Les conséquences économiques du changement climatique - L’ESSENTIEL STRATÉGIQUE

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Les conséquences économiques du changement climatique L’ESSENTIEL STRATÉGIQUE


CIRCLE

La poursuite de la dégradation de l’environnement et du capital naturel peut compromettre les perspectives de croissance économique future et le bien-être humain. La publication de l’OCDE intitulée « Perspectives environnementales à l’horizon 2050: Conséquences de l’inaction » (OCDE, 2012) prévoyait d’importantes conséquences d’ici à 2050 en raison du changement climatique, de la perte de biodiversité, de la pénurie en eau et des impacts sanitaires de la pollution, à moins que des politiques gouvernementales plus ambitieuses soient mises en œuvre. Cependant, cette publication présentait une analyse à sens unique des impacts des développements socio-économiques sur l’environnement. On peut regretter que cette publication n’ait pas tenu compte des évaluations des défis environnementaux et de la pénurie de ressources sur l’économie. Ce rapport-ci, les conséquences économiques du changement climatique, vise à combler cette lacune grâce à un cadre détaillé de modélisation économique qui appréhende les impacts des changements climatiques par rapport à des aspects spécifiques de l’activité économique régionale, tels que la productivité du travail, l’offre de facteurs de production comme le capital, et les changements dans la structure de la demande. Cette analyse globale détaillée couvre un large éventail de catégories d’impacts des changements climatiques, comme les impacts sur l’agriculture, les zones côtières, certains évènements extrêmes, la santé, la demande énergétique et la demande touristique. Tout cela est utilisé pour évaluer les conséquences économiques du changement climatique jusqu’en 2060. Le rapport est complété par une analyse plus stylisée qui intègre des modèles d’évaluation des impacts économiques pour l’après-2060.


Conclusions principales • Dans presque toutes les régions, les projections des conséquences du changement climatique sur l’économie sont négatives. Les impacts non-marchants sont eux aussi significatifs, avec des risques de dégradation et des risques associés aux apparitions d’évènements climatiques majeurs et autres conséquences très sérieuses. • Les coûts macroéconomiques des impacts marchands considérés dans cette étude se chiffrent, à eux seuls, à 1.0 à 3.3% du produit intérieur brut (PIB) par an d’ici à 2060 et de 2 à 10% du PIB d’ici la fin du siècle, et cela en l’absence de mesures gouvernementales nouvelles. Cette tendance s’explique par une augmentation continue des concentrations de gaz à effet de serre, entrainant une augmentation globale de la température moyenne estimée à 1.6-2.6°C en 2060 et à 2.5-5.5°C d’ici la fin du siècle, cela en l’absence de mesures gouvernementales nouvelles. • Parmi les impacts inclus dans l’analyse, ce sont les changements dans les rendements des cultures et dans la productivité du travail qui auront les répercussions négatives sur l’économie les plus marquées. Cela se traduira par des pertes annuelles respectivement équivalentes à 0.8% et 0.9% du PIB mondial à l’horizon 2060 pour la projection centrale, voire même de plusieurs pourcents dans les régions les plus vulnérables. • Les projections indiquent des conséquences négatives nettes sur l’économie dans 23 des 25 régions modélisées dans l’analyse. Elles sont particulièrement prononcées en Afrique et en Asie, où les économies régionales sont vulnérables à toute une série d’impacts climatiques, notamment au stress thermique et à la chute des rendements agricoles. Les pertes de PIB projetées à l’horizon 2060 pour les impacts considérés dans l’analyse se situent entre 1.5% et 6.5%. Les résultats du modèle indiquent que pour certains pays, en particulier ceux qui se situent à des latitudes plus élevées comme le Canada et la Russie, les conséquences positives sur l’économie des impacts considérés dans l’analyse sont plus importantes que les impacts négatifs causés par le changement climatique, au moins dans les décennies à venir. • Les impacts climatiques touchent tous les secteurs de l’économie par des effets indirects importants sur le reste de l’économie, notamment par la réallocation du travail et du capital, et représentent un risque systémique pour l’économie mondiale. • Les conséquences macroéconomiques du changement climatique sont fondamentalement non-linéaires: elles augmentent plus que proportionnellement avec les températures. Des incertitudes concernant le système économique et le climat risquent d’accroître les coûts macroéconomiques des impacts mercantiles qui pourraient bien atteindre à eux seuls la barre des 10%, et cela bien avant la fin du siècle. • Une fois que les gaz à effet de serre sont émis, ils ont des effets inévitables et durables sur le climat et l’économie pour un siècle ou plus, conduisant à une situation permanente de non-retour avec des impacts climatiques aux conséquences négatives de plus en plus élevées et un risque de plus en plus fort d’apparition d’évènements climatiques majeurs. Tous ces effets, considérés dans leur ensemble, devraient inciter fortement les politiques à mener une action ambitieuse à la fois en matière d’atténuation et d’adaptation. • La mise en place de mesures d’adaptation et d’atténuation ambitieuses peut aider à réduire les coûts futurs du changement climatique, mais aussi – et c’est peut-être le plus important – à limiter les risques associés d’apparition d’évènements climatiques majeurs. Toutefois, si l’on adopte seulement des politiques d’adaptation sans mettre en place des mesures d’atténuation, le coût global lié au changement climatique sera sensiblement plus élevé que lorsque seulement des politiques d’atténuation sont adoptées. Dans l’hypothèse d’un mix optimal qui minimise les coûts globaux du changement climatique, certains coûts seront associés aux mesures d’atténuation, d’autres aux mesures d’adaptation et les coûts restants aux mesures impactant l’économie. • Les avantages des politiques d’adaptation, même en se limitant aux dommages marchands considérés dans cette étude, peut équivaloir à plus de 1% du PIB d’ici à la fin du siècle, comme le montre l’analyse stylisée. L’étude montre également que si les obstacles à l’adaptation sont forts, les coûts liés au changement climatique peuvent même doubler. • Une mise en place rapide et immédiate de mesures ambitieuses d’atténuation du changement climatique pourrait aider les économies à diviser par deux les effets négatifs des impacts d’ici à 2060. Cela permettrait aussi de revoir à la baisse les projections de réduction du PIB mondial d’ici la fin du siècle en les ramenant à 1-3% (contre 2-10% en l’absence d’atténuation). De telles politiques permettraient aussi de réduire le risque d’être condamné à subir les conséquences négatives à long terme du changement climatique. Des politiques d’atténuation moins ambitieuses pendant les premières décennies auront des coûts plus faibles à court terme, mais conduiront à des risques plus élevés pour le long terme. Malgré le potentiel des mesures d’atténuation pour limiter les émissions de gaz à effet de serre, les impacts négatifs imputables au changement climatique devraient rester néanmoins importants dans les régions vulnérables, notamment dans la plupart des pays d’Afrique et d’Asie. • Les politiques d’atténuation réduiront les impacts négatifs du changement climatique dans tous les secteurs de l’économie, mais le coût de ces politiques pour les différents secteurs ne sera pas proportionnel aux avantages attendus. Tout comme les impacts marchands inclus dans l’analyse de la modélisation, la politique d’atténuation conduit à un changement dans la structure de l’économie vers plus de services.

