Mayotte Hebdo n°1053

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LE MOT DE LA RÉDACTION

MERCI

Mahoraises, Mahorais, Voilà trois ans que vous m'avez accueilli sur vos terres, au départ comme un énième mzungu enchanté de découvrir votre climat tropical, le turquoise inoubliable de votre lagon, l'émeraude des arbres recouvrant vos collines, la beauté paisible de vos plages. Mais, très vite, à la faveur du formidable métier qu'est celui de journaliste, je découvrais bien plus sur vous et votre société.

Votre sens de l'accueil, justement, n'hésitant pas à généreusement partager votre assiette ou votre verre, ainsi que vos histoires, que je ne vous rendrai jamais assez. Votre sagesse, à savoir profiter des petits bonheurs de la vie quotidienne, les plus importants, je le sais maintenant grâce à vous : un regard en l'air vers la verdure et la faune locale, un petit-déjeuner face à la mer, un voulé entouré de quelques amis sont autant de moments inestimables. Votre beauté aussi, Mesdames, toujours digne, élégante et forte, que j'aurai la chance de toujours admirer chez la femme qui est désormais à mes côtés, et que j'ai rencontrée ici.

Votre résilience. J'ai reçu tellement de leçons de vie à vos côtés, vous qui faites face à des problèmes inconcevables pour les habitants de l'Hexagone, que j'ai pourtant essayé d'écrire, sans jamais baisser les bras. Votre détermination n'a d'égale que votre sens de l'humour, en témoignent les sourires et les sarcasmes qui accompagnent chacun de vos tracas. J'ai également pu apprécier votre force lorsque vous entreprenez, dirigez, travaillez, vous engagez, élevez une famille, chaque jour, sans jamais faiblir, dans le contexte que nous connaissons.

J'ai enfin pu toucher du doigt une société, une culture, un patrimoine et une gastronomie riches et uniques, sur lesquels j'ai encore tant à apprendre. Quant aux motifs de mécontentement et de colère, nombreux à Mayotte, je préfère les laisser à mes consœurs, mes confrères et à leurs articles, tout en sachant que Mayotte Hebdo, Flash Infos et l’ensemble de la Somapresse resteront engagés pour celles et ceux qui font avancer le territoire. Je ne retiendrai que votre profonde et chaleureuse humanité, une bouffée d'air frais face aux insupportables relents xénophobes de notre époque.

Je m'en vais désormais pour une autre aventure tout aussi stimulante, avec toujours ce désir ardent de perpétuer la pensée d'Albert Londres, qui affirmait que le rôle du journalisme « n'est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie ». Avec aussi, dans un coin de ma tête, la nécessité de porter à mon échelle la voix de Mayotte française « pour être libre », comme le défendait le Mzé, Younoussa Bamana.

À toutes celles et tous ceux qui auront croisé ma route, amis d'un soir ou qui le resteront, collègues qui m'ont tant apporté, lecteurs de mes articles, innombrables rencontres d'interviews, pour certaines mémorables, tendues, passionnantes, touchantes, j'aimerais dire merci. Mahorais, Anjouanais, Grand-Comoriens, Malgaches, Africains ou métropolitains, qu'importe. Vous resterez à jamais dans ma mémoire, mais aussi et surtout dans mon cœur. Une chose est sûre : je reviendrai à Mayotte, tant elle me manquera et me manque déjà. Bonne lecture à toutes et à tous, et à très bientôt.

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tchaks

1 mois

C’est la durée depuis laquelle les membres du collectif de citoyens de Mayotte bloquent les services de l’immigration de la préfecture de Mayotte. Quatre semaines donc que les personnes souhaitant renouveler leur titre de séjour font face à des portes fermées, garnies des châles accrochés là par les militants mahorais. Ces derniers souhaitent le décloisonnement des visas locaux, ce qui permettrait aux étrangers en situation régulière de se rendre à La Réunion ou dans l’Hexagone. Un appel à la solidarité nationale qui va de pair avec une confiance renouvelée au gouvernement pour mener à bien l’opération Wuambushu, malgré des résultats pour le moins médiocres. Quant à celles et ceux qui habitent et travaillent à Mayotte depuis parfois plusieurs décennies, ils sont contraints de patienter pour régulariser leur situation.

Jeux des Îles : la flamme à Madagascar

L’organisation des Jeux des Iles de l’océan Indien a procédé au traditionnel relais de la flamme. Au cours d’une cérémonie, vendredi, à Maurice, celle-ci a été remise aux autorités malgaches par Stephen Toussaint, le ministre de la Jeunesse et des Sports de la petite île des Mascareignes. La torche a pris ensuite la direction de la Grande Île, où se déroulera les Jeux, du 25 août au 3 septembre. La ville d’Antsiranana (Diego-Suarez) était ainsi la première à l’accueillir, le week-end dernier.

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Un baleineau sauvé à Moroni

Scène de solidarité le week-end dernier chez nos voisins comoriens. Alors qu’une baleine et son petit (de 10 tonnes) se sont retrouvés coincés par la marée basse dans une baie proche du port de Moroni, le baleineau n’est pas parvenu à suivre sa mère pour s’en extirper. Des dizaines de personnes sont donc intervenues, allant dans l’eau pour continuer de mouiller le cétacé, en attendant que la marée remonte et que le petit s’en aille. Il devra désormais retrouver sa mère et éviter les autres dangers de la haute mer.

Black Panther en plein air à Dembéni

Le centre social de la ville de Dembéni organise une séance de cinéma en plein air, le lundi 21 août 2023. À cette occasion, une projection du film « Black Panther, Wakanda forever », sorti il y a quelques mois, sera proposée au public à partir de 17h30 sur le parking Mangrove de Dembéni. Cette séance est organisée afin de favoriser la cohésion entre les jeunes des quartiers de la ville. L’entrée est libre et gratuite.

Le proverbe

Mali ya mujinga uliwa na mwendza ãkilii

L’image de la semaine

Le décasage de Hamouro, débuté ce lundi, est la première opération de démolition de cases en tôle d’ampleur depuis le début de l’opération Wuambushu, fin mai dernier.

« La fortune du sot est mangée par le malin »
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LU DANS LA PRESSE

Chaque semaine, découvrez le regard porté sur l’actualité locale à travers la presse nationale ou régionale

IL N’Y A PAS DE VIE POUR NOUS ICI » : MALGRÉ L’ASILE, L’ERRANCE

D’UNE FAMILLE CONGOLAISE À MAYOTTE

Le 4 août 2023, par Romain Philips pour Infomigrants.

Pascal*, 39 ans, Divine*, 34 ans et leur fille de 3 ans sont arrivés à Mayotte le 28 novembre 2022. Comme 48% des Congolais qui demandent la protection à Mayotte, ils ont obtenu l’asile. Malgré cela, rien n’a changé pour eux. Ils vivent toujours à la rue et ne "mangent qu’une fois par jour", un peu de riz. Le père de famille raconte le calvaire des siens.

