.
• Faire vivre la solidarité au sein de ses territoires.
*Classement du Moniteur décembre 2023
ksgroupe.fr
En 2022, 373 000 femmes ont subi des violences conjugales en France, selon le ministère de l’Intérieur. Les nouvelles technologies permettent aujourd’hui aux femmes de réagir et de se protéger.
Rédaction : Marine Dumény
↗ Maëlle Blein (à droite) et Zoé Mall, cofondatrices d’ILA, ont aussi une association qui dispense des formations pour les avocats.
↗ Eva Ngalle, créatrice de TI3RS, s’est inspirée de sa propre expérience.
Au moment de la rédaction de cet article, le 12 février 2025, on comptait déjà 12 féminicides en France selon l’association Nous Toutes. L’innovation pourrait-elle se faire rempart ? Grâce aux avancées numériques, de nouvelles solutions voient le jour pour protéger, accompagner et informer les victimes. Dans la région, des applications comme ILA et Ti3rs illustrent parfaitement cette mobilisation technologique en faveur des victimes.
ILA, la strasbourgeoise. Créée par Maëlle Blein et Zoé Mall, deux jeunes avocates strasbourgeoises, ILA est née d’un concours d’innovation juridique organisé par le Conseil national du Barreau, en 2023.
En l’absence d’outil centralisé et sécurisé pour les femmes victimes de violences conjugales, elles ont pensé une application pour répondre aux besoins des victimes. Ceci en mettant l’accent sur la confidentialité et la protection des données. Trois axes définissent ILA :
• Informer : Grâce à un questionnaire interactif, l’application aide les utilisatrices à analyser leur situation et à accéder à des ressources ciblées rédigées par des experts du terrain.
• Assister : ILA propose un référencement national unique des professionnels spécialisés en violences conjugales et permet une géolocalisation des structures d’aide à proximité.
• Documenter : Un journal sécurisé permet aux victimes d’enregistrer des preuves (photos, vidéos, audios) horodatées, accessibles uniquement via l’application et invisibles sur le téléphone.
Un aspect crucial : le camouflage. ILA peut être déguisée sous l’apparence d’une application anodine (calculatrice, boussole, liste de tâches), limitant ainsi le risque de découverte par un conjoint violent. Elle peut également être récupérée sur un autre téléphone en cas de perte ou de casse. Actuellement en phase de finalisation de son prototype, par CGI – Illkirch, ILA devrait être déployée à l’échelle nationale d’ici fin 2025.
TI3RS, qui vient de prendre ses marques dans la région. Autre réalité dramatique : même après une séparation, les violences peuvent persister, notamment lorsque des enfants sont impliqués. Eva Ngalle a vécu cette situation et a décidé d’agir, en développant l’application TI3RS.
L’objectif de TI3RS est d’offrir aux victimes de violence un espace de communication sécurisé évitant ainsi insultes, harcèlement et menaces. Pour cela, l’application intègre plusieurs fonctionnalités essentielles :
• Création automatique d’un nouveau numéro de téléphone pour éviter de partager son contact personnel.
• Filtrage des mots-clés pour bloquer les insultes et messages inappropriés.
• Archivage des échanges sous forme de preuves non modifiables, utilisables en cas de dépôt de plainte.
Disponible sur abonnement (9,90 € par mois), TI3RS peut être gratuite via des associations et des institutions telles que la CAF ou le CIDFF. Lauréate d’un appel à projets national du gouvernement en 2024, elle bénéficie du soutien de grands groupes comme La Poste, Orange et le Crédit Agricole, et collabore avec les services de justice et de police pour renforcer la protection des victimes.
La Tech s’engage... et ça peut changer la donne. Alors que le gouvernement français met en avant l’innovation technologique dans son Plan interministériel pour l’égalité entre les femmes et les hommes 2023-2027, l’essor de solutions comme ILA et TI3RS s’inscrit dans un mouvement plus large de mobilisation de la tech. Ces outils ne remplacent pas les actions juridiques et associatives, cependant ils les facilitent, et constituent une aide précieuse pour les victimes. L’enjeu reste de garantir leur accessibilité, notamment financière et de continuer à améliorer leur efficacité face aux réalités complexes des violences faites aux femmes. ←
24 avril 20 mai 2025
↑ Nid de frelons asiatiques, « gros comme une orange ».
Véritablement installé en Alsace et notamment à Strasbourg et sa périphérie depuis 2023, le frelon asiatique devrait rapidement proliférer dans la région.
Rédaction : Olivier Métral
Photographie : Isabelle Mey
L’inquiétude s’entend dans les mots d’Isabelle Mey, la présidente de la Fédération des syndicats des apiculteurs du Bas-Rhin. « Quand on observe les chiffres donnés par les départements où le frelon asiatique est présent depuis une douzaine d’années, il y a de quoi être préoccupé ». À titre d’exemple, près de 9000 nids ont été recensés dans le Finistère en 2023 et tout autant dans la Manche.
Que le début ! Introduite accidentellement en 2004 dans le Lot-et-Garonne via le commerce de poteries asiatiques, l’espèce a désormais gagné tout le territoire. « En Alsace, elle est véritablement installée depuis fin 2023 », poursuit l’apicultrice. « En 2024, environ 150 nids ont été recensés dans le Bas-Rhin, notamment en milieu urbain et périurbain ». Quand on sait qu’une reine fondatrice peut donner naissance à 500 autres, et que même si seulement 10 % d’entre elles survivront à l’hiver et construiront à leur tour un nouveau nid, on comprend le caractère exponentiel de sa prolifération. Face au danger que l’espèce invasive représente non seulement
pour les ruches qu’elle est capable de décimer, mais aussi pour la population, il est urgent d’agir.
Une présence à signaler. Si le piégeage sélectif, dont l’efficacité a été récemment remise en question, reste l’apanage des apiculteurs, c’est la destruction des nids primaires, lorsque la fondatrice, seule, élabore les conditions de sa reproduction, qui devrait constituer la priorité en termes de lutte. « Le repérage de ces nids, gros comme une orange, dans des cabanons de jardin, des granges ou sous les toitures concerne tout le monde », souligne Patrice Benoist, du Groupement de défense sanitaire apicole du Bas-Rhin. « En cas de suspicion, il faut effectuer un signalement sur la plateforme internet lefrelon.com pour permettre notre intervention ». Surtout ne pas agir soi-même. « Si on détruit un nid primaire alors que la reine n’y est pas présente, on a tout loupé ! », prévient Isabelle Mey. Et comme les dernières observations ont montré que les reines fondatrices pouvaient s’entretuer pour la possession d’un nid, il pourrait être opportun de ne pas le détruire trop tôt. ←
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Aude Fuchs, 36 ans, a décidé de changer de vie en quittant son ancien travail dans la reliure d’art pour devenir polisseuse de cristal. Depuis, elle amène la lumière au cœur des pièces d’excellence de la manufacture Lalique à Wingen-sur-Moder.
Rédaction : Lucie Coniel
Photographie : Simon Pagès
A[A]ude Fuchs est assise à son poste. D’une main, elle saisit l’un des verres en cristal posés sur un chariot et le rapproche de sa meule. Ce verre est un gobelet whisky hulotte, une collection créée par Marie-Claude Lalique en 1994, il est orné de chouettes en reliefs sur un cristal à l’allure satiné. La jeune femme bloque sa respiration pour éviter de trembler au moment de réaliser le détail des plumes de l’oiseau sculpté.
« À partir du moment où ma meule va toucher mon objet, la lumière va en sortir, explique-t-elle, c’est ce que j’aime le plus dans mon métier, je trouve ça magnifique ».
Au contact de sa meule en tissu préalablement enduite d’argile et qui tourne à toute vitesse, les détails du plumage se révèlent, jusqu’à devenir transparents.
Le rêve d’artisanat d’art. Depuis un voyage à Venise dans son adolescence, l’Alsacienne originaire de Ribeauvillé se passionne pour l’artisanat d’art. « Ce voyage a été une claque, explique la jeune verrière. J’étais émerveillée par les tableaux, les sculptures que je voyais ».
Dans un premier temps, cet intérêt « pour ce qui est fin qui nécessite une délicatesse manuelle » se porte sur la restauration de livres anciens. Après avoir suivi des études d’histoire de l’art, elle trouve un travail aux archives de Strasbourg et ouvre même son propre atelier L’atelier de papier. Mais le marché est trop restreint pour pouvoir en vivre et « même en tant que passionnée, c’était important pour moi de gagner ma vie. Il fallait que je change de voie. »
Une découverte. En 2022, Aude Fuchs décide de quitter Strasbourg pour s’installer à Wingen-sur-Moder, dans les Vosges du Nord. C’est en janvier 2023 qu’elle postule à la manufacture Lalique : « Ce que j’aime dans l’artisanat d’art, c’est le geste précis, l’excellence, le fait que les anciens nous transmettent leurs savoir-faire. Que ce soit du cristal ou du papier, pour moi ça revenait à peu près au même ».
Elle qui n’avait encore jamais entendu parler du métier de polisseur de cristal découvre un nouveau monde. Chez Lalique, elle commence au bitumage, l’atelier de peinture sur cristal, persuadée que c’était son domaine de prédilection ; mais ça ne l’était pas. « Je suis très dynamique et j’avais du mal à rester en place, à rester si calme » analyse-t-elle. Après deux mois et demi à ce poste, elle change donc de voie, toujours au sein de l’entreprise Lalique, et découvre la formation de polisseur de cristal, l’un des derniers maillons de la chaîne avant la mise en vente des objets. Elle se surprend à s’y épanouir, nait alors un amour fort pour ce métier. Aujourd’hui, la jeune verrière est fière de son parcours. « J’adore faire du beau. Je rentre le soir, j’ai travaillé sur des beaux objets, c’est valorisant comme travail. Je contribue à fabriquer des pièces d’exception qui vont voyager dans le monde entier ». Tel un éclat de lumière. ←
Arrivé à Strasbourg il y a douze ans, Mike Sapwe a quitté sa RDC natale à 29 ans. À l’aéroport international de Ndjili, sa sœur Solange l’accompagne, puis le chasse dans la chaleur de ses bras, porte d’embarquement, direction Paris. Dans l’avion, Mike se souvient avoir versé des larmes. Partir pour ne peut-être jamais revenir.
Rédaction : Christophe Nonnenmacher
Photographie : Alban Hefti
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Instrument répandu en Afrique de l'Ouest, le Kalimba s'accorde aux voix et aux histoires.
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Derrière un vitrage saccadé, les maux d'une histoire.
S[S]a mère, infirmière à la société nationale d’électricité, lui avait appris sans succès à ne pas dilapider, avant qu’elle ne décède, en janvier 2005. Mais Mike, seul, au moins provisoirement, s’accroche, passe son Bac, mais retombe dans ses travers : vend, flambe, migre vers la « clochardisation » avant que son père n’accepte de le recueillir. Lui le Daron amoureux de Césaire et magistrat à la Cour des comptes. L’homme tente, à son tour, de le remettre en selle. Mais l’échec est le même, jusqu’à ce qu’il ne l’aide à s’envoler pour Paris, puis Strasbourg pour vivre de son art, 18 novembre 2012, six mois avant qu’il ne décède. La HEAR l’avait remarqué à l’Académie des beaux-arts de sa ville ; offert de lui enseigner. « Ma sœur m’a dit “bouge ton cul, cette fois ! Tu as du talent. Accroche-toi ! » Sur lui, 120 euros, pas plus. Direction Trocadéro, Louvre, Champs Élysée, Pompidou : « En une seule journée, je visite la ville avec Marie, Camille et Henri », rencontrés plus tôt au pays. Le lendemain, voie « ferrée » vers la suite de sa Chienne de Vie, écrite plus tôt dans sa capitale d’origine et qu’il déclame un jour après dans les terres froides du Kitchen Bar, comme pour voir si sa poésie pouvait « toucher le Latin », dont il se rêvait en nouveau Marc Aurèle. Côté logement, c’est son ami Djo Bolankoko qui l’accueille, un an durant, dans sa chambre étudiante. La scénographe Jeanne Baillot, qui lui ouvre sa poste restante. D’autres complètent : Francisco Ruiz, comme père spirituel
et garant, à la demande de l’artiste Éléonore Hellio. « Sans elle, pas de Petit Césaire au pays de Napoléon ». Philippe Lepeut, qui l’aide à façonner « le socle de (son) art » ; Lidwine Prolonge, sa performance et son artistique confiance.
Juin 2017, diplôme en poche, Mike affirme l’identité de Petit Césaire et dégaine sur d’autres scènes, seul ou avec le Kinshasa Musée Poétique de ses amis de la HEAR. À Strasbourg mon Amour, dans une MJC de Metz, devant l’entrée républicaine du TNS, aux Bibliothèques idéales ou dans les allées du tram. Un jour, une passante lui confie « que son art manquait à Strasbourg, qu’il fallait à la ville bien plus de poètes comme lui ». De l’Homme de fer au Parlement, les plus jeunes partagent son voyage sur les réseaux. Une autre dame, qui l’avait écouté Place de la Gare le rappelle à son importance : « Tu es la première et la dernière impression qu’ont ces gens de notre ville. Subjugue-les ! » Ce miroir, il prévoit désormais de le mettre en pages dans « son » livre d’artiste, réalisé entre ici, le Colmar de Bartholdi, l’Égypte des pyramides, ou les souvenirs d’une visite maternelle sur l’île de Gorée. D’y mêler poèmes, musicalité de ses textes et élégance photographique. Comme un hommage à Césaire ou Sankara, à l’ombre des palabres de la ville passagère et institutionnelle de Fatou Diome et de Louise Weiss. ←
Franco-iranienne, l’artiste illustratrice Shab a levé le voile sur ses blessures d’enfance, un mois avant l’arrestation et la torture de Mahsa Amini, qui ont déclenché le soulèvement Femme, Vie, Liberté en Iran. Depuis, la Strasbourgeoise met son art au service de toutes ces femmes « Womenifiques », iraniennes ou non, qui luttent pour leur liberté, dessinant à la fois pour amplifier leur voix et panser ses propres fêlures.
Rédaction : Barbara Romero
Photographie : Sabrina Schwartz
L[L]a silhouette frêle, le regard franc et intense. Dans tous ces gestes, dans tous ses mots, transparaissent tant sa révolte et sa force que sa fragilité. Fille de commerçants, Shab, 48 ans, est connue du « Tout-Strasbourg ». Son père et sa mère tenaient le magasin de tapis d’Orient de la rue Sainte-Hélène pendant près de 40 ans après leur exil d’Iran. « Ils ne m’en ont jamais parlé, mais je ne pense pas qu’ils fuyaient le régime du Shah. C’était peut-être un peu plus comme l’idée du rêve américain. »
Couper la chaîne de la violence du patriarcat. De son enfance, Shabname, alias Shab, se souvient qu’elle n’a jamais manqué de rien, que ses parents se sont démenés pour leur offrir le meilleur, à elle et sa petite sœur. Jusqu’à ce qu’elle devienne elle-même maman, il y a un peu plus de sept ans, et que tout remonte à la surface. « J’ai reconstitué les pièces du puzzle. Je n’étais pas amnésique, mais à la naissance de mon fils, les traumas sont remontés, j’avais du mal à avoir une relation normale avec mes parents. Ils n’ont jamais voulu m’expliquer ou
↑ Shab a choisi la place de la République et l’avenue de la Liberté comme symboles de ses combats pour l’Égalité.
s’excuser. Ils m’ont fui. Mon père est décédé il y a un an, je ne lui avais plus parlé depuis un an. » En août 2022, l’artiste-illustratrice sort son premier autoportrait, « une femme qui fait un fuck à la banalisation de la violence, aux traumas. J’ai réalisé cet autoportrait pour couper la chaîne de la violence du patriarcat pour mon gamin, pour qu’on arrête de faire semblant. » Un mois plus tard, Shabname découvre comme tous la violence qu’a subie Mahsa Amini, arrêtée puis torturée pour tenue vestimentaire « inadaptée ». « Elle est morte de la violence de la police des mœurs, cela a été une onde de choc. J’ai vécu cette tragédie comme une synchronicité, quelque chose qui m’appelait. Si je me sens à la fois Française, Alsacienne, Iranienne, sans être perdue avec ça, le sang iranien coule dans mes veines. J’avais besoin de m’exprimer. »
Des expos à Paris, Strasbourg et New York ! En ressort une série de portraits de femmes fortes, élégantes, réalistes, dans un univers pop et coloré. Ses Womenifiques sont brandies sur une fresque manifeste du collectif
This is a Revolution, quai de Valmy à Paris en décembre 2022. « 2 000 œuvres ont été placardées un peu partout dans Paris », confie-t-elle. À l’occasion de la Journée internationale du droit des femmes, la mairie du 9e arrondissement expose ses œuvres dans sa cour. « J’ai alors commencé à vendre quelques posters, mais ce n’est pas ce qui me nourrit ! En revanche, je ressens beaucoup de gratitude pour cela. »
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Illustration réalisée par Shab, en mémoire de Shiri, Ariel et Kfir Bibas, civils israéliens pris en otages et assassinés par le Hamas.
À suivre sur Instagram : @shabillustre www.womenifiques.fr
La mairie de Strasbourg sélectionne aussi une partie de ses portraits, « mais elle en a censuré trois sans me concerter : deux d’entre eux représentent le drapeau préislamique d’Iran et le troisième, le portrait d’une Israélienne, victime et otage du 7 octobre, qui porte à l’oreille l’Étoile de David... Je ne fais pas de politique, je ne suis pas une militante féministe, mais une artiste qui exprime sa volonté de voir toutes les femmes libres, pour le #womenlifefreedom, Femme, vie, liberté ». Réponse de la Ville : « Il est habituel que le format des expositions proposées par la Ville de Strasbourg soit adapté en fonction de l’espace disponible. Des échanges
ont eu lieu avec l’artiste dans ce cadre. La Ville de Strasbourg soutient le mouvement Femme, Vie, Liberté et toutes les Iraniennes et Iraniens qui se battent pour leurs droits et libertés. »
Le rêve d’un collectif à réaliser... Cette – grande – déception derrière elle, Shab a décidé de continuer à retrousser ses manches pour porter haut la voix de « ses sœurs » et lance un appel à la création d’un collectif « pour réunir artistes iraniens, juifs, français, arabes, peu importe leur culture, pour prôner l’égalité, la sororité, à travers nos différents arts. » Danseurs, musiciens, dessinateurs, Shab rêve d’un collectif « créé autour de Womenifiques, apolitique, pour défendre cette cause universelle pour les femmes d’Iran, d’Afghanistan, d’Ukraine... Car l’union fait la force. Mais aujourd’hui, le nerf de la guerre, ce sont les finances. » Soutenue par le collectif de Seattle IWILL (Institut for Women Life & Liberty), Shabname veut y croire : « Ils m’ont dit de faire quelque chose, de suivre mes rêves... Allons-y ! » C’est ce même collectif qui l’a invitée à participer le 8 mars à une expo collective à New York au sein de l’Atelier Jolie, fondé par Angelina Jolie... Une belle reconnaissance pour l’artiste franco-iranienne. En attendant que ce collectif voie le jour, Shab invite à écouter l’histoire de l’impératrice Farah Diba, impératrice d’Iran, sur le podcast illustré qu’elle a réalisé en collaboration avec l’illustratrice Fanny Lesaint. ←
23 avril – 3 mai
10 jours de fête et de création, des spectacles, un bal, des ateliers
Caroline Guiela Nguyen
23 – 30 avril
Création au TnS Production
Joël Pommerat
23 avril – 3 mai
Claire Lasne Darcueil
24 – 30 avril
Je suis venu te chercher
Création au TnS Production
Écrivain jeunesse à la réputation internationale, Philippe Lechermeier est strasbourgeois. Ses romans prennent le large d’horizons bousculés où se forgent les destins. Il croit en la magie des mots.
