Mayotte Hebdo n°885

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Le mot de la rédaction

Partir, rester, revenir De l'envie au constat : c'est le titre de notre dossier de la semaine consacré aux mahopolitains. Ce mot-valise, contraction de "mahorais" et de "métropolitains", en dit d'ailleurs beaucoup sur l'écart qui sépare l'Hexagone de Mayotte. Un écart si prononcé qu'il faut, en effet, inventer un nouveau nom à cette nouvelle population, à ces jeunes qui partent, souvent sans revenir. Mode de vie et objectifs professionnels sont en effet au cœur de leur hésitation. Un vrai problème, car comment espérer développer un territoire si ces forces vives, celles qui sont désormais qualifiées, n'y œuvrent pas ? Vous trouverez ici leur vision des choses. Il y a ceux qui partent, mais aussi ceux qui restent, même s'ils ne sont pas nés ici. C'est le cas de Cécile BruckertPelourdeau, passionnée de Mayotte et directrice de l'école Musique à Mayotte, qu'elle a contribué à créer il y a déjà 21 ans. Un beau défi pour transmettre aux

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jeunes une partie de l'héritage culturel de leur île. Elle se confie dans notre rubrique Mayotte et moi. Musique toujours, avec cette fois Camille Monnerie, secrétaire de l'association Yelewa Jazz, qui organise le festival du même nom. Une belle initiative qui contribue à faire connaître notre département, encore trop pauvre en évènements culturels. Elle répond à nos questions sur celui-ci dans notre entretien de la semaine. Enfin, puisque le développement passe aussi par l'industrie, le commerce, les entreprises, nous avons visité le lieu sans lequel rien ne serait possible. Le port, une ville dans la ville, machine bien rodée en constant mouvement, dévoile ses rouages dans notre reportage. Bonne lecture à tous.

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coup d’œil dans ce que j'en pense

Laurent Canavate

Mayotte Hebdo n°466, vendredi 12 mars 2010

Un développement économique indispensable Au 1er janvier 2014, l'essentiel des recettes de la Collectivité - taxes douanières, impôts sur les sociétés et sur les revenus - reviendront dans la caisse nationale commune. La solidarité nationale compensera en partie ces pertes, mais pour les communes aussi, l'essentiel des richesses, l'essentiel des budgets à venir seront assurés par les prélèvements sur la population et les entreprises. Cela passera notamment dans les communes par les taxes sur le foncier et les bâtiments, le ramassage des ordures, mais aussi par la taxe professionnelle. Les aménagements communaux, mais aussi toute la politique sociale du conseil général - qui dans certains départements représente 60% des dépenses - devront s'appuyer sur ces ressources propres. Et c'est là que les élus chargés du développement économique et tous les autres, les services techniques du conseil général, les conseillers économiques du président doivent jouer pleinement leur rôle. Car si les entreprises locales ne sont pas développées, ne réalisent pas des bénéfices, les caisses du conseil général et des communes seront vides. Il sera alors bien difficile de payer les salaires des milliers d'agents qui y ont été embauchés. Si les entreprises ne sont pas en bonne santé, elles ne pourront pas embaucher, augmenter les salaires, investir et générer du développement. Et dans ce cas, les chômeurs, les indigents, plus nombreux, se retourneront vers le Conseil général pour être pris en charge. Il est temps de mettre un terme à ce désintérêt des politiques pour l'économie. Il est temps que nos élus soient sensibilisés à cette urgence pour réussir une éventuelle départementalisation. Aujourd'hui, les communes ont beau jeu de dire qu'elles n'ont pas les moyens, souvent elles ne l'utilisent pas. Et le peu d'argent qu'elles ont leur provient de dotations de l'État, donc elles peuvent le gaspiller… à travers des dépenses de fonctionnement anormales, des CES et des embauches de complaisance à la pelle qui remplacent les prestations sociales inexistantes. Sauf que quand ces agents seront intégrés dans la fonction publique territoriale, ils seront là pour quelques années. Ils empêcheront les communes de recruter, de s'entourer de collaborateurs compétents, nécessaires à assurer le développement économique de leur territoire, qui entraînera sa richesse. Et nos enfants, vos enfants qui reviendront diplômés, compétents, motivés, ne trouveront pas de boulot.

Les communes et le conseil général doivent penser quasiment toutes leurs réflexions, leurs décisions, à l'aune de ce développement économique indispensable, vital, seul à même de permettre de réussir la départementalisation. Seul à même de permettre à la population de trouver un travail, aux salaires de continuer à croître, aux communes de remplir leurs caisses afin d'aménager, d'embellir, de développer leur territoire. Si ces défis ne sont pas relevés, les chômeurs s'accumuleront, les communes n'auront même pas les moyens de payer leurs salariés et la rancœur grossira contre les élus qui n'ont pas su mettre en place aujourd'hui les conditions du développement. Il n'y aura plus que des gens aigris, chômeurs, vivant avec un RMI au rabais et incapables de payer le moindre impôt. Il est possible, il faut fermer la porte à cette éventualité et s'engager dans une spirale du développement. La collectivité, les communes doivent mettre en place des zones d'activités, viabilisées, soutenir tous les projets d'implantation sur leurs territoires, dynamiser les zones industrielles comme à Longoni, où des demandes de terrains attendent depuis 2002. Des marchés, accélérateurs du développement agricole et artisanal, doivent sortir de terre pour faciliter la rencontre entre l'offre de ces produits agricoles frais, locaux et les consommateurs avides de ces productions qu'ils ne trouvent que sur des bords de routes boueux ou poussiéreux, à la merci de la circulation, posés sur des morceaux de cartons sales ! Ou alors au marché de Mamoudzou. Le front de mer doit être beau, accueillant, vivant. La circulation routière doit être fluide. Les entreprises locales doivent être favorisées, soutenues, encouragées. Il faut qu'elles grandissent, qu'elles s'enrichissent, fassent des bénéfices, condition de leur développement. Elles doivent être payées pour leur travail dans des délais raisonnables. Les élus doivent comprendre cela. Ils doivent le faire comprendre à leurs services techniques et s'engager sur cette voie. Dans les plus brefs délais. C'était à mon avis un préalable à la départementalisation. Bien trop peu a été fait. Il faut s'y atteler de suite. Cela passe par des relations étroites entre les hommes - et femmes - politiques et les chefs d'entreprises, par des visites régulières sur le terrain, par un soutien actif aux dossiers en cours. C'est par ce travail en commun que Mayotte et sa population s'enrichiront.

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Mairies, Conseil général, etc. : des milliers d'agents à former

MAYOTTE

Le CNFPT (Centre national de la fonction publique territoriale) de Mayotte présente aux cadres des collectivités locales les résultats d'une impressionnante enquête réalisée en 2008 dans six communes pour analyser les besoins en formation des agents. Le constat, sans commune mesure avec la situation qui prévaut en métropole, est alarmant : 59% des agents de catégorie C ont seulement un niveau d'école primaire ou coranique et 47% des cadres de catégorie A sont des autodidactes. Plus préoccupant encore : 15 à 25% des agents (soit plus de 1 000 agents) sont non francophones et/ou analphabètes. Avec la départementalisation et les nouvelles compétences qui vont être dévolues aux communes et au futur département-région, les besoins en formation du personnel paraissent impossibles à satisfaire à temps.

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Mayotte Hebdo n°428, vendredi 15 mai 2009.

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Nouvelle aérogare : l'envol

"Mayotte prend son envol", entamions-nous notre article à l'occasion de l'ouverture de la nouvelle aérogare. La population est heureuse. "On n’y croyait plus !", s’exclamait une sexagénaire, émue de poser le pied dans un aéroport du 21e siècle. Venue pour accompagner un voyageur en partance pour Nairobi, la femme faisait partie des notables conviés à faire une lecture de sourates du Coran lors d’un chidjabou pour protéger les lieux. Ainsi, elle a eu la chance de visiter en avant-première la nouvelle aérogare en expliquant : "Ma mère et mes tantes étaient des chatouilleuses et elles se sont battues pour qu’aujourd’hui nos enfants puissent profiter d’une telle structure." Dénommé aéroport international Marcel Henry, l'hommage au combat pour Mayotte française est clairement affiché.

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Mayotte Hebdo n°659, vendredi 16 mai 2014.

GRAND CHOIX DE LEURRES

la photo d'archive Un comité de suivi pour Mayotte 2025

Juin 2014 : pour la première fois, un ministre de l'Intérieur vient à Mayotte. Bernard Cazeneuve, accompagné de son homologue du ministère des Outremer Georges Pau-Langevin, entame en effet sa tournée ultramarine par Mayotte. Grande annonce : exit le Pacte pour la départementalisation, alors qualifié de "coquille vide", et place officiellement à Mayotte 2025.

PALMES AQUAGYM

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tchaks L'action Un concours d'éloquence pour les jeunes Les élèves de 3ème du collège Kawéni 2, à Mamoudzou, s'adonneront à un concours d'éloquence samedi 8 juin à l'amphithéâtre du lycée Mamoudzou Nord à 10h. Depuis quelques semaines maintenant les collégiens s'exercent en prenant exemple sur des modèles "de l'expression et de la conviction" a indiqué l'établissement. Les jeunes orateurs se montreront sous leurs plus belles paroles, mais dévoileront également leur pouvoir de persuasion à un public divers et varié qui sera sans aucun doute tout ouïe.

Le chiffre

La phrase

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"C'est une reconnaissance de la qualité de françaismusulmans des Mahorais."

C'est le nombre de policiers municipaux de Mamoudzou, sur 38 en tout, qui ont été formés à l'usage du pistolet semi-automatique. Une première à Mayotte pour permettre aux agents d'opérer dans une plus grande sécurité : "Nous exerçons des missions que nous pouvons qualifier de régaliennes. Nous avons déjà eu des blessés dans nos différentes interventions. C’est une question d’assurance pour nous", a expliqué Anfane M'Dogo, directeur de la police municipale de la commune. À la fin du mois de juin prochain, une nouvelle session de formation permettra aux 28 policiers restants de pouvoir porter, eux aussi, une arme de service.