« J’ai obtenu l’asile le 17 mars 2023. J’étais vraiment heureux au début, mais en fait, avoir la protection de la France à Mayotte n’a absolument rien changé. Cela va faire cinq mois que moi et ma famille nous vivons toujours dans la rue, et nous n’avons rien pour subvenir à nos besoins. Pour manger, nous n’avons le droit, par mois, qu’à 30 euros par adulte et 10 euros pour ma fille [distribués par Solidarité Mayotte, l’association en charge de l’accompagnement des demandeurs d’asile sur l’île, ndlr]. Comment est-on censé nourrir trois personnes avec 70 euros par mois ? C’est impossible. On mange une seule fois par jour, un petit peu de riz, sans rien. On achète que ça parce que c’est le produit le moins cher. Et en plus, nous n'avons droit aux bons alimentaires que pendant six mois, comment va-t-on faire après ?

On est une centaine d'exilés entassés dans la rue devant Solidarité Mayotte. Chaque jour, de nouvelles personnes nous rejoignent. Il y a des Congolais, des Rwandais, des Somaliens, des Burundais… Et ici, personne n’a rien. On a des petits matelas en mousse qu’on met sur le côté la journée et qu’on sort une fois la nuit tombée, c’est tout. Ici, il n’y a pas de vie pour nous. Il n’y a pas de logement. Si seulement on pouvait trouver un petit endroit pour avoir une vie, dormir ou juste pouvoir faire sa toilette… »

rien que l’année dernière, 4 200 personnes ont déposé une première demande d’asile.

« Ma fille de trois ans est asthmatique. C’est dangereux pour elle de vivre comme ça dans la rue. Parfois, elle fait des crises et on doit l’emmener à l’hôpital. Heureusement, maintenant, on a de la Ventoline mais elle tombe souvent malade à cause du froid la nuit ou de la pluie… Ce n’est pas une vie pour une petite fille.

Et nous ne sommes pas en sécurité. Il y a des jeunes délinquants qui viennent parfois la nuit. Ils arrivent quand nous dormons et nous frappent avec des bâtons. La dernière fois, il y a un homme qui a fini à l’hôpital. Il y est resté une semaine. On attend l’extrait de naissance pour faire nos passeports et quitter l’île, mais on désespère. Il n’arrive pas. Pendant ce temps, on ne peut même pas travailler, rien. On est pris au piège par nos papiers. »

Contacté par Infomigrants, Solidarité Mayotte confirme que les délais s’allongent pour la délivrance de certains documents, pouvant ainsi occasionner une rupture de droits. Concernant les logements, l’association évoque également un dispositif "saturé"

« J’ai payé 1 200 euros »

« Nous avons quitté la RDC à cause des combats en mai 2022. Des hommes sont venus et ils ont tué mes deux parents avant de tout piller chez moi. J’ai décidé, avec ma famille, de prendre tous les risques sur la route de l'exil, pour ne pas être tué. »

Faute de place d’hébergement, des dizaines de demandeurs d’asile et réfugiés à Mayotte, comme Pascal et sa famille, dorment dans cette rue devant les locaux de Solidarité Mayotte. Ici, environ 550 places d’hébergement, parfois temporaires, sont disponibles. Mais le chiffre est bien insuffisant :

C’est pour fuir la violence des groupes armés comme le M23, qui sévissent dans l’est de la RDC que la famille a pris la route vers Mayotte. Comme de nombreux autres ressortissants des pays d’Afrique des Grands lacs et de l’Est, ils sont de plus en plus à emprunter la route vers Mayotte via les Comores. Entre 2018 et 2022, le nombre de

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« Ce n’est pas une vie pour une fille de trois ans »
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premières demandes d’asile à Mayotte a été multiplié par quatre.

« Avec un groupe de Congolais, nous sommes donc allés jusqu’en Tanzanie à pied. À Dar es Salam, [ville portuaire de l’est de la Tanzanie, ndlr], nous avons rencontré des gens qui nous ont hébergés et nous ont organisé le voyage en bateau

pour rejoindre Mayotte via les Comores. J’ai payé 1 200 euros et après quatre jours de navigation, nous étions à Mayotte. »

*Les prénoms ont été modifiés.

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PORTRAIT

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Raïnat Aliloiffa

Max Designer,

UN RÉALISATEUR MAHORAIS EN HERBE

DU HAUT DE SES 23 ANS, MAXOID ROYDINE A DÉJÀ UN CURRICULUM VITAE BIEN REMPLI EN TANT QUE RÉALISATEUR DE CLIPS. IL A TRAVAILLÉ AVEC DES ARTISTES DE LA RÉGION, MAIS SES AMBITIONS VONT BIEN AU-DELÀ. SON OBJECTIF EST DE RÉALISER DES FILMS, ET IL FAIT TOUT CE QUI EST EN SON POUVOIR POUR Y ARRIVER.

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PORTRAIT

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Ce jeune originaire de Labattoir en Petite-Terre, est né et a grandi à Mayotte. Dès son plus jeune âge, il tombe amoureux du cinéma. « C’est ce qui m’a toujours attiré » , confesse-t-il. Mais lorsqu’il arrive au lycée, il développe son amour pour la réalisation des clips. Il rencontre le chanteur Naid, qui faisait déjà de la musique. À l’époque, ils n’étaient que deux adolescents avec de grands rêves. « Il écrivait ses chansons et je réfléchissais à la manière dont je pouvais réaliser ses clips » , raconte-t-il. Plus le temps passe, plus Max apprécie le monde de la musique. « C’est à ce moment que j’ai décidé que je voulais en faire mon métier. Avec Naid, on s’est donné un délai de cinq ans pour réussir et faire parler de nous. Et nous avons atteint notre objectif en moins de cinq ans, donc je suis content » , poursuit-il. Sa carrière décolle avec le clip « Tsi fagna zangu » de N-Pro Game.

Après l’obtention de son baccalauréat, il décide de faire une fac de musique pour ensuite poursuivre des études en audiovisuel, mais il abandonne l’université car il réalise que ce n’était pas ce qu’il voulait. « En ce moment

je passe une VAE (validation des acquis de l’expérience) qui va me permettre de valider un BTS audiovisuel » , explique Max. Il sera ainsi diplômé en tant que monteur et réalisateur. Même s’il n’est pas encore certifié, il a déjà défini son identité visuelle. « Je réalise mes clips avec un style cinématographique car je veux être différent des autres » , affirme-t-il. Il indique ne vouloir être en complétion avec personne, si ce n’est avec lui-même. À chaque nouveau projet, il se surpasse pour produire un travail de qualité.

