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Chine

La croissance économique rebondira pour atteindre 5.4 % en 2023 et 5.1 % en 2024. La levée des restrictions imposées par la politique « zéro COVID » ayant libéré la demande contenue de services en personne, les recettes ont augmenté dans des secteurs durement touchés par les confinements comme le tourisme ou les loisirs. L’assouplissement du cadre prudentiel applicable au logement et la baisse du coût des prêts hypothécaires ont stabilisé l’immobilier. Le report de grands projets d’infrastructure prévus à l’origine pour l’exercice précédent provoquera une forte expansion du secteur de la construction. La croissance des exportations sera atténuée par une demande mondiale en berne. L’inflation mesurée par les prix à la consommation restera modeste en raison d’une reprise peu vigoureuse de la demande intérieure.

La politique monétaire est devenue plus expansionniste du fait d’une série de baisses de taux d’intérêt et de réductions des réserves obligatoires. Les sorties de capitaux et la forte dépréciation de la monnaie enregistrées en 2022 ont commencé à s’inverser depuis la réouverture de l’économie. Des déductions et exonérations d’impôts et de redevances d’utilisation bénéficieront à certains groupes ciblés, en particulier les petites et microentreprises. La reprise du secteur du logement stimulera les recettes budgétaires. Bien qu’il soit nécessaire de soutenir la demande jusqu’à l’affermissement de la reprise, une analyse coûtsavantages des mesures en place s’impose. Pour favoriser la reprise des entreprises privées, il conviendrait de renforcer les réformes structurelles visant à assurer des règles du jeu équitables. La stricte application des lois sur l’égalité de rémunération et, s’il le faut, des mesures de discrimination positive, réduiraient l’écart salarial entre les genres et permettraient aux femmes d’exploiter leur potentiel.

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Source : Base de données CEIC.

StatLink2 https://stat.link/vdpjx1

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Chine : Demande, production et prix

1 Contributions aux variations du PIB en volume, montant effectif pour la première colonne

2. Prend en considération les soldes de l’ensemble des quatre comptes budgétaires (compte général, compte de fonds, caisses de sécurité sociale et comptes des entreprises publiques)

3. Le solde budgétaire global est le solde officiel défini comme la différence entre les recettes et les dépenses Les recettes comprennent : les recettes du budget général, les recettes du fonds central de stabilisation et l’ajustement budgétaire infranational. Les dépenses comprennent : les dépenses du budget général, le renflouement du fonds central de stabilisation et le remboursement du principal de la dette infranationale.

Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 113

StatLink2 https://stat.link/x5obe9

La levée des restrictions imposées par la politique « zéro COVID » a eu pour effet de libérer la demande de services contenue et mis fin aux perturbations des chaînes d’approvisionnement

La croissance du PIB a rebondi au premier trimestre de 2023 pour s’établir à 4.5 % en glissement annuel. Ce rebond tient à la levée des restrictions liées au COVID-19. Limités pendant les confinements, les services en personne (restauration, hébergement, tourisme, divertissement) sont fortement repartis à la hausse. En revanche, la consommation de biens, qui n’a pas été interrompue par les confinements, reste faible. Malgré l’accélération actuelle de la consommation de services, la consommation globale est freinée par un taux de chômage relativement élevé et l’entrée sur le marché du travail, cette année, d’un grand nombre de nouveaux diplômés. La croissance de l’investissement s’affermit, étayée par le redressement des investissements en infrastructures et par les nouvelles mesures de soutien qui limitent la contraction de l’investissement immobilier.

La Chine est relativement à l’abri des chocs mondiaux des produits alimentaires et de l’énergie. De fait, si les produits alimentaires représentent une part importante de la consommation nationale chinoise, leur contenu en importations est limité. L’ampleur des réserves de céréales et les restrictions aux exportations sous la forme de quotas continueront à atténuer l’impact de la montée des cours mondiaux des céréales sur l’inflation intérieure et à réduire le risque de pénuries. Le charbon destiné au chauffage est produit localement, à l’abri des effets de la hausse des prix sur les marchés internationaux. En revanche, la Chine est davantage tributaire des importations de pétrole et de gaz. Le remplacement d’une partie des importations de pétrole brut par des achats, à la Russie, de brut de l’Oural à prix réduit permet de juguler les tensions inflationnistes, et des sources russes sont utilisées pour reconstituer les réserves de GNL. Le redémarrage de la demande va peut-être accroître les tensions sur les prix, mais l’inflation reste globalement modeste.