Rédaction : Véronique Leblanc
Photographie : Alban Hefti
H[H]aut perché dans le quartier de la Krutenau, le bureau de Philippe Lechermeier s’ouvre vers un horizon où le regard rebondit sur le clocher de Sainte-Madeleine pour s’envoler vers la silhouette de la cathédrale. « Immuable, mais si changeante », commente l’écrivain qui avoue parfois fuir sa table de travail pour ne pas se laisser happer pour l’air du temps jouant sur le grès rose.
L’imaginaire a besoin de concentration pour se laisser mettre en mots et les refuges sont nombreux dans son appartement tapissé de livres.
« Tout est affaire de style », souligne l’auteur de Maldoror, saga en trois tomes filant l’aventure de cinq enfants dans l’Europe fébrile d’avant la Première Guerre mondiale.
Pour lui, « le style est comme un abracadabra », une formule magique qui déclenche quelque chose. « Ce pouvoir des mots je l’ai compris très tôt », dit-il, « en réalisant que les histoires que je racontais pouvaient faire peur ou faire rire, qu’un mot pouvait blesser à mort ou parler d’amour ». Écrire pour la jeunesse est une sacrée responsabilité, il s’agit de « créer l’émerveillement ». Un peu comme un « super-héros ».
Le réel rattrape la fiction. Publiée chez Flammarion avant le déclenchement de la guerre en Ukraine, la série Maldoror se déroule de Vienne à Odessa, de Kiev aux plaines de Sibérie dans un monde où tout bascule sous la menace d’un tyran. « Le réel a rattrapé la fiction, c’est vertigineux », constate l’auteur. Coup d’essai impeccablement réussi au registre du roman, la trilogie a embarqué Philippe Lechermeier aux quatre coins du monde à la
rencontre de ses lecteurs. Il rentrait d’Afrique quand nous l’avons rencontré et il confie avoir trouvé la trame de son prochain roman aux États-Unis, parcourus eux aussi dans la foulée de Maldoror Il s’agira d’un « Roadtrip dystopique » où traînent des affiches de la dernière campagne du… fils de Donald Trump. « Un monde pas en très bon état, mais où l’on pourra résister, un monde bousculé où des jeunes peuvent circuler librement sans être cadrés par la famille, un monde très cinématographique, plein de clins d’œil à Hollywood, New York, le Nouveau-Mexique, le Colorado… » Un monde où tout est à réinventer.
Tendre vers la lumière. Cette écriture au long cours convient à l’auteur de l’album Princesses oubliées ou inconnues, succès mondial qui a fêté ses 20 ans l’an dernier. « Illustré par Rebecca Dautremer, c’est un texte foisonnant qui multiplie les registres », souligne Philippe Lechermeier. Tout comme les Lettres à plumes et à poils où des correspondances d’animaux percutent avec humour nos travers humains ou bien encore Une Bible racontée comme un roman en 2016.
Tant d’autres... « Je n’ai pas l’angoisse de la page blanche, constate-t-il, quand je termine un livre je sais ce qui va venir après. Ma question est plutôt de savoir si j’aurai assez de temps pour mettre en mots tout ce que j’ai envie d’écrire. » Des histoires « qui ne font jamais la morale », mais qui puisent dans une irrépressible « vitalité » et tendent vers « la lumière ». Envers et contre les tyrans. ←
Grâce à l’obtention de son prototype de plante bioluminescente en septembre dernier, la start-up illkirchoise Woodlight est désormais prête à conquérir le monde
Rédaction : Olivier Métral
Photographie : Sabrina Schwartz
A[A]u terme de sept longues années de recherche, Rose-Marie et Ghislain Auclair entrevoient enfin le bout du tunnel, éclairé par leur premier prototype de plante bioluminescente. Sans doute fallait-il être un peu fou en 2018, mais surtout très déterminé, pour caresser ce rêve, celui de transposer au monde végétal la bioluminescence que l’on retrouve à l’état naturel dans le règne animal. Un rêve devenu réalité en septembre dernier, lorsque le couple de chercheurs strasbourgeois a présenté au Havre le résultat lumineux de ses recherches.
Des contrats à court terme. « On va désormais changer d’échelle », promet Ghislain Auclair, le président de la SAS, dont la levée de fonds de 1,5 million d’euros lancée il y a quelques mois va permettre de doubler à la fois les effectifs, mais aussi la surface du laboratoire, et d’intensifier la communication, le marketing et surtout la prospection commerciale. « Parallèlement, on va poursuivre nos travaux de recherche pour
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Portraits de Rose-Marie et Ghislain Auclair dans leur laboratoire d’IllkirchGraffenstaden.
↗ Projection d’application sur mur
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Photo (réelle) de la première plante bioluminescente et visuels de représentation
optimiser le process et l’étendre à un large panel d’espèces au fil de nos expérimentations ». En discussions déjà avancées avec plusieurs groupes étrangers, Woodlight devrait signer ses premiers contrats d’ici la fin de l’année 2025. « L’objectif est de monter des partenariats tripartites, avec des pépiniéristes et des horticulteurs en charge de la culture des plantes bioluminescentes et des industriels qui les déploieront à proximité pour leurs différents projets », précise le chercheur. Les applications consistent notamment à complémenter l’éclairage public pour, par exemple, baliser des pistes cyclables ou des parcs, mais cette production végétale peut également susciter l’intérêt des décorateurs d’intérieur.
D’abord à l’étranger. Organismes génétiquement modifiés « qui ne présentent aucun risque pour l’environnement du fait de leur stérilité », les plantes bioluminescentes n’ont pour l’heure pas voix au chapitre sur le sol européen, mais Rose-Marie et Ghislain Auclair, au fur et à mesure du développement de Woodlight, espèrent des avancées législatives afin de permettre à leurs plantes de diffuser leur douce lumière en France et partout sur le continent. « Comparés à bien d’autres pays, nous sommes en retard de vingt ans », déplorent-ils. Cette contrainte réglementaire ne les empêche toutefois pas d’approcher de grandes entreprises françaises qui, du fait de leur implantation internationale, pourraient s’emparer de cette technologie en dehors des frontières européennes. ← (c)
Mémoire vive des Manouches, Marie « Tchaïa » est l’une des dernières témoins d’une histoire volontiers passée sous silence. Celle des « nomades » internés en France durant la Seconde Guerre mondiale.
Rédaction : Marine Dumény Photographie : Jeannette Grégori
D[D]ans le froid mordant de janvier, Marie « Tchaïa » Hubert ouvre la porte de sa caravane. À l’intérieur, un refuge d’images et de souvenirs. Au-dessus du lit médicalisé, un violon. Marie, drapée dans son châle noir à pois blancs, permet à un lien de se tisser doucement, en quelques phrases échangées. Née en 1939, à Sarrebourg, elle a grandi avec la musique manouche. Ces notes pulsent comme un second cœur dans la poitrine de ceux qui les portent. Son père, vannier, tressait l’osier. Sa mère, née en 1920, « savait trouver un sourire même dans les pires épreuves ». Et la guerre est arrivée avec la brutalité d’un couperet.
Survivre aux camps de rétention. Le train les emporte vers un destin incertain. Thonon-les-Bains. Marie n’a que quelques mois quand elle découvre l’univers des camps, une réalité qu’elle ne comprendra que bien plus tard. Sa mère accouche de son petit frère à l’infirmerie du camp, en 1940. Mais
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la joie est de courte durée. Elle est obligée de laisser son fils à la grand-mère de Marie. Transfert à Argelès-sur-Mer. Une marche forcée à travers bois. Dans les baraquements de fortune, la famille dort à même le sol. Pour les protéger du froid, la mère de Marie ramasse du sable chaque soir. Mais il y a pire. L’incertitude, l’attente, et l’ombre d’un départ vers l’Est. « Nous serions morts si nous étions allés en Allemagne. » Marie l’écrit dans son journal, des années plus tard. Elle a conscience que rester en France leur a sauvé la vie. Les camps français ne sont pas pour autant des refuges. Ce sont des lieux d’oubli, d’abandon. On y meurt de maladie, de malnutrition, de chagrin. Les « nomades » selon le terme administratif d’époque sont parqués, surveillés : « Une gamelle de soupe, un morceau de pain, la vermine, les rats et la faim qui ronge les ventres creux, voici ce que nous avions ». Rivesaltes, 1943. Marie est momentanément arrachée à la suite d’une tentative de fuite.
À travers une fenêtre, elle l’aperçoit parfois, « lui fait de petits signes ». Puis, un bombardement éclate. Le chaos. L’opportunité d’une fuite. Son père fait rempart de son corps sous les tirs, protège ce qu’il reste de sa famille. Ils courent sous les explosions. Ils traversent la France à pied, cachés, traqués, cherchant un endroit où poser leurs âmes blessées. Marie ne reverra jamais son frère et sa grand-mère. Chez les manouches, on ne parle pas des morts. On ne donne pas leur nom, ce serait les offenser.
Notes de vie. Après un passage de quelques mois à Lyon, « à vivre de tickets de rationnement chapardés et de miches de pain rassis », c’est à Vigneulles-lès-Hattonchâtel, à partir de 1944, que la vie reprend son souffle. Marie y retrouve la musique, avec la joie d’avant. Elle devient « Tchaïa », l’éternelle jeune fille. Celle qui est pleine de vie. Sa famille s’installe, et son père travaille « pour les Américains après 1947, pendant que maman fait des travaux de couture et de la mercerie en porte-à-porte ».
À 19 ans, selon la tradition, elle « s’enfuit » avec celui qui deviendra son compagnon, musicien. Ensemble, ils construiront une famille immense : plus de 170 descendants. Marie a vu son monde changer. Elle a vu « la bohème disparaître,
Marie « Tchaïa » Hubert a été internée enfant dans les camps de rétention de « nomades ».
les caravanes s’immobiliser ». « Avant, on allait taper aux portes des fermiers. Les gens ouvraient, partageaient. Ce n’est plus le cas. »
Aujourd’hui, elle s’efface doucement. Parfois, entre deux phrases, un éclat surgit. Un sourire en coin, un regard pétillant derrière les rides. La « Tchaïa », cette jeune fille d’autrefois, est encore là. Alors que ses mains caressent distraitement ses cheveux gris rassemblés en chignon, elle se remémore : « Ce que je pouvais les aimer les mains de ma maman… j’ai les mêmes que les siennes, autant de rides pour autant d’amour ».
Dans la caravane, un air de violon vibre encore. Peut-être est-ce celui de Marie. Ou un dernier chant avant que la nuit ne tombe, et que nous n’emportions précieusement la mémoire de « Tchaïa ». ←
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C’est un communicant hors pair, un exemplaire unique au sein de la police nationale. Chargé de communication à Strasbourg, Joël Irion s’anime en uniforme comme il le fait au théâtre.
Rédaction : Sébastien Ruffet
Photographie : Pascal Bastien
I↑ Le petit montage en Scrabble a été offert par un petit « fan », Brewenn, un garçon autiste qui habite en Bretagne. Joël l’a accueilli toute une journée pour une immersion et une découverte du métier.
[I]l a le privilège de l’âge et de ses états de service. Dans sa façon de communiquer vers le grand public, Joël Irion donne parfois quelques sueurs à des supérieurs peut-être parfois trop formatés. Voler le sac d’une femme attablée en terrasse à Strasbourg pour alerter sur les pickpockets, c’est par exemple assez osé. « J’aime bien casser les codes avec humour », souligne grand sourire celui qui nous reçoit en uniforme dans son petit bureau qui n’incite pas, lui, aux franches rigolades. La vidéo de la St-Valentin, où il invitait à découvrir l’Hôtel de police – comme si c’était un vrai hôtel – lui a valu quelques remontrances : « Je me suis fait taper sur les doigts par Paris », explique Joël en lançant ladite vidéo sur son ordinateur. Après des années à Police Secours, puis sept ans à la brigade des mineurs, Joël Irion intègre la brigade d’information de la voie
publique, « un vrai trait d’union avec le terrain, avec les organisateurs de manifestations ». Mais quand ce poste est supprimé… « On a dit, “il n’y a qu’une seule place pour sa grande gueule, c’est à la communication !” Cela me plait beaucoup parce que j’ai cette facilité à aller vers les autres, et j’ai envie de montrer le vrai visage de la police nationale. Il y a beaucoup de gens qui me ressemblent. » C’est-à-dire des gens investis, droits, et surtout très humains. S’il reconnaît dans un sourire un peu gêné avoir « fait trembler quelques services avec ce ton », il refuse de changer de style. « On est flic, mais on peut aussi se fendre la gueule », ajoute Joël, avant d’arriver à la passerelle de sa vie, celle qui mène au théâtre. Poussé sur les planches par Jean Flick – ça ne s’invente pas –, Joël se révèle, et réveille l’enfant qui sommeillait en lui. Mimiques,
attitudes, intentions, il va apprendre, en restant très dur avec lui-même. « Je suis exigeant, je suis toujours en colère quand je rate une réplique. » Comédien, mais également auteur, Joël Irion écrit actuellement sa douzième pièce, toujours en Alsacien, et toujours pour rire avec plus ou moins de subtilité, dans une langue qui se prête aux clins d’œil et jeux de mots. À la vie, le policier est… identique. « Je suis sur scène constamment ! Je suis comme ça. »
Mais les temps changent. Pour le comédien comme le policier. « Il faut désormais peser chaque mot, chaque phrase. » Le 1er juin prochain, Joël prendra sa retraite. « Il faut que je me recentre sur moi-même désormais. Je suis un flic heureux, et je resterai réserviste. Maintenant j’ai envie de mettre en avant les minorités, le handicap. L’humain a peu de choses à donner, mais il faut qu’il le partage. »
Passionné par essence, Joël devrait rester un peu médiatique, mais quoi qu’il arrive, ce sera toujours pour rire, parce que « réussir à mettre de l’humour dans tout ce qu’on fait, ça facilite les échanges ». ←
→ C’est un bureau tout ce qu’il y a de plus banal ! Joël Irion l’a tout de même agrémenté d’éléments qui lui rappellent quelques belles rencontres.
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Un mégaphone offert par un jeune en service civique, parmis d'autres objets.
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Bienvenue dans le bureau partagé de Stéphane Chauffriat, capitaine de Quest for Change, installé dans l’ancienne manufacture de la Krutenau, cœur battant de l’innovation dans le Grand Est.
Rédaction : Hélène Edel
Photographie : Abdesslam Mirdass
❶
Un panneau lumineux ON AIR
La musique est l’un des grands amours de Stéphane. Sa première start-up, High Music School, une école de musique en ligne, existe toujours.
❷
Sa guitare
Lorsqu’il devient entrepreneur en 2008, son premier reflexe est de prendre sa guitare avec lui dans son bureau. Elle ne l’a plus jamais quitté depuis et rythme son quotidien, ainsi que celui de ses collègues.
❸
Une main qui fait le signe de cornes
Enfant du rock, il semble cultiver une attitude rebelle. Un clin d’œil à son tempérament audacieux et à sa volonté de bousculer les codes de l’innovation.
❹
Un tableau blanc
Il l’utilise de manière collaborative avec son co-bureau. Tous deux anciens – lui chez EY dans le conseil en innovation et startups –, ils l’utilisent beaucoup pour structurer les principaux projets ainsi que les process Chassez le naturel…
❺
Un trophée
Celui du Hackaton qui s’est tenu le jour du lancement de l’incubateur Quest for Bioeconomy. Fabriqué dans les Vosges et imaginé par une salariée artiste à ses heures perdues, « ce joli totem » symbolise bien la mission du réseau selon lui : « créer des choses inattendues en mutualisant des compétences ».
Ici, Stéphane partage son bureau avec le directeur général adjoint, un choix qui reflète la philosophie du réseau : « collaborer, échanger, avancer ensemble ».
Créé en 2021, Quest for Change est une structure associative, financée à 80 % par des fonds publics, qui aide les entrepreneurs à atteindre leur marché et leur indépendance financière. Pour y parvenir, il s’appuie sur cinq incubateurs territoriaux, dont le SEMIA en Alsace, et trois incubateurs spécialisés qui répondent aux filières d’excellence du Grand Est : Quest for Health, Quest for Industry et Quest for Bioeconomy, dernier-né dédié à la transition vers une économie durable basée sur le vivant.