TENTER SA CHANCE À MAYOTTE

Après l’obtention de son diplôme, Max a l’intention de rentrer sur son île natale afin de développer son business. Il souhaite continuer à travailler dans le monde de la musique mais il aimerait également retrouver son premier amour et faire du cinéma. Il est conscient des défis qui l’attendent, mais rien ne peut le faire reculer. « J’ai remarqué qu’à Mayotte il y a un sérieux manque pour la réalisation. Les réalisateurs sont obligés de faire des prestations de mariage pour pouvoir vivre. Mais moi, je veux gagner ma vie uniquement grâce à mes clips et mes films, et je vais rendre cela possible à Mayotte » , assuret-il. Max est persuadé que c’est un métier d’avenir sur l’île aux parfums, malgré les difficultés qui peuvent en découler. Et s’il veut y croire, c’est parce qu’il est

un jeune passionné qui s’épanouit grâce à son métier de réalisateur.

« Cela m’apporte beaucoup de choses, ça me permet de m’exprimer. À travers mes réalisations, je peux montrer qui je suis, dire ce que je pense et m’ouvrir aux autres » , indique-t-il. Et il a déjà commencé à le faire puisqu’il a réalisé les clips de nombreux artistes mahorais et de la région tels que Naid, N Pro Game, Elinem ou encore Goulam. Il comptabilise plus de 35 millions de vues sur ses réalisations. Une fierté pour lui, mais aussi pour sa mère, qui n’a pas toujours cru en lui. « Elle n’aimait pas ce que je faisais, et ça a été source de disputes entre nous. Elle ne comprenait pas que j’étais passionnée. » Jusqu’au jour où elle se rend compte que le travail de son fils prend de l’ampleur, et qu’il gagne de l’argent grâce à sa passion. « Elle a commencé à s'intéresser à ce que je faisais et maintenant elle me soutient totalement » , poursuit-il. Max Designer n’en est qu’à ses débuts et n’a pas fini de faire parler de lui. n

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« JE VEUX ÊTRE DIFFÉRENT DES AUTRES »
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« À TRAVERS MES RÉALISATIONS, JE PEUX MONTRER QUI JE SUIS »

Plus chère la vie

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DOSSIER
Pouvoir d’achat

SI MAYOTTE EST LE DERNIER DES DÉPARTEMENTS FRANÇAIS EN TERMES D’ÂGE, IL L’EST AUSSI SUR L’ÉCHELLE DES RICHESSES. LES HABITANTS DE NOTRE ÎLE – GÉOGRAPHIQUEMENT SOUMISE À DES PRIX PLUS ÉLEVÉS – RESTENT EN EFFET LES PLUS PAUVRES DE FRANCE. PIRE ENCORE, LES MAHORAISES ET MAHORAIS SUBISSENT, COMME TOUS LEURS COMPATRIOTES, LES EFFETS DES CRISES ÉCONOMIQUES MONDIALES ET DE L’INFLATION, QUI SEMBLE INEXTINGUIBLE. SI L’ÉTAT ESSAIE DE METTRE EN PLACE DES DISPOSITIFS POUR CONTRER LA HAUSSE DES PRIX, NOTAMMENT AUPRÈS DU SECTEUR DE LA GRANDE DISTRIBUTION, D’AUCUNS RÉPLIQUENT QUE CES PANSEMENTS NE TARDERONT PAS À SE DÉCOLLER DE LA JAMBE DE BOIS DES CONSOMMATEURS MAHORAIS.

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ÉCONOMIE

UNE INFLATION QUE RIEN NE SEMBLE POUVOIR ENRAYER

LA NOTION DE « VIE CHÈRE » N’EST PAS UN MYTHE À MAYOTTE ET NE L’A

JAMAIS ÉTÉ. DE TOUT TEMPS, ICI LES PRODUITS ONT TOUJOURS COÛTÉ PLUS CHER QU’AILLEURS, QU’À LA RÉUNION, LE DÉPARTEMENT VOISIN, MAIS BEAUCOUP PLUS ENCORE QU’EN MÉTROPOLE. LA CONJONCTURE ÉCONOMIQUE MONDIALE ACTUELLE TOUCHE DE PLEIN FOUET NOTRE TERRITOIRE FAISANT PASSER AU ROUGE TOUS LES CLIGNOTANTS. L’INFLATION ATTEINT DES SOMMETS INÉGALÉS, Y COMPRIS POUR LES PRODUITS LES PLUS BASIQUES. QUANT À CEUX CONSOMMÉS COURAMMENT PAR UNE MAJORITÉ DE LA POPULATION, ILS SERAIENT EUX AUSSI EN PROIE À UNE GRAVE FLAMBÉE DES PRIX.

Les temps sont durs pour nombre de familles à Mayotte depuis la crise du Covid-19, en 2020. D’année en année, elles font face une flambée des prix vertigineuse, en particulier pour ce qui concerne les denrées alimentaires et autres produits de première nécessité. La ménagère mahoraise a du mal à joindre les deux bouts au quotidien, car cette hausse n’impacte pas que les produits importés d’Europe ou d’Asie du Sud-Est. Sur les étals des marchés, il est quasiment impossible de trouver quelque chose à acheter en dessous de 2 ou 3 euros. Manioc, bananes, tomates, oignons, salades et autres piments connaissent tous une envolée record qui conduit les autorités locales à admettre que notre département subit une inflation forte. Une situation qui conduit le consommateur à changer, sans cesse, ses habitudes alimentaires, au risque de s’exposer à des maladies nouvelles telles que le diabète et la goutte, pour ne citer que ceux-là, qui font des ravages dans la société locale. La vie sous notre ciel bleu et dans nos eaux turquoise est devenue génératrice de stress et d’angoisse, de pathologies jusqu’ici propres aux grandes métropoles.

Malgré son caractère insulaire, Mayotte reste bel et bien connectée au reste du monde et n’échappe pas aux

conséquences indirectes de la guerre opposant depuis plus d’un an la Russie à l’Ukraine. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, des conditions climatiques inédites débouchant sur une sécheresse sans précédent s’abattent sur notre île depuis deux ans, transformant l’eau potable en véritable « or bleu » et provoquant une ruée vers les magasins et les petites boutiques. Du « jamais vu » de mémoire d’autochtone, la bouteille d’eau minérale devient un produit hautement prisé, sujet à des prix fluctuants au gré des appétits féroces des importateurs, vendeurs et revendeurs. Dans les manzarakas et autres festivités locales, traditionnelles ou religieuses, offrir une bouteille d’eau minérale aux convives devient un acte valorisant pour l’hôte de l’évènement, scruté et commenté par l’assistance pendant et après ripaille.

