Mayotte Hebdo n°1066

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Vèmes TROPHÉES MAHORAIS DE L’ENVIRONNEMENT environnement.yt

SEMAINE DE L’ENVIRONNEMENT Du 20 au 23 Novembre Dans les locaux de la CADEMA (Mamoudzou) De 9h à 11h30 & 14h à 16h

TABLES RONDES CONFÉRENCES - DÉBATS & ÉCHANGES Ouvert gratuitement au public

Des acteurs de l’environnement de Mayotte interviendront lors de cette semaine d’échanges pour sensibiliser le public autours des questions environnementales

Lundi 20 (matin) L’eau, le défi mahorais

Mardi 21 (matin) Préservation des forêts

Lundi 20 (après-midi) Mobilités

Mardi 21 (après-midi) Biodiversité

Mercredi 22 Déchets et protection de l’environnement

Jeudi 23 Transition énergétique


LE MOT DE LA RÉDACTION

OPÉRATION RATTRAPAGE Alors que l’opération Wuambushu ne fait plus parler d’elle, voilà qu’une trentaine de cases en tôles ont été détruites à Mutsamudu cette semaine, dans le sud de l’île. Le chiffre symbolique de 1000 habitats insalubres démolis d’ici la fin de l’année ne sera pas atteint, mais qu’importe, le gouvernement continue dans sa lancée. Et ce, même si les habitants de Mayotte sont préoccupés par des sujets plus urgents telle que la pénurie d’eau. La vidange des retenues collinaires est très proche et beaucoup se demandent ce qui se passera au-delà de cette échéance. La distribution des bouteilles d’eau va être généralisée à toute la population, d’ici la fin de l’année, mais cela ne suffira pas à rattraper le retard accumulé durant des années et qui a mis Mayotte dans cette situation de crise. Et même si les Mahorais sont préoccupés par le manque d’eau, ils n’oublient pas que l’île traverse différentes crises en même temps. Une île sous tension, c’est finalement ça le quotidien des habitants du 101ème département de France.

Raïnat Aliloiffa

TOUTE L’ACTUALITÉ DE MAYOTTE AU QUOTIDIEN Le premier quotidien de Mayotte Diffusé du lundi au vendredi, Flash Infos a été créé en 1999 et s’est depuis hissé au rang de 1er quotidien de l’île. Lu par plus de 12.000 personnes chaque jour, Flash infos vous permet de suivre l’actualité mahoraise (politique, société, culture, sport, économie, etc.) et vous offre en plus un aperçu de l’actualité de l’Océan Indien et des Outremers.

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mayott FI n°3839 Lundi 7 mars 2016 St Félicie

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mayott FI n° 5293 Mercredi 7 septembre 2022 St Reine

FI n° 5289 Jeudi 1er septembre 2022 St Gilles

environnement

AménAgemenT

sApeurs-pompiers

La soLution aux pénuries d’eau

Le Lagon au patrimoine mondiaL de L'unesCo ?

le sTade de Tsoundzou 1, une pierre pour l’avenir

le RetouR de nos héRos

Justice

emploi

Les juridictions renforcées par sept nouveLLes arrivées

stewards dans Le yachting, une formation en devenir

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urbanisme

première parution : juillet 1999 — siret 02406197000018 — édition somapresse — n° Cppap : 0921 y 93207 — dir. publication : Laurent Canavate — red. chef : romain Guille — http://flash-infos.somapresse.com

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FI n° 5288 Mercredi 31 août 2022 St Aristide

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Économie

SÉcuritÉ

Les appeLs à projets de L'europe

Couvre-feu pour Les mineurs

Première parution : juillet 1999 - Siret 02406197000018 - APE 5813Z - Édité par la Somapresse - Directeur de publication : Laurent Canavate - http://flash-infos.somapresse.com

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Agression à TsimkourA

FesTivAl sAnAA

Trois jeunes condamnés, donT un cousin de la mariée

Quinze arTisTes aTTendus sur scène pendanT Trois jours

première parution : juillet 1999 — siret 02406197000018 — édition somapresse — n° Cppap : 0921 y 93207 — dir. publication : Laurent Canavate — red. chef : romain Guille — http://flash-infos.somapresse.com

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Justice

AménAgement

Rien à déclaReR pouR cet habitant de chiRongui

les 82 chambRes de l’hôtel ibis style livRées

première parution : juillet 1999 — siret 02406197000018 — édition somapresse — n° Cppap : 0921 y 93207 — dir. publication : Laurent Canavate — red. chef : romain Guille — http://flash-infos.somapresse.com

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MAHORAIS DE L’ENVIRONNEMENT

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A R G O SEMAINE DE PR

L’ENVIRONNEMENT Du 20 au 23 Novembre Dans les locaux de la CADEMA (Mamoudzou) De 9h à 11h30 & 14h à 16h

TABLES RONDES CONFÉRENCES - DÉBATS & ÉCHANGES Ouvert gratuitement au public

Des acteurs de l’environnement de Mayotte interviendront lors de cette semaine d’échanges pour sensibiliser le public autours des questions environnementales

Lundi 20 (matin) L’eau, le défi mahorais

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Mardi 21 (matin) Préservation des forêts

V TROPHÉES Lundi 20 (après-midi) Mardi 21 (après-midi) Ouvert gratuitement public MAHORAIS Mobilités Biodiversité au èmes

DE L’ENVIRONNEMENT

SEMAINE DE L’ENVIRONNEMENT Du 20 au 23 Novembre Dans les locaux de la CADEMA (Mamoudzou) De 9h à 11h30 & 14h à 16h

Mercredi 22 Jeudi 23 TABLES RONDES Déchets et protection Transition CONFÉRENCES - DÉBATS & ÉCHANGES de l’environnement énergétique

L’EAU, LE DÉFI MAHORAIS LUNDI 20 NOVEMBRE

de 9h à 11h

Geobuilder L’eau de l’air ! Les naturalistes de Mayotte La crise de l’eau ADEAR de Dzoumogné Protection de l’eau

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Présente

Vèmes TROPHÉES MAHORAIS DE L’ENVIRONNEMENT

Ouvert gratuitement au public

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TABLES RONDES CONFÉRENCES - DÉBATS & ÉCHANGES

MOBILITÉS LUNDI 20 NOVEMBRE

de 14h à 16h

Cadema Économies d’énergies dans les politiques de mobilités Mob’helios Transition vers les mobilités douces à Mayotte

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Ouvert gratuitement au public

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PRÉSERVATION DES FORÊTS MARDI 21 NOVEMBRE

de 9h à 11h

UICN-CF Jéjé Forêt : une réponse à la déforestation à Mayotte Ame Association Forêt de la Mangrove

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Ouvert gratuitement au public

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BIODIVERSITÉ MARDI 21 NOVEMBRE

de 14h à 16h

EEDD L’éducation à l’environnement et au développement durable comme moyen de protection de la biodiversité GEPOMAY Comment faire revenir la biodiversité en ville

Présente

Vèmes TROPHÉES MAHORAIS DE L’ENVIRONNEMENT

Ouvert gratuitement au public

SEMAINE DE L’ENVIRONNEMENT TABLES RONDES CONFÉRENCES - DÉBATS & ÉCHANGES

ÉDITION SCOLAIRE au lycée des lumières MERCREDI 22 NOVEMBRE

de 9h à 13h

DÉCHETS ET PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT

Wenka culture Application pour signaler les décharges sauvages SIDEVAM La gestion des déchets à Mayotte Yes We Can Nette Mise en place d’une gratification des déchets, les canettes en aluminium Rectorat Projet académique «l’école hors les murs»

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TABLES RONDES CONFÉRENCES - DÉBATS & ÉCHANGES

TRANSITION ÉNERGÉTIQUE EDM Projet MAESHA autour de la création d’un réseau intelligent à Mayotte Albioma Produire de l’électricité grâce à la Géothermie

JEUDI 23 NOVEMBRE

de 9h à 11h

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Ouvert gratuitement au public

SEMAINE DE L’ENVIRONNEMENT Du 20 au 23 Novembre Dans les locaux de la CADEMA (Mamoudzou) De 9h à 11h30 & 14h à 16h

TABLES RONDES CONFÉRENCES - DÉBATS & ÉCHANGES

TRANSITION ÉNERGÉTIQUE JEUDI 23 NOVEMBRE

de 14h à 16h

BAM L’utilisation du bambou comme matériau Art terre Construire en terre crue

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tchaks Un nouveau voyage allerretour pour les étudiants ultramarins

Une délégation de jeunes mahorais à Paris pour parler des droits des enfants

Dans le cadre du comité interministériel des Outre-mer (Ciom) dont les mesures ont été annoncées en juillet dernier, L’Agence de l’Outremer pour la mobilité (Ladom) va voir, dès 2024, ses missions renforcées et son public bénéficiaire élargi. Dans ce cadre, le Ministre délégué chargé des Outre-mer, Philippe Vigier, a décidé sans plus attendre qu’un voyage aller-retour hexagoneDROM soit pris en charge entièrement par Ladom pour les étudiants ultramarins à compter des vacances de Noël ou de l’été austral. Pour cette fin d’année 2023, cette prise en charge s’effectuera sur la base d’un remboursement. Cette mesure s’adresse aux néo-bacheliers accompagnés par Ladom et s’effectue dans le cadre du Passeport pour la Mobilité des Etudes, qui, en 2022, a permis d’accompagner près de 10.000 étudiants originaires des cinq DROM.