Avec près de 50 experts accompagnants et une méthodologie éprouvée sur plus de 270 projets de start-ups, Quest for Change propose un accompagnement bienveillant. Physicien de formation, Stéphane Chauffriat a lui-même goûté à l’entrepreneuriat en lançant deux start-ups avant de se tourner vers l’accompagnement. Aujourd’hui, il recrute principalement d’anciens entrepreneurs qui mettent à profit leur expérience pour mieux comprendre les défis des porteurs de projet : « Nous avons une forme d’empathie pour les difficultés qu’ils traversent, parce que nous sommes passés par là. »
À l’origine du réseau Quest for Change, l’on retrouve le SEMIA. Fondé en 1999 avec pour mission de valoriser la recherche publique via la création de start-ups, l’incubateur alsacien (qui a fêté
↑ Il les appelle ses « doudous Star Wars ». Loin de l’image du dirigeant classique, Stéphane Chauffriat étonne par son naturel. Et puis, comme les héros de Star Wars, les entrepreneurs sont souvent des outsiders qui bousculent l’ordre établi pour créer quelque chose de nouveau non ?
ses 25 ans en 2024), s’est progressivement ouvert à tous types d’innovations sans que la chantilly ne prenne vraiment. En 2018, lorsque Stéphane Chauffriat en prend la direction, le vent tourne : les collaborations se multiplient, les opportunités aussi. Quest for Change nait pour créer une vision régionale forte, donner du sens à l’écosystème en pleine ébullition. Aujourd’hui, le réseau est une porte d’entrée incontournable pour les entrepreneurs de la région. En trois ans, il a permis aux start-ups incubées de lever 340 millions d’euros et de générer 80 millions d’euros de chiffre d’affaires. Des chiffres qui en disent long sur l’impact économique et social de la structure. Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Pour aller encore plus loin, Quest for Change explore de nouveaux leviers : diversification des financements, mobilisation d’investisseurs, développement de communautés de business angels… Dernier exemple en date : le lancement, le 30 janvier dernier, de l’incubateur La Lucarne, fruit d’une alliance avec Initiatives Durables et France Active Alsace. Son ambition ? Soutenir des projets à impact social et environnemental. « Parce que l’innovation doit aussi servir un monde meilleur, » insiste Stéphane. Et l’avenir ? « Il y a encore beaucoup de leviers à activer », s’enthousiasme-t-il. Une chose est sûre : Stéphane Chauffriat, icône rock and roll de l’innovation, ne compte pas ralentir la cadence. ←
Il défend Charlie Hebdo depuis plus de trente ans. Inlassablement, obstinément, avec fougue et conviction, Richard Malka, 56 ans, est un homme qui se bat au quotidien pour la laïcité et la liberté d’expression. Deux semaines après la commémoration des dix ans des attentats contre Charlie Hebdo, l’avocat le plus médiatique de France est venu à Strasbourg pour défendre ses idées.
Rédaction : Jean-Luc Fournier Photographie : Christophe Urbain
Après Dieu, votre dernier livre, est publié dans l’excellente collection Ma nuit au musée aux éditions Stock. On propose ainsi à un écrivain de passer toute une nuit seul dans le musée de son choix, avant d’écrire ce que cette expérience lui a inspiré. Or vous n’avez pas choisi un musée, mais Le Panthéon. Pourquoi ce choix ?
Ce monument a une histoire incroyable que je ne connaissais pas du tout, je l’ai découverte quand j’ai travaillé sur ce livre. À la base, Louis XV revient d’une campagne militaire, il est à Metz et il est très malade, à l’article de la mort, même. On lui donne l’extrême-onction pendant que toutes les cloches du royaume résonnent pour annoncer sa mort prochaine. Ses médecins le soignent à grand renfort de saignées qui, évidemment, n’arrangent pas son état. Le Roi se fait alors une promesse : « Si, par miracle, je m’en remets, je ferai bâtir la plus belle et la plus grande basilique de Paris sur la montagne Sainte-Geneviève… » C’est alors que ses docteurs vont se résoudre à s’adresser à un médecin lorrain qu’on dit très compétent. Ils l’appellent au chevet du Roi et, en trois jours, ce médecin diagnostique une dysenterie, stoppe immédiatement
les saignées, soigne le monarque avec des onguents et le remet sur pied ! Problème : ce médecin est juif et il n’est évidemment pas question d’avouer que c’est un médecin juif qui a sauvé le très chrétien Louis XV. Alors, on désigne un simple et anonyme médecin de régiment comme le sauveur du Roi. Il y aura plus tard une fête gigantesque à Paris où ce médecin sera fêté comme un héros. Entretemps, quand même, le médecin juif sera dispensé d’impôt, en guise de remerciement.
Voilà l’histoire de départ. Le Panthéon aurait donc pu être une synagogue, mais, en fait, il ne sera ni une synagogue ni une église puisqu’au final, sa construction va prendre un tel retard que la Révolution française va éclater entretemps et que cette église ne sera jamais consacrée. Les révolutionnaires vont décider d’en faire le temple de la République, en l’honneur des grands hommes de la patrie. Plus tard, au fil des changements de régimes, il redeviendra provisoirement un bâtiment religieux. Sous Napoléon, il sera partagé : on y célébrera des messes, mais la crypte abritera toujours les tombeaux des grands hommes. Il faudra attendre la troisième République et la panthéonisation de Victor Hugo pour que le monument se fige définitivement en ce qu’il est encore de nos jours…
Lors de cette nuit passée seul au Panthéon, tout près de ces grandes figures françaises qui y reposent, vous conversez très souvent avec Voltaire. À la lecture du livre, on ne peut que se poser et vous poser cette question : si Voltaire revenait aujourd’hui et maintenant, quel regard porterait-il sur notre société, qu’écrirait-il sur l’état de la laïcité dans notre pays ?
Sincèrement, je pense qu’il serait désespéré parce que, de son vivant, Voltaire pensait que c’en serait bientôt fini de ce fanatisme religieux qui vivait, selon lui, ses dernières années. Il y avait autour de lui ce mouvement des Lumières, ses amis philosophes, les d’Alembert et autres Diderot qui voyaient l’Europe s’ouvrir aux idées progressistes et aux sciences, et rejeter de plus en plus la religion comme système dominant. Tous prophétisaient alors l’éradication du fanatisme religieux. Alors, aujourd’hui, Voltaire et ses amis philosophes seraient hallucinés de voir que 250 ans plus tard, on en est, en France, à décapiter des professeurs pour cause de blasphème…
« IL FAUT LE REGARDER EN FACE, IL FAUT
NOMMER ET IL FAUT L’AFFRONTER. »
Ce retour du fait religieux est une réalité indubitable et il dit beaucoup sur l’état de notre société. Il faut le regarder en face, il faut le nommer et il faut l’affronter, car sinon, on finira de nouveau avec les mêmes chaînes que celles dont Voltaire et ses contemporains souffraient. On retombera dans l’idolâtrie, dans le dogmatisme le plus débile. On ne pourra plus parler, on ne pourra plus exprimer ses opinions, on abandonnera nos libertés les unes après
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les autres, la liberté de prier ou ne pas prier, de croire ou ne pas croire. On redeviendra soumis à tous les diktats religieux…
Cela fait penser à la mise en garde de Simone de Beauvoir à ses compagnes féministes, juste après l’adoption de la loi Veil dans les années 70. Aucun droit n’est jamais acquis définitivement.
Elle avait entièrement raison. Aucune liberté n’est jamais acquise pour l’éternité, le combat pour les libertés est un combat constant. Concernant la laïcité, on a fini par oublier de transmettre les valeurs qu’elle porte, ses idéaux universalistes qui nous ont protégés et qui font que nous avons pu vivre ensemble, jusqu’alors. En oubliant de les transmettre, nous avons perdu le sens du combat et quand ce sens du combat est perdu, c’est très compliqué d’y revenir. On a envie de rester en paix, on n’a pas du tout envie de se faire violence et de s’avouer qu’il va falloir se battre pour rester libre. À Charlie, on s’est sentis très seuls pendant très longtemps, mais depuis le procès au milieu duquel est survenu l’assassinat de Samuel Paty, une prise de conscience s’est produite et beaucoup se sont dit qu’il allait falloir passer à l’action, dans l’esprit des philosophes qui entouraient Voltaire au cœur du siècle des Lumières…
« AUCUNE LIBERTÉ N’EST JAMAIS ACQUISE POUR L’ÉTERNITÉ, LE COMBAT POUR LES LIBERTÉS EST UN COMBAT CONSTANT. »
À cette époque, l’un de ces philosophes, Condorcet, avait su expressément signifier ce qui devait conditionner l’élévation de l’être humain et sa mise définitive à l’achat du fait religieux : l’éducation, l’éducation sans relâche.
C’est tout à fait ça. Et un siècle plus tard, cela a été mis en application par les pères fondateurs de notre laïcité moderne, Ferdinand Buisson et Jules Ferry. Pour eux, l’école publique devait être une fabrique de citoyens qui devaient apprendre à penser librement, apprendre la libre conscience. Ils voulaient tourner la page en fabriquant des citoyens laïcs. Le fait religieux devenait alors un simple vécu personnel et non plus un dogme, ce modèle de société qu’on s’ingéniait jusqu’alors à imposer à tous.
Mais que s’est-il donc passé pour que cette notion de laïcité soit devenue aussi évanescente parfois ?
La France républicaine est en partie parvenue très longtemps à faire vivre cette notion-là, mais c’est justement quand on s’est mis à penser que le combat était gagné que le fait religieux est violemment revenu. Notre laïcité à la française, on a arrêté de l’enseigner. On a relâché notre vigilance… Quand je parle du retour du fait religieux, il s’est fait sous des formes nouvelles et ça concerne en particulier l’islam.
Et là, il y a eu un problème à gauche. La gauche n’a pas su traiter ce problème-là. Elle savait quoi faire face au christianisme. Quand Charlie Hebdo affrontait des procès venant des chapelles chrétiennes, toute la gauche était derrière nous. Mais concernant l’islam, elle n’a pas su appliquer les mêmes raisonnements, cette même méfiance. Résultat : elle s’est anesthésiée et très souvent scindée en deux. L’islam est une religion dangereuse, à l’instar de toutes les
qui donne toute sa à votre
autres sauf que c’est aussi la religion de beaucoup de personnes qui vivent des discriminations et qui, très souvent, subissent le racisme, sans oublier les effets quelquefois persistants de la colonisation qui sont venus rajouter de la culpabilité au-dessus de tout ça. La gauche s’est retrouvée très mal à l’aise, n’osant plus affronter de nouveau le fait religieux lorsqu’il s’appelait islam, abandonnant la laïcité qui a immédiatement été récupérée par la droite, puis l’extrême droite, car la nature a horreur du vide. C’est vite devenu catastrophique : comment ne pas être aux côtés des enseignants, des journalistes, des policiers ou encore des juifs victimes d’attentats ? On ne peut plus ne pas voir qu’il y a une idéologie de l’islam politique avec les Frères musulmans qui essaient à tout va de communautariser notre société.
Et aujourd’hui, c’est la liberté d’expression qui subit le même sort. Ces valeurs sont historiquement de gauche et on voit les dégâts de l’abandon de ces notions par une certaine gauche. C’est pourtant la mission de la gauche d’être aux côtés des opprimés et de se méfier des religions.
Tout récemment (l’entretien a été réalisé le 24 janvier dernier – ndlr), on s’est indigné du vote de certains députés européens LFI contre une motion de
soutien à l’écrivain algérien Boualem Sansal, détenu dans les geôles du régime algérien. D’autres se sont abstenus, ce qui ne vaut pas mieux. Ce parti se veut de la gauche française, le pays de la littérature, le pays de Voltaire et des Lumières ! C’est indigne. Un jour, ils devront rendre des comptes. Ils se sont rangés du côté des pires collabos, des dictateurs et des tyrans. Il faut ouvrir les yeux sur le chapitre de la liberté d’expression…
Dans votre livre, vous provoquez gentiment en écrivant que vous souhaitiez rajouter un adjectif au premier article de notre Constitution, le bien connu « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale ». Vous souhaiteriez rajouter « et athée ».
Oui, je provoque un peu. Mais j’imagine déjà le retentissement mondial que cela aurait. Et j’imagine aussi qu’on pourrait retrouver nos enseignants, les hussards noirs de la République, qui se remettraient à réapprendre à leurs élèves le sens du mot laïcité et leur expliqueraient à quel point il faut se méfier des religions en leur racontant les centaines de millions de morts que cela a causées quand le fait religieux est mal interprété, quand il se transforme en fait politique, intégriste, fanatique, dogmatique… En idolâtrie aussi. Il faut réexpliquer à nos jeunes que le fait religieux est l’ennemi de nos libertés. Et puis, il faudrait aussi une loi mondiale pour interdire aux religieux de se mêler de politique et d’entrer dans un gouvernement, car alors, ils se foutent bien de leur peuple, ils ne se préoccupent que de leur Dieu. En Israël ils sont les premiers à réclamer la guerre, mais les seuls à pouvoir être exemptés de service militaire !
D’où vient cette énergie inlassable ?
Cela fait plus de trente ans que vous ferraillez sur ces thèmes-là.
C’est plus fort que moi. Ce combat, je l’ai en moi, et même si c’est parfois très lourd, je ne peux pas m’arrêter. Je vous mentirais si je vous disais que je n’ai jamais d’idées d’évasion. Mais l’époque ne me permet pas de faire de grandes siestes… ←
« IL FAUT OUVRIR LES YEUX SUR LE CHAPITRE DE LA LIBERTÉ D’EXPRESSION. »
Mardi 15 avril 2025 de 8h30 à 10h30
Club de la Presse 10 Place Kléber - Strasbourg
L’association Ligne Verte Terre de Paix vous invite à une matinée d’échange, de partage et d’atelier sur le thème
Inspirez-vous des Peuples Racines pour transformer votre management !
Rejoignez notre cercle de mécènes privilégiés et soutenez les projets des peuples racines tout en profitant d’avantages exclusifs.
Lors de cette matinée, vous pourrez :
1. Découvrir comment les valeurs des Peuples Racines peuvent révolutionner votre approche de l’entreprise,
2. Explorer les principes qui guident ces peuples et comment ils peuvent s’appliquer au monde professionnel pour une entreprise plus durable et responsable,
3. Échanger avec d’autres professionnels, et découvrir comment intégrer ces valeurs dans votre démarche RSE,
4. Soutenir l’association Ligne Verte Terre de Paix : plus qu’un acte de générosité, c’est un engagement à explorer des modèles alternatifs, à s’ouvrir à d’autres façons de penser et à enrichir votre vision stratégique.
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Les représentants des peuples Betsimisaraka (Madagascar) - Amazigh (Maroc) Kariri-Xocó (Brésil) - Maya (Mexique) - Penan (Malaisie) vous invitent à partager une expérience unique et enrichissante : la 4ème édition du Forum des Peuples Racines : Être en joie ! Du 19 au 21 septembre 2025 - Le PréO, Oberhausbergen | Strasbourg
Le Forum des Peuples Racines est bien plus qu’un événement, c’est une invitation à la rencontre, au partage et à la découverte des cultures et traditions de peuples du monde entier. Dans une ambiance de joie et de convivialité, venez échanger avec les représentants de ces peuples, vous inspirer de leur sagesse et de leur expérience.
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Strasbourg reste LA ville du vélo en France. Et le sera encore plus quand les nombreux aménagements en cours porteront à 30% la part du vélo dans les moyens de transports quotidiens des citoyens de l’Eurométropole. Un phénomène qui, cependant, a ses angles morts…
LE VÉLO À STRASBOURG
Strasbourg truste depuis plusieurs décennies le podium des villes françaises où les deux-roues sont rois.
Dans les pages qui suivent, nous faisons le point sur les équipements d’infrastructure dont la noria ne s’arrête jamais, sur les usages qui évoluent avec l’arrivée de nouveaux adeptes et des vélos électriques et nous parlons aussi du comportement quelque peu erratique d’une minorité de cyclistes, néanmoins très visible.
Rédaction : Jean-Luc Fournier
Photographie : Tobias Canales
☛ Strasbourg et le vélo, c’est déjà une longue histoire. Elle est connue par tous les acteurs institutionnels ou associatifs qui sont capables encore aujourd’hui de vous raconter dans le détail comment Pierre Pflimlin, alors maire de la ville, mit sur orbite l’ancêtre des plans-vélo. On était en 1978 et l’édile avait été alerté (et même quelque peu « bousculé »…) par le pasteur Jean Chaumien lui-même bouleversé par le sort funeste subi par une de ses paroissiennes, mère de famille renversée par un camion. Jean Chaumien ne cessera alors de se battre pour la cause du vélo à Strasbourg et fonda CADR67 quelques années plus tard.
Cinq décennies plus tard, Strasbourg conserve son avance, même si une récente étude de la FUB* ne la place que sur la deuxième marche du podium du palmarès des villes cyclables en France, derrière Grenoble (« après un curieux changement des critères examinés » persiflent quelques spécialistes de la question à
Strasbourg, un tantinet chauvin sans doute…).
Il faut dire que les chiffres alignés par la capitale française du vélo peuvent impressionner : plus de 600 km de pistes cyclables, 6500 vélos en libre-service (Vélhop) et la part du vélo qui s’élève à près de 20 % des déplacements en centre-ville – objectif 30 % en vue, après les aménagements encore en cours. Strasbourg est donc bien « la ville du vélo » en France.
Le dossier que nous publions aujourd’hui donne la parole aux élus et aux associations sur l’état des lieux de la pratique du vélo à Strasbourg et les objectifs poursuivis. Nous y évoquons aussi les nouvelles pratiques dont l’apparition en force du vélo électrique depuis les années Covid et nous n’éludons pas la problématique sensible du comportement problématique d’une minorité de cyclistes, comportement qui exaspère du côté des piétons et envers lequel, vous le lirez, les sensibilités s’expriment de façon très… variée. ☚
« Strasbourg est donc bien “la ville du vélo” en France. »
Des vélos électriques de plus en plus nombreux qui côtoient les trottinettes (certaines désormais carénées comme des machines de compétition) et toutes sortes d’engins parmi lesquels émerge la monoroue électrique, le tout circulant très souvent allègrement sur les trottoirs : voilà désormais le lot quotidien du piéton strasbourgeois. Dans les zones piétonnes, la crainte du cycliste insouciant voire même désinvolte est une réalité quotidienne.
Rédaction : Jean-Luc Fournier
Un simple coup d’œil sur l’effervescence cycliste des rues strasbourgeoises permet d’entrée de repérer la principale nouveauté des dernières années : la présence croissante (et bien visible) du vélo électrique. « Son succès est un héritage direct des années Covid » reconnait Hughes Aubry, 28 ans, responsable du service aprèsvente de Citizen Bike, une boutique vélos qui affiche généreusement une belle gamme de vélos électriques sur son linéaire de trottoir du Faubourg de Saverne, à deux pas de la Grande Ile. « Ce boom sur le vélo a été tellement considérable que le phénomène s’est bien sûr tassé à partir de 2023. L’année passée, nous avons vendu 300 vélos et parmi eux, 170 étaient électriques.
