ART'O Mag #14 - Automne 2018

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ART’O Mag # 14

ÉDITORIAL VOYAGE EXPOSITIONS ATELIERS LITTÉRATURE AGENDA

AUTOMNE 2018

Le magazine 2 des ART’Ochtones - Monaco


#ĂŠditorial


Vive les odeurs âcres de l’atelie r ! La poussière plein les mirettes et les cheveux indomptables !

C’est "enfin" la fin des "grandes" vacances, le début de moments rien qu’à soi passés à l’atelier, les nuits entières à rêver d’une esquisse qui nous pousse hors du lit pour foncer sur la feuille blanche, les pér iod es d’e up hor ie lor squ ’on dév oile nos réalisations au proches puis au pub lic…

Qu ’il ref lète le ble u d’u n cie l irré el, une silhouette mystérieuse, une mé lodie ou une prose envoutante, un assemblage imp robable, l’art est un moyen d’expression universel, un espace de liberté…

Da ns ce nu mé ro d’a uto mn e no us vo us emmenons à la découverte d’artistes que tout oppose en apparence mais don t la vie toute entière est dédiée à l’art.

J’espère, que vous apprécierez la ballade.

Murielle VELAY-MICHEL alias Mir aBelle

Peintre - Sculpteur

Rédactrice en chef - ART’O Mag

Présidente - Association Les AR T’Ochtones


ART’O Mag

P. 2 L’ÉDITORIAL

de Mirabelle

P. 3 - 4

#sommaire

SOMMAIRE

P. 5 - 10 EXPOSITION DE AI WEIWEI

MARSEILLE

par Daniel Boeri

P. 11 - 14 5 ANS DÉJÀ !

MUCEM Marseille

P. 15 - 18 "COUP D ’ OEIL SUR" - A LBERT LYNCH

par Marc D'Angelo

E N C O U V E RT U R E Création numérique Mirabelle-Art&Design© 3

#14


Automne 2018

P. 19 - 22 LE S EUL HOMME

Roman

Marianne Chabadi - Thierry De Massia

P. 23 - 26 E LÉVATION

par Marc D’Angelo

Illustration : Mirabelle

P. 27 - 28 D ES NOUVELLES DE L’ARTELEIR…

P. 29 - 30 O PEN DES A RTISTES 2019

G ALERIE L ’E NTREPÔT

M ONACO

P. 31 - 32 L’AGENDA DES ART’O

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Ai Weiwei au Mucem - Marseille A l’occasion de l’événement "Art-orama" à Marseille, j’ai redécouvert une ville transformée par l’art et la culture.

Celle-ci est présente dès les premiers pas sur le Vieux-Port, pour rejoindre le fameux J1, lieu de l’événement sur le Quai de la Joliette.

Soudain sur le parcours, c’est le Mucem, le "nouveau" musée d’art contemporain. Le soleil se reflète sur le rectangle d’eau qui entoure la structure rectiligne qui nous rappelle spontanément Le Corbusier.

Une nouvelle surprise m’attend ; l’exposition de l’artiste chinois Ai Weiwei. L’artiste réside à Berlin, depuis que les autorités chinoises lui ont rendu son passeport en 2015.

Et nous voilà soudain devant "une chaussure pour homme" en cuir et bois à l’évidence inspirée elle aussi par l’esprit de Marcel Duchamp !

E n 1 9 9 6 , A i We i w e i c a s s e délibérément un bol chinois, ancien et précieux, en porcelaine. Par ce geste il dénonce la révolution culturelle de Mao Zedong : un acte iconoclaste !

Il y a encore les 12 animaux du zodiaque chinois, reproduction de ceux qui se trouvaient au Palais d’Eté de l’empereur au XVIIIe siècle. De plus, ils représentent à la fois la culture chinoise et occidentale et deviennent un objet ambivalent.

Ai Weiwei s’inspire du ready-made de Marcel Duchamp : "tout objet du commun peut devenir art par la seule volonté de l’artiste". Nous y entrons directement avec le fameux "pot de chambre", ou vase de nuit, décoré par un œil comme pour dire "je te vois" !

Ai Weiwei amène la Chine aux occidentaux car on ne peut éviter de chercher à comprendre ce pays. D’ailleurs, le sous- Le pot de chambre - Les savons de Marseille titre de l’exposition "FanTa n " c o r r e s p o n d a u Pour finir : "le porte-bouteilles sobriquet donné par les travailleurs chinois illuminé", monumental, en fer galvanisé et à un char offert aux alliés pendant la lustres anciens en verre, toujours dans première guerre mondiale. Nouvelle l ’ e s p r i t d e re a d y - m a d e c l i n d ’ œ i l surprise ce char porte sous son flanc un emblématique à Marcel Duchamp.