La députée Ramlati Ali salue la décision de l'ambassade d'Arabie Saoudite en France d'envoyer prochainement une délégation consulaire saoudienne à La Réunion, puis à Mayotte, "pour délivrer les visas aux pèlerins mahorais désireux d'effectuer le grand pèlerinage à La Mecque. Jusqu'à présent, les musulmans du 101ème département étaient contraints de transiter par l'île intense ou l'Union des Comores pour se voir délivrer leur "visas Hadj" pour l'Arabie Saoudite. En moyenne, près de 600 départs pour La Mecque sont effectués chaque année depuis Mayotte.

La photo de la semaine Des catamarans bien arrivés

Quatre mois après son départ des Sables-d’Olonne, le catamaran Kaena est arrivé à Mayotte vendredi 10 mai dans la matinée. Il vient enrichir l'offre de tourisme dans le lagon, mais pas seulement puisque son propriétaire et capitaine, Cyrille Civetta, gérant de Planète bleue, souhaite développer une offre dans toute la région. Au moment où nous bouclions ces lignes, Maitai, le second catamaran, appartenant cette fois à Pascal Jardin de NBC Travel, devait arriver pour sa part samedi 18. Caribou à eux !

Social La Croix-Rouge à la rencontre du public Journées nationales de la Croix- Rouge les 18, 20, 25 et 26 mai prochains, afin de les sensibiliser à l'action de l'organisme et de récolter des dons. À cette occasion, les bénévoles de l'antenne départementale iront à la rencontre du public dans de nombreux lieux fréquentés : Sodifram, aéroport, centre commercial du Baobab, marché couvert, SNIE, barge, etc., pour présenter leur action.

be r e v o r p Le Bea la kuhu de uwana Les compagnons de la poule sont ses enfants

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Le flop Le top Des coupeurs de route arrêtés

Ils étaient "activement recherchés" depuis plusieurs mois. Plusieurs individus suspectés d'être les auteurs de "très nombreux faits qualifiés de criminels, dont certains commis avec une extrême violence, objets de plusieurs commissions rogatoires" en zones police et gendarmerie, ont été interpellés la semaine dernière et placés en garde à vue. "Après des semaines d’investigation, de recherches et de surveillances, les gendarmes de l’Antenne du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (A-GIGN), en appui de ceux de la Section de recherches (SR) de Pamandzi et de la Brigade territoriale autonome (BTA) de Sada, sont parvenus à interpeller plusieurs individus, d’une même bande organisée, présumés responsables de multiples vols à main armée, cambriolages, viols et agressions nocturnes commises sur des axes routiers, communément dénommés "coupeurs de route"", précise les gendarmes. Des arrestations "particulièrement difficiles à réaliser", compte tenu de "l'extrême méfiance des individus, de leur mobilité et de leurs lieux de cache, en pleine nature."

Ils font l'actu Christian Jacob

Le président du groupe Les Républicains à l'Assemblée nationale était en visite à Mayotte du dimanche 12 au mardi 14 mai. Objectif de cette venue : se rendre compte des réelles difficultés du territoire, mais aussi faire campagne en vue des prochaines élections européennes. L'occasion également pour le député Mansour Kamardine, également membre du parti Les républicains, de se réjouir de l'appui du responsable quant à sa demande d'inscription de sa proposition de loi programme de rattrapage de Mayotte à l'ordre du jour des travaux parlementaires du mois de juin (lire Mayotte Hebdo n°883). Celle-ci a en effet été enregistrée le 30 avril après un "examen attentif" de sa recevabilité juridique et financière.

Visite

Plus de vice-recteur pour Mayotte

La nouvelle a surpris : Stephan Martens, jusqu'alors vice-recteur de Mayotte, arrivé il y a à peine 11 mois, a annoncé quitter ses fonctions soudainement, jeudi 9 mai. Une démission qui a pris effet ce mercredi 15. Motif invoqué : "des raisons familiales et personnelles." L'homme devait notamment mettre en place le rectorat de plein exercice acté dans le Plan d'avenir pour Mayotte, un dossier majeur pour le département. Le ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer a réagi sur ce point, assurant que "la continuité du service public de l’Éducation nationale sera pleinement assurée sur ce territoire, grâce à l’investissement des personnels administratifs et enseignants", que "La nomination de son successeur interviendra dans les plus brefs délais", et que "tout sera mis en œuvre (…) pour que le département de Mayotte soit doté d’un rectorat de plein exercice à l’horizon 2020."

Soulaimana Noussoura

L'auteur mahorais, président du Club des écrivains et amis de la lecture (Ceal) appelle l'ensemble des acteurs publics à rédiger et signer ensemble un document commun pour le développement de Mayotte afin de le remettre au président Emmanuel Macron. "Tout le monde est d’accord sur le fait que l’État intervient à Mayotte à moins de la moitié des moyens mobilisés par habitant au niveau national", explique-t-il en détaillant : "Il y a donc lieu de régulariser la situation au moyen d’une étude des besoins suivie de conventions sectorielles dans les domaines suscités. Ces documents contractuels devront indiquer les besoins, le financement et le calendrier. Il conviendrait d’ajouter à ces préalables des sujets d’une brûlante actualité dans l’île, à savoir : l’eau, l’assainissement et l’habitat." Parmi ses préconisations : devenir préfecture de région, mise en place rapide de l'Agence régionale de santé et du rectorat de plein exercice, possible réalisation d'un deuxième aéroport en Grande-Terre, amélioration des liaisons aériennes, alignement des prestations sociales sur le national, etc.

sondage

Le défenseur des droits à Mayotte Jacques Toubon, Défenseur des Droits, viendra à Mayotte les 2 et 3 octobre prochains. Il sera accompagné de "juristes de [son] équipe et [de] la défenseure des enfants, Geneviève Avenard", mentionne sa lettre au député Mansour Kamardine, qui l'avait invité à venir en visite sur le territoire en septembre dernier. "Dans l'objectif de vous présenter ce déplacement et de pouvoir discuter des problèmes dont vous vous êtes vous-mêmes saisis et qui relèvent de mes compétences, j'aurais souhaité pouvoir rencontrer l'ensemble des parlementaires de Mayotte", demande également Jacques Toubon.

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mayotte et moi

Solène Peillard

Cécile Bruckert-Pelo Porte-voix de la musique à Mayotte

Elle est à la tête de la seule école locale de musique depuis plus de 20 ans. À travers son association "Musique à Mayotte", Cécile Bruckert-Pelourdeau s'engage pour sauvegarder la culture traditionnelle d'une île qui est devenue la sienne. Rien ne prédestinait cette couturière à diriger l'unique école de musique du 101ème département. Pourtant, en 1998, c'est bien vers Cécile Bruckert-Pelourdeau que se tournent trois familles mahoraises, inquiètes de ne voir aucune formation musicale dispensée sur leur île. Cela faisait déjà presque dix ans que la "mzunguette" avait débarqué à Mayotte, en y suivant son mari recruté par le Centre hospitalier de Mayotte (CHM). Issue d'une famille de musiciens, Cécile connaît bien le quatrième art, qu'elle a joué dès son plus jeune âge. Alors, la mère de famille accepte de relever le défi. En seulement quelques mois, l'école associative "Musique à Mayotte" voit le jour. Vingt-et-un ans plus tard, elle dispense chaque année scolaire quelque 5 544 heures de cours. Pour mener à bien cette entreprise inédite, Cécile Bruckert-Pelourdeau a dû raccrocher les aiguilles. Formée aux métiers de la mode, elle avait choisi, en arrivant ici, d'enseigner la couture au sein de l'Association pour la promotion de la culture de Mayotte (APCM). Comme une sorte de présage. "Des religieuses de l'est de la France avait monté cette structure", se souvient-elle. "C'est elles qui ont mis en place les premières maternelles et les centres de formation pour les jeunes filles." Finalement, leur atelier se privatise, les machines sont envoyées à Madagascar. Rien qui ne décourage Cécile : "On a rouvert d'autres ateliers, puis on a fait Ouhayati", raconte-t-elle au gré de ses souvenirs. Pendant presque vingt ans – jusqu'en 2008 –, cette association forme des artisans mahorais dans plusieurs domaines : couture bien-sûr, mais aussi sculpture, peinture, encadrement, etc., avec toujours cette même volonté de préserver le savoir-faire traditionnel qui fait la richesse du patrimoine local. Contre la fuite des traditions C'est ce patrimoine immatériel que transmet aujourd'hui l'école Musique à Mayotte à plus de 365

adhérents de trois ans à point d'âge. Au programme : chant, instruments classiques comme la guitare, le violon ou le piano, mais aussi instruments mahorais ancestraux. "Chaque année, sur trois périodes d'un mois, on axe sur les musiques traditionnelles", développe Cécile Bruckert-Pelourdeau. "On fait venir le directeur de l'académie musicale de Zanzibar, qui connaît les mêmes problématiques que nous : la perte de la pratique et même de la connaissance des instruments traditionnels." Pour aller plus loin, Musique à Mayotte a organisé un stage dédié en 2018, dans le cadre du dispositif national "C'est mon patrimoine !". Des enfants de cinquième et sixième sont ainsi allés à la rencontre de plusieurs fundi pour apprendre à confectionner eux-mêmes leurs propres instruments locaux comme les masheve, des petites percussions. Reconduite cette année, l'opération permettra cette fois aux apprentis de la première édition de devenir, à leur tour, formateurs auprès des plus jeunes. "Et les plus grands iront à Chiconi où ils rencontreront Colo Assani, artisan-créateur de gabussi !", ajoute Cécile Bruckert-Pelourdeau. Enfin, début juillet, une quarantaine d'enfants suivront un stage sur les halé halélé à la bibliothèque de Pamandzi, qui abrite les locaux secondaires de l'école de musique. Les jeunes élèves créeront leurs propres contes autour des instruments de Mayotte. "Certains vont travailler sur l'écriture des textes, d'autres sur l'expression scénique et l'improvisation, ou avec des enseignants de l'école sur la mise en musique des contes", se réjouit Cécile Bruckert-Pelourdeau, qui s'est également engagée en faveur de la formation professionnelle des musiciens intervenants. Avec le collectif Arts Confondus, elle encadrera début juin la venue du directeur du centre dédié de Poitiers, le seul de France à accueillir des musiciens issus de la transmission orale, qui ne savent ni lire ni écrire la musique. n

