L'apprentissage expérientiel

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DOSSIER

L’apprentissage expérientiel

L’APPRENTISSAGE EXPÉRIENTIEL : PRÉPARER LES JURISTES DE DEMAIN Claire Farnoux (LL. M. 2014) Claire Farnoux est actuellement élève avocate à l’École de formation professionnelle des Barreaux de Paris. Titulaire d’un Bachelor en Sciences Politiques et Économie, elle est diplômée de Sciences Po Paris en droit européen et de l’Université de Montréal en droit des affaires.

Nicholas Bertram (J.D. 2015) Nicholas Bertram, avocat, est diplômé de la Faculté de droit de l’Université de Montréal où il a obtenu un baccalauréat en droit civil et un juris doctor en common law. Il détient également une formation en biochimie.

Claire et Nicholas ont participé au programme LawWithoutWalls durant leur parcours à la Faculté de droit à l’Université de Montréal. Cette expérience leur a permis de réfléchir à la place de l’apprentissage expérientiel dans l’enseignement du droit. En tant que jeune avocat aujourd’hui, est-il suffisant de maîtriser un raisonnement juridique et le droit substantif pour réussir et servir convenablement ses clients ? L’Association du Barreau canadien, dans son rapport Avenirs en droit, constate que, dans un futur proche, « [l]es avocats auront vraisemblablement besoin d’un ensemble de compétences plus vaste que celui qu’offrent à l’heure actuelle les établissements universitaires, d’éducation et de formation complémentaires »1. Ainsi, la question se pose. Est-ce que la formation universitaire peut être améliorée pour mieux répondre aux besoins des étudiants et du marché ? Le même rapport de l’ABC précise, par exemple, que les conseillers juridiques d’entreprise recherchent dorénavant des candidats versés en affaires. Les grands cabinets souhaitent recruter des diplômés ayant acquis des compétences en gestion de risques, en création d’entreprises, en finances, en négociation, en intelligence culturelle et d’excellentes aptitudes de communication. Par ailleurs, les petits cabinets et les juristes en pratique solo souhaitent que les futurs avocats démontrent des compétences de base en technologie, des compétences en gestion financière et en marketing juridique2.

De plus, un nombre croissant d’emplois dans le monde juridique exigent une polyvalence et une capacité à fonctionner dans un environnement multidisciplinaire. C’est souvent le cas pour le conseiller juridique d’entreprise qui se retrouve à travailler avec des équipes formées d’ingénieurs, d’experts des opérations, de professionnels des technologies de l’information, de comptables ou de spécialistes des ressources humaines. Cette personne « dirige des équipes et assiste à des réunions où l’on s’attend à ce qu’elle comprenne les états financiers et l’effet qu’ont les décisions prises sur le rendement financier de l’entité, tout comme les répercussions des besoins en dotation en personnel. Et toutes ces choses-là, on ne les lui a pas apprises à l’école de droit […] »3. L’ABC invite les facultés de droit à innover pour offrir un plus grand éventail d’options aux étudiants 4. Alors, dans cette optique, quelles nouvelles options pourraient être offertes par une faculté de droit à ses étudiants ?

« les petits cabinets et les juristes en pratique solo souhaitent que les futurs avocats démontrent des compétences de base en technologie, des compétences en gestion financière, en marketing juridique et en gestion » La Faculté de droit de l’Université de Montréal offre présentement certaines activités privilégiant l’apprentissage expérientiel au nombre desquelles ont peut citer les cliniques juridiques, le tribunal-école, les cours de rédaction et les concours de plaidoirie. Ces activités font soit partie du curriculum obligatoire ou font l’objet d’un choix par l’étudiant. Celles-ci offrent à l’étudiant la possibilité de développer des aptitudes telles que la plaidoirie, la rédaction de documents, la synthèse de faits et la communication avec un client. Toutefois, nous soutenons que les offres d’apprentissage expérientiel proposées par les facultés de droit devraient être plus nombreuses, élargissant ainsi l’éventail de compétences plus pointues. En France, la toute jeune École de droit de Sciences Po Paris propose à ses élèves une méthode d’apprentissage du droit permettant, selon son directeur, Maître Christophe Jamin, l’acquisition d’aptitudes qu’il compare à une « boîte à outils ». Selon lui, « de manière générale, le juriste doit être moins celui qui détermine la limite à ne pas franchir, en énonçant la règle applicable, que celui dont on attend qu’il facilite la réalisation d’une multitude de projets »5. La formation en alternance, tout comme l’année de césure qui permet d’effectuer un an de stage au milieu du parcours universitaire, sont des outils de formation de plus en plus plébiscités des étudiants de droit français. Enfin,

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