œil, que l’on retrouve aujourd’hui sur les savons de Marseille imaginés par Ai Weiwei.

La scénographie nous transporte dans La maison colorée, témoignage de l’artiste à la Chine traditionnelle en voie de disparition. Dans l’exposition la maison est posée sur des socles de cristal dont les piliers sont recouverts de peinture industrielle comme pour dire : "L’ancien est recouvert par le nouveau" !

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Le Seul Homme - roman

EXPOSITION par Daniel Boeri

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Ai Weiwei au Mucem - Marseille

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Le Seul Homme - roman par Daniel Boeri

La maison colorĂŠe

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Ai Weiwei au Mucem - Marseille

Circle of animals

EN BREF… "Fan-Tan" rassemble cinquante oeuvres d'Ai Weiwei dont deux productions inédites. Ses photos, sculptures, et installations sont mises en regard avec 50 objets des collections du Mucem.

Fan-Tan" est un jeu de hasard traditionnel chinois qu'on peut comparer à la roulette.

★ Commissaire de l’exposition : Judith Benhamou-Huet, critique d'art et écrivain.

★ Scénographie : Cécile Degos

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Le Seul Homme - roman par Daniel Boeri

Le porte-bouteilles illuminé

Le Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée - MUCEM

est ouvert tous les jours sauf le mardi

7 promenade Robert Laffont - Esplanade du J4

13002 Marseille

Contact : +33 (0)4 84 35 13 13

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Anniversaire du Mucem - Marseille

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L

EXPOSITION

5 ANS DÉJÀ ! En juin 2018, le Mucem a fêté les cinq ans de son ouverture au public. Une exposition, présentée au Centre de Conservation et de Ressources, nous donne l’occasion de jeter un premier regard rétrospectif sur une face peu visible de l’activité du musée : l’enrichissement de ses collections.

Dons, achats auprès de particuliers ou de professionnels du marché de l’art, achats en vente publique… Une cinquantaine d’objets variés, acquisitions programmées ou heureuses opportunités, rendent compte des activités d’une équipe d’une quinzaine de conservateurs passionnés par la recherche d’objets témoins des civilisations d'Europe et de Méditerranée.

Il s’agit notamment d’évoquer les principes qui guident l’enrichissement des fonds du Mucem, réalisés dans une perspective d’ouverture de son domaine de compétence, tant géographique (vers la Méditerranée) que disciplinaire (par le biais d’une approche ethnologique, historique, culturelle ou d’histoire de l’art) ; mais aussi de témoigner de la grande diversité des objets acquis, de l’œuvre d’art la plus raffinée à l’objet du quotidien le plus anodin.

Commissariat :

Jean-Roch Bouiller, conservateur en chef responsable du secteur art contemporain au Mucem

Emilie Girard : conservateur en chef du patrimoine, directrice du département des collections et responsable du pôle "Croyances et Religions" au Mucem.

Scénographie :

Laurence Villerot—Coco d’en Haut Ouverture jusqu’au 31 janvier 2019

Du lundi au vendredi, de 9h à 17h (lundi 21 mai : férié)

Entrée libre

+33 (0)4 84 35 13 13

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w w w. m u c e m . o r g

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Albert Lynch, peintre monégasque d’adoption… par Thierry De Massia

Au milieu du siècle dernier, la Principauté de Monaco a été le lieu de résidence du peintre Albert Lynch, à la fin de sa vie. Cet artiste assez peu connu aujourd'hui, et que l'on range parmi les "petits maîtres de la peinture", est l'auteur de nombreux portraits, souvent ravissants, quelquefois saisissants. Le mystère et la confusion ont longtemps régné, tant en ce qui concerne sa naissance que sa mort.

Portrait of an elegant lady in a black hat

La date de sa mort est presque unanimement considérée comme incertaine ; l'année 1912 est encore affichée par de nombreux sites et liens sur internet. Cette date a été pertinemment remise en question, puis réévaluée, avec force vraisemblance, par des investigateurs scrupuleux.

En effet, si les tableaux de Lynch sont rarement datés, il en existe au moins un qui porte la date de 1926. On a fait valoir, en outre, que les vêtements des personnages de plusieurs de ses tableaux (en très grande majorité des femmes)

correspondent à des canons plus tardifs que ceux du début des années 1910.