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mayotte et moi

Cécile Bruckert-Pelourdeau

Mon endroit favori Il y a un endroit que j'adore en Petite-Terre ! C'est la petite plage de sable blanc en contrebas du four à chaux. Il y a toujours des enfants qui y jouent, pendant que les pêcheurs arrivent dans leurs barques, du côté droit. Elle offre une vue qui reflète toute l'immensité du lagon, et en même temps, on peut y voir presque tout le relief de Mayotte du nord jusqu'au sud : le mont Choungui qui pointe, le Bénara, la ville de Mamoudzou et les îlots.

mon meilleur souvenir à Mayotte Il n'y en a pas qu'un, mais ils sont tous liés au collectif. Ici, il y a toujours cette force d'être ensemble, de faire ensemble. Parfois je me demande si les Mahorais savent vivre seuls. Peut-être pas ! J'ai plein d'images en tête : les femmes qui dansent le debaa, les hordes de gamins qui courent tous sous les gouttières lorsqu'il pleut, ces gosses qui jouent, préparent des gâteaux, etc. Ici, le collectif prend toute la place et ça nous donne parfois de belles leçons.

mon œuvre préférée Je me suis beaucoup occupée de l'artisanat, tout ce qu'on fait avec ses mains est un art. Alors je pense à Conflit, le sculpteur qui a fait ce grand homme en marche sur le rond-point de Dembéni. Malgré sa canne, il vieillit plutôt bien et je trouve qu'il n'y a pas énormément de pièces visuelles de ce genre. Celle-ci n'est faite qu'à base de végétaux, ça décline toute la tradition du tissage et ça va aussi avec la musique. Les masheve, c'est aussi un système de tressage et de tissage.

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ma photo marquante Depuis le temps, j'en ai des photos ! Mais je me rappelle particulièrement de celle-ci, prise à Sada en 1989. Je venais d'arriver avec mes trois enfants. La plus jeune, Juliette, n'avait même pas un mois quand notre nounou m'a demandé d'emmener dans son village mon bébé pour la nuit. Je n'étais pas rassurée, mais j'ai passé un contrat de confiance avec elle en la voyant insister. Je n'ai pas beaucoup dormi cette nuitlà ! Le lendemain, je les ai rejointes à Sada. Quand j'y suis arrivée, c'était la fête, l'hystérie autour de Juliette : elle était maquillée, il la faisait danser, mon bout de chou mzungu ! Ensuite avec les habitants, nous avons râpé de la coco et fait des gâteaux. C'était un très beau moment de partage en plein ramadan. Sur la photo, c'est ma fille et sa nounou, dans sa maison.

ma bonne idée pour Mayotte Il y a une idée de l'ancien lieutenant de police Chamassi que j'aime beaucoup : plutôt que d'avoir une base militaire à Dzaoudzi, qui est un peu protégée, pourquoi ne pas l'installer à M'tsamboro ? On sait que c'est la porte d'entrée des clandestins, et ce n'est pas deux vedettes rapides qui vont changer la donne. Au lieu de faire de la répression à l'intérieur de l'île, il vaudrait mieux se protéger des arrivées et ça serait moins violent pour tout le monde. Quand on voit la situation aux Comores, je comprends ceux qui veulent venir à Mayotte, mais l'île est en train d'étouffer. Il faut stopper l'hémorragie, pour ensuite pouvoir traiter les symptômes.

Une chorale à M'Gombani Toute l'année, l'association Musique à Mayotte organise des rencontres et évènements musicaux. Le prochain rendez-vous est donné à la MJC de M'gombani où 100 petits choristes de classes de CM2 viendront chanter mercredi 26 juin à 17h. Une soixantaine d'autres enfants, issus des classes option musique, formeront un orchestre complet.

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le dossier

Toianti Madi (avec G.V)

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Le phénomène est une des entraves au développement de Mayotte : ses étudiants quittent le territoire pour se former en métropole ou à La Réunion, et tous n'y reviennent pas. En cause : un manque d'attractivité bien connu en termes d'infrastructures et un marché de l'emploi que beaucoup de jeunes pensent, parfois à tort, sinistré. Un vrai handicap pour poursuivre le développement d'un territoire car, sans ses forces vivres, sur qui peutil compter à long terme ? Cette semaine, Mayotte Hebdo s'est donc intéressé aux mahopolitains, et leur a demandé ce qu'ils pensaient de leur île.

hopolitains

l'envie au constat 13

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le dossier

Mahopolitains

Ce qu'ils pensent de leur île Si l'immigration est souvent mise en avant dans la diminution de la part des Mahorais dans la population de l'île, un autre phénomène joue un rôle majeur dans le processus : le départ des Mahorais de leur île de naissance. Pour des raisons de formations et d'emplois, parfois partis tout jeune avec leurs parents, certains choisissent de ne pas revenir, d'autres si. En cause : l'attractivité du territoire. Témoignages. "Personne ne semble en parler, [mais se pose la question] de la fixation ou du retour des Mahorais partis de chez eux. Le solde migratoire est négatif (…). C'est quand même une tragédie" : dans notre numéro 878 de mars dernier, le sénateur Thani Mohamed Soilihi soulignait la problématique des départs de la jeune génération de Mahorais vers d'autres territoires, la métropole et La Réunion en tête de liste. Un constat confirmé par l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Dans son analyse parue en février 2019 et basée sur le recensement de la population réalisé à Mayotte du 5 septembre au 2 octobre 2017 et intitulé À Mayotte, près d'un habitant sur deux est de nationalité étrangère, l'organisme note : "Le solde migratoire des natifs de Mayotte est très déficitaire et ce déficit s'est accru (-25 900 personnes entre 2012 et 2017, contre -14 900 entre 2007 et 2012). En effet, de nombreux jeunes de 15 à 24 ans quittent le territoire pour poursuivre des études ou chercher du travail en métropole." Ce constat – "pour poursuivre des études ou chercher du travail en métropole" – est également confirmé par Céline Leroux, docteure en sciences de l'éducation et auteure d'une étude sur le sujet : La mobilité des jeunes

Mahorais en métropole : l'action des missions locales, parue en 2017. Elle y explique : "Dans le cas de Mayotte, la mobilité des jeunes est (…) fortement corrélée à l’emploi, problématique à laquelle doivent faire face les professionnels de jeunesse sans pour autant disposer des mêmes moyens qu’en métropole." Un manque de moyens dans la mise en place de politiques publiques destinées à fixer nos jeunes sur le territoire qui n'est par ailleurs pas nouveau. Ainsi, la chercheuse cite dans son étude un ancien coordinateur emploi et formation du Conseil général, auditionné en 2014 et qui estimait "qu’à Mayotte, chaque année, peuvent être créés entre 500 et 1 500 nouveaux emplois alors que le nombre de jeunes sortant du système scolaire et arrivant sur le marché du travail serait de l’ordre de 4 000. Il [soulignait] la nécessité d’ouvrir Mayotte vers l’extérieur et de faciliter la mobilité des jeunes Mahorais." Un manque de perspectives, donc, qui encourage au départ, et qui, par la suite peut rendre délicat le retour de ces jeunes sur qui Mayotte compte pour son développement. Mises en avant : une attractivité trop faible, notamment en termes d'emplois et de loisirs quotidiens, mais aussi un doute sur la volonté politique locale ou étatique à développer le territoire.

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Roubouanti Madi 23 ans BTS commerce international "Tant que les élus et les entreprises ne laisseront pas leur chance aux jeunes diplômés, rien n'avancera."

Un parcours

Ça fait déjà 14 ans que je vis en métropole avec ma mère. Elle a fait le choix de quitter Mayotte pour fuir la précarité éducative sur l’île, et donc pour nous offrir à mes sœurs et à moi de meilleures conditions de vie, et de meilleures conditions d’études. Depuis, je rentre quand même régulièrement à Mayotte pour voir ma famille. L'île me permet de me ressourcer et de me détendre du stress et de la pollution qu’il peut y avoir en métropole. Mayotte est synonyme de joie de vivre, de plages, de barbecues et bien plus encore !

