Mayotte Hebdo n°883

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LE MOT DE LA RÉDACTION

RAMADAN MOUBARAK ! C'est un des repères de Mayotte : le ramadan débute cette année le 5 mai, et l'île se prépare à vivre, durant un mois, au rythme du quatrième pilier de l'islam. Mois de fête, mais aussi mois de recueillement, mois de rapprochement familial, mais aussi mois de rapprochement du sacré, le ramadan, c'est toute une organisation. C'est celle-là même que nous vous présentons dans le dossier de la semaine. Une organisation économique tout d'abord, avec des distributeurs qui se préparent à faire face à l'afflux de demande, mais aussi une organisation en termes d'habitudes quotidiennes. En cela, le jeûne demande une préparation au corps, et – loin de manger lourdement au coucher du soleil – mieux vaut suivre les

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conseils des nutritionnistes. En puis enfin, parce que certains musulmans ne le pratiquent pas, sans pour autant remettre leur foi en cause, nous leur avons donné la parole. Retrouvez également notre rencontre avec Claude Jaquier, un écologiste 2.0 amoureux de Mayotte, qui tâche de mobiliser les foules pour nettoyer l'île de ses détritus ; mais aussi le député Mansour Kamardine qui, dans notre entretien de la semaine, reste méfiant quant à la politique menée par l'État sur le 101ème département. Enfin, c'est l'avenir du sport qui se présente dans nos pages magazines, avec huit perspectives mises en avant lors des récentes Assises du sport. Bonne lecture à tous, et bon ramadan.

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COUP D’ŒIL DANS CE QUE J'EN PENSE

Laurent Canavate

Mayotte Hebdo n°662, vendredi 6 juin 2014

Nouvelle politique de l'océan Indien Avec un PNB de 14 milliards de dollars, le Mozambique a accueilli 5 milliards d’investissements en 2012, tous secteurs confondus. En 2013, ce chiffre devrait déjà avoir fortement augmenté. Le patron de la compagnie pétrolière italienne ENI estime à 50 milliards de dollars les sommes à investir durant les prochaines années, uniquement sur la province de Cabo Delgado, pour faire face aux toutes récentes découvertes de gaz. Certains évoquent ce prix pour la seule usine de liquéfaction de gaz qui va être construite à 400 km au nord de Pemba, à Palma, vers la frontière tanzanienne, dont la première production sera exportée vers 2018. Et seuls deux blocs ont dévoilé une partie de leurs ressources. L’exploration continue sur les 6 blocs, dont le n°6 avec le Français Total. Entre 1993 et 2012, le PIB du Mozambique a augmenté en moyenne, selon la Banque mondiale, de 7,4 % par an. Cette hausse devrait être de 8,5 % en 2014 et 2015. La Banque mondiale estime que les revenus provenant du gaz et revenant à l’État mozambicain pourront se situer entre 5 et 10 milliards de dollars par an lorsque l’exploitation démarrera, et une vitesse de croisière ne serait atteinte que vers 2030... Mais la semaine dernière, le 2e gros opérateur présent sur place, l’américain Anadarko, a démarré l’exploration onshore (à terre), pour espérer trouver “autre chose que du gaz” !... Le mot a du mal à être lâché sur place, tant il fait peur, mais il semble probable que du pétrole soit présent dans la zone. Cela provoquerait un 2e cata¬clysme, encore plus gigantesque. En deux années, le Mozambique est déjà surnommé “le petit Qatar” et la zone est devenue un acteur majeur au niveau mondial. Avec une réserve de gaz exploitable sur la zone de Pemba déjà établie à 18 milliards de barils équivalent pétrole (BEP), et les découvertes sur toute la côte tanzanienne et au sud du Kenya (qui vient de mettre aux enchères 46 blocs), l’Afrique de l’Est pourrait fournir environ 300 millions de BEP de gaz naturel liquide par an, principalement à l’Asie, très gros demandeur. Le Mozambique deviendrait un important exportateur mondial, derrière le Qatar et l’Australie, rapporte le spécialiste Benjamin Augé, dans un rapport publié le mois dernier par l’Institut français des relations internationales. Les chiffres impressionnent, mais la réalité est déjà là, aux portes de Mayotte. 8.000 expatriés sont attendus à Pemba d’ici 2015, Pemba dont la nouvelle aérogare vient d’être livrée et où les travaux de construction de logements en dur n’arrêtent pas. Les immeubles sortent à peine de terre, avec des étais en bois de palétuviers… L’activité ne va pas manquer ces prochaines années et c’est pour cela qu’une délégation d’une vingtaine de chefs d’entreprises réunionnais, conduite par le président de la région Didier Robert, sera à Maputo et Pemba dans 15 jours.

À Madagascar, en face, de l’autre côté du canal, Total a ouvert un bureau à Majunga pour lancer l’exploration, première étape avant d’estimer d’éventuelles réserves et lancer l’exploitation. 24 blocs ont été mis sur le marché sur toute la côte malgache du canal de Mozambique. Aux Comores aussi l’exploration est lancée. Le secteur du gaz et pétrole demande d’énormes investissements, des milliards de dollars, que se partagent des opérateurs internationaux. Il génère aussi des activités annexes de construction, d’approvisionnement divers, des plus techniques à la nourriture. Les centaines d’expatriés déjà présents à Pemba sont à deux heures d’avion de Maputo, mais seulement à une heure de Mayotte, territoire français, européen, rassurant, sécurisant. Lancés dans des chantiers terrestres ou sous-marins titanesques, ils sont logés dans l’un des trois hôtels de la ville, de 150 à 300 dollars la nuit, souvent pleins et en pleine expansion. Ils consomment essentiellement des produits importés d’Afrique du Sud, très loin au sud et plus chers qu’à Mayotte... Ces expatriés sud-africains, américains, canadiens, portugais, australiens ou français sont demandeurs de loisirs, de plongées ou de ballades dans le lagon, pour souffler, de restaurants, de supermarchés, de médecins, dentistes ou opticiens. Ils sont demandeurs de pâtisserie, de fromages, de boites de nuit et de bars. Ils ont parfois besoin de recevoir rapidement une pièce détachée. D’autres pensent à installer leur famille à Mayotte, pour la santé ou l’éducation, et pouvoir venir les voir le week-end. Mayotte ne peut pas, ne doit pas passer à côté de ce potentiel pour son développement. C’est une voie de plus, à côté du lagon pour le tourisme et l’aquaculture, à côté de la formation de sa population et de ses voisins. Les compétences manquent cruellement à Pemba, en informatique, en garagistes, en production agricole… Avec ces découvertes de gaz, et peut-être de pétrole, autour d’elle, au Mozambique et en Tanzanie, à Madagascar ou aux Comores demain peut-être, et en attendant que des explorations soient engagées dans les eaux françaises qui nous entourent, Mayotte doit se positionner, agir. Mayotte a une carte importante à jouer et les premiers arrivés seront servis. La France est présente au milieu de cet immense champ gazier, en plein milieu du canal de Mozambique, avec Mayotte, son port, son aéroport international, ses infrastructures, ses entreprises, ses normes et ses compétences. La France, à travers le chantier naval des Constructions maritimes de Normandie vient de vendre 200 M€ de chalutiers de pêche et patrouilleurs militaires et forme la marine mozambicaine. Anadarko envisage d’installer une base logistique à Mayotte… Les cartes de la géopolitique de l’océan Indien sont en train d’être rebattues, Mayotte doit y prendre part, y trouver sa place.

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Alcoolisme : le fléau

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Enquête sur la consommation d'alcool à Mayotte : "Mère de tous les vices ? Simple plaisir à boire ? L'alcool, chacun a son avis sur la question. Tabou culturel, diabolisé par les pratiquants musulmans, l'alcool cristallise beaucoup de colère, de rancœur et de passion. La façon dont il est consommé à Mayotte, du binge-drinking, s'apparente à un sprint à l'ivresse. De nombreux Mahorais en sont adeptes, les problèmes sociaux causés par une consommation excessive sont souvent relevés par les services sociaux et judiciaires."

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Mayotte Hebdo n°426, jeudi 30 avril 2009.

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Majestueuses raies mantas

Les raies mantas du lagon font de plus en plus souvent le bonheur des photographes. Une foule de données disponibles, donc, pour en savoir plus sur elles : "La toute jeune association Atoll en a fait un sujet d’étude. L’idée : étudier ces poissons, leur mode de vie, leurs habitudes. Et les premières conclusions sont étonnantes. En effet, parmi la vingtaine de raies identifiées, certaines ont été vues d’une année sur l’autre. Une question se pose alors : y a-t-il réellement une “saison” des Mantas qui repartiraient vers d’autres spots au cours de l’année ou sont-elles simplement plus “visibles” à certaines périodes de l’année ? C’est cette deuxième hypothèse que semble privilégier l’association."

IL Y A 5 ANS

IL Y A 10 ANS

C'ÉTAIT DANS MH

SANS Z RENDE S U O V

Mayotte Hebdo °657, vendredi 2 mai 2014.

GRAND CHOIX DE LEURRES

LA PHOTO D'ARCHIVE Des sénateurs en visite

Février 2006 : les problèmes liés à l'immigration clandestine déjà au cœur des préoccupations nationales. Une délégation de sénateurs quittent ainsi les ors du Palais du Luxembourg et multiplient les visites sur le terrain. Ils se rendront aussi en Union des Comores pour discuter avec les autorités locales.

PALMES AQUAGYM

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TCHAKS

LA PHRASE

LE CHIFFRE 6

C'est le nombre d'artistes qui se sont produits samedi 27 au stade de Combani pour la première édition du May Festival. Parmi eux le célèbre Alpha Blondy, qui n'était plus venu depuis 12 ans sur l'île aux parfums. Malgré l'annulation de la veille suite au passage de la tempête tropicale Kenneth, le raggae-man ivoirien a donc pu réjouir le public. Il en a profité pour lancer un appel : "Si des artistes mahorais veulent passer sur Alpha Blondy FM (sa radio, ndlr) , ils sont les bienvenus, même s’ils ne font pas du reggae !"

"Le ministère des Outremer disposera d’un mois pour décider de l’intervention du fonds de secours"

Suite au passage de la tempête tropicale Kenneth, les services de l'État souhaitent mettre en place une mission d'enquête pour évaluer les dégâts sur les exploitations agricoles. Un rapport et une demande d'intervention du fonds de secours pour l'Outre-mer pourront ensuite être demandés, selon la décision du ministère. Pour les pertes de récoltes, l’agriculteur sera tenu de démontrer qu’il a eu au moins 25 % de pertes. "Il faudra justifier d’au moins 1.000 euros de pertes. Les plantations de bananes pourraient être les plus touchées”, a indiqué Bastien Chalagiraud, chef de service de l'économie agricole.