Il existe également plusieurs traces avérées de sa participation à des expositions après 1912 et dans les années 1920.

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Le Seul Homme - roman

COUP D’OEIL par Marc D’Angelo

Une historienne amateur du Pérou, Gabriela Lavarello Vargas de Velaochaga, auteur d'Artistas plasticos en el Peru, s'est procuré son certificat de décès (avec l'aide, dit-elle, de Jean Montoya, directeur de la culture de l'Alliance Française à Lima entre 1977 et 1982) ; elle cite le document comme faisant état de la mort intervenue en 1950, au n°1 de l'avenue de la Gare, à Monaco.

D'après une information transmise par la maison Tajan à l'occasion de la vente d'un de ses tableaux (La Nouvelle Partition) Lynch se serait installé à Monaco en 1930. Il y aurait donc vécu vingt ans.

En tout cas, il y expose dès 1913, à l'occasion de la 21ème Exposition Inter nationale du Palais des Beaux-Arts

Notons accessoirement, dans le journal Le Matin, où un entrefilet rend compte de l'inauguration de cette exposition, l'évocation de la présence de nombreuses dames "de la haute mondanité hivernante". La formule a fière allure !

The Jolly boat

La nouvelle partition

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Le Seul Homme - roman par Thierry De Massia

Incertitude aussi sur les origines du peintre. Sa naissance reste presque systématiquement située à Lima ou à Trujillo, au Pérou, alors qu'il est né, en réalité, en 1860, à Gleisweiler, en Bavière.

Là encore, les recherches assez acharnées d'Osmond Bullock et Oliver Perry sont intervenues pour faire décision. Perry a retrouvé, parmi les passagers voyageant en première classe à bord de La Champagne, en provenance du Havre et débarquant à New York le 13 janvier 1896, un certain Albert Lynch, originaire du Pérou et peintre de profession, âgé de 35 ans.

En fait, le père de Lynch était un irlandais qui s’était installé au Pérou, et le peintre revendiquera cette origine péruvienne, soit pour se donner une aura d'exotisme susceptible de favoriser son succès, soit parce qu'il n'était pas très bien vu d'être d'origine allemande en France à cette époque, soit pour les deux raisons conjointes, voire encore pour d'autre(s) raison(s) personnelle(s) que nous ignorons. Perry a mis la main sur le certificat de mariage de Lynch avec AnnaVictoria Bacouel, où sa date de naissance apparaît comme étant le 26 septembre 1860.

Dans sa jeunesse, Lynch étudie aux Beaux-Arts à Paris avec Gabriel Ferrier (pré-raphaëlite), Henri Lehmann et Jules Achille Noël. Récompensé par une médaille d'or à l'Exposition Universelle de 1900, auteur de nombreux portraits féminins, il emploie aussi ses talents d'illustrateur pour Le père Goriot de Balzac, La dame aux camélias de Dumas, Pierre et Jean de Maupassant ou encore, dans un style plus singulier, Le pape Jacinthe, une nouvelle fantastique de Vernon Lee, dans Le Figaro illustré, en 1894 (dont la parution a été signalée par le Journal de Monaco). Il avait également illustré, pour la même revue, trois ans plus tôt (mai 1891), La Légende de Juan Garin contée par Maurice Spronck.

Le problème des dates de sa naissance et de sa mort ayant été résolu de façon assez satisfaisante, le mystère demeure en

Antique Etching

ce qui concerne le propre visage du peintre, qui n'a laissé aucun autoportrait et dont il n'existe, à notre connaissance, aucune photo.

On peut risquer l'hypothèse (inédite ?) qu'il s'est représenté sur cette gravure (Antique Etching) et sur ce tableau, si l'on admet que les deux personnages masculins sont assez ressemblants et ne sont peut-être qu'un seul et même homme.

The portrait sitting

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Le Seul Homme - roman par Thierry De Massia

Weman on deck, "Ramier"

Dictionnaire des petits maitres de la peinture (1820-1920), Gérald Schurr et Pierre Cabanne, 2008.

Osmond Bullock, www.artuk.org

Oliver Perry, même source

4 Bullock, même source. 1 2 3

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Le Seul Homme - roman par Thierry De Massia

J’ai commencé l’écriture de ce roman d’anticipation il y a environ une dizaine d’années.

Ainsi est né le court métrage Life Blood tiré de la nouvelle de Marianne Le Sang de la Vie.

