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Maroc

La croissance va se redresser pour atteindre 3.5 % en 2023 et 3.7 % en 2024, sur fond d’atténuation des tensions économiques mondiales et de rebond de la demande étrangère de biens et de services. Les pluies tombées pendant l’hiver ayant été plus abondantes que l’année précédente, l’agriculture peut contribuer plus fortement à l’activité économique. L’inflation a exercé des pressions sur le pouvoir d’achat des ménages et des entreprises, mais elle devrait refluer progressivement au cours des deux prochaines années. Des sécheresses graves pourraient assombrir les perspectives.

Un dosage équilibré de l’action publique sera nécessaire pour maintenir l’inflation à un bas niveau et pour soutenir l’économie. Un assainissement budgétaire progressif aidera à reconstituer les marges de sécurité qui ont été utilisées pour étayer l’activité économique, toutefois, des aides aux ménages vulnérables devraient être maintenues. La politique monétaire est devenue moins accommodante, mais la banque centrale devrait continuer de relever les taux si l’inflation reste élevée. Stimuler l’investissement privé, faire une plus grande place aux femmes sur le marché du travail et accélérer les mesures préparatoires visant à accroître la résilience face aux risques climatiques figurent au nombre des priorités de réforme structurelle.

Maroc

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PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES DE L'OCDE, VOLUME 2023 NUMÉRO 1 : VERSION PRÉLIMINAIRE © OCDE 2023
Source : Banque du Maroc (Bank al-Maghrib) ; et Haut-Commissariat au Plan.

Maroc : Demande, production, prix

L’activité redémarre après un épisode de faiblesse

L’activité économique devrait s’accélérer en 2023, après la faible croissance de 1.1 % enregistrée en 2022. Les chutes de pluie enregistrées pendant l’hiver ont été plus élevées que pendant la saison précédente, qui avait été très sèche, si bien que la production agricole s’est redressée, même si les précipitations restent inférieures à leurs moyennes historiques. La confiance des entreprises s’améliore, dopée par la vigueur des exportations au début de 2023. Le secteur des services bénéficie de l’essor des activités touristiques qui, en mars 2023, avaient dépassé leurs niveaux d’avant la pandémie. L’inflation globale et l’inflation sous-jacente mesurées par la hausse des prix à la consommation ont commencé à se replier en mars 2023 et se sont établies aux alentours de 7.8 % en avril en glissement annuel. La faiblesse de la production agricole en 2022 a contribué à une baisse du taux d’activité sur le marché du travail, particulièrement celui des femmes. Le chômage féminin a légèrement augmenté, tandis que le taux de chômage global a reculé, tombant à 11.8 %.

Le Maroc est très dépendant des importations d’énergie et de produits alimentaires, et il est fortement touché par l’augmentation des prix mondiaux ainsi que par le choc des termes de l’échange provoqué par la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine. L’amélioration des perspectives chez ses principaux partenaires commerciaux européens a cependant stimulé ses exportations. Une ligne de crédit modulable de précaution de 5 milliards USD ouverte par le FMI a été approuvée au début du mois d’avril pour offrir au pays une marge de sécurité, sur fond de risque de creusement du déficit de la balance courante.

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2019 2020 2021 2022 2023 2024 Maroc Prix courants milliards de MAD PIB aux prix du marché 1 239.8 -7.2 7.9 1.1 3.5 3.7 Consommation privée 732.0 -5.6 8.2 2.2 3.1 2.8 Consommation publique 225.4 -0.5 5.6 5.5 5.0 2.8 Formation brute de capital fixe 337.1 -10.0 9.3 1.7 2.4 3.4 Demande intérieure finale 1 294.5 -5.8 7.8 3.0 3.3 2.9 Variation des stocks¹ 42.2 -0.9 1.4 -0.2 0.0 0.0 Demande intérieure totale 1 336.7 -6.5 9.2 2.2 3.9 3.1 Exportations de biens et services 422.7 -15.0 8.7 21.3 6.8 6.4 Importations de biens et services 519.6 -11.9 11.8 19.7 5.2 4.0 Exportations nettes¹ - 96.9 0.3 -2.4 -1.7 -0.2 0.4 Pour mémoire Déflateur du PIB _ 0.1 3.2 5.0 2.5 2.0 Indice des prix à la consommation _ 0.6 1.4 6.7 3.8 3.0 Solde financier des administrations publiques (% du PIB) _ -7.1 -5.9 -5.1 -4.6 -4.1 Dette brute des administrations publiques (% du PIB) _ 72.2 68.9 69.6 68.4 68.4 Balance des opérations courantes (% du PIB) _ -1.2 -2.3 -3.4 -3.2 -3.0 Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 113 Pourcentage de variation, en volume (prix de 2014) 1 Contributions aux variations du PIB en volume, montant effectif
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Les politiques monétaire et budgétaire s’adaptent à l’évolution du contexte

