Nouvelle-Zélande note pays- Perspectives economiques de l'OCDE, juin 2023

Page 1

Nouvelle-Zélande

La croissance du PIB réel devrait fléchir pour atteindre 1 % en 2023 puis 1.2 % en 2024. La consommation privée devrait s’affaiblir en raison du ralentissement de la croissance de l’emploi et de la hausse du coût du service de la dette hypothécaire. La hausse des taux d’intérêt et la baisse des prix des logements pèseront sur l’investissement. Le chômage devrait augmenter tout au long de la période considérée, sous l’effet d’une moindre croissance de l’activité. Le ralentissement de la demande, l’accroissement des capacités inutilisées et la stabilisation des prix de l’énergie devraient réduire progressivement l’inflation en 2023-24.

L’inflation reste nettement supérieure à la fourchette retenue comme objectif par la banque centrale et, compte tenu du niveau encore élevé des anticipations d’inflation à moyen terme et de la croissance rapide des salaires, elle impose de conserver une politique monétaire restrictive. La dette publique a sensiblement augmenté ces dernières années et les finances publiques devraient continuer d’être assainies afin que les administrations publiques soient en bonne voie pour atteindre l’objectif d’excédent budgétaire en 2026. Cela contribuera aussi à réduire les tensions inflationnistes. Des réformes qui renforcent l’offre de compétences en technologies de l’information et de la communication (TIC) sont indispensables pour stimuler durablement la productivité et la croissance.

Nouvelle-Zélande

1. Taux moyens des nouveaux crédits hypothécaires standards annoncés par les banques agréées en Nouvelle-Zélande.

Source : Banque de réserve de Nouvelle-Zélande (Reserve Bank of New Zealand) ; et Office statistique de Nouvelle-Zélande (Statistics New Zealand).

StatLink2 https://stat.link/ivuxw6

 233 PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES DE L'OCDE, VOLUME 2023 NUMÉRO 1 © OCDE 2023

Nouvelle-Zélande : Demande, production et prix

Pourcentage de variation, en volume (prix de 2009/2010)

StatLink2 https://stat.link/l7k2a9

L’économie commence à ralentir sur fond de resserrement des politiques

1 Contributions aux variations du PIB en volume, montant effectif pour la première colonne

2 Indice des prix à la consommation hors produits alimentaires et énergie

Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 113

L’activité économique commence à ralentir dans un contexte de forte inflation et de hausse des taux d’intérêt. Grâce au niveau élevé de l’emploi, la consommation privée a bien résisté, mais l’investissement, notamment dans la construction de logements, a fléchi. La confiance des entreprises reste atone. Les indicateurs avancés laissent entrevoir un relâchement des tensions sur le marché du travail, une demande insuffisante se substituant aux pénuries de main-d’œuvre comme le principal facteur qui limite la production. L’inflation demeure élevée et généralisée. Au premier trimestre de 2023, l’inflation globale mesurée par les prix à la consommation a fléchi en glissement annuel, mais s’est tout de même établie à 6.7 %. Dopée par la forte croissance des salaires et des prix des services, l’inflation sous-jacente a continué d’augmenter pour atteindre 6.8 %. Les anticipations d’inflation restent également élevées, mais elles ont commencé à s’inscrire en baisse, en particulier à un horizon de deux ans. Les phénomènes météorologiques extrêmes qui ont frappé l’île du Nord de la Nouvelle-Zélande au début de l’année ont causé des dégâts considérables aux communautés locales et aux infrastructures, notamment à des autoroutes importantes. Les pertes de production se sont concentrées dans le secteur primaire, ce qui se traduira probablement par des tensions sur les prix des produits alimentaires et par un recul des exportations agricoles et horticoles. Les arrivées de touristes internationaux se sont rapidement redressées et le taux d’immigration net est élevé, ce qui alimentera également l’inflation à court terme. Les prix élevés des matières premières et de l’énergie à l’échelle mondiale ont contribué à la forte inflation importée. Les répercussions directes de la volatilité financière aux États-Unis et en Europe ont été limitées, sachant que les banques nationales disposent d’un niveau de liquidité satisfaisant et qu’elles sont exposées à un risque de taux d’intérêt relativement faible.

234  PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES DE L'OCDE, VOLUME 2023 NUMÉRO 1 © OCDE 2023
2019 2020 2021 2022 2023 2024 Nouvelle-Zélande Prix courants milliards de NZD PIB aux prix du marché 319.8 -1.1 6.0 2.2 1.0 1.2 Consommation privée 183.2 -2.0 7.5 2.9 -1.0 0.3 Consommation publique 59.6 7.2 8.2 4.5 -1.2 0.8 Formation brute de capital fixe 75.7 -4.5 12.4 3.6 -2.3 0.1 Demande intérieure finale 318.6 -0.9 8.8 3.4 -1.4 0.3 Variation des stocks¹ 1.1 -0.8 1.3 0.0 0.2 0.0 Demande intérieure totale 319.7 -1.7 10.2 3.3 -1.2 0.3 Exportations de biens et services 87.7 -13.4 -2.6 -1.0 8.4 5.5 Importations de biens et services 87.6 -16.0 15.1 4.4 1.8 1.9 Exportations nettes¹ 0.1 0.7 -4.1 -1.3 1.5 0.8 Pour mémoire Déflateur du PIB _ 2.2 2.9 5.6 3.9 3.4 Indice des prix à la consommation _ 1.7 3.9 7.2 5.5 3.6 IPC sous-jacent² _ 2.2 3.7 6.0 5.7 3.6 Taux de chômage (% de la population active) _ 4.6 3.8 3.3 3.8 4.8 _ 8.9 9.1 2.1 1.9 2.7 Solde financier des administrations publiques (% du PIB) _ -8.0 -6.6 -4.4 -4.3 -4.3 Dette brute des administrations publiques (% du PIB) _ 42.6 45.2 50.8 54.6 58.3 Balance des opérations courantes (% du PIB) _ -1.3 -5.8 -8.6 -7.8 -6.6
Taux d'épargne
des ménages (% du revenu disponible)
nette

