Pays-Bas
AprĂšs sâĂȘtre Ă©tablie Ă 4.3 % en 2022, la croissance Ă©conomique devrait refluer Ă 0.8 % en 2023, avant de rebondir Ă 1.1 % en 2024. Lâinflation devrait ralentir pour revenir Ă 3.9 % dâici Ă la fin de 2024, aprĂšs avoir atteint un pic de 15.4 % au dernier trimestre de 2022. La consommation privĂ©e devrait flĂ©chir Ă court terme, mais elle se renforcera progressivement, Ă©tayĂ©e par les mesures dâaide adoptĂ©es par les autoritĂ©s et les ajustements apportĂ©s au systĂšme de protection sociale. En dĂ©pit dâune lĂ©gĂšre hausse sur la pĂ©riode considĂ©rĂ©e, le taux de chĂŽmage restera bas, sâĂ©tablissant Ă 4.3 % en 2024 dans un contexte de tensions persistantes sur le marchĂ© du travail.
Lâorientation de la politique budgĂ©taire dĂ©finie dans le budget 2023 est expansionniste. Le plafonnement des prix de lâĂ©nergie instaurĂ© pour amortir lâimpact de leur hausse sur les mĂ©nages est nĂ©cessaire, mais il devrait ĂȘtre ciblĂ© davantage sur les mĂ©nages Ă faible revenu et mieux favoriser les Ă©conomies dâĂ©nergie. Le gouvernement devrait continuer Ă sâattaquer aux problĂšmes structurels qui se posent, en faisant de lâaccĂ©lĂ©ration de la transition Ă©cologique une prioritĂ© pour garantir la sĂ©curitĂ© Ă©nergĂ©tique du pays et rĂ©duire sa dĂ©pendance Ă lâĂ©gard des combustibles fossiles.
Pays-Bas
Pays-Bas
PIB aux prix du marché
Prix courants milliards de EUR
Pourcentage de variation, en volume (prix de 2015)
813.0 -3.9 4.9 4.3 0.8 1.1
Consommation privée 353.6 -6.4 3.6 5.8 0.4 1.0
Consommation publique 200.1 1.6 5.2 0.7 3.8 2.5
Formation brute de capital fixe 172.9 -2.6 3.2 2.6 0.0 1.0 Demande intérieure finale 726.6 -3.3 4.0 3.6 1.3 1.5
Variation des stocksÂč 6.8 -0.8 -0.1 0.0 0.1 0.0
Demande intérieure totale 733.4 -4.2 3.9 3.6 1.4 1.4
Exportations de biens et services 670.7 -4.3 5.3 4.5 1.8 2.0
Importations de biens et services 591.2 -4.8 4.0 3.7 2.5 2.4
Exportations nettesÂč 79.6 -0.1 1.4 1.1 -0.4 -0.2
Pour mémoire
DĂ©flateur du PIB 1.9 2.5 5.8 7.8 4.1 Indice des prix Ă la consommation harmonisĂ© _ 1.1 2.8 12.2 8.5 4.2 IPCH sous-jacentÂČ _ 1.9 1.8 4.9 8.7 4.4 Taux de chĂŽmage (% de la population active) _ 4.9 4.2 3.6 4.1 4.3 _ 18.8 17.6 11.6 10.7 9.9
Taux d'épargne nette des ménages³ (% du revenu disponible)
Solde financier des administrations publiques (% du PIB) _ -3.7 -2.6 -1.1 -3.4 -2.4
Dette brute des administrations publiques (% du PIB) _ 70.4 66.5 64.3 65.2 66.0 54.7 52.5 50.3 51.2 51.9
Dette brute des administrations publiques, définition Maastricht⎠(% du PIB)
Balance des opérations courantes (% du PIB) _ 5.1 7.2 6.4 6.4 6.5
1 Contributions aux variations du PIB en volume montant effectif pour la premiĂšre colonne
2 Indice des prix à la consommation harmonisé, hors produits alimentaires, énergie, alcool et tabac
3 Incluant l'épargne à l'assurance vie et aux régimes de retraite
4. Selon la définition de Maastricht, la dette des administrations publiques comprend uniquement les crédits, les titres de créance et les numéraires et dépÎts, la dette étant exprimée en valeur nominale et non à sa valeur de marché
Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 112
Les perspectives se sont assombries
StatLink2 https://stat.link/3wk806
Le PIB a reculĂ© de 0.2 % au troisiĂšme trimestre de 2022, et les indicateurs Ă haute frĂ©quence laissent entrevoir une poursuite de la dĂ©gradation des perspectives. Lâinflation a atteint 16.8 % en octobre, principalement en raison du renchĂ©rissement de lâĂ©nergie. Le taux de chĂŽmage est bas et sâest Ă©tabli Ă 3.8 % en septembre. Le nombre dâemplois vacants reste Ă©levĂ©, et le rapport entre les effectifs de chĂŽmeurs et le nombre de postes Ă pourvoir est infĂ©rieur Ă un, ce qui est rĂ©vĂ©lateur de la situation tendue du marchĂ© du travail. Lâaugmentation des taux de salaire prĂ©vus par les conventions collectives commence Ă sâaccĂ©lĂ©rer, et en octobre, ils Ă©taient supĂ©rieurs de 3.5 % au niveau auquel ils sâĂ©tablissaient un an auparavant. La confiance des entreprises a reculĂ© pour le troisiĂšme mois consĂ©cutif en octobre, et la confiance des consommateurs est tombĂ©e Ă un point bas historique sur fond dâaugmentation rapide du coĂ»t de la vie.