J’estime que c’est un retour à la normale mais je suis convaincu que l’essor va reprendre car Strasbourg est quand même une ville où le vélo a une place royale. 90 % des gens qui achètent leur vélo chez nous ou viennent le faire réparer l’utilisent comme moyen principal de locomotion, essentiellement pour aller au travail et pour tous les trajets du quotidien. Beaucoup d’entre eux n’ont plus de voiture… »
Fort d’une quinzaine d’années d’expérience dans le métier, Hughes observe avec objectivité ce regain de la pratique cycliste via le vélo électrique : « Côté esthétique, on se rapproche désormais des standards classiques. Tout est intégré et l’ensemble est très fiable : les batteries,
l’ensemble du mécanisme électrique… tout ça fonctionne parfaitement. L’autonomie des batteries n’est plus un problème même si le chiffre donné par le fabricant est toujours très optimisé parce que calculé pour une utilisation idéale qui n’est jamais rencontrée dans le quotidien de l’utilisateur. Le même phénomène vaut pour les voitures électriques… Personnellement, je roule à vélo électrique depuis dix ans, j’ai essayé toutes les plus grosses marques de moteurs et de batteries, je n’ai jamais eu le moindre souci… » Seul bémol apporté par ce responsable de SAV, les vélos bas de gamme vendus en hypermarchés ou sur le net. Leurs acheteurs sont souvent séduits par une esthétique avantageuse et, bien sûr, par un prix très agressif, extrêmement bas. Avec un sourire amusé, Hughes reconnait bien volontiers que son commerce finit toujours par tirer profit de ce phénomène. La difficulté notoire à se procurer les indispensables pièces de rechange en cas de panne fait bien souvent « basculer » le client vers un achat plus haut de gamme, vers des modèles d’un fabricant reconnu et fiable. « Aujourd’hui on peut avoir accès à un vélo électrique haut de gamme, d’un fabricant sérieux et reconnu, à partir de 300 € » conclue Hughes.
Le point noir du comportement des cyclistes au centre-ville. C’est finalement sa collègue de travail, Stéphanie, vendeuse dans la même
Céline Hentz
« Aucune catégorie d’usagers ne se comporte parfaitement, on a tous des améliorations à apporter à notre pratique de la ville. »
À gauche : Céline Hentz, présidente de Strasbourg à Vélo.
À droite : Hughes Aubry, responsable du service après-vente de Citizen Bike.
enseigne, qui met le doigt sur un des points le plus souvent évoqués quand on parle de l’essor quasi irrésistible du vélo à Strasbourg : les incivilités des cyclistes, dont une minorité, certes, mais très visible, semblent s’affranchir gaillardement des règles du code de la route.
« Personnellement, je suis plus piétonne que cycliste mais je réagis surtout en pensant aux zones partagées qui sont très nombreuses, et même aux zones piétonnes. On voit des choses assez effarantes, il y a un certain nombre de cyclistes, qui restent heureusement encore minoritaires, qui s’exemptent complètement du respect des règles, qui ignorent les feux rouges, les priorités aux piétons. Il y a de quoi être effarée, effectivement, quand on voit une maman, pilotant un vélo-cargo avec deux petits-enfants à bord, qui traverse une voie en dehors des passages pour piétons ! Et je ne parle même pas du comportement quelquefois irresponsable des livreurs à vélo, et encore moins des trottinettes ou autres gyros… »
On touche là au point très sensible du développement exponentiel du vélo à Strasbourg. Les associations de cyclistes, par ailleurs toutes très en pointe sur les aménagements restant à réaliser ou les nécessaires actions d’éducation notamment auprès des
publics scolaires, ont bien conscience de cette problématique des incivilités des cyclistes strasbourgeois mais leur discours sur le sujet présente de sensibles divergences.
Du côté de Strasbourg à Vélo, présidée par Céline Hentz, adhérente de l’association depuis trois ans, on relève tout d’abord les nombreux endroits « où les cyclistes ne se sentent pas en sécurité », et on s’insurge quelque peu : « Je ne peux pas laisser entendre que les cyclistes, plus que d’autres usagers, ont des choses à apprendre ou à mieux faire. Les piétons qui traversent sans regarder ou avec des écouteurs et qui ont l’œil rivé sur leur téléphone mobile sans être vigilants, ça peut aussi être très problématique, à la fois à l’égard des voitures et des cyclistes. Aucune catégorie d’usagers ne se comporte parfaitement, on a tous des améliorations à apporter à notre pratique de la ville… »
Propos confirmés par son collègue Pierre Peloux, ex-président fondateur de Strasbourg à vélo (qui tient à préciser qu’il parle ici à titre strictement personnel, sans engager en quoique ce soit l’association) : « Sincèrement, j’estime que je n’ai pas à m’autoflageller parce que certains cyclistes font n’importe quoi. Je ne suis pas le représentant des cyclistes, je ne suis pas leur policier, je ne suis pas leur père ou ☛
Pierre Pelou
« Moi je milite pour que les cyclistes puissent circuler en sécurité… »
À gauche : Fabien Masson, directeur de CADR67. À droite : Pierre Peloux, ex-président fondateur de Strasbourg à vélo.
Un cas... d’école
La difficulté des diverses cohabitations peut être illustrée par l’aménagement plus que problématique à la perpendiculaire de la sortie des élèves de l’école privée Sainte-Anne dans le quartier du Neudorf. En cause, une double piste cyclable qui épouse le parcours d’une parfaite ligne droite où tout est réuni pour que les cyclistes atteignent leur vitesse maximale. Dans ces conditions, avec ces Fangio du vélo, le passage pour piétons censé assurer la sécurité des élèves n’est d’aucun secours : la plupart des cyclistes l’ignorent somptueusement… Les parents d’élèves ont vigoureusement interpellé la Ville de Strasbourg, exigeant une obligation de mettre pied à terre pour les cyclistes, en amont en en aval dudit passage. Aucune réaction à l’heure du bouclage de notre magazine le 20 février dernier, si ce n’est la promesse d’une réunion à la fin du même mois… (j.l.f.)
leur mère : ils sont souvent majeurs, ils ont le droit de faire ce qu’ils veulent, entre guillemets… Alors oui, c’est entendu, certains d’entre eux ne sont pas parfaits, oui, ça existe, mais ça c’est le problème de la police, ce n’est pas le mien. Moi je milite pour que les cyclistes puissent circuler en sécurité… »
Du côté de CADR67, la plus ancienne des associations strasbourgeoises de cyclistes (elle affiche un demi-siècle d’existence !), on milite également pour les aménagements « encore très nombreux à réaliser et une vraie action pédagogique envers les jeunes encore à l’école primaire. « On a vu passer tous les plans-vélos qui se sont succédé, et nous sommes bien conscients de tous les efforts qui ont été faits ici en faveur de la circulation à vélo » se souvient son directeur Fabien Masson, 46 ans, adhérent de CADR67 depuis dix-huit ans.
Mais le discours à l’égard du comportement des cyclistes strasbourgeois est beaucoup plus radical. « Oui, il va falloir en venir à une « répression » plus affirmée » poursuit-il, sans la moindre langue de bois. « Moi je peux comprendre qu’une famille avec les enfants et les poussettes ou des personnes qui vont se promener en ville dans des zones piétonnes en aient marre, au bout d’un moment, de craindre
pour leurs enfants en même temps qu’ils ont peur pour la sécurité de tout le monde. Alors, lors d’une récente réunion de la commission de sécurité, j’ai interpellé l’élu et je lui ai rappelé qu’en 2012 on avait mis en place ce qu’on appelle des amendes minoritaires. À l’époque un feu rouge, un stop, un mauvais comportement, et le cycliste était sanctionné d’une amende de 45 euros, au lieu des 90 euros réglementaires. C’est nous qui avions vigoureusement milité pour que ce système soit mis en place, avec le procureur de l’époque. Et bien, lors des deux années suivantes, les chiffres d’accidentologie avaient baissé. Quelle est donc la leçon à retenir ? Ça veut dire qu’au bout d’un moment, faire de la pédagogie, ça ne marche plus. Donc, il faut verbaliser. Il faut verbaliser l’ensemble des comportements dangereux. Ces opérations ne se sont pas maintenues dans le temps, on nous a répondu, à l’époque, qu’il n’y avait pas assez de forces de police pour aller verbaliser dans les zones piétonnes... Ce qui n’était sûrement pas faux. Mais cette expérience donne à réfléchir, non ? » conclut Fabien Masson, tout en souhaitant qu’elle soit renouvelée.
Interrogée sur ce sujet, Sophie Dupressoir ne s’engage pas, mais confirme que des contrôles plus fréquents vont être déployés… ☚
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Elle-même depuis toujours cycliste convaincue, Sophie Dupressoir revient dans cette interview sur les grands axes de la politique vélo du mandat en cours et souligne les importantes évolutions de la pratique. Selon elle, Strasbourg peut désormais prétendre se rapprocher des grandes capitales du nord de l’Europe, là où le vélo règne en maître depuis de très nombreuses décennies.
Rédaction : Jean-Luc Fournier
Photographie : Tobias Canales
Il y a un peu plus de quatre ans, quelques semaines après votre élection, vous aviez annoncé plusieurs axes de progression possible. Où en sommes-nous aujourd’hui ?
L’axe principal concerne la problématique des équipements d’infrastructure dédiés aux pratiques du vélo à Strasbourg et dans l’Eurométropole. Aujourd’hui, on raisonne sur les première et deuxième couronnes des communes de l’Eurométropole et même sur une troisième couronne qui va même au-delà des limites administratives de la Collectivité. Car nous nous concentrons sur ce que j’appelle la distance de pertinence du vélo. Aujourd’hui, avec la part de plus en plus grande prise par le vélo électrique, elle va bien au-delà des quinze kilomètres. Cela nous oblige évidemment à traiter des problèmes qui n’ont rien à voir avec la densité urbaine de Strasbourg et sa première couronne. Il nous faut donc réaliser des acquisitions foncières si on veut avoir des pistes cyclables vraiment séparées du trafic automobile et tout cela prend beaucoup de temps. On peut parfaitement illustrer ce point avec la liaison qui connecte le Kochersberg à Strasbourg, une liaison désormais ininterrompue et qui aboutit à Oberhausbergen. C’est une voie partagée vélo/piéton mais qui a été réalisée en site propre, assurant la sécurité des usagers. Sur l’intégralité de la métropole, nombre de points de franchissements ont été traités. Il en reste, comme celui de cette passerelle qui va faire la liaison entre le nouveau quartier d’affaires du Wacken et Schiltigheim ou encore la connexion entre Koenigshoffen et la Montagne-Verte qui va permettre de franchir la Bruche. Tout ça, ce sont de petits linéaires mais qui font la différence parce que si sur un itinéraire, le cycliste se retrouve, au niveau d’un pont, en mixité avec les
« Généralement, Strasbourg a été pilote sur pas mal de règles qui s’appliquent aujourd’hui. »
voitures, tout de suite le choix du vélo devient moins attractif parce que dans la tête du cycliste, cet endroit est identifié comme une difficulté, un danger. Ça vaut aussi pour les grands axes structurants pénétrants de la ville, l’exemple de l’avenue de Colmar étant symptomatique car évidemment, pour donner plus d’espace sécurisé aux cyclistes, il faut diminuer la place occupée par la voiture.
Bien sûr, on va terminer bientôt le fameux Ring cycliste qui devrait soulager les espaces piétons de la ville et permettre une cohabitation plus harmonieuse au centre-ville.
Ces aménagements, très visibles, ont un coût et il n’est pas mince…
À la fin du mandat, 100 millions d’euros auront été dépensés pour financer ces aménagements. C’est quatre fois plus que lors du dernier mandat. Après, il est évident que nous ne pourrons pas réaliser de pistes cyclables en site propre partout. Il faut donc quelquefois faire cohabiter le vélo avec les modes motorisés. Là il s’agit d’apaiser, de ralentir les véhicules, de réduire le flux, de manière à le rendre compatible avec un flux mixte vélo-voiture. Donc on fait des zones 30, des zones de rencontre, puis des zones piétonnes, avec une priorité absolue aux piétons, puis le vélo, puis la voiture, c’est la hiérarchie des priorités qui s’applique…
Parmi les axes de progression que vous aviez développés au début de votre mandat, il y avait également un fort accent porté sur les questions de pédagogie et d’information… Là aussi, la promesse d’éducation et de sensibilisation a été tenue avec toutes les vélosécoles que l ’on subventionne. On arrive ainsi à toucher les enfants de CM2. Ce programme, que l’on a engagé depuis longtemps, a été repris par le gouvernement qui l’a appelé le Savoir rouler. Il oblige toutes les collectivités à éduquer les enfants de CM2 au vélo mais malheureusement, l’État ne met pas de moyens en face de ses ambitions. En ce qui nous concerne, à Strasbourg, on arrive à toucher à peu près 50 % des CM2 en vue de l’entrée au collège, où normalement ils doivent être autonomes. On bénéficie de deux pistes de sécurité routière sur lesquelles ils vont s’exercer. Généralement, Strasbourg a été pilote sur pas mal de règles qui s’appliquent aujourd’hui… À terme, Strasbourg pourra-t-elle un jour rivaliser d’égale à égale avec les autres capitales du nord de l’Europe où le vélo règne en maître ? Elles ont vraiment une colossale avance sur nous, il faut en être conscient. Mais nous progressons. Je suis certaine qu’on va pouvoir atteindre le score de 30 % de part du vélo pour les déplacements quotidiens, professionnels et autres. Et ça, ce sera une remarquable performance, unique en France. ☚
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Strasbourg, capitale du vélo… volé ! Chaque année, ce sont entre 2000 et 3000 vélos qui disparaissent dans la nature. Il se dit même dans la ville qu’on ne serait pas vraiment Strasbourgeois tant qu’on ne se serait pas fait voler sa monture… Malédiction urbaine, rite de passage obligé ou fatalité ? Quoi qu’il en soit, choisis bien ton cadenas, et ACCROCHE-TOI ! Alors on sait, parfois, on a beau avoir trouvé celui qu’il nous faut… il n’y a pas d’arceau. Un seul mot : l’impro !
1 Boulevard de Lyon
2 Rue Fritz
3 Avenue de la Paix
4 Rue des magasins
5 Rue de Barr
6 Parc du Heyritz
7 Place de Haguenau
8 Rue de Sarrelouis
9 Rue Georges Wodli
10 Place de Bordeaux
11 Rue des bonnes gens
12 Rue Jacques Kablé
13 Place de Haguenau
14 Rue du Ban-de-la-Roche
De la pratique amateur aux compétitions du haut niveau, le sport féminin à Strasbourg prend chaque jour un peu plus ses marques. Entre l’affirmation de leur place, l’accès aux infrastructures et la lutte pour l’égalité, les sportives relèvent le gant et font bouger les lignes.
À Strasbourg comme ailleurs, la pratique sportive féminine progresse, les mentalités évoluent, mais les freins restent nombreux. Stéréotypes de genre, accès inégal aux infrastructures, difficulté à s’approprier l’espace public, autant d’obstacles à faire tomber pour faciliter l’accès de toutes à tous les sports.
Rédaction : Guylaine Gavroy
Photographie : Alban Hefti
Des rugbywomen s’échauffent sur le terrain de l’AS Cheminots, à Cronenbourg.
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La nuit est tombée il y a quelques heures déjà. Au cœur de l’hiver, quelques degrés résistent encore, mais les températures négatives ne tardent pas à engourdir les corps immobiles. En ce mardi de janvier, elles sont une trentaine de rugbywomen à s’échauffer sur le terrain de l’AS Cheminots, à Cronenbourg. Certaines toussent, d’autres se mouchent mais aucune n’a cédé à la chaleur d’une soirée tranquille. Étudiantes, jeunes travailleuses, mamans, elles ont entre 18 et 37 ans et toutes ont sanctuarisé deux soirées de leur semaine pour venir s’entraîner avant les matches du dimanche. « Elles ont eu un déclic, une envie d’essayer. Quand on fait du rugby, on cherche forcément quelque chose, ce n’est pas anodin » lâche dans un sourire Alice Tschudy, entraîneuse des Cheminotes,équipe de Fédérale 2, le quatrième niveau français. « Le rugby est un sport de combat collectif. »
Comment le sport change la perception de soi. Pourtant, le rugby est encore largement considéré comme un sport pratiqué exclusivement par
« Alors que dans les petites sections, les équipes sont mixtes dans des sports comme le handball ou le basket, le conditionnement se répercute dans la pratique adulte. »
les hommes. Les inégalités se retrouvent donc aussi dans la manière dont certains sports sont perçus, et cette classification implicite freine de nombreuses femmes dans leurs choix.
Le foot n’est-il pas un sport masculin ?
Pauline Dechilly hésite. « Je ne sais pas quoi répondre, admet la défenseure du Racing Club de Strasbourg après un moment de réflexion. J’ai toujours joué au foot ou regardé des matches à la télévision. »
La boxe ? « Ma mère me disait que c’était un sport de garçon, mais comme ma sœur en faisait déjà, ça passait, se souvient la boxeuse strasbourgeoise Ilhame Raguig. Quand j’ai lancé mon association Fitboxing, il y avait des mamans ou des jeunes filles qui ne voulaient pas aller dans des salles de boxe qu’elles trouvaient réservées aux hommes. Comme j’ai grandi dans cet environnement, je ne m’en étais jamais aperçu. Quand je suis tombé malade, je me suis
rendue compte, en y retournant, qu’effectivement, c’était plutôt un univers masculin. »
« C’est le problème des stéréotypes de genre. Les garçons sont encouragés à pratiquer le foot, alors que les filles sont orientées vers la gymnastique ou la danse », explique William Gasparini, sociologue du sport et professeur à l’Université de Strasbourg. Alors que dans les petites sections, les équipes sont mixtes dans des sports comme le handball ou le basket, le conditionnement se répercute dans la pratique adulte. Mais la part de féminisation du sport augmente. Cet été, aux Jeux olympiques de Paris, il y avait autant de femmes que d’hommes. Et on voit de plus en plus de femmes qui font du sport à la télévision.
Au-delà des terrains et des salles, ces stéréotypes façonnent aussi la manière dont les femmes occupent l’espace public. Se sentir légitime dans un sport, c’est aussi se sentir
↑ À Strasbourg, les terrains de sport ne sont plus seulement des lieux d’entraînement, ils sont aussi des espaces de lutte et de transformation.
légitime dans la ville. Beaucoup de jeunes filles grandissent en pensant que certains sports ne sont pas faits pour elles, qu’elles ne sont pas assez fortes, pas assez rapides, pas assez résistantes. Or, faire du sport permet de se découvrir et de développer sa propre force, physique et mentale.