L'ACTION Deux nouvelles licences au Cufr

Deux nouvelles licences professionnelles sont proposées par le Centre universitaire de formation et de recherche (CUFR) de Dembéni, en partenariat avec l'université de Nîmes. Les deux formations – "Management et gestion des organisations" et "Développement de projets territoires", se destinent à un public de niveau bac +2. Les enseignements sont organisés en alternance, à raison de trois semaines de cours théoriques dispensés à Dembéni, et de deux semaines d’immersion en entreprise.

LA PHOTO DE LA SEMAINE À la découverte de l'Andalousie

Ils sont 26 élèves de troisième du collège Halidi Selemani de M'gombani à être partis découvrir l’Andalousie, en Espagne, dans le cadre d’un voyage scolaire organisé par leur professeure d’espagnol, Claire Anedda. Objectif de cette virée qui s'est achevée le 30 avril : permettre aux adolescents de rencontrer leurs correspondants, mais aussi découvrir la culture andalouse avec, notamment son célèbre flamenco, auquel ils ont pu s’initier dans les grottes de Sacromonte, bien connues pour être le creuset des danses gitanes de Grenade (photo). Une excursion dépaysante dont les élèves devront désormais rendre compte à travers un reportage photo et un montage vidéo.

RAMADAN

Toujours pas de grand cadi

Depuis le départ à la retraite de Nourdine Bacar en décembre dernier, c’est le cadi de Passamaïnty, Mahamoudou Hamada Saanda, qui assure l’intérim de la fonction de Grand cadi. Ainsi, c’est lui qui annoncera le début du ramadan, qui devrait se situer aux alentours de la fin de cette semaine ou début de semaine prochaine. Selon nos informations, la nomination officielle du nouveau Grand cadi a pris du retard en raison de l’élaboration de la fiche de poste par le Département de celui qui sera le prochain référent religieux des musulmans de l’île.

BE R E V O R P LE Bora nusu ya hasara raha na hasara ndzima. Il vaut mieux une demi-perte qu'une perte totale.

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LE FLOP LE TOP Une Maison digitale à Cavani

Vendredi 26 avril, un nouvel espace d’insertion sociale et professionnelle a été inauguré à Mayotte. La Maison digitale de Cavani, fruit d’un partenariat entre la fondation Orange et l’association Mlezi Maoré, vise à aider les femmes en situation précaire à s’approprier l’outil informatique afin de ne pas rester au ban de la révolution numérique et de l’emploi. Au-delà de la simple initiation à l'ordinateur, c'est aussi une fenêtre sur le monde extérieur que les porteurs de projet entendent offrir à ces femmes. "Elles restent souvent confinées chez elle, en intérieur, et certaines ne sont jamais allées dans certains endroits de Mayotte comme le Mont Choungui, par exemple", explique le formateur de Mlezi Maoré, Moissi Zaki.

ILS FONT L'ACTU Emmanuel Macron

Report de la visite du président de la République, qui devait initialement venir à Mayotte au mois de juin prochain. Jeudi 25 avril en effet, un conseiller de l’Élysée a confirmé à Outremer La 1ère que "son voyage dans l’Océan indien est renvoyé au mois de septembre". La faute au Brexit, qui contraint Emmanuel Macron à de nombreux déplacements à l’étranger. Sa visite à La Réunion, qui était prévue dans la foulée, est donc elle aussi reportée au mois de septembre.

INFRASTRUCTURE

Des espèces endémiques en danger d'extinction

La Communauté de communes du Sud décide de lancer des opérations de conservation et de valorisation de la flore du mont Choungi. Le célèbre mont abrite en effet 45% des espèces de flore endémiques de l’île aux parfums mais est confronté à un processus de régression de son écosystème lié notamment à la modification de son habitat d’origine et aux impacts de la fréquentation touristique du site. "Il y a une perte de la biodiversité. Si nous ne faisons rien à court terme, la disparition de ces espèces sera inévitable", met en garde Abassi Dimassi, chargé de mission "Connaissance et conservation de la flore à Mayotte" au Conservatoire botanique. Les travaux débuteront dans huit à dix mois.

Olivier Tirard

Le coordinateur de Yes We Can Nette, Olivier Tirard, a annoncé quitter ses fonctions "après une année de moments intenses" et "pour de nouvelles expériences et aventures professionnelles à Mayotte". Il a toutefois précisé qu'il restait au sein de l'association célèbre pour ses épiceries éco-solidaires en tant que membre du conseil d'administration et qu'il "[suivrait] et [appuierait] tous les projets de 2018 et tous ceux [qu'ils sont] en train de déposer pour l'année 2019". Une coordinatrice adjointe vient d'être recrutée en attendant l'arrivée prochaine d'un nouveau coordinateur. Lors des derniers Trophées mahorais de l'entreprise, organisés par la Somapresse, l'association avait été récompensée dans la catégorie Économie sociale et solidaire.

SONDAGE

Une nouvelle MJC à Bouéni

La mairie de la commune de Bouéni inaugure sa nouvelle Maison des jeunes et de la culture (MJC) ainsi que son Centre communal d'action sociale (CCAS) ce samedi 4 mai. Ainsi, elle convie la population et ses partenaires à une cérémonie de 8h à 12h avec, au programme, un shingué, du débaa, une représentation du chanteur Rekman Seller, etc. Rendez-vous devant la MJC, à côté du dispensaire et en face du plateau polyvalent.

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MAYOTTE ET MOI

Laureline Pinjon

CL AUDE JAQUIER

ÉCOLOGISTE 2.0 MAHORAIS D'ADOPTION DEPUIS QUELQUES MOIS, CLAUDE JAQUIER A CHOISI DE SE CONSACRER À MAYOTTE ET SA BIODIVERSITÉ. CET AMOUREUX DE LA NATURE EST À L'ORIGINE DE LA CAMPAGNE "MAORÉ A DIT" ET DU TRASHTAG CHALLENGE DE MAYOTTE. "Mon nom est Claude Jaquier. Jaquier comme l’arbre des tropiques. Comme quoi j’étais prédestiné à venir à Mayotte." Ce métropolitain pure souche, autodidacte du monde des médias et de la communication, a beaucoup sillonné la métropole avant d'accoster à Mayotte. L'île au parfum "ça fait 10 ans" qu'il essaie d'y venir. L'hiver dernier lorsqu'il apprend que la fédération Mayotte Nature Environnement recherche un responsable communication, il fonce. "Je sortais d’une expérience en collectivité territoriale avec des politiques nauséabondes, j’avais besoin d’un grand bol d’air. Ici, je l’ai trouvé," confie Claude les yeux tournés vers le lagon, bien loin du froid métropolitain.

lancée. Au compteur : plus de 400 likes. Sa description est simple : "C’est dégueulasse, tu snap ! C’est cleané, tu re-snap ! Et ne sois pas gêné de poser avec tes sacs poubelles." Depuis, tous les samedis, les trois amis et une dizaine de volontaires se donnent rendez-vous à 9h pour un "ramassage citoyen". Ce genre d'action est "indispensable" pour Claude. "C'est simple, tout le monde peut le pratiquer et même si c'est un petit geste, ça compte" lâche-t-il, en observant avec amusement un maki dans un arbre voisin. Optimiste, il espère que les habitants de Mayotte prendront rapidement conscience des enjeux environnementaux, "sinon dans 10 ans Mayotte sera une poubelle à ciel ouvert, c’est aussi simple que ça".

Les affiches taille géante "Maoré a dit, respecte-moi, respecte-toi", placardées sur les panneaux publicitaires au bord des routes, c'est Claude qui en est à l'origine. En plus de son poste de responsable communication de la Fédération Mayotte Nature Environnement, il est également animateur pour "Maoré a dit", cette stratégie de communication environnementale à Mayotte et pour Mayotte. "La nature et la jeunesse sont les richesses de l’île, elles doivent être au cœur des problématiques futures", lâche cet amoureux de la nature. Il évoque la flore "si riche" de l'île avec passion. Durant son temps libre, Claude œuvre également pour l'environnement. Le Trashtag Challenge, qui enflamme mondialement les réseaux sociaux ces derniers mois, a sa version mahoraise grâce à Claude et deux amis. Ce challenge, lancé par un activiste algérien, a pour principe de nettoyer un endroit plein de déchets et de poster une photo avant et après sur les réseaux sociaux. Dans l'œil du community manager, le challenge s'est vite dépeint comme simple et ludique, une initiative qui pourrait plaire à un vaste public connecté. "On s'est rapidement dit : il faut le faire, ça va marcher !" Le 22 mars, la page Facebook "Trashtag Challenge Mayotte" est

À Mayotte il faut avoir envie de découvrir Rétrospectif sur ses quatre mois de découverte mahoraise, Claude pense rester. "Souvent on dit qu’il faut trois mois pour savoir si le corps et l’esprit s’acclimatent, je sais que c’est bon pour moi. J'aime mon travail, j'aime les gens, j'aime ma vie." En réalité, dès son deuxième jour sur l'île, il savait qu'il s'y plairait. Cigarette entre les doigts, il se remémore son premier lever de soleil à Doujani : "c'était magique". Pour lui, la culture mahoraise est une belle palette de couleurs : les salouvas, les fruits, la forêt, le lagon, etc. Sa seule frustration quotidienne reste la langue locale. Et c'est d'ailleurs pour ça que Claude a débuté des cours de shimaoré. Il se donne six mois pour le comprendre, un an pour le parler. "Pour comprendre Mayotte, c'est indispensable. D'ailleurs si on se contente de la vision des médias métropolitains on ne comprend pas, et surtout on ne vient pas" lâche Claude. Il se rappelle les mois qui ont précédé son départ. Lorsqu'il a commencé à se renseigner sur Mayotte, "tout était négatif". Alors il a arrêté. "De toute façon à Mayotte il faut avoir envie de découvrir !" n

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MAYOTTE ET MOI

CLAUDE JAQUIER, ÉCOLOGISTE 2.0

MON ENDROIT FAVORI "Mon endroit favori ? Je dirais Doujani. Doujani car c'est là que mon aventure mahoraise a commencé. Et parce que c'est un quartier cosmopolite, avec des Mahorais, des Anjouanais, une communauté espagnole. Là-bas, j'ai trouvé un quartier typique de Mayotte, avec une vie locale où on est proches des gens. Je me suis fait accueillir comme si j'étais chez moi. Ça m'a humainement marqué."

