Mayotte Hebdo n°882

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LE MOT DE LA RÉDACTION

Une histoire de respect Je me souviens d'un dialogue avec un chauffeur de taxi, il y a de cela deux ans. Nous étions dans sa vieille Renault Mégane au compteur kilométrique hors service depuis vraisemblablement bien longtemps. La vitre de mon côté ne fonctionnait plus non plus. À la place du petit bouton sur l'anse, deux petits fils poussiéreux sortaient. Il portait une djellaba violette, et un kufi gris anthracite brodé. De lui aussi, quelques petits fils de tissus s'évadaient. Un homme ressemble à sa voiture paraît-il. Mais qu'importe. Nous avons parlé d'éducation, et avec des regrets palpables, il fît remarquer qu'elle avait changé à Mayotte. Les règles avaient changé. Il me raconta : "Avant, tout le monde participait. Quand je voyais un gamin où il ne devait pas être, je lui demandais ce qu'il faisait là, et lui demandais de rentrer chez lui. Et s'il ne le faisait pas, j'allais voir les parents. Et les parents, ils te remerciaient. C'était comme ça pour tout le monde. Dans le village, mais aussi en dehors. L'éducation et la morale, elles concernaient tout le monde." Alors j'ai eu envie de lui demander ce qu'il prévoyait pour dans 10 ans. Mais je ne l'ai pas fait. Nous étions arrivés à destination. J'ai dit "Marahaba." Il a répondu "Ewa ! Marahaba! Et au plaisir." Il m'a ouvert la porte car la poignée aussi était cassée. Je suis sorti de la vieille Mégane. Il pleuvait un peu, et des barreaux des maisons perlaient quelques gouttes d'eau. Ces mêmes barreaux que nous sommes

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aujourd'hui obligés de souder à nos maisons, au risque d'y être enfermés. L'éducation, cet enjeu si important sur le territoire le plus jeune de France, c'est ce que nous avons choisi de traiter dans notre dossier de la semaine. Plus particulièrement l'éducation traditionnelle et les madrasa, par lesquelles les jeunes apprennent le respect de l'adulte et la vie en société. Par lesquels des repères sont donnés dans un mouvement perpétuel. De jeunes, il en sera également question dans notre grand entretien avec le Colonel Jardin, chef de corps au régiment du service militaire adapté, qui permet à des centaines de jeunes de se professionnaliser pour, ensuite, s'intégrer sur le marché du travail. Vous retrouverez également notre portrait de la semaine, consacré à Faïdat Vita, éducatrice sportive, qui regorge de projets pour son île. Il en faut, encore et encore, et les bonnes volontés ne demandent qu'à être mises à l'honneur. Et puis, enfin, nous vous donnerons des nouvelles des catamarans Maita et Kaena, partis de métropole en décembre dernier, et sur le point d'arriver à Mayotte. Deux bateaux qui permettront d'enrichir l'offre touristique et de loisirs sur le lagon et qui représentent, une fois encore, une belle initiative à valoriser. Bonne lecture à tous.

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COUP D’ŒIL DANS CE QUE J'EN PENSE

Laurent Canavate

Mayotte Hebdo n°590, vendredi 16 novembre 2012

Mayotte ne pourra pas sans arrêt attendre

Je me rappelle de l'inauguration du premier tronçon de la rocade de Mamoudzou, alors que M'gombani était tout juste remblayé et qu'une route venait de permettre d'accéder dans Mamoudzou par un autre axe que la seule rue du Commerce. Il y a quelques années déjà… La suite de la rocade allait venir dans la foulée, de Doujani à Passamaïnty, puis Tsoundzou, avec le nouveau pont sur la Kwalé, jusqu'à Ironi, et enfin couper tous les virages de Tsararano et descendre directement sur Dembéni, qui aura un nouveau pont. La vision claire, les projets étaient là. Dix ans, vingt ans après on a quelques morceaux épars. Des morceaux de rocade même pas reliés entre eux. On a à Kwalé un pont de 12 mètres qui prend des années à être réalisé par de "grands ingénieurs" et des bureaux d'études "très compétents". On ne saura jamais qui a fauté, qui a foré, à quelle profondeur, qui a construit avec quel ciment, qui devait contrôler, qui va payer les suppléments… C'est peut-être sur ce seul dernier point que les "grands ingénieurs" vont devoir réfléchir pour trouver une réponse et continuer à avancer. En attendant on subit les embouteillages quotidiens et on met du plâtre, des dos d'ânes et des feux ralentissant sur une jambe de bois. Un pont à sens unique pour rentrer dans Mamoudzou… qui ne tient même pas, qui menace de tomber si on freine dessus. La rocade s'est arrêtée à Doujani, le pont de Kwalé est toujours attendu, la descente sur Dembéni ne verra pas le jour, on a arrangé un peu les virages et puis bass ! Ça suffira. Il y avait un propriétaire à gérer… Et à l'entrée Nord de Mamoudzou, le rond-point pour entrer dans la zone de Hamaha, au niveau de la décharge, n'est toujours pas là, malgré les projets et les engagements – mais c'était il y a longtemps… –, engendrant des risques d'accidents et en tout cas des ralentissements tous les jours. Et la décharge aussi est toujours là. Ça aurait donné du travail, généré de l'activité, fluidifié la circulation, les échanges, réduit les coûts… Je me rappelle de transports publics qui devaient desservir toute l'île, efficaces, réguliers, pas chers, d'une piscine publique qui devait voir le jour derrière le gymnase de Cavani, du terrain de foot territorial prévu à Majicavo, des gradins et du parking au stade de Cavani, du front

de mer, du terre-plein de M'tsapéré avec son parc des expositions, son centre culturel, que l'on attend toujours, du parking pour le marché… Mais ce n'est pas là. La pluie et la boue vont revenir à nouveau, au milieu des brochettes, des fruits et des légumes. C'est comme ça. Et ce qui fonctionnait disparaît. Le cinéma est toujours fermé malgré des promesses réitérées, qui continuent, tout comme le stade, le gymnase, le centre d'hébergement… Le dojo de Cavani, qui accueillait des centaines d'enfants tous les jours, est fermé depuis plus d'un an. Le Cnam a été ouvert… puis a fermé car le Conseil général a décidé que cela n'était pas prioritaire et qu'il valait mieux conserver des milliers d'agents et en embaucher encore d'autres, inutiles, sans concours, sans occupation, plutôt que de préparer l'avenir de la jeunesse. Le CG a stoppé son soutien. Le Cnam a fermé… Et maintenant il faut se battre pour le rouvrir. On perd du temps, on recule, on avance puis on recule… Alors il ne faut pas dire que beaucoup d'agents du conseil général ou de certaines communes s'embêtent malgré leurs salaires versés chaque mois. Qu'ils ne sont pas mis au travail pas des hiérarchies inexistantes ou incapables de manager des équipes, par des élus absents. Il ne faut pas dire que la situation est grave, critique. Il faut attendre l'Europe. Et tout ira bien. Mais Mayotte ne pourra pas sans arrêt attendre. Le secteur privé souffre de ce partenaire public défaillant. Et là, quand il n'y a pas d'activité, les salariés perdent leur emploi. C'est dramatique. Il faut remettre cette île au travail. La population est fatiguée d'attendre. Les jeunes désoeuvrés sont fatigués d'attendre. La violence, la colère vont continuer de s'exprimer, à travers des manifestations, des cambriolages, des agressions, l'alcool… Les élus, les chefs de services et autres directeurs généraux ne peuvent plus laisser faire. Ils doivent reprendre l'île en main. Certains s'y activent déjà, efficacement, avec beaucoup de bonne volonté et de compétences, dans certains services comme le Sieam, dans certaines communes comme à Mamoudzou ou Bandraboua. Cela veut dire que c'est possible. Il n'y a pas de fatalité. Il faut juste relever les manches, prendre son courage et se (re) mettre au travail.

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Mayotte la jeune, la sans-emploi, la clandestine

Publication des premières analyses des résultats du recensement de 2007 par l'Institut national de la statistique et des études économiques. Parmi les chiffres forts : 54% de la population a moins de 20 ans, 40,7% est étrangère et la population a augmenté de 26 000 habitants. Nous écrivions à ce sujet : "La population a été multipliée par quatre en 30 ans. Une augmentation considérable. Cependant, l'Insee observe un ralentissement de la croissance démographique sur les dernières années. Principales causes avancées : la baisse du nombre d'enfants par femme et un solde migratoire négatif (-7 000) sur la période 2002-2007. Un chiffre qui s'explique par la hausse spectaculaire des reconduites à la frontière et par l'augmentation des départs des Mahorais vers la Métropole ou La Réunion, principalement pour les études ou raisons professionnelle et familiale."

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Mayotte Hebdo n°425, vendredi 24 avril 2009.

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Bakari Kusu : 1810-1856

Accusé d’être le chef de l’insurrection des travailleurs engagés de 1856, Bakari Kusu a été exécuté le 22 juin de la même année à Dzaoudzi. Il avait 46 ans. Deux siècles et demi plus tard, l’Histoire balbutie encore sur les raisons réelles de cette mise à mort publique ordonnée par l’administration coloniale. Ce qui laisse planer une étrange controverse sur le rôle du guerrier sakalava durant cette première insurrection populaire contre l’ordre colonial à Mayotte. Martyr ou comploteur ? Le destin tragique du frère d’arme d’Andriantsouli divise aujourd’hui encore l’opinion mahoraise. Dans l'attente de sa condamnation, il écrira "J’ai bon espoir qu’un jour lointain quelqu’un pendra connaissance de mon cas, s’y intéressera et cherchera à en savoir d’avantage sur les raisons qui m’ont poussé à commettre les actes qui me sont reprochés." Mayotte Hebdo n°656, vendredi 25 avril 2014

GRAND CHOIX DE LEURRES

LA PHOTO D'ARCHIVE Tara dans le lagon

Mai 2010 : passage du navire Tara dans le lagon de Mayotte, dans le cadre d'une expédition océanographique internationale de trois ans, organisée par le Fonds Tara et un consortium scientifique international sous les auspices du Programme des Nations-Unies pour l'Environnement. Avec une voilure de 400 m², deux mâts de 27 m, une coque en aluminium de 39 m de long et 10 m de large, un réservoir de fuel de 40 000 litres et une autonomie de 5 000 milles, Tara est un navire d'exploration et d'aventures unique au monde.

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TCHAKS

L'ACTION Un nouvel office de tourisme pour le Centre-Ouest

LE CHIFFRE LA PHRASE "Il faut reconnaître ce qui a été fait et remercier ceux qui l'ont fait"

À l'occasion de sa visite à Mayotte, les 21, 22 et 23 avril, La ministre des Outre-mer, Annick Girardin, dresse un premier bilan du Plan d'avenir pour Mayotte, un an après son annonce. Sur les 125 actions divisées en 53 engagements du document, "beaucoup a été réalisé" a estimé la ministre, en reconnaissant toutefois que tout "prend toujours plus de temps qu'on ne le voudrait face à des urgences (…) qui s'accélèrent de jour en jour."