Un regard sur l'île

La dernière fois que je suis venue à Mayotte, c'était en 2008. Comparé à la situation actuelle, il n y avait pas encore cette violence : on pouvait dormir les fenêtres ouvertes et rencontrer plusieurs jeunes mahorais dans les villages, etc. Les mariages étaient autre chose et les gens étaient plus solidaires. Au

départ, je me suis dit que j'allais rester de façon définitive, car j'avais besoin de retrouver les miens, mais plus les mois passaient moins j'avais le sentiment d'avoir ma place. Il faut dire que quand tu ne bois pas ou que tu ne fais pas la prière, tu t'ennuies vite à Mayotte. Les semaines se suivaient et se ressemblaient. Les voulés, les sorties à la plage le week-end, aller à la campagne, etc. : c'est bien un moment, mais on s'en lasse forcément. J'ai connu autre chose que la vie mahoraise et bien évidemment je suis arrivée à un stade où je voulais repartir. À Mayotte, où que tu ailles, tu retrouves les mêmes têtes, les mêmes délires. Et puis, Mayotte ne semble pas évoluer. J'ai l'impression que derrière tout ça, il y a une volonté politique de ne pas faire de Mayotte un département à part entière. À Mayotte, tout est en retard comparé aux autres départements d'outre-mer. La violence est devenue le quotidien des Mahorais. L'immigration clandestine n'a jamais été aussi forte également. Oui, il faut parler de cette immigration qui sature écoles, hôpitaux, et tous les services publics confondus. Les Mahorais sont obligés d'aller se soigner à l'extérieur. Le niveau d'études est catastrophique, et pendant ce temps, nos élus se font la guerre pour être le roi du pétrole. Eh oui, il n'y en a pas un pour rattraper l'autre : le bien-être général n'est pas encore à l'ordre du jour dans leur agenda. Tant que l'on ne cessera pas le principe du "vote pour moi, je te donnerai un poste de directeur même si tu n’en as pas les compétences", l'île n'avancera pas. Tant que les élus et les entreprises ne laisseront pas leur chance aux jeunes diplômés, rien n'avancera. Tant que chacun ne fera pas convenablement le travail pour lequel il est payé, rien n'avancera. Tant que nous ne retrouverons pas la solidarité mahoraise, idem. Nous devons aussi arrêter de copier tout ce qui se fait ailleurs et essayer plutôt de valoriser notre culture et nos traditions. Mayotte reste malgré tout une belle île qui ne demande qu'aux Mahorais de s'occuper d'elle. C'est notre maman à tous.

Un retour, un jour ?

Je ne suis pas encore prête à revenir habiter à Mayotte. J’ai d’autres projets : voyager à travers le monde, découvrir autre chose que ce que j’ai l’habitude de voir et vivre dans un autre pays. Alors, qu'est-ce qui me pousserait à rentrer ? Après plus d'une décennie loin de ma famille, je me rends compte que j'ai raté plusieurs évènements importants ou graves. J'ai raté les mariages de mes frères, cousins et cousines, amis intimes, etc. Je n'ai pu dire "au revoir" à aucun de mes grands-parents décédés suite à de longues maladies. Aujourd'hui, cela me fait réfléchir et me rend triste. Lorsque tu es ici, tu perds la notion du temps. Tu penses que les personnes que tu as laissées vont t'attendre ou ne vont pas vieillir. Retrouver ma famille et avoir un bon travail où je pourrais subvenir aux besoins des miens pourraient être une bonne raison de rentrer. Car oui, il faut avoir un bon travail pour ne pas être tenté de repartir. Je suis consciente que ça ne va pas être facile et que je devrais faire un travail sur moi-même, mais aujourd'hui, j'ai la maturité nécessaire pour surmonter les obstacles. Certains ont réussi à déposer leurs valises de façon définitive, alors pourquoi pas moi ?

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le dossier 22 ans licence biologie "C'est à nous de proposer des innovations"

Un parcours

Faiza Laou Madi

Arsène Ali

J’ai été en métropole pendant quatre ans pour poursuivre mes études. Au départ, je n'étais revenue de métropole que pour les vacances et je n’avais jamais songé rentrer maintenant à Mayotte, et surtout pas définitivement. Mais finalement j’ai fait le choix de rester. J’ai eu besoin de rester, de reprendre ma vie en main ici et de repartir sur de bonnes bases tout en reprenant mes études sur le territoire.

Un regard sur l'île

À mon retour ici, je n’ai pas vraiment remarqué de changement au niveau des infrastructures. Ce n'est pas comme certains le voudraient, mais en termes de développement, je pense qu’on évolue à notre rythme. D’ailleurs je trouve ça dommage, que beaucoup de jeunes qui partent étudier en métropole à la fin de leurs études ne rentrent pas à Mayotte pour aider notre île à évoluer. Il n’y a certes pas tant d'emplois dans les secteurs qu’on recherche, mais on peut tirer profit de chaque expérience et pourquoi ne pas créer sa propre entreprise ensuite ? Le but est de faire avancer l’économie locale et c’est à nous les jeunes de proposer des innovations qui permettraient de faire avancer les choses à Mayotte !

Un parcours J’ai vécu la grande majorité de mon enfance à Bordeaux. Huit ans après,je suis rentré à Mayotte avec mes parents jusqu’à l’obtention de mon baccalauréat. Puis, j’ai dû quitter le foyer familial pour poursuivre mes études en métropole. Je n’avais qu’une hâte : quitter Mayotte et retourner dans la ville où j’avais grandi.

moi, Mayotte est une île sur laquelle je viendrai pour passer des vacances, mais pas pour y vivre. Les week-ends riment avec plages, fêtes, sorties bateaux ou randonnées. Je pense que Mayotte n’évolue pas parce que les gens qui travaillent au Conseil départemental ne pensent qu’à remplir leurs poches. Ils ne pensent pas à améliorer l'île, ils ne pensent pas à construire les infrastructures nécessaires pour elle. En plus, ils ne font pas grand-chose pour remédier aux problèmes de l’immigration clandestine. Les violences augmentent d’année en année. Vivre à Mayotte n’est plus comme avant : on vit constamment avec la peur, la crainte d’être agressé dans la rue et même dans sa propre maison. Mayotte présente vraiment un retard que ce soit au niveau des infrastructures, des mentalités, mais aussi au niveau de la vie qui est très chère.

Un regard sur l'île Aujourd’hui, je trouve qu’à Mayotte il n’y a pas assez d’activités, il n’y a pas grand-chose à faire, pas comme en métropole. Pour

Un retour, un jour ? Peut-être que dans 10 ans je reviendrai à Mayotte. Une fois que je serai stable avec une situation et un travail.

22 ans, BTS économie et social "Dans 10 ans, je reviendrai peut-être"

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Junior Said Ali technicien d’étude en bâtiment "Je me verrais bien retourner vivre à Mayotte"

Un parcours

Je suis arrivé en métropole en 2005 dans le cadre de mes études, et je ne suis retourné à Mayotte qu’en 2008, avant de ne plus jamais y remettre les pieds. À ce moment-là je pensais rester définitivement, mais après huit mois sur l’île, j’ai fini par changer d’avis. La vie ne me convenait pas, les jours se ressemblaient trop. Encore aujourd'hui, je ne me vois pas rentrer définitivement sur l'île, mais si je devais le faire, cela serait pour la famille, pour mes parents. Je suis parti de Mayotte à l'âge de 15 ans et demi. D’abord à La Réunion puis en métropole. J'ai pu y voir d'autres choses, d’autres points de vue et j'ai pris goût à une autre vie, un autre mode de vie. Alors, quand je suis rentré à Mayotte, je ne savais plus où me mettre. Il n’y avait pas beaucoup de choses à faire : le week-end rimait avec campagne et famille, et je restais chez moi à ne rien faire, alors que c’était une période où j’aimais bouger, m'amuser, voir et découvrir autre chose que ce que j’avais déjà l’habitude de voir. La vie en métropole est tranquille, on n'a de compte à rendre à personne alors qu’à Mayotte, on doit rendre des comptes à tout le monde : on ne vit pas vraiment pour nous, car nos choix dépendent aussi de nos proches. Nous sommes obligés de faire des compromis et des concessions à chaque fois.

Un regard sur l'île C’est comme s’il y avait une volonté de l'État de ne pas faire avancer les choses. Il y a aussi le problème des élus locaux qui préfèrent mettre leurs proches à un poste clé, même si la personne n’a pas les compétences requises, et cela depuis bien longtemps. Lors des élections, les votes sont plutôt stratégiques sur l'île, selon son propre intérêt ou l’intérêt d’un proche. De plus, j’ai l’impression qu’aujourd’hui, on a tendance à oublier nos cultures et nos traditions. On a tendance à s’approprier d’autres cultures en oubliant la nôtre. On veut tout compliquer alors qu’on peut faire simple. Aussi, l’augmentation de l’immigration et la violence fait que les gens ne vivent plus tranquillement. Nous (les mahopolitains, ndlr) qui avons vécu longtemps en métropole, on a pris l’habitude de vivre sans dépendre de personne. La notion de solidarité qu’on avait quand on vivait à Mayotte n’y ait plus. Ce qui provoque aussi le fait qu’on perd un peu de notre identité.

Un retour, un jour ? Aujourd’hui, je suis plus posé. Je me contente de ce que j’ai, alors du coup je me verrais bien, un jour, retourner vivre à Mayotte. Je pense qu’avec un bon travail pour subvenir à mes besoins et ceux de ma famille, mais aussi pour réaliser les projets que j'ai en tête, Mayotte serait un bel endroit pour vivre. L’avantage, notamment, est de pouvoir construire sa propre maison sur notre terrain pour être proche de la famille.

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le dossier

Irma Ali Soilih 25 ans, étudiante en management et communication "Je ne pensais pas me réadapter, mais je me suis trompée"

Un parcours

Ça fait huit ans que j’étais en métropole. J’y suis allée après mon bac en 2010 pour poursuivre mes études. Par la suite je ne suis revenue qu’une fois à Mayotte pour les vacances d’été et je n'y étais plus revenue jusqu’à aujourd’hui. Avant cette année, je n'avais jamais projeté d’habiter à Mayotte.

Mayotte bouge-t-elle ?

Lors de mon retour en vacances, j’ai eu l'impression de ne pas reconnaître mon île. Je connais plus la Petite-Terre que la Grande-Terre, car j’y vis, mais j’ai remarqué beaucoup de changements au niveau de la société, des mentalités, mais aussi des infrastructures.

Mayotte a beaucoup évolué sur certains points depuis que je suis partie, mais sur d’autres non. Je pense que nous, les Mahorais, peinons à évoluer sur certains points, mais que c’est lié à notre mentalité : on peut être très réducteurs sur certaines choses et ne pas voir les opportunités qui peuvent en découler. On aime aussi dire que la religion et la culture sont là pour préserver certaines choses, mais l’un n’empêche pas l’autre. De plus, il faut savoir qu’à Mayotte, la majorité des femmes subissent une pression sociale et que ce n'est pas forcément quelque chose que j’aime vivre au quotidien.