MON MEILLEUR SOUVENIR À MAYOTTE "J'en ai déjà plein en si peu de temps ! Mais mon meilleur souvenir mahorais reste la trouvaille de la plage Papani, en Petite-Terre. À la base c'était un ramassage de déchets avec deux amis, qui s'est très vite transformé en trek de 2h30. Falaise abrupte, 10 mètres de corde, pente boueuse : un véritable parcours du combattant… en tongs ! Et en surprise, à notre arrivée, la plage était propre, comme elle est quasi inaccessible. C'était un peu frustrant, mais en même temps tellement satisfaisant d'enfin trouver cette plage au-delà de toute cette galère. Cette plage est magnifique, c'est un endroit, non pas à conseiller, mais à découvrir. C'est plein de petites circonstances qui en font un grand souvenir."

MON ŒUVRE PRÉFÉRÉE "Sans hésiter : Éloges, de Saint-John Perse. Ce recueil de poésie me suit depuis 30 ans, c'était le dernier cadeau de mon père. Je suis un amoureux de la poésie. Je suis d'ailleurs plus une âme vagabonde qu'un romantique, et ce recueil est un véritable voyage dans les îles. Chaque poème est un tableau. Même si l'écrit est un peu dur d'approche, de par sa syntaxe érudite, c'est très imagé. On se laisse porter par la mélodie, les paysages, les odeurs et les couleurs. C'est une photo qui magnifie la vie sous les tropiques. Sans faire mon Jean-Claude Dusse (un des personnages des films Les Bronzés, ndlr), c'est vraiment le kiff de le lire sur la plage !"

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MA PHOTO MARQUANTE

"Ma première rencontre avec les makis. Je travaillais le soir sur ma terrasse et là, des bruits étranges pour un mzungu à peine débarqué. La surprise, des dizaines de makis en transhumance entre la mangrove de Kaweni et les hauteurs de la Convalescence. L'appareil à portée de la main je shoote ! Lui a semblé être le chef et s'est approché au plus près. Un genre de mutant style Terminator ! On est restés tous les deux figés un long moment. Depuis, il ne manque pas de me saluer à chaque passage."

MA BONNE IDÉE POUR MAYOTTE

"Il faut un véritable skate park digne de ce nom à Mayotte. Ici, les enfants jouent partout et tout le temps, ce qui est génial. Mais beaucoup d'associations environnementales leur tapent sur les doigts quand, par exemple, ils jouent dans la mangrove. Je pense qu'on devrait à tous leur donner un BMX pour qu'ils fassent de la rampe et du street. Ce n'est pas le mobilier urbain qui manque ! Le skate ou le roller c'est mort ici, alors que le BMX ça passe de partout. Je pense même que Mayotte pourrait être un spot mondial de BMX !"

RECYCLER LE VERRE À MAYOTTE "Je pense qu'on devrait rétablir, ou établir, des machines de consignes pour les bouteilles en verre et les canettes en métal. On peut largement recycler le verre à Mayotte, il faut de l'eau et du sable ! J'ai habité dans les Ardennes pendant longtemps, et là-bas, pas une bouteille en verre ne traine. Pourquoi ? Car les gens les ramassent et vont les faire consigner en Belgique. Ça leur fait quelques sous et la planète se porte mieux. Je pense que ce serait une bonne idée pour Mayotte. Chaque citoyen doit se prendre en main. C'est ce qui est préconisé avec le Tashtag Challenge. On peut tous le faire à notre échelle, dans nos quartiers et il y a le côté réseau social qui est ludique."

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LE DOSSIER

MOUBAR 12•

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Comme chaque année, la lune du ramadan sonne le départ d'un mois de jeûne pour les musulmans du monde et Mayotte, elle aussi, va célébrer ce mois sacré. Un mois sacré qui a des répercussions. Sur le corps d'abord : le jeûne n'est pas à pratiquer à la légère et n'importe comment. Sur l'économie ensuite, puisque contrairement à ce que l'on peut parfois penser, le ramadan est aussi source de fête, et donc de consommation. Les commerçants l'ont bien compris.

RAMADAN

RAK

Et puis, le ramadan, c'est aussi et surtout une manière pour les croyants de se recentrer sur leur foi. En tout cas pour certains d'entre eux puisque, bien qu'attachés à la religion et respectueux d'elle, certains décident de ne pas jeûner. Et ils l'assument. Nous sommes allés à leur rencontre. La ramadan et Mayotte, c'est toute une histoire, que nous vous présentons dans ce dossier.

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LE DOSSIER

Romain Guille

ÉCONOMIE

LE RAMADAN, UNE AUBAINE POUR LE BUSINESS ? DURANT LE RAMADAN, LA POPULATION PEUT AVOIR LE SENTIMENT QUE L’ÉCONOMIE TOURNE AU RALENTI. POURTANT, LES GRANDS GROUPES DE DISTRIBUTION SAVENT QUE CETTE PÉRIODE EST IMPORTANTE POUR EUX. CHACUN JOUE LA CARTE DE LA PROMOTION POUR FIDÉLISER LES CLIENTS ET REMPLIR LEURS CHARIOTS DE TOUS LES PRODUITS INDISPENSABLES POUR LE MOIS DU JEÛNE. Pour le centre commercial Baobab, ouvert depuis novembre 2018, cela sera une grande première. "Nous avons augmenté les stocks de 30 % en prévision du ramadan", souligne Nassroudrine Mlanao, directeur d’exploitation à Sodifram. Difficile toutefois d’en savoir davantage sur la politique engagée : "C’est un secret de fabrique vis-à-vis de nos concurrents", sourit-il. Seule certitude, les produits incontournables, comme la farine, le sucre, la viande et la tomate pelée, seront disponibles en grande quantité et à des prix réduits. De manière plus générale, le groupe Sodifram, implantée depuis 1992 sur l’île aux parfums, se tient prêt à répondre aux attentes des clients. Commencées lundi 29 avril, les promotions se font sur "20 % des produits les plus sollicités, qui représentent 80 % de notre chiffre d’affaires", confie Bruno Mussard, superviseur réseau et directeur des produits frais. Et pour ne pas revivre les pénuries habituelles lors de ce mois sacré, l’enseigne a pris les devants. "Deux containers de samoussas et deux autres de dattes doivent arriver. Nous ne rencontrerons pas de problèmes à l’inverse de l’an dernier", assure-t-il. Selon Mohamed Sidi également, président suppléant du port de Longoni, "beaucoup de marchandises arrivent ces derniers jours, car le ramadan est propice au commerce" (voir encadré).

Même son de cloche à Somaco où l'on promet "des prix bas sur les produits phares du ramadan". Pour une raison simple, "nous savons que ça va bien partir !" Des diminutions de plusieurs centimes sont donc à prévoir : -16 % sur certains laits, -20 % sur le sel fin 500 grammes, -18 % sur les 400 grammes de tomates pelées, -20 % sur les 500 grammes de vermicelles, -19 % sur les 20 kilogrammes de maquereaux, etc. Le groupe en profite aussi pour casser les prix sur le petit électroménager, comme certains robots de cuisine qui voient leurs prix baisser de plus de 20 %, ou autre blender qui perdent jusqu'à la moitié de leur prix habituel. Et ce n’est pas tout. "Nous faisons le maximum pour proposer le plus de fruits possible à notre clientèle", affirme l'enseigne. Dattes, poires, pommes, oranges, raisins et bananes vont ainsi garnir les étals des rayons. Si chaque groupe de distribution mène sa barque comme bon lui semble, tous sont unanimes sur un point : "C’est une période très active au début et à la fin, avec un creux au milieu. C’est très particulier." En conclusion, la période du ramadan n’entraîne pas l’envolée de l’indice des prix, comme le confirme Jamel Mekkaoui, chef du service régional de l'INSEE Mayotte : "À l’exception de l’année 2016 où le prix de l’alimentation avait nettement progressé, on ne note pas d’impact spécifique du mois de ramadan." n

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Crédits

Pic d’activité quelques semaines avant le ramadan pour l’Adie En 2008, l’Association pour le droit à l'initiative économique (Adie) de Mayotte s’est organisée pour pouvoir proposer un microcrédit spécialement adapté aux petits entrepreneurs qui souhaitent étoffer leur stock en prévision des festivités du Ramadan. L'idée ? Rebondir sur le ramadan pour faire connaître les activités de l'association. Avec succès : "Les commerçants connaissent très bien l’Adie aujourd’hui et cette opération n’existe plus depuis maintenant quatre ans sous cette forme [liée au ramadan]", précise David Gondonneau, directeur régional Adie RéunionMayotte. Si l’idée de départ de ces campagnes annuelles de communication était d’attirer le regard et de faire parler de la structure dans le but de la faire connaître, ce prêt avantageux et sans frais est désormais rentré dans les mœurs au fil du temps : "chaque année, nous observons, deux à trois mois avant le ramadan, un pic d’activité." Du mois de janvier à avril compris, l’association a en effet injecté 3,4 millions d’euros dans l’économie locale (8,43 millions d’euros sur l’ensemble de l’année 2018). Ce montant a permis de financer 370 personnes. Sur les 129 créations d’entreprises, 60 % sont dans le commerce. Parmi les 241 microcrédits renouvelés, 180 concernent des commerçants. Il s’agit principalement de vendeurs sur le marché comme des commerces sédentaires (doukas, vêtements, chaussures, etc.).

Aérien

Port

« Durant le ramadan, nous divisons le nombre de vols par deux »

Un accroissement de l'activité

Pour les compagnies aériennes, le ramadan est synonyme de période creuse, comme l’explique Ayub Ingar, directeur d’Ewa Air. Pour la prévenir, l’anticipation est le mot d’ordre. "Lorsque nous faisons notre budget en début d’année, nous prévoyons un programme d’allègement et nous régulons 40 à 45 % de nos vols. Lorsqu’il y a un coefficient de remplissage de 10 ou 12 %, nous préférons décaler ou annuler." Entendez par là que sur les 25 à 30 départs prévus chaque semaine, seuls la moitié s’envolent réellement. Cette année est d’autant plus délicate que le ramadan tombe en plein milieu des vacances scolaires. Le programme normal des vols reprendra, lui, son cours habituel trois jours avant la fin du ramadan pour permettre aux musulmans de "passer l’Aïd aux Comores ou à Madagascar avec le reste de la famille". Toutefois, le directeur souligne qu’une fois le mois du jeûne terminée, "beaucoup de gens partent s’aérer l’esprit le week-end, notamment à Majunga". Mais une chose est sure, des turbulences sont à prévoir pour les compagnies aériennes durant le ramadan : "nous tournons au ralenti."