L’idée m’en est venue après la lecture d’un article sur la bactérie Wolbachia. Cette drôle de bactérie cause la dégénérescence cellulaire de certains insectes mâles. J’ai écrit ainsi tout le début du roman, puis mes occupations m’ont conduit à le délaisser petit à petit.

De fil en aiguille nous en sommes venus à parler de ce roman inachevé, que j’avais d'abord intitulé Le Premier Homme et qui deviendra définitivement Le Seul Homme afin qu’il n’y ait pas de confusion avec l'ouvrage d’Albert Camus.

Ma rencontre avec Marianne Chabadi s’est faite autour d’un tableau que j’avais réalisé pour un ami.

Marianne trouvant que cette belle histoire ne pouvait pas rester dans mes tiroirs, a proposé de la reprendre.

Elle a donc retravaillé le scénario et la première partie intitulée "Avant" puis écrit entièrement la deuxième partie "La quête".

Ce dernier l’avait mis aux enchères à Tel Aviv afin de récolter des fonds pour une cause infantile.

Marianne, après avoir fait le "nègre" p e n d a n t d e s a n n é e s , s e c o n s a c re désormais à son écriture personnelle. Elle écrit beaucoup : pièce de théâtre, poèmes, chansons…

Marianne a ajouté au synopsis le vent dans les arbres, la couleur du temps, les âmes des personnages… Un vrai roman de près de cinq cent pages a ainsi vu le jour…

Séduite par mes dessins, elle m’a demandé d’illustrer une nouvelle écrite pour un concours international.

J’ai accepté immédiatement, d’autant qu’à l’époque je vivais plutôt une vie de bohème.

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Le Seul Homme - roman

LITTERATURE par Thierry De Massia

Le Seul Homme est publié par les Editions Gunten. Le roman est disponible sur les plateformes numériques d’Amazon, de la FNAC et d'une multitude de librairies en ligne, au format ePub et Kindle.

La sortie officielle de la version papier est prévue pour le 15 octobre 2018.

Numérique. Elle écrit en ce moment un thriller.

Quant à moi, en dehors du temps que je consacre à mes créations picturales et musicales, je ressors de mes vieux cartons quelques textes que j’ai envie, grâce au Seul Homme, de mener aujourd’hui au bout.

Nous ferons une séance de dédicaces dans quelques semaines dans une galerie d’art parisienne qui exposera pour l’occasion mes toiles numériques créées sur le thème du roman. Pour l’événement, elles sont signées "Yoseph", association de "Yo" surnom d’Eyota et de "Joseph".

Marianne a écrit depuis Le Seul Homme plusieurs nouvelles qui sont à la lecture chez des éditeurs dont J'ai lu et 12-21

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Le Seul Homme - roman par Thierry De Massia

BANDE-SON - "Le Sang de la Vie" - Thierry de Massia www.soundcloud.com/thierrydm/sang-de-vie

BIO EXPRESS To m e s t c a p a b l e d e c r é e r d e s assemblages à partir de matériaux de récupération, comme les composants électroniques, la pierre ou le bois flotté.

Issu des arts graphiques, Thierry de Massia alias " To m " e s t u n artiste autodidacte.

Musicien new age, ses compositions illustrent le plus souvent des clips, des courts métrages ou des récits.

To m peint, sculpte, compose et écrit.

Passionné par les techniques informatiques liées aux arts, à la musique et aux mondes virtuels en 3D,

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Le Seul Homme - roman par Thierry De Massia

Après la 3ème guerre mondiale, Il ne reste que des femmes sur terre. Les hommes qui ne sont pas morts au combat ont succombé à Wolbachia, une bactérie,… tueuse de mâles.

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Élévation

Elle est belle, mais c'est à moi seul qu'elle apparaît telle qu'elle est.

chose d'unique qui entrait dans une correspondance tout à fait singulière avec l'unicité de ma personne et de mes perceptions. On dira peut-être que j'étais le jouet d'une illusion ou d'un fantasme –

Il serait inutile d'essayer de décrire sa beauté, qui n'est pas, à proprement parler, de l'ordre de la beauté physique ou formelle ; cette beauté s'apparente à une pure réalité de l’être.