LE PRIX D’UN MANQUE D’ANTICIPATION

Cette situation dramatique met en lumières les manques des pouvoirs locaux et nationaux. La politique du provisoire, qui a toujours caractérisé le développement de Mayotte ces 40 dernières années, montre cruellement ses limites. Le manque de prévisions à long terme et d’anticipation se fait très

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fortement sentir, dans quasiment tous les domaines. L’ensemble des institutions locales, bornées à des réactions d’urgence, participent à cette cherté de la vie sans cesse en progression. Et, pour l’heure, rien ne semble pouvoir enrayer cette tendance à la hausse.

Les mesurettes prises ici et là par les pouvoirs publics s’avèrent n’être, en réalité, qu’une goutte d’eau dans un océan d’inflation, avec des effets positifs extrêmement limités dans le temps, faute d’organisation suffisante de la part des consommateurs pour vérifier la pertinence de leur

impact dans le commerce local. Encore faut-il que tous les acteurs de ce secteur se conforment à l’application véritable des décisions prises par les autorités compétentes pour juguler cette inflation. L’équation est d’autant plus difficile que la forte pression migratoire qui s’exerce sur Mayotte ces dernières années augmente très sensiblement la demande, ce qui a pour conséquence de favoriser la tendance inflationniste. Surtout qu’en 20 ans seulement, les habitudes de consommation ont énormément évoluées au sein de la société mahoraise.

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ÉCONOMIE

LE BQP+ POUR AIDER LES MÉNAGES À FAIBLES REVENUS

LE DÉPARTEMENT DE MAYOTTE ET L’ETAT S’ACCORDENT SUR LA NÉCESSITÉ DE BAISSER L’OCTROI DE MER SUR 11 PRODUITS DE CONSOMMATION COURANTE DANS L’ÎLE, EN VUE D’ENDIGUER L’INFLATION GALOPANTE. DE L’AVEU MÊME DU PRÉSIDENT DU CONSEIL DÉPARTEMENTAL DE MAYOTTE, BEN ISSA OUSSENI, CELLE-CI CONNAÎTRAIT UNE AUGMENTATION DE 4,8 % ENTRE L’ANNÉE 2021 ET 2022. UNE SITUATION INTENABLE POUR LES PETITS MÉNAGES QUI CONTRAINT LES POUVOIRS PUBLICS À RÉAGIR POUR ÉVITER UNE RÉVOLTE SOCIALE. AINSI EST NÉ LE BOUCLIER QUALITÉ PRIX (BQP+).

La mesure est annoncée à grand renfort médiatique, dans le hall attenant à l’hémicycle Younoussa Bamana, à Mamoudzou. Assis à la même table le jeudi 13 juillet 2023, le chef de l’exécutif local, Ben Issa Ousseni, le préfet Thierry Suquet, délégué du gouvernement à Mayotte, et trois leaders de la grande distribution à Mayotte, les groupes Sodifram, Bourbon Distribution Mayotte (BDM) et Somaco. Ces acteurs ont paraphé le prolongement du BQP+ à Mayotte, actant la baisse des prix de 75 produits de consommation courante sur l’île.

Premier à s’exprimer sur l’objet de cette rencontre, le président du Conseil départemental de Mayotte annonce la couleur : « Le département de Mayotte poursuit sa politique de développement économique du territoire et le dispositif octroi de mer, qui joue un rôle moteur dans le soutien du développement des entreprises, en témoigne. Outre les aides au développement classiques, le département dispose de la faculté d’orienter l’octroi de mer vers des objectifs économiques régionaux, notamment en déployant des mesures de baisse de taux sur les secteurs économiques prioritaires mais aussi en exonérant des équipements de production au bénéfice des entreprises » . Il cite pour exemple, le montant annuel des exonérations à destination des entreprises locales qui est estimé à 14 millions d’euros. Un chiffre non négligeable, selon lui, qui témoigne de

l’importance de ce dispositif pour le développement de filières économiques régionales sans toutefois cacher le fait que la mise en œuvre de ce dispositif ne rencontrerait pas l’adhésion de la population mahoraise depuis un certain nombre d’années. Dans ce domaine de la lutte contre la vie chère, l’ambition affichée par le 101ème département français à travers ces différentes mesures est de diminuer les écarts de prix entre la métropole et Mayotte. Mais celles-ci, visiblement, ne se répercutaient pas sur les prix des produits de consommation courante, d’où la colère des ménages locaux.

RENFORCEMENT DU DISPOSITIF BQP + POUR PALLIER LA HAUSSE DE L’INFLATION AUPRÈS DES MÉNAGES

« Ce sentiment général d’exaspération de la population locale sur la cherté des produits se vérifie malgré les baisses de l’octroi de mer sur les prix des denrées de première nécessité comme le riz et les mabawas » admet Ben Issa Ousseni. Il rajoute que c’est donc dans un contexte de hausse de l’inflation à Mayotte qui a progressé de 4,8 % entre 2021 et 2022, impactant les petits ménages mahorais, que le département et l’Etat se sont engagés à renforcer le dispositif BQP + dès décembre 2022 sur les 11 produits de première nécessité. «

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En simultané, le département a baissé le taux de l’octroi de mer à 0 % sur le prix de ces produits, après 6 mois d’application, le bilan est prometteur. En effet, sur ces 11 produits du BQP +, 6 d’entre eux ont enregistré une baisse du prix au détail ce qui confirme l’efficacité de la démarche partenariale entre d’un côté le département et l’Etat et de l’autre l’ensemble des distributeurs. Aujourd’hui, après de multiples négociations nous envisageons de reproduire la mesure dans le cadre de l’accord de modération de prix »

Pour s’assurer d’atteindre l’objectif recherché en premier lieu à travers cet accord, les pouvoirs publics ont décidé d’étendre leurs actions sur l’ensemble des commerces du territoire, quelle que soit la taille de la structure, d’augmenter le nombre de surfaces de vente intégrées dans le BQP pour mailler d’avantage le territoire, intégrer toutes les surfaces de vente de grands distributeurs, réduire

significativement le taux de rupture des produits du BQP+ qui, pour certaines surfaces, peut s’élever à 50 %. Il est à retenir que ce nouvel accord de modération permet de mettre en place 4 mesures concrètes, un BQP supermarchés avec 75 produits (contre 150 dans le département voisin de La Réunion), un BQP commerces de proximité composé de 20 produits de grande consommation avec une extension aux surfaces de vente de 150 m² et plus.

A titre d’exemple, le Président Ben Issa Ousseni a expliqué que pour BDM, cela représente 16 magasins supplémentaires dont une grande majorité en dehors de l’agglomération de Mamoudzou. Le nouvel accord permet aussi de maintenir 11 produits présents dans le BQP+ au sein du BQP supermarchés et du BQP commerces de proximité, ce qui se résume pour le département de Mayotte à une reconduction de la baisse de l’octroi de mer sur les 11 produits cités.

