Perspectives Economique de l'OCDE - Note Pays: Türkiye, Novembre 2022

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Türkiye

La croissance du PIB refluera de 5.3 % en 2022 à 3 % environ au cours de la période considérée. L’inflation diminuera, mais restera supérieure à 40 %. Cela entamera le pouvoir d’achat des ménages, tandis que l’incertitude accrue freinera l’investissement. La croissance des exportations ralentira parallèlement au fléchissement de la demande extérieure. Le taux de chômage devrait se maintenir au-dessus de 10 % en 2023. L’ampleur des besoins de financement extérieur et la faiblesse des réserves de change rendent l’économie très vulnérable aux chocs.

La banque centrale devrait relever son taux directeur et fournir des indications prospectives crédibles esquissant une trajectoire de convergence réaliste vers l’objectif officiel d’inflation, afin d’étayer la confiance et de réancrer les anticipations d’inflation. Les mesures visant à protéger les ménages de la hausse des prix de l’énergie sont bienvenues, mais elles devraient être temporaires et ciblées pour que leur coût budgétaire reste gérable. La réduction du coût du travail et la promotion de contrats de travail plus flexibles stimuleraient la création d’emplois dans le secteur formel.

1. L’indice des prix à la production se rapporte aux activités industrielles intérieures.

2. Les dernières données se rapportent au 14 novembre 2022.

Source : Base de données des Principaux indicateurs économiques de l’OCDE ; Banque des règlements internationaux (BRI) ; et Banque centrale de la République de Turquie (TCMB, Türkiye Cumhuriyet Merkez Bankasi).

StatLink2 https://stat.link/316j4q

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Türkiye

PIB aux prix du marché

2019

Prix courants milliards de TRY

Pourcentage de variation, en volume (prix de 2009)

4 311.7 1.8 11.4 5.3 3.0 3.4

Consommation privée 2 456.3 3.0 15.7 15.2 4.1 3.4

Consommation publique 665.5 2.2 2.7 0.2 3.0 2.3

Formation brute de capital fixe 1 117.1 7.3 7.4 2.8 2.8 3.8

Demande intérieure finale 4 238.8 4.0 11.3 9.5 3.6 3.4

Variation des stocks¹ - 29.1 4.0 -6.2 -6.4 -0.3 0.0

Demande intérieure totale 4 209.7 8.6 4.1 2.2 3.1 3.3

Exportations de biens et services 1 402.5 -14.6 24.9 12.2 4.4 4.2

Importations de biens et services 1 300.5 7.1 2.4 4.2 4.8 3.6

Exportations nettes¹ 102.0 -6.9 6.4 2.8 -0.3 0.1

Pour mémoire

Déflateur du PIB _ 15.0 29.0 91.7 51.1 46.1

PIB potentiel, volume _ 3.8 4.0 3.8 3.7 3.6 Indice des prix à la consommation² 12.3 19.6 73.2 44.6 42.1

IPC sous-jacent³ _ 11.2 18.3 58.6 45.6 42.1

Taux de chômage (% de la population active) _ 13.1 12.0 10.7 10.3 10.0

Balance des opérations courantes (% du PIB) _ -5.0 -1.7 -5.6 -3.8 -2.5

1 Contributions aux variations du PIB en volume, montant effectif pour la première colonne

2 Calculé à partir des moyennes annuelles

3 Indice des prix à la consommation hors produits alimentaires et énergie

Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 112

StatLink2 https://stat.link/26ofsq

La croissance a été soutenue, mais les vulnérabilités s’accentuent.

Le PIB réel a augmenté de 7.5 % au premier semestre de 2022 (en glissement annuel), enregistrant une des croissances les plus rapides de l’OCDE. Le dynamisme de la consommation privée a été porté par l’évolution favorable du marché du travail, le taux d’activité ayant retrouvé son niveau d’avant la pandémie. Les exportateurs ont pu exploiter les possibilités offertes par les perturbations des chaînes d’approvisionnement asiatiques, et le tourisme s’est pleinement redressé en 2022. L’investissement a néanmoins été atone et les déséquilibres macroéconomiques se sont accentués. Le déficit des paiements courants s’est creusé en raison de l’augmentation des importations d’énergie, et la hausse des prix à la consommation a atteint 85.5 % et celle des prix à la production 158 % en octobre 2022 Le salaire minimum a été revalorisé de 30 % en juillet, six mois après une augmentation de 50 %. La dépréciation de la livre turque a accentué les tensions sur les prix à l’importation. Des indicateurs mensuels nationaux comme la production d’électricité laissent entrevoir un ralentissement de l’activité économique.

