Oito ou 80 - TRADUÇÃO.04

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EDITO

La traduction est un processus de rencontre et de découverte ; une marche permanente vers l’autre et vers soi-même. À travers la traduction, nous nous interrogeons sur notre propre compréhension du monde, nosvaleurs, notre vision de ce qu’est la vie. Traduire, c’est interpréter éternellement à partir de notre bagage interne.

En tant qu’écrivaines francophones - l’une brésilienne et l’autre belge, toutes deux résidant en France métropolitaine - la traduction ne concerne pas seulement nos œuvres littéraires, mais aussi notre communication et nos relations interpersonnelles. Ainsi, le thème de la traduction est devenu pour nous une question organique, naturelle et

fondamentale au sein de Oitoou80 . La revue est née du désir decréer un espace de francophonie ample et multiple, permettant à la langue française d’exister dans ses nuances plus diversifiées et polyphoniques.

Ainsi, nous avons construit des ateliers et propositions visant à aborder les nombreuses problématiques de la traduction ; non seulement en lissant les perceptions, mais surtout en les proliférants afin d’offrir, à vous, lecteur.ices, un prisme tridimensionnel de cet acte qui est souvent relégué aux chaires académiques, mais qui est pourtant si vaste dans notre quotidien. La vérité est que nous sommes constamment en train de nous traduire dans le monde, en nous traduisant sans cesse à travers des mots,

des textes, des images, des expériences, des musiques, des vêtements, des mouvements, etc. Et dans cette tentative de nous traduire, beaucoup se perd et encore plus est interprété avec des yeux et des expériences complètement différentes.

L’autre s’approprie tout le temps - à travers sa compréhension - de notre expression, nous traduisant de manière inattendue et plurielle. Comme l’écrit Walter Benjamin dans son texte Latâchedutraducteur , traduit par le chercheur et professeur de littérature comparée spécialisé en «ExiletMigrations », Alexis Nuselovici, la traduction doit être vue comme un nouveloriginal, car elle est, d’une certaine manière, toujours défaillante ; et pourtant riche

dans sa défaillance, ajoute des couches d’interprétation, apportant de nouvelles clarifications au texte original. Pendant le processus créatif, nous nous approprions des textes, des langues et des sons en cherchant non pas une traduction fidèle et précise, mais surtout à recréer l’expérience de l’étrangerdans ses significations les plus plurielles - qui se perd dans la compréhension pleine et totale d’une langue et d’une culture, qui joue avec les sons, qui bégaye, qui déforme les phonèmes. La vérité est que nous sommes tous des étrangers jouant à se comprendre, essayant de traduire l’expérience intraduisible d’être .

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photographies

© Elea Terodde

conception de la maquette

© Samantha Chuva et Elea Terodde

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Antécinématique 6 Mille milliards de poèmes 7 Temps de traverser 8 Téléphone sans fil 12 Somebresa 14 Abbiocco 15 AUTOMNE 16 Abécédaire 30 La vague de mots 31 PO-ET-SIE.FR 32 Duende 34 Yakamoz 35 Récit Gémeaux 36 Le cerf-volant 38 Selvagem 39 écrit à quatre mains écrit à quatre mains Samantha Pluie Aele Dee Samantha Pluie Aele Dee Samantha Pluie Samantha Pluie Aele Dee écrit à quatre mains Aele Dee Auteur.ices invité.es Samantha Pluie écrit à quatre mains Aele Dee

AntécinémAtique

présupposer l’existence

entre les deux

rien d’autre que la somme

autonome

si on ne les rapporte pas

sans rien signifier à l’époque de leur survivance

corporalité soupçonnée, non de la nature des transmissions

ce qui était dans la vie même de la plus grande vague

le plus strict à l’intérieur du massif

comme le prétendent les notes

les flots

non plus sous la forme point

Antécinématique

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- Aele Dee

mille milliArds de Poèmes

Ils viennent nous prendre la main et tout d’un coup nous voilà dans un autre monde. Les voyageurs attendent des trains comme tu les attends sauf que tu les écris. Cet été fut une expérience sans précédent dans l’existence de Mick.

Une femme, deux filles, deux chattes et vingt poules.