Le charme se révèle toujours dans le mouvement ; mais il peut y être englouti, comme dans le néant, pour peu que le mouvement soit empreint de fausseté. Il y a des "faux mouvements" comme il y a des "fausses notes" : lorsque nous en sommes témoins, il nous semble que l'espace vivant se déchire, là où les corps, les traits et les gestes devraient exprimer une idée ou même, quelquefois, un idéal ; et notre appétit de transcendance s'engouffre dans la faille, insatisfait, frustré comme la foi d'un croyant à qui le divin refuserait de se révéler, alors qu'un instant plus tôt il s'annonçait encore.

Mais en la rencontrant, je découvrais le mouvement dans sa grâce absolue, à l'abri de la moindre faille. Ce n'était pas non plus à proprement parler une grâce d'ordre esthétique ni même une grâce en soi, ni même la grâce elle-même, mais une grâce que moi seul, je percevais, en dépit de son caractère absolu, et que je percevais dans sa perfection, comme si dans son absolu et dans sa perfection, elle avait quelque

on le dira précisément parce que l'on n'était pas à ma place, dans cette unique position où il était possible de percevoir cette grâce pour ce qu'elle était, dans son absolu, dans sa perfection.

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Le Seul Homme - roman par Marc D’Angelo

Et ce qui n'était pas le moins extraordinaire dans tout cela, c'est que tout, depuis la pointe des cils jusqu'à l'équilibre du bassin, depuis le dessin des lèvres jusqu'aux mains, ces mains

normalité. Cette normalité n'avait pourtant rien de véritablement "normal", dans le sens dégradé que l'on donne à ce mot. Tout arrivait, à cet instant, comme tout était arrivé, depuis toujours, partout dans l'univers : voilà ce qui était "normal".

Quand nous nous sommes a p p ro c h é s l ' u n d e l ' a u t re , quand elle m'a souri, quand nos regards se sont croisés et que je l'ai reconnue, j'ai senti quelque chose qui me soulevait du sol comme l'afflux d'une énergie à la fois physique et spirituelle, comme une vaste et profonde parole qui s'emparait de moi, une irruption générale du Verbe, comme si j'étais silencieusement envahi par la totalité de ce qui avait été dit par l'homme, pour des raisons d'amour, depuis la fondation du monde, et par tout ce que moi-même et tous les hommes nous allions dire, plus tard, pour les mêmes raisons, non pas à une femme ou à une autre, mais à toutes les femmes, et non pas seulement aux femmes humaines mais à la femme animale, végétale, minérale et angélique, à la Femme universelle.

dont aucune occupation humaine ne semblait digne et qui paraissaient néanmoins prêtes à toutes les sanctifier par leur activité, tout était situé – je dis bien situé – dans une totale et parfaite

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Alors, j'ai senti que j'allais m'envoler. Et cette perspective – si l'on peut l'appeler ainsi – m'apparaissait comme la chose la plus souhaitable et la plus naturelle et la plus nécessaire. Que pouvais-je faire d'autre, à cet instant ?


Élévation

Il n'y avait rien d'autre à faire. C'était comme l'appel d'un instant ultime, d'une libération du destin qui nous pèse, la sommation d'une mort merveilleuse qui était aussi une naissance.

Je me suis demandé si elle ressentait la même chose que moi, si elle allait s'envoler aussi et si nous allions nous envoler ensemble. Ce questionnement n'a fait que m'effleurer, car, d'une certaine façon, alors même que je ne pouvais pas ignorer qu'elle était la cause du phénomène ou du moins qu'elle en était indissociable, cela m'était tout à fait égal, de m'envoler seul ou en sa compagnie. J'étais à ce point moi-même – et dans un tel état d'âme, qui était un État d'Amour, sans rien de commun avec l'amour souffrant, avec l'amour profane – que je pouvais me passer de tout autre être que l'Être lui-même, cet Être qui était moi, qui était elle, qui était tout et dont je ne pouvais pas être séparé, de toute évidence.

Oui, c'était un "état normal", mais il n'avait rien d'ordinaire. Et ce qui allait arriver était une anomalie, un phénomène surnaturel d'après les normes que nous connaissons, puisque j'allais m'envoler, mais je l'éprouvais comme une chose normale.

Le temps entre le moment où cet envol s'est annoncé et le moment où il a commencé à se produire – ou si l'on préfère entre le moment où j'ai commencé à savoir que j'allais m'envoler et le moment où cet envol s'est produit, s'est étiré considérablement. Pour mieux dire encore : il n'y avait plus de temps, ou bien tout au contraire il y en avait à profusion. Il me semblait que je pouvais faire durer n'importe quel laps de temps autant que je le voulais ; mais l'on aurait pu dire tout aussi bien, avec une semblable véracité, que chaque laps de temps, s'inscrivant dans mon expérience, ne

variait pas réellement dans sa durée (si tant est qu'il y ait eu, en la circonstance, ce qui s'appelle une "durée"), mais que je pouvais en jouir dans la Vie éternelle.