Du côté du port de Longoni, les deux effectifs de quarante personnes n’ont pas arrêté une seule minute cette semaine. "Par rapport à l’an dernier, le nombre de containers a bien augmenté", confie l’un des employés. "Je pense que les gens ont pris les devants." Pour preuve, un navire arrivé dimanche dernier a donné du fil à retordre pendant deux jours aux agents. Il y avait 578 containers d’import et environ 270 de transbordement. "Les parcs sont remplis", précise-t-il. Un autre navire transportant plus de 200 containers doit également suivre et se présenter le 5 mai. Une fois débarqués, les containers sont récupérés au comptegoutte par les particuliers et les entreprises. "Pendant le ramadan, c’est la cohue ! Les groupes de grande distribution peuvent en chercher jusqu’à une trentaine par jour." En somme : une véritable course contre la montre.

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LE DOSSIER

Laureline Pinjon

NUTRITION

CINQ CONSEILS POUR JEÛNER DANS DE BONNES CONDITIONS

LE RESPECT DU JEÛNE, SAWM OU SAOUM EN ARABE, LORS DU MOIS DE RAMADAN EST L'UN DES CINQ PILIERS DE L'ISLAM. DURANT CETTE PÉRIODE, LES CROYANTS S'ENGAGENT DANS UNE DYNAMIQUE SPIRITUELLE OÙ L'ESPRIT AIDE LE CORPS. CEPENDANT, CE DERNIER N’ARRIVE PAS TOUJOURS À SUIVRE LE RYTHME DE CE JEÛNE. AFIN DE VIVRE UN MOIS DE RAMADAN ÉQUILIBRÉ, L’AGENCE RÉGIONALE DE SANTÉ (ARS) LIVRE DES PRÉCONISATIONS ET DES CONSEILS POUR EN LIMITER LES IMPACTS SUR LE CORPS. LE DOCTEUR ADBON GOUDJO, ÉGALEMENT CONSEILLER MÉDICAL À L’ARS OCÉAN INDIEN DE MAYOTTE, DONNE CINQ REPÈRES NUTRITIONNELS.

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Respecter les trois repas

Afin que le corps s’adapte plus facilement au jeûne, il est vivement recommandé de suivre les trois repas du ramadan : le foutari, le tarawih et le tsahou. Ces trois repas prennent le relai des trois repas habituels des périodes de non-jeûne. Au foutari, le repas de rupture du jeûne, il est conseillé de manger de manière équilibrée et variée, et en quantité raisonnable. À la tarawih, prière quotidienne du soir, il est recommandé de manger très léger afin de permettre à son corps de digérer facilement, et ainsi mieux dormir pour être en forme le lendemain. Au réveil enfin, lors du tsahou, il est conseillé de consommer des aliments à forts apports énergétiques, comme du riz, afin d'aider son corps à tenir durant la journée.

S’hydrater

À la rupture du jeûne, il est fortement préconisé de boire de l'eau souvent, par petites quantités. Il faut en revanche limiter au maximum les sodas, qui n’hydratent pas et qui sont remplis de sucres rapides. La consommation de thé, de lait de coco ou autres boissons à base de fruits sans sucre ajouté, comme de l’eau citronnée par exemple, peut être une alternative.

Manger en petite quantité et de manière diversifiée

L'alimentation durant le jeûne doit rester variée. Il faut éviter les apports trop forts en matières grasses et les sucres rapides afin d'écarter les risques d'hyperglycémies et d'hypoglycémies, qui correspondent à des concentrations anormales de glucose dans le sang. Une consommation alimentaire excessive empêche une bonne digestion et un sommeil réparateur. Il est donc conseillé de manger doucement et en petite quantité, pour ainsi faciliter la digestion à l’estomac et trouver plus de plaisir à déguster la nourriture. Il faut également limiter au maximum le grignotage, qui peut engendrer des prises de poids.

Limiter l'activité physique

De manière générale, il est conseillé de limiter au maximum les efforts physiques à jeun. Pour les sportifs, il faut privilégier les activités physiques durant les deux ou trois heures qui suivent la rupture du jeûne et lorsque les températures sont adéquates. Pratiquer un effort croissant en commençant par marcher, puis courir doucement afin de garder le plaisir de l'effort physique, sans trop se dépenser. Par ailleurs, il ne faut pas s'attendre à fournir les mêmes performances qu'en période de non-jeûne. Il faut également penser à boire suffisamment d’eau, pendant et après l’activité physique, et surtout s’arrêter au moindre signe de faiblesse.

Consulter un médecin si besoin

Il est conseillé aux personnes fragiles, aux femmes enceintes et mères allaitantes, aux personnes âgées, aux diabétiques ou toutes autres personnes aux traitements médicamenteux sur le long court, de consulter leurs médecins avant le ramadan pour des conseils adaptés. Ces derniers leur feront savoir si leurs traitements et leurs conditions physiques sont compatibles avec la pratique du jeûne. Ils pourront, si besoin, adapter les traitements ou demander à retarder le jeûne, pour le rattraper plus tard.

ET AUSSI… Le ramadan, mon corps et moi

L'année dernière Mayotte Hebdo avait consacré deux pages aux effets du jeûne sur le corps (Mayotte Hebdo n°842) en rencontrant Cécile Lagouche, nutritionniste et diététicienne. Alors, que se passe-t-il dans notre corps au moment du ramadan ? Cerveau : des messages contraires "Durant son activité, le cerveau va détecter un manque de nutriments pendant le mois de Ramadan. Le sucre étant un élément nutritionnel indispensable à son fonctionnement, cet organe va se mettre en alerte pour puiser du glucose là où il en trouve. Progressivement, le cerveau va moduler sa dépense énergétique pour économiser le maximum de sucre. C’est pour cela notamment que l’on constate une baisse de forme dans le métabolisme. Le cerveau va utiliser d’autres voies énergétiques que le sucre pour fonctionner, tels que les corps cétoniques ou les lipides." Estomac : en route vers la réduction "Pendant les premières semaines du ramadan, l’estomac continue de sécréter des enzymes durant les heures habituelles des repas. C’est une façon pour lui de se préparer à la digestion. Voilà pourquoi certaines personnes ressentent une sensation d’acidité les premiers temps. Naturellement, cette sensation s’estompe au fil des semaines. Autre conséquence de cette diminution alimentaire : l’estomac se réduit. Ce qui explique pourquoi un simple verre d’eau ou de lait suffit parfois à le remplir lors de la rupture du jeûne. Il ainsi préférable de prendre une petite collation pour mettre l’estomac en branle avant de dîner." Tube digestif : nouveaux repas, nouveau transit "Contrairement à l’estomac, l’intestin n’est pas une poche de rétention. Il n’y a donc pas modification quant à sa taille durant le ramadan. Cela pourrait éventuellement être le cas dans l’hypothèse d’un jeûne total. Mais avec au moins deux repas par jour, le tube digestif continue son activité. Une différence peut cependant se faire ressentir quant au transit. Cela s’expliquant notamment en raison des changements dans l’alimentation, plus que dans la fréquence des repas. Si l’individu ne consomme pas assez de légumes, il reçoit moins de fibres et peut donc être sujet à des constipations. À contrario, si l’on mange trop gras, on peut s’exposer à des diarrhées ou à des selles plus molles." Foie : un mois pas si reposant "Ramadan étant bien souvent synonyme de repas gras et sucrés, le foie continue de sécréter des enzymes pour digérer les graisses. Son activité est donc toujours importante, même pendant le mois de Ramadan. Et la consommation de produits gras n’arrange rien à son fonctionnement. D’autant plus lorsqu’il s’agit d’aliments cuits dans l’huile. Plus un produit est frit, plus il est néfaste pour le foie. C'est également vrai, frits ou grillées, pour les ailes de poulet, ce type d’aliment étant bien souvent chargé en graisses saturées qui ne sont pas très bonnes pour la santé."

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LE DOSSIER

Solène Peillard

SOCIÉTÉ

DES JEÛNEURS & DÉJEÛNEURS QUATRIÈME PILIER DE L'ISLAM, LE RAMADAN EST UN DES PLUS RESPECTÉS PAR LES MUSULMANS PRATIQUANTS. POURTANT, CERTAINS D'ENTRE EUX NE L'OBSERVENT PAS, SANS POUR AUTANT Y VOIR UNE CONTRADICTION AVEC LEUR FOI. "Ô vous qui croyez, le jeûne vous est prescrit tout comme il a été prescrit à vos devanciers, afin que vous adoptiez la piété", établit le verset 184 de la sourate 2, ou "sourate de la vache". La pratique du ramadan constitue le deuxième pilier de l'islam le plus respecté au monde après la profession de foi, estimait en 2012 le Pew Research Center, centre de recherches américain, connu pour ses statistiques démographiques et religieuses. Et pour cause : "Le Coran a été révélé pendant le mois de ramadan pour servir de direction aux hommes : une manifestation claire de la Direction et de la Loi. Quiconque d'entre vous apercevra cette nouvelle lune jeûnera ce mois entier !", peut-on encore lire. Période la plus sacrée de l'année pour les musulmans, le ramadan permet ainsi la purification du corps et de l'esprit, en proscrivant toute consommation de nourriture, boisson et tabac, ainsi que les rapports sexuels – sous condition de mariage – de l'aube jusqu'au coucher du soleil, pendant trente jours. Au cours du neuvième mois de l'Hégire, les fidèles doivent également accorder plus de temps à la prière et à la méditation, et veiller à adopter une attitude exemplaire, particulièrement en pratiquant l'aumône. Toutefois, certains peuvent en être exemptés, comme les personnes malades ou âgées, les femmes enceintes ou en période de menstruation, les voyageurs et les enfants n'ayant pas encore atteint la puberté. Les croyants qui ne respecteraient pas le ramadan seraient de moins en moins nombreux, à en croire une enquête de l'Ipsos : en 1989, 60% des musulmans déclaraient jeûner pendant tout le mois sacré, contre 71% en 2011. Pour autant, cette même année, l'organisme révélait qu'un tiers des fidèles en France n'observaient pas l'ascèse. Une réalité qui prouve que certains

musulmans, aptes à jeûner au regard des saintes écritures, choisissent sciemment de ne pas le faire, sans pour autant y voir une contradiction avec leur foi. "Pas pratiquant ne veut pas dire pas croyant" À 39 ans, Ibrahim* fait partie de ces croyants qui ne font pas le ramadan. Pourtant, le jeûne, il s'y est astreint pendant plus de dix ans, alors même qu'il faisait chaque jour les cinq prières à la mosquée et qu'il lisait fréquemment le Coran. Puis il a "commencé à faire des recherches" sur la religion au sens large. Finalement, il comprend que ce sont ses actes quotidiens qui déterminent sa qualité de croyant. "La foi en elle-même n'est pas quelque chose qui doit être visible, c'est à l'intérieur", défend l'éducateur. "Si tu fais le ramadan, mais que tu te comportes mal le reste de l'année, ça ne marche pas". Tous les ans en revanche, il se rend à la mosquée pour l'Aïd, "ça fait partie du folklore convivial de la religion". Ibrahim se décrit comme un "musulman saisonnier" : il célèbre les fêtes religieuses, partage le Foutari avec son entourage et parfois, il fait le ramadan quand l'envie lui en prend. "Est-ce que cela est rattaché à une croyance particulière ? Pas du tout, c'est plus pour le fun". Sa famille et son entourage l'acceptent, et même en rigolent. "C'est comme ça depuis des années et comme on est train de muter vers une société très libre et plus ouverte, je m'aperçois que beaucoup de musulmans ne sont pas très loin de ce que je fais". "Je ne fais de mal à personne" Parmi eux, Saïd*. D'aussi loin que le quinquagénaire s'en souvienne, il n'a jamais fait le ramadan. Pour autant, "j'ai la foi", assuret-il en ajoutant : "Certes, je n'observe pas les cinq piliers, mais je ne fais de mal à personne". Enfant,