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La communauté de communes du Centre-Ouest (3CO), et la mairie de Tsingoni inaugurent les bureaux du nouvel office de tourisme, samedi 27 avril. Cet outil intercommunal aura notamment pour mission d'assurer l'accueil et l'information des visiteurs, de structurer et d'adapter l'offre, de commercialiser des prestations de service, et d'élaborer une politique locale de développement et de programmation. À l'occasion de cette journée organisée à la Maison des services publics de Combani, l'artisanat mahorais sera mis à l'honneur, dès 10h, ainsi que des nombreux artistes locaux. "La promotion du tourisme, dont la création d'offices de tourisme, figure désormais parmi les compétences que la communauté de communes et d'agglomération exercent de plein droit au lieu et place des communes membres", rappelle la collectivité.

C'est le nombre d'embauches prévu pour cette année 2019 à Mayotte, soit 10% de plus qu'en 2018. "Comment est-ce possible de prévoir", vous demanderezvous sans doute. Et bien ça l'est grâce à l'enquête "Besoins en main-d'œuvre", menée par Pôle emploi. Cet "outil d'analyse du marché du travail" mesure en effet "les intentions de recrutement des employeurs pour l'année." Dans le détail, ce sont 55% des établissements de l'île qui ont l'intention de recruter, soit 1 350 employeurs potentiels. C e s e m b a u ch e s c o n c e r n e n t particulièrement les secteurs de la construction, des transports et des activités associatives.

LA PHOTO DE LA SEMAINE Des robots au collège

Grande première pour Mayotte vendredi 19 avril, avec la Robcup Junior, organisé dans le cadre de la Semaine du numérique par le Groupement des entreprises mahoraises des technologies, de l’information et de la communication (Gemtic) et le vicerectorat à la MJC de Kawéni. Le principe ? Huit collèges qui confrontent les robots qu'ils ont eux-mêmes programmé pour "secourir une victime prise au piège d'un labyrinthe." Vainqueurs de la compétition : les collèges de Mgombani, Majicavo et Bandrélé.

AVIATION

Le New York Times épingle le 787 Dreamliner

Samedi 20 avril, le New York Times publie une longue enquête sur le 787 Dreamliner, de Boeing, firme fragilisée ces derniers temps par les deux crashs de ses 737 Max. Composants défectueux, mais aussi ambiance délétère au sein de l'usine où il est fabriqué : des conditions nuisant à la qualité de l'avion qui y est fabriqué. Boeing a de son côté réfuté toutes accusations et assuré que les conditions de travail au sein de l'usine en question n'étaient pas à remettre en cause et que "les coéquipiers de Boeing en Caroline du Sud [produisaient] les niveaux de qualité les plus élevés de notre histoire."

BE R E V O R P LE Amulola mama baba laukana kusimtsaha. Celui qui épouse la mère est le père, même si tu n'en veux pas.

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LE FLOP LE TOP Un guide socioprofesionnel pour Mayotte !

Un annuaire social de Mayotte, réalisé par la Somapresse (société éditrice des journaux Mayotte Hebdo et Flash Infos) suite à une demande du Conseil départemental, vient de voir le jour. Des missions de l’association Mlezi Maoré à la liste des avocats de l’île, en passant par les coordonnées de la direction de la Protection maternelle et infantile (PMI), etc. : pour la première fois, l’ensemble des acteurs qui œuvrent contre l’exclusion sociale – plus de 140 –, aussi bien institutionnels qu’associatifs, y sont passés en revue et rassemblés dans un seul et même ouvrage de 205 pages. Présenté mardi à la Ministre des Outre-mer, Annick Girardin, lors de son déplacement dans le 101ème département, le livret sera mis gratuitement à la disposition du public dès la semaine prochaine sur notre site www.mayottehebdo.com.

ILS FONT L'ACTU Ariane Mnouchkine

La célèbre metteuse en scène française Ariane Mnouchkine est à Mayotte dans le cadre de la finalisation du projet École Nomade, un stage de pratique théâtrale de renommée internationale, qui se tiendra du 28 juin au 19 juillet sur l'île. Arrivée le 23 avril avec une de ses comédiennes principales, Hélène Cinque, la fondatrice de la troupe Théâtre du Soleil, a été à la rencontre des élèves de 1ère option théâtre du lycée de Mamoudzou-Nord. Un second échange avec les candidats a dû être annulé en raison des "conditions cycloniques qui sévissent actuellement sur l'île", a indiqué le comité organisateur de l'École Nomade sur leur page Facebook.

CAGNOTTE

La route est trop étroite, le bus se renverse

C'est un drame qui a été évité mardi 23 avril à Mtsangamouji. Croisant un poids lourd sur la route départementale 1 à proximité de la plage de Tanaraki, un bus scolaire transportant des élèves s'est "couché", sans heureusement faire de victimes graves, cinq élèves ayant tout de même été légèrement blessés. En cause ? Un tronçon de route trop étroit à cet endroit-là, qui aurait empêché les deux véhicules, trop larges, de se croiser, forçant ainsi les chauffeurs à se serrer au maximum au bord de la route. Les élèves se seraient alors déportés sur le côté droit du bus, le faisant basculer. De quoi, s'il le fallait encore, s'interroger sur l'état des routes, mais aussi dans ce cas précis sur la sécurité de leurs abords et surtout leur praticité.

Daniel Zaïdani

Soupçonné de favoritisme, l’ancien président du conseil général de Mayotte et actuel conseiller départemental de Pamandzi, Daniel Zaïdani, n’a pas pu se présenter mercredi à l’audience, en raison de l’arrêt des barges durant le passage du cyclone Kenneth. À titre de rappel, il lui est reproché d’avoir signé une lettre de mission pour la passation d’un marché public sans avoir respecté la procédure adaptée et donc d’avoir "atteint à la liberté d’accès ou à l’égalité des candidats". Il aurait ainsi permis à l’entreprise SPL 976 de toucher 30 000 euros pour une étude de faisabilité. Le procès a été renvoyé à la fin du mois d’octobre car l’avocat de la défense n’avait pas reçu la copie de la procédure ce mercredi.

SONDAGE

Maore Jet recherche de l'aide Suite au vol de son bateau il y a deux semaines, l'opérateur nautique Maore Jet, en Petite-Terre, recherche de l'aide : "Il nous a était livré au début du mois de février 2019, neuf, d’une valeur de 35 600€ et nous venons tout juste de commencer à rembourser son prêt. Ce vol engendre une perte de plus de 4 000 euros par mois à notre jeune entreprise", explique la société. Ainsi, une cagnotte a été lancée pour racheter un nouveau bateau sur www.leetchi.com/c/ aider-maore-jet : "Nous demandons à tous ceux qui peuvent – entreprises, particuliers, associations, etc., de nous donner un coup de pouce financièrement pour aider notre jeune entreprise."

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À LA RENCONTRE DE...

Houdah Madjid

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FA Ï D AT V I TA

ÉDUCATRICE SPORTIVE, FITNESS ET MUSCULATION À TOUT JUSTE 30 ANS, FAÏDAT VITA EST ÉDUCATRICE SPORTIVE, FITNESS ET MUSCULATION À MAYOTTE. UNE CONSÉCRATION POUR CELLE QUI A FAIT DE SON DOMAINE DE PRÉDILECTION SON MÉTIER. DES PROJETS POUR SON ÎLE ELLE EN A, EN FAISANT NOTAMMENT BOUGER SES ADHÉRENTS AU RYTHME DU FITNESS ET DE LA ZUMBA, MAIS PAS QUE ! La jeune femme baigne dans le milieu sportif depuis son jeune âge. Elle a grandi au sein d'une famille de grands sportifs et compte à son actif plus de douze années d'école de danse à Mayotte. "J'ai toujours aimé faire du sport", déclare-t-elle. Elle fera de cette vocation sa profession. Née à Mamoudzou, Faïdat Vita a grandi à Mayotte jusqu'à ses 18 ans. Âge à partir duquel elle quittera son île pour l'Hexagone afin de poursuivre ses études supérieures. Nous sommes alors en 2006. Pendant une année, la sportive dans l'âme suit un cursus en Sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS) en région parisienne. "Je me suis rendue compte qu'à la fac c'était trop vaste, trop vague. On n'était pas sur un sujet bien précis, bien concis", se rappelle celle qui apprenait également l'histoire du sport, ne ressentant aucune appétence. Faïdat Vita se tourne alors vers une formation professionalisante. Une première année de préparation est de rigueur pour le diplôme qu'elle vise : le brevet professionnel de la jeunesse, de l'éducation populaire et du sport (BPJEPS) aujourd'hui agrémenté des Activités gymniques de la forme et de la force (AGFF). Un diplôme qu'elle a passé en dix mois au Centre de ressources, d'expertise et de performance sportive (CREPS), toujours dans la capitale française. "J'ai beaucoup aimé, c'était exactement ce que je voulais, ce que je recherchais. Apprendre sur le tas tout en étant en formation". Une formation en alternance qui lui a permis d'être parallèlement sur le terrain. Un rythme effréné aussi, avec des cours théoriques le matin à l'école, et la pratique l'aprèsmidi avec "les autres collègues de formation" en salle

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Faïdat Vita, le sport dans la peau

Éducatrice sportive, la jeune femme dispense régulièrement des cours de fitness, zumba et bien d'autres pratiques encore nouvelles à Mayotte. Les mots d'ordre sont bien-être !

CE QU'ILS EN DISENT Daphné Baille, amie de Faïdat Vita

"Une force de la nature" " Faïdat est hyper professionnelle, hyper rigoureuse, c'est une bosseuse. Elle est hyper dynamique, elle organise plein de choses et se renouvelle tout le temps. Toujours pleine d'entrain, de motivation et toujours positive. Faïdat, c'est une force de la nature".

de sport. "C'était très intéressant et enrichissant pour moi. C'était comme ce que l'on voit à la télévision avec les groupes en formation [sportive]. Ça m'a inspiré. Il y avait une bonne dynamique et une bonne ambiance", raconte la jeune femme. Un encadrement minutieux en corollaire, qui lui apprendra également beaucoup sur la structuration du stage une fois sur le terrain. Subséquemment, Faïdat Vita sera embauchée par la salle de sport dans laquelle elle était en formation, elle y restera cinq ans. Cette "transition parisienne" lui a permis de "prendre de l'expérience et de pratiquer dans différents milieux. Dans le monde du fitness, dans les salles de sport, il y a plusieurs structures : des associations, des clubs privés, des comités d'entreprises, beaucoup de possibilités

différentes. J'ai pu toucher à tous ces domaines-là en région parisienne". Et d'ajouter : "Un client en association et un client en entreprise dans une salle de sport privée n'a pas les mêmes attentes, les mêmes demandes, n'a pas le même rapport avec le professeur. Il ne s'agit pas de la même démarche non plus". Une différence aussi avec les professeurs de sport sur laquelle insiste Faïdat Vita : "L'objectif de l'éducateur sportif est de mettre les gens en confiance et en sécurité dans chaque démarche qu'on entreprend avec notre clientèle. Éduquer les gens, à bien se placer, bien se tenir, à avoir une bonne démarche pédagogique dans la pratique sportive". En effet, le fitness amène à prendre soin de son corps, "se sentir plus souple, plus léger dans les mouvements du quotidien", explique Faïdat Vita. "Il ne s'agit pas