Nous étions déjà au dernier cercle, et nous avions tourné à droite, attentifs à une autre pensée.

C’est vers deux heures du matin que j’entends s’avancer le grand bateau des âmes. Et je ne peux rien faire pour te sauver de ce que tu désires.

Je suis resté au début, c’était pour pas long.

J’avais pensé que c’était la fin, que je ne te reverrais jamais, et voici que j’étais dans ta maison en Virginie avec toi dans mes bras.

C’était une belle soirée, moi aussi je l’ajouterai à mon collier.

La nuit calme était parcourue seulement par le vol soyeux de petites ombres sans formes aux ailes silencieuses qui se déplaçaient tout autour sans la moindre direction, fût-elle momentanée : des chauves-souris.

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- A.D et S.P.
Mille Millards de Poèmes

temPs de tr

Marcher sozinha, et o animal que sou eu sou un loup

Quando j’entre dans une floresta au crépuscule, flot flotter là dans lala là, l’endroit, là, l’envers

Estar em vida, quando j’en ressors como se o temps tivesse virado outro, trop peu dire, ou trop virer, vitesse, dégager, enrager, vivre vite la course routine des survivances, ouvre le temps de traverser.

Todos os sons me surprennent Dos, docile ocille île des villes entre les bruines m’horpilient, d’or d’ordinaire, todos or d’horizon

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Todos esses sons de presença animale

sens animal, animo animosité, sans mes sens, existence à pas de loups.

Ninguém dans les rues, Nicher dans les rues, Ni perçue, ni velue, rue pas droite et pas plus ronde qu’un crépuscule au nid vide.

Mes pupilles grandes et negras, me fazem entrar paravent blaffard de la rapace, brouillard d’un départ, une nuit

le plus de lumière avant la nuit

la noite

la noite

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Temps de traversser - A.D et S.P.
tr AVerser

télePhone sAns fil

La forêt nous a toujours fait face. C’est pourquoi ces merveilleux jardins privés, situés juste en face de la bibliothèque de Kentosani, offraient un lieu de rendez-vous parfait pour un maître espion désirant acheter clandestinement des informations à un copiste d’archives.

Par la fenêtre ouverte il regarde, en oblique par rapport à la direction du regard de l’homme, un mur et une fenêtre fermée. Il s’était échappé du ciel Mitsamt meinen Steinen (Avec toutes mes pierres). Malgré le sentiment de compassion qu’il avait ressenti à la fin de leur rencontre dans le jardin du Luxembourg, Ramon ne pouvait rien changer au fait que d’Ardelo appartenait à la sorte de gens qu’il n’aimait pas.

Les arbres de cette nature se penchent dans sa direction, que ça soit par un effet de lumière montante ou à cause du vent. Il avait brusquement changé et les chaleurs tardives avaient tout d’un coup fait place aux fraicheurs. Tuer des arbres en aussi grand nombre, sans leur demander la permission, certainement que ses efforts allaient réveiller la mauvaise fortune.

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Gamin sale et inconnu qui joue devant chez moi, je ne te demande pas si tu m’apportes un message des symboles. Je suis sûr que vous voyez à quoi ça ressemble le visage d’un individu dans la fraction de seconde avant qu’il se mette à hurler «je vous comprends», c’est tout de même un sacré morceau à avaler. C’était comme si la Terre entière avait été plongée dans un pot de miel géant. En silence, il va jusqu’au fleuve et tire une flèche vers le fond.

13 Télephone sans fil - A.D et S.P.

sobremesA

Sur la table reposent des tas des gâteaux. Des pâtisseries les plus fines, cookies, macarons, quindin, brigadeiro, makrouts et fruits. Des fruits ronds et violets, peaux lisses et cœurs fondants. Des fruits grands et petits, ornés de fromage blanc coupés en petits carrés. Sobre la table les restes, moitiés mangés, moitiés déglutis, mi-sobres, misoul, s’agglutinent. Les cueilleurs se collent, les fourchettes se reposent sur les couteaux qui hésitent à couper encore un morceau de ceci ou cela. Cecília soupire satisfaite ; le sourire encore tamponné sur la bouche, pendant que Celia range. Sur la table, sobre a mesa, reposent restes, sobras, dobras, doubles, troubles d’amitié mi-sobre, mitrova, mais délicieuse. Juteux dessert qui repose sur les lèvres de sobremesa.

sobremesa: (espagnol) [soβɾeˈmesa] nm ~ moment précieux dans une famille ou un groupe d’amis : c’est celui qui suit un repas, lorsque l’on prolonge la discussion.

sobremesa: (portugais) [sobrəˈmezɐ] nm ~ dessert.