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le Mahorais se rendait à la mosquée pour les cinq prières quotidiennes, mais à l'âge de 14 ou 15 ans, il commence à boire de l'alcool, et refuse alors de concilier son amour pour la bouteille à celui qu'il voue à Dieu. Et puis, "pour la première prière, il faut se lever tôt !", plaisante-t-il. "Je ne suis pas pratiquant, mais ça ne veut pas dire que je ne suis pas croyant", développe Saïd. Le seul pilier qu'il respecte est le troisième, l'aumône, qu'il fait toute l'année. À ce propos, il souligne d'ailleurs une forme d'hypocrisie : "Lorsque tu ne vas pas à la mosquée, on ne te fait pas de remarque alors que c'est le deuxième pilier de l'islam, lorsque tu passes devant un mendiant et que tu ne lui donnes rien, c'est pareil, alors que c'est le troisième pilier, mais quand tu manges publiquement pendant le ramadan, là, on t'en fait, des remarques alors que ce n'est que le quatrième pilier !" Mais après tout, "chacun sa tombe". Aussi, l'homme affirme connaître à Mayotte "beaucoup de musulmans" qui feignent de respecter le ramadan, sans véritablement suivre l'ascèse, "mais on ne peut pas faire semblant devant Dieu", croit Saïd. Lui-même a déjà observé le jeûne, quelques jours seulement, "pas de manière continue". Il se souvient alors des propos de sa mère : "Si tu fais le ramadan, il faut le faire tous les jours et aller à la mosquée, mais si tu ne jeûnes pas tous les jours ou que tu ne vas pas à la mosquée ça ne sert à rien", le prévenait-elle. Saïd pense alors qu' "il n'est pas incompatible d'avoir la foi et de ne pas jeûner". "Si tu ne fais pas le ramadan, tu n'es pas musulman" Mais pour le cadi de Sada, ne pas s'astreindre à l'ascèse demeure une désobéissance à Dieu. "Alors c'est à Dieu de décider s'il les pardonnera ou pas", lâche solennellement Abdallah Mohammed. "Mais nous croyons à la vie après la mort, aux châtiments, au paradis, etc. Alors je prie pour eux".

Juge musulman, il se veut ouvert à parler, conseiller et aider les croyants qui ne respectent pas le ramadan. "Le prophète ne nous a pas dit de le faire pour nous embêter, mais parce que c'est bon pour notre santé !" Mais il tempère aussi : "Celui qui ne fait pas le ramadan n'a pas volé quelque chose, il n'a frappé personne ! Mais en tant que musulman, il fait quelque chose qui n'est pas bon, car tous ceux qui sont en bonne santé, qui ne sont ni trop vieux, ni trop jeunes doivent le faire", comme voulu par la sourate de la vache. Même son de cloche pour Ibrahim Kafé. Le Mahorais d'adoption est parti étudier l'islam, le Coran et les sciences pendant plusieurs années en Arabie Saoudite. Les écrits saints, il en connaît chaque ligne, et pour lui, aucun doute, "si tu ne fais pas le ramadan, tu n'es pas musulman". Preuve est en selon celui qui se fait surnommer "Hibou" : "Il est écrit que le Hadj (le pèlerinage à La Mecque, ndlr) il faut le faire "quand tu peux", mais pour le ramadan, ça n'est pas écrit "quand tu peux." Alors si tu rates un jeûne, aux yeux de l'islam, tu ne pourras jamais le rattraper". À ce propos, un hadîth – recueil des actes et propos du prophète Mahomet devant faire foi d'exemple pour les musulmans–, rapporté par Aboû Oumâma al-Bâhiliy y fait écho : "Me voici alors avec des gens accrochés par leurs os dépouillés de leurs chairs, les coins de leurs bouches fendus faisant abondamment couler le sang. Je demandai : "Qui sont ces gens ?" Ils répondirent: "Ceux qui rompaient leur jeûne avant sa fin !"". Mais un autre texte, le 33ème chapitre du Coran cette fois, stipule aussi : "Nul blâme sur vous pour ce que vous faites par erreur, mais (vous serez blâmés pour) ce que vos cœurs font délibérément. Allah, cependant, est Pardonneur et Miséricordieux." n * Noms d'emprunt

UN RAMADAN SANS GRAND CADI Tous les ans, le Grand cadi est chargé d'annoncer officiellement le début du ramadan à Mayotte. Mais alors que le remplaçant de Nourdine Bacar, parti à la retraite en décembre, n'est pas encore connu, la mission sera confiée à son ancien premier adjoint, Mahamoudou Hamada Saanda, devenu chef des musulmans de Mayotte par intérim. "Si tout va bien, la fin du ramadan sera prononcée par le nouveau Grand cadi", espère Issa Issa Abdou, quatrième vice-président du conseil départemental, en charge de l'action sociale et de la santé. "Nous planchons pour pouvoir le nommer pendant le mois du jeûne".

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ENTRETIEN

Geoffroy Vauthier

"ON EST BIEN DANS LA RÉALITÉ D'UN REMPLACEMENT DE POPULATION" MANSOUR KAMARDINE, DÉPUTÉ 20•

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Alors que le 101ème département a reçu coup sur coup la visite du ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, et de la ministre des Outre-mer, Annick Girardin, le député Mansour Kamardine, regrette la "poudre de perlimpinpin" du gouvernement.

Mayotte Hebdo : Deux ministres sont venus coup sur coup ces dernières semaines : Christophe Castaner, ministre de l'Intérieur, et Annick Girardin, ministre des Outre-mer. Il s'agissait pour cette dernière de dresser un premier bilan du Plan d'avenir pour Mayotte, et cette dernière s'est réjouie "Il y a eu des résultats". Qu'en retenez-vous ? Mansour Kamardine : La visite d'un ministre est toujours une excellente chose. C'est un sentiment de satisfaction, car on n'oublie pas que Mayotte existe et qu'elle est française. Mais, malheureusement, nous ne partageons pas la même analyse. Elle considère que les choses avancent, moi je considère qu'elle met de la poudre de perlimpinpin aux yeux du territoire sans s'attaquer aux vrais sujets. Dès l'origine, nous avons une divergence majeure, car ses priorités ne sont pas celles de Mayotte. Elle a ses propres priorités et c'est regrettable. La conception que j'ai de l'action d'un ministre n'est pas de fixer ses propres priorités, mais d'adopter celles des populations dont il a la charge. Ce qui est décliné dans le bilan dont elle se prévaut est la construction d'écoles, qui ne sont pas encore là, l'activité de l'hôpital et la construction de logements locatifs sociaux. Or, ces trois domaines participent à l'appel d'air de l'immigration clandestine, qu'elle reproche aux Mahorais. Avec raison d’ailleurs, car ils ont aussi un comportement ambigu et irresponsable en employant et hébergeant des clandestins. L'État et les populations de Mayotte ont le même comportement face à l'immigration, et ce n'est évidemment pas acceptable. Ce que je retiens aussi est qu'elle dit que tout a été essayé en ce qui concerne l'immigration. Or, c'est faux, tout n'a pas été essayé, car il y a eu des propositions responsables qui n'ont pas encore été mises en œuvre. C'est regrettable. Enfin, elle sait que la piste longue est une priorité à Mayotte, mais dit que ça ne l'est pas pour elle. Il y a un désaccord flagrant. MH : Elle a en effet souligné le rôle que pouvaient jouer les Mahorais en quelques phrases : "Quand les Comoriens n'arriveront pas à travailler, à se loger (…) ils repartiront", appuyant sur "la responsabilité générale." Vous partagez donc le point de vue ? MK : Je partage le point de vue oui, et j'appelle les Mahorais à plus de responsabilités. Mais je demande aussi au gouvernement de prendre les siennes. Qu'on soigne les gens en urgence vitale, c'est normal, c'est humain, compréhensible et j'y adhère. En revanche, dire qu'on soigne tout le monde, gratuitement, c'est encourager nos voisins à venir se faire soigner à l'hôpital, c'est une action d'appel d'air à l'immigration clandestine. Même quand on a des céphalées on va se faire soigner à Mayotte, car à 70 km d'ici, l'aspirine est payante. Quand la ministre dit "on continue de construire des écoles à Mayotte", et bien les gens se disent qu'ils vont continuer à scolariser leurs enfants ici, puisqu'en France la scolarisation est obligatoire en dessous de 16 ans. C'est là aussi un appel d'air. Quand on dit qu'on

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"C'EST FAUX, TOUT N'A PAS ÉTÉ ESSAYÉ" donne la priorité aux logements locatifs sociaux pour permettre de loger tous ceux qu'on aura régularisés, c'est encore un appel d'air. On encourage la clandestinité, c'est ce que je dénonce. Je souhaite un comportement responsable des populations mahoraises, mais également responsable de la part du gouvernement. Sous François Hollande, la ministre d'alors était venue pour inaugurer des bornes-fontaines publiques pour encourager, toujours, l'immigration clandestine, et là Annick Girardin fait encore mieux. Il faut le dénoncer. Le président de la République a, à l'occasion de sa dernière conférence de presse, réagi sur la question de l'immigration en Europe, en disant qu'il fallait reprendre le contrôle des frontières. Cette décision doit aussi être valable pour Mayotte, car elle est française et européenne. Les frontières de la France et de l'Union européenne sont aussi ici. Dans le même temps, il faut poursuivre les Mahorais qui participent à l'immigration clandestine. Il faut une action qui tienne debout sur ses deux jambes. MH : Justement, entre la situation politique tendue en Union des Comores depuis la réélection d'Azali Assoumani au pouvoir et le durcissement apparent du régime, et le passage du cyclone Kenneth la semaine dernière, craignez-vous des flux migratoires encore plus massifs dans les prochaines semaines ? MK : Vous avez vu que le gouvernement français a considéré que les élections se sont bien passées aux Comores, donc quand vous dites que l'on est dans un régime dur, ce n'est malheureusement pas l'avis du Quai d'Orsay. Ce qu'il faut, c'est une action de coopération beaucoup plus dynamique, à la fois bilatérale et régionale, entre la France et nos voisins, pour les aider à espérer rester vivre chez eux. Mais on ne peut pas dire que, parce que les choses sont difficiles aux Comores, on ferme les yeux sur l'immigration. C'est cette politique-là qui nous a conduits au bord du précipice. Nous avons à Mayotte, en vue des prochaines élections municipales, des listes binationales qui se constituent. Cela montre bien le poids et la puissance dont se prévalent un certain nombre de populations ici. Ce que nous redoutions il y a une dizaine d'année est en train de se produire. Mayotte doit pouvoir appartenir aux Mahorais, et pour cela elle a besoin de son gouvernement et de son État pour assurer le contrôle des frontières.