Huit jeunes de Mayotte se sont envolés pour Paris afin de participer aux débats jeunes sur l'égalité de genre lors des États généraux des Droits de l’enfant, tenus le mercredi 8 novembre à l'Assemblée nationale. Ils ont adressé six propositions en présence en présence de la présidente de la Délégation aux Droits de l'enfant Perrine Goulet, pour ne citer qu’elle. Ils proposent, entre autres, de rendre obligatoire l'égalité du traitement salarial dans le secteur privé, établir une parité dans toutes les instances politiques, ou encore renforcer les dispositifs d'accompagnement à la parentalité. Les jeunes ont ensuite été reçus par la députée de Mayotte Estelle Youssouffa et la présidente de l’UNICEF France, Adeline Hazan. Ils sont rentrés chez eux, les yeux qui brillent et remplis d’espoir.

Un ciné-débat sur le thème des mamans mineures à Mayotte À l’occasion de la journée internationale des droits de l’enfant, le pôle Jeunesse de l’association Mlezi Maore organise la projection du documentaire “Mamans mineures à Mayotte”, réalisé par Séline Soula, le mardi 21 novembre à 8h30 au cinéma Alpa Joe, à Mamoudzou. Cette projection sera accompagnée d’échanges, de réflexions et de débats sur la question de la maternité précoce et sur l’accompagnement des mères mineures mahoraises. Des acteurs de la protection de l’enfance seront présents pour prendre part à ces discussions. Il est possible de réserver sa place en ligne, en suivant le lien https://forms.gle/ HrbUuFRSj2rtBxz7A.

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Le village mahorais fait forte impression au Salon de Colmar Cette année au Salon International du Tourisme et des Voyages (SITV), les îles étaient à l’honneur. Parmi les stands des différents exposants, le week-end dernier, on pouvait retrouver celui de Mayotte, une convention qui lie Colmar et le territoire mahorais depuis plus de trente ans. « Tout est dit dans ce magnifique et fonctionnel stand. Du côté gauche, le petit salon avec des parois en terre cuite en trompe-l'œil, sert à la fois de présentation et de dégustation des boissons typiques, tel le jus de gingembre, mais aussi d'espace pour des prestations artistiques comme le mbiwi. Au milieu, le salon où les visiteurs sont accueillis avec le sourire congénital des mahoraises, et où ils peuvent s'asseoir, le temps de se remettre de leurs émotions et de trouver toutes les réponses à leurs éventuelles interrogations. Tandis que tout à droite, Vili Vili exposait les épices et autres produits naturels de Mayotte sur un comptoir odoriférant », décrit l’AaDTM (L'Agence d'attractivité et de développement touristique de Mayotte), qui y était pour y porter son slogan, « Mayotte Forever ».

Les premières cartes de la distribution d’eau généralisée à Bandrélé Dans moins d’une semaine, le 20 novembre, toute la population à Mayotte se verra distribuer des bouteilles d’eau gratuitement. La mesure est en lien avec la crise de l’eau sur le territoire et pourrait être en vigueur pendant deux mois. Elle nécessite surtout une logistique importante, avec des renforts de formations militaires de la sécurité civile (Formisc) et des pompiers à Longoni où les bouteilles d’eau arrivent. Mais il faut également l’apport des communes qui doivent organiser les distributions locales. À Bandrélé, les premières cartes étaient distribuées ce mardi matin (photo). Les habitants étaient invités à donner leur adresse, confirmer leur identité et le nombre de personnes dans le foyer. Dès lundi, un pack d’eau sera distribué par personne et par semaine, dans trois lieux dédiés (MJC de Nyambadao, MJC de Mutsamudu et Foyer des jeunes de Bandrélé) selon un calendrier précis.

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LU DANS LA PRESSE

Chaque semaine, découvrez le regard porté sur l’actualité locale à travers la presse nationale ou régionale

À MAYOTTE, LA POLITIQUE DE LA TERRE BRÛLÉE Publié le 11/11/2023 sur Blast, par Grégoire Mérot

Attendu à Mayotte les 1er et 2 novembre, Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, a reporté sa visite en raison de la tempête Ciaran. Alors qu’un deuxième volet de l’opération Wuambushu est en préparation, que l’ensemble des services publics est à terre et que la population a soif, les forces de l’ordre, soutenues par une partie des élus et des « collectifs de citoyens » qui ne cachent pas leur xénophobie, multiplient les arrestations et les expulsions dans la plus grande illégalité. Un à un, tous les verrous moraux et juridiques sautent. Reportage en « sous-France ». Mtsamoudou (commune de Bandrélé), le 21 octobre 2023, 16h30. Une fois n’est pas coutume, les gendarmes ont débarqué aux abords de la rampe d’eau qui jouxte deux quartiers précaires du village. C’est ici que les habitants se ravitaillent, pour trimballer ensuite seaux et jerricans jusque dans leurs maisons en tôle. Mais en cette fin d’aprèsmidi, tous ont fui à l’arrivée des militaires, laissant derrière eux récipients en tout genre et l’espoir d’avoir de l’eau dans un contexte de restrictions toujours plus drastiques face à la pénurie. Derrière les bidons abandonnés, un camion militaire, un van, un 4x4. L’activité encore renforcée des forces de l’ordre pour paver le terrain à un “Wuambushu 2” a aussi son nom de code : “Opération Tempête 976”. « Ils sont moins nombreux que d’habitude mais on ne sait jamais ce qu’il peut se passer, ils embarquent n’importe qui s’il n’a pas ses papiers sur lui », témoigne une jeune femme, revenue carte d’identité française en poche remplir ses bidons après la débandade. La semaine précédente, le 15 octobre, les militaires avaient investi le quartier et étaient rentrés dans les maisons, selon les témoignages de villageois. Après avoir rempli leurs camions d’habitants arrachés à leurs familles sans distinction, ils avaient foncé vers la caserne de gendarmerie de Mamoudzou. Puis direction le centre de rétention de Petite-Terre. Grâce à une mobilisation inédite, la femme d’un réfugié et maman d’enfants ayant le même statut a pu être libérée in extremis. Son cas relevait de l’évidence absolue. Mais tous les autres habitants interpellés ont été expulsés vers les Comores voisines, qu’importe leur situation. Alors, ce samedi 21 octobre, les voisins ont peur, d’autant plus que leur quartier est promis à la destruction dans le cadre des politiques de « Wuambushu ».

Barrage routier apani (commune de Bandrélé), quelques kilomètres plus au sud. 16h45. Postés en bord de route, sur un petit parking avec vue imprenable sur le lagon, les militaires de la gendarmerie nationale arrêtent les

véhicules empruntant la pente sinueuse tracée dans la brousse. Dans une Clio blanche, un groupe de cousins rentre de la plage. C’est les vacances scolaires, ils sont allés voir les tortues qui broutent tranquillement dans quelques mètres d’eau turquoise. Parmi eux, Yasser, élève de terminale. Si son parcours scolaire est impeccable, son parcours administratif, lui, est semé d’embûches malgré sa naissance en France : depuis 2018 et un amendement du sénateur LREM de Mayotte, Thani Mohammed Soilihi, le « droit du sol » n’existe plus à Mayotte. Pourtant, les habitants des quatre îles de l’archipel des Comores, dont fait partie Mayotte, pouvaient circuler librement jusqu’en 1995, créant ou entretenant ainsi des attaches partout. Depuis, seuls les Mahorais peuvent toujours voguer librement d’île en île. Alors, Yasser, comme tant d’autres jeunes - on estime que la moitié des lycéens de Mayotte sortent de leur scolarité et/ou entrent dans leur majorité sans papiers -, se bat corps et âme depuis deux ans pour obtenir sa régularisation. Mais fait face aux murs de la préfecture et à une dématérialisation des procédures compliquant encore le parcours des demandeurs. À la maison, ses frères et sœurs qui n’ont pas le même papa sont français. Yasser vit mal de vivre dans la peur constante quand ceux-ci circulent librement. Alors, samedi 21 octobre, Yasser a voulu vivre un instant comme les autres et s’est autorisé une petite sortie avant de profiter de la seconde semaine de vacances pour organiser ses révisions du bac. Car c’est promis, il l’aura. Sauf à ce qu’il soit empêché de se présenter aux épreuves.