« Quand une femme commence un sport et se rend compte de ce dont son corps est capable, quelque chose change en elle. Elle gagne en assurance, elle ose davantage de choses » explique une coach de l’association Allez les Filles, association créée par Yvette Palatino pour apprendre aux femmes à développer leur confiance en elles et à se défendre. Alice Tschudy, des Cheminotes, le confirme : « Au fur et à mesure des entraînements, on voit les filles gagner en muscle et le gainage change leur posture, elles se tiennent beaucoup plus droites. »
Ilhame Raguig va plus loin encore : « Je dis souvent que le sport est ma colonne vertébrale, c’est toute ma construction personnelle. Lors de la maladie, le sport a été un soutien physique et psychologique. On parle souvent des effets du sport sur le physique, on sous-estime beaucoup son impact sur le mental. » Sacrée treize fois championne de France, quadruple championne du monde et triple championne d’Europe, la désormais retraitée des rings a vu sa vie basculer en 2021 lorsqu’on lui a diagnostiqué un cancer. « J’ai appréhendé la maladie comme je me préparais à un combat : le cancer était devenu mon adversaire. C’était mon plus grand combat et surtout, il ne pouvait y avoir qu’un seul vainqueur. Que je sois boxeuse m’a assurément aidé à supporter la douleur. Physiquement, j’avais plus de muscle alors que la maladie a tendance à les atrophier. Le sport a été à la fois un exutoire et une thérapie. » Après avoir triomphé
« Au fur et à mesure des entraînements, on voit les filles gagner en muscle et le gainage change leur posture. »
« On parle souvent des effets du sport sur le physique, on sous-estime beaucoup son impact sur le mental. »
↑
Ilhame Raguig, treize fois championne de France, quadruple championne du monde et triple championne d’Europe de boxe.
de la maladie, la championne est allée chercher son treizième titre national et sa troisième couronne continentale.
Prendre sa place, sur tous les terrains et dans la ville. La question du genre des sports impacte également la répartition des espaces sportifs dans la ville. Les terrains de football, les street park, les aires de musculation sont principalement utilisés par les hommes. « L’Espace sportif de la Citadelle est le plus souvent occupé par des hommes et on assiste à une autoexclusion des filles, qui regardent plus qu’elles ne pratiquent », pose William Gasparini, qui rappelle que la plupart des projets de développement urbain ont été menés par des hommes.
Face à ce constat, la Ville de Strasbourg a multiplié les initiatives pour favoriser la pratique sportive des femmes. Des créneaux horaires spécifiques leur sont réservés dans certaines infrastructures, des aides sont accordées aux
clubs qui développent des équipes féminines, et des événements sont organisés pour encourager la mixité. « Strasbourg mène une politique visant à favoriser la pratique sportive des femmes, la mixité et la féminisation de l’espace public », convient William Gasparini. Parmi les initiatives, le sociologue évoque l’apprentissage du vélo pour les réfugiés et demandeurs d’asile : « Très souvent, les femmes n’ont pas le droit de pratiquer le vélo dans leur pays d’origine. Le vélo leur permet de s’ouvrir à la ville ».
À Strasbourg, les terrains de sport ne sont plus seulement des lieux d’entraînement, ils sont aussi des espaces de lutte et de transformation. De la boxe au rugby, du football aux salles de musculation, les femmes y gagnent peu à peu leur place. Mais tant que certaines hésiteront encore à franchir la porte d’un club ou à courir en pleine ville sans crainte, le combat ne sera pas terminé. Sur tous les terrains, dans toutes les disciplines, la bataille pour l’égalité continue. ☚
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FOOTBALL & HANDBALL
Championnes de France de D2, les footballeuses du Racing Club de Strasbourg font le difficile apprentissage de l’élite tandis que le Strasbourg Achenheim Truchtersheim Handball négocie plutôt bien sa deuxième saison de Division 1. Promus ces deux dernières saisons, les deux clubs alsaciens ont été contraints de s’adapter aux exigences du haut niveau.
Rédaction : Guylaine Gavroy
Photographie : T.T, Alban Hefti
☛ 12 mai 2024. En ce dimanche de printemps, sur la pelouse du Stade de Californie du Mans, le Racing Club de Strasbourg, leader de D2 féminine, a l’opportunité en cas de victoire de valider sa montée. Menées à la pause, les Strasbourgeoises inversent la tendance en seconde période pour s’imposer (1-2) et oblitérer leur ticket pour l’échelon supérieur. « Ça a été un accomplissement de tout ce qu’on avait mis en place, exécuté, et réussi tout au long de la saison » se souvient Pauline Dechilly, défenseure du collectif alsacien. « J’ai ressenti beaucoup de fierté. »
Élu meilleur entraîneur de D2 quelques jours auparavant, Vincent Nogueira vivait là un nouveau bonheur. « C’était la première saison il n’y avait plus qu’une poule, contre deux auparavant, et pour nous, c’était une saison de découverte où on voulait figurer dans le Top 5. Et puis, il y a eu certains signes tout au long de l’année, on a eu un ou deux matches en retard qu’on a gagnés, on s’est alors dit que les voyants étaient au vert. »
Huit ans après son premier match en D1 départementale, le Racing a été propulsé dans l’élite du football français. Le plus dur commençait. « On s’est retrouvé dans le grand bain, qui n’était pas un objectif, et face à une feuille blanche » se souvient Vincent Nogueira. « Le club était derrière nous et nous a dit qu’il fallait construire un effectif qui puisse se maintenir. Le recrutement est assurément la plus grande différence entre la D1 et la D2. Nous avons recruté onze joueuses pour construire un groupe compétitif avant de réaliser quelques ajustements cet hiver. »
Après une saison à une seule défaite, les Strasbourgeoises ont été forcées de réapprendre à perdre. « Je savais que le fossé serait important entre la D2 et la D1, qu’on allait rencontrer des grosses écuries, des équipes qui jouent l’Europe ou la première partie de tableau, comme Fleury, le Paris FC, sans parler du PSG ou Lyon » convient Pauline Dechilly. « Le niveau est élevé
↖ ↑ Apprentissage du haut niveau pour le Racing et le SATH.
et nécessite une plus grande exigence dans le travail. » Une contrainte que Vincent Nogueira doit gérer tout en réussissant à maintenir son groupe concentré sur l’objectif du maintien. « Il a fallu bien dire aux filles que ce championnat allait être totalement différent, les préparer à être dans le dur toute la saison, convient le technicien bas-rhinois. On ne va affronter les équipes à notre portée qu’en fin de saison, quatre équipes qu’il faudra battre se maintenir. En attendant, on va travailler, chercher l’un ou l’autre point et bien préparer la dernière ligne droite. Jouer le maintien génère autant de pression que jouer le haut de tableau, seul l’objectif est différent. »
An II, les Piraths passent un nouveau cap ! 13 mai 2023. Au soir de la 24e journée de D2, les Pirates s’imposent face à Noisy-le-Grand et verrouillent leur deuxième place, synonyme de montée. « Ça a été un sentiment incroyable mais également ambivalent. Il y avait de la satisfaction et une sensation d’accomplissement puisque nous avions réussi ce pour quoi nous avions fédéré les énergies depuis 2014 et la Nationale 1 (troisième échelon national) » se souvient Aurélien Duraffourg. « Mais cela a été ponctuel puisqu’il a fallu se projeter sur l’après et là, c’est le sentiment d’être face à un mur qui a prédominé. »
L’euphorie passée, le club du Kochersberg a dû très vite passer un cap. « En D1, tout va plus vite, tout est plus cher et tout est plus grand. Le fait de pouvoir s’appuyer sur des experts a été important », rembobine l’ancien entraîneur devenu manager général de l’ATH en 2021. La première difficulté a été de réussir à faire exister l’ATH dans un paysage ultra concurrentiel. « Avec des équipes comme Besançon, Dijon, Brest, Paris, la D1 est un championnat de métropoles ou de villes moyennes alors que l’ATH, c’est l’association de deux communes de 4 000 habitants. Il a fallu réussir à fédérer les partenaires institutionnels avec la Mairie de Strasbourg et éviter que cela ne tourne à la guerre d’ego entre ceux qui voulaient plus d’Achenheim, de Truchtersheim ou de Strasbourg. C’est pour cette raison qu’on a créé la marque les Piraths, avec la faute à la fin, qui réunit les lettres des différentes villes ». Avec un budget en augmentation depuis deux saisons, les Pirates devenues les Piraths donc ont également révisé leurs ambitions à la hausse. « Le championnat est très complexe » estime Aurélien Durrafourg, « on y est allé avec beaucoup d’humilité. La première saison, nous avions terminé à la 11e place sur 14 clubs. Cette année, nous avions la volonté de faire mieux. Aujourd’hui, le club est dans un contexte de compétitivité, il nous semblait important de progresser pour intégrer le Top 10 ». ☚
Opération séduction réussie pour les Bleues et les Piraths ! Cette saison, les filles du Racing se partagent entre la Meinau et le Stadium de Colmar. Face au Paris-SG, les Racingwomen ont attiré 13 613 spectateurs à la Meinau, affluence record. « Ce match nous a procuré beaucoup d’émotions parce qu’on joue au foot pour apporter du plaisir, et voir qu’on était aussi suivi était assez prenant », se souvient Vincent Nogueira. Les Piraths, elles, s’offrent régulièrement des délocalisations au Rhenus : 5 616 spectateurs ont ainsi rempli la salle strasbourgeoise pour la rencontre face à Metz. « Dans le deal avec la Mairie de Strasbourg, il y avait la capacité à promouvoir notre activité et à pouvoir nous adresser au plus grand nombre » rappelle Aurélien Duraffourg. « Jouer au Rhenus permet de donner de la visibilité aux sports collectifs féminins, c’est positif. Cela nous permet également de jouer dans une grande salle, c’est très formateur. » g g
« Je voulais être dehors, voir du monde et avoir un truc à moi toute seule. »
Quand son corps a dit stop, Alice Tschudy a choisi de rester sur le terrain mais de changer de place. Désormais entraîneuse de l’AS Cheminots Strasbourg Rugby qu’elle aimerait voir monter en Fédérale 1, la technicienne apprécie les valeurs de vivre ensemble de son sport.
Rédaction : Guylaine Gavroy
Photographie : Agence f/2,8
☛ Grande ou petite, très mince ou plutôt ronde, chaque nouvelle postulante qui souhaite rejoindre l’AS Cheminots fait le bonheur d’Alice Tschudy. La coach de la section féminine du club de rugby strasbourgeois la place sur le terrain qu’elle dessine dans sa tête, utilise les qualités qu’elle trouve immédiatement à chacune. Pourtant, l’ancienne joueuse n’occupe la fonction que depuis un an et demi. « Mon corps m’a dit stop !
Ancienne joueuse devenue entraîneuse de l’AS Cheminots, Alice Tschudy prône les valeurs de l’ovalie : respect, convivialité, partage.
J’ai eu beau dire “non, pourquoi tu me dis ça”, je me suis arrêtée après un 8e de finale de barrage de Fédérale 2 disputé contre Reims en mai 2023, se souvient la troisième ligne aile. Je ne pouvais plus jouer mais je ne voulais pas laisser le groupe. Je savais qu’un des coaches allait arrêter et que c’était l’occasion de me former avec des gens bien ».
Cette saison, les Cheminotes fêtent leurs dix ans et n’ont jamais été aussi ambitieuses. « L’équipe est composée de joueuses de 18 à 37 ans
qui viennent de tous les horizons. Il y a une vraie mixité sociale, se réjouit la chargée de communication scientifique à la MISHA (Maison interuniversitaire des sciences de l’homme Alsace). Il y a d’anciennes judokates, handballeuses, basketteuses qui sont venues chercher quelque chose de particulier. Comme moi quand j’ai commencé à Gif-sur-Yvette. Je voulais être dehors, voir du monde et avoir un truc à moi toute seule. C’est ce qui m’a marquée en arrivant à Strasbourg. J’étais maman de deux enfants à l’époque. Mais quand je sortais et que la porte de mon immeuble claquait, alors que j’avais mon sac sur le dos et mon vélo, je me sentais à nouveau moi ! »
Et si les staffs restent souvent à dominante masculine, de plus en plus d’anciennes joueuses franchissent le miroir pour devenir entraîneuses à leur tour. Au pays d’Alice, il est désormais aussi question de transmission. ☚
Si la pratique du sport féminin progresse, les inégalités persistent. Manque de modèles, charge mentale, inégalités salariales... Décryptage en chiffres d’un combat qui se joue bien au-delà des terrains.
Datavisualisation : Cercle Studio
SPORTS LES PLUS PRATIQUÉS PAR LES FEMMES EN ALSACE
PERSONNALITÉS
DANS LE MILIEU DU SPORT
90% des personnes citent un homme lorsqu’on leur demande de nommer une personnalité sportive qui les inspire.
Marie-AntoinetteKatoto, lajoueuselamieuxpayéeenFrance,gagne100foismoinsque
RÉPARTITION DES FEMMES ET DES HOMMES DANS LES INSTANCES DIRIGEANTES DES FÉDÉRATIONS SPORTIVES
INÉGALITÉS SALARIALES
DANS LE SPORT PROFESSIONNEL
Les sportives gagnent en moyenne 2 à 5 fois moins que leurs homologues masculins dans des disciplines comme le football, le basketball et le rugby.
Ligue 1 vs Division 1 féminine 3000 €
salaire moyen
50 000 €
salaire moyen
salaire moyen
3500 €
Ligue A salaire moyen
2500 €
TEMPS DE DIFFUSION DES COMPÉTITIONS SPORTIVES À LA TÉLÉVISION EN 2021
Formé en grande partie à l’inventaire du patrimoine Grand Est après une licence en Histoire de l’art, la base de son exploration photographique est principalement documentaire et contemplative. Ajoutez à cela un intérêt particulier pour l’architecture et l’urbanisme et vous obtenez le début de son nouveau travail d’imagerie, basé sur la notion de frontière, de voyage et de « non-lieu ».
C’est à l’occasion de son premier road trip en solo à travers la France, d’Est en Ouest puis du Nord au Sud, que Simon Pagès entame une nouvelle réflexion artistique. Appareil en bandoulière, n’empruntant que des routes secondaires, il entreprend une sorte d’inventaire des lieux et paysages à sa disposition.
www.vonpages.fr
@von–pages
Une France rurale de l’intérieur donne à voir ce western moderne dont ces villes et villages demeuraient jusqu’ici seulement parcourus du doigt sur une carte routière. Ils sont désormais une réalité vécue, traversée, inventoriée.
ÀLe Mexique dévoile ses multiples visages à Strasbourg. Entre l’authenticité culinaire, l’artisanat et l’effervescence culturelle, la capitale alsacienne se fait l’écrin d’un voyage aux mille couleurs.
Rédaction : Hélène Edel
Photographie : Simon Pagès
Espace ☛ 7 rue de la Course
Nichée rue de la Course, au cœur du quartier de la gare, la Maison de l’Amérique latine est une invitation au voyage, un espace d’échange et de partage dédié à la richesse des cultures latino-américaines. Animée par des natifs et des passionnés, elle se veut une porte ouverte sur un univers vibrant, accessible à tous ceux qui souhaitent en explorer les mille facettes. Le Café Libro, cœur battant de la Maison, attire les visiteurs avec ses savoureuses empañadas et son ambiance conviviale. Un lieu idéal pour échanger ou simplement se détendre. La bibliothèque, quant à elle, regorge de trésors littéraires, permettant de plonger dans la grande diversité des écritures latino-américaines.
Chaque semaine, l’espace s’anime de multiples activités. Les mardis, les tertulias, véritables stammtisch à la sauce latino, proposent des rencontres thématiques où littérature, musique, ou encore cinéma sont au cœur des discussions. Les mercredis, des jeux de société en espagnol rassemblent les amateurs de langues dans une ambiance détendue. Les vendredis soir sont quant à eux synonymes de convivialité avec des repas à seulement 10€, suivis de concerts ou de spectacles qui font danser les corps et les cœurs. Le programme s’enrichit également de cours d’espagnol, de cours de yoga, de clubs de lecture, de vernissages et bien d’autres événements qui animent ce carrefour culturel tout au long de l’année.
La Maison de l’Amérique latine se veut ouverte et accessible à tous. La majorité des activités y sont gratuites, permettant à chacun de participer sans contrainte. Que vous veniez pour une soirée, une activité ou simplement pour profiter de l’ambiance du Café Libro, la Maison de l’Amérique latine vous convie à découvrir, échanger et vous laisser porter par le souffle chaleureux de ce continent fascinant. ←
Boutique ☛ 5 Rue Thiergarten
Dans un recoin discret du quartier de la gare se niche une perle rare : La Joya. Ouverte en 1993, cette boutique singulière est une porte ouverte sur les grands espaces, les couleurs chatoyantes et les traditions ancestrales des Amériques. En passant le seuil, une odeur de cuir accueille les visiteurs, promettant des trésors façonnés avec amour et patience. Parmi les Stetsons et autres santiags, l’on aperçoit des sombreros éclatants, des bijoux
inspirés de la culture inca, et des couvertures aux motifs électrisants : chacun de ces objets nous raconte une histoire.
À l’origine de ce lieu empreint d’âme, un reconverti de la photogravure, passionné par l’esthétique western et les produits faits main. Plus qu’un marchand, il est un voyageur, un chasseur de merveilles. Lors de ses pérégrinations, il fouille les ateliers d’artisans pour ramener à Strasbourg un peu de l’âme de ces contrées lointaines. Loin des vitrines aseptisées, La Joya vous invite à la découverte. ←
Restaurant ☛ 7 place Saint-Nicolas-aux-Ondes
Daniel Fierro a tissé un pont entre la Krutenau et le Mexique. Avant de déposer, en 2022, son cœur et son talent à Strasbourg, il a forgé son art au sein de l’Institut Le Cordon Bleu à Ottawa aux États-Unis puis dans quelques belles cuisines parisiennes. Son bistrot, aida, est une déclaration d’amour à ses racines : une cuisine de saison où modernité et tradition se mêlent. Ici, chaque bouchée porte en elle la mémoire d’un peuple. Daniel y réalise des tortillas selon une technique maya ancestrale : la nixtamalisation. Jour après jour, le chef répète les mêmes gestes. Les grains de maïs sont bouillis avec du calcaire avant de reposer une nuit. Ils sont ensuite rincés, frottés et moulus sur une pierre traditionnelle. De cette pâte, la masa, naissent les fines galettes. À travers des petits plats à partager (dont de savoureuses options végétariennes), une ambiance chaleureuse et un menu réinventé chaque semaine, Daniel invite ses convives à un voyage sincère et vibrant. Ouvert du mardi au samedi soir, aida vous attend, pour goûter à l’ailleurs. ←
Par Olivier Métral ☛ Au terme d’un méticuleux processus de recensement et de sélection, 61 Sinti* alsaciens ont été déportés au départ de la gare de Strasbourg pour rejoindre le camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau le 22 mars 1943.