OCDE Perspectives sur les conséquences économiques du changement climatique - 1

L’ESSENTIEL STRATÉGIQUE

LES CONSÉQUENCES ÉCONOMIQUES DU CHANGEMENT CLIMATIQUE


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Pourquoi une modélisation des conséquences économiques du changement climatique?

Comme les rapports successifs d’évaluation par le Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) l’ont montré, il est clair que le changement climatique est un fait irréversible et que la poursuite des émissions de gaz à effet de serre va continuer d’aggraver les conséquences du changement climatique sur les systèmes socioéconomiques et naturels. Les connaissances actuelles sur les impacts du changement climatique sont seulement suffisantes pour modéliser un sous-ensemble de ces impacts potentiels et pour prendre en compte certains facteurs d’incertitude. La publication Les conséquences économiques du changement climatique fournit une évaluation quantitative globale détaillée sur les conséquences économiques du changement climatique. La plupart des études existantes sur les impacts climatiques ont adopté une représentation agrégée et stylisée de l’économie. Ce rapport quant à lui utilise une approche de modélisation économique multisectorielle et multirégionale pour évaluer la façon dont une série d’impacts du changement climatique affecte l’économie mondiale. Le rapport montre dans quelle mesure le changement climatique a des répercussions sur l’agriculture, les zones côtières, certains évènements climatiques extrêmes mais aussi sur la santé et l’énergie ainsi que sur le tourisme. Il ne constitue pas cependant une prédiction de ce qui va arriver, ni une synthèse de toutes les conséquences du changement climatique. Toutefois, il met en lumière la façon dont ces impacts affectent la composition du PIB au fil du temps et comment les conséquences sectorielles peuvent avoir des retombées à travers les autres régions et secteurs de l’économie. Chercher à comprendre ce que le changement climatique pourrait signifier pour l’avenir de nos sociétés représente une véritable gageure. Si le changement climatique semble d’ores et déjà un fait inéluctable, il y a aussi au-delà de ce fait, de très nombreuses conséquences possibles qui peuvent s’y greffer et se manifester à diverses échéances. On peut donc raisonnablement s’interroger sur l’intérêt, pour les décideurs, d’une analyse par modélisation des conséquences économiques du changement climatique à l’échelle mondiale. En effet, toutes ces incertitudes, conjuguées aux simplifications nécessaires à toute représentation de l’économie mondiale par modélisation, risquent d’hypothéquer la pertinence de toute évaluation au niveau agrégé.