Sobremesa - Samantha Pluie

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Abbiocco

Le poulpe était frais puis frit, déchiqueté sous la dent, le jus s’est glissé dans les mâchoires, abreuvant la sensation. La satiété est arrivée dans le milieu de l’après-midi. Le soleil est haut, la mer s’est retirée loin et plus personne ne marche sur le sable brûlant à cette heure. Après le repas, un ristretto au comptoir, les paupières battent plus lentement, la fatigue dégouline comme la lumière brûlante. Le corps alourdi avachi dans la chaise en plastique. Attendre que soit passé 16 heures, que l’Abiocco s’évapore et enfiler son maillot de bain. Marcher longtemps sur le sable humide, jusqu’à ce que l’océan lèche les orteils de sa caresse piquante.

abbiocco: (italien) [abbjokˈko] nm ~ l’état de somnolence après un repas, le fait de piquer du nez après avoir trop mangé.

15 Abbiocco - Aele Dee

Ouvrir un espace circonscrire un temps sens, expériences, liberté jonction d’écoute transformation Poésie

LE JOUR RACCOURCI

QUE L’ÉCRITURE

Chaque semaine au cours de l’automne, nous vous avons lus et nous avons découvert des regards, des voix. Dans vos poèmes, la multiplicité d’expériences et de sens s’est dépliée. Nous avons vécu, écouté et constitué collectivement ce lieu de jonction où d’autres perspectives se sont tracées patiemment.

Pour explorer un temps d’écriture collective, nous l’avons circonscrit à la période de l’automne, durant laquelle nous vous avons proposé des mots - ou thèmes – inspirés des poèmes de Laura Kasischke et de Christian Bobin. De la lecture à la possibilité d’écrire ensemble, puis de l’écriture à la pluralité des lectures. Un mot à partir duquel se déplie des langues et des silences.

Les poèmes que nous avons choisis pour prendre part à notre laboratoire littéraire, nous permettent de constituer une vue d’ensemble

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RACCOURCI ALORS L’ÉCRITURE S’ALLONGE

de ce moment de partage. Ces poèmes prennent part à la transformation de la revue vers un espace d’ouverture, dans le prolongement de son désir initial de prendre en compte l’altérité. L’accueil de l’Autre, aux dépens d’une logorrhée ambiante qui se crispe, nous a permis de comprendre un peu mieux la nécessité de la poésie. Traverser la frontière invisible pour se retrouver dans les mots de l’autre, comprendre un peu de soi grâce à ses images et aux détails infimes qu’il a su porter dans sa langue. C’est dans ce simple voyage que nous vous invitons à parcourir ces poèmes.

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Aele Dee

SanS TiTre

Au vent je donnerai ce que j’ai volé au ciel il dispersera les lys espérés sur tes secrets en reliefs et fera de moi une montagne à gravir à chaque aurore la même question que sais-tu du blanc ?

je sais les chemins qu’il couvre pudiquement les coutures mal tenues qui s’écartent d’un seul souffle sur ta vénusté je sais les courbes naïves de tes délices de glace et le noeud qui se délasse en ton ventre

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Boire le venT

Solfia Manzano

boire le vent

se laisser traverser, de ce vent-là, le Souffle simple puissant une vie humble vivre

face à l’IMMENSITÉ

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SanS le

Sans le dire

Je prendrai un jour le chemin

Celui dont jamais on ne revient

Je cueillerai des fleurs solitaires

Attachées à aucune terre

J’irai jusqu’en haut de la tour

Ce phare qui brille toujours

Là où tu m’as dit que je finirai

Entourée de chats noirs stylisés

Et de feuilles encore à écrire

Sans le dire

Sans le dire

Solitude en mer Jamais amère

Regard braqué sur l’horizon

À voir défiler les saisons

Étoiles éphémères

Au ciel de mes inspirations

La nuit noire écrin offert

Perles de jais à jaillir

Sans le dire

Sans le dire

J’expulserai de moi

Tout ce que je n’arrive pas

À dire

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Je vais l’écrire décrire réécrire