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« LES PRIX AUGMENTENT MAIS LES SALAIRES NE SUIVENT PAS »

C’est indéniable, le coût de la vie a toujours été plus cher à Mayotte. Cependant, depuis quelques mois, les prix ont flambé, et les consommateurs n’ont d’autres choix que de s’y accommoder. Le bouclier qualité prix, censé atténuer l’inflation, n’y change rien. Les habitants de Mayotte ont toujours l’impression d’avoir un panier beaucoup plus cher que les autres. Nous avons interrogé certains d’entre eux, issus de différentes classes sociales, avec des profils différents et tous estiment que le coût de la vie est très élevé dans le département. Voici leurs témoignages.

Koudoussia, vit avec son mari et leurs onze enfants. Ils composent un foyer de treize personnes et seul le père travaille.

« La vie est vraiment chère à Mayotte. Pour quelqu’un qui ne travaille pas, avec 11 enfants, c’est très dur. J’ai des bébés triplés, et par mois je ne dépense pas moins de 400€ uniquement pour eux. Mon mari travaille mais cela ne suffit pas. Nous essayons de manger local, on consomme parfois des bananes, du manioc et des légumes de Mayotte mais nous sommes tout de même obligés de faire les courses en magasin pour les enfants et ce n’est pas donné. Ce qui nous coûte le plus cher ce sont les couches et le lait pour les bébés. Mais également les produits de première nécessité comme le savon, l’huile et l’eau en bouteille. De plus, nous sommes une famille nombreuse, tout part très vite, on est obligés de racheter constamment. »

Amina vit avec son conjoint et ses trois enfants. Les deux parents travaillent et tous composent un foyer de cinq personnes.

« Je trouve que le coût de la vie à Mayotte est relativement élevé qu'en métropole. Je pense « La vie est toujours aussi chère à Mayotte. Les prix augmentent mais les salaires ne suivent pas. On pensait que cette année certains produits seraient moins chers mais c’est tout le contraire. Par exemple, les prix de la viande et de l’eau sont très élevés. Et le bouclier qualité prix ne fait aucune différence selon moi, tout est cher. Mais je ne me prends plus la tête, je ne fais plus de calculs. Lorsque je veux acheter quelque chose je le prends sans regarder le prix sinon ça me donnera mal à la tête. Conséquence, je suis toujours dans le rouge à la fin du mois. Mais je ne veux pas faire de sacrifices car j’ai des enfants en bas âge et je ne veux pas les priver. »

DOSSIER
MICRO-TROTTOIR
Propos recueillis par Raïnat Aliloiffa

Rahamane est en vacances à Mayotte avec sa femme et leur enfant. Il compare le coût de la vie à Mayotte et en Métropole.

« On nous a dit qu’il faut manger local, mais même les fruits et légumes de Mayotte sont chers. Ce qui nous choque c’est le prix de l’eau qui est extrêmement cher. Là-bas on achète le pack d’eau à 1€ et quelques centimes alors qu’ici on est entre 5 et 6€. C’est hallucinant. Tout est cher, même les factures. On aurait pu croire qu’avec les coupures d’eau, les factures seraient moins élevées mais ce n’est pas du tout le cas. Ma mère habite ici et les siennes sont très excessives, on ne comprend pas pourquoi. On a l’impression qu’il n’y a pas vraiment de contrôle de prix ici. Cependant il faut reconnaître qu'il y a des produits qui sont moins chers comme le lait pour notre bébé ou le carton d’ailes de poulet qui sont plus élevés en Métropole.

Laura vit en couple avec son conjoint. Ils composent un foyer de deux personnes et les deux travaillent.

« Je trouve que le coût de la vie à Mayotte est relativement élevé qu'en métropole. Je pense que le fait qu'il y ait beaucoup de fonctionnaires et de salariés en statut expatriés fait que les prix sont chers et notamment dans les magasins alimentaires. Les salaires des autres étant moins haut, cela peut créer une problématique d'accès à de nombreux produits et services du quotidien (alimentaires, produits de beauté, meubles...). Certes il y a la possibilité d'acheter les aliments locaux, mais tous les produits de première nécessité ne sont pas fabriqués localement et ces produits-là, sont trop souvent très élevés. Une récente augmentation générale des prix se ressent sur l'île et cela peut commencer à créer de nombreux problèmes. Quant au bouclier qualité prix, je trouve que c’est une bonne stratégie, mais il n'est pas appliqué sur les bons articles. À part sur le prix des packs d'eau, je ne me rends pas compte sur quels produits il est mis en place. Par exemple, sur d'autres département d'outre-mer, il est appliqué sur des produits beaucoup plus vastes, c’est ce qu'il faudrait certainement faire à Mayotte. »

Sitti vit avec son mari et leurs trois enfants. Lui est à la retraite, elle travaille. Tous composent un foyer de cinq personnes.

« Avant je ne faisais pas attention aux prix quand je faisais les courses. Mais maintenant ils ont tellement augmenté que nous sommes obligés de réfléchir à deux fois avant d’acheter quelque chose. Nous en tant que parents devons faire des sacrifices pour que nos enfants ne manquent de rien. Ils sont encore petits, et ils ne comprennent pas que les produits qu’ils veulent sont hors de prix. Je suis fonctionnaire, je gagne bien ma vie et pourtant je trouve que tout est cher. Cela doit être pire pour ceux qui ont moins de moyens. On m’a parlé du bouclier qualité prix, mais je ne sais pas quels sont les produits concernés. Ce n’est pas affiché clairement dans les magasins donc ça ne sert à rien. Je ne sais pas réellement pourquoi tout a augmenté ces derniers mois, mais les autorités doivent y remédier car ce n’est plus tenable. »

LITTÉRATURE

LISEZ MAYOTTE « COMPLÉTER MON DEVOIR DE MÉMOIRE »

LE DOCTEUR MARTIAL HENRY LÈGUE AUX JEUNES GÉNÉRATIONS MAHORAISES SES REGARDS SUR 50 ANNÉES D'HISTOIRE DE MAYOTTE (DE 1972 À 2022) SOUS LA FORME D'UNE AUTOBIOGRAPHIE. UN LIVRE QU'IL DÉDIE À SA

DÉFUNTE ÉPOUSE HONORINE RANOROMALALA RAKOTO, À SES ENFANTS ET SES AMIS D'ENFANCE.

Originaire de Mayotte, Martial Henry fut témoin et acteur de l'histoire passionnante de cette petite île devenue le 101ème département de France en 2011. De son enfance de métis de culture malgache, mahoraise et française jusqu'à son parcours sans faute qui l'a conduit à être major de sa promotion à chaque étape de sa vie d'élève puis d'étudiant en médecine, il raconte son engagement sans faille en tant que médecin et humaniste et en tant qu'élu œuvrant pour le développement de Mayotte au sein de la République française.