Mais l’intérêt de l’exercice se trouve ailleurs. Le signe de ces changements et les interactions qu’ils induisent dans le système économique, plutôt que leur ampleur, sont ce qu’il y a de plus pertinent à étudier. Les responsables politiques chargés de l’élaboration des politiques d’atténuation et d’adaptation doivent tenir compte de la possibilité non négligeable d’évènements climatiques majeurs irréversibles ainsi que des effets à long terme du changement climatique. En effet, la réduction des émissions de gaz à effet de serre engendre non seulement un flux de bénéfices futurs mais aussi diminue nécessairement les risques d’apparition d’évènements climatiques majeurs. Par ailleurs, les mesures d’adaptation visent à réduire les conséquences négatives des impacts climatiques qui sont désormais inévitables, mais aussi à aider les sociétés à agir pour préparer l’avenir. Par conséquent, l’action publique doit s’appuyer sur l’évaluation de l’ensemble des impacts négatifs marchands et non marchands qui pourraient être évités grâce aux réductions des émissions, et non pas se focaliser simplement sur le seul profil temporel des impacts marchands négatifs qui sont projetés dans l’exercice de modélisation. Lorsque les responsables politiques évaluent les coûts et les avantages des mesures d’atténuation, il leur faut ajouter une prime de risque pour rendre compte des risques de dépassement de points de basculement irréversibles afin d’éviter l’apparition d’évènements climatiques majeurs qui impliqueraient des catastrophes encore plus importantes. Les mesures d’atténuation non seulement abaissent le niveau attendu des impacts négatifs climatiques, mais elles réduisent aussi considérablement les incertitudes et les risques d’évènements climatiques majeurs. Enfin, certaines politiques peuvent produire des cobénéfices importants, notamment une amélioration de la qualité de l’air, ce dont il conviendra de prendre en compte lors des choix de mesures à prendre. L’ampleur et la répartition des conséquences des impacts marchands et des politiques publiques sont incertaines mais cette étude apporte des indications sur les tendances à long terme et les mécanismes d’interaction entre les impacts du changement climatique et l’activité économique. Ces informations devraient être utiles pour aider à gérer le risque croissant d’un dérèglement climatique structurel majeur.

2 - OCDE Perspectives sur les conséquences économiques du changement climatique


Modéliser les conséquences du changement climatique

L’analyse de modélisation dans Les conséquences économiques du changement climatique est fondée sur une évaluation des impacts climatiques tirés de la littérature existante. L’analyse détaille ensuite les effets d’un certain nombre de ces impacts sur les moteurs de la croissance économique, tels que la productivité des facteurs de production, ou leur rareté, ainsi que la façon dont le changement climatique modifie la demande des consommateurs. L’approche retenue, par la fonction de production, permet une évaluation détaillée d’un sous-ensemble de répercussions directes et indirectes du changement climatique sur l’économie (voir le tableau ci-dessous). D’autres impacts majeurs du changement climatique sont étudiés en dehors du cadre de modélisation. Les évaluations détaillées de chacun de ces impacts sont incorporées au modèle d’équilibre général calculable

(MEGC) de l’OCDE ENV-Linkages, et ce afin d’étudier les répercussions sur différentes activités économiques jusqu’en 2060 (voir le graphique ci-dessous). L’utilisation d’un modèle dynamique multisectoriel et multirégional permet d’établir une relation directe entre les différents impacts et certains moteurs de croissance de l’économie, dont la productivité du travail, les stocks de capital et l’offre de terre, mais aussi d’évaluer les effets indirects de ces impacts sur le reste de l’économie (autres secteurs, demandes finales,…) ainsi que sur le commerce international. L’évaluation chiffrée détaillée effectuée à l’aide d’ENV-Linkages est complétée par une analyse plus schématique des conséquences à plus long terme (au delà de 2060) réalisée à l’aide du modèle d’évaluation intégrée AD-DICE. Toutes les évaluations d’impact sont basées sur le profil représentatif d’évolution de concentration (RCP) 8.5 ou sur le scénario d’émission A1B utilisé par le GIEC.

Graphique 1. Lier les modèles économiques et climatiques

Modèle économique Projette l’activité économique sectorielle et régionale, et projette la trajectoire des émissions correspondante

Évaluation des conséquences économiques

Modèle climatique

Lie les impacts biophysiques aux variations des variables économiques devant être réintroduites dans le modèle économique

Lie la trajectoire des émissions à la variation des températures et à d’autres indicateurs de changement climatique

Modèles d’impact Lient les indicateurs de changement climatique aux impacts climatiques biophysiques (sectoriels)

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L’ESSENTIEL STRATÉGIQUE

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Tableau 1. Catégories d’impacts climatiques considérés Modification des rendements des cultures (y compris la productivité des terres et le stress hydrique) Mortalité et morbidité des animaux d’élevage dues à l’exposition à la chaleur et au froid Modification de la productivité des pâturages et des terres de parcours Modification de la productivité de l’aquaculture Modification des prises de poissons

Modélisé

ZONES CÔTIÈRES

Perte de terres et de capital due à l’élévation du niveau de la mer Impacts non marchands sur les zones côtières

Modélisé Qualitativement

PHÉNOMÈNES EXTRÊMES

Impacts des ouragans sur la mortalité, la terre et le capital Impacts des inondations sur la mortalité, la terre et le capital

Modélisé Indépendent

SANTÉ

Mortalité due à l’exposition à la chaleur (y compris les vagues de chaleur) Morbidité due à l’exposition au froid et à la chaleur (y compris les vagues de chaleur) Mortalité et morbidité dues aux maladies infectieuses, cardio-vasculaires et respiratoires

Indépendent

DEMANDE D’ÉNERGIE

Modification de la demande d’énergie à des fins de refroidissement et de chauffage

Modélisé

DEMANDE DE SERVICES TOURISTIQUES

Modification des flux et des services touristiques

Modélisé

ÉCOSYSTÈMES

Perte d’écosystèmes et de biodiversité Modification des rendements des plantations forestières

Indépendent Qualitativement

STRESS HYDRIQUE

Modification de l’offre d’énergie Modification des quantités d’eau potable disponibles pour les utilisateurs finaux (y compris les ménages)

Qualitativement Qualitativement

SÉCURITÉ

Troubles civils Migrations humaines

Qualitativement Qualitativement

POINTS DE BASCULEMENT

Événements perturbateurs de grande envergure

Indépendent

AGRICULTURE

Qualitativement Indépendent Qualitativement Modélisé

Modélisé Modélisé

Note: “Modélisé” signifie que l’impact est capturé (au moins partiellement) par le cadre de modélisation principal ; “indépendent” fait référence à une évaluation quantitative à l’extérieur du cadre de modélisation principal, et “qualitativement” signifie que seule une évaluation qualitative a été possible dans ce rapport.