Sans le dire

Sans le dire

J’expulserai de moi

Tout ce que je n’arrive pas

À dire

Je vais l’écrire décrire réécrire

Sans le dire

Et puis je reviendrai

Sans le dire

Car vous m’aurez trop manqué mes affres spleen

mes gouffres qui dégoulinent

Je surmonterai

Sans le dire

Ma tempête calmée couvant encore

Toujours je choisirai

Le soleil et l’or

Là où vous vous tenez

Sans le dire

Je reviendrai

Sans que vous vous aperceviez

Que j’étais partie

Si loin si seule sans bruit

Je reviendrai

Sans le dire

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le Dire

leS coeurS en cage

Le nœud en coulant a sauté aux visages à trop fermer l’œil rien ne semble ordinaire

Sous les rires et les capes se mangent les cœurs en cage qui configurent l’espace et déterrent la lumière

un SySTème SanS faille

Rue d’Aubagne

Une faille dans le système

L’agrandir pour s’évader loin

Le mortier s’effrite sans bruit Jouer au passe muraille

Traverser les pierres tombales

Qui jamais ne retiendront les âmes Foncer dans le mur tête baissée, encore et encore

Jusqu’à ce qu’il se fissure Dégager la ligne d’horizon de toutes ces prisons

Que le ciel ne tombe plus sur nos têtes !

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Bruno Duret

TouT un monDe

Elea Terodde

Ils ont perdus leurs empreintes digitales dans les bulles dans le savon, rognées en poudre les mains, discrètes s’attendent à te comprendre, à te saisir chère eau dans le bain, elles attendent, les mains indécises

Dans l’escalier, elle pose sa main dans l’empreinte qu’il a déposé ils sont tenus à ta poursuite chère eau

si tu ne dévales plus les rivières et que toute la glaise constitue notre surface si tu ne te jettes pas dans la mer que restera-t-il de ces amours indociles

Le savon recouvre le dos et la paume sèche l’eau descend les marches et ils chassent cette image de leurs yeux sans pouvoir cligner ni mouiller un cil

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une faille DanS le mur De mon encéphale

Noxa Ravenwood

Gratte, gratte, gratte, Jusqu’à effriter le mur. Gratte pour respirer à nouveau.

Emmurée dans mon propre encéphale, Je gratte, gratte, gratte, Je gratte en compagnie de mes démons.

Creuse, Creuse, Creuse, Sors toi là bon sang !

Edmond Dantes dans le crâne, je creuse.

Creuse Creuse jusqu’au sang.

Une faille se crée, Une toute petite faille.

Tape tape tape !

Emmurée dans mon propre encéphale

Je tape.

Sors de là bon sang !

Monte Cristo ne t’aidera pas. Ai-je sa volonté ?

Démons, tapez avec moi….

Tapons, tapons, tapons !

Créons cette faille dans le mur, Dans le mur de mon encéphale.

Pour respirer à nouveau.

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courage

Samantha Chuva

Entre deux blocs de ciment, un éclat.

Un trait fin comme un crayon dessine son chemin, créant de l’espace.

Entre deux blocs de ciment, soupir s’ouvre, pierre respire, poussière délie, se détachant de la rigidité pour flotter libre leste souple Particule de liberté qui se permet abandonner histoire et ancestralité, devenir petite cellule unité de soi complète et totalement délibérée

Pour rejoindre les siens et devenir Poudre.