La banque centrale a relevé son taux directeur à plusieurs reprises, le portant de 1.5 % en septembre 2022 à 3 % en mars 2023, et une nouvelle hausse de 50 points de base est attendue dans le courant de l’année. Ces mesures ont également aidé à stabiliser le dirham marocain, qui s’est déprécié face à l’euro en 2022 mais qui a commencé à se raffermir en janvier. Le budget 2023 présenté en octobre 2022 prévoit un assainissement budgétaire progressif via une augmentation des recettes et un allègement des tensions sur les dépenses liées aux subventions à l’énergie et aux produits alimentaires, qui s’explique par la baisse des prix ; cette évolution sera en outre étayée par la bonne tenue récente des recettes budgétaires effectives. Les aides destinées à amortir l’impact de la hausse des prix resteront en place en 2023 ; elles ont permis de limiter la répercussion des prix mondiaux des matières premières sur les ménages et les entreprises, notamment grâce à des subventions visant le blé, le gaz et l’électricité.

La demande étrangère et la résilience de l’agriculture soutiennent la croissance, sur fond de persistance des risques liés au changement climatique

La croissance du PIB réel devait atteindre 3.5 % en 2023 et 3.7 % en 2024, grâce à de bonnes récoltes saisonnières et à une demande extérieure plus forte. L’amélioration des résultats dans le secteur agricole entraînera une augmentation de l’emploi, surtout dans les régions rurales. Les exportations bénéficieront du redressement de la demande extérieure en provenance d’Europe et des économies de marché émergentes, avec une progression plus vigoureuse dans les secteurs à forte valeur ajoutée comme l’industrie automobile. La consommation publique devrait tirer la croissance de la demande intérieure, et la hausse de la consommation privée bénéficiera du recul de l’inflation, de l’augmentation des envois de fonds et de la création d’emplois dans l’agriculture, malgré les difficultés provoquées par la hausse des taux d’intérêt. L’investissement se redressera en 2023 et s’accélérera en 2024, à mesure que les effets des réformes destinées à faciliter l’investissement privé, telles que la nouvelle Charte de l’investissement, se concrétiseront. Selon les projections, l’inflation va refluer progressivement à 3 % en 2024, grâce à la baisse des prix de l’énergie et des produits alimentaires et sous l’effet du durcissement de la politique monétaire. Parmi les risques susceptibles d’entraîner une révision à la baisse des projections, on peut citer de nouveaux épisodes de sécheresse qui pèseraient sur la production agricole et une aggravation de l’environnement mondial qui pourrait nuire aux perspectives commerciales. Une inflation plus persistante pourrait entraver la consommation et exercer un effet de freinage sur l’activité économique en contraignant la banque centrale à relever encore les taux d’intérêt.

Renforcer la productivité et s’adapter aux effets du changement climatique

Des réformes propres à améliorer la productivité sont nécessaires pour doper la croissance. Accélérer les réformes du système éducatif et des politiques du marché du travail favoriserait une amélioration des compétences et du taux d’activité, en particulier chez les femmes. Le Nouveau modèle de développement constitue un cadre important pour l’économie marocaine, notamment en vue de la transformation numérique du pays et du renforcement considérable de son système de sécurité sociale. Les réformes envisagées pour soutenir l’investissement privé, notamment avec une nouvelle Charte de l’investissement et la mise en place d’un fonds public qui pourra cofinancer des initiatives privées, sont les bienvenues. Le changement climatique nécessite des stratégies d’adaptation élaborées, par exemple une meilleure gestion de l’eau pour se prémunir contre les sécheresses, et des mesures d’atténuation des émissions mettant l’accent sur le potentiel géographique du pays en matière de production d’énergies renouvelables.

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