4 - OCDE Perspectives sur les conséquences économiques du changement climatique


Projeter les conséquences économiques du changement climatique

La gestion des risques au fil du temps est au cœur de toutes les politiques climatiques. En dépit du rôle déterminant des risques et de la nécessité d’effectuer une évaluation inter-temporelle pour étayer l’élaboration des politiques, il est utile d’évaluer les conséquences économiques directes et indirectes des différents impacts climatiques évoqués plus haut. Les simulations du modèle ENV-Linkages de l’OCDE indiquent que les impacts économiques négatifs liés au changement climatique devraient progressivement augmenter au fil du temps et augmenter plus vite que l’activité

économique mondiale. En l’absence de nouvelles mesures climatiques, les effets conjugués des différents impacts considérés sur la croissance annuelle du PIB mondial devraient s’intensifier pour atteindre entre 1.0% à 3.3% d’ici à 2060, la projection centrale s’établissant à 2%. Cette fourchette reflète l’incertitude concernant la sensibilité climatique à l’équilibre (SCE), qui est une mesure de la réaction du climat à un doublement de la concentration de CO2 dans l’atmosphère – la fourchette probable utilisée allant de 1.5°C à 4.5°C. Pour une fourchette plus large, allant de 1°C à 6°C, la perte de PIB pourrait se situer entre 0.6% et 4.4% en 2060.

Graphique 2. Variation des PIB régionaux et du PIB mondial resultant des effets du changement climatique considérés, projection centrale

Variation en pourcentage par rapport a la projection de la reference sans changement climatique

0%

OCDE Europe OCDE Pacifique OCDE Amérique

-1% Amérique latine

-2%

Monde Reste Europe et Asie

-3%

M.-Orient et Afrique du N. Asie du Sud et du Sud-Est Afrique subsaharienne

-4% -5% -6% -7%

2010

2020

2030

2040

2050

2060

plages d’incertitude en 2060, liées aux incertitudes quant à la sensibilité climatique

Source: ENV-Linkages model.

Si la hausse continue de la température mondiale se poursuit jusqu’en 2100 pour atteindre 4°C par rapport aux niveaux préindustriels (avec une fourchette d’incertitude qui se situe entre 2.5°C et 5.5°C), les projections du modèle AD-DICE indiquent que la perte de PIB pourrait se situer entre 2% et 10% à la fin du siècle par rapport à un scénario « sans impacts négatifs climatiques » (fourchette probable de sensibilité climatique à l’équilibre). Si l’on en croit les projections expérimentales réalisées à l’aide du modèle AD-DICE, le maintien des émissions de gaz à effet

de serre sur leur trajectoire actuelle d’ici 2060, condamnera le monde à subir des impacts économiques négatifs estimés entre 1% à 6% du PIB mondial d’ici à la fin du siècle, même si les émissions étaient réduites à zéro en 2060. Cependant, les estimations des impacts liés à des hausses extrêmes de température sont nettement moins robustes : dans ce cas, les impacts négatifs sur les coûts macroéconomiques pourraient atteindre jusqu’à 12% en 2100 lorsque les non-linéarités dans la fonction « des impacts négatifs » développée par Weitzman sont importantes.

OCDE Perspectives sur les conséquences économiques du changement climatique - 5

L’ESSENTIEL STRATÉGIQUE

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Graphique 3. Variations considérés du PIB mondial résultant des effets du changement climatique considérés à très long terme

Variation en pourcentage par rapport à la projection de référence sans changement climatique Plage d’incertitude probable – projection centrale jusqu’en 2100

Plage d’incertitude probable – projection centrale jusqu’en 2060

Projection centrale jusqu’en 2100

Projection centrale jusqu’en 2060 (processus verrouillé en 2060)

Fonction de dommage de Weitzmann

0% -2% -4% -6% -8% -10% -12% -14% 2010

2020

2030

2040

2050

2060

2070

2080

2090

2100

Source: Modèle AD-DICE.

L’amplitude des dégâts estimés ne rend pas compte de l’ampleur réelle des incertitudes et des risques liés aux effets du changement climatique. Celui-ci pourrait entraîner des impacts négatifs bien plus conséquents (à plus longue échéance notamment), ou à l’inverse des conséquences économiques plus mesurées que celles présentées dans la projection centrale. Toutes les hypothèses faites en matière de croissance économique, de sensibilité du climat au niveau de concentration, de projections climatiques régionales et la valeur

attribuée aux effets du changement climatique sont par essence incertaines. D’importants risques sont associés aux incertitudes concernant la réponse du système climatique à des hausses de température supérieures à 2°C, l’impact du changement climatique sur la croissance économique, le dépassement de points de basculement irréversibles et les impacts non marchands du changement climatique. Parmi toutes ces sources d’incertitudes, la fourchette des conséquences pour le PIB indiquée ci-dessus ne prend en compte que la fourchette probable de la SCE.