MH : Il y a un an et demi, vous déclariez dans les colonnes du magazine Causeur que l'État "laisse faire le remplacement de la population" à Mayotte. Vous craignez donc que ce soit toujours le cas ? MK : Malheureusement, ce n'est pas que je le crains, c'est que je le constate. Vous avez déjà vu une seule région de France où vous avez une liste binationale à l'occasion d'une élection ? Même à Marseille, cela ne peut pas arriver, il n'y a qu'à Mayotte que cela peut se produire. Je crois donc que nous ne sommes pas dans la théorie, mais dans la mise en œuvre de ce remplacement. Et elle en train de réussir puisque dans les zones urbaines, on voit bien que les populations d'origine étrangère sont majoritaires et que depuis quelques mois, toutes les autorités étatiques qui débarquent à Mayotte rendent visite quasi exclusivement à ces gens-là en oubliant complètement les populations mahoraises. Quand la ministre Annick Girardin est venue, quand Christophe Castaner est venu, quand le délégué interministériel contre la pauvreté est venu, ils ne sont pas allés à Mtsamboro, à Sada, à Kani-Kéli, ou autre. Ils sont allés dans ces zones à populations majoritairement étrangères, car ils considèrent que c'est là qu'il y a des problèmes. Or, la pauvreté à Mayotte existe partout et les problèmes d'exclusion aussi. Donc, ou bien l'État démissionne complètement et est obligé de subir, ou bien il le fait exprès pour que chaque jour un peu plus les Mahorais soient écartés de chez eux et soient encourager à partir pour laisser la place à d'autres. On est pas dans la théorie, mais bien dans la réalité d'un remplacement de population à Mayotte. MH : Cela rejoint la question du document-cadre entre la France et l’Union des Comores. Où en est-on de ce projet ? MK : Déjà, je le redis : il n'y a plus de feuille de route. Elle a été retirée en septembre ou octobre 2017, et elle n'existe plus. En revanche, les gouvernements français et comoriens ont décidé de l'élaboration d'un document-cadre fixant les relations entre nos deux pays. Nous, élus de Mayotte, avons été consultés à plusieurs reprises, en formulant plusieurs observations. De ce qu'on nous dit, c'est que le document serait déjà consolidé au moment où nous parlons. Il devait être signé il y a quelques semaines avant les élections présidentielles comoriennes, mais cela n'a pas pu se faire. Il le sera probablement dans les jours, semaines ou mois à venir. C'est ce qui est annoncé par la lettre que le président Emmanuel Macron a adressée à Azali Assoumani, à la suite de l'élection comorienne récente. Au moment où nous parlons, le document n'est donc pas encore signé, mais son contenu est apparemment fixé. Reste l'occasion à trouver. Une chose est certaine : on nous a promis qu'un round de concertation serait organisé entre le Quai d'Orsay et les élus de Mayotte avant la signature. Nous attendons donc de savoir quand nous pourrons obtenir cette réunion, voir quel est le contenu de l'accord, et savoir si nos considérations ont été entendues.

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MH : Vous ne savez pas précisément ce qu'il contient ? MK : J'ai à titre personnel une idée, car j'y ai participé et fait des propositions, mais je ne sais pas précisément ce qui a été retenu ou pas. C'est pour cela que nous sommes demandeurs d'une réunion : pour nous assurer que les intérêts de Mayotte ont été suffisamment pris en compte. Si ce que nous pensons être important pour Mayotte n'y est pas, nous ne nous considèrerons pas – en tout cas moi - comme faisant partie de cet accord. Chacun prendra ses responsabilités. Mais pour le moment, nous attendons d'en connaître le contenu. En ce qui me concerne, je plaide pour une aide au développement plus importante pour les Comores afin de fixer leurs populations. Actuellement, l'aide publique au développement pour l'Union des Comores est de l'ordre de six millions d'euros par an. Tout le monde est d'accord : c'est bien en deçà de ce qui est donné à une commune à Mayotte. Nous souhaitons donc que la France dote les Comores d'une aide qui pourrait être à peu près l'équivalent de ce que coûtent les reconduites à la frontière : 50 ou 60 millions d'euros en contrepartie de l'assurance qu'aucun kwassa-kwassa ne partira d'Anjouan à destination des Comores. MH : Vous avez remis à la ministre un Projet de Loi Programme à destination du président Macron. Développement des infrastructures, égalité sociale, calcul plus juste des dotations aux collectivités, et préservation de l'environnement. Mais n'est-ce pas similaire au Plan Mayotte 2025 et au plus récent Plan d'avenir pour Mayotte? MK : Déjà, on peut regretter que le président Macron ait décidé de ne pas venir en juin alors que Mayotte attend. Sinon, ce n'est pas un sujet similaire à Mayotte 2025, qui est un fourre-tout négocié par un gouvernement dans lesquels étaient déjà ceux qui sont au pouvoir aujourd'hui, puisque Annick Girardin était ministre de la Fonction publique et Emmanuel Macron était secrétaire général adjoint du cabinet du président. Aussitôt qu'ils ont pris les commandes, ils ont oublié Mayotte 2025. Il y a plein de choses qui auraient pu être mises en place et qui ne sont pas. D'autant que Mayotte ne s'inscrit pas dans le développement durable du territoire. La proposition que j'ai faite si, en revanche. Il s'agit du rattrapage des infrastructures, puisque Mayotte est sous équipée en termes aéroportuaire, portuaire, routier, numérique, etc., et que sans équipement on ne peut rien faire de sérieux en termes de développement. Le deuxième volet concerne la questions des rattrapages budgétaires pour les collectivités mahoraises : nous touchons entre 30% et 50% de ce qui est perçu par des collectivités de même importance. La troisième direction est l'alignement social. Il était prévu. Or, depuis 2014 et la venue de François Hollande qui l'avait annoncé, nous n'en sommes toujours pas là et l'écart salarial entre la métropole et Mayotte s'agrandit. Il avait promis la CMU, elle n'est pas là ; la CMU-C, elle n'est pas là non plus ; la retraire complémentaire, elle non plus ; et on très loin d'y être.

Quatrième volet, enfin, la question de l'environnement, que tout le monde s'accorde à trouver superbe, avec un lagon et des fonds marins qui seront les richesses de demain. Il faut donc les protéger. Un certain nombre d'actions sont à prendre dès aujourd'hui. Je salue d'ailleurs au passage l'action du préfet Dominique Sorain, qui a décidé de contenir désormais la destruction environnementale, qui se fait souvent par des clandestins qui investissent nos forêts, pratiquent le brulis, font des puits de charbon, etc. Ce projet de loi programme est plus massif que Mayotte 2025 et les autres plans. Il s'inscrit dans la durée. MH : Quand sera-t-il présenté ? MK : Comme son nom l'indique, c'est une proposition de loi. Elle sera donc soumise à l'Assemblée, mais en est pour le moment à l'étape du filtre. Si elle passe, elle sera publiée et il faudra trouver un créneau pour le présenter. Si cela se fait, on aura un débat en séance à l'Assemblée. Soit la majorité reconnait la situation à Mayotte et accepte cette loi, soit elle la rejette. MH : Vous compterez sur le soutien de votre collègue députée Ramlati Ali cette fois ? MK : Je compte sur le soutien de l'ensemble de la représentation nationale. Madame Ali et moi tout seuls ne ferons jamais une loi. Il nous faut une majorité. Quand nous avons examiné la proposition de loi fixant à cinq jours le délai de saisine du juge des libertés et de la détention (JLD), dans tous les groupes, tout le monde avait dénoncé la précarité dans laquelle Mayotte se trouve. C'est à cette occasion que m'est venue l'idée de ce projet de loi, avec l'engagement de soutien d'un certain nombre de collègues. Nous verrons ce qu'il en est. MH : Doit-on attendre d'autres amendements ? MK : D'autres sujets sont sur la table, oui. À ma demande, le groupe Les Républicains du Sénat vient de déposer une proposition de loi de lutte contre l'immigration à Mayotte et en Guyane, en retenant notamment la quasitotalité des amendements que j'avais déposés lors de l'examen de la proposition de loi sur le délai de saisine du JLD. J'ai également déposé à l'Assemblée une proposition de loi quasi-identique à celle déposée au Sénat, elle est aujourd'hui en cours d'examen par les instances de filtrage. Enfin, je déposerai dans les jours qui viennent une troisième proposition de loi sur le toilettage institutionnel. MH : Ce sujet fait débat à Mayotte. "Mal compris" pour le sénateur Thani et le Conseil départemental, "Préparation à l'autonomie pour d'autres." Comment vous positionnezvous ? MK : Je ne veux pas commenter le texte du sénateur, car le droit de proposition est garanti à chaque parlementaire. Je le respecte. Je préfère donc amener mes propres propositions plutôt que de critiquer celles des autres.n

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Ichirac Mahafidhou

SPORT

QUELLES PERSPECTIVES DE DÉVELOPPEMENT À MAYOTTE ?