La dĂ©pendance directe des Pays-Bas vis-Ă -vis du gaz russe est limitĂ©e, puisque 3 Ă 4 % seulement de leur consommation Ă©nergĂ©tique ont Ă©tĂ© couverts par des importations en provenance de Russie ces derniĂšres annĂ©es. Des stocks de gaz dâun niveau supĂ©rieur Ă 90 % et une rĂ©duction de la consommation de gaz de 25 % au premier semestre de 2022 ont sensiblement attĂ©nuĂ© le risque de pĂ©nurie de cet hydrocarbure. Le pays est cependant importateur net de gaz, donc exposĂ© aux effets dâentraĂźnement de
PERSPECTIVES ĂCONOMIQUES
DE L'OCDE, VOLUME 2022, NUMĂRO 2 © OCDE 2022
la hausse des prix de lâĂ©nergie Ă lâĂ©chelle mondiale. Le gouvernement mettra en place un plafonnement des prix de lâĂ©nergie en 2023 pour protĂ©ger les mĂ©nages et les autres petits consommateurs dâĂ©nergie, ainsi quâun dispositif distinct dâallocation destinĂ©e aux petites et moyennes entreprises (PME) Ă forte intensitĂ© Ă©nergĂ©tique. Ce plafonnement signifie que lâĂtat prendra en charge la diffĂ©rence entre le plafond et le prix du marchĂ©, et pourrait donc avoir un impact budgĂ©taire consĂ©quent si les prix de lâĂ©nergie restent Ă©levĂ©s, comme on lâa supposĂ© dans ces projections, ou si les conditions mĂ©tĂ©orologiques se traduisent par une forte demande. Au dĂ©but de novembre, la guerre dâagression menĂ©e par la Russie contre lâUkraine avait entraĂźnĂ© lâarrivĂ©e de 82 000 rĂ©fugiĂ©s aux Pays-Bas. Environ 40 % des personnes arrivĂ©es prĂ©cĂ©demment occupaient un emploi Ă la fin du mois aoĂ»t.
Les mesures dâaide et lâaugmentation des dĂ©penses publiques vont creuser le dĂ©ficit budgĂ©taire
Le dĂ©ficit budgĂ©taire sâest Ă©tabli Ă 1.1 % du PIB en 2022 en raison de la diminution des dĂ©penses liĂ©es au COVID-19 et dâune croissance Ă©conomique soutenue, mais il devrait se hisser Ă 3.4 % du PIB en 2023, du fait de lâaccroissement des dĂ©penses dâaide Ă©nergĂ©tique et de lâaugmentation des prestations sociales. Le budget annoncĂ© en septembre comprend un train de mesures en faveur du pouvoir dâachat destinĂ© Ă protĂ©ger les mĂ©nages face Ă la hausse du coĂ»t de la vie. Ce train de mesures reprĂ©sente environ 11 milliards EUR en 2023 (1.1 % du PIB), dont approximativement 6 milliards EUR de mesures temporaires, comme lâallĂšgement des factures Ă©nergĂ©tiques des mĂ©nages Ă faible revenu et le maintien de la rĂ©duction de 21 % des droits dâaccises prĂ©levĂ©s sur les carburants. PrĂšs de 5 milliards EUR sont affectĂ©s Ă des mesures structurelles, comme la baisse des prĂ©lĂšvements sur le travail, la hausse des allocations pour enfant Ă charge et des aides au logement locatif, et lâaugmentation de 10 % des retraites et des prestations sociales qui doit suivre la revalorisation de 10 % du salaire minimum en janvier 2023. Le coĂ»t total du plafonnement des prix de lâĂ©nergie et de lâallocation destinĂ©e aux PME dĂ©pendra de lâĂ©volution de ces prix, mais il est estimĂ© Ă 25 milliards EUR environ (2.4 % du PIB). Dans la mesure oĂč il est prĂ©vu que les mesures temporaires dâaide Ă©nergĂ©tique soient progressivement dĂ©mantelĂ©es dâici Ă la fin 2023, le dĂ©ficit budgĂ©taire refluera Ă 2.4 % du PIB en 2024.