6 - OCDE Perspectives sur les conséquences économiques du changement climatique


La variation régionale des conséquences économiques du changement climatique

Les projections indiquent des conséquences négatives nettes sur l’économie dans 23 des 25 régions du modèle. Elles sont particulièrement prononcées en Afrique et en Asie, où les économies régionales sont vulnérables à toute une série d’impacts climatiques, notamment au stress thermique et à la chute des rendements agricoles. Les pertes de PIB projetées à l’horizon 2060 pour les impacts considérés dans l’analyse se situent entre 1.6% et 5.2% au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, entre 1.7% et 6.6% en Asie du Sud et du Sud-Est (Inde comprise) et entre 1.9% et 5.9% en Afrique subsaharienne (chiffres agrégés sur la base des parités de pouvoir d’achat). L’incertitude régionale va également montrer clairement l’existence d’impacts négatifs économiques significatifs, avec des coûts macroéconomiques potentiels d’ici à 2060 dans de nombreux pays en d’Afrique pouvant atteindre presque 10% du PIB, et en Inde plus de 12%. Les impacts marchands devraient être moindres dans la plupart des pays de l’OCDE. Ici également, les projections régionales

ne tiennent compte que des incertitudes liées à la SCE; notons par ailleurs que les incertitudes sont plus importantes au niveau régional qu’au niveau mondial. Les résultats du modèle indiquent que pour certains pays, en particulier ceux qui se situent à des latitudes plus élevées, les conséquences positives sur l’économie des impacts considérés dans l’analyse sont plus importantes que les impacts négatifs, du moins à l’horizon 2060. Les gains économiques proviennent d’amélioration dans le domaine du tourisme, de l’énergie et de la santé. L’évaluation générale montre aussi que les pays relativement moins affectés par le changement climatique bénéficient d’avantages commerciaux. Les projections ne tiennent pas compte cependant des effets négatifs potentiels de l’occurrence de points de basculement climatique ou d’autres effets du changement climatique qui ne sont pas modélisés. Les effets au plan local pourraient également être très éloignés des moyennes nationales.

Graphique 4. Incertitude quant aux variations des PIB régionaux en 2060 en raison de l’incertitude qui entoure la sensibilité climatique à l’équilibre

Variation en pourcentage par rapport à la projection de référence sans changement climatique en 2060 Plage d’incertitude plus large liée à la SCE

Plage d’incertitude probable liée à la SCE

Projection centrale 4% 2% 0% -2% -4% -6% -8% -10%

OCDE Amérique

OCDE Europe

OCDE Pacifique

Reste de l’Europe et de l’Asie

Amérique M.-Orient latine et Af. du N.

Asie du Sud et du Sud-Est

Afrique autre

Afrique du Sud

Asie autre

Inde

Indonésie

ANASE 9

Afrique du Nord

Moyen-Orient

Am. latine autre

Brésil

Europe autre

Région caspienne

Russie

UE non OCDE

Chine

Corée

Japon

Aus. et Nvelle.Z.

OCDE autre

UE OCDE autre

UE 4 gr. pays

États-Unis

Mexique

Chili

-14%

Canada

-12%

Afrique subsah.

Source: Modèle ENV-Linkages.

OCDE Perspectives sur les conséquences économiques du changement climatique - 7

L’ESSENTIEL STRATÉGIQUE

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Variation sectorielle des conséquences économiques du changement climatique

Parmi les impacts pris en compte, ceux altérant la productivité du travail via une dégradation de la santé des individus et ceux affectant les secteurs agricoles auraient les conséquences négatives les plus marquées, et se traduiraient par une baisse annuelle du PIB mondial de l’ordre de 0.9% et 0.8%, respectivement, à l’horizon 2060. La présence possible d’un effet de fertilisation positif de la concentration de CO2 sur la croissance des plantes réduirait à 0.6% du PIB les dégâts sur l’agriculture. Les projections indiquent un effet particulièrement prononcé de cet effet de fertilisation en Afrique subsaharienne (réduction de 1.5% à 1% des impacts négatifs sur l’agriculture d’ici à 2060).

Les impacts négatifs causés par l’élévation du niveau de la mer deviennent graduellement plus importants après 2050. Les impacts négatifs dans les secteurs de l’énergie et du tourisme sont mineurs à l’échelle mondiale, car les effets positifs sur certaines régions compensent les impacts négatifs subis par d’autres. En outre, dans la plupart des régions, les bénéfices énergétiques liés à la réduction de la demande de chauffage permettrait de compenser les coûts liés à l’augmentation des besoins de climatisation. Les impacts négatifs d’origine climatique causés par les ouragans pourraient avoir des retombées importantes sur les communautés locales, mais les conséquences macroéconomiques projetées sont très faibles.

Graphique 5. Imputation des conséquences macroéconomiques aux effets du changement climatique considérés, projection centrale Variation en pourcentage par rapport à la projection de référence sans changement climatique Agriculture

Zones côtières

Demande énergétique

Précipitations extrêmes

Santé

Demande touristique

2035

2060

Source: Modèle ENV-Linkages.