Enfin, le moment est arrivé où je me suis senti soulevé, par une force douce et incoercible, au-dessus du sol. Il est difficile de rendre compte de la nature exacte de l'événement, car le fait même qu'il y ait eu un sol, ou ce qu'on désigne d'habitude par ce mot, devenait quelque peu douteux, et, dans le même temps, tout en m'élevant ainsi, je ne quittais pas le sol le moins du monde, j'y étais même rattaché, sans le moindre doute, plus efficacement que jamais, dans un contact plus solide et plus harmonieux que ne peut l'éprouver celui qui se tient et marche sur le sol, en temps ordinaire, avec ses deux pieds. Ensuite, les choses sont allées très vite.

J'avais à peine senti que j'allais être séparé, en m'envolant, de la cause splendide et manifeste de cet envol qui se tenait en ma présence – que j'allais donc m'éloigner d'elle – et j'avais à peine commencé d'éprouver, à ce moment-là, un regret terrible, infini, profond comme la douleur d'un être qui ne pourrait assouvir son désir d'incarnation quand il sait, quand il sent de toutes ses fibres que cette réception de l'esprit dans la chair répond à une nécessité aussi sainte et absolue que la Création du monde lui-même – dès lors que ce regret m'a effleuré de son aile, je n'ai plus rien senti du tout. Plus rien d'autre qu'une paix tellement vaste et profonde que le nom même de "paix" ne pouvait plus lui convenir tout à fait.

J'étais allongé sur le dos, sur l'herbe, dans les jardins, entouré par une petite foule habitée d'une gravité variable et modérément agitée. J'ai entendu quelqu’un d'inconnu qui riait, plus loin. On s'occupait

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Le Seul Homme - roman par Marc D’Angelo

On s'occupait de moi. J'avais les yeux tournés vers le ciel, au-dessus des jardins.

Elle était assise sur une chaise, du côté où j'avais la tête, dans une posture digne, un très fin sourire sur les lèvres, sans la plus infime trace d'inquiétude, de doute ou d'instabilité. Il y avait seulement, comme dans l'arrière-plan de son regard, une sorte de pensée lointaine, une sainte distraction. Elle avait l'air d'attendre, et c o n j o i n t e m e n t d e n e p a s a t t e n d re , quelque chose qui ne devait jamais arriver, ou plutôt qui était arrivé déjà, non pas un instant ou une minute ou une heure ou un jour plus tôt, mais qui était arrivé depuis toujours et qui ne provoquait, malgré son importance et malgré sa situation intermédiaire entre l'Epiphanie et l'Annonciation, aucune modification de son sentiment et de sa vision du monde. Et j'ai su, en la regardant, que ce qu'elle avait attendu ainsi, de cette bien étrange et sympathique façon, sur cette chaise de métal, c'était mon réveil ; je ne l'ai pas su à un quelconque signe émanant de sa personne ou bien parce que ses yeux, en se tournant vers moi, auraient exprimé un soulagement ou un salut muet, mais parce qu'il ne pouvait pas en être autrement : elle était là ; elle ne pouvait pas être ailleurs ; de toute éternité, sa présence s'accordait aux phases et aux seuils de mon évolution.

Quand elle m'a regardé à son tour, elle ne l'a pas fait avec ce qui se serait apparenté à une intention, mais comme pour satisfaire, là encore, à une nécessité entière. Et nos regards se sont croisés de nouveau – mais cette fois je ne me suis pas évanoui. Ce regard, d'une tendresse indicible, nous l'avons échangé comme si nous n'avions pas cessé, à aucun

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moment de cette scène et de tout ce qui l'avait précédée, de regarder à l'intérieur de nous-mêmes, à l'intérieur de la Terre, au-dessous de la surface des choses et au-delà des horizons, de regarder vers cet Être, vers cette "Êtreté", si je puis dire, vers cette présence d'un Cœur rayonnant et sans aucun battement dont la mesure inouïe se traduisait maintenant, dans son cœur humain et dans le mien, par un rythme parfait.

Nos regards se fondaient dans la direction de l'Être et déjà dans cet Être luimême, et derechef j'ai senti la force me soulever et j'ai su aussitôt, dans une joie aussi terrible, infinie et profonde que le regret antérieur, qu'elle venait avec moi.