« Ça va bien se passer » À Dapani, ce samedi, il est là, penaud, au pied d’un camion militaire et les siens encore pleins de sable. Un ami a été prévenu, il débarque aussitôt et présente aux gendarmes une lettre reçue deux semaines plus tôt dans un élan d’espoir : le tribunal judiciaire demande à Yasser des documents afin

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de compléter sa demande de certificat de nationalité française. « C’est insuffisant », expliquent les gendarmes. Ils vont embarquer le lycéen dans leur camion direction la caserne de Mamoudzou pour vérifier son identité, mais se veulent rassurant : Yasser et son ami feront simplement le trajet séparément jusqu’à la caserne et une fois sur place, ce dernier aura alors tout le loisir de transmettre le volumineux dossier administratif du jeune homme, toujours prêt et trié. Yasser et son ami ont peur : comme une grande partie des habitants de l’île, ils connaissent les rouages de la « lutte contre l’immigration clandestine » à Mayotte. Mais les gendarmes l’assurent encore « vous pourrez rester en contact permanent », et proposent même que Yasser - il n’a plus de batterie - garde le téléphone de son ami. Le jeune homme voudrait aussi en profiter pour appeler sa maman durant le long trajet qui l’attend. Direction la caserne de gendarmerie donc. Mamoudzou, 19h, caserne de la gendarmerie nationale. Devant le haut portail d’acier qui barre l’entrée de la caserne, trois personnes tentent déjà de dialoguer avec un militaire en sueur. Ils sont d’un calme olympien mais, lui, est agité, excédé et le fait savoir. Il s’emporte quand le trio lui explique que ce sont ses collègues, à Bandraboua (Nord de Mayotte) qui leur ont recommandé de se rendre à la caserne de Mamoudzou pour y porter les documents de leur proche. La même conversation est rapportée concernant Yasser, depuis le sud de l’île. D’ailleurs, où est le jeune homme ? Le téléphone ne répond pas. Les « non » sont catégoriques, rien ne sera transmis. Dans le calme, les proches insistent, rappellent encore les instructions données par les gendarmes lors des

interpellations. Aux amis de Yasser, « Vous êtes quoi au juste ? Des avocats, des justiciers ? », lance le gendarme irascible avant de rentrer dans la caserne en tapant du pied. Devant le portail qui s’est refermé, les proches sont sidérés. Ils refont le fil de la conversation et détaillent un peu leur situation. « Elle a accouché hier. Elle faisait la lessive quand ils l’ont arrêtée », explique le premier trio arrivé sur place. Sidération, encore. Encore une arrestation à un point d’eau. Elles se multiplient depuis la crise et sont facilitées par les regroupements induits par la raréfaction de la ressource. Encore une maman, également, victime d’un système de soin qui s’est effondré. Dommage collatéral de l’opération Wuambushu.

Sous la pression de collectifs xénophobes Car en avril, aux premières heures de l’opération militaropolicière portée par Gérald Darmanin, les « collectifs de citoyens », militants xénophobes du cru, ont décidé d’apporter leur soutien au ministre. Ils ont alors bloqué pendant plusieurs semaines l’ensemble des dispensaires et l’hôpital de Mamoudzou - le seul de l’île pour au moins 350 000 habitants. Selon eux, le réseau de soins serait l’illustration d’« un système public qui a été complètement privatisé pour les étrangers de manière dérogatoire. On n’a plus accès à notre hôpital », comme l’affirmait encore le 25 octobre dernier Estelle Youssouffa, députée Liot de Mayotte et ancienne présidente d’un « collectif de citoyens » lors de l’émission radiophonique Place Publique de Mayotte La 1ère (groupe France TV). Avant de confier, quelques minutes plus tard en riant, son fantasme d’« un Wuambushu permanent ».

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LU DANS LA PRESSE De ce détournement de l’hôpital en faveur des étrangers, les médecins, selon les militants et leurs hérauts, en seraient les premiers complices. Eux qui avaient même osé - avant le lancement des hostilités – signer, en avril 2023 dans Mayotte Hebdo notamment, une tribune s’inquiétant des conséquences sanitaires que pourrait engendrer l’opération Wuambushu. « En tant que soignants, nous devons garantir la santé de l’ensemble des personnes sur le département, quelle que soit leur situation administrative (Français, étrangers en situation régulière ou irrégulière) », rappelaient-ils. Entrainant une réaction outragée et insultante de la députée Estelle Youssouffa.

pas être expulsé du territoire français », est-il inscrit sur le document.

Durant le blocage, une crise interne a éclaté, favorisée par l’apparition de quelques blouses blanches parmi les militants qui se sont adonnés quand le barrage n’était pas total - au tri des patients en réclamant leurs papiers. Crise favorisée aussi par le silence de la direction, comme de la préfecture, qui n’a pas fait lever le blocus sanitaire. Le conflit a fait tache d’huile : sécurité, organisation, gestion des carrières et sur-rémunération de certains pour pallier le manque d’attractivité pour se solder par le départ de nombreux soignants, toujours pas renouvelés.

« C’est comment l’autre, Intifada ? »

« Je n’avais pas le choix » C’est dans ce contexte de désert sanitaire où les mamans et leurs bébés sont priés de quitter les lieux 24h après l’accouchement que, le 21 octobre, jour de sa sortie de l’hôpital et au lendemain de son accouchement donc, la jeune maman a été interpellée et séparée de son bébé. Cet élément serat-il pris en considération ? L’expliquer conduira-t-il les gendarmes à accepter son dossier pour qu’il puisse être examiné avant une éventuelle expulsion ? Un mois auparavant, Ali Abdallah, 25 ans, a bien tenté de faire valoir des motifs médicaux pour éviter une expulsion. Il est Comorien, en situation irrégulière, mais son fils est atteint d’une grave maladie génétique. « C’est pour lui que je suis venu, sinon là-bas il serait déjà mort », explique le papa. Le bébé est mal formé et doit être nourri par une sonde fixée sur son petit ventre gonflé. Toutes les semaines, Ali Abdallah doit l’amener à l’hôpital de Mamoudzou depuis le centre de l’île. En principe il n’aurait pas besoin d’effectuer un tel trajet hebdomadaire, mais le dispensaire le plus proche de son bidonville n’a plus le personnel nécessaire pour s’occuper du petit. Le jeune papa le sait, mettre un pied dehors c’est tout risquer quand on n’a pas les papiers, notamment la vie de son fils puisqu’il est le seul à pouvoir l’emmener à l’hôpital. Surtout en ce moment où les expulsions ont repris à tour de bras. Vu la frénésie actuelle de la gendarmerie et de la police aux frontières, ses hommes vêtus d’un t-shirt noir arborant un guépard en action, Ali Abdallah ne sort donc jamais sans son précieux certificat médical. Les médecins y expliquent que son bébé « présente une pathologie chronique nécessitant des soins réguliers en consultation en pédiatrie ». « Il est indispensable de poursuivre les soins à Mayotte. La présence de son père à ses côtés est indispensable : M. Ali Abdallah ne doit donc

« Lorsque j’ai donné le papier aux policiers, ils l’ont jeté », affirme Ali Abdallah, la tête courbée sous le poids de la vie. Le papa est expulsé quelques heures plus tard, sans pouvoir contester la décision, faire valoir ses droits et sa situation. Il se prend le visage dans les mains et raconte : quelques jours à Anjouan pour récupérer toutes ses économies et les livrer à un passeur. Braver la mer et la mort, pour éviter celle de son fils, encore. « Je n’avais pas le choix, sinon le bébé... ».

Retour à Mamoudzou, le 21 octobre, 18h40, devant la caserne de gendarmerie nationale. Le gendarme parti en furie fait une nouvelle apparition tandis que plusieurs collègues, plus calmes mais en nombre, sont sortis voir ce qu’il se passait au portail. « C’est comment l’autre, Intifada ? », lance-t-il aux proches de la jeune femme. Ils ne saisissent pas la portée de la saillie, ou choisissent de l’ignorer car une chance leur est enfin offerte : ils vont pouvoir transmettre le carnet de santé. « Par contre on ne prend rien d’autre hein », annonce le gendarme aux proches, désireux de fournir un habit à la maman. « Elle faisait la lessive [à la rivière], elle est mouillée », tentent-ils en choeur. Et en vain. Pour Yasser aussi, un sac d’habits a été préparé. Le lycéen est encore plein de sel et de sable après sa virée à la plage. Également dans le baluchon, un sandwich et 30 euros. On ne sait jamais, tout peut aller très vite. Trop vite. La machine est en marche et peut conduire à l’expulsion du jeune homme vers une île qu’il ne connaît pas et où il n’a aucune attache. Il faut, pour espérer l’éviter, que quelqu’un puisse examiner son dossier. Demande renouvelée, dossier présenté au groupe de gendarmes posté devant la caserne. « Ici on ne prend pas les dossiers [...] Ici on fait juste les OQTF (obligation de quitter le territoire français), on a aucun moyen de contrôler les identités », répond l’un d’eux. « Vous faites les OQTF avant d’avoir vérifié ? » Flottement. Et les instructions données auparavant par d’autres gendarmes alors ? « Ils vous ont dit des conneries, ils ne savent pas comment ça marche », rétorque un militaire. Avant de développer : « les dossiers c’est au CRA [Centre administratif de rétention, NDLR] qu’il faut les déposer, il y a des associations là-bas qui s’occupent de ça, même des juges », explique-t-il bien assuré. « Là-bas vous pourrez donner les dossiers, ils n’ont pas le droit de les refuser ». Votre navigateur ne prend pas en charge l'audio HTML. Voici un un lien vers le fichier audio pour le télécharger. Mais un samedi dans la soirée, il n’y aura personne pour répondre aux demandes formulées à l’extérieur du CRA, qu’il faut gagner après avoir pris la barge reliant Grande-Terre à Petite-Terre. Autre élément non négligeable, les trajets dans la nuit imposent de traverser une série de quartiers qui explosent presque tous les soirs car, contrairement à ce qu’affirme le ministre de l’Intérieur pour seul bilan de Wuambushu, le calme n’est pas revenu à Mayotte, tous les jours secouée par des épisodes de fortes violences urbaines.