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"METTRE LES GENS EN CONFIANCE ET EN SÉCURITÉ" de la même démarche lorsqu'on va jouer au football ou au handball". "Entreprendre à Mayotte ce n'est pas toujours simple, mais c'est possible" Après une année de "Working holiday" en Australie en 2012 pour se perfectionner en langue anglaise Faïdat Vita est de retour sur son île natale. Un bienfait pour celle qui ne voulait plus se couvrir de manteau et autres tenues hivernales. Elle rentre d'abord à Mayotte pour "les vacances". "Je ne savais pas trop ce que je voulais faire à ce moment-là", confie-t-elle. Sur conseils de sa famille, elle reste sur l'île pour "essayer quelque chose au niveau professionnel". À l'époque, peu de salles de sport sont proposées à Mayotte. Faïdat Vita suit les conseils de sa grandmère "avec ses phrases encourageantes et motivantes à la mahoraise, et qui te donnent envie de te bouger". Conjointement avec son entourage, elle crée d'abord l'association May Form sise à Mamoudzou. Après six mois à peine, elle compte déjà une centaine d'adhérents. Cours collectifs de fitness sont au rendez-vous les soirs entre 18h et 20h30. L'association a été créée "pour tester [son] activité". La viabilité du projet sera également étudiée par le biais de la couveuse d'entreprises, en tant que "entrepreneuse stagiaire". Le dossier de Faïdat Vita est éligible, elle restera en couveuse un an et demi avant d'ouvrir cette fois sa propre entreprise dénommée Vis ta forme, fin 2015. "Entreprendre à Mayotte n'est pas toujours simple, mais c'est possible contrairement à la métropole ou beaucoup de domaines sont saturés", souligne l'éducatrice sportive. "Ici, il y a encore beaucoup à faire. Je me dis que j'ai de la

chance d'avoir pu entreprendre si tôt. Je n'aurais peut-être pas pu le faire ailleurs de cette manière". Musique, étirements, renforcements musculaires, cardio-training... Aujourd'hui, Vis ta forme compte plus de 300 abonnés. Tantôt à Koropa piscine, au collège de Majicavo dans le préau extérieur et la salle intérieure, tantôt à la maison des jeunes de M'gombani, Faïdat Vita dispense des cours de renforcement musculaire, de pilates, de cardio-training, zumba, jumping, fitness et bien d'autres. La grande nouveauté reste les cours de "Les mills" (à lire en anglais), soit des programmes d'entraînements à haute intensité qui rencontrent un franc succès à travers le monde. "L'enchaînement du cours est le même que ce soit à Shanghai, à Mayotte ou à New-York", précise la coach. Des cours collectifs, activités adultes ou enfants, coaching à domicile et prestations certains week-end lors d'évènements singuliers font également partie de son quotidien. Faïdat Vita travaille seule et ne possède pas encore de lieux à proprement parlé pour dispenser ses cours, mais "espère embaucher l'année prochaine pour proposer plus d'activités et surtout honorer la demande en coaching à domicile". L'éducatrice sportive compte allègrement les "retours positifs" des adhérents. "Réussir à rendre heureux les gens dans leur activité est le principal", confie-t-elle avant d'ajouter : "Pratiquer une activité physique, c'est se défouler aussi. Se vider la tête, oublier tous ses soucis. Je pense que c'est un moment où on s'évade et c'est le cas pour moi-même". Si Faïdat Vita ne fait pas de campagne de sensibilisation particulière quant à la lutte contre l'obésité elle précise tout de même que "le fitness est une lutte naturelle contre l'obésité. L'alimentation va de pair avec le sport" dixit l'éducatrice sportive. "On ne peut pas juste faire du sport, en tout cas avec un objectif sain, et ne pas faire attention à ce que l'on mange. Pour moi, l'un ne va pas s'en l'autre", conclut celle qui est fermement contre les régimes alimentaires et prône un "équilibre alimentaire". n

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CE QU'ILS EN DISENT Moina Magoma, mère de Faïdat Vita

"Quelqu'un de volontaire" "C'est quelqu'un de volontaire. Elle aime son métier, elle aime ce qu'elle fait".

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Photo : Geoffroy Vauthier

LE DOSSIER

MADRASA

TRADITIO


À Mayotte, l'islam est très largement présent et l'éducation des enfants, puis des adolescents, y est étroitement liée. Chaque jour en effet, les madrasa, des écoles coraniques, les accueillent pour leur enseigner le Coran et l'arabe littéraire, mais aussi pour leur apprendre une certaine vision de la vie en société. Respect des adultes, dialogue plutôt que violence, respect des lois : trois points sur lesquels, durant des siècles, ont reposé la société mahoraise. Oui mais voilà : cette sociétélà est désormais pénétrée par la consommation et un monde plus vaste. Elle change. Des changements auxquels s'ajoute l'enseignement laïc et obligatoire, un espoir de réussite pour la jeunesse et leurs parents. Alors, quelle place reste-t-il pour la madrasa ? Comment cohabite-t-elle avec les évolutions nombreuses de Mayotte ? Est-elle une tradition d'avenir ?

ON D'AVENIR ? 13

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Geoffroy Vauthier

Photo : Geoffroy Vauthier

LE DOSSIER

REPORTAGE

MADRASA : UNE PIEUSE ÉDUCATION ENCORE FORTEMENT ANCRÉES DANS L'ÉDUCATION DES ENFANTS, LES MADRASA SONT NOMBREUSES SUR L'ÎLE. CHAQUE JOUR, ELLES ACCUEILLENT DES ENFANTS ET ADOLESCENTS QUI Y APPRENNENT L'ARABE ET LA LECTURE DU CORAN, MAIS AUSSI UN CERTAIN RESPECT DES AUTRES. 14•

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À l'école du respect

Ils sont 280 enfants et adolescents à suivre l'enseignement religieux et traditionnelle de Cheick Omar, fundi dans une madrasa de Cavani. L'homme est respecté par les enfants : "La politesse est très importante, insistet-il. Ici, on apprend aux enfants à ne pas se taper, à ne pas se chahuter. Personne n'a le droit de le faire. S'il y a un problème, alors ils viennent me voir et on en discute."

Lorsq'un cri a raisonné dans la ruelle, Cheikh Omar s'est précipité. Rien de grave heureusement, juste le chahut des petites filles jouant dans la cour de gravats, derrière la mosquée. Elles sont une dizaine à patienter là, en attendant que leur fundi leur demande de monter au premier étage pour débuter le cours de la journée. Il est 16h à Cavani, et comme chaque jour, excepté le vendredi, l'étage de la mosquée s'apprête à accueillir enfants et adolescents pour l'école coranique. Son organisation est semblable à celle d'une école classique, avec des créneaux horaires pour les filles, puis les garçons ; mais aussi une répartition en fonction du niveau de chacun. Ainsi, la madrasa pour laquelle oeuvre Cheick Omar accueille cinq classes, correspondant moins à une classe d'âge qu'à un niveau de connaissance

et d'acquisition des enseignements coraniques, bien que l'âge des élèves semble, ce jour-là tout au moins, d'une certaine homogénéité. Telle enfant a six ans, telle autre en a huit. Celle-ci dira huit aussi, puis sa voisine sept. "Nous pouvons accueillir les enfants à partir de quatre ans", détaille toutefois le fundi, qui refuse d'enseigner en dessous de cet âge. Il le justifie : "À trois ans, les petits sont encore trop dépendants de leurs parents, pas assez autonomes. C'est trop tôt." Quant à l'âge maximum, il n'y en a pas vraiment : "jusqu'à 18 ou 19 ans pour certains". En tout, ce sont 280 jeunes qui viennent ici suivre l'enseignement coranique de Cheick Omar mais aussi celui de deux autres fundis : un qui, comme notre responsable, dispense l'apprentissage coranique, et un autre se consacrant uniquement à l'apprentissage de l'arabe pour les plus grands.

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Paroles d'anciens Par Ichirac Mahafidou

Ahmed, 38 ans, entrepreneur

D'autres élèves arrivent peu à peu. Cheick Omar les attends. La fin de l'école vient de sonner pour certaines, et une fois qu'elles seront arrivées, la leçon pourra commencer. En attendant, il est déjà l'heure de monter et de s'installer. Dans une bonne humeur apparente, les petites grimpent avec hâte l'escalier de béton en prenant soin de tenir voiles et kishali vissés sur la tête. On se déchausse à l'entrée et on s'installe en tailleur, face au tableau, entre deux des colonnes qui soutiennent le plafond. Ici, pas de murs, juste une vaste salle divisée en cinq espaces ouverts, correspondants aux cinq niveaux qui séparent les apprentissages. De quelques gestes de la main, Cheick demande à celle-ci de s'asseoir plutôt là, à celle-ci de se mettre devant, et à une autre de se mettre derrière. Le cours n'a pas encore commencé, d'autres jeunes filles continuent à arriver et, en patientant, ça papote entre filles, sagement, en respectant l'autorité du maître des lieux. L'homme n'a pas à insister et fait preuve de bienveillance, les enfants l'écoutent et le surnomme Papa Naël. Il en sourit.

POLITESSE, DIALOGUE, ET ISLAM "La politesse est très importante, insiste-t-il. Ici, on apprend aux enfants à ne pas se taper, à ne pas se chahuter. Personne n'a le droit de le faire. S'il y a un problème, alors ils viennent me voir et on en discute." Un intermédiaire bienveillant pour mettre sur le droit chemin. "Le respect de l'autre, et en particulier celui des adultes et des anciens, est la première chose qu'on apprend à la madrasa", explique-t-il en illustrant le propos : "Parfois, certains parents viennent me voir, car ils n'arrivent pas à faire obéir leurs enfants pour ci ou ça. Alors j'en parle avec les enfants et les choses s'arrangent." Le fundi : un référent dans la vie quotidienne, à la sagesse religieuse suffisante pour être un référent. C'est ce que confirme Sitina, qui vient d'arriver. À 15 ans, l'adolescente vient toujours à la madrasa.

"Une chance" "Aujourd’hui, j’explique à mes enfants qu’ils ont la chance d’avoir des madrasa, des écoles coraniques avec des maîtres souvent très cultivés et où les corrections physiques ne sont pas préconisées. Quand je leur raconte des anecdotes, ils restent bouche bée ! Je leur raconte par exemple qu’à mon époque, près de notre "chioni" (nom anciennement donné aux madrass, ndlr), il y avait des branches entourées de piquants, et que c’était le buisson préféré de notre fundi. Il aimait bien commissionner un élève pour aller chercher la plus belle branche et ceux qui faisaient des bêtises durant le cours repartaient avec de jolies traces de branche piquante. J’ai montré à mes enfants ma cicatrice à moi. Ce sont des petites marques qu’on a et qu’on garde en souvenir. Ça faisait partie de la discipline et nos pères, nos mères, adhéraient à 100% à cette façon de faire. Maintenant, il y a beaucoup moins de corrections de ce genre, voire plus du tout. Du moins dans les madrasa, qui ne sont pas à confondre avec les chionis. Je ne pense pas que j’accepterais ce type de discipline à l’ancienne pour mes enfants, comme mes parents l’ont accepté pour moi. Mais ce qui est sûr, c’est que je n’en garde pas un mauvais souvenir. Au contraire, on en rigole avec mes anciens camarades de chionis."

