

EDITO
La traduction est un processus de rencontre et de découverte ; une marche permanente vers l’autre et vers soi-même. À travers la traduction, nous nous interrogeons sur notre propre compréhension du monde, nosvaleurs, notre vision de ce qu’est la vie. Traduire, c’est interpréter éternellement à partir de notre bagage interne.
En tant qu’écrivaines francophones - l’une brésilienne et l’autre belge, toutes deux résidant en France métropolitaine - la traduction ne concerne pas seulement nos œuvres littéraires, mais aussi notre communication et nos relations interpersonnelles. Ainsi, le thème de la traduction est devenu pour nous une question organique, naturelle et
fondamentale au sein de Oitoou80 . La revue est née du désir decréer un espace de francophonie ample et multiple, permettant à la langue française d’exister dans ses nuances plus diversifiées et polyphoniques.
Ainsi, nous avons construit des ateliers et propositions visant à aborder les nombreuses problématiques de la traduction ; non seulement en lissant les perceptions, mais surtout en les proliférants afin d’offrir, à vous, lecteur.ices, un prisme tridimensionnel de cet acte qui est souvent relégué aux chaires académiques, mais qui est pourtant si vaste dans notre quotidien. La vérité est que nous sommes constamment en train de nous traduire dans le monde, en nous traduisant sans cesse à travers des mots,
des textes, des images, des expériences, des musiques, des vêtements, des mouvements, etc. Et dans cette tentative de nous traduire, beaucoup se perd et encore plus est interprété avec des yeux et des expériences complètement différentes.
L’autre s’approprie tout le temps - à travers sa compréhension - de notre expression, nous traduisant de manière inattendue et plurielle. Comme l’écrit Walter Benjamin dans son texte Latâchedutraducteur , traduit par le chercheur et professeur de littérature comparée spécialisé en «ExiletMigrations », Alexis Nuselovici, la traduction doit être vue comme un nouveloriginal, car elle est, d’une certaine manière, toujours défaillante ; et pourtant riche
dans sa défaillance, ajoute des couches d’interprétation, apportant de nouvelles clarifications au texte original. Pendant le processus créatif, nous nous approprions des textes, des langues et des sons en cherchant non pas une traduction fidèle et précise, mais surtout à recréer l’expérience de l’étrangerdans ses significations les plus plurielles - qui se perd dans la compréhension pleine et totale d’une langue et d’une culture, qui joue avec les sons, qui bégaye, qui déforme les phonèmes. La vérité est que nous sommes tous des étrangers jouant à se comprendre, essayant de traduire l’expérience intraduisible d’être .
Samantha Pluiephotographies
© Elea Terodde
conception de la maquette
© Samantha Chuva et Elea Terodde
AntécinémAtique
présupposer l’existence
entre les deux
rien d’autre que la somme
autonome
si on ne les rapporte pas
sans rien signifier à l’époque de leur survivance
corporalité soupçonnée, non de la nature des transmissions
ce qui était dans la vie même de la plus grande vague
le plus strict à l’intérieur du massif
comme le prétendent les notes
les flots
non plus sous la forme point
Antécinématique
mille milliArds de Poèmes
Ils viennent nous prendre la main et tout d’un coup nous voilà dans un autre monde. Les voyageurs attendent des trains comme tu les attends sauf que tu les écris. Cet été fut une expérience sans précédent dans l’existence de Mick.
Une femme, deux filles, deux chattes et vingt poules.
Nous étions déjà au dernier cercle, et nous avions tourné à droite, attentifs à une autre pensée.
C’est vers deux heures du matin que j’entends s’avancer le grand bateau des âmes. Et je ne peux rien faire pour te sauver de ce que tu désires.
Je suis resté au début, c’était pour pas long.
J’avais pensé que c’était la fin, que je ne te reverrais jamais, et voici que j’étais dans ta maison en Virginie avec toi dans mes bras.
