Perspectives Economique de l'OCDE - Note Pays: Espagne, Novembre 2022

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Espagne

La croissance devrait s’établir à 1.3 % en 2023 et à 1.7 % en 2024 après avoir atteint 4.7 % en 2022. Le niveau élevé de l’inflation pèsera sur le pouvoir d’achat des ménages, mais l’épargne accumulée pendant la pandémie soutiendra la consommation. L’investissement privé devrait rester atone en raison de la dégradation des perspectives de demande et de la hausse des coûts de financement. Le ralentissement de l’activité chez les principaux partenaires commerciaux du pays modérera les exportations. L’inflation culminera à 8.6 % en 2022 puis refluera à 4.8 % en 2023 et 2024.

Les autorités devront régulièrement réexaminer les mesures budgétaires visant à protéger les ménages et les entreprisesde lahaussedesprix de l’énergieafindes’assurerquecelles-ci demeurent justifiées,qu’elles ciblent les plus vulnérables et qu’elles restent compatibles avec les objectifs budgétaires et environnementaux. L’utilisation efficace et opportune des financements « Next Generation EU » accordés dans le cadre du plan de relance sera essentielle pour favoriser l’investissement, accroître la productivité à long terme et mener à bien la transition écologique.

Les signes de ralentissement s’accumulent

La croissance économique a ralenti au troisième trimestre de 2022, le PIB ayant progressé de 0.2 % après avoir augmenté de 1.5 % au deuxième trimestre. La confiance des consommateurs est tombée à des niveaux très bas, proches de ceux enregistrés au début de la pandémie. Le taux de chômage est passé de 12.5 % au deuxième trimestre à 12.7 % au troisième trimestre. Bien qu’en recul après avoir culminé à 10.7 % en juillet 2022, l’inflation demeure élevée : elle s’établissait à 7.3 % en octobre, et l’inflation sousjacente à 4.8 % en septembre. Le taux de salaire a grimpé de 3.3 % entre le troisième trimestre 2021 et la même période en 2022. Le gouvernement a accepté de revaloriser le salaire des agents du secteur public : l’augmentation cumulée sur 2022, 2023 et 2024 sera comprise entre 8 % et 9.5 % (en fonction de l’évolution de l’inflation et du PIB).

Espagne

no 112. StatLink2 https://stat.link/10uxwp

PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES DE L'OCDE, VOLUME 2022, NUMÉRO 2 © OCDE 2022

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Source : Institut national espagnol de statistique (INE, Instituto Nacional de Estadística) ; Eurostat ; et base de données des Perspectives économiques de l’OCDE,

Espagne : Demande, production et prix

Espagne

PIB aux prix du marché

2019 2020

Prix courants milliards de EUR

Pourcentage de variation, en volume (prix de 2015)

1 245.5 -11.3 5.5 4.7 1.3 1.7

Consommation privée 714.5 -12.2 6.0 2.0 1.3 1.4

Consommation publique 234.9 3.5 2.9 -1.8 0.9 0.7

Formation brute de capital fixe 249.5 -9.7 0.9 5.4 2.3 3.7

Demande intérieure finale 1 199.0 -8.7 4.2 1.9 1.4 1.7

Variation des stocks¹ 9.9 -0.8 1.0 -0.2 0.0 0.0

Demande intérieure totale 1 208.9 -9.4 5.3 1.6 1.4 1.7

Exportations de biens et services 434.8 -19.9 14.4 18.1 3.5 3.2

Importations de biens et services 398.2 -14.9 13.9 9.7 4.2 3.4 Exportations nettes¹ 36.6 -2.2 0.3 3.1 -0.2 0.0

Pour mémoire

Déflateur du PIB 1.2 2.3 3.0 3.8 4.5

Indice des prix à la consommation harmonisé _ -0.3 3.0 8.6 4.8 4.8 IPCH sous-jacent² _ 0.5 0.6 4.0 4.8 3.7 Taux de chômage (% de la population active) _ 15.5 14.8 12.9 12.9 12.7 _ 10.8 7.0 4.2 4.2 2.3

Taux d'épargne nette des ménages (% du revenu disponible)

Solde financier des administrations publiques (% du PIB) _ -10.1 -6.9 -4.9 -4.2 -3.7

Dette brute des administrations publiques (% du PIB) _ 148.2 142.7 140.3 139.7 137.6 _ 120.4 118.3 115.9 115.2 113.1

Dette brute des administrations publiques, définition Maastricht³ (% du PIB)

Balance des opérations courantes (% du PIB) _ 0.6 1.0 0.7 0.6 0.4

1 Contributions aux variations du PIB en volume, montant effectif pour la première colonne

2 Indice des prix à la consommation harmonisé, hors produits alimentaires, énergie, alcool et tabac

3. Selon la définition de Maastricht, la dette des administrations publiques comprend uniquement les crédits, les titres de créance et les numéraires et dépôts, la dette étant exprimée en valeur nominale et non à sa valeur de marché

Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 112

StatLink2 https://stat.link/xlfsko

Le gouvernement a mis en œuvre deux trains successifs de mesures budgétaires visant à atténuer les conséquences de la montée des prix. Le premier, appliqué d’avril à juin 2022 et estimé à 6 milliards EUR (0.5 % du PIB annuel), comportait des abattements fiscaux et des aides directes aux entreprises et aux ménages, en particulier une remise à la pompe sur les carburants. Quant au deuxième, il porte sur le second semestre de 2022 et représente quelque 9 milliards EUR (0.7 % du PIB) dont 5.5 milliards EUR sont consacrés à des mesures de dépenses, et 3.6 milliards EUR à des baisses d’impôts (prolongement des allègements adoptés dans le premier train de mesures budgétaires et nouvelle réduction du taux de TVA appliqué à l’électricité, qui passe de 10 % à 5 %). Par ailleurs, en juin, la Commission européenne a approuvé l’octroi, jusqu’en mai 2023, d’une aide d’État (communément appelée « exception ibérique ») qui prend la forme de subventions directes accordées aux producteurs d’électricité et coûtera au pays 6.3 milliards EUR. Enfin, le taux de TVA appliqué au gaz a été abaissé, passant de 21 % à 5 % d’octobre à décembre 2022, et le gouvernement a annoncé en octobre l’instauration de mesures supplémentaires d’un montant de 3 milliards EUR, dont la réglementation du prix du gaz destiné au chauffage collectif jusqu’à la fin de 2023 et de nouvelles aides pour aider les ménages à faible revenu à payer leurs factures de chauffage et d’électricité.

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2021 2022 2023 2024

Le soutien budgétaire sera adapté

Atteignant 4.9 % en 2022, le déficit des administrations publiques devrait diminuer pour s’établir à 4.2 % du PIB en 2023 et puis à 3.7 % en 2024. Le projet de loi de finances pour 2023 prévoit une hausse des dépenses sociales de 10.5 % et une augmentation des dépenses militaires de 25 %. Les pensions seront relevées d’environ 8.5 %. En outre, de nouvelles mesures fiscales, ciblant les entreprises et les ménages à revenu élevé, devraient permettre d’accroître les recettes de 3.1 milliards EUR au total sur 2023 et 2024. Le projet de loi de finances ne contient aucune disposition additionnelle visant à amortir l’impact de la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine, mais les dispositifs actuels de soutien seront réévalués à la fin de l’année. Les projections reposent sur l’hypothèse que les aides directes ne seront pas prorogées en 2023 et que les allègements fiscaux seront maintenus en 2023 puis progressivement retirés en janvier et en juillet 2024. Dans ce scénario, l’ampleur du resserrement de la politique budgétaire serait de 1.2 point de PIB en 2023 et de 0.5 point en 2024.

La croissance va ralentir

La croissance devrait ralentir en 2023 et demeurer modérée en 2024, en raison principalement du poids de l’inflation sur le pouvoir d’achat des ménages et de l’assombrissement des perspectives de la demande extérieure. La hausse des taux d’intérêt dans la zone euro pèsera sur l’investissement des entreprises, alors que l’investissement public devrait conserver son dynamisme grâce aux fonds « Next Generation EU » accordés dans le cadre du plan de relance. La montée des taux d’intérêt bridera également la consommation et l’investissement en logements, bien que cet impact devrait être plus faible que lors de précédentes périodes de hausse des taux, car la proportion des prêts immobiliers à taux variables a considérablement diminué au cours des dix dernières années et est désormais inférieure à 75 %. Si les prix de l’énergie à l’importation devaient se stabiliser, l’inflation refluerait durant l’année 2023, mais resterait élevée. Les principaux risques entourant ces projections tiennent aux conséquences que les plans de l’Union européenne (UE) pour faire baisser la consommation d’énergie pourraient avoir sur l’activité et à l’évolution de la guerre en Ukraine, même si l’Espagne est moins exposée que la majorité des pays de l’UE à d’éventuelles pénuries de gaz, du fait de sa moindre dépendance aux importations de gaz russe. À l’inverse, une utilisation plus rapide que prévu des fonds européens accélérerait la reprise.

Les mesures visant à amortir les effets de l’inflation ne devraient pas compromettre la transition écologique

La conclusion d’un accord entre partenaires sociaux sur le partage de la charge générée par la hausse des prix à l’importation atténuerait le risque d’une spirale des salaires et des prix. Les mesures budgétaires visant à alléger cette charge doivent être temporaires, cibler ceux qui en ont le plus besoin, être compatibles avec le nécessaire assainissement des finances publiques à moyen terme et ne pas compromettre les incitations aux économies d’énergie. S’agissant de ce dernier point, il faudra mettre en place un cadre réglementaire efficient et des incitations idoines pour promouvoir l’investissement privé dans les technologies vertes.

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