L’analyse suppose qu’aucune mesure d’atténuation ne soit prise au-delà de celles qui ont déjà été adoptées, et que seules des mesures d’adaptation par des mécanismes de marché soient considérées; cela suppose que l’on se place dans un cadre où l’on ne mette en œuvre aucune des nouvelles politiques sur le climat. L’ampleur des impacts régionaux négatifs dépendra en partie de la capacité des économies à s’adapter aux impacts climatiques en modifiant leurs technologies de production, leurs modes de consommation et leurs échanges internationaux. Par exemple, les projections indiquent qu’en cas de réduction de la superficie de terre et du capital disponible sous l’effet de l’élévation du

niveau de la mer, les terres et le capital seront redistribués entre les secteurs, ce qui aura des répercussions sur l’ensemble de l’économie. L’ampleur des effets indirects confirme qu’il est important d’utiliser une approche économique multisectorielle et multirégionale. Dans les pays plus touchés, notamment en Inde, la perte de PIB totale est inférieure à la somme des pertes individuelles correspondant aux différents impacts, ce qui indique que lorsqu‘ils ont à traiter un ensemble d‘impacts, les pays peuvent apporter des réponses plus élaborées que lorsqu‘ils répondent à chaque impact pris individuellement.

8 - OCDE Perspectives sur les conséquences économiques du changement climatique


Variation en pourcentage par rapport à la projection de référence sans changement climatique en 2060 Agriculture, pêche, foresterie Autres industries PIB

Énergie et extraction Transport et construction

MoyenOrient et Afrique subsahari Asie du Sud et du Afrique du Amérique Reste de l’Europe et de enne latine Sud-Est OCDE Pacifique OCDE Europe Nord l’Asie

OCDE Amérique

-5%

-4%

-3%

Ind. à haute intensité énergétique Autres services

-2%

-1%

0%

1%

2%

Canada Chili Mexique États-Unis UE OCDE autre UE 4 gr. pays OCDE autre Aus. et Nvelle.Z. Japon Corée Chine UE non OCDE Russie Région caspienne Europe autre Brésil Am. latine autre Moyen-Orient Afrique du Nord ANASE 9 Indonésie Inde Asie autre Afrique du Sud Afrique autre

Source: Modèle ENV-Linkages.

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L’ESSENTIEL STRATÉGIQUE

Graphique 6. Composition régionale et sectorielle des variations du PIB résultant des effets du changement climatique considérés, projection centrale


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Des conséquences macroéconomiques au coût total de l‘inaction La modélisation utilisée dans la présente étude ne peut fournir qu‘une image partielle des conséquences du changement climatique étant donné qu‘elle ne permet pas de tenir compte des aspects non marchands du bienêtre (décès prématurés, par exemple), ni des impacts sur lesquels il n’existe pas suffisamment de données. Des informations quantitatives indépendantes sont donc fournies sur certains impacts dont il n’a pas été possible de tenir compte. •

Les impacts négatifs imputables aux inondations dans les zones urbaines sont très incertains à l’échelle mondiale, en partie parce qu’ils dépendent des projections de précipitations régionales et locales et des réponses comportementales. De plus, seuls les impacts négatifs potentiels en l‘absence d‘efforts d‘adaptation ont pu être évalués. L’Inde et la Chine sont, de loin, les deux pays pour lesquels les projections d’impacts négatifs imputables aux inondations en zones urbaines sont les plus élevées. Alors que ces impacts apparaissent bien moins importants dans les pays de l’OCDE (voir graphique).

Les régions ayant le plus grand nombre de décès prématurés dus au stress thermique sont celles à forte population (comme la Chine et l’Inde) mais aussi celles où le vieillissement augmente la taille de la population vulnérable à risque (comme l’UE et les États-Unis). Dans les nouveaux calculs du Japanese National Institute for Environmental Studies (NIES), le bilan global de la mortalité due au stress thermique devrait passer de moins de 150 000 personnes par an dans l’état actuel des choses, à plus d’un million en 2050, pour atteindre près de 3 millions en 2080. Parmi tous les pays de l’OCDE, les coûts sociaux associés devraient être les plus élevés dans les pays d’Amérique du Nord et de l’UE.

S’agissant de la perte des services écosystémiques, on utilise la méthode de la « disposition à payer » pour quantifier les impacts négatifs qui y sont associés, même si ce chiffre ne peut être utilisé pour représenter l’effet de la perte de biodiversité ou de

certains services écosystémiques pour les différents secteurs de l’économie. Le chiffre projeté à l’horizon 2060 correspond à environ 1% du PIB dans la plupart des pays à revenu élevé. •

L’analyse chiffrée ne permet pas de tenir compte de tous les phénomènes particuliers de grande ampleur, imprévisibles mais à fort impact, tels que l’arrêt du Gulf Stream ou la fonte des calottes glaciaires dans l’ouest de l’Antarctique. Bien que les seuils de températures associés au déclenchement de tels phénomènes demeurent incertains, d’une façon générale, leur probabilité d’occurrence augmente avec des changements climatiques plus sévères, provoquant des répercussions graves et permanentes sur l’économie. Si l’on inclut, de façon rudimentaire, les risques associés à de tels évènements dans l’analyse simplifiée en adoptant une fonction de dommage qui projette une aggravation des impacts négatifs bien plus rapide en présence de températures plus élevées, les impacts négatifs, exprimés en pourcentage du PIB, pourraient atteindre des valeurs à deux chiffres bien avant la fin du siècle.