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Photo : Geoffroy Vauthier

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Ce mardi-là toutefois, ce n'est pas pour suivre l'apprentissage du fundi – "un bon fundi" – qu'elle est présente à cet horaire, mais pour l'aider dans l'organisation d'un évènement à venir : l'anniversaire des 11 ans de l'école coranique. Pour elle, la madrasa est d'une importance réelle. "Il est nécessaire d'apprendre le respect des autres et le respect de soi-même, commente-t-elle. La tradition est importante, et elle doit être bien transmise ensuite à nos enfants afin qu'ils soient bien éduqués dès le départ." Un rôle éducatif nécessaire dans l'apprentissage de la vie pour les jeunes mahorais ? "Oui, bien sûr, aujourd'hui, les enfants ne respectent plus leurs parents, et on voit où cela mène." Et puis, "C'est un devoir pour les musulmans de connaître le Coran", reprend Cheick Omar. Celui qui enseigne ici depuis 11 ans et l'ouverture de cette madrasa, est fier d'en être le fundi : "Quand quelqu'un connaît bien le Coran, c'est une chance. Alors, il se doit de le transmettre et de l'apprendre à d'autres. C'est ce que je fais." Pour autant, l'homme n'est pas naïf. La société change doucement, et si les madrasa ont encore une belle importance dans la vie des Mahorais, il constate une baisse d'intérêt envers cette éducation traditionnelle. L'école coranique au sein de laquelle il enseigne connaît chaque soir un beau succès, il est vrai,

mais cet afflux est dû à des questions d'ordre pratique. Des enfants et adolescents viennent en effet des quartiers voisins de Mgombani et Mtsapéré, entre autres, faute de trouver des écoles coraniques aux horaires compatibles avec ceux de l'école laïque. C'est pour cela que la sienne accueillent les enfants dès 16h et jusqu'à 19/20h pour les plus grands, pour des sessions d'enseignement oscillant entre 1h30 et 2h. Une fois que toutes les jeunes filles sont présentes, le cours en question peut débuter. Il s'agira aujourd'hui d'apprendre l'alphabet arabe. Au tableau, le foundi écrit et cite les lettres. À chacune d'elles, les petites répètent en choeur. Chacune a sur ses genoux un livre fin. Il s'agit du courassa, ouvrage d'apprentissage contenant l'alphabet de l'arabe littéraire, justement, l'articulation des syllabes et les premiers textes du Coran, les plus courts, pour être accessibles aux enfants. Quelques minutes ainsi et c'est la pause. Cheick Omar rejoint Sitina, à l'autre bout de la pièce. Elle compte le nombre d'élèves à prévoir pour l'évènement organisé le week-end suivant. Les jeunes filles en profitent alors pour chuchoter et rigoler entre elles, curieuses de l'appareil photo et du journaliste qui se trouve là ce soir. Et c'est fièrement qu'elle affiche leurs courassa, demandant à immortaliser l'instant. n

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Professeurs

La fatigue en ligne de mire Si nul ne remet en cause le rôle que joue la madrasa dans l'équilibre de la société mahoraise, les professeurs de l'école républicaine, eux, font le constat d'élèves fatigués et, de fait, moins disponibles pour d'autres apprentissages.

Paroles d'anciens Par Ichirac Mahafidou

Charfia, 49 ans, institutrice

"Très important" "J’étais une élève assidue au chioni (nom anciennement donné aux madrass, ndlr) et comme beaucoup de personnes de ma génération, je sais lire parfaitement le coran. C’est quelque chose de très important quand on est musulman pratiquant. Mon seul regret, c’est que nos maîtres coraniques, à notre époque, ne nous aient pas appris à comprendre les versets du Coran qu’ils nous faisaient réciter. C’est la différence aujourd’hui entre les écoles coraniques à l’ancienne, qui existent toujours dans beaucoup de villages, ce qu’on appelle les chionis, et les écoles coraniques modernes qui émergent, ce qu’on appelle les madrasa. Une fois, en rentrant de la madrasa, mon fils m’a dit : "Maman, est-ce que tu sais parler arabe ? Non ! Parce que moi si !" Et effectivement, il avait appris quelques mots en arabe littéraire. Au-delà de savoir lire le Coran, je trouve très important de le comprendre, pour comprendre en tant que musulman où on va et pourquoi on y va. Et c’est ce qui est bien dans les madrasa. Un autre avantage dans les madrasa, c’est que les maitres s’impliquent plus dans l’éducation de l’enfant. Ils insistent sur l’importance d’être sage à la maison, respectueux de ses parents, de ses frères et sœurs, l’importance de bien travailler à l’école, etc. Cette nouvelle éducation religieuse est un bon complément avec l’éducation familiale."

"Quand j'ai vu ces gamins dormir sur la table plusieurs fois par semaine, j'ai compris que leur rythme n'était pas le même qu'en métropole" : à 31 ans, et alors qu'elle venait d'arriver à Mayotte, Sandra*, enseignante jusqu'à l'année dernière en CM1 dans une école primaire de Koungou, ne connaissait pas encore trop les particularismes culturels de l'île. C'était il y a trois ans. Ensuite, elle a pu faire le constat d'une école coranique "bien présente" dans la vie des élèves. "Bien présente", oui, "mais aussi bien usante", comme elle le précise. "En soit, je ne suis pas contre le fait que les parents inscrivent leurs enfants dans une madrasa, mais le problème qui se pose est celui de la fatigue", déplore-t-elle. À des journées scolaires déjà chargées s'ajoutent en effet deux à trois heures d'école coranique par jour, y compris le weekend. Presque une journée d'adultes, à laquelle les enfants ne sont pas toujours préparés. Professeure des écoles à Doujani, Lola*, elle, dresse le même constat, notamment pour les élèves de maternelle dont elle a eu à s'occuper les années précédentes. "Les enfants sont épuisés, remarque-t-elle, et particulièrement dans les écoles maternelles." C'est d'autant plus vrai pour les écoles qui "ne fonctionnent pas en rythmes scolaires, mais en rythmes alternés, avec des cours le matin ou l'après-midi. Quand les enfants viennent à l'école l'après-midi, ils se sont levés tôt le matin pour aller à l'école coranique et sont lessivés. Cela leur fait des journées très longues. En maternelle, je me rappelle que certains étaient accrochés sur les bancs, et piquaient du nez." Une articulation à améliorer ? De manière générale, l'articulation entre l'école coranique et l'école laïque ne serait donc pas encore assez prise en compte, chacune empiétant forcément, à un moment donné, sur l'autre (lire également notre interview de Didier Cauret, directeur de cabinet au vice-rectorat, en page suivante). Un exemple, en plus de la fatigue ressentie ? Lola le donne : "Avec de si grosses journées, les élèves sont forcément moins disponibles pour des apprentissages. Et puis, pour certains c'est un peu compliqué de passer de l'une à l'autre. Ils s'emmêlent les pinceaux en écrivant à l'école laïque, par exemple, de droite à gauche, comme ils l'apprennent pour l'arabe à l'école coranique."

G.V

*Les prénoms ont été changés

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LE DOSSIER

Solène Peillard

DIDIER CAURET

DIRECTEUR DE CABINET AU VICE-RECTORAT

MADRASA ET ÉCOLE LAÏQUE : "UN BUT COMMUN" DANS L'ESPACE PUBLIC, LA LAÏCITÉ FAIT FOI. MAIS SUR UN TERRITOIRE TRÈS LARGEMENT MUSULMAN, L'ÉCOLE DE LA RÉPUBLIQUE DOIT COHABITER AVEC CELLE DE L'ISLAM, ICI INCULQUÉE EN DEHORS DU TEMPS SCOLAIRE PAR L'INTERMÉDIAIRE DE LA MADRASA. POUR DIDIER CAURET, LE DIRECTEUR DE CABINET DU VICE-RECTEUR, CES DEUX SYSTÈMES CONVERGENT VERS LE MÊME OBJECTIF : APPORTER À L'ENFANT STRUCTURE ET CULTURE. Mayotte Hebdo : En 2015, l'académie nommait un "référent laïcité". De nouvelles dispositions ont-elles été prises depuis ? Didier Cauret : Non et ce n'est pas prévu, car ce n'est pas nécessaire. Le référent pilote toujours un groupe intercatégoriel constitué de parents et d'enseignants. L'objectif est de travailler le plus harmonieusement possible en respectant les convictions de chacun. C'est ça la laïcité : ce n'est pas dire "non" à toutes les religions, mais considérer chacun pour ce qu'il est, dans ses croyances notamment, et de ne pas les faire interférer dans le fonctionnement de l'école. Les Mahorais sont, je crois, les premiers à revendiquer cette neutralité dans le service public. La religion est l'affaire de la communauté et ici elle veille à ce que les choses restent modérées. Là-dessus, nous sommes moins en difficulté que des départements comme la Seine-Saint-Denis. MH : Comment travaille ce groupe au sein de l'académie ? DC : Il mène des réunions sur plusieurs thèmes et les restitue dans tous les établissements, il intervient pour faire de la médiation entre administration, parents, élèves, etc. Les membres du groupe peuvent aussi être saisis pour déclencher une procédure d'alerte si nécessaire, tant en termes de religion que de laïcité, car il y a aussi quelques "ultra-laïques», mais ça arrive très peu. À Mayotte, tout le monde parvient à faire en sorte de dissocier ce qui est cultuel de ce qui est culturel.

MH : Comment se passe la cohabitation entre la madrasa et l'école laïque ? DC : C'est un peu compliqué. Ce sont deux systèmes étanches, ils sont juxtaposés, mais pas coordonnés. Chacun complique un peu la tâche de l'autre : lorsque la madrasa est avant les cours, on a des élèves qui manquent un peu d'attention, lorsque la madrasa est après les cours, ce coup-ci c'est à l'école coranique qu'ils commencent à fatiguer. Mais les deux systèmes doivent pouvoir continuer à coexister, de par l'ancienneté culturelle du système coranique, mais aussi parce que tout ce qui pourra apporter plus d'éducation aux enfants est forcément positif. C'est notre but commun. MH : Voyez-vous des différences entre les élèves qui vont à la madrasa et ceux qui n'y vont pas ? DC : Oui, vraiment. Ceux qui vont à l'école coranique ont les rudiments de la culture éducative, enseignée par le fundi. On a par exemple beaucoup d'étrangers en situation irrégulière et ils sont beaucoup moins acculturés à certaines règles parce que beaucoup n'ont pas de structure à la maison, personne pour leur dire quoi faire et ne pas faire. En revanche, un problème que l'on peut rencontrer au collège notamment, quand la personnalité se forge, c'est que quelques jeunes filles essaient de trouver dans une pratique rigoriste de la religion, une façon de se protéger du monde et parfois c'est un peu plus compliqué de dialoguer avec ces jeunes-là. Dans ce cas, la famille ou des référents à la madrasa peuvent servir d'intermédiaires.