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Parler dans l’interphone Centre de rétention administrative de Pamandzi (PetiteTerre), dimanche 22 octobre, 7h30. Au pied du poteau qui tient le portail du CRA et sur lequel est intégré l’interphone du bâtiment, un bébé. C’est peut-être le nourrisson auquel le groupe présent à la caserne la veille faisait référence. La scène est régulière devant le centre de rétention, elle a vocation à pousser à la réaction afin que mamans et enfants ne soient pas séparés. À travers l’interphone, demande est faite de déposer le dossier de Yasser ainsi que son sac d’affaires. Une faible voix répond qu’une assistante sociale va sortir pour récupérer les dossiers. Une vingtaine d’autres personnes attendent. Le temps est long sous un soleil de plomb. Il est rythmé par le va et vient incessant des véhicules de la police aux frontières, les sirènes, les bruits des grilles qui se verrouillent. Une assistante sociale finit par sortir. Elle semble déterminée à s’occuper du bébé, c’est déjà ça. Alors les autres attendent sagement leur tour comme l’employée de l’association Mlezi Maoré le réclame. Quand tout à coup, à la surprise de tous, la barrière du centre s’ouvre, laissant filer deux bus en précipitation. C’est la panique. Que se passe-t-il ? « Je ne sais pas, c’est l’éloignement ça », lâche avec détachement l’assistante sociale. « Mais comment est-ce possible ? Les dossiers n’ont pas été récupérés, encore moins examinés, qui sont les personnes à l’intérieur des bus ? » « Je ne sais pas, je n’ai pas la liste », répond encore nonchalamment l’assistante sociale avant de se rediriger vers le centre, refusant d’apporter la moindre réponse, la moindre assistance. « Il faut voir ça avec l’assistante sociale », répond encore l’interphone interpellé face au silence de cette dernière.

Une fabrique à clandestins Une voix sanglote. « Je crois que j’ai vu ma maman dans le bus. » Un jeune homme est là, perdu, contre la grille, il ne comprend pas ce qu’il vient de se passer. Il avait amené le dossier de sa maman : elle est mère d’enfants français, scolarisés, seule à pouvoir s’en occuper car le papa est décédé l’année dernière. Elle ne devrait pas être expulsée. Pour ajouter au dossier, elle a déjà eu plusieurs titres de séjour. Mais elle n’a pas encore pu faire renouveler le dernier explique son fils. Pourquoi ? En juillet, lorsque les « collectifs de citoyens » ont décidé de lever leurs sièges de l’hôpital et des dispensaires, ceux-ci ont trouvé un nouveau port d’attache : le service des étrangers de la préfecture de Mayotte. Deux mois durant, les militants ont ainsi empêché toute tentative de faire valoir des droits au séjour, conduisant de fait des milliers de personnes dans la clandestinité. Une aubaine pour la préfecture, sommée par le gouvernement de rattraper son retard sur les expulsions- rendues inopérantes quelques semaines par la fermeture des frontières comoriennes en avril- et qui ne tient visiblement plus compte que d’une carte de séjour ou d’identité française, présentée derechef, pour refréner son obsession d’expulsions. La préfecture a d’ailleurs ses propres méthodes pour créer la clandestinité : régulièrement depuis le début de l’année 2023, elle retire les titres de séjours délivrés aux personnes qui se sont domiciliées chez un tiers pour effectuer leurs démarches comme l’a raconté Médiapart. La pratique est courante et tient au fait que l’adressage est encore lacunaire sur le territoire, que les habitants des quartiers précaires n’ont souvent pas

d’adresses fonctionnelles et quand bien même cellesci le seraient parfois, elles ne sont pas du genre à être inscrites sereinement sur des démarches en préfecture.

C'est pas nous, c'est politique Centre de rétention administrative de Pamandzi (PetiteTerre), dimanche 22 octobre, 8h00. Une officière de police qui traverse le parking du CRA est interpellée de l’autre côté de la grille. Peut-être aura-t-elle des réponses à apporter ? « Ce n’est pas nous qui décidons d’expulser, on applique les ordres. C’est politique », explique-t-elle un peu désolée. « Comment on va faire nous à la maison, qui va s’occuper des petits pendant que je vais à l’université ? », pousse le fils derrière la grille, avant de s’effondrer. « Comment est-il possible que les droits des personnes aient été bafoués à ce point, que l’on n’ait pas pu donner le dossier, quelques affaires dans l’éventualité du départ ? » « Normalement c’est les associations qui s’occupent de ça... », tente la policière. Mais en étant intégré au CRA le soir et expulsé le lendemain matin, peu de chance de rencontrer qui que ce soit alors que les deux juristes du centre sont déjà totalement incapables de faire face à l’appétit insatiable de la machine infernale qui avale et recrache vers les Comores en moyenne 70 personnes par jour. Surtout le week-end où les effectifs sont encore réduits, la préfecture ne le sait que trop bien puisqu’elle envoie chaque samedi et chaque dimanche, les forces de « lutte contre l’immigration clandestine » rafler aux quatre coins de l’île. Enième tentative à l’interphone. Le couperet tombe. « Votre ami il est parti ». Dans un ultime mensonge, l’interphone conseille encore d’aller au port pour livrer le sac d’affaires prévu face à la pire éventualité. Pour que Yasser puisse se changer, manger un peu, avoir quelques euros pour se débrouiller à l’arrivée. Port de Dzaoudzi-Labattoir, Petite-Terre, 9h. Un fourgon blanc sort de l’enceinte de l’embarcadère. À bord, deux policières, casquettes et lunettes de soleil. « Ah, le bateau ? Il est déjà parti » indique la conductrice. « Comment ça on n’a pas respecté les droits ? Commencez pas comme ça hein ! », somme l’autre. Exposé de la situation. Réponse : « si vous n’êtes pas, content vous allez qu’à aller voir le procureur ». Le véhicule embraye, s’éloigne. Un rire s’échappe de la fenêtre. Entre mesures d’exceptions et pratiques illégales, tous les garde-fous sautent les uns après les autres pour servir les pires ambitions politiques. C’est dans ce cadre que Mayotte verra d’ici la fin de l’année débarquer Gérald Darmanin et son armada, toute prête à assurer la mise en scène du projet de loi Asile et Immigration. Demande est déjà faite par les parlementaires locaux d’y intégrer de nouvelles mesures spécifiques à Mayotte. Le ministre sillonnera ainsi assurément avec quelques marchands de haine à ses côtés pour lui faire la courte échelle dans son coup politique en échange d’un Wuambushu 2 qui profitera aux deux parties comme cache misère de leur impotence. Ensemble, toujours plus prompts à discriminer, détruire des maisons, des familles, des vies, qu’à assurer la garantie des droits les plus fondamentaux à l'ensemble de la population. À brûler tout, à commencer par les valeurs encore officiellement défendues par la République. Liberté bafouée, égalité méprisée, fraternité piétinée.

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LES FEMMES MAHORAISES PRENNENT LE POUVOIR

LES FEMMES SONT AU COEUR DE LA SOCIÉTÉ MAHORAISE. L’HISTOIRE DE MAYOTTE AVEC LES CHATOUILLEUSES EN EST LA PREUVE. MAIS DÈS QU’IL FAUT PRENDRE DES DÉCISIONS POLITIQUES, ELLES SONT RELÉGUÉES AU SECOND PLAN, AU PROFIT DES HOMMES. CES DERNIERS OCCUPENT LES POSTES LES PLUS IMPORTANTS EN POLITIQUE, OU DANS LE MILIEU PROFESSIONNEL. CEPENDANT, LES HABITUDES ÉVOLUENT ET LES FEMMES MAHORAISES ONT COMPRIS QU’ELLES DOIVENT PRENDRE LE POUVOIR. IL Y A DE PLUS EN PLUS DE FEMMES ENTREPRENEURES, D’AUTRES QUI OCCUPENT DES POSTES À HAUTE RESPONSABILITÉ, OU ENCORE CERTAINES EN POLITIQUE. ET CE SONT CES FEMMES QUE NOUS VOUS FAISONS (RE)DÉCOUVRIR DANS CE NUMÉRO. 1 5 • M ay o t t e H e b d o • N ° 1 0 6 6 • 1 7 / 1 1 / 2 0 2 3