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SanS TiTre

Amanda Spierings

J’ai raccourci les rameaux de mes phrases taillé jusqu’à la sève du langage bouturé des mots racines dans le terreau du silence

J’ai fouillé dans les creux et l’absence arrosé

l’espace de pluie sonore de gouttes de salive de patience

J’ai coupé le souffle coupé le vent coupé la parole

Tout défriché pour récolter au sein du poème la note brève et puissante du printemps

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faille

Isabela Otechar

nous ne pouvons pas être à deux endroits en même temps mais nous pouvons éprouver mille sensations à la fois nous pouvons tomber amoureux d’une ville comme nous construisons un poème dire que c’est cette ligne d’horizon et créer une sculpture en la regardant en décembre 2023 mais nous ne pouvons pas effacer une faille dans le mur nous pouvons juste écrire à côté tout juste ou au-dessus ici j’ai été heureuse nous pouvons effacer et réécrire encore J’ai traversé et changer la géographie échanger des cartes ne plus tenir de bouts de papier mais laisser les empreintes de nos doigts quelque part et dire oui.

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SanS le Dire

Ce que le corps Vibre A l’instant

Ce que la bouche Tremble

Au frôlement

Ce que la peau Espère

D’un regard

Ce que la main Touche

D’espérance

Ce que le souffle Respire

D’envie

Ce que le désir Entreprend Au silence

Laurence Boudineau et Aurelie Plaza

SanS chanT

je n’ai jamais dit ce qui devait ce qui aurait dû être dit ce qui jamais n’aurait menti je n’ai jamais dit ce qu’il aurait fallu dire ce qu’il aurait attendu ce qui n’était pas en mots en moi sans les formes-langage posées par les sons dans tes oreilles à toi je n’ai jamais rien dit d’autre que ce silence-là moi j’ai tout gardé moi j’ai tu

ma pauvreté

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Abécédaire

Accent Dans une ville aux lumières nouvelles, Babel Une luminosité l’aveugle. Cadre Il s’engage dans les ruelles, se perd jusque sous le miroir. Danser Soudain, il reconnaît les sons, le sens de l’autre, sa beauté, sa nécessité. Étymologie Il entre dans les lignes et défriche les premiers mouvements, Fouiller il s’enfonce et taille à coup de machette pour y voir clair. Girouette La ville est méconnaissable, encore une inconnue. Il se persuade, croit à ce qui ressemble encore à une fiction. Optique Les phrases s’alignent, dictent ses pas, avançant vers le reflet de sa solitude. Pays Mais, au cœur du désert de bitume, il franchit les frontières de langue. Traduction Quand la nuit tombe, les mots sont semblables sur la page, différents mais infiniment proches.

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Abécédaire - Aele Dee

m o t m o t m

m o t s m o s s m o m m

m o t s m o t s m o t m m m

m o o o t ss s m o m m m

m o o o o t s s m m m m

m t m o s t m o t m m

m o m s mo ot t s

m m o o o m s ms t

m m m m m m mt o mo m o m t o m ot s o

mot m o t s o o m o t

mots m o t o o s m o t s s

motsmots o o o m o t o m o t s m o t s ss sss s ss s

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motsmotsmotsmots m o t s m o t s o mots mots t s t t t t s s s s s s s s s s s s s s s s s s

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– La Grande Vague de Kanagawa

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Samantha
Vague de mots -
Pluie

Po -et-sie.fr

— Mauvaises traductions. Mauvais traducteur insaisissable, mystérieux, « poétique », faisant luimême écrivain, transmission inexacte d’un contenu inessentiel… Servir le lecteur. Ce n’est pas à cause de lui qu’existe suffisamment PO-ET-SIE.FR

— Instant inoubliable, souvenir de Dieu… Créations de langue doit être essentielle. Si bonne soit-elle, jamais rien signifier.

-— Est clair.

— Faut comprendre les idées de vie qui règnent sous sceptre débile de l’âme.

— De là naît la tâche plus vaste, grandes œuvres d’art… l’artiste

— PO-ET-SIE.existence. Vie et finalité. Manifestations de vie finalisées. Traduction finalisée.

PO-ET-SIE.

rapport intime entre langues impossible de révéler, impossible de produire réalise en germe germe de sa restitution, rapport envisagé, très intime entre Langues.

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— Les langues ne sont pas mutuellement étrangères. En vérité, doit procéder un exa-pensée.

— Post maturation : tendance de sa langue vaine de disparaître. PO-ET-SIE.FR. VOIR CONDITIONS GÉNÉRALES D’UTILISATION — Faible pensée. Coup de plume défunte.

TRADUCTION.

c’est le destin de disparaître, deux langues mortes, que parmi toutes les formes de parole étrangère, vague ressemblance entre copie et original. repose bien.