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YOUNOUSSA ABAINE

DIRECTEUR DE LA MÉDIATION ET DE LA COHÉSION SOCIALE AU CONSEIL DÉPARTEMENTAL

"LES JEUNES ONT PERDU LEURS REPÈRES"

DIRECTEUR DE LA MÉDIATION ET DE LA COHÉSION SOCIALE EN CHARGE DU SERVICE CADIAL AU CONSEIL DÉPARTEMENTAL, YOUNOUSSA ABAINE S'INQUIÈTE DE VOIR DE PLUS EN PLUS DE JEUNES MAHORAIS SE DÉSINTÉRESSER DE L'ÉDUCATION, TANT RELIGIEUSE QUE LAÏQUE. FACE À CETTE RUPTURE CULTURELLE, LE RESPONSABLE ESTIME URGENT DE SE MOBILISER. Mayotte Hebdo : L'éducation coranique occupe-t-elle toujours une place importante dans l'éducation des jeunes aujourd'hui ? Younoussa Abaine : Non, ce que l'on déplore aujourd'hui c'est que par rapport aux anciens, les jeunes Mahorais ont complètement perdu leurs repères et leurs valeurs. Cela s'explique en partie parce qu'ils vont de moins en moins à l'école coranique et c'est dû à plusieurs choses. La première est l'évolution de la société : les enfants vont désormais à l'école (laïque, ndlr) tous les jours, ce qui leur laisse moins de temps pour la madrasa. Le rythme scolaire est un premier frein, mais on voit aussi que les jeunes s'intéressent moins à l'école au sens large. Le niveau scolaire a beaucoup baissé et on voit de moins en moins de jeunes ambitieux. Aujourd'hui les enfants sont gâtés, ils ont tout à la maison : l'ordinateur, le portable, etc. Ils pensent davantage à leur plaisir et leur amusement, plutôt qu'à préparer leur avenir. Pourtant, ils doivent devenir de futurs adultes, mûrs, responsables, qui par leur éducation et leur intelligence, font avancer la société. C'est pour cela que je suis convaincu de la nécessité de préserver l'école religieuse à Mayotte. MH : Comment faire si la fréquentation des madrasa est en baisse ? YA : Il faut qu'il y ait un véritable échange entre tous les acteurs : les institutions, les collectivités, les élus, les parents, les madrasa, etc. Et pas seulement sur la

formation professionnelle. Tous doivent chercher à comprendre comment notre société évolue pour trouver les mesures adaptées à la construction de l'avenir de la jeunesse. Par exemple, il n'est pas normal de laisser les terrains de sport allumés toutes les nuits. Oui, l'enfant doit pratiquer une activité physique, mais il doit aussi parfois être sérieux et étudier ses leçons. Il faut se réveiller et mettre le paquet là-dessus, car nos enfants sont en danger : il y a de la violence dans les établissements scolaires, des bagarres entre bandes rivales, certains jeunes y amènent des couteaux, etc. Les enfants ne se sont même pas conscients de l'ampleur de ces agissements parce qu'ils pensent que tout leur est permis. MH : L'éducation religieuse permettraitelle d'éviter cela ? YA : Ce qui est sûr, c'est que tout enfant a besoin d'une éducation morale, et il ne la trouve pas toujours au sein de l'école de la République. C'est pourquoi je pense que l'éducation religieuse est tout à fait nécessaire pour accompagner les jeunes. L'islam peut leur apprendre à se respecter eux-mêmes, à respecter les autres pour ne pas leur nuire, car il prône la tolérance. Je dis toujours que l'ignorance est la cause de tous les maux, notamment de la violence. On parle aujourd'hui de Mansour Kamardine, de Saïd Omar Oili, etc., mais s'ils en sont là, c'est parce qu'ils ont reçu une éducation, un cadre, des repères, comme les anciens.

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ENTRETIEN

Houdah Madjid

"LE RSMA DE MAYOTTE : MEILLEUR TAUX D'INSERTION D'OUTRE-MER" LIEUTENANT-COLONEL FRÉDÉRIC JARDIN 22•

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Le lieutenant-colonel Frédéric Jardin est le chef de corps du Régiment du service militaire adapté (RSMA) de Mayotte, basé à Combani, depuis juillet dernier. Une nouvelle expérience pour le colonel mais aussi un nouveau départ pour les 600 jeunes bénéficiaires du RSMA qui ne manquent pas de rigueur. Mayotte Hebdo : Cela fera bientôt un an que vous êtes chef de corps du Régiment du service militaire adapté de Mayotte, il s'agit également de votre première expérience à la tête d'un régiment de cette envergure, comment la vivez-vous ? Colonel Frédéric Jardin : J'ai pris le commandement du régiment le 3 juillet 2018. À l'occasion de cette cérémonie, j'ai reçu le drapeau du régiment. Le SMA était avant un bataillon. Depuis le 31 mars 2018, il a pris l'appellation de régiment. C'était d'ailleurs une des promesses du candidat Macron à l'époque. Dans sa lettre à la collectivité de Mayotte du 20 avril 2017 il promettait que "le petit bataillon" deviendrait régiment. Nous avons maintenant effectivement notre appellation et notre propre drapeau. Onze jours après ma prise de commandement, j'ai été avec le régiment défiler sur les champs Élysées à l'occasion du 14 juillet. C'était un peu comme le baptême du régiment. MH : Qu'est-ce qui vous a mené à Mayotte ? CFJ : Les forces armées ont décidé de la destination, Mayotte était l'opportunité de commander un régiment. Je suis donc comme tous les autres cadres, détaché du ministère des armées vers la ministre des Outre-mer, et Annick Girardin est donc mon chef. J'ai commencé ma carrière en étant appelé au contingent en 1991, où je me suis engagé en tant qu'aspirant. Au gré de mes mutations et de mes affectations, j'ai été activé pour me voir ensuite confié en 2018, le commandement du régiment de Mayotte. Ce qui m'a frappé lorsque j'ai pris mes fonctions ici, c'est la méconnaissance de l'autre, notamment dans son travail. En shimaoré on parle beaucoup de "ouvoimoja" : le vivre-ensemble. J'ai eu l'impression qu'on vivait les uns à côté des autres et qu'on n'était pas vraiment ensemble. C'est aussi pour cela que je communique beaucoup avec les entreprises et les organismes de formation pour les rassurer et leur faire comprendre que nous ne sommes pas concurrents mais complémentaires. Il faut savoir ce que fait l'autre, ce que peut faire l'autre pour bien travailler au profit de la jeunesse. C'est une vision un peu utopique ou humaniste, mais c'est bien comme cela que les cadres du SMA envisagent leurs missions. Notre adversaire c'est la misère sociale et la déshérence. Nous devons lutter avec nos armes : le savoir-être, le savoir-faire, le savoir-secourir, le savoir tout court. MH : Le passage du statut de bataillon à régiment a-t-il impliqué de grands changements ? CFJ : Aucun. Il s'agit juste d'une histoire d'appellation et de reconnaissance. En termes d'effectifs, c'est à dire de bénéficiaires du dispositif SMA, nous sommes à peu près sur le même portage

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ENTRETIEN

"L'EMPLOI EST NOTRE BUT POUR CES JEUNES"

que la Guyane soit 600 bénéficiaires. Nous nous plaçons en quatrième ou cinquième position parmi les sept SMA existant. Le plus gros étant celui de La Réunion, suivi de celui de la Guadeloupe et de la Martinique. MH : En comparaison avec les autres départements, quelles sont les particularités du RSMA de Mayotte ?

CFJ : Chacun des SMA a sa particularité. L'appellation "adapté" signifie bien que le service militaire s'adapte au territoire. Les problématiques des Antilles sont différentes de celles de La Réunion, du Pacifique ou de Mayotte. Dans notre cas, je vois deux particularités. Mayotte est le dernier né des départements qui est lui-même toujours en construction. Les besoins sont donc nombreux. Il faut être attentif à ses besoins, donc aux besoins des entreprises. C'est en cela que c'est différent de ce qui peut exister dans d'autres SMA où leur présence date de 1961. La deuxième particularité demeure dans l'âge moyen de sa population avec 155 000 jeunes qui ont moins de 25 ans. Il y a là aussi beaucoup de choses à faire pour les jeunes. En revanche, nous avons moins de problèmes de recrutement. Le vivier est plus important ici à Mayotte, mais les besoins sont également plus grands. MH : Le RSMA reste-il une issue pour les jeunes à Mayotte ? CFJ : Je le dis souvent : c'est la deuxième, troisième ou souvent la dernière chance. La particularité reste les critères d'éligibilité du SMA : avoir 18 ans minimum et pas plus de 26 ans, être Français, être en bonne santé et puis il faut avoir un casier judiciaire qui est compatible avec le statut de militaire. Sachez que 40% de nos chefs de filière sont Mahorais. Cela veut dire que les jeunes mahorais ont suivi le parcours de volontaires stagiaires, puis de volontaires techniciens, et sont maintenant des chefs de filière. Ils ont suivi tout le parcours qu'on le peut effectuer au sein du RSMA. MH : Les jeunes femmes sont-elles, elles-aussi, plus nombreuses ? FCJ : Nous avions 22% de femmes en 2018. Une belle fierté pour le régiment ! Il y a cinq ans, il y avait 7% de femmes. Nous avons triplé le nombre de jeunes femmes. C'est lié à l'évolution de la mentalité des jeunes, des mamans et de l'image sérieuse de l'établissement. Le taux d'insertion, que la ministre des Outre-mer a rappelé ce week-end, s'avère être le meilleur des sept SMA. On parle souvent des choses qui ne vont pas à Mayotte et pas assez des choses qui vont bien. MH : Quelles sont les différentes catégories de bénéficiaires ? CFJ : La première catégorie concerne les volontaires stagiaires longs (VSL) qui font dix mois au sein du SMA, ce sont des jeunes gens non diplômés. Ca débouche sur un ou plusieurs certificats de qualification, en fonction des filières, qui leur permet une insertion en entreprise ou une poursuite de formation. Sur les 88% d'insertion en 2018, 63% ont accédé à des emplois directs avec minimum un CDD de six mois ou un CDI. Il y a également eu 10% d'emplois de transition, c'est à dire un CDD de moins de six mois, mais c'était souvent pour des jeunes qui venaient de réussir un concours ou qui devaient passer un concours dans les mois qui suivaient leur sortie du RSMA. Nous avons également des jeunes qui ont la volonté d'intégrer l'administration pénitentiaire, la police, la gendarmerie, les aidessoignants, etc. À peu près 15% des jeunes restant, poursuivent leur parcours avec des formations essentiellement en métropole pour acquérir un titre 4 ou un titre 5 (qualification de niveau, ndlr). Soit ils reviennent ici, soit ils restent en métropole. Il faut considérer

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que 40% du temps que les jeunes passent au RSMA est consacré à la formation professionnelle ou à l’acquisition de compétences et de savoir-faire professionnels. Nous ne délivrons pas de titre 4 ou 5. Nous sommes en pleine réflexion avec notamment la DIECCTE (Direction des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi, ndlr) pour déterminer si des filières peuvent devenir diplômantes au SMA. En effet, ces attestations de formation professionnelle sont délivrées par des professionnels et des enseignants du vice-rectorat, car nos formateurs ne peuvent être juge et partie. La deuxième catégorie concerne des jeunes diplômés de CAP, BEP ou Bac professionnel, appelés des volontaires stagiaires courts (VSC). Ils sont plutôt dans une redynamisation ou une remobilisation vers l'emploi. Nous travaillons beaucoup sur l'accès aux droits. Ils ne font que six mois au SMA. Des jeunes diplômés aussi qui ont un projet, nous les employons comme aideformateurs, aide-moniteurs et signent un CDD d'un an, renouvelable quatre fois. Nous essayons de les insérer en tant que chefs d'équipe car ils ont plus d'autonomie, plus de confiance. En termes de prise en charge financière, un volontaire stagiaire touche 340€, un volontaire technicien commence à 1200€ et il finira à 1800€ au bout de ses trois ans, selon la situation de famille. MH : En novembre 2018, sept contrats Prodiats (contrat de professionnalisation immédiat) de 12 mois, ont été signés entre les jeunes du RSMA et Mayotte Channel Gateway, d'autres ont-ils suivi ? FCJ : Les contrats pro sont issus de la loi du 5 septembre 2018, sur la formation professionnelle. À Mayotte, c'est encore peu connu ou mal utilisé, y compris par les entreprises. Nous avons réussi avec nos partenaires (les entreprises), à leur faire découvrir ce contrat pro et depuis septembre, le contrat Prodiat. Cette fois c'est l'entreprise qui forme le jeune, ce dernier adapte les compétences acquises au sein du régiment dont son "savoir-être" en entreprise. Les derniers contrats pro signés c'était avec Total, dans le cadre du recrutement des pompistes qui pourront, selon leur appétence, tenir les boutiques. MH : Quels sont les objectifs finaux pour les jeunes après, et en dehors du RSMA ? CFJ : L'erreur que l'on fait souvent est de dire que le SMA est un organisme de formation. Nous sommes avant tout un organisme d'insertion socioprofessionnel. L'emploi est notre but pour ces jeunes qui passent par les cases de préformations ou de préqualifications. L'insertion et l'emploi durable sont clairement nos objectifs. Un emploi durable c'est minimum un CDD de six mois. Pourquoi ?