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2019 2020 2021 2022 2023 2024 Chine Prix courants trillions de CNY PIB aux prix du marché 98.7 2.2 8.4 3.0 5.4 5.1 Demande intérieure totale 97.7 2.1 6.8 2.8 6.2 5.0 Exportations de biens et services 18.2 1.1 15.7 -4.0 0.2 5.8 Importations de biens et services 17.3 -0.1 7.6 -6.7 3.9 5.3 Exportations nettes¹ 0.9 0.2 1.8 0.3 -0.6 0.3 Pour mémoire Déflateur du PIB _ 0.5 4.6 2.2 2.5 2.2 Indice des prix à la consommation 2.5 0.8 1.9 2.1 2.0 Solde financier des administrations publiques² (% du PIB) _ -7.0 -6.6 -6.7 -6.7 -6.6 Balance budgétaire principale³ (% du PIB) _ -3.7 -3.0 -2.8 -3.0 -2.8 Balance des opérations courantes (% du PIB) _ 1.7 2.0 2.2 2.5 2.4 Pourcentage de variation, en volume (prix de 2015)

StatLink2 https://stat.link/f73wxt

Les politiques monétaire et budgétaire continueront de soutenir la reprise

La politique monétaire continue de soutenir la reprise et de garantir une liquidité adéquate. Le taux débiteur de référence est resté stable ces derniers mois, mais le coefficient de réserves obligatoires a été légèrement réduit récemment. Le regain de confiance suscité par l’ouverture de l’économie a mis un coup d’arrêt aux sorties de capitaux et à la dépréciation de la monnaie enregistrées en 2022. Les taux de marché ont baissé davantage que le taux de référence. À la suite de l’abaissement concerté du taux des dépôts par les principaux établissements de prêt d’État en septembre 2022, un nouveau mécanisme d’ajustement du taux d’intérêt des crédits hypothécaires a été introduit pour les primo-accédants au début de 2023. Les autorités locales peuvent ainsi décider de supprimer ou non le taux d’intérêt plancher dans les villes enregistrant une baisse des prix des logements neufs sur trois mois consécutifs. L’application plus stricte des règles relatives aux quotas de crédit pour des logements pré-vendus et la baisse du taux des prêts accordés aux primo-accédants par le fonds de prévoyance pour le logement, en plus d’autres mesures, ont contribué à la stabilisation du marché immobilier et soutiendront la reprise du secteur. Le rebond sera néanmoins modéré par les restrictions, dont les conditions d’éligibilité à l’achat de biens immobiliers, qui continuent d’inhiber la demande. Le système bancaire parallèle semble s’être stabilisé et l’offre de crédit est abondante, mais la demande ne rebondit que graduellement. L’épargne accumulée pendant les confinements pourrait être consacrée en partie au marché immobilier si celui-ci se redresse plus vigoureusement, et en partie à la consommation des ménages.

La politique budgétaire continuera de soutenir l’activité via des réductions et exonérations d’impôts, mais quasiment plus aucun report de paiement des impôts et redevances n’est accordé. Une partie du produit des obligations locales spéciales émises en 2022 va être dépensée cette année. De nouvelles mesures destinées à stimuler la reprise sont annoncées, dont des exonérations d’impôts pour les petites et microentreprises ainsi que la déduction accélérée des frais de recherche. Les banques de développement octroient des fonds financés par des obligations pour soutenir l’investissement, car le déploiement des projets d’infrastructure a été freiné par le manque de financements. Des bonifications d’intérêt généreuses continuent d’étayer les activités de rétrocession de prêts en faveur du secteur manufacturier, des services sociaux, des petites et moyennes entreprises et des entreprises individuelles.