C’était une belle soirée, moi aussi je l’ajouterai à mon collier.
La nuit calme était parcourue seulement par le vol soyeux de petites ombres sans formes aux ailes silencieuses qui se déplaçaient tout autour sans la moindre direction, fût-elle momentanée : des chauves-souris.
temPs de tr
Marcher sozinha, et o animal que sou eu sou un loup
Quando j’entre dans une floresta au crépuscule, flot flotter là dans lala là, l’endroit, là, l’envers
Estar em vida, quando j’en ressors como se o temps tivesse virado outro, trop peu dire, ou trop virer, vitesse, dégager, enrager, vivre vite la course routine des survivances, ouvre le temps de traverser.
Todos os sons me surprennent Dos, docile ocille île des villes entre les bruines m’horpilient, d’or d’ordinaire, todos or d’horizon
Todos esses sons de presença animale
sens animal, animo animosité, sans mes sens, existence à pas de loups.
Ninguém dans les rues, Nicher dans les rues, Ni perçue, ni velue, rue pas droite et pas plus ronde qu’un crépuscule au nid vide.
Mes pupilles grandes et negras, me fazem entrar paravent blaffard de la rapace, brouillard d’un départ, une nuit
le plus de lumière avant la nuit
la noite
la noite


télePhone sAns fil
La forêt nous a toujours fait face. C’est pourquoi ces merveilleux jardins privés, situés juste en face de la bibliothèque de Kentosani, offraient un lieu de rendez-vous parfait pour un maître espion désirant acheter clandestinement des informations à un copiste d’archives.
Par la fenêtre ouverte il regarde, en oblique par rapport à la direction du regard de l’homme, un mur et une fenêtre fermée. Il s’était échappé du ciel Mitsamt meinen Steinen (Avec toutes mes pierres). Malgré le sentiment de compassion qu’il avait ressenti à la fin de leur rencontre dans le jardin du Luxembourg, Ramon ne pouvait rien changer au fait que d’Ardelo appartenait à la sorte de gens qu’il n’aimait pas.
Les arbres de cette nature se penchent dans sa direction, que ça soit par un effet de lumière montante ou à cause du vent. Il avait brusquement changé et les chaleurs tardives avaient tout d’un coup fait place aux fraicheurs. Tuer des arbres en aussi grand nombre, sans leur demander la permission, certainement que ses efforts allaient réveiller la mauvaise fortune.
Gamin sale et inconnu qui joue devant chez moi, je ne te demande pas si tu m’apportes un message des symboles. Je suis sûr que vous voyez à quoi ça ressemble le visage d’un individu dans la fraction de seconde avant qu’il se mette à hurler «je vous comprends», c’est tout de même un sacré morceau à avaler. C’était comme si la Terre entière avait été plongée dans un pot de miel géant. En silence, il va jusqu’au fleuve et tire une flèche vers le fond.
sobremesA
Sur la table reposent des tas des gâteaux. Des pâtisseries les plus fines, cookies, macarons, quindin, brigadeiro, makrouts et fruits. Des fruits ronds et violets, peaux lisses et cœurs fondants. Des fruits grands et petits, ornés de fromage blanc coupés en petits carrés. Sobre la table les restes, moitiés mangés, moitiés déglutis, mi-sobres, misoul, s’agglutinent. Les cueilleurs se collent, les fourchettes se reposent sur les couteaux qui hésitent à couper encore un morceau de ceci ou cela. Cecília soupire satisfaite ; le sourire encore tamponné sur la bouche, pendant que Celia range. Sur la table, sobre a mesa, reposent restes, sobras, dobras, doubles, troubles d’amitié mi-sobre, mitrova, mais délicieuse. Juteux dessert qui repose sur les lèvres de sobremesa.
sobremesa: (espagnol) [soβɾeˈmesa] nm ~ moment précieux dans une famille ou un groupe d’amis : c’est celui qui suit un repas, lorsque l’on prolonge la discussion.
sobremesa: (portugais) [sobrəˈmezɐ] nm ~ dessert.