Nous considérons qu'entre les six ou dix mois que les jeunes ont passé dans le régiment, combinés aux six mois passés en entreprise, même si ce CDD n'est pas renouvelé ou ne donne pas lieu à un CDI, son expérience et ce qu'il a appris lui permettront de retrouver un emploi. C'est cet accompagnement personnalisé qui fait la richesse du passage au SMA. MH : Quels sont les projets en cours au RSMA ? FCJ : Mayotte a beaucoup de projets pour l'aide à la personne, un métier de service qui ne prend pas encore, pour l'instant nous avons peu d'offre d’emplois. Nous étudions actuellement avec les différents partenaires l'éventuelle qualification diplômante d'assistant de vie aux familles avec un titre 5. Nous avons également l'ambition de créer l'Amicale des anciens du SMA. Nous estimons à un peu plus de 6000, le nombre de Mahorais qui sont passés au SMA en trente ans. Sachant que lors des premières filières, il y avait vingt jeunes par an, et qu'ils sont maintenant 600. Je souhaiterais développer "le réflexe SMA", aussi bien au moment du recrutement que pour l’insertion. En effet, pour les jeunes qui se cherchent ou qui empruntent une mauvaise voie, je souhaite que les "bacocos du SMA" d’il y a un an, dix ans ou trente ans, qui sont eux-mêmes passés par le SMA encouragent les jeunes de leur village, de leur famille ou autre à nous rejoindre. Deuxième réflexe, c'est d'avoir ce lien avec le RSMA quand des entreprises cherchent des jeunes motivés ou créent des emplois et que Pôle emploi ne peut leur fournir la ressource, il faut s’adresser au SMA pour regarder si un profil recherché ne se trouve pas dans leurs rangs. MH : Quelles filières devrions-nous déployer à Mayotte ? FCJ : Le CREFOP (Comité régional de l'emploi, de la formation professionnelle et de l'orientation professionnelle, ndlr) a été installé pour répondre à ces questions et le SMA en est membre. Le PIC (Plan d'investissement des compétences, ndlr) et le PRUIC (Parc régional ultramarin d'investissement dans les compétences, ndlr) ont également mis en exergue des secteurs d’activité émergents, mais pour l’instant trop peu d’emplois sont proposés. Lorsque Mayotte en aura besoin, le régiment s’adaptera et proposera ces filières de formations aux jeunes. Nous devons nous demander quelles formations, quelles filières devonsnous développer ici à Mayotte, répondant aux besoins de Mayotte tout de suite. La difficulté est dans l'anticipation du besoin, dans la connaissance de l'autre et de son environnement. Nous pourrions par exemple développer l'économie bleue et verte, mais nous n'avons pas suffisamment de structure sur l'île pour le moment. n

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Geoffroy Vauthier

MAITAI ET KAENA

BIENTÔT À MAYOTTE ! PLUSIEURS SEMAINES APRÈS LEUR DÉPART DU CAP-VERT, OÙ NOUS LES AVIONS LAISSÉS, LE PÉRIPLE DES CATAMARANS MATAI ET KAENA SE POURSUIT AVEC UNE ARRIVÉE PRÉVUE FIN AVRIL OU DÉBUT MAI À MAYOTTE. TRÈS BIENTÔT, L'OFFRE DE LOISIRS ET DE TOURISME SUR LE LAGON SERA DONC ENRICHIE. Nous les avions laissés au Cap-Vert (Mayotte Hebdo n°870), quelques semaines après leur départ des Sables-d’Olonne, alors qu'ils s'apprêtaient à rallier le Brésil. Depuis, les équipages des deux catamarans Matai et Kaena ont parcouru des milliers de kilomètres. C'est en effet avec brio qu'ils ont accompli leurs transatlantique, mais aussi suivi les courants la ramenant vers le cap de Bonne espérance, en Afrique du Sud. Après une halte à Cap Town, ils ont engagé leurs derniers efforts pour franchir ledit cap, bien connu pour les forces qui l'animent, puis longer les côtes africaines et s'aventurer dans le canal du Mozambique, dernière ligne droite avant Mayotte. À l'heure où nous bouclions cette édition, les navires se trouvaient à Richards Bay. Arrivée prévue en fin de mois. Revue de voyage en images avec Maitai.

1 Photo 1 et 2 Février : c'est à San Salvador de Bahia, au Brésil, que les équipages se sont reposés après leur transatlantique. De quoi faire le plein de vivres et préparer les bateaux avant de rallier Cap Town, en Afrique du Sud, puis de franchir le difficile cap de Bonne Espérance.

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Euro esSabl Retrouvez régulièrement dans Mayotte Hebdo l'aventure de Maitai et Kaena, et de leurs équipages. Le projet de Pascal Jardin et Cyrille Civetta, respectivement gérants e u r iq Amé ord des entreprises mahoraises NBC du n Travel et Planète bleue ? Ramener les deux bateaux depuis les Sablesd'Olonne jusqu'à Mayotte, afin d'y développer le tourisme du lagon. Un périple de quatre mois, sur deux océans.

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MAITAI ET KAENA

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Photo 3,4 et 5

Tristan Da Cuhna

8 mars. Au petit matin, Matai arrive sur l'île habitée la plus petite au monde : Tristan Da Cuhna. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : 96 km2, 200 habitants, sept familles, et une seule "ville" (Edinburgh of the Seven Seas). Escale d'une journée pour remettre un peu de gasoil et se dégourdir les jambes, et puis l'heure vient d'entamer la deuxième partie du périple vers Cap Town, en Afrique du Sud. "Sur Tristan,un bateau arrive tous les mois et demi avec de la nourriture et du matériel. Il y a un petit port de pêche et les gros bateaux ne peuvent pas accoster. Il en faut des plus petits pour amener les passagers et les marchandises au port, et il faut que la mer soit belle. Ils ont aussi des vaches et des moutons, mais s'ils en ont trop, il n'y a plus d'herbe. Alors ils ont inventé une règle: chaque famille a droit à deux vaches et chaque personne, même un bébé, a droit à deux moutons. Dans l'île, il y a une école, un hôpital, un petit supermarché, un bureau de poste, une salle commune et un pub, un petit musée, un café internet, un petit magasin de souvenirs, une piscine et un seul policier", détaille l'équipage..

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Bientôt Cap Town

Fin mars : Dernière partie du trajet avant Cap Town. Après quelques jours de disette, car peu de poissons pêchés, l'Atlantique se remet à offrir quelques belles prises à nos matelots. Au programme : "Une belle bonite, deux fous et un très beau requin bleu de 1.5 mètre… qui est reparti avec le leurre."

Afrique du Sud atteinte

30 mars. Trente-et-un jours après le départ du Brésil, Matai atteint Cap Town : l'occasion de "se refaire une beauté avant d'attaquer la difficile remontée jusqu'à Mayotte le long des côtes africaines et dans le canal du Mozambique."

Le cap de Bonne Espérance

Au sud du sud de l'Afrique : le cap de Bonne Espérance. Après avoir quitté Cap Town le 10 avril, il a fallu longer les côtes africaines pour éviter le courant des Anguilles et passer sans encombre le redoutable cap de Bonne Espérance, d'autant que "la navigation côtière entre les cargos, les porte-containers et les bateaux de pêcheurs est assez sportive, surtout la nuit." Par la suite, c'est à Port Élisabeth, puis à Durban que des escales seront effectuées, avant la remontée finale vers Mayotte.

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Méningites. Méningites. Rougeole. Rougeole. Polio. Polio. Tétanos. Tétanos. Coqueluche Coqueluche C oCnotn re tre d ed e n onm ob mrberuesuesse m s a mla aldaid e ise g s rgarvaevse s la la meilleure meilleure protection protection c’est c’est la la vaccination. vaccination. PourPour en savoir en savoir plusplus sur sur la vaccination, la vaccination, parlez-en parlez-en à unà professionnel un professionnel de santé. de santé.


Santé

UN DES PLUS GRANDS PROGRÈS DE SANTÉ PUBLIQUE Avec l’accès à l’eau potable, la vaccination fait partie des progrès qui ont le plus fait augmenter l’espérance de vie dans le monde. Éclairage par le Dr Isabelle Bonmarin, Responsable de l’unité Prévention du risque infectieux et environnemental à Santé publique France. poliomyélite étaient également déclarés tous les ans. « Grâce à la vaccination, le dernier cas de poliomyélite en France remonte à 1995. La variole a quant à elle été totalement éradiquée du monde depuis 1977, là encore grâce à la vaccination », explique le Dr Bonmarin.

UNE PRÉVENTION INDISPENSABLE La vaccination est la meilleure façon de se protéger des maladies virales (oreillons, rougeole, fièvre jaune...) qui ne peuvent bénéficier de traitement spécifiques. La vaccina-

© skynesher / iStockphoto

QUASI-DISPARITION DE CERTAINES MALADIES La vaccination a été instaurée pour protéger la population de maladies contagieuses qui peuvent être très graves à titre individuel comme collectif. Au 20e siècle, c’est grâce à la vaccination que le risque d’épidémie comme celle de la diphtérie a disparu en France. Juste avant la mise en place de la vaccination, la coqueluche était responsable dans notre pays de plusieurs milliers de cas et de centaines de morts chaque année. Des milliers de cas de

tion permet aussi de limiter voire de supprimer la circulation de ces virus. Aujourd’hui encore la recherche médicale se pour-

suit pour mettre au point de nouveaux vaccins. C’est le cas, par exemple, du virus Ebola, l’infection à VIH ou encore le paludisme.

PROTÉGER GRÂCE À LA VACCINATION Mieux vaut prévenir que guérir. C’est là tout l’enjeu de la vaccination. Les vaccins sont un moyen d’éviter des maladies souvent graves. Ils permettent de se protéger, mais aussi de protéger son entourage. Faisons le point sur cette mesure de protection.

vaccination (estimations de l’OMS, 2009).