DOSSIER

Marine Gachet

LES FEMMES ENTREPRENEURE : UN DOUBLE COMBAT

ENTRE LA CHARGE MENTALE ET LE REGARD DES AUTRES, ENTREPRENDRE AU FÉMININ N’EST PAS UNE MINCE AFFAIRE. MAIS DANS LES AFFAIRES, ÊTRE UNE FEMME PEUT SE RÉVÉLER ÊTRE UNE VÉRITABLE FORCE. TROIS ENTREPRENEURES NOUS ONT PARTAGÉ LEUR EXPÉRIENCE

« Quand on veut on peut, il ne faut pas avoir peur des obstacles ». C’est ce que Sophiata Souffou, dirigeante de la quincaillerie qui porte son nom à Chirongui, veut que chaque jeune femme qui souhaite vivre l’aventure de l’entreprenariat se mette dans la tête. Alors qu’elle vient de se marier, elle se met à travailler dans un des magasins qu’elle créé avec son époux, en 1988. « Il ne voulait pas que je travaille, il fallait que j’ai du temps pour m’occuper des enfants. On a donc trouvé cette solution », se souvient-elle. Moins de dix ans plus tard, elle se met à diriger sa propre boutique, la seule qui existe encore aujourd’hui. Désormais à la tête d’une équipe de 22 salariés et d’une famille de six enfants, Sophiata Souffou voit encore plus grand : elle souhaite exporter son concept de magasin à l’ensemble de l’Océan Indien, à travers un label qui porte son nom. Et elle y tient. Ce projet a pour but de créer davantage de débouchées dans la région pour les jeunes mahorais. Un instinct maternel qu’elle revendique, et qu’elle applique dans son management. « L’instinct maternel des femmes fait que nous sommes plus à l’écoute, on a plus de sensibilité et on encadre mieux les choses. On ne va pas s’acheter des voitures de luxe, on va mieux économiser », estime-t-elle.

« UN FORMAT PLUTÔT FÉMININ » Des qualités dont parle également Farrah Hafidou, co-gérante de l’entreprise en ingénierie du bâtiment Idephi et présidente de la couveuse d’entreprises Oudjerebou, qui constate qu’il y a une façon féminine d’entreprendre, qui consiste à plus s’organiser et à anticiper davantage les risques. « Je le vois même aujourd’hui, après quinze ans dans l’entreprenariat, les risques que je prends sont très mesurés, la priorité est avant tout que les salariés soient payés », confie celle qui a lancé son entreprise avec sa sœur, Nadine Hafidou, et qui travaille désormais à son internationalisation. C’est ainsi qu’elle observe qu’il y a davantage de femmes qui font appel à la couveuse

d’entreprise qu’elle préside. Cette dernière offre un accompagnement aux entrepreneurs, qui peuvent entre autres tester leur activité pendant un an pour voir si elle fonctionne, grâce à un numéro de Siret prêté par Oudjerebou. « Un format plutôt féminin », ponctue Farrah Hafidou. Si les deux femmes sont la preuve qu’il est possible d’entreprendre au féminin et de réussir, le regard de la société n’est pas toujours tendre avec les entrepreneures. Hawa Boura a co-créé Eboueny en 2019, pour proposer des produits cosmétiques naturels à Mayotte. La jeune femme, alors âgée de 28 ans, se souvient de la frilosité de ses proches. « Ils étaient plutôt sceptiques. Je pense qu’ils auraient eu davantage confiance en mon projet si j’avais été un homme », décrit-elle. « Il faut absolument persévérer, croire en soi, travailler dur et ne pas se laisser influencer par les ondes négatives. » À part ce point, Hawa Boura n’a pas relevé d’obstacles particuliers sur son chemin, excepté ceux réservés à tout entrepreneur, quel que soit son genre. « D’autant plus qu’il existe des aides spécifiques pour les femmes entrepreneures », ajoute-t-elle, insistant sur la nécessité de se faire accompagner, ne serait-ce que pour savoir par où commencer.

« ON VIT ENTREPRENARIAT, ON MANGE ENTREPRENARIAT » Sophiata Souffou a aussi rencontré des difficultés avec le regard des autres, y compris de la part de la gent féminine. « Il faut rester forte », insiste celle dont les parents auraient rêvé qu’elle devienne directrice d’école. « Aujourd’hui mon mari me dit que j’ai bien fait les choses, car aucun de nos enfants n’est au chômage », plaisante-t-elle, fière de sa revanche, avant d’affirmer que désormais, dans son foyer « on vit entreprenariat, on mange entreprenariat, on respire entreprenariat ». Dans le secteur du bâtiment, considéré encore aujourd’hui par beaucoup comme « un milieu

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Hawa Boura a co-créé son entreprise de cosmétiques naturels en 2019, Eboueny.

Sophiata Souffou a pris la tête de sa propre quincaillerie, à laquelle elle a donné son nom, à Chirongui en 1996. Image d’archive.

Farrah Hafidou co-dirige, avec sa sœur Nadine Hafidou, l’entreprise d’ingénierie en bâtiment Idephi.

d’hommes », Farrah Hafidou a aussi eu droit à son lot : « Au début, il fallait se faire une place, démontrer qu’on était compétentes. Aujourd’hui, c’est moins le cas, grâce à notre réputation. Mais cela est déjà arrivé que quelqu’un qui ne nous connait pas prenne le jeune stagiaire mzoungou pour le patron. » « Je travaille sept jours sur sept, je ne suis jamais en repos », relate Hawa Boura, qui a ouvert une boutique à Mamoudzou et une autre en Petite-Terre en seulement quatre ans. Quand les journées d’un entrepreneur sont déjà très longues, celle d’une femme entrepreneure le sont encore plus. On est en plein dans le concept de la double journée de travail. « Entre la gestion de l’entreprise, les tâches ménagères, les enfants et le mari, il faut s’entourer des bonnes personnes », livre Sophiata Souffou. « On considère souvent obligatoirement que la femme est responsable de son foyer », constate de son côté Farrah Hafidou. Cette dernière note néanmoins une particularité mahoraise qui l’a beaucoup aidé dans son parcours : la solidarité familiale. La sororité de sa mère et de sa sœur a été essentielle, selon elle, pour pouvoir mener de front sa vie de maman et celle de cheffe d’entreprise.

UNE CONFÉRENCE POUR IMPULSER L’ENTREPRENEURIAT AU FÉMININ Une conférence sur les femmes cheffes d’entreprise à Mayotte s’est tenue le 10 novembre 2023 au centre universitaire de Mayotte, à Dembéni. Le docteur Martine Eutrope, médecin libéral, et Farrah Hafidou, la cheffe de l’entreprise Idepih Farrah Hafidou, cheffe et présidente de la couveuse d’entreprise de l’entreprise Idepih et Oudjerebou, ont raconté leur expérience présidente de la couveuse d’entrepreneuses. Là aussi, la question de d’entreprise Oudjerebou, et la charge mentale est revenue. « Il y a la le docteur Martine Eutrope, médecin libéral. gestion et l’organisation des tâches quotidiennes à assumer. La femme cheffe d’entreprise a du mal à déléguer, la charge mentale est d’autant plus forte », décrit Farrah Hafidou. « Ce n’est pas une aventure insurmontable, mais il faut juste savoir que cela va être difficile », prévient la médecin. Si l’aspect particulièrement solidaire des familles mahoraises aide notamment quand on a des enfants, selon Farrah Hafidou. Mais, cette dernière estime aussi que les femmes à Mayotte doivent se montrer plus tenaces et plus dures. « Il faut se faire accompagner par les structures qui existent sur le territoire, ne pas hésiter à demander conseil », insistent les deux femmes. Un propos qui n’est pas tombé dans l’oreille d’une sourde. À l’issue de la conférence, une jeune étudiante est venue voir les deux conférencières pour leur parler de son projet entrepreneurial. « Je suis timide, je n’ai pas osé vous poser des questions devant le public », confie la jeune femme au docteur Martine Eutrope et Farrah Hafidou. « C’est très bien d’être venue nous voir, il faut oser », répondent-elles. Oser : un verbe au cœur du message qu’elles ont voulu transmettre à l’auditoire.

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Marine Gachet

LES FEMMES EN QUÊTE DU POUVOIR POLITIQUE LE 10 NOVEMBRE, LE DOCUMENTAIRE « UN LONG CHEMIN VERS LE POUVOIR », RACONTANT LE PARCOURS DE PLUSIEURS FEMMES POLITIQUES À MAYOTTE, A ÉTÉ PROJETÉ EN AVANT-PREMIÈRE. L’OCCASION DE RAPPELER QU’IL Y A ENCORE DU CHEMIN À FAIRE POUR AVOIR UNE REPRÉSENTATION POLITIQUE PARITAIRE SUR L’ÎLE. « Nous voilà dans un hémicycle où il n’y a longtemps eu que des hommes pour, aujourd’hui, parler des femmes politiques à Mayotte. » C’est ainsi que Taslima Soulaimana, directrice régionale aux Droits des femmes et à l’égalité entre les femmes et les hommes (DRDFE), a présenté l’avant-première du documentaire « Un long chemin vers le pouvoir », qui s’est tenue le 10 novembre 2023 dans l’hémicycle Bamana, à Mamoudzou. Ce film de 25 minutes met à l’honneur différentes femmes politiques mahoraises, telles que Fatima Souffou, Anchya Bamana, Mariame Saïd Kalame ou encore Maymounati Moussa Ahamadi. Elles y témoignent sur leur parcours et les difficultés qu’elles ont pu connaître dans le monde politique.