Sans prétendre à l’exhaustivité, ce rapport propose aussi une réflexion qualitative sur plusieurs impacts climatiques importants qu’il n’a pas été possible de quantifier, notamment la réduction de la mortalité hivernale due aux froids extrêmes, la dégradation des infrastructures au niveau local sous l’effet d’évènements météorologiques extrêmes, l’aggravation du stress hydrique et les incidences sur la sécurité humaine (migrations et conflits, en particulier). Bien que pour certains de ces effets et dans certaines régions, les conséquences puissent être positives, les données réunies par le GIEC et d’autres instances indiquent d’autres impacts importants associés à des conséquences négatives. Tout bien pesé, il est probable que les coûts de l’inaction présentés ici sous-estiment le coût total des impacts du changement climatique.

10 - OCDE Perspectives sur les conséquences économiques du changement climatique


Milliards USD, parités de pouvoir d’achat constantes de 2005

moins de - 1

de -1 à 0

de 0 à 1

de 10 à 100

plus de 100

Source: Calculs de l’OCDE d’après Winsemius et Ward (2015).

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L’action des pouvoirs publics: des impacts évités

Les conséquences économiques du changement climatique, telles que décrites en détail dans le rapport, comme les pertes de PIB pour presque toutes les régions ou les nombreuses autres conséquences importantes, convergent vers la nécessaire mise en place de mesures politiques. En mettant en œuvre des politiques d’atténuation ambitieuses pour réduire les causes du changement climatique et des politiques d’adaptation pour mieux faire face aux conséquences restantes, les pires impacts pourraient être évités et les conséquences économiques du changement climatique sensiblement réduites. Les bénéfices liés à la mise en place de politiques d’adaptation, visant à réduire de façon ciblée l’impact de tel ou tel aspect du changement climatique, pourraient représenter à eux seuls une différence de plus d’un point de pourcentage du PIB à la fin du siècle, comme le montre l’analyse simplifiée réalisée à l’aide du modèle AD-DICE. Cette analyse montre néanmoins que si les obstacles à l’adaptation au changement climatique

sont importants, et si les entreprises et les ménages ne parviennent pas à s’y adapter, les coûts pourraient doubler. Une mise en place rapide et immédiate des mesures d’atténuation ambitieuses (visant la minimisation des coûts climatiques totaux en limitant le changement de la température à 2.5°C, selon les projections de ADRICE) peut aider les économies à diviser par deux les conséquences négatives sur le PIB d’ici à 2060 (c’est-à-dire les ramener à 1% du PIB annuel, sans prendre en compte dans les calculs, les effets économiques des politiques d’atténuation elles-mêmes). Telles politiques peuvent aussi réduire le risque des conséquences négatives du changement climatique à long terme. Malgré le potentiel des mesures d’atténuation pour limiter les impacts, les impacts négatifs imputables au changement climatique devraient rester néanmoins importants dans les régions vulnérables, notamment dans la plupart des pays d’Afrique et d’Asie.

OCDE Perspectives sur les conséquences économiques du changement climatique - 11

L’ESSENTIEL STRATÉGIQUE

Graphique 7. Coûts causés par des inondations urbaines imputables au changement climatique, d’ici à 2080


Graphiques 8. Composition des coûts liés aux effets du changement climatique considérés pour différents scénarios d’adaptation et d’atténuation Variation en pourcentage par rapport à la projection de référence sans changement climatique Coûts d’adaptation

Coûts d’atténuation

Impacts résiduels

12%

10%

8%

6%

4%

2%

0%

2050

2100

2050

2100

2050

2100

2050

2100

2050

2100

2050

2100

Pas d’atténuation Atténuation optimale Pas d’atténuation Atténuation optimale Pas d’atténuation Atténuation optimale Adaptation complète

Adaptation réactive

Pas d’adaptation

Source: Modèle AD-DICE.

Les mesures d’atténuation non seulement réduisent le niveau attendu des coûts du changement climatique, mais elles peuvent aussi, si elles sont assez ambitieuses, considérablement atténuer les risques d’impacts négatifs graves (d’après les simulations, la marge d’incertitude tombe de 2-10% à 1-3% en 2100 pour les impacts climatiques pris en compte). En outre, la mise en place de politiques d’atténuation moins ambitieuses pendant les premières décennies induira des coûts plus faibles à court terme, mais des risques accrus à long terme (en termes quantitatifs, ce résultat est fortement influencé par le choix du taux d’actualisation). Cependant, comme les politiques d’atténuation n’élimineront pas tous les impacts négatifs, l’adaptation demeure nécessaire. Or si l’action des pouvoirs publics se limite à des mesures d’adaptation, les impacts négatifs sont bien plus importants que si elle se limite à des mesures d’atténuation. Dans l’hypothèse d’un mix optimal, certains coûts seront associés aux mesures d’atténuation, d’autres aux mesures d’adaptation et d’autres encore aux impacts négatifs résiduels. Les politiques d’atténuation réduiront les impacts négatifs du changement climatique dans tous les secteurs de l’économie, mais le coût de ces politiques pour les différents secteurs ne sera pas proportionnel aux avantages attendus. Une analyse détaillée effectuée à l’aide du MEGC apporte un nouvel éclairage sur cet aspect, ici encore à l’horizon 2060. Le secteur de l’agriculture, par exemple, en dépit de sa taille relativement petite, sera très fortement touché,

