Perspectives Economique de l'OCDE - Note Pays: Chili, Novembre 2022

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Chili

La croissance devrait ralentir pour s’établir à 1.9 % en 2022. Une contraction de la production de 0.5 % est prévue pour 2023, suivie d’une progression de 2.6 % en 2024. Le resserrement des conditions financières, la suppression des mesures de soutien liées à la pandémie et l’érosion du pouvoir d’achat due à l’inflation freineront la consommation des ménages. En raison du relèvement des taux d’intérêt et de la faiblesse de la confiance des entreprises, l’investissement restera atone. L’inflation a récemment commencé à reculer et continuera à se modérer tout au long de l’année 2023, sachant que les effets du durcissement de la politique monétaire sur la croissance et l’inflation deviendront visibles, et reviendra, en 2024, vers l’objectif de 3 % fixé par la Banque centrale du Chili.

Les conditions monétaires devront demeurer restrictives pour faire en sorte que l’inflation renoue avec cet objectif. Le respect de la règle budgétaire permettra d’enregistrer des déficits modérés en 2023 et en 2024, après l’excédent dégagé en 2022 grâce à un important recouvrement de recettes et à la fin des dépenses liées à la pandémie. Réduire les obstacles à la concurrence et dynamiser l’investissement dans la recherche-développement stimuleraient la productivité. Le projet de réforme fiscale renforcerait la progressivité du régime et permettrait de recouvrer un surcroît de recettes qui servira à renforcer les programmes sociaux et à stimuler l’investissement public.

Chili

1. Indice des prix à la consommation hors énergie et produits alimentaires.

Source : Banque centrale du Chili ; et Institut national de statistique (INE, Instituto Nacional de Estadísticas).

StatLink2 https://stat.link/ewcbru

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Chili : Demande, production et prix

Chili

2019

Pourcentage de variation, en volume (prix de 2018)

PIB aux prix du marché* 195 866.8 -6.2 11.9 1.9 -0.5 2.6

Consommation privée 120 661.5 -8.2 20.5 2.1 -4.2 1.8

Consommation publique 29 812.2 -4.1 10.4 4.1 2.5 3.2

Formation brute de capital fixe 48 074.9 -9.7 18.0 -2.4 -2.0 2.3

Demande intérieure finale 198 548.5 -8.0 18.3 1.2 -2.8 2.1

Variation des stocks¹ 982.9 -1.6 3.0 1.8 0.1 0.0

Demande intérieure totale 199 531.4 -9.5 21.7 3.0 -2.6 2.1

Exportations de biens et services 54 473.9 -1.2 -1.4 1.6 2.5 3.2

Importations de biens et services 58 138.6 -12.8 31.1 5.2 -3.4 1.8

Exportations nettes¹ -3 664.6 3.5 -8.9 -1.2 2.2 0.4

Pour mémoire

Déflateur du PIB 8.7 7.6 7.5 5.7 3.5

Indice des prix à la consommation _ 3.0 4.5 11.6 6.9 3.5

Déflateur de la consommation privée _ 4.3 5.3 11.5 7.1 3.6 Taux de chômage (% de la population active) _ 10.7 8.8 7.7 7.9 7.6

Solde de l'administration centrale (% du PIB) _ -7.3 -7.7 1.5 -2.8 -2.1 Balance des opérations courantes (% du PIB) _ -1.7 -6.5 -8.4 -5.7 -5.3

* Basé sur des données trimestrielles corrigées des variations saisonnières et des jours ouvrés; peut différer des données annuelles officielles qui n’incluent pas de corrections pour les jours ouvrés

1 Contributions aux variations du PIB en volume, montant effectif pour la première colonne

Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 112

L’activité s’est modérée en 2022

StatLink2 https://stat.link/v7zp38

La production a diminué au premier trimestre de 2022 et est restée stable au deuxième. Les aides généreuses qui ont favorisé une reprise rapide après la pandémie ont été supprimées, ce qui a eu pour effet de freiner la consommation privée et publique, et la confiance des entreprises s’est dégradée en raison des tensions inflationnistes. Les indicateurs mensuels de l’activité pour le commerce de détail et l’industrie manufacturière sont restés décevants pendant la plus grande partie de l’année, et le taux de chômage a augmenté régulièrement, pour atteindre 7.8 % en septembre. La flambée des prix de l’énergie et des produits alimentaires et les tensions liées à la demande ont porté l’inflation au plus haut de ses niveaux historiques, à savoir 12.8 % en octobre. Les anticipations d’inflation à moyen terme ont été proches de la limite supérieure de la fourchette retenue comme objectif d’inflation par la banque centrale, comprise entre 2 % et 4 %, ce qui laisse entrevoir un risque de désancrage.

La guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine continue de conditionner l’évolution de l’inflation et de la croissance, directement car les prix des matières premières restent élevés, et indirectement puisque la demande extérieure se modère sous l’effet de la pénurie d’énergie et du resserrement des conditions monétaires. Pour atténuer les effets du renchérissement de l’énergie, les autorités ont procédé à un transfert monétaire exceptionnel en faveur des populations vulnérables pour couvrir les dépenses hivernales, gelé les tarifs des transports publics réglementés dans tout le pays en 2022 et relevé à deux reprises la subvention au mécanisme de stabilisation des prix des carburants. Les transferts monétaires mensuels ciblés visant à atténuer le renchérissement des produits alimentaires se poursuivront jusqu’en avril 2023.

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2020 2021 2022 2023 2024
Prix courants milliards de CLP

Engagement à respecter la règle budgétaire et politique monétaire restrictive en 2023-24

Les mesures budgétaires énergiques visant à atténuer les effets négatifs de la pandémie ont été supprimées et le gouvernement s’est engagé à respecter la règle budgétaire. Un important recouvrement de recettes et une réduction des dépenses se traduiront par un excédent budgétaire de 1.5 % du PIB en 2022. Les recettes se modèreront à mesure que l’économie se détendra et que l’inflation reculera en 2023 mais elles remonteront sous l’effet d’une accélération de l’activité en 2024. Conformément à la règle budgétaire, les dépenses augmenteront de manière modérée en valeur réelle en 2023-24. Le déficit devrait atteindre 2.8 % du PIB en 2023 et 2.1 % du PIB en 2024 et la dette publique restera inférieure au plafond d’endettement prudent fixé à 45 % du PIB, en dépit de l’orientation expansionniste de la politique budgétaire en 2023. La Banque centrale du Chili a contré les tensions inflationnistes en relevant son taux directeur de 0.5 % en juin 2021 à 11.25 % en octobre 2022. Elle a précisé qu’elle maintiendrait ce taux à ce niveau aussi longtemps que cela serait nécessaire pour ramener l’inflation à l’objectif. La projection repose sur l’hypothèse de baisses modérées du taux directeur en 2024 à la faveur de la dissipation de l’inflation.

Après une contraction en 2023, la croissance repartira en 2024

L’économie subira une contraction de 0.5 % en 2023 et se raffermira peu à peu en 2024. En 2023, la consommation et l’investissement pâtiront de l’inflation, du resserrement des conditions financières et de la faiblesse de la confiance des entreprises, tandis que le ralentissement de la croissance des partenaires commerciaux freinera la croissance des exportations. Sur fond de détente de l’économie, le chômage devrait augmenter en 2023 selon les projections. Toutefois, il reculera en 2024 sous l’effet du redressement de la croissance. L’inflation restera élevée tout au long de l’année 2023 en raison des effets persistants de la flambée des prix de l’énergie. Cependant, le repli de l’activité économique prévu et les taux d’intérêt élevés contribueront à la ramener à l’objectif. Les risques de divergence à la baisse semblent prédominer. L’incertitude entourant la trajectoire de la réforme de la Constitution pourrait fragiliser la confiance des entreprises et des consommateurs. La guerre en Ukraine pourrait continuer de créer des tensions inflationnistes dues aux prix de l’énergie et des matières premières. Une telle évolution pourrait susciter des anticipations d’inflation et nécessiter un nouveau resserrement de la politique visant à ramener l’inflation à l’objectif, qui induira une période plus longue de croissance inférieure au rythme tendanciel. Une croissance plus faible que prévu des principaux partenaires commerciaux du Chili, en particulier la Chine, se répercuterait sur les exportations et l’investissement. À l’inverse, les cours du cuivre pourraient être plus élevés que supposé, ce qui dynamiserait les exportations. L’aboutissement sans heurts du processus de réforme constitutionnelle pourrait affermir la confiance et attirer l’investissement.

Les politiques devraient ambitionner d’augmenter la productivité et de mettre en place une fiscalité plus progressive

Des avancées sociales et économiques durables appelleront des réformes dans plusieurs domaines. Moins d’obstacles à la concurrence et à l’entrepreneuriat, plus d’investissements dans la recherche-développement, une plus large activité des femmes et de moindres coûts de régularisation des activités informelles augmenteraient la productivité et les revenus. La réforme fiscale en cours d’examen au Congrès, qui vise à rendre le régime plus progressif, accroîtrait les recettes, ce qui permettrait de répondre à la demande de renforcement de la protection sociale et d’amélioration des services publics. Pour pouvoir atteindre son objectif ambitieux de neutralité carbone à l’horizon 2050, le Chili devra adopter des réglementations plus strictes et s’engager à mettre fin progressivement à l’utilisation du charbon et à

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mettre en place des taxes sur le carbone et des systèmes de plafonnement et d’échange afin d’améliorer les signaux-prix. Exploiter le potentiel exceptionnel du pays en matière d’énergies renouvelables, notamment le solaire et l’éolien, et de production d’hydrogène vert réduirait sa dépendance à l’égard des combustibles fossiles.

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