Le gouvernement a pris des mesures visant à protéger les groupes vulnérables de l’augmentation des prix de l’énergie et des produits alimentaires. En effet, les ménages du décile inférieur de la distribution des revenus consacrent près de 70 % de leur budget à l’alimentation et au logement. Le nombre de ménages recevant des aides énergétiques a doublé pour atteindre 4 millions, et les tarifs de l’électricité ont été réduits pour les ménages qui consomment peu. Des aides non ciblées liées aux prix, comme des réductions de taxes sur l’énergie et la suppression de certaines redevances d’électricité, ont également été mises en place et seront maintenues pendant toute la période considérée. La Turquie importe 99 % de son gaz et 93 % de son pétrole, ce qui expose son économie aux perturbations des approvisionnements énergétiques et à la volatilité des prix.

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Les conditions financières et la politique budgétaire restent accommodantes

Malgré la forte inflation, la banque centrale a réduit son taux de base de 8.5 points de pourcentage depuis septembre 2021, si bien qu’il s’établit aujourd’hui à 10.5 %, sachant que la Türkiye est le seul pays de l’OCDE à avoir procédé à des baisses de taux d’intérêt directeur pendant cette période. Ce taux devrait rester à son niveau actuel au cours de la période considérée. Dans le même temps, les autorités ont durci les exigences macroprudentielles et en matière de garanties. Depuis avril, le coefficient de réserves obligatoires est passé de 10 % à 30 %. Les taux débiteurs ont donc augmenté, même s’ils varient considérablement, étant donné que les exigences en matière de garanties diffèrent selon le type de crédit. Ainsi, les taux des prêts aux entreprises s’établissent aux alentours de 18 %, et même à un niveau inférieur pour les entreprises exportatrices, tandis que les taux des prêts à la consommation sont supérieurs à 30 %. Malgré ces mesures, les taux débiteurs restent négatifs en termes réels pour tous les types de crédit. La politique budgétaire restera accommodante au cours de la période considérée, compte tenu des mesures de soutien aux consommateurs d’énergie et des ambitieux projets de logements sociaux subventionnés par l’État.

La croissance économique se modérera

La croissance économique devrait refluer aux alentours de 3 % par an en moyenne en 2023-24. La faiblesse de la demande extérieure et les incertitudes géopolitiques persistantes pèseront sur les investissements et limiteront la croissance des exportations. Par ailleurs, la consommation des ménages ralentira considérablement, car la persistance d’une inflation élevée entamera leur pouvoir d’achat. L’inflation devrait enregistrer une baisse, due en partie à des effets de base, tout en restant supérieure à 40 % au cours de la période considérée, compte tenu d’une répercussion progressive de la récente dépréciation de la livre turque ainsi que des hausses de salaire sur les prix à la consommation.

Les risques sont élevés et orientés de manière prédominante à la baisse. Les effets négatifs de la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine sur les prix et l’activité économique pourraient s’aggraver. Un arrêt complet des exportations d’énergie de la Russie vers l’Europe pourrait être lourd de conséquences sur les principaux partenaires commerciaux de la Türkiye et, partant, peser sur ses exportations. Les prix des matières premières pourraient être plus élevés que prévu, ce qui accentuerait les tensions inflationnistes, la Türkiye étant fortement dépendante des importations de pétrole et de gaz. De nouvelles hausses sensibles du salaire minimum pourraient également se traduire par des tensions supplémentaires sur les salaires et les prix. Un choc de confiance à caractère négatif dû à une aggravation des déséquilibres macroéconomiques pourrait déclencher un processus d’ajustement désordonné conduisant à une dépréciation plus marquée de la livre turque et à une spirale inflationniste.

Le renforcement du cadre de politique macroéconomique et l’adoption de réformes structurelles amélioreraient la résilience de l’économie

La banque centrale devrait relever son taux directeur et fournir des indications prospectives soulignant son intention d’atteindre l’objectif officiel d’inflation de 5 %, afin d’étayer la confiance et de réancrer les anticipations d’inflation. Le gouvernement devrait continuer de protéger les ménages contre la hausse du coût de la vie, mais il devrait veiller à ce que ce soutien soit temporaire et ciblé sur les plus vulnérables, afin d’en limiter le coût budgétaire, et à ce qu’il soit conçu de manière à préserver les signaux de prix. Pour créer des emplois plus nombreux et de meilleure qualité et améliorer la productivité, il faudrait assouplir la réglementation rigide du travail et renforcer le rôle des politiques actives du marché du travail. Compte tenu de sa forte dépendance à l’égard des importations de pétrole et de gaz, la Türkiye devrait continuer de réaliser des gains d’efficacité énergétique et de diversifier ses sources d’approvisionnement.

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