Et nous sommes montés, unis et seuls, ensemble, dans un mouvement régulier comme la pulsation de nos cœurs, mais vers où ? et combien de temps ? il me serait impossible de le dire, mais je sais que selon les critères d'en-bas, quelques minutes à peine s'étaient écoulées puisque nous étions toujours dans les jardins, entourés du même attroupement un peu plus fébrile désormais parce que nous étions deux à nous être évanouis et que nous étions allongés, sur la pelouse, l'un à côté de l'autre, comme deux gisants.

Elle a pris ma main et j'ai pris la sienne, dans une exacte simultanéité d'impulsion et de geste, et nous sommes restés immobiles et respirant sans fin, dans l'atmosphère paisible et fraîche du printemps qui était arrivé, et je crois que nous sommes toujours au même endroit, dans la même position et dans le même état d'âme – à ceci près qu'il a fallu tout de même que je me lève, et que j'écrive, pour rédiger ce témoignage.


Les ateliers d’initiation - peinture & sculpture

En cette rentrée de septembre le siège de notre association, l’ARTelier, vous réserve de nouvelles surprises. En effet, notre amie sculpteur, Florence Duet, y travaillera désormais à demeure dès le 1er octobre prochain et exposera une grande partie de ses créations dans notre showroom. Autre nouveauté, Florence dispensera également ses cours (individuels et collectifs ) d’initiation à la sculpture sur pierre au sein même de l’ARTelier.

Florence Duet

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2018 - 2019 avec Florence Duet et Mirabelle

Mirabelle poursuit ses activités au sein de l’ARTelier avec notamment des stages d’initiation à la peinture à l’aquarelle et à l’acrylique. Les cours ont commencé depuis le 1er septembre et affichent quasiment complet. Parallèlement, Mirabelle prévoit l’organisation d’ateliers en plein air qui seront mis en place d’ici quelques semaines. De plus amples informations, les dates et les conditions de participation des stages seront développés sur notre page Facebook @AssociationArt’Ochtones et dans le prochain ART’O Mag. Mirabelle

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Paradoxe du

Ô Le Ô n’est jamais silencieux. Dans le cadre du prochain Open des Artistes de la Galerie l’Entrepôt, Daniel Boeri propose une réflexion autour de l’usage du Ô.

Graphème de l’alphabet latin et vietnamien, nous nous intéresserons à sa portée vocale.

Le Ô, loue, interpelle, apostrophe, acclame, invite à l’action par le corps. Il exprime une réaction spontanée et attise l’attention.

Paradoxalement, par sa simplicité, ce graphème invite à la multiplication des gestes.

Appel vocatif, action, geste d ’ i n t e r p e l l e r, a p o s t r o p h e , l e Ô exprime la surprise, l’admiration, la crainte ou l’effroi.

Quelque soit le sentiment il exprime une ré-action à travers un geste.

Il élimine la passivité, il passe à l’action, spontanée ou réfléchie…

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EXPOSITION

Open des Artistes 2019

Galerie l’Entrepôt

Monaco

www.lentrepot-monaco.com 30


Florence DUET Sculpteur Showroom, L’ARTelier - Monaco

5ème Anniversaire de l’Association Les ART’Ochtones

Exposition : décembre 2017 - automne 2018

Exposition Artistes du Monde - Cannes

21-24 septembre 2018

#agenda

www.florenceduet.com

MARILOU - Marie-Lys MICHEL Dessinateur Showroom, L’ARTelier - Monaco

5ème Anniversaire de l’Association Les ART’Ochtones

Exposition : décembre 2017 - automne 2018

www.facebook.com/Marilou

Charles FRANCH-GUERRA Photographe Showroom, L’ARTelier - Monaco

5ème Anniversaire de l’Association Les ART’Ochtones

Exposition : décembre 2017 - été 2018

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MIRABELLE - Murielle VELAY-MICHEL Peintre - Sculpteur Galerie - La Quincaillerie d’Art - Nice

Showroom - L’ARTelier - Monaco

Showroom - MOV’IN - - Monaco

5ème Anniversaire des ART’Ochtones

Exposition : décembre 2017 - automne 2018

Exposition Artistes du Monde - Cannes

21-24 septembre 2018

www.mirabelleart.com

TOM - Thierry DE MASSIA Peintre - Sculpteur - Compositeur - Ecrivain Showroom - L’ARTelier - Monaco

5ème Anniversaire de l’Association Les ART’Ochtones

Exposition : décembre 2017 - automne 2018

www.jamendo.com-thierry-de-massia

TCHOBA - Joël TCHOBANIAN Concepteur visuel Showroom - L’ARTelier - Monaco

Exposition - Le Sensais - Monaco

5ème Anniversaire de l’Association Les ART’Ochtones

Exposition : décembre 2017 - automne 2018

www.tchoba.com

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Qui sommes-nous ?