« COMBIEN AVONS-NOUS DE FEMMES MAIRES ? » Généralement à la seconde place, adjointe, les femmes sont encore sousreprésentées dans le paysage politique. « Combien avons-nous de femmes maires ? De présidentes d’intercommunalité ? De présidentes du conseil départemental ? », questionne rhétoriquement Fatima Souffou, ancienne conseillère départementale de Dzaoudzi. Mais, même une fois qu’elles y sont, elles doivent franchir de nombreux obstacles. « On m’a souvent dit que la place de la femme était dans la cuisine », se souvient Anchya Bamana, ancienne maire de Sada et présidente du parti « Maoré Solidaire ». « Il faut se battre tous les jours, car il y a un rapport de force permanent », estime Fatima Souffou, qui raconte avoir été malmenée à plusieurs reprises, notamment lorsqu’elle était enceinte pendant son mandat. À cela s’ajoute la charge mentale liée à la vie de famille, souvent prenante pour les femmes.

« NOUS VOULIONS MARQUER LES ESPRITS » Si elles reconnaissent toutes que les lois sur la parité en politique ont donné un coup de pouce, il y a encore beaucoup à faire. C’est pour cela que la préfecture de Mayotte, à travers le DRDFE, s’est lancée il y a à peu près un an dans ce projet de documentaire, produit et réalisé par Chafion Madi. « Je voulais donner la parole à ces femmes qui sont sur le front. Rien ne se fait à Mayotte sans les femmes », déclaret-il à l’issue de la projection, lors d’une table ronde. « Nous voulions marquer les esprits avec un format court, pour rendre le sujet accessible et poser le débat », indique Taslima Soulaimana. Lors d’une table ronde organisée après le visionnage du film par l’assemblée, Toufaili Andjilani a rappelé que le manque de femmes sur la scène politique n’était malheureusement pas cantonné à Mayotte. « Même au niveau national, il y a beaucoup de retard, ce n’est pas qu’un problème mahorais », constatet-il, avant d’ajouter qu’il a pu voir que, même une fois en place, les femmes politiques se font souvent accompagner par un homme, qui vient pour les « coacher » lors des passages sur des plateaux télé par exemple. Anchya Bamana était également présente lors de cette avantpremière : « Aujourd’hui, les femmes doivent savoir que si le Xxe siècle a établi l’égalité dans les droits, le XXIe siècle doit l’imposer dans les faits ». Et le travail s’annonce rude à mener. Les hommes ont brillé par leur absence au sein du public. Une absence qui n’a pas manqué d’être remarquée par les intervenants de cette table ronde.


Le documentaire a été projeté dans l’hémicycle Bamana, au conseil départemental.

Taslima Soulaimana, directrice régionale aux DRDFE, a précisé que le documentaire sera accessible à toutes et tous.

Anchya Bamana, ancienne maire de Sada, apparaît dans le documentaire.

Il n’y avait presque que des femmes dans le public.


DOSSIER

Propos recueillis par Raïnat Aliloiffa

L’ÉVOLUTION DE LA FEMME MAHORAISE AU FIL DES GÉNÉRATIONS

ELLE EST MÈRE, TRAVAILLEUSE, LEADER, INDÉPENDANTE, OU ENCORE FEMME AU FOYER. LA FEMME MAHO-RAISE A DE MULTIPLES FACETTES QUI ONT ÉVOLUÉ AU FIL DES GÉNÉRATIONS. PEU À PEU, SA PLACE AU SEIN DU NOYAU FAMILIAL A CHANGÉ AU MÊME TITRE QUE SA PLACE DANS LA SOCIÉTÉ. DES FEMMES, TÉMOINS DE L’ÉVOLUTION DE LA CONDITION FÉMININE À MAYOTTE, RACONTENT LEURS HISTOIRES.

“Avant, les femmes étaient soumises parce qu’elles ne pouvaient faire autrement.” Ces mots sont ceux d’Irène, une grand-mère de 75 ans, qui se rappelle de ses jeunes années. Née d’un père breton installé à Mayotte, et d’une mère mahoraise, Irène n’échappe à l’éducation réservée à toutes les filles mahoraises, dites de bonnes familles, de sa génération. “J’ai eu la chance d’aller à l’école, ce qui n’était pas le cas de toutes les filles de mon âge à cette période. Mais à 15 ans, j’ai arrêté les études parce que mon père avait décidé qu’il était temps pour moi de me marier”, se remémore-t-elle. Elle, qui veut être sagefemme, se marie finalement à “un bon parti”, lui dit-on à l’époque. Âgée de 16 ans, elle ne s’y oppose pas. “Dans mon temps, c’était normal pour une fille de se marier à cet âge-là. Et j’ai accepté parce que je voulais être libre”, affirme-t-elle. Un moyen de s’émanciper de l’autorité stricte de ses parents. Mais la liberté n’est que de courte durée puisqu’elle devient rapidement “une machine à faire des bébés”, concède-t-elle. La contraception n’existe pas… Et même lorsqu’elle a été autorisée en France, elle était encore très tabou à Mayotte ! “Les femmes étaient tout le temps enceinte. Moi-même, j’ai eu dix enfants !” Irène avoue avoir avoir essayé de contrôler sa fertilité, notamment à travers des méthodes de grand-mère mais rien ne fonctionne. Elle se retrouve donc à devoir s’occuper de sa maison, de ses enfants et de son mari. “Mon quotidien se résumait à ça. J’ai été éduquée pour être une bonne mère et une bonne épouse”, confie-t-elle. Durant plusieurs décennies, ce mode de vie est la norme à Mayotte. Devenues mères, ces filles élèvent à leurs tour leurs enfants de cette manière. Sitti, 46 ans, en est la preuve. Elle se souvient parfaitement de la différence de traitement entre ses frères et elle. “Les garçons

étaient autorisés à sortir, alors que mes sœurs et moi devions rester à la maison et apprendre à bien tenir un foyer. Et si par malheur on prenait le risque de sortir sans l’autorisation de nos parents, on nous frappait.” Son seul jour de répit coïncide avec celui de l’Aïd. Accompagnées de leurs grands-frères, Sitti et ses sœurs peuvent par exemple aller au cinéma. Des années plus tard, cette mère de famille s’estime tout de même chanceuse sur un point : “Heureusement, nous avions le droit d’aller à l’école, contrairement à d’autres.”

LA FEMME AU SEIN DU COUPLE À Mayotte comme ailleurs, l’homme est toujours le chef de famille. Il subvient à ses besoins et prend toutes les décisions. Tandis que la femme n’a pas son mot à dire, selon Irène. “Le mari pouvait faire ce que bon lui semblait dehors, avoir d’autres femmes, mais l’épouse n’avait pas le droit de se plaindre. Si elle le faisait, le mari racontait aux parents de la fille qu’elle a refusé de se donner à lui.” Autrement dit, elle se retrouve fautive. “Alors pour ma part, tous les soirs je devais être apprêtée pour plaire à mon mari. Nos mères nous expliquaient qu’une bonne épouse ne peut rien refuser à son époux”, continue Irène. Cependant, à la surprise générale de tous, la jeune femme qu’elle était à l’époque sait s’affirmer lorsque son mari veut prendre une seconde épouse. “J’ai toujours été contre la polygamie. Certes, c’est autorisé dans la religion, mais ça fait mal. Alors lorsque mon mari m’en a parlé, je lui ai de-mandé le divorce. Au début, il ne voulait pas, mais je ne lui ai pas laissé le choix, je suis partie avec mes enfants”, dit-elle fièrement. Cet épisode marque une nouvelle vie pour Irène qui décide de ne plus se remarier. Si cette

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dernière n’a jamais eu la chance de travailler, Sitti s’est battue pour être indépendante financière-ment. “Lorsque je me suis mariée, mon mari ne voulait pas que je travaille. Mais au fil des années, il a changé d’avis. C’était important pour moi parce que je voulais participer aux dépenses de la maison.” La mère de famille suit alors des formations, passe des examens et est aujourd’hui indépendante financièrement. Une fierté pour elle.

ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ L’histoire des deux femmes influence logiquement leur rôle de mère. “Quand j’ai commencé à avoir mes enfants, je pensais toujours que c’était mal pour une fille de sortir. Alors les miennes allaient simplement à l’école et puis c’est tout. Avec le temps, j’ai changé et j’élève ma dernière fille différemment. Elle pratique des activités extra-scolaires, elle fait du sport. Je veux qu’elle soit une grande sportive. Elle pourra faire les voyages scolaires, qu’autrefois j’avais interdit à ses grandes sœurs”, promet Sitti. De son côté, Irène se bat pour que ses enfants soient les seuls maitres de leurs vies. “Je voulais absolument qu’ils aillent tous à l’école, particulièrement mes filles. Je leur ai dit qu’elles avaient toutes les cartes en main, et qu’elles devaient bien jouer. L’une d’elle a voulu voyager pour faire des stages à La Réunion et je ne m’y suis pas opposée. Elle a commencé à travailler avant même de se marier”, affirme Irène, un large sourire comme pour marquer sa fierté. Son seul souhait ? Donner le choix à ses filles, chose qu’elle n’a pas eue. “Si une femme veut travailler tant mieux, si elle préfère rester

à la maison s’occuper de son foyer c’est bien aussi. Laissez les femmes faire leurs propres choix”, clame Irène. Mais force est de constater qu’à 75 ans, certains aspects de la modernité ou de l’occidentalisation lui échappent. “Je ne comprends pas qu’une femme puisse avoir plusieurs partenaires. Que vont penser les autres ? Aucune homme ne voudra d’elle après. Les hommes ne sont jamais stigmatisés, alors que les femmes sont traitées de tous les noms. Il faut donc se préserver”, souligne-t-elle. Un point de vue que ne partage pas sa petite-fille Inaya*, 22 ans, qui habite avec elle. “On ne s’entend pas sur ce point et sur d’autres sujets, mais je sais que je ne gagnerai jamais face à elle. Donc par exemple, lorsque je veux sortir, je lui dis que je vais avec des amis sans donner de détails”, avoue la jeune fille sous le regard perçant de sa grand-mère. Malgré les quelques désaccords entre les deux femmes issues de générations différentes, Inaya sait la chance qu’elle a de pouvoir faire ce qu’elle veut. “Je suis consciente de tous les droits dont je bénéficie en étant une femme du XXIème siècle. Je trouve que les féministes en font trop, mais en même temps c’est ce “trop” de nos ancêtres qui nous a permis aujourd’hui d’avoir tout ce que l’on a.” Mais elle s’interroge également sur toutes les inégalités qui persistent encore de nos jours. “Je ne comprends toujours pas pourquoi les femmes sont moins bien payées que les hommes et surtout pourquoi cette injustice n’est pas réparée.” Sa grand-mère, un brin rebelle, acquiesce. Elle réalise amèrement que même si les causes sont différentes, les femmes seront toujours obligées de se battre pour faire valoir leurs droits.

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LITTÉRATURE

LISEZ MAYOTTE

LA BELLE DU JOUR (8/10)

AGRÉGÉ DE LETTRES MODERNES ET DOCTEUR EN LITTÉRATURES FRANCOPHONES, CHRISTOPHE COSKER EST L’AUTEUR DE NOMBREUX OUVRAGES DE RÉFÉRENCE SUR LA LITTÉRATURE DE L’ÎLE AUX PARFUMS, NOTAMMENT UNE PETITE HISTOIRE DES LETTRES FRANCOPHONES À MAYOTTE (2015) DONT IL REPREND, APPROFONDIT ET ACTUALISE, DANS CETTE CHRONIQUE LITTÉRAIRE, LA MATIÈRE. La huitième et avant-dernière nouvelle du recueil La Belle du jour (1996) est éponyme et s’intitule « La Belle du jour ». Étant l’avant-dernière du recueil, elle prend une importance fondamentale et apparaît à un moment où il s’agit davantage de résumer les enjeux que de les annoncer. Le texte met en scène le personnage d’Attoumani, de retour chez lui et s’habituant mal à une forme de retour au désordre : « Fraîchement débarqué au pays après un long séjour en Métropole, il se sentait vraiment ‘déculturé’ : il supportait mal la chaleur moite du climat insulaire ; il avait en horreur l’attitude des chauffeurs de taxis qui s’arrêtaient n’importe comment en pleine route, ou qui klaxonnaient pour un oui ou pour un non ; il ne pouvait tolérer l’insouciance dont faisaient montre ses compatriotes, notamment ceux qu’il croyait évolués ; mais plus que tout, il ne comprenait pas d’où pouvait provenir cette force magnétique qui attirait ses amis dès qu’il se trouvait des fesses - et mon Dieu ! qu’est-ce qu’il y en avait ! – qui se trémoussaient. » (p. 161) Attoumani a-t-il oublié Mayotte et est-il devenu autre – aliéné ? En effet, la charge contre les chauffeurs de taxis est un lieu commun qui peut faire écho au début de l’adaptation de la bande dessinée Le Turban et la capote de Nassur Attoumani par Luke Razaka. La métropole semble le lieu d’une prise de conscience qui rappelle le diptyque d’Albert Memmi : Portrait du colonisé, précédé du portrait du colonisateur (1957). Dans d’autres nouvelles, les personnages s’attaquent

au colonisateur ou à son descendant inconscient ; dans le présent texte, le narrateur se tourne vers le colonisé et comprend sa part de responsabilité. Dès ce début, le thème de la belle du jour est suggéré, moins dans son versant géographique que dans son versant érotique, comme l’indique l’allusion au derrière. Cette nouvelle ne verse pas dans la forme traditionnelle du conte mais, de manière exogène nous semble-t-il, vers la nouvelle de l’artiste. En effet, Attoumani est peintre : « Tu sais Lisa, tu as devant toi le futur Picasso local, dit Abdou en jetant un coup d’œil malin vers son ami : mais en attendant sa mort pour être reconnu, il est à la recherche d’un emploi pour arrondir ses fins de mois. » (p. 165) On retrouve ici deux stéréotypes de l’artiste. Le premier est endogène. Le narrateur présente le personnage à l’aune d’une référence mondiale qu’il rend locale. Le second est exogène. Il s’agit de l’antienne selon laquelle seule l’artiste mort peut être reconnu comme un artiste. Le choix du métier n’est pas vraiment motivé par le contenu de la nouvelle. Par conséquent, nous pensons que sa raison d’être est l’un des modèles d’Abdou Salam Baco : James Baldwin, l’auteur de Si Beale Street pouvait parler (1974). En effet, dans ce roman dont l’écrivain francophone a plusieurs fois pastiché l’incipit onomastique, le personnage de Fonny est un artiste sculpteur. Attoumani noue bientôt une idylle amoureuse avec Lisa. Mais aucun des

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deux ne s’engage vraiment et Lisa doit partir en métropole. La veille de son départ, ils décident de passer une dernière soirée ensemble, mais elle lui pose un lapin. C’est alors que l’expression éponyme apparaît, dans un contexte plein d’amertume : « Tous ses doutes refirent alors surface ; il fut définitivement convaincu que Lisa ne l’avait jamais aimé. Tout ce temps elle s’était vraiment moquée de lui, et que [sic] son amour, elle l’avait réservé pour quelqu’un d’autre. Il en vint même à se demander si une fille aussi belle et de son intelligence était capable d’aimer vraiment. Ah ! la belle du jour ! Il s’attendait un peu à ce que ce genre de mésaventure lui arrivât ; alors pourquoi se tracasser pour si peu ? » (p. 173) On reconnaît bien là les montagnes russes du discours amoureux en cas de malheureux. Abandonné, Attoumani rejette la faute sur Lisa, voire sur toutes les femmes belles, ce qui lui permet à la fois la louange de la beauté et le blâme de la mauvaiseté. Là où il pourrait chercher les raisons d’un faux bond, il décide radicalement d’une absence d’amour, exagération éphémère. En effet, la fin de la nouvelle montre que les deux amants s’aiment, ce qui ne changera rien à leur séparation. Mais la belle du jour érotique, à savoir la femme, finit par coïncider avec l’ailleurs attirant qu’elle rejoint, ici la Métropole française.

Christophe Cosker

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AVIS DE MARCHÉ - SERVICES

DIRECTIVE 2014/24/UE Section I : Pouvoir adjudicateur I.1) NOM ET ADRESSES Communauté de Communes du Sud (976), Contact : Ancienne Mairie de Bandrélé, 43, rue Mkoumaféjou, 97660 Bandrélé, FRANCE. Fax : +33 269622744. Courriel : contact@ccsud.yt. Code NUTS : FRY50. Adresse(s) internet : Adresse principale :https://www. ccsud.yt Adresse du profil d'acheteur : https:// www.marches-securises.fr I.2) PROCÉDURE CONJOINTE I.3) COMMUNICATION Les documents du marché sont disponibles gratuitement en accès direct non restreint et complet : https:// www.marches-securises.fr/ Adresse à laquelle des informations complémentaires peuvent être obtenues : Point(s) de contact susmentionné(s). Adresse à laquelle les offres ou demandes de participation doivent être envoyées : Par voie électronique à l'adresse : https://www.marches-securises.fr/ I.4) TYPE DE POUVOIR ADJUDICATEUR Autorité régionale ou locale I.5) ACTIVITÉ PRINCIPALE Services généraux des administrations publiques Section II : Objet II.1) ÉTENDUE DU MARCHÉ II.1.1) Intitulé : ACCORDCADRE POUR DES PRESTATIONS D’ABATTAGE, ELAGAGE, ENTRETIEN ET RESTAURATION ECOLOGIQUE D E S E S PA C E S V E R T S D’INTERET COMMUNAUTAIRE II.1.2) Code CPV principal : 77310000 II.1.3) Type de marché : Services II.1.4) Description succincte ACCORD-CADRE POUR DES PRESTATIONS D'ABATTAGE, ELAGAGE, ENTRETIEN ET RESTAURATION ECOLOGIQUE D E S E S PA C E S V E R T S D'INTERET COMMUNAUTAIRE II.1.5) Valeur totale estimée II.1.6) Informations sur les lots Division en lots : oui Il est possible de soumettre des offres pour un nombre maximal de lots : 3 Nombre maximal de lots pouvant être attribués à un soumissionnaire : 2 II.2) DESCRIPTION LOT N° 1 II.2.1) Intitulé : ELAGAGE, ABATTAGE, ENTRETIEN DES ESPACES VERTS_SITES TOURISTIQUES OU ZONE TOURISTIQUE D'INTERET