directement et indirectement, par les impacts négatifs climatiques ; sachant qu’il s’agit d’un émetteur important, l’application de mesures d’atténuation strictes dans l’ensemble de l’économie pourrait entraîner des coûts élevés pour ce secteur. S’agissant de la production d’énergie et de l’industrie, les impacts négatifs climatiques sont moins importants que les effets potentiels de la mise en place de politiques d’atténuation strictes sur l’ensemble de l’économie. Le recours aux énergies renouvelables peut véritablement doper les activités de production en présence de politiques d’atténuation ambitieuses, mais globalement les effets négatifs sur les producteurs de combustibles fossiles dépassent ceux sur les secteurs d’énergies renouvelables. Les secteurs de services devraient bénéficier des politiques d’atténuation car ils sont relativement peu polluants, même s’ils subissent des impacts climatiques négatifs. Toutefois, compte tenu de la prédominance du secteur des services dans l’ensemble des économies à l’horizon 2060, la part du secteur des services dans le PIB total pourrait augmenter suite à la mise en œuvre de politique d’atténuation du changement climatique, parce que ce secteur se trouve relativement moins affecté que les autres. En conséquence, les impacts négatifs et les politiques d’atténuation tendent à modifier la structure de l’économie au profit des services. Cependant, à mesure que les politiques d’atténuation réduisent les impacts négatifs, les gains projetés dans le secteur des services pourraient être plus faibles que lorsque les politiques d’atténuation sont étudiées sans tenir compte des avantages de ce mêmes politiques.

12 - OCDE Perspectives sur les conséquences économiques du changement climatique


Variation en pourcentage par rapport à la projection de référence sans changement climatique en 2060 Impacts évités

Modification du PIB après atténuation

0.0% -0.5% -1.0% -1.5% -2.0% -2.5% -3.0% -3.5% -4.0%

OCDE Amérique

OCDE Europe

OCDE Pacifique

Reste de l’Europe et de l’Asie

Amérique latine

Moyen-Orient Asie du Sud et Afrique et Afrique du du Sud-Est subsaharienne Nord

Note: La politique d’atténuation vise la minimisation des coûts climatiques totaux (limitant le changement de température à 2.5°C). Source: Modèle ENV-Linkages.

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Améliorer notre base de connaissances pour permettre de meilleures politiques climatiques

Malgré l’utilisation de cadres de modélisation détaillés et le soin apporté à la calibration de l’activité économique sectorielle et régionale, Les conséquences économiques du changement climatique présente seulement une projection d’un scénario possible pour les conséquences économiques du changement climatique jusqu’en 2060. Les résultats globaux ne prennent pas en compte les coûts sociaux totaux du changement climatique. Ce rapport n’est pas une prédiction de ce qui va arriver, ni une synthèse de la littérature complète sur le changement climatique. D’autres modèles et d’autres scénarios donneraient des résultats quantitativement différents. On pourrait envisager des conclusions plus robustes recueillies à partir d’une analyse plus large, en utilisant de multiples scénarios et plusieurs modèles. Cela, toutefois, représenterait un effort de recherche considérable. Des efforts de recherche supplémentaires sont également nécessaires pour réduire les principales lacunes dans l’état des connaissances sur les

conséquences économiques du changement climatique, au moins concernant les conséquences économiques régionales d’évènements climatiques majeurs, ce qui pourrait avoir des effets sur l’économie supérieurs à ceux considérés dans l’analyse de modélisation de ce rapport. En outre, une méthodologie solide est nécessaire pour inclure les aspects non marchands et les co-bénéfices des actions des pouvoirs publics dans l’évaluation. La valeur ajoutée de ce rapport est donc plus en termes d’identification de la direction et de l’ampleur relative des différents effets qui ont été modélisés plutôt qu’en termes de projections numériques précises. Le rapport vise à donner un aperçu et à montrer comment le fait d’ignorer le changement climatique peut être préjudiciable à la croissance économique, et avoir une incidence sur les structures des économies dans le monde. Il montre aussi comment les politiques d’adaptation et d’atténuation peuvent réduire ces risques.

OCDE Perspectives sur les conséquences économiques du changement climatique - 13

L’ESSENTIEL STRATÉGIQUE

Graphique 9. Variations des PIB régionaux, résultants des effets du changement climatique considérés, avec et sans politique d’atténuation


POUR EN SAVOIR PLUS OECD (2015), Les conséquences économiques du changement climatique, OECD Publishing, Paris. http://dx.doi.org/10.1787/9789264235410-en. OECD (2012), Perspectives de l’environnement de l’OCDE à l’horizon 2050: Les conséquences de l’inaction, OECD Publishing, Paris, http://dx.doi.org/10.1787/env_outlook-2012-fr.

LES CONSÉQUENCES ÉCONOMIQUES DU CHANGEMENT CLIMATIQUE SUR LE WEB www.oecd.org/fr/environnement/circle.htm www.oecd.org/fr/environnement/modelisation.htm

CONTACT Rob Dellink, Coordinateur de modélisation et perspectives, rob.dellink@oecd.org Elisa Lanzi, Analyste des politiques, elisa.lanzi@oecd.org

CREDITS PHOTOS ©Adrian Scottow, 2010 ©iStock.com/TimArbaev ©iStock.com/ 3alexd ©Topten22photo | Dreamstime.com ©dreamstime_m_8855290 rt


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