Je dédie cette traduction au fruit et sa peau, manteau royal aux larges plis. Inadéquate, forcée, étrangère. Préjugé tradition. La langue vraie.

PO-ET-SIE.FR

formule que les mots transportent se laisser violemment ébranler par la langue étrangère monstrueux danger originaire : le silence.

35 PO-ET-SIE.FR - Samantha Pluie
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Les touches du piano glissent entre un doigt et l’autre, faisant valser la musique en gouttes de pluie. Elles mouillent les personnes pressées dans la rue, qui se défendent derrière d’épais parapluies noirs. Les pas résonnent rapidement et les roues des voitures éclaboussent boue dans les ourlets des pantalons. Au milieu des nuages gris qui traversent le trottoir frappant les talons contre le sol, quelqu’un lève la tête. Les yeux vers le ciel, cascade de boucles de châtaignes vers le sol. Le manteau rose trempé goutte des larmes prismatiques. Désarmée. Poignards d’eau l’atteignent en plein cœur. Chaque touche, un coup qui hérisse ses poils. La valse envahit d’un souffle ses poumons. Pluie tombe, pluie sort, embuant le blanc laiteux des yeux. Soupir. Un ciel s’ouvre. À la fin de l’arc-en-ciel, il y a duende.

duende: (espagnol) [ˈdwenˌde] nm ~ Tener duende - Il s’agit de l’émotion intense que peut procurer une œuvre d’art; s’émouvoir.

36 Duende - Samantha Pluie
duende

Toute la chaleur est contenue dans la tente. Plantée sous les arbres, elle n’a pas échappé aux éclats à 42°. La nuit revenue, les corps des jeunes amoureux peinent à se refroidir. Aucun nuage ce soir-là, le calme donne de la profondeur à la fraîcheur retrouvée, le bruit de l’océan de l’écho au Yakamoz. Les jeunes amoureux se laissent appeler par la tonalité de la nuit. Emprunte le sentier de dunes, avançant à la rencontre du Yakamoz offert sans entrave. Au-dessus de la mer, le Yakamoz se prélasse, onirique et organique. Les heures passent, les jeunes amoureux grelottent dans l’humidité du sable, sans pouvoir détacher leurs yeux du Yakamoz, s’abreuvant de sa beauté intraduisible.

yakamoz: (turc) [iakamœz] nm ~ Ce mot désigne le reflet de la lune à la surface de l’eau.

37 Yakamoz - Aele Dee
YAkAmoz

gêmeAux récit gêmeAux

récit

Im Quell deiner Augen avait vers la mer une haute fée sans pré hält das Meer sein Versprechen Fadas em xícaras que reinavam reis. ein Herz, das geweilt unter Menschen un récit gémeaux fait autre manche

Ich bin du, wenn ich ich bin Ixi, bem, tu vem, ixi ixi bem. treib ich ein träum von Raub trago eu um sonho de Raub.

Im Quell deiner Augen

Avait vers la mer Haute comme les fées sans grés Sem Herz, house, housse, ursos Un récit de gens autrui marchait X, bien tu, viens x, x viens. Trois bières, un train, fin robe.

Ici quero dinner Augen.

38 Récit gêmeaux - A.D. et S.P.
39

comparaison : des tragédies sont des archétypes de cette forme

bien loin d’être le levier élargi par contre les originaux se révèlent par les vents

les portes dans le silence

la ligne a cessé

[elle reste dans ses créations, qui ne vise plus rien]

dans sa propre langue

la délivrer par la recréation de façon f u g i t i v e ...

40 Le cerf-volant - Aele Dee
le cerf-VolAnt

selVAgem

Apprenti aveugle baffouille tatonant des mots, des sons, des gestes, des chants la culture babel est encore soumise à la colonisation censure originale

Prisonnier de la performance, le rythme règle le vertige du discours.

L’étymologie fouille, fête, flâne, glane, hôte, kidnappe la poésie, libère le partage.

Reproduction du préjugé non-dit.

Silence.

Il parle

Selvagem.

41 Selvagem - Samantha Pluie
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Vous
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n°4 mars 2024 ©Oitoou80

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