La croissance économique va ralentir
La croissance du PIB devrait ĂȘtre de 4.3 % en 2022, puis ralentir pour sâĂ©tablir Ă 0.8 % en 2023, avant de rebondir Ă 1.1 % en 2024. Lâinflation globale devrait atteindre 15.4 % au dernier trimestre de 2022, avant de se modĂ©rer en 2023 pour sâĂ©tablir Ă 8.5 % en moyenne annuelle, grĂące au plafonnement des prix de lâĂ©nergie, puis Ă 4.2 % en moyenne en 2024, tandis que les effets du resserrement de la politique monĂ©taire commenceront Ă se faire sentir, mĂȘme si la suppression du plafonnement des prix de lâĂ©nergie pourrait accentuer les tensions inflationnistes. Les salaires devraient augmenter dâenviron 5 % en 2023 comme en 2024, et cesser de diminuer en termes rĂ©els Ă la fin de 2023. Quant Ă la consommation privĂ©e, elle devrait rester atone, la forte inflation Ă©rodant le revenu disponible. Toutefois, les mesures dâaide rĂ©cemment adoptĂ©es par le gouvernement attĂ©nueront lâimpact des prix Ă©levĂ©s de lâĂ©nergie. AprĂšs une forte progression des exportations en 2022, la dĂ©gradation de la croissance chez les principaux partenaires commerciaux des Pays-Bas au sein de lâUnion europĂ©enne (UE) â notamment en Allemagne â pĂšsera sur les exportations nĂ©erlandaises en 2023, qui se redresseront dans une certaine mesure en 2024. Des risques Ă la baisse significatifs entourent les projections, car une nouvelle escalade de la guerre pourrait faire monter encore les prix de lâĂ©nergie et dĂ©grader les perspectives Ă©conomiques de ses principaux partenaires commerciaux, et si cela devait se conjuguer avec un hiver rigoureux et une diminution de lâoffre de gaz naturel liquĂ©fiĂ© (GNL), le gouvernement pourrait se voir contraint de prendre des mesures vigoureuses dâincitation Ă la rĂ©duction de la consommation de gaz. Le nombre de faillites, qui reste infĂ©rieur Ă son niveau dâavant la pandĂ©mie, pourrait sensiblement augmenter compte tenu des pressions grandissantes exercĂ©es sur les entreprises par la hausse des taux dâintĂ©rĂȘt, lâalourdissement du
coĂ»t du travail et lâaccentuation de lâincertitude. Un risque de divergence Ă la hausse par rapport Ă ces projections rĂ©side dans la possibilitĂ© que les mĂ©nages Ă revenu Ă©levĂ© dĂ©pensent une part plus importante quâon ne sây attend de leur excĂšs dâĂ©pargne.
Il est essentiel de suivre de prĂšs les effets des mesures dâaide et de garantir la sĂ©curitĂ© Ă©nergĂ©tique
Des aides budgĂ©taires judicieusement ciblĂ©es en faveur des mĂ©nages vulnĂ©rables pĂątissant de la hausse du coĂ»t de la vie seront nĂ©cessaires tant que les prix de lâĂ©nergie resteront Ă©levĂ©s et Ă©roderont sensiblement le revenu disponible des mĂ©nages. Le gouvernement devrait surveiller de prĂšs les effets du plafonnement des prix de lâĂ©nergie, et revoir ce dispositif le cas Ă©chĂ©ant, pour veiller Ă ce quâil soit ciblĂ© sur les mĂ©nages qui en ont besoin et Ă ce que les incitations Ă Ă©conomiser lâĂ©nergie soient prĂ©servĂ©es. LâaccĂ©lĂ©ration de la transition Ă©cologique, permettant de garantir la sĂ©curitĂ© Ă©nergĂ©tique et de rĂ©duire la dĂ©pendance Ă lâĂ©gard des combustibles fossiles, devrait ĂȘtre une prioritĂ©. Ă cet Ă©gard, la mise en Ćuvre de programmes de recyclage professionnel et de dĂ©veloppement des compĂ©tences permettant de remĂ©dier aux tensions sur le marchĂ© du travail, en particulier pour les emplois sur lesquels repose la transition Ă©cologique, pourrait apporter une pierre Ă lâĂ©difice. Dans un contexte de vieillissement de la population, renforcer la productivitĂ© en accĂ©lĂ©rant lâadoption des technologies numĂ©riques, en amĂ©liorant les compĂ©tences numĂ©riques et en allĂ©geant la rĂ©glementation contribuerait Ă amĂ©liorer la viabilitĂ© de la dette.
PERSPECTIVES ĂCONOMIQUES
DE L'OCDE, VOLUME 2022, NUMĂRO 2 © OCDE 2022