*Groupe ethnique roms de l’ouest de l’Europe
(c) Archives de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg
[D]es horreurs de la Seconde Guerre mondiale et des génocides perpétrés par le régime nazi, on croyait presque tout savoir, tant cette période sombre de l’histoire a largement été documentée ces dernières décennies. Et pourtant, subsistent encore des zones d’ombre à éclaircir et des destins brisés qui restent à découvrir dans cette folie meurtrière. Jeune doctorant au centre de recherches historiques de l’École des hautes études en sciences sociales de Paris et attaché temporaire d’enseignement et de recherche à Sciences Po Strasbourg, Théophile Leroy a récemment révélé l’existence d’un convoi de 61 Sinti alsaciens au départ de la gare de Strasbourg en mars 1943, en direction du camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau. Ses travaux ont également permis de remonter le fil de cette déportation, aboutissement d’un minutieux travail de recensement réalisé par la police criminelle de Strasbourg, puis de sélection par les autorités berlinoises.
Des expulsions à la déportation. Lorsque l’Alsace est annexée de fait à l’Allemagne nazie en 1940, elle fait l’objet d’une politique d’épuration des populations « indésirables » dont les familles dites « tsiganes » font partie. Plusieurs centaines de nomades alsaciens
sont expulsés en France non occupée à la fin 1940 et rejoignent les camps d’internement d’Agde et d’Argelès-sur-Mer, avant d’être transférés à Rivesaltes en 1941, puis Saliers, en Camargue. L’été 1942 marque alors un tournant dans la persécution de ces populations. Les expulsions cessent, mais une vaste opération de recensement est organisée par la police criminelle de Strasbourg, dont le 8e département est entièrement dédié à la lutte contre les tsiganes. L’Alsacien Alfons Uhring, chef de la 17e brigade de police mobile de Strasbourg avant l’Occupation, a la charge de ce fichage. Sa collaboration est précieuse : il connaît le terrain et les principaux secteurs d’implantation des familles tsiganes dans la région. La simultanéité des mêmes opérations effectuées à Prague, autre territoire annexé par Hitler, souligne le caractère global et coordonné de la politique génocidaire à l’encontre des Roms et Sinti qui gagne tous les territoires conquis par le Reich. À la police criminelle de Strasbourg, 107 personnes sont identifiées et fichées comme Tsiganes. Photos anthropomorphiques, état civil, relations familiales, arbres généalogiques et inventaires des biens complètent les informations recueillies. Toutes sont transmises à Berlin où, le 15 janvier 1943, une conférence est organisée
Théophile
a pu mettre en évidence l’existence de ce convoi, ignoré jusque-là des historiens.
pour déterminer les critères de sélection des individus à déporter. L’administration nazie cible alors les familles itinérantes originaires d’Allemagne, préalablement repérées dans les années 30 par le Rassenhygienische Forschungsstelle (RHF), l’Institut de recherche sur l’hygiène raciale et la biologie des populations. Les 17 et 18 mars 1943, 61 Sinti sont raflés par la police criminelle de Strasbourg avant d’être déportés au camp qui leur est « réservé » à Birkenau.
Le croisement des sources. C’est en épluchant le fichier de la police criminelle de Strasbourg, conservé aux archives départementales du Bas-Rhin, et en le recoupant avec le registre des entrées du 22 mars 1943 au camp de Birkenau que Théophile Leroy a pu mettre en évidence l’existence de ce convoi, ignoré jusque-là des historiens. « Tout porte à croire que ces 61 déportés ont été regroupés à l’hôpital militaire de Cronenbourg avant leur départ en gare de Strasbourg, puisque c’est son adresse, et elle seule, que l’on retrouve sur leur certificat de décès enregistré à Birkenau », précise le chercheur. « Ils ne
seront finalement que onze à survivre à l’enfer concentrationnaire ».
Un devoir de mémoire . Les recherches de Théophile Leroy ne s’arrêtent pas là. Parallèlement, il s’est efforcé et s’évertue toujours à reconstituer le parcours des familles déportées, mais aussi celles qui y ont échappé, et à enquêter sur leur éventuelle descendance. C’est ainsi qu’il a pu rencontrer en 2022, à Nuremberg, un petit-fils d’Adolf Gerste, Sinti enregistré par le RHF en 1938 et déporté avec son épouse et leurs quatre enfants depuis Strasbourg, en janvier 1943. Tous les membres de cette famille de marionnettistes ambulants sont assassinés à Birkenau.
« Il reste encore bien des parcours à retracer », concède Théophile Leroy, « entre ceux qui ont peut-être pris la fuite et ceux dont on ne retrouve pour l’heure aucune trace ». S’il n’est pas achevé – mais le sera-t-il un jour ? – le travail de ce jeune chercheur s’inscrit autant dans les éléments factuels de cette persécution, la biographie de ceux qui l’ont vécue et la nécessaire transmission que lui-même et leurs descendants ont aujourd’hui pour charge. ←
Théophile Leroy, à Sciences Po Strasbourg.
Une table conviviale, des plats à partager, une ambiance raffinée. Bienvenue au LÉONOR… Ici, chaque instant se savoure et se célèbre.
Maria Pototskaya, depuis Zaparozhzhia, Ukraine.
☛ Nuit du 23 au 24 janvier 2025. Entre 0 et 3 °C. Hiver. D’ordinaire c’est au son de Blinding Lights de The Weeknd que je me réveille. Pas eu besoin, cette fois. À quatre heures du matin, c’est chez moi qu’a frappé ce nouveau missile offert à Vladimir par son ami Kim Jong-un.
C«
[C]’est à cette heure que se sont engouffrées ses lumières aveuglantes dans ma chambre, avant même que l’alarme de mon réveil ne se déclenche. Dommage : si le fracas métallique et lumineux avait attendu de pouvoir se mêler à la voix d’Abel Tesfaye, la scène, aurait eu bien plus fière allure encore. Mais j’ai eu de la chance : je suis en vie.
Dans les heures qui ont suivi, j’ai recueilli dans ma main un fragment encore chaud de l’intrus ; j’ai aussi pu barricader, provisoirement au moins, le vide laissé par la fugue de mon balcon et de mes fenêtres donnant sur rue. Quelques planches en bois font jusque-là l’affaire, d’ici à ce que mes émoluments journalistiques ne m’aident à réparer, au moins, matériellement, ce qui peut l’être. À cette heure, je m’en suis fait la promesse : tant que mon cœur battra, je continuerai à témoigner de ce que nous vivons, ici, à 35 km de ceux qui ont choisi de nous effacer, physiquement, intellectuellement, comme si nous n’avions jamais existé.
Les propagandistes russes, même voisins, ne s’en cachent d’ailleurs plus. Ils expliquent à qui veut l’entendre que l’Ukraine n’est qu’un pays fictif, une vue de l’esprit. Călin Georgescu, le candidat d’extrême droite à la présidentielle roumaine en est un. Campagne TikTok téléguidée, usurpée, à l’appui, le conspirationniste a néanmoins vu ses ambitions arrêtées par sa Cour constitutionnelle. À voir ce qui se passera en mai prochain, maintenant que le report électoral est acté.
« Fictif » : nous le sommes tellement, ici, que chaque nouveau participant à ce jeu en extérieur, dont nous ne sommes que les quilles, ne manque plus de nous adresser ses vues et de lorgner les morceaux de terre noire que nous aurions à lui offrir pour préserver nos vies. Gisements d’hommes, de fluorite, de vermiculite, de minerai de fer, de dawsonite et de sel furent les premiers à avoir, en 2014, attiré la Russie, lorsqu’elle commença
à s’étendre vers son Ouest. À l’exception de l’aluminium dont était fait le cadre en verre de mon balcon, des noms, presque, aux sonorités médicales, que d’autres, depuis, nous envient et nous somment de leur attribuer pour rembourser leurs investissements consentis...
Trois cents milliards de dollars, qu’a chiffrés le nouvel homme fort de la MaisonBlanche. Trois cents milliards qu’il nous demande désormais de rembourser pour nous assurer de la continuité d’un soutien nullement intéressé... Joyeux anniversaire de trois années de lutte pour tes vies perdues, Ukraine ! Le 3 février dernier, ce fut donc nos terres rares qu’il lorgna, pour s’assurer de la prédominance technologique de son pays. Les mains liées, notre président a accepté. L’image qui m’est venue : celle d’un homme, d’un pays, le mien, qui a perdu toute sa fortune au casino et dont la dernière chose qu’il possédait lui serait confisquée pour rembourser. Nos vies ont un prix, nous l’avons bien compris... Mais rassurons-nous, nous sommes « riches » : preuve en sont les chaussures, les vêtements, les soins médicaux, les repas, les activités sportives, même, que nous offrons à ceux que nous « hébergeons » dans nos cinq prisons militaires, pendant que nos propres hommes, quand ils n’ont pas déjà été assassinés dans leurs tranchées, pourrissent, bien moins fictivement, dans les geôles de Poutine. Ces lignes, je les écris, inspirée, depuis ma ville, après m’être rendue dans mon salon de beauté non encore atrophié. Je les aligne, depuis un petit café au design intérieur chaleureux et non encore vitrifié, comme un pied de nez à qui veut nous éliminer. Les guerres modernes ont ceci de contrasté que vie et mort y cohabitent pour nous dans une même réalité. Je consulte les chiffres du ministère français de l’Intérieur : 13 000 des miens ont déposé une demande d’asile en France. Ma tête y pense, pendant que mes lèvres plongent dans mon Jardin Crema, et que retentit une énième alarme. Je cours me mettre à l’abri, dans ma ville au quart habitable déjà touchée au cours de ces trois dernières années.
Un jour, sans doute, formerons-nous de nouvelles générations d’élus à faire face à cette cruauté. Après 255 ans d’histoire locale masculinisée, peut-être sera-ce même à notre maire, Regina Kharchenko de témoigner. Du haut de sa mi-trentaine, c’est elle qui a entre autres initié notre indépendance énergétique, la survie de nos écoles, de nos hôpitaux, même notre accès à la potabilité de l’eau. Avec entre autres l’USAID, cette agence désormais conspuée et sanctionnée dans sa nouvelle « ovalité ». Alors oui, tant que mon cœur continuera à battre, vous savez. ←
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Par Alain Leroy ☛ Le 6 juillet 1924, l’alors ministre des Colonies Édouard Daladier inaugurait au Wacken une exposition coloniale qui n’était rien d’autre qu’un zoo humain. Plus d’un million de visiteurs s’y presseront en trois mois.
[O]n dira que c’était l’époque et rien n’est plus vrai, mais ce n’était pas que ça non plus. Quand Strasbourg inaugure sa grande exposition coloniale en ce début d’été 1924, la France est une puissance coloniale de premier plan et que c’est ce qu’il s’agit d’affirmer au sortir d’une Première Guerre mondiale dont elle se remet à grand peine.
Rien n’est alors trop grand, trop beau pour célébrer le retour dans le giron national de la « petite patrie » alors en plein malaise existentiel. Comme un enfant de l’amour tard reconnu, l’Alsace est choyée par Paris qui veut faire table rase du passé germanique et s’y prend maladroitement. Cette exposition est une manière de montrer aux Alsaciens qu’ils sont au centre d’un pays qui est lui-même au centre du monde.
C’est donc l’empire français qui s’installe dans le quartier du Wacken. Soixantequinze indigènes ont été acheminés de Tunisie et du Maroc, de Madagascar, du Soudan français (actuel Mali) et d’Indochine et sont montrés en spectacle dans des villages reconstitués. Il y a des souks, des cases, un minaret dont la construction a été sponsorisée par les chocolats Schaal et puis des milliers d’exposants puisqu’il s’agit d’une exposition coloniale certes, mais aussi d’une foire industrielle et commerciale.
Plus d’un million de personnes passeront sous le porche d’entrée redécoré en style indochinois et financé par les lampes Mazda. Rien d’étonnant : ces expositions ont attiré, partout en Europe et plus particulièrement en France, des dizaines de millions de visiteurs qui venaient, en famille, voir les sauvages des empires coloniaux naissants.
Le groupe des « nègres » du village africain de l’exposition coloniale de Strasbourg en 1924.
dizaines de millions de visiteurs venaient, en famille, voir les sauvages des empires coloniaux naissants.
Celle de Paris 1931, dans laquelle des Kanaks, dont l’arrière-grand-père et le grand-père de l’ancien footballeur Christian Karembeu, raptés dans leurs villages et présentés comme des cannibales auxquels on jettera de la viande crue dans la fosse aux ours du jardin des Plantes avant de les échanger contre des crocodiles du zoo de Hambourg, celle de Paris restera dans les annales. Celle de Strasbourg est forcément plus modeste, mais l’impact est proportionnellement le même.
Il ne s’agit pas seulement de faire frissonner les Bovary municipales qui, le soir venu, dans le confort de leur appartement bourgeois, émoustillées par le spectacle susurreront « baisse l’abat-jour » en rêvant d’aventure. Le gouvernement entend consacrer la suprématie et la grandeur de la France et, au-delà, celle de l’homme blanc. Réduire le reste de l’humanité à l’état de sauvage est le plus sûr moyen d’y parvenir, même si ce « sauvage » là l’était moins quand il s’agissait de l’envoyer au front contre l’Allemand. Cette humiliation était celle de l’époque depuis qu’à Hambourg, en 1874, un marchand d’animaux nommé Karl Hagenbeck eut l’idée d’exhiber des êtres humains venus de territoires lointains. Succès immédiat avec ses Samoans et ses Lapons qu’il présente au public allemand et plus grand encore avec ses Nubiens du Soudan égyptien qui viendront enrichir cette nouvelle offre. Toutes les villes d’Europe s’arracheront ces « sauvages » à la peau d’ébène, polygames auxquels on demande de faire semblant de s’accoupler
et qu’une fois morts, parce qu’ils meurent vite sous ces latitudes, on enterre à côté des animaux dans un coin du zoo.
Une trentaine d’« exhibitions ethnologiques » de ce type seront organisées rien qu’à Paris entre 1877 et 1912. Même chose à Berlin, Londres, Francfort, Munich et donc dans une moindre mesure à Strasbourg où est mis en scène le couronnement d’un supposé « roi Nègre », Boupe 1 er , devant le maréchal Lyautey.
C’est à cette époque-là qu’est enfoncé de force dans l’opinion publique le concept de hiérarchie des races et de la supériorité de l’homme blanc théorisée par Joseph Arthur de Gobineau dans son Essai sur l’inégalité des races humaines publiée en 1853. Et il est remarquable que cette mise en scène de la supériorité de la race blanche ait été d’autant plus agressive et visible que l’Occident était justement en train de s’auto détruire. La Première Guerre mondiale a ravagé le continent, la Seconde approche. Il y a là comme une fuite en avant qui pourrait peut-être interpeller un psychanalyste.
Cette histoire a été totalement occultée, rayée de nos mémoires. À tel point qu’en 2005, en Allemagne, le zoo d’Augsburg a pu reconstituer un « village africain » pendant quatre jours sur le même principe que ceux du siècle dernier en mettant sur le même plan humains et animaux. Sans provoquer de scandale international. Tout ça a été fait dans un souci d’éducation et de compréhension des autres cultures bien sûr. Comme à l’époque. Et le succès a été énorme, comme à l’époque. ←
L’Exposition coloniale de Strasbourg est aussi l’occasion de célébrer les soldats, explorateurs ou administrateurs alsaciens qui se sont illustrés lors des conquêtes coloniales, comme le Robertsovien
Jean-Joseph Fiegenschuh, tombé au Tchad en 1910.
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Elodie DJORDJEVIC
Directrice Développement Adjointe edjordjevic@nexity.fr 06 78 06 09 58
Yann SCHAFFNER
Responsable Développement yschaffner@nexity.fr 07 62 74 86 86
Par E202 ☛ Envoyé sur Terre de la planète Versa (du versan Krapchoujk), E202 est chargé d’étudier les humains et d’établir des rapports réguliers au Haut Conseil en vue d’une éventuelle prise de contact officielle.
[E]202 au puissant Haut Conseil :
Le transfert s’est opéré sans encombre et me voici sur Terre.
Après une intense période d’observation, j’en viens à m’interroger (respectueusement) sur le bien-fondé de ma mission. Je ne sais quelles observations ont menées le puissant Haut Conseil à supposer que les terriens présentaient un quelconque intérêt pour nous. Ils sont en effet très cons. Cons, frustes et dangereux.
Je mettrais cependant tout en œuvre pour remplir ma mission avec le sérieux qui me caractérise. Il m’est avis qu’elle sera de courte durée comme vous pourrez le constater en prenant connaissance de mon premier rapport.
La première chose à noter est que les humains sont distingués en individus tous semblables. Ils possèdent, contrairement à nous, une enveloppe matérielle appelée corps* qui les encombre énormément. Les excroissances sont au nombre de 4 principales : 2 bras et 2 jambes (vous trouverez une transcription lexicale de leurs termes signalés par un * jointe à mon rapport). L’essentiel de leur activité se concentre cependant dans leur tête*, dont la puissance est très limitée et fort embrouillée. Il m’apparaît déjà qu’il sera nécessaire de pénétrer dans une ou plusieurs têtes afin de mieux comprendre leur comportement.
Bien qu’ils soient tous les mêmes pour l’essentiel, ils semblent attacher énormément d’importance aux infinies variations superficielles qui leur permettent de se distinguer entre eux. Ils se font même une joie immature de les accentuer alors que pas un d’entre eux ne survivrait longtemps si on le privait d’un apport énergétique appelé nourriture*.
De fait, tout est motif pour paraître et paraître différent, et toute leur histoire, quoique d’une origine commune, semble
avoir été consacrée à s’éloigner les uns des autres. Ils ont ainsi créé des entités appelées pays* ou nations* ou culture* ou que sais-je encore et qui sont autant de motifs de fierté.
Après avoir bien entretenu ces différences, ils en tirent prétexte pour faire la guerre*. Car bien qu’ils soient fort dépourvus de systèmes de défense et se blessent au contact de nombreux matériaux plus solides qu’eux, ils mettent une grande ingéniosité à trouver des moyens de se détruire entre eux. Je n’ai encore pu, à ce jour, percer cette incongruité, mais elle me paraît directement liée à leurs faibles capacités mentales.
Autre trait caractéristique des humains, leur durée d’existence est fort courte et il leur faut perpétuer leur espèce grâce à un système de reproduction sexuée. Il existe donc deux sexes différents (quoique sur ce point il appert que les choses sont plus complexes qu’on pourrait le croire) : mâle et femelle. Je dois confesser que sur ce point précis les humains, sans atteindre bien évidemment un début de commencement de notre niveau de développement (ils n’en ont pas les capacités et sont trop mal équipés pour ça), sont, à première vue, capables de consacrer énormément de temps et de forces à cette reproduction. Ce qui chez nous se fait de façon automatique par division de la Substance requiert donc ici un ou une partenaire, mais également des sentiments**. Je ne comprends pas ce que sont les sentiments, mais je subodore qu’ils revêtent pour les humains une importance aussi massive qu’inexpliquée.