L’orientation des politiques macroéconomiques se durcit

La politique macroéconomique prend rapidement une orientation restrictive. La Banque de réserve de Nouvelle-Zélande (RBNZ) a relevé le taux officiel de l’argent au jour le jour (OCR, Official Cash Rate) de 25 points de base supplémentaires, le portant à 5.5 % en mai, déclarant que cela renforcerait la confiance dans le retour de l’inflation vers le milieu de la fourchette de 1-3 % retenue comme objectif. Ce relèvement porte la hausse cumulée du taux directeur depuis le début de 2022 à 4.75 points de pourcentage. Le taux OCR devrait rester stable jusqu’à la mi-2024, avant de commencer à baisser. Le resserrement de la politique budgétaire devrait se traduire par une réduction du solde budgétaire sous-jacent de 1.2 point de pourcentage du PIB en 2023 et en 2024, sachant que les autorités ont l’intention de faire en sorte que la croissance des nouvelles dépenses demeure modeste afin d’atteindre l’objectif de retour à un excédent budgétaire d’ici à 2026. On s’attend à une moindre diminution du solde budgétaire global, compte tenu du taux de croissance économique inférieur au niveau tendanciel et du coût budgétaire du redressement et de la reconstruction nécessaires après les phénomènes météorologiques ayant frappé l’île du Nord. Les baisses temporaires des droits d’accise sur l’essence, des redevances d’utilisation des infrastructures routières et des tarifs des transports publics instaurées en 2022 ont été prolongées jusqu’à la fin juin, pour un coût estimé de 718 millions NZD (0.2 % du PIB) sur la période mars-juin 2023.

La croissance économique devrait fléchir

La croissance du PIB réel devrait fortement marquer le pas cette année, principalement en raison du tassement de la demande intérieure. La hausse du coût du service de la dette, la diminution du patrimoine résidentiel et la détente du marché du travail freineront la consommation des ménages, même si les flux migratoires importants atténueront le ralentissement. L’investissement des entreprises et l’investissement en logements reculeront sous l’effet du durcissement des conditions financières, de la baisse des prix des logements et de l’affaiblissement de la demande. La reprise du tourisme international et le raffermissement de la croissance chinoise contribueront au rebond de la croissance des exportations. Le chômage devrait augmenter progressivement durant la période considérée, compte tenu de la modération de l’activité économique et de la croissance de la population active due à l’accroissement démographique. L’inflation ralentira mais se maintiendra résolument au-dessus de l’objectif en 2023, avant de poursuivre son recul en 2024, sachant que la demande globale marquera le pas et qu’un accroissement de l’offre de maind’œuvre atténuera les tensions salariales. Parmi les principaux risques figurent une modération salariale plus limitée que prévu et la survenue de phénomènes météorologiques plus extrêmes, deux facteurs qui accentueraient l’inflation et freineraient la croissance. Le ralentissement du marché du logement pourrait aussi être plus prononcé, plus durable et entraîner des défauts de remboursement d’emprunts hypothécaires plus nombreux que prévu. À l’inverse, des flux touristiques et migratoires plus importants que prévu dynamiseraient la croissance mais ralentiraient aussi la désinflation.

Une baisse de l’inflation est indispensable à une reprise durable

Après un durcissement rapide et marqué de la politique monétaire, il faut à présent voir si le relèvement sensible des taux d’intérêt suffit à atténuer les tensions exercées par la demande excédentaire et à faire reculer durablement l’inflation. Afin de réduire la probabilité d’un nouveau resserrement de la politique, il est important que le gouvernement s’en tienne, comme prévu, à une augmentation modérée des dépenses globales, ce qui contribuera à tempérer la demande. La tâche sera difficile compte tenu des pressions exercées par le surcroît de dépenses découlant de la nécessité de réparer les infrastructures et autres dégâts considérables causés par les conditions météorologiques. L’annulation de la baisse des droits d’accise sur l’essence et des redevances d’utilisation des infrastructures routières à partir de juillet

 235 PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES DE L'OCDE, VOLUME 2023 NUMÉRO 1 © OCDE 2023

permettra de dégager une certaine marge de manœuvre pour ces dépenses liées aux conditions météorologiques. L’indexation des principales prestations sociales sur la croissance moyenne des salaires contribuera à assurer aux ménages à revenu modeste une protection contre une nouvelle hausse des prix de l’énergie. Toute aide énergétique accordée à l’avenir devrait être très rigoureusement ciblée en fonction du revenu et de la vulnérabilité face au renchérissement de l’énergie, et inciter aux économies d’énergie. Le rétablissement de la stabilité macroéconomique devrait aller de pair avec un programme de réformes structurelles essentiellement axé sur l’amélioration des résultats économiques via la transformation numérique. Pour ce faire, il faut améliorer l’offre de compétences en technologies de l’information et des communications (TIC), et notamment inciter les femmes à mener des carrières dans le domaine du numérique en promouvant leur participation à l’apprentissage des mathématiques, et permettre aux petites entreprises de récolter plus facilement les fruits de la transformation numérique en réduisant les obstacles à la participation aux marchés publics dans le domaine informatique et en soutenant davantage les exportations de services numériques.

236 
PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES DE L'OCDE, VOLUME 2023 NUMÉRO 1 © OCDE 2023

Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.
Nouvelle-Zélande note pays- Perspectives economiques de l'OCDE, juin 2023 by OECD - Issuu