Sobremesa - Samantha Pluie
Abbiocco
Le poulpe était frais puis frit, déchiqueté sous la dent, le jus s’est glissé dans les mâchoires, abreuvant la sensation. La satiété est arrivée dans le milieu de l’après-midi. Le soleil est haut, la mer s’est retirée loin et plus personne ne marche sur le sable brûlant à cette heure. Après le repas, un ristretto au comptoir, les paupières battent plus lentement, la fatigue dégouline comme la lumière brûlante. Le corps alourdi avachi dans la chaise en plastique. Attendre que soit passé 16 heures, que l’Abiocco s’évapore et enfiler son maillot de bain. Marcher longtemps sur le sable humide, jusqu’à ce que l’océan lèche les orteils de sa caresse piquante.
abbiocco: (italien) [abbjokˈko] nm ~ l’état de somnolence après un repas, le fait de piquer du nez après avoir trop mangé.

Ouvrir un espace circonscrire un temps sens, expériences, liberté jonction d’écoute transformation Poésie
LE JOUR RACCOURCI
QUE L’ÉCRITURE
Chaque semaine au cours de l’automne, nous vous avons lus et nous avons découvert des regards, des voix. Dans vos poèmes, la multiplicité d’expériences et de sens s’est dépliée. Nous avons vécu, écouté et constitué collectivement ce lieu de jonction où d’autres perspectives se sont tracées patiemment.
Pour explorer un temps d’écriture collective, nous l’avons circonscrit à la période de l’automne, durant laquelle nous vous avons proposé des mots - ou thèmes – inspirés des poèmes de Laura Kasischke et de Christian Bobin. De la lecture à la possibilité d’écrire ensemble, puis de l’écriture à la pluralité des lectures. Un mot à partir duquel se déplie des langues et des silences.
Les poèmes que nous avons choisis pour prendre part à notre laboratoire littéraire, nous permettent de constituer une vue d’ensemble

RACCOURCI ALORS L’ÉCRITURE S’ALLONGE
de ce moment de partage. Ces poèmes prennent part à la transformation de la revue vers un espace d’ouverture, dans le prolongement de son désir initial de prendre en compte l’altérité. L’accueil de l’Autre, aux dépens d’une logorrhée ambiante qui se crispe, nous a permis de comprendre un peu mieux la nécessité de la poésie. Traverser la frontière invisible pour se retrouver dans les mots de l’autre, comprendre un peu de soi grâce à ses images et aux détails infimes qu’il a su porter dans sa langue. C’est dans ce simple voyage que nous vous invitons à parcourir ces poèmes.
SanS TiTre
Sandy Bory & Paul BocognaniAu vent je donnerai ce que j’ai volé au ciel il dispersera les lys espérés sur tes secrets en reliefs et fera de moi une montagne à gravir à chaque aurore la même question que sais-tu du blanc ?