© gorodenkoff / iStockphoto

… ET PROTÉGER SES PROCHES

SE PROTÉGER…

La vaccination est souvent le seul moyen de se protéger contre de nombreuses maladies qui peuvent entraîner de graves complications. C’est par exemple le cas de la rougeole. Cette maladie peut se compliquer, dans certains cas, d’atteintes cérébrales irréversibles. Trois personnes en sont décédées

en France en 2018 et près de 3 000 ont déclaré la maladie. En 2019, un décès a déjà été recensé. De leur côté, les méningites à méningocoque, à pneumocoque ou à Haemophilus influenzae de type b peuvent être responsables d’amputations, de

handicaps, voire de décès. Quant à la coqueluche, elle est particulièrement redoutable chez le très jeune enfant. Ainsi, chaque année, dans le monde, 3 millions de personnes, enfants et adultes, meurent de maladies pourtant évitables grâce à la

Un vaccin permet donc de se protéger, mais aussi de protéger ses proches les plus fragiles : nouveau-nés, femmes enceintes, personnes souffrant d’une infection contre-indiquant la vaccination, personnes âgées, etc. et de façon plus large toute la population. Par exemple, des grands-parents ou de jeunes parents qui se font vacciner contre la rougeole ou la coqueluche à la naissance d’un enfant n’assurent pas seulement leur propre protection contre ces maladies, mais en protègent également leur nourrisson, en attendant qu’il atteigne l’âge requis pour pouvoir être vacciné à son tour.

« Ceci témoigne du fait que la vaccination reste un outil moderne et indispensable à la santé de tous », indique le Dr Bonmarin.

EN CHIFFRES

2 à 3 millions de vies sont sauvées chaque année grâce à la vaccination

0 cas de poliomyélite

en France depuis 1995

0 cas de variole

dans le monde depuis 1977

2 913 cas de rougeole en France en 2018, plus de 600 hospitalisations, dont 3 décès


Santé

VACCINATION ET IDÉES REÇUES FAUX Les anticorps produits par notre corps après la vaccination et qui servent à nous protéger contre certaines maladies si nous les rencontrons un jour, peuvent parfois s’affaiblir au fil du temps. Pour rester protégé contre la maladie, il faut donc renouveler plusieurs fois certaines vaccinations au cours de la vie. C’est le cas des vaccins contre le tétanos, la diphtérie et la poliomyélite. Il est important pour les adultes de faire le point avec un médecin. En fonction des recommandations du calendrier vaccinal, un rappel de vaccins pourra être prescrit. Si certains vaccins n’ont pas été réalisés dans l’enfance, il n’est jamais trop tard pour le faire ! Les adultes peuvent aussi recevoir un vaccin, même s’ils n’ont jamais été vaccinés auparavant. Par ailleurs, en cas de voyage à l’étranger, certains vaccins peuvent être recommandés aussi bien aux adultes qu’aux enfants.

LA VACCINATION N’EST PAS NÉCESSAIRE EN PÉRIODE D’ALLAITEMENT

FAUX L’allaitement maternel protège le nourrisson contre de nombreuses infections parce que le lait apporte des anticorps. Mais cette protection est insuffisante : elle ne dure pas assez longtemps et n’est pas efficace contre toutes les maladies infectieuses. La vaccination dès les premières semaines de la vie est donc nécessaire en complément de l’allaitement pour renforcer l’immunité du nourrisson et ainsi permettre qu’il soit protégé au mieux.

LA VACCINATION N’EST JAMAIS POSSIBLE EN CAS DE RHUME

FAUX Un simple rhume n’empêche pas la vaccination. En cas de maladie infectieuse aiguë avec fièvre, la vaccination peut être reportée. Si un bébé est malade ou s’il a de la fièvre le jour où il doit être vacciné, le médecin pourra dire s’il

peut être vacciné ou s’il est préférable d’attendre quelques jours.

LES VACCINS CONTRE DES MALADIES QUASIMENT ÉRADIQUÉES NE SONT PAS NÉCESSAIRES

FAUX Sans la poursuite de la vaccination, les maladies peuvent refaire surface. C’est le cas actuellement de la rougeole dont les épidémies réapparaissent depuis dix ans en France. En 2018, près de 3 000 cas ont été déclarés. Près de 25 % des malades ont été hospitalisés et 3 personnes sont décédées. Pour maintenir une protection suffisante, il est important de se faire vacciner et de mettre à jour ses vaccins tout au long de la vie.

SI LA PLUPART DES GENS SONT VACCINÉS, JE N’AI PAS BESOIN DE L’ÊTRE

VRAI ET FAUX Pour assurer la protection de tous contre certaines

© FatCamera / iStockphoto

LES VACCINS NE CONCERNENT QUE LES ENFANTS

maladies infectieuses contagieuses et pour éradiquer des maladies telles que la rougeole, il faudrait que 95 % de la population soient vaccinés. En France, cette couverture est atteinte pour les trois maladies contre lesquelles la vaccination était obligatoire avant 2018 (diphtérie, tétanos et poliomyélite). En revanche, pour d’autres vaccins déjà recommandés (hépatite B, méningocoque C, rougeole, oreillons, rubéole), les couvertures

vaccinales n’atteignent pas ce chiffre. De ce fait, on observe encore les conséquences de ces maladies : hospitalisations, séquelles, voire décès et des situations d’épidémies évitables. Par ailleurs, les microbes ne s’arrêtent pas aux frontières. La vaccination reste indispensable car de nombreuses

personnes voyagent à l’étranger. Elles peuvent y être contaminées par certaines maladies, comme la poliomyélite ou la diphtérie dans certains pays d’Afrique et d’Asie. Elles risquent donc de les transmettre à leur retour. Cela a été le cas récemment au Costa Rica où un enfant français aurait réintroduit la rougeole. Enfin, certaines maladies pour lesquelles un vaccin existe ne sont pas contagieuses et les microbes qui en sont la cause persistent toujours. C’est par exemple le cas du tétanos, causé par une bactérie naturellement présente dans la terre : même si 95 % de la population étaient vaccinés, le danger serait toujours présent pour les personnes non vaccinées de déclarer la maladie. La vaccination reste donc le seul moyen de se protéger.

Pour plus d’information, n’hésitez pas à demander conseil à votre médecin, pharmacien, infirmier ou sage-femme.

LA VACCINATION POUR TOUS, TOUT AU LONG DE LA VIE Qui doit se faire vacciner ? Pourquoi et quand ? Le Dr Lévy-Bruhl, Responsable de l’unité des infections respiratoires et vaccination de Santé publique France, répond à ces questions. QUI EST CONCERNÉ PAR LA VACCINATION ?

Tout le monde est concerné par cette protection, puisque les premiers vaccins ont lieu chez les bébés et que certains nécessitent des rappels à l’âge adulte, y compris pour les personnes en bonne santé. Donc, chacun doit se demander s’il est à jour de ses vaccins. Comment le vérifier ? Directement en consultant son carnet de santé ou en posant la

question à son médecin traitant. Il saura répondre et, si besoin, administrer le ou les vaccins recommandés en fonction du calendrier vaccinal. Si un adulte n’a pas été vacciné contre une maladie pour laquelle il existe un vaccin, un rattrapage est possible. C’est le cas pour la rougeole et la rubéole, notamment pour les personnes nées à partir de 1980.

LES RECOMMANDATIONS VACCINALES SONT-ELLES LES MÊMES POUR TOUS ?

Les personnes les plus fragiles, telles les femmes enceintes, les personnes âgées et les patients atteints de maladies chroniques (asthme, diabète, maladies cardiaques ou respiratoires, etc.) font l’objet de recommandations additionnelles, adaptées à leur situation.

POURQUOI EST-IL NÉCESSAIRE D’EFFECTUER DES RAPPELS DE VACCIN RÉGULIÈREMENT ?

Certains vaccins n’assurent pas une protection à vie. Il faut de temps en temps relancer le système immunitaire pour être protégé. C’est par exemple le cas du vaccin contre le tétanos qui nécessite un rappel tous les 20 ans. Au-delà de 65 ans, les rappels sont plus fréquents car le système immunitaire commence à moins bien répondre.

D’UN POINT DE VUE SANITAIRE, POURQUOI FAUT-IL ÊTRE « À JOUR » DANS SES VACCINS ?

La vaccination est d’abord une protection individuelle contre des maladies potentiellement graves. Elle permet de ne pas être infecté par la bactérie. Même pour une bactérie comme la diphtérie qui ne circule plus en France, car des voyageurs peuvent être contaminés à l’étranger et la réintroduire en France. La vaccination est également une protection pour les proches. Tout d’abord pour les enfants. Par exemple, la vaccination des femmes enceintes contre la grippe protège la mère pendant la grossesse mais aussi le nourrisson pendant ses premières semaines de vie. De manière indirecte, la vaccination des membres de la famille contre la coqueluche protège les nouveaunés en attendant qu’ils reçoivent leur propre vaccin.


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VACCINATION : MAYOTTE RÉAGIT POUR ASSURER UNE MEILLEURE PROTECTION POUR ÊTRE BIEN PROTÉGÉS, TOUS LES ENFANTS DOIVENT ÊTRE VACCINÉS. WANA PIA NA WAVAKSINEWÉ. ...HA UTAHADHARI. À Mayotte, comme partout en France, la vaccination est un enjeu majeur de santé publique. Cependant sur ces territoires, problèmes sociaux, économiques, sanitaires et migratoires nuisent à sa bonne mise place. UN ACCÈS DIFFICILE AUX STRUCTURES MÉDICALES

UNE ACTION DE SANTÉ PUBLIQUE POUR FAIRE FACE À LA BAISSE DE LA VACCINATION

s’est déroulée du 22 mai au 30 juin 2018. Les 39 centres de vaccination temporaires ont vu 23 955 enfants dont 13 442 ont bénéficié d’une mise à jour de leurs vaccins (diphtérie, tétanos, polio, coqueluche, Haemophilus influenzae B, rougeole, oreillon, rubéole et pneumocoque).

centres de PMI pour assurer avec les professionnels l’ensemble de leurs missions, de santé de ces centres dont la vaccination. Pour (médecins, infirmier.ère.s, cela, depuis la fin de cette sages-femmes, etc.). Dans campagne vaccinale, un quelques semaines, le pertravail commun est mené sonnel infirmier sera formé entre l’ARS-OI, la Cellule pour assurer la consultation, d’Intervention en Région la décision et la prescription de Santé publique France de la vaccination. (CIRE), la DGS et le Cette étroite collaboration Conseil Départemental de entre les acteurs de santé LES CENTRES Mayotte. En octobre 2018, publique, régionaux et DE PMI : NOUVEAUX le Président de cette collec- nationaux, permet d’être laACTEURS vaccination, parlez-en de santé. MAJEURS tivitéàa un fait professionnel une demande confiant dans la reprise péDE LA VACCINATION d’appui auprès du Directeur renne de l’activité vaccinale L’objectif est désormais Général de Santé publique à Mayotte. Une démarche d’ancrer dans le temps France. Des réservistes qui renforce le travail réalisé cette démarche temporaire. seront prochainement en médecine ambulatoire et Comment ? En structurant envoyés pour travailler hospitalière. Un impératif une activité pérenne des en étroite collaboration collectif de santé publique.

Méningites. Rougeole. Polio. Tétanos. Coqueluche Contre de nombreuses maladies graves la meilleure protection c’est la vaccination.