Premier originaire de notre île à embrasser, avec brio, une carrière de médecin, on lui connaît également un long engagement politique au Conseil général de Mayotte où il fut durant 16 ans, le 1er vice-président de Younoussa Bamana, jusqu'en mars 2001. À la retraite depuis quelques années, le docteur Martial Henry vient de publier son autobiographie sous compte d'auteur aux éditions L'Harmattan. Un livre préfacé de Firose Koytcha, autre enfant de l’océan Indien. Médecin de grande renommée et humaniste comme lui, en compagnie duquel il a participé à de nombreuses missions humanitaires médicochirurgicales au bénéfice des populations déshéritées, notamment à Madagascar. Les deux hommes se connaissent depuis les bancs du lycée Gallieni, à Antananarivo, où ils ont préparé le bac en 1957.

Diplômé d'État de la faculté de médecine de Paris en 1963, il est revenu pratiquer dans sa région, à l'hôpital de Moroni, à Mayotte et à Anjouan. Une période durant laquelle il va renforcer ses compétences en qualité de médecin praticien hospitalier, mais aussi de chirurgien et directeur gestionnaire d'établissement de santé. Une période qui lui permit de s'imprégner très largement des réalités socio-sanitaires de toutes les îles de l'archipel des Comores. Le prince Saïd Ibrahim, alors président du Conseil de gouvernement du TOM des Comores, le nomma ministre de la Santé en 1970. Un poste qu'il va occuper pendant 3 ans avant de retourner en métropole, pour une spécialisation à l'Ecole Nationale de Santé Publique de Rennes. Il revient aux Comores l'année suivante pour diriger le service de santé du TOM des

Comores jusqu'à la proclamation de l'indépendance pour trois des îles de l'archipel en 1975. Martial Henry rejoint Mayotte, son île natale, pour y exercer les mêmes compétences.

En 1982, le commando des Chatouilleuses de Mayotte réussit à le convaincre de porter ses couleurs aux élections cantonales, à Dzaoudzi. À ce titre, il fut témoin et acteur de l'évolution et du développement de notre île, d'où sa capacité aujourd'hui à restituer aux jeunes générations mahoraises ses souvenirs sur ces 50 années de l'histoire de notre département. Cette autobiographie prend la forme d'un entretien avec Emmanuel TusevoDiasanvou, un journaliste qui a longtemps exercé au sein Mayotte la 1ère. Dans ce livre, le docteur Martial Henry parle sans tabou de ses origines mahoraises malgré son nom à consonnance européenne, balayant ainsi les nombreux clichés d'étranger qu'une certaine classe politique comorienne attribue à sa famille originaire de Mtsapéré. Il parle également de son enfance et de sa scolarité, de la cohabitation pacifique entre les religions à Mayotte, ainsi que de sa passion immodérée pour le football.

Une grande partie de ce livre est consacré à sa carrière de médecin, notamment des enseignements de son mandat de ministre de la Santé. Il évoque les handicaps actuels du système de santé à Mayotte, « malade à cause de l'explosion démographique » , affirme-t-il sans détour. Dans le chapitre consacré à la coopération sanitaire entre Mayotte et les Comores, Martial Henry explique avoir été intéressé par le fait de

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Martial Henry et Emmanuel TusevoDiasamvu, Regards sur 50 ans d’histoire de Mayotte, éditions L’Harmattan, 2023.

renouer des liens avec les ministres, responsables et acteurs de santé du pays voisin pour mettre en place une entraide pour organiser des évacuations sanitaires dans notre département afin de soulager les plateaux techniques des autres îles, en capacité insuffisante pour soigner certaines maladies. Une coopération qui a bien marché, selon lui, jusqu'à l'arrivée au pouvoir d'Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, qui a préféré une collaboration avec l'Iran.

La fin de cette autobiographie est consacrée à la méthode pratiquée, en son temps, par le Conseil général de Mayotte, pour positionner ses élus en première ligne sans les médiations entre les maires des communes et les villageois. Il évoque le long chemin parcouru par les Mahorais vers la départementalisation de leur île. « Pour Mandela,

la cause, c’était la liberté de l’Afrique du Sud face à l’apartheid mais il était réaliste, il savait que ça ne pouvait pas se faire du jour au lendemain » , souligne-t-il. Se projetant sur le cas de Mayotte et le choix de ses leaders (ses compagnons Zoubert Adinani, Marcel Henry, Younoussa Bamana, Adrien Giraud, Zéna Mdéré et autres), le docteur Henry explique qu’ils ont choisi l’ancrage dans la France « parce qu’une toute petite île comme la nôtre, dans cette mondialisation, je le répète souvent, ne peut pas s’en sortir toute seule » . Il conclut par un message à l’adresse des jeunes Mahorais sur les raisons qui l’ont conduit à écrire cette autobiographie : » Je pense que si l’on sait d’où l’on vient, on est beaucoup plus en capacité de décider, d’avancer et d’arriver là où on souhaite parvenir »