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1. Les principales composantes des activités bancaires parallèles correspondent aux prêts pour compte de tiers, aux prêts de sociétés fiduciaires et aux acceptations bancaires non décotées. Source : Base de données CEIC.

L’activité se redressera progressivement

Après la levée des restrictions liées au COVID-19, la croissance du PIB retrouvera progressivement son taux potentiel estimé. L’investissement en infrastructures restera vigoureux et l’investissement immobilier se stabilisera sous l’effet de la baisse des taux des emprunts hypothécaires et d’un regain de confiance des consommateurs. Les exportations repartiront à la hausse sur fond de reprise de la demande mondiale. Leur croissance sera tirée par le besoin mondial d’équipements destinés à la transition énergétique. La réouverture de l’économie stimulera les importations touristiques, mais la hausse des importations risque d’être bridée par une dépendance croissante à l’égard des intrants locaux. Les investissements en infrastructures maintiendront la demande de matières premières à un niveau élevé. L’assombrissement des perspectives de croissance à long terme lié au vieillissement de la population plombe la reprise. Une nouvelle augmentation des défaillances d’entreprises permettra certes d’améliorer la tarification des risques, mais elle pourrait avoir un impact négatif sur le secteur financier et les investisseurs privés. La stabilité des approvisionnements en énergie et en céréales continuera de limiter les augmentations de prix et, partant, de contenir l’inflation globale.

Un taux de chômage relativement élevé, surtout chez les jeunes, des créations d’emplois au ralenti et une reprise plus graduelle de la consommation restent les principaux facteurs de risque de divergence à la baisse par rapport aux projections. De nouveaux incidents de crédit et un désendettement désordonné dans un secteur immobilier déjà en difficulté pourraient entraîner la défaillance de petites banques et d’établissements bancaires parallèles. En revanche, des mesures d’assouplissement du cadre prudentiel et de promotion de l’investissement immobilier créeraient probablement une autre bulle, risquant ainsi d’occasionner de plus grandes perturbations à l’avenir. Un rebond plus vigoureux des prix des logements pourrait détourner l’épargne vers l’immobilier et relancer la consommation liée au logement.

Des réformes structurelles s’imposent pour redynamiser l’économie

Des réformes destinées à renforcer la concurrence permettraient d’étayer la reprise économique au sortir de la pandémie. Les monopoles administratifs, qui disposent souvent des droits exclusifs de fourniture de certains biens et services, devraient être démantelés. Les mesures prises récemment pour créer un marché intérieur unique sont bienvenues. Une meilleure protection des consommateurs pourrait stimuler la concurrence. L’introduction de règles du jeu plus équitables favoriserait l’investissement du secteur privé et la croissance sous-jacente. Des réformes de fond visant à renforcer le filet de protection sociale contribueraient à réduire l’épargne de précaution et à rééquilibrer la demande de l’investissement vers la consommation. La couverture de la retraite et de l’assurance-chômage devrait être étendue à toute la population. Il faudrait élargir la liste des traitements et médicaments pris en charge par l’assurancemaladie. Il est urgent de relever l’âge d’ouverture des droits à retraite et il conviendrait de définir rapidement un âge cible compte tenu de la longueur relative de l’espérance de vie dans le pays. Les femmes ne devraient pas être autorisées à prendre leur retraite 5 à 10 ans plus tôt que les hommes. La population chinoise est fortement déséquilibrée du fait de la préférence accordée depuis longtemps aux garçons par rapport aux filles, surtout en milieu rural. Même si la situation évolue à la faveur de l’urbanisation et de la hausse des niveaux de vie, il reste une importante marge de manœuvre pour assurer une plus grande égalité entre les genres. Le taux d’inscription de filles dans l’enseignement supérieur est élevé, tout comme le taux d’emploi féminin, mais l’écart de rémunération avec les hommes persiste et les femmes sont peu nombreuses aux postes de direction. La stricte application des lois sur l’égalité de rémunération et, s’il le faut, des mesures de discrimination positive pourraient contribuer à un rééquilibrage.

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