je sais les chemins qu’il couvre pudiquement les coutures mal tenues qui s’écartent d’un seul souffle sur ta vénusté je sais les courbes naïves de tes délices de glace et le noeud qui se délasse en ton ventre
Boire le venT
Solfia Manzano
boire le vent
se laisser traverser, de ce vent-là, le Souffle simple puissant une vie humble vivre
face à l’IMMENSITÉ
SanS le
Sans le dire
Je prendrai un jour le chemin
Celui dont jamais on ne revient
Je cueillerai des fleurs solitaires
Attachées à aucune terre
J’irai jusqu’en haut de la tour
Ce phare qui brille toujours
Là où tu m’as dit que je finirai
Entourée de chats noirs stylisés
Et de feuilles encore à écrire
Sans le dire
Sans le dire
Solitude en mer Jamais amère
Regard braqué sur l’horizon
À voir défiler les saisons
Étoiles éphémères
Au ciel de mes inspirations
La nuit noire écrin offert
Perles de jais à jaillir
Sans le dire
Sans le dire
J’expulserai de moi
Tout ce que je n’arrive pas
À dire
Je vais l’écrire décrire réécrire
Sans le dire
Sans le dire
J’expulserai de moi
Tout ce que je n’arrive pas
À dire
Je vais l’écrire décrire réécrire
Sans le dire
Et puis je reviendrai
Sans le dire
Car vous m’aurez trop manqué mes affres spleen
mes gouffres qui dégoulinent
Je surmonterai
Sans le dire
Ma tempête calmée couvant encore
Toujours je choisirai
Le soleil et l’or
Là où vous vous tenez
Sans le dire
Je reviendrai
Sans que vous vous aperceviez
Que j’étais partie
Si loin si seule sans bruit
Je reviendrai
Sans le dire
leS coeurS en cage
Barbara FriedenLe nœud en coulant a sauté aux visages à trop fermer l’œil rien ne semble ordinaire
Sous les rires et les capes se mangent les cœurs en cage qui configurent l’espace et déterrent la lumière
un SySTème SanS faille
Rue d’Aubagne
Une faille dans le système
L’agrandir pour s’évader loin
Le mortier s’effrite sans bruit Jouer au passe muraille
Traverser les pierres tombales
Qui jamais ne retiendront les âmes Foncer dans le mur tête baissée, encore et encore
Jusqu’à ce qu’il se fissure Dégager la ligne d’horizon de toutes ces prisons
Que le ciel ne tombe plus sur nos têtes !
TouT un monDe
Elea Terodde
Ils ont perdus leurs empreintes digitales dans les bulles dans le savon, rognées en poudre les mains, discrètes s’attendent à te comprendre, à te saisir chère eau dans le bain, elles attendent, les mains indécises
Dans l’escalier, elle pose sa main dans l’empreinte qu’il a déposé ils sont tenus à ta poursuite chère eau
si tu ne dévales plus les rivières et que toute la glaise constitue notre surface si tu ne te jettes pas dans la mer que restera-t-il de ces amours indociles
Le savon recouvre le dos et la paume sèche l’eau descend les marches et ils chassent cette image de leurs yeux sans pouvoir cligner ni mouiller un cil
une faille DanS le mur De mon encéphale
Noxa Ravenwood
Gratte, gratte, gratte, Jusqu’à effriter le mur. Gratte pour respirer à nouveau.
Emmurée dans mon propre encéphale, Je gratte, gratte, gratte, Je gratte en compagnie de mes démons.
Creuse, Creuse, Creuse, Sors toi là bon sang !
Edmond Dantes dans le crâne, je creuse.
Creuse Creuse jusqu’au sang.
Une faille se crée, Une toute petite faille.
Tape tape tape !
Emmurée dans mon propre encéphale
Je tape.
Sors de là bon sang !
Monte Cristo ne t’aidera pas. Ai-je sa volonté ?
Démons, tapez avec moi….
Tapons, tapons, tapons !
Créons cette faille dans le mur, Dans le mur de mon encéphale.
Pour respirer à nouveau.
courage
Samantha Chuva
Entre deux blocs de ciment, un éclat.
Un trait fin comme un crayon dessine son chemin, créant de l’espace.
Entre deux blocs de ciment, soupir s’ouvre, pierre respire, poussière délie, se détachant de la rigidité pour flotter libre leste souple Particule de liberté qui se permet abandonner histoire et ancestralité, devenir petite cellule unité de soi complète et totalement délibérée
Pour rejoindre les siens et devenir Poudre.