Pourquoi être revenue ici ?

Personnellement, je pensais qu’ici, je ne trouverais pas de travail correspondant aux études que j’ai faites, et que je n’arriverai pas à me réadapter, mais finalement je me rends compte que je me suis trompée. Avec l’aide de mes proches, j’ai réussi à voir les avantages d’y habiter. En effet, les choses sont beaucoup plus faciles et simples ici. D’une part parce qu’on est beaucoup plus près de la famille, mais aussi parce que la qualité de vie est meilleure. Je me dis parfois que je ne pourrais plus voir d’autres paysages, mais finalement, même en étant à Mayotte, je peux voyager et découvrir d’autres pays.

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Sitti Mourthallah 27 ans, secrétaire médico-social "Je me suis trop habituée à la vie métropolitaine"

Un parcours

Dès mon plus jeune âge, mes parents ont quitté Mayotte pour venir vivre en métropole afin d’offrir de meilleures conditions d’éducation à leurs enfants. Finalement, en 2008, on est revenus à Mayotte avec mes parents pour y vivre de nouveau. Après mon bac en 2010, la seule chose à laquelle je pensais était de rentrer en métropole parce que je ne me sentais pas à l’aise sur l'île. Je n’avais pas beaucoup d’amis et le simple fait d’habiter à Mayotte ne m’intéressait pas. Tout ce qui m’intéressait était de retourner là où j’avais grandi. Après mes études, j'ai décidé de rester en métropole. C’est seulement en 2018 que je suis revenue à Mayotte pour les vacances.

Un retour, un jour ?

Pour le moment je ne me vois pas habiter à Mayotte, non pas parce que je n’aime pas mon île, mais seulement parce que pour le moment, je ne me sens pas à l’aise, je me suis trop habituée à la vie métropolitaine.

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le dossier

Politique

Encourager les jeunes à revenir Comment développer un territoire qui a de plus en plus besoin de compétences sans ses forces vives? C'est la question posée par la problématique des départs, mais surtout des non-retours des jeunes à Mayotte. Une préoccupation majeure pour les politiques de l'île. n’a pas été suffisamment accompli dans le passé, il faut désormais s’y mettre."

Le phénomène pose question : depuis de nombreuses années, nombre de jeunes Mahorais quittent le nid familial et leur île après avoir décroché leur baccalauréat. En ligne de mire : la poursuite de leurs études en métropole ou à La Réunion. D'autres quittent tout simplement le territoire, estimant que l'île ne se développe pas suffisamment vite. Mais dans tout les cas, beaucoup perdent l'envie d'y revenir, persuadés que leur place n'est plus ici. Une problématique préoccupante compte tenu de la situation du territoire, ce que confirme le sénateur Thani Mohamed Soilihi, qui estime que : "on se focalise beaucoup sur la problématique migratoire en insistant sur les entrées, alors qu'il y a également un autre souci très important. Malgré celles-ci en effet, le solde migratoire de Mayotte est négatif." Origine du problème : l’attractivité de l’île. "Elle ne l’est pas parce qu’on a un retard de développement de plusieurs années", justifie le parlementaire, qui l'explique : "Pendant longtemps, les responsables politiques et la société civile ont défendu un statut de département, et pas forcement à l’avantage des avancés de tous les jours en matière économique et sociale. Ce qui

Un retard que tâche désormais de rattraper le Conseil départemental, notamment pour garder les jeunes compétences, préalable à la poursuite du développement de l'île. Vice-président de l'institution en charge des Affaires sociales, Issa Issa Abdou l'affirme : "Un énorme investissement a été fait sur l’attractivité et des retours sont attendus." Et il n'y a pas le choix : "Il faut créer des conditions d’attractivité afin de pousser les Mahorais restés en métropole à rentrer." Une attractivité qui passe en grande partie par l'emploi. Et de ce point de vue là, les a priori ne correspondent pas toujours à la réalité. En constante évolution, Mayotte recrute. "Il faut amplifier les démarches de communication sur ce sujet, rendre les offres d'emplois plus visibles plus facilement et plus rapidement, les rendre accessibles à ceux qui ont quitté le département. Il faut employer tous les moyens pour mettre ces jeunes au courant des opportunités existantes ici", lance-t-il en poursuivant : "Il faut insister et dire à ces jeunes qu’il y a bien du travail à Mayotte. Notamment dans le domaine du médico-social, donc il n’y a pas de raison pour ne pas rentrer."

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Cette démarche, c'est celle qui est entamée avec les délégations de Mayotte en métropole et à La Réunion. Ces deux antennes du Département œuvrent en effet à valoriser le territoire à l'extérieur et à assurer un suivi du parcours des étudiants mahorais dans l'Hexagone. En octobre dernier, une rencontre était ainsi organisée à Paris pour présenter les différentes opportunités d'emploi offertes par Mayotte et pour faire connaître aux jeunes Mahorais de métropole les débouchés possibles ici. Une nécessité mise en avant, peu après ces rencontres, par Mohamed Zoubert, directeur de la Délégation de Mayotte à Paris, et qui déclarait : "Nous continuerons à nous informer de ce que font les jeunes qui ont quitté le territoire, car certains sont très qualifiés." Une autre piste est mise en avant, ce qu'explique Issa Issa Abdou : "[il faut] fixer des objectifs professionnels avant le départ des jeunes pour la poursuite de leurs études. Cela serait ainsi une manière de favoriser leur retour et leur installation sur l’île. C’est aussi cela qui contribue au développement de Mayotte. Pour y parvenir, "il faut réunir les institutions concernées autour d’une table et parler de l’avenir de ces jeunes, des formations nécessaires et des métiers dont l’île a besoin aujourd'hui et dont elle aura besoin dans les années à venir pour favoriser son développement. Il faudrait les orienter dès le début dans leur démarche professionnelle, les encourager financièrement pour créer de bonnes conditions d’accueil à leur retour, car c'est ce

3 Questions à

Yves-Marie Droual Responsable de la Communication de la Mission locale de Rennes-Métropole.

Mayotte Hebdo : À quel type de profil avez-vous à faire concernant les jeunes mahorais qui sollicitent les services de votre mission locale ?

que nous voulons, qu'ils reviennent." Mots d'ordre, donc : "retour sur investissement."

Des élus en cause ? Pour autant, si d’aucuns jugent que Mayotte n'avance pas assez vite, "il faut aussi prendre en compte le fait qu’il y a des éléments qui ne dépendent pas toujours du Conseil départemental, rappelle Issa Issa Abdou. Des éléments comme la question de la sécurité sur le territoire, ou encore celle de l’éducation." Celles-ci

dépendent en effet de l'État. Un constat partagé par le sénateur Thani Mohamed Soilihi : "Chacun a son rôle et chacun a sa part de responsabilité dans le développement de l’île, mais celui-ci ne se base pas que sur les élus. Mayotte avance à son rythme. Il faut du temps pour voir son évolution et ne pas tout leur mettre sur leurs dos. Il faut absolument corriger les problèmes liés à l'insécurité, car sans cela, les Mahorais de métropole, quels que soient leurs âges, n'auront aucune envie de rentrer." Et de se montrer confiant pour conclure : "L'évolution de l'île n'est certes pas assez rapide, mais si on observe bien, on se rend compte que des choses bougent, que le retard est rattrapé progressivement. Cela va aller de plus en plus vite et de mieux en mieux." n

reprenons l’accompagnement sur le volet de la formation. Dans leur parcours, ils sont parfois passés auparavant par d’autres missions locales des villes de France. Nos conseillers rennais leur proposent un accompagnement adapté. Les jeunes viennent à Rennes parce qu’il y a du travail. On a un très faible taux de chômage, avec un bassin d’emplois très actif. Il existe deux catégories : ceux qui s’y installent pour y travailler, et les autres qui quittent Rennes pour une grande Métropole. MH : Quel est votre regard sur le sujet ?

Yves-Marie Droual : Ce sont habituellement des jeunes qui ont quitté Mayotte pour venir se former, dont une bonne partie que nous suivons dans leur projet professionnel. Ils vivent dans les quartiers de Rennes. La plupart viennent pour vivre avec des personnes qui résident déjà dans la ville. Des cercles d’amis, de la famille ou des personnes proches en général. C’est leur premier lien en arrivant ici. La plupart ont un niveau infra-BAC, et se retrouvent dans des formations avec un niveau élevé. Ils ont des difficultés à définir leur projet professionnel. MH : Quelles sont les attentes de ce genre de public ? YMD : Ils suivent une formation au départ mais qui ne leur correspond pas, et viennent nous voir pour qu’on les réoriente. Avec un projet pas très bien défini, nous

YMD : Rennes est une ville sympa qui offre des possibilités d’emploi pour ces jeunes malgré la croissance économique du moment. Il y fait bon vivre, c’est donc normal qu’elle attire du monde venant de l’extérieur. Je me dis que si c’était le chemin inverse, que j’avais de la famille à Mayotte avec les mêmes conditions qu’ici, je n’hésiterais pas une seconde à prendre contact avec eux pour aller m’y installer par exemple. Par contre, je pense qu’il faudrait mieux préparer ces jeunes avant de quitter Mayotte. Il y a un décalage entre ce qu’ils imaginent et ce qu’ils trouvent en arrivant ici. Il faut imaginer une sorte de sas qui permet aux jeunes mahorais de s’adapter en arrivant ici. Propos recueillis par A.I

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Houdah Madjid

" Plus on grandira, plus on donnera de poids aux artistes"