LE SPORT MAHORAIS EST UN IMMENSE CHANTIER EN CONSTRUCTION, MAIS UN CHANTIER SANS VÉRITABLE ARCHITECTE À SA TÊTE POUR LE DIRIGER. AUJOURD’HUI, LE DÉPARTEMENT, L’ÉTAT ET LE CROS MAYOTTE SEMBLENT DÉCIDÉS À PRENDRE, ENSEMBLE, LE DOSSIER À BRAS LE CORPS. FIN 2018, ILS ONT ORGANISÉ LES PREMIÈRES ASSISES DU SPORT DE MAYOTTE. EN PRÉSENCE D’EXPERTS, DE SPÉCIALISTES, DE DIRIGEANTS SPORTIFS ET AUTRES BÉNÉVOLES, TOUTES LES FACETTES DU SPORT MAHORAIS ONT ÉTÉ BROSSÉES À TRAVERS SEPT TABLES RONDES. EN CE MOIS DE MAI 2019, LES TROIS INSTITUTIONS S’APPRÊTENT À RÉALISER LE DIAGNOSTIC DE CES TABLES RONDES POUR CRÉER LE SCHÉMA DIRECTEUR DE DÉVELOPPEMENT DU SPORT. VOICI HUIT PERSPECTIVES DE DÉVELOPPEMENT ÉVOQUÉES DURANT LES ASSISES, SUSCEPTIBLES D’APPARAITRE DANS LE DIAGNOSTIC. 24•

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METTRE L’ACCENT SUR LA FORMATION DES DIRIGEANTS ASSOCIATIFS

CONSTRUIRE UNE INFRASTRUCTURE SPORTIVE AUX NORMES EUROPÉENNES PAR DISCIPLINE

"Le rôle du président, du secrétaire, du trésorier dans une association sportive n’est plus ce qu’il était : c’est devenu une véritable responsabilité", a estimé Monique Cathala, présidente du Comité régional olympique et sportif de la Réunion. Au cours de la table ronde intitulée "Sport, emploi et formation", les experts ont convenu que la grande majorité des dirigeants de clubs, de comités et de ligues à Mayotte manquaient de compétences dans leur fonction de gestionnaires administratives et/ou financières au sein de leur association. Ces compétences sont pourtant essentielles afin d’éviter des dysfonctionnements qui, dans le pire des cas, peuvent conduire ces dirigeants à la prison. Reconnaissant le fait que les associations sportives mahoraises ne disposent pas de moyens financiers suffisants pour employer des spécialistes en matière de gestion administrative ou de gestion budgétaire, les autorités ont estimé qu’il était de leur devoir de favoriser la formation des dirigeants bénévoles d’associations, et donc, de mener une réflexion qui définirait la façon dont cela pourrait se mettre en place.

Après de multiples réunions et de nombreuses discordances, le Cros Mayotte, le Département et la DJSCS État ont trouvé un point d’entente sur la possibilité d’organiser des Jeux des îles de l’océan Indien à Mayotte. Ainsi, le Cros Mayotte, soutenu par les deux derniers, candidate auprès du Conseil international des Jeux (Cij) pour l’organisation des JIOI 2027. L’un des objectifs étant de voir pousser dans les toutes prochaines années des infrastructures sportives. Le souhait émis par le Cros durant la table ronde sur les équipements sportifs est de pouvoir accueillir et organiser des compétitions nationales et internationales – ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. L’idée est ainsi de disposer d’une infrastructure sportive aux normes européennes par discipline. Dans cette optique, le président du Cros Madi Vita a déploré que les 4M d’euros pour le sport promis par l’État durant la grève de 2018 aient servi à financer plusieurs petits projets, plutôt qu’un seul, mais grand projet. Il a suggéré que les fonds disponibles puissent à l’avenir être utilisés de façon plus cohérente et coordonnée. Un avis qu’ont semblé partager les experts et spécialistes autour de la table ronde.

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S’APPUYER SUR LES ÉQUIPEMENTS SPORTIFS DES ÉTABLISSEMENTS SCOLAIRES

Pour certaines associations, le manque d’infrastructures sportives est la cause directe de leur disparition. C’était le cas du deuxième plus grand club de tennis de Mayotte, le Tennis Club de Kavani, à l’amorce des travaux de rénovation du stade de Kavani en 2016… C’est le cas aujourd’hui du deuxième plus grand club de tennis de table de l’île : le Tennis de Table Club de Labattoir. Pour participer à pallier aux nombreuses difficultés des clubs dues au manque d’équipements sportifs homologués ou, ne serait-ce, en état de fonctionnement, le Vice-rectorat a proposé aux dirigeants associatifs de se rapprocher davantage des établissements scolaires. Ceux-ci disposent en effet d’équipements sportifs suffisamment conformes pour permettre aux clubs de s’entrainer voire, pour certaines disciplines, d’y organiser des compétitions. Lorsque Mohamed Ahmada Tostao, vice-président du Cros en charge de la professionnalisation a relevé la réticence de certains proviseurs, Jean Maurice Soldan, inspecteur pédagogique régional EPS au Vice-rectorat – ayant quitté ses fonctions à Mayotte entre temps – a invité quiconque rencontrant des difficultés avec les responsables d’établissements scolaires à passer directement par la maison mère, et promis à un déblocage de la situation.

ASSOCIER LES PARENTS DANS LA VIE ASSOCIATIVE ET LA RECHERCHE DE LA PERFORMANCE En 2019, le Cros Mayotte en partenariat avec l’Agence régionale de la santé océan Indien et l’association Rédiab’Ylang a lancé une grande campagne de prévention et de communication autour du sport santé, et particulièrement autour du concept "Mangez sain, bougez malin". Elle consiste principalement à inciter la population à adopter une alimentation équilibrée et à pratiquer une activité physique régulière. Pour l’ouverture des assises du sport, en introduction de la première table ronde sur le sport santé bien-être, Julien Thiria de l’ARS OI a signalé le fait qu’une activité physique n’était pas forcément une activité sportive. "Faire le ménage, c’est une activité physique… On n’a pas forcément besoin d’enfiler des chaussures de sport et de partir courir : on peut avoir une activité physique de manière quotidienne et assez simple, tout simplement en s’entretenant." La campagne du Cros et de l’ARS n’est qu’une action parmi d’autres, mise en place pour promouvoir la pratique d’une activité physique. La DJSCS État, le Cros et différents organismes sont actifs sur le sujet, et n’ont pas manqué d’évoquer de nouvelles pistes pour renforcer leur action.

Lors de la table ronde sur le Sport performance, le lien a été établi entre le fait d’avoir des parents ouverts, compréhensifs et actifs autour de l’activité de l’enfant, et les performances de l’enfant au sein de son activité. Aussi, Bahedja Souhaïli et Julien Ramiandrisoa, deux personnalités du football mahorais ont établi un constat amer sur l’absence d’engagement d’une immense majorité de parents à Mayotte. Une position confortée par l’assistance : des témoignages faisant même état d’attitudes contre productives de la part de certains parents. Les deux anciens footballeurs et dirigeants sportifs ont appelé à un changement de mentalité général et soumis l’idée de créer des ateliers dans les communes, dirigés vers les parents. Ceci afin de les impliquer dans la vie associative et sportive de leur(s) enfant(s) et augmenter ses(leurs) chance(s) de performance. Pour David Hervé, en charge du sport santé à la DJSCS, qui soutient la réflexion, la démarche doit être conduite par les "anciens" directement, qui trouveraient mieux que personne les mots pour convaincre les parents mahorais de changer de mentalité.

DISSOCIER L’ACTIVITÉ PHYSIQUE DE L’ACTIVITÉ SPORTIVE

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OPPOSER RÉGULIÈREMENT LES ATHLÈTES MAHORAIS À MEILLEURS QU’EUX

"Comment accompagner les sportifs mahorais à être plus performants et compétitifs localement et au-delà de nos frontières ?" Tel était la question d’introduction de la table ronde sur le Sport performance. À cette interrogation est apparue une réponse évidente : celle d’opposer les sportifs mahorais à des adversaires de niveau équivalent ou de meilleur niveau. Les experts ont ainsi souligné la nécessité pour les clubs locaux de pouvoir participer à des compétitions régionales ou nationales. "C’est bien d’être le meilleur du quartier ou du village, mais ce n’est pas la même chose qu’être le meilleur dans un autre pays ou dans une autre région", a affirmé Patrick Bonfils. Le Conseil départemental a indiqué que les échanges sportifs étaient soutenus, et qu’ils allaient l’être davantage dans les années à venir. L’État, de son côté, a rappelé qu’un dispositif était en place en soutien à ces échanges : le Fonds d’échanges à but éducatif, culturel et sportif (Fébecs). "Confronter les jeunes sportifs mahorais à des adversaires de meilleur niveau n’implique pas forcément de voyager", a noté David Hervé. "Si par exemple, on parle d’une sélection de U13, hé bien on peut très bien l’opposer à une équipe U15 ou U16 de Mayotte. Il y a d’autres façons de procéder : on peut s’adapter".

Durant la table ronde "Sport, formation et emploi", de nombreux dispositifs de soutien aux associations sportives ont été présentés par les spécialistes invités. Exemple avec la Direction des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi (Dieccte) de Mayotte et son "Créfop" : une commission régionale qui a à charge de coordonner l'action dans le domaine de la formation, de l'emploi et de l'orientation – notamment du secteur sportif. Ou le Feader : des fonds européens auxquels les comités et ligues sportives peuvent prétendre. "Il y a une chose sur laquelle nous nous accordons autour de cette table : il y a des fonds ! Il faut aller les chercher là où ils sont, donc savoir taper dans les bonnes portes", a indiqué Joseph Marie Ndzanah, en charge du dialogue social et des règlements du Code du travail à la Dieccte. Certaines voix se sont élevées pour faire remarquer que les dirigeants sportifs mahorais avaient méconnaissance de ces dispositifs. Et ont prôné des actions de communication à grande échelle de la part des organismes porteurs de ces dispositifs, en direction des dirigeants sportifs.

COMMUNIQUER SUR LES AIDES EXISTANTES ET LES INSTITUTIONS À SOLLICITER

DÉVELOPPER LA COOPÉRATION RÉGIONALE

Tout au long des trois jours et des sept tables rondes qu’ont animé ses premières assises, de nombreux points communs entre les acteurs du sport mahorais et réunionnais sont apparus. Parmi ces points communs, on relève les projets de développement régional. Coopérer avec de nouveaux pays de la région océan Indien, en particulier les pays de l’Afrique de l’Est, est une option fortement envisagée par les dirigeants sportifs et politiques de Mayotte et de la Réunion. Le travail de coopération internationale élargie serait même déjà enclenché, selon le Département. "Nous avons d’ores et déjà entrepris des démarches avec cette partie de notre région. Nous avons bon espoir que de belles choses se mettent entre Mayotte et de grands pays du continent africain", a affirmé Bourouhane Allaoui, vice-président du Conseil départemental. Même son de cloche du côté de la DJSCS : "Une enveloppe a été débloquée par le Ministère pour les deux DJSCS et le Creps de la Réunion, pour un travail dans ce sens", a informé Patrick Bonfils.