Je crois pouvoir achever ce premier rapport avec une première conclusion quant à ces êtres malingres et querelleurs : ils ne sont pas complexes, mais compliqués.
Je suis, puissant Haut Conseil, et pour toujours, votre dévoué serviteur, E202. ←
Par Jessica Ouellet ☛ Une nouvelle règle européenne sur la transparence du vin a été adoptée par Bruxelles. Sur les bouteilles de vin, les calories et les ingrédients s’ébaucheront en petits pictogrammes noirs et blancs.
« [O]n ne peut avoir de culture gastronomique sans vin » 1. Pourtant, depuis plus de 40 ans, les boissons n’étaient pas classées comme produits alimentaires. Elles échappaient ainsi à l’obligation d’information sur les ingrédients et additifs. Afin d’assurer une transparence vis-à-vis des consommateurs, la nouvelle règlementation sur l’étiquetage nutritionnel est obligatoire pour le millésime 2024. Calories et ingrédients viennent s’ajouter à une étiquette déjà bien chargée de mentions obligatoires, telles que le titre alcoométrique, la provenance, les informations relatives à l’embouteilleur, le message sanitaire... Le défi d’un agencement spatial astucieux accompagne les plus récentes étiquettes. « Il a été acté par la Commission européenne de pouvoir indiquer toutes ces […] informations via un QR Code, que le consommateur pourra flasher avec son smartphone » 2. Ce dernier renverra vers une page internet contenant des données plus riches.
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Outre les raisins, la liste des ingrédients doit indiquer les potentiels additifs et auxiliaires technologiques utilisés susceptibles de provoquer des allergies ou des intolérances. Une onde de choc pour ceux
1. Citation de Julia Child, Cheffe cuisinière américaine.
2. Harel, Camille (7 février 2023).
Nouvel étiquetage du vin : ce qui va changer à partir du 8 décembre [en ligne], sur le site Capital
qui perçoivent le vin comme un concentré de raisins, d’amour et d’eau fraîche. Malgré le caractère honorable de la démarche, la divulgation de ces informations – sans pédagogie au préalable – risque de faire pencher les consommateurs du côté alarmiste. C’est qu’une cinquantaine de produits sont autorisés dans la viticulture conventionnelle. Le lait, le blanc d’œuf et la colle de poisson, entre autres, ont été les premiers auxiliaires de collage des moûts et des vins. Le collage est un processus de clarification permettant d’éliminer les particules qui troublent le vin. Bien qu’utilisé depuis la nuit des temps, le mot « colle de poisson » peut rendre dubitatif.
D’autres additifs reconnus sans danger et autorisés par l’Union européenne peuvent refroidir le consommateur lorsqu’ils sont inscrits sous la lettre E. C’est notamment le cas de l’acide ascorbique et de l’acide métatartrique, qui permettent d’éviter l’effervescence des vins et les dépôts. Présentés sous E 300 et E 353, ils exposent pourtant un drapeau rouge. Le choix des mots porte un rôle crucial dans la qualité de notre perception. Ainsi le sucre – associé aux gâteaux et à la douceur – apparaît beaucoup plus anodin que le saccharose.
À ce jour, on estime devoir changer le QR code à chaque millésime, mais les questions se bousculent quant à leur gestion, ainsi qu’aux surcoûts liés au temps de traitement redondant des fichiers. Le temps. C’est justement ce qui manque à ceux qui travaillent la terre. L’artisan vigneron, qui porte la casquette de viticulteur, biologiste, investisseur, commercial – j’en passe et des meilleures – se voit maintenant ajouter le rôle du marketeur de QR code. Depuis quelques mois, fleurissent ainsi une étonnante quantité de start-up privées. Chers consommateurs, un brin de jugeote sera nécessaire ; flasher une bouteille ne vous renverra pas à une pastille colorée visant à valider votre choix. Rappelez-vous que la médiatisation est couramment de mèche avec le vin mauvais. Pourtant, le vin n’a jamais été aussi sain, loyal et marchand. ←
Réception pour un anniversaire, une communion, une occasion particulière ou un mariage...
Chez Soi est une entreprise familiale, à la cuisine authentique, généreuse et gourmande, à base de produits frais, locaux et de saison. Nos équipes sont passionnées, qu’il s’agisse de plats traditionnels du terroir alsacien ou de mets délicats, élaborés et inventifs.
Inauguration, lancement de produit, séminaire, congrès, assemblée générale ou repas d’affaires…
Par Thierry Jobard ☛ Nous sommes dans l’ère de la communication, qui le nierait ? Plus de frontières, plus de limites, nous pouvons échanger sur toute la planète, dans tout le « village planétaire », ou presque. Mais nous comprenons-nous pour autant ? Pas vraiment. Et ça ne va pas s’arranger.
J[J]e ne parle pas des erreurs, malentendus et quiproquos inévitables dans les échanges entre personnes bien nées. Non plus que des mensonges, déformations et fake news dont il est à craindre que les quatre prochaines années nous abreuveront jusqu’au dégoût. J’évoque ici notre langage et notre rapport à lui. Pour résumer brièvement, nous sommes passés de l’idée selon laquelle nous aurions été créés à l’image de Dieu, placés au centre de la création et du cosmos, supérieurs à toutes les espèces, à une descente du palmier dans un univers où nous sommes moins qu’une poussière et où nous risquons de crever comme des cons après avoir bousillé notre environnement. Mais comme le dit si justement Cyril Hanouna : « La grandeur de l’homme naît de sa finitude ». Quant à notre maîtrise rationnelle de nous-mêmes, autant dire qu’elle est sujette à caution, il y a des exemples plein les manuels. On reconnaît là les trois blessures narcissiques (copernicienne, darwinienne et psychanalytique) établies par Freud, auxquelles on peut je crois ajouter celle d’une Terre pouvant aisément se passer de notre existence.
N’avons-nous pas cependant consacré bien des heures de veille à établir ce qui faisait de nous des êtres uniques ? Il y a bien eu l’intelligence ; mais bien des animaux le
sont, à leur manière. Il y a eu le travail ; mais les fourmis travaillent aussi et exploitent même d’autres insectes : elles ont tout compris. Il y a eu le langage ; mais les orques, les dauphins, les oiseaux… Précisons. Nous possédons un langage différent de celui des autres espèces en ce qu’il est inférentiel ou métareprésentationnel. Qu’on me pardonne ces termes un peu lestes, je m’en vais les expliciter. Notre langage est inférentiel car nous tirons en permanence des inférences, des interprétations, de la parole des autres.
Prenons l’exemple suivant : JeanKévin aimerait bien connaître bibliquement sa collègue Jessyfer. Comme il est particulièrement finaud, il lui demande si elle déjeune aujourd’hui. Ce à quoi elle rétorque : « J’ai déjà mangé ». Qu’en déduit le rusé Jean-Kévin ? Non pas que Jessyfer a mangé une fois dans sa vie (sinon il y a fort à parier qu’elle serait décédée), mais bien qu’il vient de se faire éconduire (en fait elle va déjeuner avec Toufik qui a une 207 décapotable). Jean-Kévin n’a pas pris au pied de la lettre l’énoncé de Jessyfer, il a interprété ses paroles et déduit leur sens véritable. Et notre langage est d’abord représentationnel. Nous parlons de choses qui ne sont pas présentes à l’instant (« Jean-Kévin est un blaireau » dit Jessyfer à Toufik durant le déjeuner). Il est ensuite métareprésentationnel parce qu’il est une représentation de représentation(s). Sans cesse nous nous représentons mentalement les pensées, envies et volontés des autres. À la différence des animaux qui interprètent les mouvements des corps.
Nous sommes des êtres qui symbolisent. Pour le dire autrement, nous sommes des êtres qui symbolisent. Et le langage est le premier et le plus important de nos actes de symbolisation. Symboliser consiste à utiliser des symboles (ce qui ne surprendra personne).
C’est-à-dire à représenter quelque chose par autre chose, du symbolisé par du symbolisant, qui restent distincts. Jean-Kévin n’est pas réellement un blaireau, il ne creuse pas de terrier et n’a pas de pelage noir et blanc et d’ailleurs, en vertu du principe d’identité, Jean-Kévin ne peut pas être Jean-Kévin et un blaireau (qui plus est je ne connais aucun blaireau du nom de Jean-Kévin). Exception faite de la physique quantique et de la pensée
magique, mais ne compliquons pas inutilement les choses.
L’animal poilu qui remue la queue et fait wouaf est un chien. Nous pourrions l’appeler un poireau que ça ne changerait rien, le signifiant est arbitraire et cela ne réduit pas son efficacité. Tout va donc pour le mieux et nous pouvons communiquer à qui mieux mieux puisqu’il y a un accord sur les réalités représentées.
Ceci étant dit, on constate depuis quelques années un certain hiatus entre les mots et ce qu’ils désignent. Ça n’a l’air de rien, on peut penser que c’est une mode, que des termes apparaissent et qu’il faut les adopter. C’est en réalité moins anodin qu’il y paraît. Sont-ce les mots qui changent ou bien la réalité qu’ils désignent ? Prenons quelques exemples. Un Plan de Sauvegarde de l’Emploi est, semble-t-il, un projet réfléchi et organisé pour préserver des emplois. Dans les faits il s’agit de virer des gens. On arguera du fait que quelques-uns garderont un travail, mais il n’y a pas besoin de plan pour ça. On dit qu’on sauvegarde, on fait des chômeurs (pardon, des demandeurs d’emploi). La concertation, très en vogue depuis bientôt huit ans, est un autre exemple. Étymologiquement il s’agit de projeter quelque chose ensemble, presque un concert de musique de chambre en somme. Mais de la discussion, de l’échange d’arguments, des concessions faites de part et d’autre point. Les partenaires sociaux sont invités à prendre place autour d’une table et ils doivent accepter ce qui a déjà été décidé. Exit le préfixe con- signifiant avec, ensemble, et l’on se retrouve seul comme un con.
De même pourrait-on causer management bienveillant, obscène trouvaille qui tend à nous faire accroire qu’ont disparu le lien de subordination inscrit dans le contrat de travail, de même que le pouvoir disciplinaire qui l’accompagne. Quelles que soient les couches roses pailletées de bienveillance qui dégoulinent des sourires fourbes, le travail est aussi un lieu de pouvoir et de domination. Priez pour nous Saint Karl !
Et que dire de la fameuse gouvernance (terme aseptisé qui remplace celui de pouvoir, bien trop franc) et qui n’est que la combinaison d’un style de gestion purement administratif d’une part, d’un traitement des biens publics selon les méthodes du privé et les exigences du marché d’autre part. La
On constate depuis quelques années un certain hiatus entre les mots et ce qu’ils désignent.
Le langage n’est pas neutre, il n’est pas un stock de mots [...] dans lequel chacun pioche.
« bonne gouvernance », la plupart du temps, c’est simplement la recherche de rentabilité. Les facteurs d’ajustement sont connus, en général ce sont les humains.
Ne plus dire ce qui est, mais masquer en le disant. Ce qui est donc à l’œuvre, c’est un vaste mouvement de transformation du langage qui se décorrèle de la réalité qu’il est censé désigner. Il ne s’agit plus de dire ce qui est, mais de le masquer en disant. Cette nouvelle forme de langue de bois n’est cependant pas un aveuglement général. Il y a ceux qui savent (ce que recouvre exactement ce vocabulaire, bien qu’il aide à se donner bonne conscience) et ceux qui suivent. Le langage n’est pas neutre, il n’est pas un stock de mots, plus ou moins fourni, plus ou moins varié, dans lequel chacun pioche. Il est, entre autres choses, le lieu de luttes de pouvoir.
Bourdieu a bien analysé cette dimension du langage1 dans laquelle la dimension sociale, rarement prise en compte par les linguistes, joue un rôle fondamental. L’imposition de certains mots, de certaines expressions et tournures linguistiques par un groupe dominant est une violence symbolique. Leur reprise, par les médias notamment, contribue à leur donner un caractère anodin. Qui aujourd’hui s’émeut à entendre « ressources humaines » « SDF » ou « résilient » alors qu’ils ne sont aucunement neutres, mais vecteurs d’une idéologie. Phénomène social bien connu, chacun reprend ces tournures afin de participer et « d’en être », de tenter de s’agréger au groupe dominant en adoptant son langage, souvent mâtiné de termes anglais.
Plus encore, puisqu’il s’agit de parler la langue de l’autre par mimétisme et vassalité, par l’envie de s’adapter également, et puisque nous parlons autant que nous sommes parlé, on en vient à être dépossédé de son propre langage. Puisque nous sommes dans une économie de service, le travail bien fait ne suffit plus. Le « savoir-être », les « compétences », et autres « soft skills » induisent de se comporter d’une certaine façon et notamment de communiquer d’une certaine façon. On n’est désormais plus audible si on ne s’exprime pas d’une certaine façon, si on n’adopte pas les codes langagiers, variables selon les entreprises ou collectivités, assez uniforme dans les groupes internationaux.
Une nouvelle forme de contrôle social. Management, marketing, médias, publicité, communication institutionnelle concourent à mettre en place un rapport au langage dont la violence, parce qu’elle n’a pas la soudaineté et le spectaculaire des faits divers, s’impose subrepticement. La communication, mot qui ne veut plus rien dire, est rabattue sur l’information. L’informatisation n’aide pas : on ne discute pas avec un ordinateur. Ce sont des slogans, des mots d’ordre, des directives qui, soit sont débiles et infantilisants (il n’est que d’allumer une télévision quelques secondes pour s’en rendre compte), soit présentées comme « objectives », issues de « bonnes pratiques ». L’économie et la gestion sont tout à fait neutres, c’est bien connu.
Sans bruit, avec onctuosité et bienveillance, c’est une nouvelle forme de contrôle social qui s’est mise en place. Et Jean-Kévin de se masturber tout triste. ←
1.
Hervé Massot, le Directeur Général du Groupe, nous a reçus sur le site industriel de Hoerdt pour nous parler de la « petite » coopérative.
Rédaction : Hélène Edel
Photographie : Simon Pagès
Fiche technique
Le Groupe Alsace Lait c’est : La coopérative Alsace Lait – Hoerdt, Bas-Rhin
Savoie Yaourt - Aix-les-Bains, Savoie
Maison Riviera – Québec, Canada
Effectif : 615 salariés
Chiffre d’affaires du Groupe : Près de 300 millions d’euros
Chiffre d’affaires de la coopérative Alsace Lait : Plus de 200 millions d’euros
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Avant de rejoindre la coopérative alsacienne, Hervé Massot a passé plus de vingt ans chez Lactalis, l’un des plus grands groupes laitiers mondiaux, où il a acquis une expertise approfondie du secteur.
Dans le paysage industriel laitier, Alsace Lait fait figure d’exception. Indépendante dans un secteur dominé par des mastodontes tels que Lactalis ou Sodiaal, l’entreprise préserve son autonomie en faisant le pari de la proximité et de la qualité. Au cœur du succès d’Alsace Lait, l’on retrouve en effet 230 exploitations agricoles alsaciennes, engagées dans une filière certifiée sans OGM, et payées au juste prix. « Nous comptons parmi les meilleurs payeurs du Grand Est et plus largement de France selon le journal L’Éleveur Laitier » souligne Hervé Massot.
Pour faire face aux pressions liées aux coûts de production et à la concurrence des géants du secteur, la coopérative mise sur deux leviers essentiels. Le premier : une compétitivité accrue grâce à des investissements dans ses outils industriels. Depuis 3 ans, l’entreprise a ainsi considérablement amélioré la productivité de son usine, atteignant un taux de saturation élevé grâce à des contrats avec des marques distributeurs. En 2024, 112 000 tonnes de produits ont été fabriquées, soit une progression de 18 % par rapport à l’année précédente. Cette année, grâce aux investissements réalisés et à l’intégration récente de 30 nouveaux producteurs laitiers du Haut-Rhin, la coopérative prévoit de transformer
entre 240 et 250 millions de litres de lait sur son site, contre seulement 210 l’an passé. Le second levier activé par l’entreprise pour répondre aux enjeux liés aux coûts de production et à la concurrence est celui de la différenciation par l’innovation : « Nous sommes actifs dans 8 catégories et 13 familles de produits, cela représente 300 références, » explique Hervé Massot. En 2024, 20 nouvelles références ont enrichi son catalogue, et 24 sont attendues pour 2025. La coopérative se projette notamment dans la création de yaourts aux fruits d’Alsace, ainsi que dans l’élargissement de sa gamme de fromages frais à tartiner aux saveurs originales, en s’inspirant de ses succès au Canada.
« TROP PEU DE PRODUCTEURS LOCAUX SONT EN MESURE DE NOUS FOURNIR DU LAIT BIO, ET IL EST HORS DE QUESTION D’ALLER CHERCHER CETTE MATIÈRE AILLEURS QUE DANS LA RÉGION. »
Maison Riviera : un succès végétal au Canada
Maison Riviera, filiale canadienne du groupe Alsace Lait, s’impose depuis quelques années comme co-leader du marché de l’ultra-frais végétal au Canada. La marque partage ses parts de marché avec Danone. Avec un marché canadien de l’ultra-frais végétal en pleine expansion et estimé à près de 2 milliards de dollars, Maison Riviera s’appuie sur une demande locale particulièrement mature pour accélérer sa croissance. Selon Hervé Massot, « le marché français de l’ultra-frais végétal est en progression, mais il reste en retard par rapport à des pays comme le Canada ou les États-Unis ». h.e.
Engagé pour le bien-être animal
• Les producteurs appliquent tous la Charte des Bonnes Pratiques d’Élevage, consultable sur internet.
• Les 230 exploitants partenaires s’engagent à nourrir leurs vaches avec une alimentation sans OGM et bénéficient de la certification VLOG (Verband Lebensmittel Ohne Gentechnik), référence européenne.
• La coopérative favorise le lait de pâturage, qui représente aujourd’hui un tiers de sa collecte. Ces vaches bénéficient d’un accès prolongé aux prairies et passent en moyenne 170 jours par an en pâturage.
• Les producteurs sont incités à moderniser leurs installations pour répondre aux exigences du bien-être animal et sont évalués selon les cinq libertés fondamentales de l’Organisation Mondiale de la Santé Animale (OIE). h.e.