Camille Monnerie, secrétaire de l'association Yelewa Jazz

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Secrétaire de l'association Yelewa Jazz, Camille Monnerie déploie le contenu du prochain Yelewa Jazz Festival qui se tiendra du 7 au 9 juin en Grande et PetiteTerre. Tout au long de l'année, l'association propose des activités culturelles dédiées aux mélomanes ainsi qu'aux amateurs. Une façon de faire vibrer l'île au rythme du jazz, mais aussi de combler le manque cruel de professionnalisation artistique à Mayotte. Mayotte Hebdo : Quelles sont vos missions au sein de l'association Yelewa Jazz ? Camille Monnerie : Je suis la secrétaire de l'association depuis novembre 2018. J'ai découvert Yelewa Jazz en mai 2017. Je m'occupe des demandes de subventions par exemple, et comme beaucoup je pense à des choses : il y a toujours plein de choses à penser quand on organise un évènement. Je fais donc partie des personnes qui pensent et qui règlent les problèmes au dernier moment. Je suis également en charge des contrats des artistes, je gère les conventions avec les lieux et bien d'autres. L'année dernière je faisais également la présentation de toutes nos soirées, mais j'ai maintenant refilé le bébé (rire). MH : Ces deux dernières années, l'association rencontre de plus en plus de succès. Combien êtesvous aujourd'hui, comment travaillez-vous ? CM : Nous comptons une quarantaine d'adhérents. Les actifs varient entre une douzaine et sept personnes selon la période. Nous n'avons pas encore de salariés, on aimerait bien. Il est possible de créer un emploi à mi-temps et de professionnaliser l'association. Si nous voulons pérenniser notre association qui existe depuis deux ans – mais le festival depuis cinq ans – il faudra qu'on se professionnalise. Nous n'avons pas encore eu le temps d'en débattre. MH : Quelle est l'histoire de l'association ? CM : L'association s'est créée en juin 2017 avec une équipe qui existait depuis trois ans déjà. Elle reste l'essence même de l'association. Les membres de l'équipe avaient mis en place les soirées des Amis du jazz. Ces soirées proposaient une scène ouverte, dans un lieu privé, chez les gens, dans un collège ou autre. Il y avait 30 ou 40 personnes avec beaucoup de musiciens. L'objectif : que chaque musicien se présente en jouant un ou deux morceaux. S'en suivait un échange, d'où l'idée de "jazz". Les trois premières années du festival

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ont été portées par le groupe Shifwoon. En 2017, ses membres ont décidé de se créer en association et de céder le festival à l'association Yelewa Jazz. Les soirées des Amis du jazz existent toujours, nous en proposons cinq à six par an, qui restent gratuites et accessibles à tous. Ça permet non seulement de brasser tous les musiciens, mais aussi de leur offrir un public, car nos soirées sont quand même bien réputées. MH : Vous proposez également des activités culturelles, qu'en est-il des subventions, recevez-vous des aides financières des collectivités ?

"Nous n'avons aucun fonds. Nous nous inquiétons, c'est normal"

CM : Nous recevons des subventions uniquement pour le festival, et par des partenaires privés. Nous avons des partenaires publics qui financent, chacun, des parties différentes de nos activités. La communauté de communes de Petite-Terre par exemple s'intéresse plutôt aux actions que nous faisons pour les jeunes. La mairie de Mamoudzou aussi, la DAC (Direction des affaires culturelles, ndlr), quant à elle, finance nos ateliers de création qui ont deux séances. La première semaine vient de s'achever, l'autre se tiendra juste avant le Yelewa Jazz Festival. En accompagnant les petites associations comme la nôtre, la DAC souhaite professionnaliser le milieu artistique, chose qui n'existe pas encore à Mayotte. La DJSCS (Direction de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale, ndlr) soutient nos Tremplins jeunes et le vice-rectorat les chorales scolaires, qui seront sur deux jours cette année, car il y a 720 élèves annoncés cette année contre 360 l'année dernière. MH : En quoi consiste le concept des Tremplins jeunes ? CM : Tremplins jeunes consistent à donner leur chance aux jeunes artistes mahorais âgés de 16 à 25 ans. Nous sollicitons des artistes bien connus de Mayotte, des musiciens issus de l'association et autres, pour constituer un jury. Trois semaines avant, nous présélectionnons des jeunes en sollicitant différentes associations de quartiers via des inscriptions. Ces derniers passent ensuite sur scène. Le meilleur gagne sa place au Yelewa Jazz Festival. Nous l'avons fait l'année dernière, mais nous n'avons pas imposé de musique live. Cette année, en fonction du nombre d'inscrits, nous proposerons peut-être même plusieurs catégories. L'évènement aura lieu en novembre prochain. Nous offrirons à la personne qui gagnera le tremplin, un groupe,

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un pianiste ou autre, à travers nos soirées des Amis du jazz. Elle aura l'occasion de travailler sa musique pendant cinq mois et pourra proposer quelque chose d'abouti au festival de juin 2020. MH : Que prévoit le Yelewa Jazz Festival cette année ? CM : Il a déjà commencé avec les ateliers de création. Trois soirs sont dédiés au festival du 7 au 9 juin. Vendredi 7 et dimanche 9 juin, il aura lieu au restaurant la Croisette à Mamoudzou, samedi au Mistiq bar à Pamandzi, en Petite-Terre. De nombreux artistes sont attendus comme Big Bang de l'école de musique, Duo Bossa et Guest originaire de Mayotte, Weaver de Madagascar, Chiconi gabussi blues qui ont aussi participé aux ateliers, Patt Burtner un pianiste jazzy de La Réunion ainsi que Trio Martino de métropole à la contrebasse et à la guitare. L'année dernière c'était plus éclectique, cette année nous revenons au jazz classique. Une scène partagée est proposée tous les soirs avec les Amis du jazz qui sont, eux, amateurs. Ils se mélangent tous sur scène. MH : Pour l'heure, les artistes de l'extérieur viennent à la rencontre des artistes et du public mahorais, l'inverse est-il envisageable ? CM : Nous avons cette ambition-là dans les ateliers de création : étendre le spectacle et le proposer à d'autres professionnels culturels de la région, comme ceux de Madagascar ou de La Réunion. Il y a des possibilités, mais la problématique reste toujours sur le financement du voyage des artistes mahorais, etc. Le mieux est de faire une tournée avec minimum trois voire quatre concerts. Sans prétention, je pense que depuis un an notre association a très bonne réputation avec systématiquement, maintenant, un bon créneau de 80 personnes lors d'évènement. Je pense que c'est en essayant de maintenir cette qualité et ce public que, petit à petit, les artistes que nous proposerons au nom de Yelewa Jazz auront plus de poids. Plus on grandira, plus on leur donnera du poids. C'est un des objectifs de l'association, d'où les soirées des Amis du Jazz. MH : Réussissez-vous à récolter des fonds lors d'évènements que vous réinvestissez par la suite dans votre association ou autre ? CM : Nous n'avons aucun fonds. Nous nous inquiétons, c'est normal. Les dons sont les bienvenus ! (rire).

MH : Rencontrez-vous d'autres difficultés ? Comment les palliez-vous ? CM : Certains délais administratifs sont gigantesques. En revanche, d'autres réagissent très vite. Nous donnons de nos sous comme toutes les associations de Mayotte. Nous avons des artistes qui sont très compréhensifs. Les artistes que nous faisons venir sont des personnes talentueuses qui acceptent de venir jouer dans les vraies conditions mahoraises. Parfois on négocie pour pouvoir payer les cachets six mois plus tard. Nous négocions les délais avec les artistes et tous les gens qui nous aident, car nous savons que nous aurons les sous plus tard. Quand on prend contact avec eux, on leur dit d'emblée, ils acceptent de venir pour pas grand chose. On bricole énormément. Il est même déjà arrivé que des gens de Mayotte proposent d'héberger les artistes. Nous travaillons comme cela. MH : La place accordée au monde artistique à Mayotte est souvent décriée par les artistes locaux, quel est votre avis là-dessus ? CM : La place accordée au monde artistique est décriée, car la licence n'existe pas à Mayotte. L'État ne reconnaît pas les gens qui travaillent pour. À partir du moment où l'État ne reconnaît pas le statut d'intermittent c'est compliqué. Pour que les intermittents arrivent à faire leurs heures ici il faut absolument qu'ils aient des fonds pour faire leurs concerts ailleurs. L'art est partout à Mayotte, mais par contre le statut et les professionnels de l'art sont inexistants à Mayotte. C'est juste la professionnalisation qui n'est pas considérée. MH : Quels sont les futurs projets ? CM : Les soirées des Amis du jazz l'année prochaine, une entre chaque vacance scolaire. Les Tremplins jeunes qui commenceront en novembre prochain ainsi que la sixième édition du Yelewa Jazz Festival sous le thème du cuivre. Nous souhaiterions proposer à nouveau des Soirées danse, entièrement gratuites. Nous avons organisée la première en décembre dernier sur la place publique de Labattoir. Pour une fois, il y avait un vrai métissage : des danseurs salsa muzungu, des danseuses de debaa etc. Les bouénis apprenaient la salsa, les danseurs de salsa apprenaient eux, le m'biwi. C'est un très beau souvenir. C'était un vrai mélange, un vrai Mayotte. La danse rassemble.n

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magazine

Romain Guille

Port de Longoni

Le port dispose de deux quais de 130 et de 223 mètres de long et des zones spécifiques pour le transbordement, l’import, la livraison et le retour. Pour des questions d’hygiène et de santé, chaque conteneur passe par la zone de nettoyage avant qu’il ne soit renvoyé.

une ville dans la ville

En novembre 2013, la gestion et l’exploitation du port de Longoni ont été confiées pour 15 ans à Mayotte Channel Gateway dans le cadre d’une délégation de service public organisée par le Département. Dans le but de devenir une référence dans le canal du Mozambique, plus de 50 millions d’euros ont déjà été investis dans les équipements et l’aménagement du site. Et selon les prévisions, le trafic de conteneurs devrait littéralement exploser d’ici 2050. 26•

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Dès l’aube, les premiers camions-grues commencent à se présenter devant l’entrée du port. La poussière provoquée par ces va-et-vient permanents – chaque jour, 80 conteneurs sortent et rentrent du port de Longoni, dont 90 % d’entre eux se rendent à Kawéni – attaque le visage des ouvriers, déjà frappé par le soleil brûlant. Casques vissés sur la tête et gilets jaunes enfilés sur le dos, la centaine d’employés présents sur le site déambulent telle une fourmilière dans cette ville géante où les "boîtes" s’entassent les unes sur les autres. Les yeux rivés sur la série d’écrans devant lui et la main fixée sur la souris, Nahun, responsable des opérations chez Mayotte Channel Gateway (MCG), envoie des directives depuis le logiciel Navis, un système de gestion portuaire, à ses collaborateurs. "On reçoit un fichier de l’armateur dans lequel il y a un plan du navire. Dans le cadre d’un transbordement, chaque couleur correspond à un pays. Une fois déchargée, on a une traçabilité du conteneur en direct", explique-t-il. À ses côtés pour l’épauler, une personne en "back-office" et deux autres en charge des livraisons : "L’enjeu de la place est primordial, il y a un gros travail de préparation en amont. On essaie d’optimiser et de ranger au mieux." De fait, il est demandé à la grande distribution d’envoyer sa liste de conteneurs à récupérer la veille au soir pour le lendemain, sachant que des groupes comme Sodifram, Somaco ou Bourbon Distribution peuvent venir en chercher "entre 20 et 30 par jour."