SanS TiTre
Amanda Spierings
J’ai raccourci les rameaux de mes phrases taillé jusqu’à la sève du langage bouturé des mots racines dans le terreau du silence
J’ai fouillé dans les creux et l’absence arrosé
l’espace de pluie sonore de gouttes de salive de patience
J’ai coupé le souffle coupé le vent coupé la parole
Tout défriché pour récolter au sein du poème la note brève et puissante du printemps
faille
Isabela Otechar
nous ne pouvons pas être à deux endroits en même temps mais nous pouvons éprouver mille sensations à la fois nous pouvons tomber amoureux d’une ville comme nous construisons un poème dire que c’est cette ligne d’horizon et créer une sculpture en la regardant en décembre 2023 mais nous ne pouvons pas effacer une faille dans le mur nous pouvons juste écrire à côté tout juste ou au-dessus ici j’ai été heureuse nous pouvons effacer et réécrire encore J’ai traversé et changer la géographie échanger des cartes ne plus tenir de bouts de papier mais laisser les empreintes de nos doigts quelque part et dire oui.

SanS le Dire
Ce que le corps Vibre A l’instant
Ce que la bouche Tremble
Au frôlement
Ce que la peau Espère
D’un regard
Ce que la main Touche
D’espérance
Ce que le souffle Respire
D’envie
Ce que le désir Entreprend Au silence
Laurence Boudineau et Aurelie PlazaSanS chanT
Sabine Peronije n’ai jamais dit ce qui devait ce qui aurait dû être dit ce qui jamais n’aurait menti je n’ai jamais dit ce qu’il aurait fallu dire ce qu’il aurait attendu ce qui n’était pas en mots en moi sans les formes-langage posées par les sons dans tes oreilles à toi je n’ai jamais rien dit d’autre que ce silence-là moi j’ai tout gardé moi j’ai tu
ma pauvreté



Abécédaire
Accent Dans une ville aux lumières nouvelles, Babel Une luminosité l’aveugle. Cadre Il s’engage dans les ruelles, se perd jusque sous le miroir. Danser Soudain, il reconnaît les sons, le sens de l’autre, sa beauté, sa nécessité. Étymologie Il entre dans les lignes et défriche les premiers mouvements, Fouiller il s’enfonce et taille à coup de machette pour y voir clair. Girouette La ville est méconnaissable, encore une inconnue. Il se persuade, croit à ce qui ressemble encore à une fiction. Optique Les phrases s’alignent, dictent ses pas, avançant vers le reflet de sa solitude. Pays Mais, au cœur du désert de bitume, il franchit les frontières de langue. Traduction Quand la nuit tombe, les mots sont semblables sur la page, différents mais infiniment proches.
m o t m o t m
m o t s m o s s m o m m
m o t s m o t s m o t m m m
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m o o o o t s s m m m m
m t m o s t m o t m m
m o m s mo ot t s
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m m m m m m mt o mo m o m t o m ot s o
mot m o t s o o m o t
mots m o t o o s m o t s s
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– La Grande Vague de Kanagawa
Po -et-sie.fr
— Mauvaises traductions. Mauvais traducteur insaisissable, mystérieux, « poétique », faisant luimême écrivain, transmission inexacte d’un contenu inessentiel… Servir le lecteur. Ce n’est pas à cause de lui qu’existe suffisamment PO-ET-SIE.FR
— Instant inoubliable, souvenir de Dieu… Créations de langue doit être essentielle. Si bonne soit-elle, jamais rien signifier.
-— Est clair.
— Faut comprendre les idées de vie qui règnent sous sceptre débile de l’âme.
— De là naît la tâche plus vaste, grandes œuvres d’art… l’artiste
— PO-ET-SIE.existence. Vie et finalité. Manifestations de vie finalisées. Traduction finalisée.
PO-ET-SIE.
rapport intime entre langues impossible de révéler, impossible de produire réalise en germe germe de sa restitution, rapport envisagé, très intime entre Langues.
— Les langues ne sont pas mutuellement étrangères. En vérité, doit procéder un exa-pensée.
— Post maturation : tendance de sa langue vaine de disparaître. PO-ET-SIE.FR. VOIR CONDITIONS GÉNÉRALES D’UTILISATION — Faible pensée. Coup de plume défunte.