" L e s A RT ' o c h t o n e s " e s t u n e a s s o c i a t i o n d ' a r t i s t e s d e Monaco et des communes limitrophes née de la passion des arts visuels.

L'association regroupe des artistes créateurs, élabore des événements artistiques et des expositions. Elle sensibilise et apporte une médiation par les arts visuels.

Sa structure associe les artistes membres et membres d'honneur, les artistes collaborateurs, les médias, galeries, curateurs, collectionneurs, éditeurs, critiques d’arts, établissements scolaires et de soin, mécènes et le public non adhérent.

LE BUREAU CONSEIL D’ADMINISTRATION

Présidente :

Murielle Velay-Michel alias MIRABELLE, peintre - sculpteur

Contact : 06 07 93 27 16

Secrétaire Général :

Joël Tchobanian alias TCHOBA, créateur visuel

Contact : 06 40 62 45 86

MEMBRES ACTIFS

Florence Duet, sculpteur

Thierry de Massia alias TOM, peintre, sculpteur, compositeur, musicien, concepteur visuel

Marie-Lys Michel alias MARILOU, dessinatrice

Charles Franch-Guerra, photographe

MEMBRES D’HONNEUR & ARTISTES COLLABORATEURS

Daniel Boéri, Conseiller national, membre d’honneur

Mateo Mor nar, sculpteur, membre d’honneur

Lothar Guderian, plasticien, membre d’honneur

Marc D’Angelo, écrivain, poète, essayiste, membre d’honneur

Jean-Marie Fondacaro, sculpteur, membre d’honneur

Blaise Devissi, peintre - sculpteur

Christian Longinotti, peintre, dessinateur

Florence Dabezies-Fraisse, écrivain

Isabelle De Toytot, céramiste

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Où trouver votre Mag ? POINTS DE DISTRIBUTION L’ARTelier - 5 Allée Guillaume Apollinaire - Monaco

Galerie l’Entrepôt - 22, rue de Millo - Monaco

Forum Grimaldi - 10, Avenue Princesse Grâce - Monaco

La Quincaillerie d’Art - 41, Rue Verdi, Nice

INFORMATIONS PRATIQUES CONTACT : MURIELLE VELAY-MICHEL

mirabelleart@hotmail.fr

(+ 33) 06 07 93 27 16

BULLETIN D’ABONNEMENT L’ART’O Mag est exclusivement réalisé par des créateurs et des journalistes bénévoles. Vous souhaitez les soutenir et nous aider à faire connaitre les artistes de notre région ? Renvoyez ce bulletin accompagné de votre règlement, par chèque, à : Association Les ART’Ochtones, 5 allée Guillaume Apollinaire, Les Jacarandas, MC 98000 Monaco

OUI ,

je m’abonne à ART’O Mag.

Pour 1 an (4 numéros) 19,50 € (frais d’expédition inclus) NOM-PRENOM………………………………………………… ADRESSE………………………………………………………. …………………………………………………………………… CODE POSTAL……………………….VILLE………………… E-MAIL………………………………………………………….. T ELEPHONE… ……… ……… … ……… … ……… … … … … …


L’ A R T E L I E R

RÉDACTRICE EN CHEF Murielle VELAY-MICHEL ont collaboré à ce numéro :

Association Les ART’O chtones

OUVERT DU LUNDI AU VENDREDI de 10 h à 19 h

PHOTOGRAPHIE

sur rendez-vous

5,

ALLÉE

Daniel BOERI Marc D’ANGELO Thierry DE MASSIA

GUILLAUME APOLLINAIRE - LES JACARANDAS - MONACO

BLOC B4 - 3ÈME ÉTAGE

CONTACT : 06 07 93 27 16

EMAIL : ARTOCHTONES@GMAIL.COM

www.artochtones-monaco.com MiraBelleArt&Design@

Daniel BOERI Thierry DE MASSIA Florence DUET Archives - ART’Ochtones COUVERTURE GRAPHISME Mirabelle-Art&Design© IMPRESSION Graphic Service Monaco

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