21 • Mayotte Hebdo • N°1053 • 18/08/20 23
SIAK

SPORT

Calendriers - classements - résultats

FOOTBALL

Régional 1

Journée 10

AJ Kani Kéli 2–1 AJ Mtsahara

USCEP Anteou 0–4 FC Mtsapéré

ASC Abeilles de Mtsamboro – AS Rosador de Passamaïnty

Diables noirs de Combani – Jumeaux de Mzouazia

ASC Kawéni – Bandrélé FC

US Kavani – Foudre 2000

Journée 11 – Samedi 19 août à 15h

FC Mtsapéré – AJ Kani Kéli

Jumeaux de Mzouazia – ASC Abeilles de Mtsamboro

Bandrélé FC – Diables noirs de Combani

AS Rosador de Passamaïnty – US Kavani

USCEP Anteou – Foudre 2000

AJ Mtsahara – ASC Kawéni

FOOTBALL

Régional 2

Journée 10

ASJ Handréma 1–0 AS Sada

Tchanga FC 1–0 FC Dembéni

UCS de Sada 2–1 FC Chiconi

FC Labattoir – FC Majicavo

AS Neige de Malamani 2–2 AS Bandraboua

FMJ Vahibé 2–0 Choungui FC

Journée 11 – Samedi 19 août à 15h

FC Chiconi – Tchanga FC

FC Majicavo – UCS de Sada

AS Neige de Malamani – FC Dembéni

Choungui FC – FC Labattoir

AS Sada – FMJ Vahibé

AS Bandraboua – ASJ Handréma

Equipe Pts J G N P Dif 1 AS Rosador de Passamaïnty 20 9 6 2 1 2 FC Mtsapéré 17 10 5 2 3 +7 3 Diables noirs de Combani 17 9 5 2 2 +2 4 US Kavani 16 9 4 4 1 +4 5 ASC Kawéni 16 8 5 1 2 +7 6 AJ Kani Kéli 13 8 4 1 3 +7 7 Bandrélé FC 13 8 4 1 3 +6 8 Jumeaux de Mzouazia 12 7 3 3 1 +3 9 Foudre 2000 7 9 2 1 6 -11 10 ASC Abeilles de Mtsamboro 7 9 2 1 6 -6 11 AJ Mtsahara 7 10 2 1 7 -11 12 USCEP Anteou 4 10 1 1 8 -19 Equipe Pts J G N P Dif 1 UCS de Sada 22 10 6 4 0 +9 2 ASJ Handréma 20 10 6 2 2 +5 3 Choungui FC 17 9 5 2 2 +2 4 Tchanga SC 15 10 4 3 3 +3 5 FC Labattoir 14 9 4 2 3 +1 6 FMJ Vahibé 13 10 3 4 3 -1 7 FC Dembéni 11 9 2 5 2 0 8 FC Chiconi 9 10 1 6 3 -1 9 FC Majicavo 8 9 2 2 5 -3 10 AS Sada 8 10 1 5 4 -3 11 AS Neige de Malamani 7 10 0 7 3 -4 12 AS Bandraboua 7 10 1 4 5 -8 22 • Mayotte Hebdo • N°1053 • 18/08/20 23

féminines

Régional 1

Journée 9

Olympique de Sada – Olympique Miréréni

ASJ Handréma 6–1 USC Labattoir

Club Unicornis Passamaïnty – Devils Pamandzi

FC Mtsapéré 9–1 ASO Espoir Chiconi

EF le Daka 2–5 Jumelles de Mzouazia

Journée 10 – Dimanche 20 août à 15h30

ASO Espoir Chiconi – Olympique Miréréni

USC Labattoir – Olympique de Sada

Club Unicornis Passamaïnty – ASJ Handréma

Jumelles de Mzouazia – FC Mtsapéré

Entreprises

Régional 1

Journée 10

Entente CPSM 3–2 Mairie de Mamoudzou

AS Département 2–3 Mayotte air service

ASC Sodifram 1–1 AS Emca

AS Cuisibains – AS Colas

AS Police 2–0 OGC Tilt SOS

Mlezi Maoré 3–8 ASC Tamandjema VCB

Journée 11 – Vendredi 18 août à 18h

Mayotte air service – Entente CPSM

AS Emca – AS Cuisibains

AS Colas – AS Département

Tilt SOS
Tamandjema VCB –
Police Equipe Pts J G N P Dif 1 FC Mtsapéré 22 8 7 1 0 2 Club Unicornis 16 7 5 1 1 3 AS Jumelles de Mzouazia 15 7 5 0 2 4 ASJ Handréma 11 7 3 2 2 +7 5 ASO Espoir de Chiconi 8 7 2 2 3 -11 6 EF le Daka 7 7 2 1 4 -10 7 USC Labattoir 5 7 1 2 4 -12 8 Olympique de Sada 3 6 1 0 5 -27 9 Olympique Miréréni 0 6 0 1 4 -19 10 Devils Pamandzi 0 0 0 0 0 0 11 USCEP Anteou 0 3 0 0 3 -6 12 Foudre 2000 0 3 0 0 3 -7 Equipe Pts J G N P Dif 1 OGC Tilt SOS 22 9 7 1 1 +17 2 ASC Sodifram 20 9 6 2 1 +28 3 AS Cuisibains 19 7 6 1 0 +23 4 Entente CPSM 17 9 5 2 2 +6 5 Mairie de Mamoudzou 12 9 4 0 5 +9 6 AS Emca 11 8 3 2 3 +8 7 AS Colas 10 7 3 1 3 +9 8 Mayotte air service 10 9 3 1 5 -5 9 ASC Tamandjema VCB 7 8 2 1 5 -25 10 Mlezi Maoré 7 8 2 1 5 -11 11 AS Police 4 8 2 0 4 -25 12 AS Département 3 9 1 0 8 -34 23 • Mayotte Hebdo • N°1053 • 18/08/20 23
Mlezi Maoré – Mairie de Mamoudzou OGC
– ASC Sodifram ASC
AS

ANNONCES LEGALES

AVIS D’APPEL PUBLIC À LA CONCURRENCE - SERVICES

: marché public

L’intégralité des documents de la consultation se trouve sur le profil d’acheteur : oui

Section 1 : Identification de l’acheteur

Nom complet de l’acheteur : Communauté d’Agglomération de Dembéni-Mamoudzou (976)

Numéro national d’identification :

Type : SIRET - N° : 20006045700013

Code postal / Ville : 97600

Mamoudzou

Groupement de commandes : non

Section 2 : Communication

Moyens d’accès aux documents de la consultation

Lien vers le profil d’acheteur : https://www.marches-securises.fr

Identifiant interne de la consultation

Utilisation de moyens de communication non communément disponibles : non

Nom du contact : AHMED Babadi - Tél : +33 639219746 - Mail : bm.ahmed@cadema.yt

Section 3 : Procédure

Type de procédure : Procédure adaptée ouverte

Conditions de participation : Aptitude à exercer l’activité

professionnelle : Chaque candidat aura à produire un dossier complet comprenant les pièces suivantes : Pièces de la candidature telles que prévues aux articles L. 2142-1, R. 2142-3, R. 2142-4, R. 2143-3 et R. 2143-4 du Code de la commande publique :

Capacité économique et financière : Déclaration concernant le chiffre d’affaires global et le chiffre d’affaires concernant les prestations objet du contrat, réalisées au cours des trois derniers exercices disponibles Capacités techniques et professionnelles : Les éléments de preuve relatifs à des prestations exécutées il y a plus de trois ans seront pris en compte.

Technique d’achat : Sans objet

Date et heure limite de réception des plis : Vendredi 22 septembre 2023 - 12:00

Présentation des offres par catalogue électronique : Interdite Réduction du nombre de candidats : non

Possibilité d’attribution sans négociation : oui L’acheteur exige la présentation de

variantes : non

Critères d’attribution : Critères

Pondération

1-Prix des prestations 30.0

2-Valeur technique 50.0

3- Moyens humains 20.0

Section 4 : Identification du marché

Intitulé du marché : Etude pré opérationnelle d’OPAH RU multi sites dans le cadre du programme

Action Cœur de Ville Dembeni

Classification CPV : 71241000

Type de marché : Services

Description succinte du marché : Un marché d’étude pré opérationnelles d’une opération Programmée d’amélioration de l’habitat de renouvellement urbain (OPAH RU) dans la commune de Dembéni dans le cadre du programme

Action Coeur de Ville dont elle

est bénéficiaire.