TRADUCTION.
c’est le destin de disparaître, deux langues mortes, que parmi toutes les formes de parole étrangère, vague ressemblance entre copie et original. repose bien.
Je dédie cette traduction au fruit et sa peau, manteau royal aux larges plis. Inadéquate, forcée, étrangère. Préjugé tradition. La langue vraie.
PO-ET-SIE.FR
formule que les mots transportent se laisser violemment ébranler par la langue étrangère monstrueux danger originaire : le silence.
Les touches du piano glissent entre un doigt et l’autre, faisant valser la musique en gouttes de pluie. Elles mouillent les personnes pressées dans la rue, qui se défendent derrière d’épais parapluies noirs. Les pas résonnent rapidement et les roues des voitures éclaboussent boue dans les ourlets des pantalons. Au milieu des nuages gris qui traversent le trottoir frappant les talons contre le sol, quelqu’un lève la tête. Les yeux vers le ciel, cascade de boucles de châtaignes vers le sol. Le manteau rose trempé goutte des larmes prismatiques. Désarmée. Poignards d’eau l’atteignent en plein cœur. Chaque touche, un coup qui hérisse ses poils. La valse envahit d’un souffle ses poumons. Pluie tombe, pluie sort, embuant le blanc laiteux des yeux. Soupir. Un ciel s’ouvre. À la fin de l’arc-en-ciel, il y a duende.
duende: (espagnol) [ˈdwenˌde] nm ~ Tener duende - Il s’agit de l’émotion intense que peut procurer une œuvre d’art; s’émouvoir.
Toute la chaleur est contenue dans la tente. Plantée sous les arbres, elle n’a pas échappé aux éclats à 42°. La nuit revenue, les corps des jeunes amoureux peinent à se refroidir. Aucun nuage ce soir-là, le calme donne de la profondeur à la fraîcheur retrouvée, le bruit de l’océan de l’écho au Yakamoz. Les jeunes amoureux se laissent appeler par la tonalité de la nuit. Emprunte le sentier de dunes, avançant à la rencontre du Yakamoz offert sans entrave. Au-dessus de la mer, le Yakamoz se prélasse, onirique et organique. Les heures passent, les jeunes amoureux grelottent dans l’humidité du sable, sans pouvoir détacher leurs yeux du Yakamoz, s’abreuvant de sa beauté intraduisible.
yakamoz: (turc) [iakamœz] nm ~ Ce mot désigne le reflet de la lune à la surface de l’eau.
gêmeAux récit gêmeAux
récit
Im Quell deiner Augen avait vers la mer une haute fée sans pré hält das Meer sein Versprechen Fadas em xícaras que reinavam reis. ein Herz, das geweilt unter Menschen un récit gémeaux fait autre manche
Ich bin du, wenn ich ich bin Ixi, bem, tu vem, ixi ixi bem. treib ich ein träum von Raub trago eu um sonho de Raub.
Im Quell deiner Augen
Avait vers la mer Haute comme les fées sans grés Sem Herz, house, housse, ursos Un récit de gens autrui marchait X, bien tu, viens x, x viens. Trois bières, un train, fin robe.
Ici quero dinner Augen.

comparaison : des tragédies sont des archétypes de cette forme
bien loin d’être le levier élargi par contre les originaux se révèlent par les vents
les portes dans le silence
la ligne a cessé
[elle reste dans ses créations, qui ne vise plus rien]
dans sa propre langue
la délivrer par la recréation de façon f u g i t i v e ...
selVAgem
Apprenti aveugle baffouille tatonant des mots, des sons, des gestes, des chants la culture babel est encore soumise à la colonisation censure originale
Prisonnier de la performance, le rythme règle le vertige du discours.
L’étymologie fouille, fête, flâne, glane, hôte, kidnappe la poésie, libère le partage.
Reproduction du préjugé non-dit.
Silence.
Il parle
Selvagem.