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LE CAHIER EMPLOI & FORMATION

LE MÉTIER DE LA SEMAINE MAÎTRE NAGEUR LE MAÎTRE NAGEUR ORGANISE ET ANIME DES ACTIVITÉS SPORTIVES DANS UNE OU PLUSIEURS DISCIPLINES AFIN DE FORMER OU ENTRAÎNER LE PUBLIC SELON SES BESOINS (LOISIRS, INITIATION, COMPÉTITION, ETC.) ET LES RÈGLES DE SÉCURITÉ DES PERSONNES. IL PEUT MENER DES ACTIONS DE SURVEILLANCE ET DE SAUVETAGE EN MILIEU AQUATIQUE ; EFFECTUER LE SUIVI ET LA PRÉPARATION (PHYSIQUE, TECHNIQUE, ETC.) DE SPORTIFS DE HAUT NIVEAU ; COORDONNER L'ACTIVITÉ D'UNE ÉQUIPE ET L'ENCADREMENT TECHNIQUE D'UNE DISCIPLINE OU SPÉCIALITÉ SPORTIVE ; OU ENCORE GÉRER UNE STRUCTURE SPORTIVE. ENVIRONNEMENT DE TRAVAIL

- Accueil collectif de mineurs (ACM) - Association - Centre socioculturel - Club sportif - Collectivité territoriale - Etablissement médical (hôpital, clinique, etc.) - Fédération sportive - Hôtellerie de plein air - Infrastructure sportive - Village vacances

COMPÉTENCES

- Intervenir auprès d'un public d'adultes - Intervenir auprès d'un public d'enfants - Intervenir auprès de personnes en situation de handicap - Intervenir auprès de Sportifs de Haut Niveau (SHN) - Intervenir auprès de sportifs - Intervenir auprès d'un public scolaire - Intervenir auprès d'animaux de compétition - Intervenir dans une discipline sportive - Surveiller un espace de baignade - Encadrer un sportif, une équipe lors d'une compétition - Concevoir et mettre en place un programme de préparation physiquepour un sportif ou une équipe - Coacher des particuliers - Coacher des salariés - Coacher des sportifs professionnels - Rechercher des financements, des partenariats - Mettre en place des actions de communication - Définir une stratégie de communication - Arbitrer ou juger une épreuve sportive - Réaliser une gestion comptable - Réaliser une gestion administrative - Animer une formation - Coordonner l'activité d'une équipe

ACCÈS AU MÉTIER

Cet emploi/métier est accessible avec un Diplôme d'Etat sportif de niveau Bac à Bac + 5 (Brevet Professionnel de la Jeunesse, de l'Education Populaire et du Sport spécialité Activités Physiques pour Tous – BPJEPS APT –, Diplôme d'Etat de la Jeunesse, de l'Education Populaire et du Sport - DEJEPS spécialité perfectionnement sportif, diplôme fédéral pour certaines disciplines ou une Licence en Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives -STAPS-). Le Brevet Professionnel de la Jeunesse, de l'Education Populaire et du Sport spécialité Activités Aquatiques et de la Natation -BPJEPS AAN- est exigé pour les maîtres nageurs sauveteurs. Le surveillant de baignade qui n'est pas maître nageur sauveteur doit posséder le Brevet de Surveillant de Baignade -BSB- ou le Brevet National de Sécurité et de Sauvetage Aquatique -BNSSA-. La formation Prévention et Secours Civiques de niveau 1 -PSC1- peut être demandée. Des formations ou spécialisations complémentaires peuvent être requises.

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FORMATION

TÉMOIGNAGE

ANRIFIAT AHAMADA, 19 ANS ATTEINT D'UNE SURDITÉ PROFONDE, LA JEUNE ANRIFIAT AHAMADA A PU BÉNÉFICIER D'UN ACCOMPAGNEMENT PROFESSIONNEL DE LA PART DE L'ASSOCIATION MESSO, DANS LE CADRE DE SA CELLULE INSERTION À L'EMPLOI DES PERSONNES EN SITUATION DE HANDICAP.

"Je m’appel Anrifiat et j’ai un niveau CAP petite enfance et Bafa 1. J’ai choisi de venir dans ce centre pour apprendre le français et avoir une aide spécialisée pour mon cas. Je souhaiterais devenir formatrice en langage des signes. Pour cela, j’ai déjà effectué quelque stage à l’Association pour les déficients sensoriels de Mayotte (ADSM), où j’ai pu former certains au langage des signes. L’association Messo m’a beaucoup accompagné tout au long de ma démarche de recherche d’emploi. Ils m’ont aidé et m’ont soutenu pour mon projet professionnel. Je souhaite désormais effectuer des stages qui pourraient déboucher sur un emploi. Cela me permettra aussi d’approfondir mes connaissances et, par la suite, partir en métropole si possible afin de continuer dans une autre formation spécialisée en langue des signes."

Fiche de poste : Directeur(trice) pôle LVA Missions principales : - Mise en œuvre du projet d’établissement - Gestion et animation des ressources humaines - Gestion économique, financière et logistique - Représentation et promotion Compétences : - Gestion administrative et financière du pôle - Management d’équipe - Conduite du changement - Connaissance de l’environnement et des dispositifs médico-sociaux - Connaissance de la réglementation du champ couvert par l’établissement - Connaissance des problématiques liées au public accueilli - Capacité à développer et entretenir des partenariats - Maitrise des procédés d’évaluation des activités et de la qualité des prestations d’une structure sociale et médico-sociale

Aptitudes professionnelles : - Sens de l’organisation - Capacités d’analyse et d’anticipation - Capacités de décision - Aisance relationnelle - Fortes aptitudes à la négociation - Sens de l’éthique Diplômes requis : - Le CAFDES - Le CAFERUIS : Certificat d’aptitude aux fonctions d’encadrement et de responsable d’unité d’intervention sociale ou DEIS (M2 économie sociale et solidaire) - Master 2 en intervention sociale avec expérience de 3 ans et plus - Justifier d’une expérience significative dans le secteur - Permis B exigé

Le directeur du pôle travaille sous la responsabilité directe de la direction de la structure Ce poste implique des déplacements réguliers sur l’ensemble du département - CDI - Rémunération selon le profil - Début du contrat : dès que possible

Association Messo 85 route nationale de M’Tsapéré , 97600 Mamoudzou Inscriptions : 02 69 62 18 23 – secretariat.direction@messo.fr - MESSO

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LE CAHIER EMPLOI & FORMATION

LES OFFRES D'EMPLOI PLOMBIER ÉLECTRICIEN/ PLOMBIÈRE ÉLECTRICIENNE (H/F)

INFIRMIER / INFIRMIÈRE DE PRÉVENTION (H/F)

FOCONEX - 976 - MAMOUDZOU La société Foconex recherche pour son partenaire un(e) plombier électricien / électricienne pour la société Océan MultiServices (OMS). Vous êtes doté de solides connaissances en électricité

AUTEUIL OCEAN INDIEN AGEPAC MAYOTTE - 976 - MAMOUDZOU Le Centre d'accueil de jour M'Sayidié recrute un Infirmier (F-H) pour réaliser un suivi médical des jeunes à besoins spécifiques et pour les orienter vers les dispositifs de droit commun existants

MAYDIA SAS - 976 - MAMOUDZOU

INFIRMIER (H/F)

Vous aurez pour missions : - Respecter le décret relatif à la profession d'IDE et la charte du patient hospitalisé. - Assurer l'accueil, le confort et le bienêtre des patients et son entourage

GESTIONNAIRE DE REFUGE (H/F)

ASSOCIATION GUEULES D AMOUR - 976 - MAYOTTE MISSIONS : Gérer le personnel et les animaux Veiller à la bonne santé des animaux Gérer quelques tâches administratives (adoption, pension et abandon) Organiser les tâches à réaliser

ASSISTANT / ASSISTANTE DE DIRECTION

MAIRIE DE CHIRONGUI - 976 - CHIRONGUI Le ou la secrétaire de direction occupe une place prépondérante dans l'organisation administrative de l'hôtel de ville

ORTHOPHONISTE (H/F)

ENSEIGNANT SPÉCIALISÉ MECS (H/F)

ASSOCIATION MLEZI MAORE - 976 - MAMOUDZOU L'association recrute pour son pôle handicap, un orthophoniste H/F à temps plein. L'orthophoniste interviendra sur l'IME, le SESSAD et l'ITEP de l'association

ASSOCIATION MLEZI MAORE - 976 - CHIRONGUI L'association recrute pour l'ouverture de sa maison d'enfants à caractère social (MECS), un enseignant spécialisé H/F à temps plein.

* voir site Pôle emploi


Fiche de poste :

Directeur(trice) pôle développement économique et social Missions principales : - Mise en œuvre du projet de la structure - Gestion et animation des ressources humaines - Conception, attractivité, développement technique et opérationnel - Gestion économique, financière et logistique - Représentation et promotion

Aptitudes professionnelles : - Sens de l’organisation - Capacités d’analyse et d’anticipation - Capacités de décision - Aisance relationnelle - Fortes aptitudes à la négociation - Sens de l’éthique

Compétences : - Gestion administrative et financière du pôle - Management d’équipe - Conduite du changement - Connaissance de l’environnement et des dispositifs structurants - Capacité à développer et entretenir des partenariats

Diplômes requis : - Master 2 en stratégie de développement/politiques sociales et territoriales - Master 2 en développement économique et social ou équivalent - Justifier d’une expérience significative dans le secteur - Permis B exigé

Le directeur du pôle travaille sous la responsabilité directe de la direction de la structure. Ce poste implique des déplacements réguliers sur l’ensemble du département - CDI - Rémunération selon le profil - Début du contrat : dès que possible

Association Messo 85 route nationale de M’Tsapéré , 97600 Mamoudzou Inscriptions : 02 69 62 18 23 – secretariat.direction@messo.fr - MESSO

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MAGAZINE D’INFORMATION NUMÉRIQUE HEBDOMADAIRE Edité par la SARL Somapresse au capital de 20 000 euros 7, rue Salamani Cavani M’tsapéré BP 60 - 97600 Mamoudzou Tél. : 0269 61 20 04 contact@mayotte.hebdo.com Directeur de la publication Laurent Canavate canavate.laurent@mayottehebdo.com Directeur de la rédaction Mohamed El Mounir dit “Soldat” 0639 69 13 38 soldat@mayottehebdo.com Rédacteur en chef Geoffroy Vauthier Rédactrice en chef adjointe Houdah Madjid

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Couverture :

Début du mois de Ramadan

Journalistes Ichirac Mahafidhou Lyse Le Runigo Hugo Coeff Romain Guille Solène Peillard Ornella Lamberti Correspondants HZK - (Moroni) Direction artistique Franco di Sangro Graphistes/Maquettistes Olivier Baron, Franco di Sangro Commerciaux Cédric Denaud, Murielle Turlan, Thomas Lévy Comptabilité Catherine Chiggiato compta@mayottehebdo.com Secretariat Annabelle Mouhamadi Première parution Vendredi 31 mars 2000 ISSN : 1288 - 1716 RCS : n° 9757/2000 N° de Siret : 024 061 970 000 18 N°CPPAP : 0121 I 92960 Site internet www.mayottehebdo.com


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