Lieu principal d’exécution : LA

CADEMA

La consultation comporte des tranches : non

La consultation prévoit une réservation de tout ou partie du marché : non

Marché alloti : non

Section 6 : Informations

complémentaires

Visite obligatoire : non

Autres informations

complémentaires :

Le Marché a été déclaré infructueux suite à la non réception des offres lors de la clôture de la consultation - BOAMP Avis n° 23-104167 publié le 21 juillet 2023

Date d’envoi du présent avis 16 août 2023

AVIS D’APPEL PUBLIC À LA CONCURRENCE - FOURNITURES

https://www.marches-securises.fr

L’intégralité des documents de la consultation se trouve sur le profil

d’acheteur : oui

Utilisation de moyens de communication non communément

disponibles : non

5.1 du règlement de consultation

Technique d’achat : Accord-cadre

Date et heure limite de réception des plis : Vendredi 15 septembre 2023 - 10:00

Présentation des offres par catalogue électronique : Interdite

3- Délai d’exécution 20%

Section 4 : Identification du marché

Intitulé du marché : Achat et livraison de produits et matériels d’entretien

Classification CPV : 39830000

La consultation prévoit une réservation de tout ou partie du marché : non

Marché alloti : non

Section 6 : Informations complémentaires

Visite obligatoire : non

Section 1 : Identification de l’acheteur

Nom complet de l’acheteur :

Commune de Chiconi (976)

Numéro national d’identification :

Type : SIRET - N° :

20000875300010

Code postal / Ville : 97670 Chiconi

Groupement de commandes : non

Section 2 : Communication

Moyens d’accès aux documents de la consultation

Lien vers le profil d’acheteur :

Nom du contact : Mairie de Chiconi

Section 3 : Procédure

Type de procédure : Procédure adaptée ouverte

Conditions de participation : Aptitude à exercer l’activité

professionnelle : Voir l’article

5.1 du règlement de consultation

Capacité économique et financière : Voir l’article 5.1 du règlement de consultation

Capacités techniques et professionnelles : Voir l’article

Réduction du nombre de candidats : non

Possibilité d’attribution sans négociation : oui

L’acheteur exige la présentation de variantes : non

Identification des catégories d’acheteurs intervenant (accordcadre uniquement) : Pouvoir adjudicateur

Critères d’attribution : 1- Prix des prestation 50%

2- Valeur technique 30%

Type de marché : Fournitures

Description succinte du marché : Fourniture et livraison d’articles et de produits d’entretien pour l’ensemble des services communaux de la Ville et les écoles primaires de la commune de Chiconi.

Lieu principal d’exécution : Sur le territoire communal

Durée du marché (en mois) : 36

La consultation comporte des tranches : non

Autres informations

complémentaires :

Il s’agit d’un accord cadre d’une durée initiale de 12 mois reconductible 2 fois avec des périodes de reconduction de 12 mois pour une durée totale de 36 mois.

Date d’envoi du présent avis 17 août 2023

AVIS D’APPEL PUBLIC À LA CONCURRENCE - TRAVAUX

public

L’intégralité des documents de la consultation se trouve sur le profil d’acheteur : oui

Utilisation de moyens de communication non communément disponibles : non

Nom du contact : AHMED Babadi - Tél : +33 639219746 - Mail : bm.ahmed@cadema.yt

Vendredi 22 septembre 2023 - 12:00

Présentation des offres par catalogue électronique : Interdite Réduction du nombre de candidats : non

Possibilité d’attribution sans négociation : oui

L’acheteur exige la présentation de variantes : non

Section 1 : Identification de l’acheteur

Nom complet de l’acheteur : Communauté d’Agglomération de Dembéni-Mamoudzou

(976)

Numéro national d’identification :

Type : SIRET - N° : 20006045700013

Code postal / Ville : 97600 Mamoudzou

Groupement de commandes : non

Section 2 : Communication

Moyens d’accès aux documents de la consultation

Lien vers le profil d’acheteur : https://www. marches-securises.fr

Identifiant interne de la consultation : marché

Section 3 : Procédure

Type de procédure : Procédure adaptée

ouverte

Conditions de participation : Aptitude à exercer l’activité professionnelle : Chaque candidat aura à produire un dossier complet comprenant les pièces suivantes : Pièces de la candidature telles que prévues aux articles L. 2142-1, R. 2142-3, R. 2142-4, R. 2143-3 et R. 2143-4 du Code de la commande publique

Technique d’achat : Sans objet

Date et heure limite de réception des plis :

Critères d’attribution : Critères

Pondération

1-Prix des prestations 40.0

2-Valeur technique 60.0

Section 4 : Identification du marché

Intitulé du marché : Réalisation des études environnementales règlementaires dans le cadre de la RHI Mlimani à Tsoundzou 1, commune de Mamoudzou

Classification CPV : 71313000

Type de marché : Travaux

Description succinte du marché : Cette consultation a pour objet la désignation

d’un prestataire pour la réalisation des études environnementales règlementaires pour donner suite aux études pré opérationnelles RHI Mlimani à Tsoundzou 1 dans la commune deMamoudzou.

Lieu principal d’exécution : LA CADEMA La consultation comporte des tranches : non La consultation prévoit une réservation de tout ou partie du marché : non Marché alloti : non

Section 6 : Informations complémentaires

Visite obligatoire : non

Autres informations complémentaires : La procédure de passation utilisée est : la procédure adaptée ouverte. Elle est soumise aux dispositions des articles L. 2123-1 et R. 2123-1 1° du Code de la commande publique.

Date d’envoi du présent avis 17 août 2023

24 • Mayotte Hebdo • N°1053 • 18/08/20 23

MAGAZINE D’INFORMATION NUMÉRIQUE HEBDOMADAIRE

Edité par la SARL Somapresse au capital de 20 000 euros

7, rue Salamani

Cavani M’tsapéré

BP 60 - 97600 Mamoudzou

Tél. : 0269 61 20 04 redaction@somapresse.com

Directeur de la publication

Laurent Canavate canavate.laurent@somapresse.com

Directeur de la rédaction

Mohamed El Mounir dit “Soldat” 0639 69 13 38 soldat@mayottehebdo.com

Rédacteur en chef

Axel Nodinot

# 1053

Couverture : plus chère la vie

Journalistes

Axel Nodinot

Raïnat Aliloiffa

Alexis Duclos

Saïd Issouf

Lucas Philippe

Agnès Jouanique

Direction artistique

Franco di Sangro

Graphistes/Maquettistes

Olivier Baron, Franco di Sangro

Commerciaux

Cédric Denaud, Murielle Turlan

Comptabilité

Catherine Chiggiato comptabilite@somapresse.com

Première parution

Vendredi 31 mars 2000

ISSN : 1288 - 1716

RCS : n° 9757/2000

N° de Siret : 024 061 970 000 18

N°CPPAP : 0125 Y 95067

Site internet www.mayottehebdo.com

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