Doubler l’activité de transbordement et le trafic global Il faut dire que depuis que le Département a confié dans le cadre d’une délégation de service public la gestion et l’exploitation du port en novembre 2013 pour une durée de 15 ans à la société présidée par la Sud-africaine Ida Nel, les objectifs sont colossaux : doubler l’activité de transbordement en cinq ans et le trafic global en 10 ans. La première des deux missions a été remplie facilement avec +92 % en 2016 (27 000) et +60 % l’année suivante. "C’est très significatif de la crédibilité du port", confie Vincent Lietar, directeur développement et infrastructures à MCG, qui joue sur les drapeaux français et européens, "un gage de stabilité aux yeux des entreprises", pour vendre l’image de marque de Mayotte dans le canal du Mozambique. "Actuellement, on ne représente que 0,6 % du trafic maritime régional", ajoute-t-il. En effet, avec un tonnage global estimé à 1,15 million en 2017 (contre 369 000 en 2008), Longoni ne joue pas dans la même catégorie que ses concurrents des pays voisins : 26 millions de tonnes pour Mombassa au Kenya, 20 millions pour Dar es Salam en Tanzanie, 24 millions pour Beira, Nacala et Maputo au Mozambique ou encore 81 millions pour Durban en Afrique du Sud.

Un pôle d’activités pour 2028 ? La convention de délégation de service public inclut le développement d’un pôle d’activités, en étendant la petite zone dite Vallée 2 de cinq hectares, qui rassemble aujourd’hui 16 sociétés. L’aménagement permettrait l’implantation de 160 à 200 entreprises, la mobilisation d’investissements privés et la création de 3 500 emplois. Un projet ambitieux présenté aux élus dans le cadre du schéma d’aménagement régional. "L’opération consisterait en l’utilisation du volume de la colline qui sépare les 61 hectares de la zone portuaire en deux pour réaliser un remblai sur le platier bordant la côte ouest", dévoile Vincent Lietar. Pour rassurer les associations environnementales, plusieurs études ont déjà été réalisées, comme un constat environnemental des fonds marins, des relevés bathymétriques, un constat de l’état des mangroves proches et des relevés géotechniques mer et terre. "C’est un projet unique, contrôlé et maîtrisé", assure-t-il. Dans l’idée, il y aurait une extension en remblai de 30 hectares sur le platier est et de 9 hectares gagnés par des terrassements, réunissant respectivement des activités industrielles et commerciales, un quartier-technopole, un chantier naval, une marina, mais aussi des activités logistiques liées au port. "On a déjà une demande d’activités sur 20 hectares", précise le directeur développement et infrastructures. Autre bonne nouvelle, deux emprises sont déjà réservées à des implantations de production électrique sur le terminal pétro-gazier, dont la surface représente 2,5 hectares. "Sigma-Engie prévoit une enveloppe de 140 millions d’euros pour créer une centrale électrique à gaz tandis qu’Albioma souhaite investir 80 millions d’euros dans une centrale électrique biomasse avec des déchets de bois." Toutefois, ces deux projets sont conditionnés à un accord de la Commission de régulation de l'énergie.

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magazine

Néanmoins, ce statut franco-européen pourrait lui permettre de jouer un rôle majeur dans les années à venir. Comment ? Grâce aux réserves sous-marines de gaz et de pétrole découvertes à proximité de la fracture géologique DAVIE qui vont être exploitées de manière imminente au nord du Mozambique. La période du chantier immense entamée à Afungi, pour un total de 50 milliards de dollars, est une source de retombées possibles pour l’économie du port et pour Mayotte. "Dans le futur, le quai 1, une fois rénové, pourrait devenir une possible base arrière pour une compagnie de type supply travaillant sur les équipements et la logistique des équipages." Une opportunité déjà évoquée publiquement par le président du Conseil départemental, Soihabadine Ibrahim Ramadani, à l’occasion de la cérémonie de vœux au mois de janvier dernier.

Trois grues et quatre ponts roulants pour 24 millions d’euros Depuis sa prise de fonction il y a bientôt 6 ans, la MCG met la main à la poche pour devenir un pôle de référence. "En 2015, on a investi 24,2 millions d’euros pour financer trois grues de 400 tonnes avec un rayon d’action de 60 mètres, qui ont permis de multiplier par deux la performance horaire de débarquement des navires, quatre ponts roulants de stockage de 140 tonnes et trois maxis élévateurs", livre Jacques-Martial Henry, le bras droit d’Ida Nel. Et d’ici 2028, deux nouvelles grues et quatre autres ponts roulants devraient faire leur apparition. Mais ce n’est pas tout. À cela, s’ajoute l’agrandissement sur 4,5 hectares de la zone de stockage dont la capacité maximum atteint 7 550 conteneurs (triplement par rapport à 2013), en attendant la livraison, à l’horizon 2020, de l’extension des plateformes logistiques sur 8,5 hectares pour un montant global de 25,5 millions d’euros, dans le cadre d’un dossier FEDER validé en janvier 2017. Parmi les chantiers programmés jusqu’en 2022, il y a également la construction d’un nouvel accès dernière génération, comprenant un portique de cinq voies, et la mise en place de l’ISPS, le code international de sécuritésûreté. "Il y a encore sept ans, on pouvait rentrer en faisant un petit signe", se remémore Vincent Lietar, un brin nostalgique, mais conscient que toutes ces démarches peuvent faire passer le port dans la cour des grands. Avec cette nouvelle entrée, la MGC prévoit la création

d’une zone de transit de quatre hectares comprenant un parking pour les véhicules légers et les poids lourds, un parc attente d’une superficie de 2 230m2, mais aussi un parc des transitaires (quatre parcelles grands importateurs, 15 parcelles équipées de hangars et six à huit parcelles locatives). Au total, les investissements prévus, initialement établis à 104,8 millions d’euros, devraient atteindre 159 millions d’euros à la fin des 15 années de la délégation de service public.

Un futur quai flottant à 40 millions d’euros ? Pour améliorer la desserte portuaire, deux idées sont actuellement sur le feu : le prolongement du quai 2, mis en service en 2010, vers l’intérieur ou l’extérieur de la darse ou bien l’installation d’un quai flottant de 270 mètres de long sur 35 mètres de large. Selon le directeur développement et infrastructures, la seconde option aurait les faveurs de l’entreprise privée en raison de son prix abordable – environ 40 millions d’euros – et de son délai de livraison relativement faible. "Il faut compter moins de deux ans pour qu’il soit fabriqué, livré et posé" alors que la première option demande une douzaine d’années d’études et de travaux : "Actuellement, on est à 80 % de vérification !" Il y a donc fort à parier que cette opportunité devienne réalité au plus tard en 2030, dans le but de répondre au marché de transbordement. "Les compagnies maritimes veulent décharger le TGV et recharger le train de campagne immédiatement", s’ose-t-il à comparer. Selon les statistiques de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), l’année 2050 laisse entrevoir une population officielle estimée à 500 000 habitants à Mayotte. Ce chiffre impressionnant risque forcément d’avoir des répercussions sur l’activité. Le prévisionnel imaginé par Vincent Lietar porte à 250 000 le trafic de conteneurs par an au port (contre 75 000 en 2017) et à 560 transports routiers quotidiens. D’ailleurs une étude est actuellement menée par le Département pour réfléchir à des liaisons maritimes par le lagon tout autour de l’île dans le but de désengorger les routes mahoraises. Un défi de taille donc : "Il faut que l’on soit ambitieux. Ida Nel nous répète sans cesse que l’on vit dans un monde qui change et que ce n’est pas le moment de dormir !". n

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L’évolution de la zone portuaire de Longoni entre 2013 et 2018

Les empileurs Reach permettent de transporter très rapidement des conteneurs aux quatre coins du port.

Lorsque Mayotte C h a n n e l G a t e way se voit attribuer la délégation de service public, elle dresse un état des lieux du port. Mis en service en 1992 et logiquement dégradé avec le temps, le quai 1 attend impatiemment sa rénovation, mais aussi son extension. En mauvais état, les berges de la darse ont été restaurées à 50 % via des enrochements, où il est prévu de réaliser de nouveaux quais (pêche, services, cabotage). La capacité de stockage est passée de 2 500 conteneurs en 2013 à 7 550 en 2018, notamment grâce à la rénovation en 2015 de la plateforme de 3,5 hectares et la construction d’une nouvelle de 4,5 hectares. Durant ces cinq premières années, la société privée a investi 31 millions d’euros dans le matériel et 11 millions d’euros dans les aménagements. "On a triplé la capacité du port et doublé l’activité", expliquent Vincent Lietar et Jacques-Martial Henry. Pour remplir ses différents objectifs quantitatifs, l’idée de travailler 24 heures sur 24 germe dans les têtes de la direction.