COMMUNAUTAIRE II.2.2) Code(s) CPV additionnel(s) 77310000 II.2.3) Lieu d'exécution Code NUTS : FRY5 Lieu principal d'exécution : Territoire CCSUD Mayotte. II.2.4) Description des prestations E L A G A G E , A B AT TA G E , ENTRETIEN DES ESPACES VERTS_SITES TOURISTIQUES OU ZONE TOURISTIQUE D'INTERET COMMUNAUTAIRE II.2.5) Critères d'attribution Prix : 70% Qualité Organisation et moyens humains affectés au chantier : 10% Moyens matériels affectés au chantier : 10% Modalités de gestion des déchets : 10% II.2.6) Valeur estimée II.2.7) Durée du marché, de l'accord-cadre ou du système d'acquisition dynamique Durée en mois : 36 Ce marché peut faire l'objet d'une reconduction : oui Description des modalités ou du calendrier des reconductions : L'accord-cadre est reconduit tacitement jusqu'à son terme. Le nombre de périodes de reconduction est fixé à 2. La durée de chaque période de reconduction est de 1 an. La durée maximale du contrat, toutes périodes confondues, est de 3 ans. II.2.9) Informations sur les limites concernant le nombre de candidats invités à participer II.2.10) Variantes Des variantes seront prises en considération : non II.2.11) Informations sur les options Options : non II.2.12) Informations sur les catalogues électroniques II.2.13) Information sur les fonds de l'Union européenne Le contrat s'inscrit dans un projet/ programme financé par des fonds de l'Union européenne : non II.2.14) Informations complémentaires LOT N° 2 II.2.1) Intitulé : ELAGAGE, ABATTAGE, ENTRETIEN DES ESPACES VERTS_SENTIERS TOURISTIQUES OU GR II.2.2) Code(s) CPV additionnel(s) 77310000 II.2.3) Lieu d'exécution Code NUTS : FRY5 Lieu principal d'exécution : Territoire CCSUD Mayotte. II.2.4) Description des prestations E L A G A G E , A B AT TA G E , ENTRETIEN DES ESPACES VERTS_SENTIERS TOURISTIQUES OU GR II.2.5) Critères d'attribution Prix : 70% Qualité Organisation et moyens humains affectés au chantier : 10% Moyens matériels affectés au chantier : 10% Modalités de gestion des déchets : 10%

II.2.6) Valeur estimée II.2.7) Durée du marché, de l'accord-cadre ou du système d'acquisition dynamique Durée en mois : 36 Ce marché peut faire l'objet d'une reconduction : oui Description des modalités ou du calendrier des reconductions : L'accord-cadre est reconduit tacitement jusqu'à son terme. Le nombre de périodes de reconduction est fixé à 2. La durée de chaque période de reconduction est de 1 an. La durée maximale du contrat, toutes périodes confondues, est de 3 ans. II.2.9) Informations sur les limites concernant le nombre de candidats invités à participer II.2.10) Variantes Des variantes seront prises en considération : non II.2.11) Informations sur les options Options : non II.2.12) Informations sur les catalogues électroniques II.2.13) Information sur les fonds de l'Union européenne Le contrat s'inscrit dans un projet/ programme financé par des fonds de l'Union européenne : non II.2.14) Informations complémentaires LOT N° 3 II.2.1) Intitulé : RESTAURATION ECOLOGIQUE, FOURNITURE DE PLANTES ET MOBILIERS URBAINS _ SITES TOURISTIQUES OU ZONE TOURISTIQUE D'INTERET COMMUNAUTAIRE II.2.2) Code(s) CPV additionnel(s) 45233293 II.2.3) Lieu d'exécution Code NUTS : FRY5 Lieu principal d'exécution : Territoire CCSUD Mayotte. II.2.4) Description des prestations RESTAURATION ECOLOGIQUE, FOURNITURE DE PLANTES ET MOBILIERS URBAINS _ SITES TOURISTIQUES OU ZONE TOURISTIQUE D'INTERET COMMUNAUTAIRE II.2.5) Critères d'attribution Prix : 70% Qualité Organisation et moyens humains affectés au chantier : 10% Moyens matériels affectés au chantier : 10% Modalités de gestion des déchets : 10% II.2.6) Valeur estimée II.2.7) Durée du marché, de l'accord-cadre ou du système d'acquisition dynamique Durée en mois : 36 Ce marché peut faire l'objet d'une reconduction : oui Description des modalités ou du calendrier des reconductions : L'accord-cadre est reconduit tacitement jusqu'à son terme. Le nombre de périodes de reconduction est fixé à 2. La durée de chaque période de reconduction est de 1 an. La durée maximale du contrat, toutes périodes confondues, est de 3 ans. II.2.9) Informations sur les limites

concernant le nombre de candidats invités à participer II.2.10) Variantes Des variantes seront prises en considération : non II.2.11) Informations sur les options Options : non II.2.12) Informations sur les catalogues électroniques II.2.13) Information sur les fonds de l'Union européenne Le contrat s'inscrit dans un projet/ programme financé par des fonds de l'Union européenne : non II.2.14) Informations complémentaires Section III : Renseignements d'ordre juridique, économique, financier et technique III.1) CONDITIONS DE PARTICIPATION III.1.1) Habilitation à exercer l'activité professionnelle, y compris exigences relatives à l'inscription au registre du commerce ou de la profession III.1.2) Capacité économique et financière Liste et description succincte des critères de sélection : - Déclaration concernant le chiffre d'affaires global et le chiffre d'affaires concernant les prestations objet du contrat, réalisées au cours des trois derniers exercices disponibles. - Déclaration appropriée de banques ou preuve d'une assurance pour les risques professionnels III.1.3) Capacité technique et professionnelle Liste et description succincte des critères de sélection, indication des informations et documents requis : - Déclaration indiquant les effectifs moyens annuels du candidat et l'importance du personnel d'encadrement pour chacune des trois dernières années - Liste des principales prestations effectuées au cours des trois dernières années, indiquant le montant, la date et le destinataire. Elles sont prouvées par des attestations du destinataire ou, à défaut, par une déclaration du candidat - Indication des titres d'études et professionnels de l'opérateur économique et/ou des cadres de l'entreprise, et notamment des responsables de prestation de services ou de conduite des travaux de même nature que celle du contrat - Déclaration indiquant l'outillage, le matériel et l'équipement technique dont le candidat dispose pour la réalisation du contrat - Description de l'équipement technique, des mesures employées par l'opérateur économique pour s'assurer de la qualité et des moyens d'étude et de recherche de son entreprise - Indication des mesures de gestion environnementale que le candidat pourra appliquer lors de l'exécution du contrat - Pour les lots 1 et 2, il est exigé que l'équipe dédiée à ses prestations soit qualifiée pour travail en hauteur et usage de matériel d'élagage et abattage. Les candidats doivent

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MAGAZINE D’INFORMATION NUMÉRIQUE HEBDOMADAIRE Edité par la SARL Somapresse au capital de 20 000 euros 7, rue Salamani Cavani M’tsapéré BP 60 - 97600 Mamoudzou Tél. : 0269 61 20 04 redaction@somapresse.com Directeur de la publication Laurent Canavate canavate.laurent@somapresse.com Directeur de la rédaction Mohamed El Mounir dit “Soldat” 0639 69 13 38 soldat@mayottehebdo.com Rédactrice en cheffe Raïnat Aliloiffa

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Couverture :

Les femmes mahoraises prennent le pouvoir

Journalistes Raïnat Aliloiffa Alexis Duclos Saïd Issouf Agnès Jouanique Marine Gachet Direction artistique Franco di Sangro Graphistes/Maquettistes Olivier Baron, Franco di Sangro Commerciaux Cédric Denaud, Murielle Turlan Comptabilité Catherine Chiggiato comptabilite@somapresse.com Première parution Vendredi 31 mars 2000 ISSN : 1288 - 1716 RCS : n° 9757/2000 N° de Siret : 024 061 970 000 18 N°CPPAP : 0125 Y 95067 Site internet www.mayottehebdo.com

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