Malgré la présence d’une offre de soins ambulatoires, du Centre hospitalier de Une baisse importante de Mayotte (CHM) et de ses l’activité vaccinale a été différentes antennes dont constatée. Pour remédier Pour en savoir plus sur à cette problématique et le centre de Jacaranda, l’accès au système de santé éviter la survenue d’épidéest difficile. En effet, une mies, l’Agence Régionale partie de la population ne de Santé publique-Océan bénéficie pas de protection Indien (ARS-OI) a réagi. sociale (CMU-c, AME) En 2017, la structure, avec offrant un accès aux soins. le concours de la Direction De manière générale, la Générale de la Santé vaccination a souvent lieu (DGS) et de Santé publique dans les centres de Protection France (SpF), a mis en place Maternelle et Infantile une campagne de rattrapage (PMI), lieu de prise en charge vaccinal de grande ampleur. plus globale de l’enfant et ses Cette campagne concernait les enfants de 0 à 6 ans et proches.

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Santé


LE CAHIER EMPLOI & FORMATION

LE MÉTIER DE LA SEMAINE CARISTE MAGASINIER LE CARISTE MAGASINIER EXÉCUTE DES OPÉRATIONS DE RÉCEPTION, DE STOCKAGE, DE TENUE DES STOCKS, DE PRÉPARATION DE COMMANDES ET D'EXPÉDITION DE MARCHANDISES, PRODUITS, MATIÈRES PREMIÈRES, ETC. SELON LES PROCÉDURES QUALITÉ, LES RÈGLES D'HYGIÈNE ET DE SÉCURITÉ ET LES IMPÉRATIFS DE DÉLAIS. IL PEUT RÉALISER DES OPÉRATIONS DE MANUTENTION À L'AIDE DE MATÉRIEL DE MANUTENTION LÉGER (TRANSPALETTE, DIABLE, ROLLS, CADDIE, ETC.) OU D'ENGINS À CONDUCTEUR AUTO-PORTÉ (CHARIOT ÉLÉVATEUR , ETC.). IL PEUT AUSSI EFFECTUER DES OPÉRATIONS SPÉCIFIQUES (CONDITIONNEMENT, ASSEMBLAGE SIMPLE, EMBALLAGE, APPROVISIONNEMENT DE LIGNES DE PRODUCTION, ETC.) ET RÉALISER DES OPÉRATIONS DE VENTE AU COMPTOIR. ENVIRONNEMENT DE TRAVAIL

- Association - Drive en grande distribution - Entreprise artisanale - Entreprise de transport/messagerie/groupage - Entreprise industrielle - Entreprise publique/établissement public - Industrie manufacturière - Plate-forme logistique - Site d'entreposage - Société de services

COMPÉTENCES

- Utiliser un engin nécessitant une habilitation - Conditionner un produit - Réaliser des reconditionnements et assemblages simples, des remises en conformité de produits détériorés, etc. - Ranger des produits ou marchandises selon leurs dates de validité et les conditions de conservation - Déplacer des produits vers la zone de stockage - Contrôler la réception des commandes - Suivre l'état des stocks - Proposer un service, produit adapté à la demande client - Contractualiser une vente

ACCÈS AU MÉTIER

FORMATION

Cet emploi/métier est accessible à partir d'un CAP/BEP en magasinage, emballage professionnel, distribution, vente. Il est également accessible sans diplôme ni expérience professionnelle. Un ou plusieurs Certificat(s) d'Aptitude à la Conduite en Sécurité -CACES- conditionné(s) par une aptitude médicale à renouveler périodiquement peu(ven)t être demandé(s).

TÉMOIGNAGE

EL FAYED BAMCOLO, 20 ANS

ATTEINT D'UNE MALFORMATION DES MEMBRES, LE JEUNE EL FAYED BAMCOLO A PU BÉNÉFICIER D'UN ACCOMPAGNEMENT PROFESSIONNEL DE LA PART DE L'ASSOCIATION MESSO, DANS LE CADRE DE SA CELLULE INSERTION À L'EMPLOI DES PERSONNES EN SITUATION DE HANDICAP.

"Avant de venir suivre un accompagnement ici, au centre de formation Messo, j’ai pu effectuer un stage dans la supérette Hypertchanga, à Mstangamouji, pendant deux semaines, avec l’aide de la Service d'éducation spéciale et de soins à domicile (Sessad) de Combani. À Messo, j’ai suivi une formation pédagogique qui consistait à une remise à niveau. J’ai appris à écrire des lettres de motivation et des CV. Savoir me présenter correctement, en utilisant les formules de politesse et les formules appropriées pour accueillir les clients. Grâce à l’association Messo j’attends de signer un contrat à durée déterminée avec Hyper Tchanga."

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Fiche de poste : Directeur(trice) pôle LVA Missions principales : - Mise en œuvre du projet d’établissement - Gestion et animation des ressources humaines - Gestion économique, financière et logistique - Représentation et promotion Compétences : - Gestion administrative et financière du pôle - Management d’équipe - Conduite du changement - Connaissance de l’environnement et des dispositifs médico-sociaux - Connaissance de la réglementation du champ couvert par l’établissement - Connaissance des problématiques liées au public accueilli - Capacité à développer et entretenir des partenariats - Maitrise des procédés d’évaluation des activités et de la qualité des prestations d’une structure sociale et médico-sociale

Aptitudes professionnelles : - Sens de l’organisation - Capacités d’analyse et d’anticipation - Capacités de décision - Aisance relationnelle - Fortes aptitudes à la négociation - Sens de l’éthique Diplômes requis : - Le CAFDES - Le CAFERUIS : Certificat d’aptitude aux fonctions d’encadrement et de responsable d’unité d’intervention sociale ou DEIS (M2 économie sociale et solidaire) - Master 2 en intervention sociale avec expérience de 3 ans et plus - Justifier d’une expérience significative dans le secteur - Permis B exigé

Le directeur du pôle travaille sous la responsabilité directe de la direction de la structure Ce poste implique des déplacements réguliers sur l’ensemble du département - CDI - Rémunération selon le profil - Début du contrat : dès que possible

Association Messo 85 route nationale de M’Tsapéré , 97600 Mamoudzou Inscriptions : 02 69 62 18 23 – secretariat.direction@messo.fr - MESSO

Fiche de poste :

Directeur(trice) pôle développement économique et social Missions principales : - Mise en œuvre du projet de la structure - Gestion et animation des ressources humaines - Conception, attractivité, développement technique et opérationnel - Gestion économique, financière et logistique - Représentation et promotion

Aptitudes professionnelles : - Sens de l’organisation - Capacités d’analyse et d’anticipation - Capacités de décision - Aisance relationnelle - Fortes aptitudes à la négociation - Sens de l’éthique

Compétences : - Gestion administrative et financière du pôle - Management d’équipe - Conduite du changement - Connaissance de l’environnement et des dispositifs structurants - Capacité à développer et entretenir des partenariats

Diplômes requis : - Master 2 en stratégie de développement/politiques sociales et territoriales - Master 2 en développement économique et social ou équivalent - Justifier d’une expérience significative dans le secteur - Permis B exigé

Le directeur du pôle travaille sous la responsabilité directe de la direction de la structure. Ce poste implique des déplacements réguliers sur l’ensemble du département - CDI - Rémunération selon le profil - Début du contrat : dès que possible

Association Messo 85 route nationale de M’Tsapéré , 97600 Mamoudzou Inscriptions : 02 69 62 18 23 – secretariat.direction@messo.fr - MESSO

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LE CAHIER EMPLOI & FORMATION

LES OFFRES D'EMPLOI OPÉRATEUR/TRICE SERVICE RAPIDE CENTRE AUTO (H/F)

MÉCANICIEN / MÉCANICIENNE AUTOMOBILE (H/F)

MÉCANICIEN / MÉCANICIENNE MOTORISTE AUTOMOBILE

TECHNICIEN / TECHNICIENNE EN DIAGNOSTIC ET RÉPARATION AUTOMOBILE

MONITEUR / MONITRICE D'AUTO-ÉCOLE

ASSISTANT SOCIAL / ASSISTANTE SOCIALE

RESP.CHEF D' ATELIER MAINTENANCE PNEUMATIQUE VEH-IND (H/F)

TERRASSEMENTS ET TRANSPORTS MAHORAIS - 976 - MAMOUDZOU A sein d' une société à taille humaine, structurée et organisée. Vos missions principales sont d' intervenir sur les réparations des véhicules légers et utilitaires

SARL CENTRE AUTO ALONZO - 976 - TSINGONI

Assurer la surveillance générale de l'établissement : - sécurité des biens - Effectue les réparations, révisions, contrôles périodiques de véhicules automobiles particuliers ou industriels selon les règles de sécurité et la réglementation

RANDSTAD - 976 - MAMOUDZOU

Vous intégrez un garage spécialisé dans la vente et la maintenance d'engins TP situé à Mayotte. Rattaché (e) au Chef d'Atelier, vous aurez pour principales missions : - Réaliser un diagnostic

MAESTRIA RECRUTEMENTS - 976 - MAMOUDZOU Nous recherchons pour notre client, un grand groupe qui opère dans le secteur de l'automobile, un Technicien spécialisé en diagnostic automobile VL (h/f) sis à Mayotte en CDI

MAYOTTE CONDUITE - 976 - KOUNGOU Vous serez en charge d'accompagner et de former un groupe de personnes à la conduite d'un véhicule. Vous serez disponible pour travailler Mardi, Mercredi, Jeudi, Vendredi matin et Samedi matin.

MAIRIE - 976 - MAMOUDZOU Met en oeuvre des dispositifs d'aide sociale afin de favoriser l'insertion sociale ou de prévenir l'exclusion de personnes généralement en difficulté.

TERRASSEMENTS ET TRANSPORTS MAHORAIS - 976 - MAMOUDZOU Au sein d' une société à taille humaine, structurée et organisée vous serez rattaché au Directeur. Vous assurez une fonction d' encadrant et de management de l' atelier de maintenance pneumatique

* voir site Pôle emploi


MAGAZINE D’INFORMATION NUMÉRIQUE HEBDOMADAIRE Edité par la SARL Somapresse au capital de 20 000 euros 7, rue Salamani Cavani M’tsapéré BP 60 - 97600 Mamoudzou Tél. : 0269 61 20 04 contact@mayotte.hebdo.com Directeur de la publication Laurent Canavate canavate.laurent@mayottehebdo.com Directeur de la rédaction Mohamed El Mounir dit “Soldat” 0639 69 13 38 soldat@mayottehebdo.com Rédacteur en chef Geoffroy Vauthier Rédactrice en chef adjointe Houdah Madjid

# 882

Couverture :

Madrasa Une pieuse éducation Journalistes Ichirac Mahafidhou Lyse Le Runigo Hugo Coeff Romain Guille Solène Peillard Ornella Lamberti Correspondants HZK - (Moroni) Direction artistique Franco di Sangro Graphistes/Maquettistes Olivier Baron, Franco di Sangro Commerciaux Cédric Denaud, Murielle Turlan, Thomas Lévy Comptabilité Catherine Chiggiato compta@mayottehebdo.com Secretariat Annabelle Mouhamadi Première parution Vendredi 31 mars 2000 ISSN : 1288 - 1716 RCS : n° 9757/2000 N° de Siret : 024 061 970 000 18 N°CPPAP : 0121 I 92960 Site internet www.mayottehebdo.com


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