Toujours dans un souci de développement, le port souhaite proposer le branchement des conteneurs frigorifiques jusqu’à trois niveaux.

Les ponts roulants de stockage assurent le levage et le transfert des conteneurs.

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le cahier emploi & formation

le métier de la semaine Aide-soignant

L'aide-soignant(e) surveille l'état de santé des patients, les accompagne dans les gestes de la vie quotidienne et réalise des soins d'hygiène, de confort selon la préconisation médicale et les consignes du personnel soignant. Environnement de travail

- Etablissement médical (hôpital, clinique, etc.) - Résidence de personnes âgées - Service de Soins Infirmiers à domicile

Compétences

- Informer le patient/résident sur les modalités de séjour dans le service (installation en chambre, horaires de visite, ...), le mode d'intervention à domicile. - Surveiller l'état général du patient/résident, lui distribuer les médicaments et informer l'infirmier des manifestations anormales ou des risques de chutes, escarres, etc. - Mesurer les paramètres vitaux du patient/résident, contrôler les dispositifs et appareillages médicaux et transmettre les informations à l'infirmier. - Réaliser des soins d'hygiène corporelle, de confort et de prévention. - Repérer les modifications d'état du patient. - Accompagner la personne dans les gestes de la vie quotidienne. - Distribuer les repas et collations au patient/résident selon les besoins ou la prescription médicale. - Réaliser un suivi d'activité. - Collaborer avec l'ensemble des intervenants à la réalisation d'un objectif commun. - Réceptionner et distribuer le linge propre et procéder au tri du linge sale du service, du patient/résident - Evacuer les déchets spéciaux Entretenir un outil ou matériel - Désinfecter et décontaminer un équipement.

Accès au métier

Cet emploi/métier est accessible avec le Diplôme d'État d'aide-soignant (DEAS). Des formations complémentaires (prise en charge de la personne âgée démente, accompagnement de fin de vie, etc.) peuvent être requises. Le permis B peut être exigé pour l'intervention à domicile. Des vaccinations prévues par le Code de Santé Publique sont exigées.

PROPOSENT UNE FORMATION DE RÉFÉRENT DIGITAL A DIEPPE en MÉTROPOLE

Inscription sur le site Internet de l’IFCASS www.ifcass.fr jusqu’au 7 juin 2019

La formation de référent digital dure 4 mois. A terme, elle permet de créer des supports WEB ou de gérer le web marketing d’une PME. Aucun pré requis technique n’est requis pour s’inscrire. Il faut néanmoins réussir le test de positionnement (2 questionnaires et un entretien). La formation demande un fort investissement, il faut donc avoir une bonne motivation et une grande capacité de travail. Début de la formation : 9 septembre 2019 Renseignements : Auprès de l’IFCASS au 02.35.82.67.18 et sur son site Internet www.ifcass.fr Auprès de LADOM au 02.69.61.51.28 et sur son site Internet www.ladom.fr

Conditions d’entrée : Être inscrit au Pôle Emploi / Etre âgé au minimum de 18 ans / Avoir un foyer fiscal à Mayotte dont le quotient familial est inférieur à un montant qui vous sera communiqué par LADOM / Ne pas avoir bénéficié d’une autre aide à la mobilité dans l’année / Réussir le test de positionnement.

http://www.facebook.fr/ifcass

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Fiche de poste : Directeur(trice) pôle LVA Missions principales : - Mise en œuvre du projet d’établissement - Gestion et animation des ressources humaines - Gestion économique, financière et logistique - Représentation et promotion Compétences : - Gestion administrative et financière du pôle - Management d’équipe - Conduite du changement - Connaissance de l’environnement et des dispositifs médico-sociaux - Connaissance de la réglementation du champ couvert par l’établissement - Connaissance des problématiques liées au public accueilli - Capacité à développer et entretenir des partenariats - Maitrise des procédés d’évaluation des activités et de la qualité des prestations d’une structure sociale et médico-sociale

Aptitudes professionnelles : - Sens de l’organisation - Capacités d’analyse et d’anticipation - Capacités de décision - Aisance relationnelle - Fortes aptitudes à la négociation - Sens de l’éthique Diplômes requis : - Le CAFDES - Le CAFERUIS : Certificat d’aptitude aux fonctions d’encadrement et de responsable d’unité d’intervention sociale ou DEIS (M2 économie sociale et solidaire) - Master 2 en intervention sociale avec expérience de 3 ans et plus - Justifier d’une expérience significative dans le secteur - Permis B exigé

Le directeur du pôle travaille sous la responsabilité directe de la direction de la structure Ce poste implique des déplacements réguliers sur l’ensemble du département - CDI - Rémunération selon le profil - Début du contrat : dès que possible

Association Messo 85 route nationale de M’Tsapéré , 97600 Mamoudzou Inscriptions : 02 69 62 18 23 – secretariat.direction@messo.fr - MESSO

Fiche de poste :

Directeur(trice) pôle développement économique et social Missions principales : - Mise en œuvre du projet de la structure - Gestion et animation des ressources humaines - Conception, attractivité, développement technique et opérationnel - Gestion économique, financière et logistique - Représentation et promotion

Aptitudes professionnelles : - Sens de l’organisation - Capacités d’analyse et d’anticipation - Capacités de décision - Aisance relationnelle - Fortes aptitudes à la négociation - Sens de l’éthique

Compétences : - Gestion administrative et financière du pôle - Management d’équipe - Conduite du changement - Connaissance de l’environnement et des dispositifs structurants - Capacité à développer et entretenir des partenariats

Diplômes requis : - Master 2 en stratégie de développement/politiques sociales et territoriales - Master 2 en développement économique et social ou équivalent - Justifier d’une expérience significative dans le secteur - Permis B exigé

Le directeur du pôle travaille sous la responsabilité directe de la direction de la structure. Ce poste implique des déplacements réguliers sur l’ensemble du département - CDI - Rémunération selon le profil - Début du contrat : dès que possible

Association Messo 85 route nationale de M’Tsapéré , 97600 Mamoudzou Inscriptions : 02 69 62 18 23 – secretariat.direction@messo.fr - MESSO

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le cahier emploi & formation

les offres d'emploi Formateur / Formatrice d'anglais (H/F)

Chargé / Chargée de communication

Chef equipe maintenance pneumatique véhicules industriels (H/F)

Chef de Rayon Quincaillerie H/F

INSTITUT AEROFORMATIONS - 976 - MAMOUDZOU Dans le cadre de notre développement, nous recherchons pour notre centre à Mayotte, un(e) formateur(trice) d'Anglais, désirant s'investir dans la formation

FOCONEX - 976 - MAMOUDZOU

La société Foconex recherche un(e) chargé(e) de mission de communication qui aura comme missions et attributions : - l'élaboration, la conception et la mise en oeuvre de la communication

TERRASSEMENTS ET TRANSPORTS MAHORAIS 976 - MAMOUDZOU

Au sein d'une société à taille humaine, structurée et organisée, vous serez rattaché au Directeur Commercial et à la Directrice des Opérations

MR.BRICOLAGE - 976 - MAJICAVO LAMIR Vous êtes garant de la satisfaction de nos clients par la qualité de votre accueil, de votre écoute et de vos conseils. Votre mission consiste à : - Diagnostiquer les besoins des clients et les aider

Assistant/assistante gestion des stocks (H/F)

SOCIETE CANANGA - 976 - MAMOUDZOU Vous aurez pour missions principales : GESTION OPERATIONNELLE DE LA PREPARATION DES INVENTAIRES : - En fonction du planning des inventaires, procéder au rangement des marchandises

Chauffeur / Chauffeuse de poids lourd manutentionnaire (H/F)

SOMACO - 976 - MAMOUDZOU Effectuer des tournées de livraison sur l'île, chargement/ déchargement du camion. Titulaire permis CE et FIMO

Commercial / Commerciale sédentaire

Responsable des Ressources Humaines -RRH- (H/F) * voir site Pôle emploi

SOMACO - 976 - MAMOUDZOU Vos missions principales consistent à : Prospecter, développer et fidéliser nos clients particuliers, entreprises publiques et privées Définir et mettre en œuvre une stratégie commerciale

APPRENTIS AUTEUIL OCÉAN INDIEN - 976 - MAYOTTE Responsable Ressources Humaines H/F Sous l'autorité de la Directrice de l'association à Mayotte et en collaboration avec la DRH d'Apprentis d'Auteuil Océan Indien


magazine d’Information numérique Hebdomadaire Edité par la SARL Somapresse au capital de 20 000 euros 7, rue Salamani Cavani M’tsapéré BP 60 - 97600 Mamoudzou Tél. : 0269 61 20 04 contact@mayotte.hebdo.com Directeur de la publication Laurent Canavate canavate.laurent@mayottehebdo.com Directeur de la rédaction Mohamed El Mounir dit “Soldat” 0639 69 13 38 soldat@mayottehebdo.com Rédacteur en chef Geoffroy Vauthier Rédactrice en chef adjointe Houdah Madjid

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Couverture :

Mahopolitains, ce qu'ils pensent de leur île Journalistes Ichirac Mahafidhou Lyse Le Runigo Hugo Coeff Romain Guille Solène Peillard Ornella Lamberti Correspondants HZK - (Moroni) Direction artistique Franco di Sangro Graphistes/Maquettistes Olivier Baron, Franco di Sangro Commerciaux Cédric Denaud, Murielle Turlan, Thomas Lévy Comptabilité Catherine Chiggiato compta@mayottehebdo.com Secretariat Annabelle Mouhamadi Première parution Vendredi 31 mars 2000 ISSN : 1288 - 1716 RCS : n° 9757/2000 N° de Siret : 024 061 970 000 18 N°CPPAP : 0121 I 92960 Site internet www.mayottehebdo.com


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