Le développement d’une gamme bio n’est cependant pas au programme, en raison d’un manque de matière première sur le territoire. « Trop peu de producteurs locaux sont en mesure de nous fournir du lait bio, et il est hors de question d’aller chercher cette matière ailleurs que dans la région » souligne Hervé Massot. Le Directeur Général ne ferme cependant pas cette porte, notamment dans le cadre du développement futur de la gamme pour enfant Micha.
← Matthieu Goehry, éleveur laitier à Mittelhausen, dans le Bas-Rhin et les vaches de son exploitation.
L’entreprise privilégie pour l’heure une approche durable, avec 40 % de son lait issu de pâturages et un engagement fort envers la qualité et la naturalité des produits, tout en explorant d’autres segments porteurs. Parmi ces segments, le développement de produits « bien-être » s’impose comme une priorité. Qu’il s’agisse de laits fermentés, enrichis aux probiotiques ou de kéfirs, Alsace Lait mise sur des solutions naturelles et innovantes pour répondre à la demande croissante.
L’engagement de la coopérative envers la durabilité se traduit également par l’éco-conception de ses emballages – en plastique recyclé ou en complexes plastique-carton – ainsi que par une réduction continue de son empreinte écologique.
Alsace Lait prouve ainsi qu’il est possible de conjuguer performance économique, indépendance et engagement. Ses investissements – 25 millions d’euros prévus en 2025, soit 10 % de son chiffre d’affaires – visent à moderniser ses outils industriels, augmenter sa capacité de production et renforcer sa résilience, « nous voulons nous donner les moyens de nous développer dans le Grand Est », explique Hervé Massot. Ces fonds soutiendront notamment la construction d’un entrepôt de 7 000 m2 à Hoerdt, qui permettra d’augmenter la capacité de stockage de l’industriel. Avec un modèle qui combine innovation, proximité et qualité, la coopérative alsacienne s’impose comme un acteur incontournable du Grand Est. Son engagement envers les producteurs, la durabilité et l’excellence lui permet depuis bientôt 50 ans de résister aux crises et de s’inscrire durablement dans le paysage agroalimentaire français et international. ←
Énergéticien alsacien, durablement engagé pour le territoire, ÉS agit à travers l’ensemble de ses activités pour permettre l’accès à l’énergie et développer des solutions bas-carbone, en conciliant de manière équilibrée bien-être humain et ressources limitées de notre planète.
«ÉS développe ses activités pour offrir aux Alsaciens un futur énergétique durable en incitant à la décarbonation des usages et en recherchant la performance énergétique des installations de ses clients.
Avec sa production d’énergies renouvelables locales, son réseau électrique performant, la fourniture d’énergies intégrant une part croissante d’énergies vertes, ÉS contribue à faire de l’Alsace un territoire d’avenir.
Grâce à une approche innovante des problématiques énergétiques, en partenariat avec les différents acteurs de la dynamique alsacienne, ÉS et ses 1 300 collaborateurs ont inscrit la responsabilité et la confiance au cœur de leurs relations avec leurs clients et partenaires, dans la durée.
ÉS renforce sa contribution à une société plus durable en devenant société à mission.
Cette ambition guide nos actions pour la satisfaction de tous nos clients, par des engagements vertueux avec nos partenaires et nos parties prenantes au bénéfice de projets à impact positif pour le territoire. Elle permet d’apporter de la lisibilité à nos ambitions sociétales et environnementales et de rendre compte de nos résultats.
Au-delà de notre démarche d’entreprise responsable depuis maintenant 125 ans en Alsace, nous avons la volonté d’affirmer, dans l’ensemble de nos activités, notre engagement pour un impact positif au service d’une société plus durable.
Nous prenons un chemin inédit, audacieux mais cohérent avec l’histoire et les valeurs de notre entreprise.
Il s’agit d’une évolution naturelle et exigeante de notre raison d’être sur le territoire alsacien pour Éclairerlesnouveaux horizons de l’énergie en Alsace. »
Marc Kugler, Directeur général du groupe ÉS
Chaque trimestre, les membres de la rédaction de Or Norme partagent ce qu’elles et ils ont lu, écouté ou visionné. Ces pages font part de certains de leurs coups de cœur...
Par Marine Dumény ☛ Ma première lecture remonte à mes cinq ans. Pressée de découvrir ce monde de papier dans la bibliothèque de mes grands-parents, j’avais décidé que je pouvais désormais l’explorer seule. Vingt-cinq ans plus tard, mon métier de journaliste indépendante me permet d’écrire à mon tour. Et de continuer à me plonger dans moult essais, romans et recueils. Avec une passion pour la littérature étrangère…
L’automne est la dernière saison
Nasim Marashi est une journaliste, romancière et scénariste iranienne. Dans ce roman traduit du persan, elle nous amène à nous identifier à Leyla, Shabaneh et Rodja, éprises de liberté et rattachées chacune à leur façon à leur patrie. Si l’écriture est pleine de tendresse pour les bouleversements vécus par les jeunes femmes, elle brille par le parallèle établi entre les contradictions de ses personnages et celles de la jeunesse iranienne. Un écho touchant, on ne peut plus d’actualité. ←
PARU EN 2023
AUX ÉDITIONS Zulma
Il est de ces livres qu’on lit, relit, et conserve. Le dernier roman d’Azar Nafisi est de ces ouvrages d’une vie. Rendue célèbre par son premier roman Lolita à Téhéran, l’autrice iranienne – exilée aux États-Unis – mobilise sa plume contre le totalitarisme en cinq lettres adressées à son père décédé, l’ancien maire de Téhéran. D’Atwood à Rushdie, en passant par Hurston, Baldwin, Platon ou Todorov, les références pleuvent, aussi acérées et pertinentes que l’esprit de l’auteure. Prenez des notes, gardez-les précieusement, en ces temps sombres Azar Nafisi nous offre réflexion, lutte intellectuelle... et espoir. ←
PARU EN 2024
AUX ÉDITIONS Zulma
Je l’avais rencontrée à la librairie Kléber en 2024. Mursal Sayas a mon âge, elle est journaliste, auteure, et lutte pour les droits humains. Pour survivre, elle a dû fuir l’Afghanistan. Au nom de la religion, de la coutume ou de la tradition, ce recueil de témoignages se place en rappel du sort de nombres de femmes afghanes : battues, prostituées, brûlées, torturées, violées... Mursal Sayas donne une voix à celles qui n’en ont pas. Un rappel douloureux, et nécessaire de la fragilité des droits de nos sœurs à travers le monde. ←
QUI ENTENDRA NOS CRIS –Dix témoignages des femmes d’Afghanistan
PARU EN 2024
AUX ÉDITIONS de l’Observatoire
Par Olivier Métral ☛ Autrefois biologiste, aujourd’hui journaliste, mais depuis toujours hédoniste, je ne refuse jamais un ver(re), qu’il soit de Baudelaire ou de gewurztraminer. J’aime le rock progressif des années 70, le crachin des Highlands, le couscous de ma mère sétifienne, le cinéma de Ken Loach, les parcours atypiques, les dessins de Lefred-Thouron et l’accent du Grésivaudan.
Difficile de résumer en quelques mots l’immense carrière de John Mayall, le père du British Blues et fondateur des Bluesbreakers en 1963, groupe au sein duquel furent révélés Eric Clapton, Mick Taylor ou Peter Green. Mort à l’âge de 90 ans en juillet dernier, ce multi-instrumentiste de génie laisse derrière lui 37 albums solo et une trace indélébile dans l’histoire du rock. Cette compilation, sortie en 1969, permet d’effleurer l’étendue de son talent, entre l’exaltant Blues City Shake Down et le désespéré So Many Roads. ←
SORTI EN août 1969
SUR L’ALBUM Looking Back
CHEZ Decca Records
Sans doute ce premier long métrage du réalisateur irlandais Colm Bairéad méritait-il mieux que les 117 390 entrées qu’il a seulement enregistrées sur le territoire français, à sa sortie en salles en 2023. Tout en pudeur et en sensibilité, cette chronique rurale sur l’amour filial, tournée en langue gaélique, vaut autant par sa beauté photographique et sa délicatesse que par ses petites touches poétiques, la grande justesse de ses acteurs jusque-là inconnus et sa scène finale absolument bouleversante. ←
SORTI EN 2022
DURÉE 94 minutes
GENRE drame
PAR Colm Bairéad
AVEC Carrie Crowley, Andrew Bennett
Colmar n’est pas la seule « capitale des vins d’Alsace », appellation qu’elle a obtenue auprès de l’INPI en 1999. En rappelant le rôle majeur que joua Strasbourg dans leur commerce et leur transport à travers toute l’Europe septentrionale, l’historien Georges Bischoff replace l’église au centre, ou plutôt au nord du village alsacien. Le journaliste Hervé Lévy et le photographe Stéphane Louis en suivent les traces dans le Strasbourg d’aujourd’hui, avant d’offrir une tribune libre à quelques vignerons autant passionnés qu’avant-gardistes. ←
PAR Georges Bischoff, Hervé Lévy, Stéphane Louis
PARU EN 2024
AUX ÉDITIONS La Nuée Bleue
Le vignoble alsacien a développé au fil des siècles la culture de cépages très aromatiques se forgeant ainsi sa propre identité. Fruité et généreux, le Gewurztraminer est certainement l’un des plus emblématiques.
Par Salomé Dollinger ☛ Pendant neuf ans, j’ai animé les rubriques food, beauté et mode d’un magazine féminin à Paris. Au printemps 2023, à l’instar des cigognes, je reviens vivre en Alsace. Libre et curieuse de tout. Savoir-faire local, projet engagé, concept d’avant-garde… Ma plume s’adonne à des sujets lifestyle, surtout ceux portés par des têtes pensantes au grand cœur.
Il n’y a pas que les bons raisins qui émergent du vignoble alsacien ! Fruit d’une idée de Véronique Muré et Marcel Ehrhard, à laquelle Daniel Zenner a ajouté « son grain de sel », ce livre regroupe les recettes favorites de 30 femmes membres de l’association Les diVINes d’Alsace : du 100% tradi (Hartäpfeldatscha de Mamema) et des invitations au voyage (poulet Tikka Masala). Chaque vigneronne y accommode un vin de son domaine. Une divine idée cadeau pour les épicuriens ! ←
LES DIVINES CUISINENT. METS ET VINS
30 recettes de vigneronnes
PARU EN 2024
AUX ÉDITIONS I.D. l’Édition
En 2010, Anaïs et Benjamin se rencontrent au casting de La Nouvelle Star à Strasbourg. L’un ira sur les primes, l’autre non... mais Cupidon aura bien visé ! Ensemble, ils reprennent sur scène les titres de leurs groupes préférés (Cocoon, Arcade Fire, Brigitte). Après un passage éclair à Paris et l’arrivée d’un bébé, ils rentrent en Alsace. Le confinement tombe et dessine les esquisses de leur premier album : de la musique pop qui célèbre les petits bonheurs du quotidien et réconforte le cœur des parents dépassés. ←
SORTI EN 2024
GENRE French Indie
CHEZ Tolmi Editions
Dans les entreprises, quatre générations cohabitent ; cinq, si on compte l’arrivée des Alpha (nés à partir de 2010).
Au micro de Johanna Rivière pour RCF Radio, Laurence Kolmer, facilitatrice d’apprentissages chez Singular, nous invite à dépasser les stéréotypes liés à l’âge : oui, les Baby-Boomer peuvent être technophiles, et non, la Gen Z n’est pas réfractaire à l’autorité ! Durant 30 minutes, elle nous donne des clés pour faire de nos différences un levier de coopération et de performance. ←
POLYCHROME, POUR S’ÉPANOUIR
AU TRAVAIL – Poser un nouveau regard sur les générations
OÙ RCF Radio
DURÉE 30 minutes
Là où les idées naissent et les projets grandissent.
Merci aux partenaires Or Norme pour leur soutien.
Or Champ est une tribune libre confiée à une personnalité par la rédaction de Or Norme. Comme toute tribune libre, elle n’engage pas la responsabilité de la rédaction de la revue, mais la seule responsabilité de sa ou son signataire.
Par Mine Günbay, Directrice générale de la Fédération nationale solidarité femmes.
Depuis plusieurs mois déjà, je vois l’espoir se déliter autour de moi. Les visages sont marqués. Les corps souffrent. Nous sommes épuisé.es. Nous les salarié . es du social, des quartiers populaires, des associations féministes, pour qui faire vivre le nous est une obligation morale, une éthique de vie. Nous, les militantes et militants qui trouvons dans le collectif le sel de nos engagements.
L’actualité nous sidère, nous glace, elle nous fige. Tout va vite. Très vite, trop vite. Nous avons à peine le temps de digérer une information innommable qu’une autre tombe. On scrolle, on zappe, nos cœurs ne peuvent plus recevoir toute cette violence alors que des frères et des sœurs en humanité sont violées, torturées, massacrées. Biberonné es à la haine de l’autre, de « l’étranger », nos cerveaux semblent avoir mis en pause les canaux de l’empathie. Et pendant ce temps-là, l’excès, partout l’excès, au point qu’elle devient la norme. L’espoir lui semble s’être mis en quarantaine. Comment pourrait-il en être autrement alors que la planète est un champ de bataille à ciel ouvert, et qu’une poignée de dictateurs ont défini le cap mortifère de notre siècle. Comment garder l’espoir quant la lutte contre le changement climatique est pensée comme une coquetterie, que la maison monde brûle, que des inondations, la sécheresse provoque des milliers de déplacé.es, et altèrent des écosystèmes entiers ? Comment faire vivre l’espoir alors que les quelques avancées pour les droits des femmes et les minorités de genre sont perçues comme une menace à l’ordre social plutôt qu’une avancée pour les droits humains ?
objectivement aucune raison de penser que les prochaines décennies vont être sous le signe du progrès humain avec cette broligarchie américaine aux abois. À la veille du 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes, Il n’y a objectivement aucune raison de penser que le féministe sera demain un horizon atteignable. Et pourtant, tous les jours et durant toute l’année, sur la ligne d’écoute, d’information et d’orientation pour les femmes victimes de violences au 3919, près de 80 000 femmes reçoivent une écoute bienveillante. Pour certaines, cet appel peut dessiner un nouvel horizon de vie. L’immensité du ciel, même nuageux, nos utopies, nos joies militantes servent à cela, à avancer. Il me semble que si nous cédons sur ce qui nous reste d’espoir dans l’humanité, ils auront gagné. Si nous cédons sur nos sourires, ils auront gagné. Si nous ne repensons pas collectivement les nouvelles modalités de la solidarité, ils installeront, avec les outils même de la démocratie, un ordre fasciste mondial. Wake up!
Certes, nous avons très peu de leviers d’actions, mais ils existent encore ! Nous avons encore le choix de nous en saisir. Des milliers de petits îlots de résistance émergent aux quatre coins de la planète. Sous les bombes, en dictature, ou dans nos campagnes, le courage, la résilience et des initiatives solidaires parsèment le chemin d’espoir. Des victoires continuent à être remportées. Infimes, mais bien réelles !
Alors oui, il n’y a objectivement aucune raison de penser que le grand soir est à portée de main. Il n’y a
Je repense souvent à Gisèle Halimi, sa main dans la mienne, son regard fatigué, mais pétillant me dire : « ne vous résignez jamais, on va y arriver ». Je la crois ! On va y arriver. Sans angélisme, ni naïveté, avec force et lucidité. Pour un 8 mars, solidaire et en lutte ! ←
sur 10% du montant
jusqu’à 30 000 € *
Exemple représentatif : (1) Pour un prêt immobilier complémentaire à un prêt finançant une résidence principale, d’un montant de 30 000 € et d’une durée de 120 mois au taux débiteur fixe de 0,99 %, vous remboursez 119 mensualités de 262,68 € et une dernière de 262,89 € (hors assurances). Montant total dû par l’emprunteur : 32 130,81 € dont 300 € de frais de dossier. Taux annuel effectif global (TAEG) fixe de 1,40 % (2) (3) Le montant des mensualités indiqué ci-dessus ne comprend pas l’assurance emprunteur obligatoire : 100 % en garantie décès, perte totale et irréversible d’autonomie, 50 % en incapacité de travail et invalidité permanente : 1re cotisation mensuelle de 3,61 €, cotisation mensuelle maximum : 3,61 € . (4) Montant total de l’assurance : 309 €, taux annuel effectif de l’assurance (TAEA) de 0,21 %. (1) Après étude et sous réserve d’acceptation de votre dossier. (2) Conditions au 1er mars 2025. (3) Hors frais de garantie éventuels. (4) Cotisation indicative donnée pour un assuré employé administratif de 35 ans, non-fumeur, hors surprime. Les cotisations évoluent tous les ans en fonction de l’âge de l’assuré et du capital restant dû.
*OFFRE SOUMISE À CONDITIONS, réservée aux particuliers n’ayant pas été propriétaires de leur résidence principale au cours des 24 mois précédant la demande de crédit. Montant limité à 10 % des crédits accordés au Crédit Mutuel pour financer le bien, dans la limite de 30 000 €. L’emprunteur dispose d’un délai de réflexion de 10 jours. La vente est subordonnée à l’obtention du prêt. Si celui-ci n’est pas obtenu, le vendeur doit rembourser les sommes versées Voir conditions détaillées en Caisse de Crédit Mutuel des fédérations suivantes : Crédit Mutuel Anjou, Crédit Mutuel Antilles-Guyane, Crédit Mutuel Centre, Crédit Mutuel Centre Est Europe, Crédit Mutuel Dauphiné-Vivarais, CréditMutuel Île-de-France, Crédit Mutuel Loire-Atlantique et Centre Ouest, Crédit Mutuel Massif Central, Crédit Mutuel Méditerranéen, Crédit Mutuel Midi-Atlantique, CréditMutuel Nord Europe, Crédit Mutuel Normandie, Crédit Mutuel Océan, Crédit Mutuel Savoie-Mont Blanc et Crédit Mutuel Sud-Est, et sur www.creditmutuel.fr.
Le Crédit Mutuel, banque coopérative, appartient à ses 8,9 millions de clients-sociétaires.
Caisse Fédérale de Crédit Mutuel et Caisses affiliées, société coopérative à forme de société anonyme au capital de 5 458 531 008 €, 4 rue Frédéric-Guillaume Raiffeisen, 67913 Strasbourg Cedex 9, RCS Strasbourg B 588 505 354 - N° ORIAS : 07 003 758. Pour les opérations effectuées en qualité d’intermédiaires en opérations d’assurance (immatriculations consultables sous www.orias.fr), contrats d’assurances souscrits auprès de ACM IARD SA et ACM VIE SA, entreprises régies par le Code des assurances.