Mayotte Hebdo n°1043

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LE MOT DE LA RÉDACTION

AMBIANCE

« Il serait temps de partir quelques jours… », songe une jeune Mahoraise dynamique, excédée par l’ambiance nauséabonde de son île ces derniers jours. Il est en effet de plus en plus difficile de parler sérieusement de l’opération Wuambushu, qui ne justifie absolument pas son nom pour le moment. Pour être plus précis, il est difficile de débattre, de nuancer le propos, d’imposer des arguments face à des affirmations obtuses et stériles. S’il est encore des personnes qui savent faire la part des choses au sujet de cette opération gouvernementale, de trop nombreuses autres saturent l’espace public de banalités populistes, stigmatisantes et diffamatoires. Ici, on affirme que tous les résidents des bidonvilles sont étrangers, qu’il faudrait d’ailleurs priver ces derniers de soins et d’éducation. Là, on traite les Mahorais de xénophobes sans connaître leur quotidien, les infantilisant en les diagnostiquant « manipulés » « J’aime bien les Grands-Comoriens, ils sont instruits et sérieux, pas comme les Anjouanais », peut-on encore lire ici, de la part d’une petite-fille… d’Anjouanaise. Après une petite vingtaine de jours de « reprise », on n’observe actuellement qu’une haine exacerbée, voire aveugle, dans les deux camps, qui sont prêts à basculer dans les extrêmes pour prêcher leur chapelle. N’est-ce pas dangereux d’accueillir cette opération à bras ouverts, sans poser de questions, qu’importe ce qu’il en coûtera ou ce qui en résultera ? N’est-il pas tout aussi dangereux d’appeler à l’arrêt des actions, pour rester les bras croisés à regarder Mayotte s’enliser dans l’insécurité et la misère ? Derrière les discours, malheureusement offensifs pour être audibles, la société mahoraise n’est de toute façon pas si segmentée. Tout le monde se connaît, veut vivre paisiblement et prospérer. Pour le reste, la loi française doit s’appliquer, n’en déplaise aux mécontents.

Bonne lecture à toutes et à tous.

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NOUVEAU PARI 50 000
MINIMUM À PARTAGER.* Mayotte
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• Parution=05/mai/2023 • Remise le=02/mai/2023 Phil - BAT PMU G.I.E. SIREN 775 671 258 RCS PARIS.
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tchaks

« Vous êtes censés former des

C’est l’invective d’un arbitre de football mahorais aux clubs de l’île, lors de l’assemblée générale de la Ligue mahoraise de football, le week-end dernier. Les dirigeants des clubs, qui doivent faire face à une suspension des dotations par le Département et, pour certains d’entre eux, à une situation d’endettement, protestent depuis plusieurs semaines contre la hausse des frais d’arbitrage décidée par la Ligue. Celle-ci avait cédé aux pressions du collectif d’arbitres ayant menacé de faire grève s’ils n’étaient pas augmentés. Pour la saison 2023, qui doit commencer dans quelques jours, les hommes en jaune seront désormais payés 80 euros par match, contre 60 euros pour les assistants. Une petite somme que certains clubs, notamment les pensionnaires de Régionale 4, ne peuvent se permettre de débourser. Quant aux mastodontes du foot mahorais, leurs dépenses pour acheter des joueurs d’autres clubs sont pointées du doigt par le collectif des arbitres.

pas les acheter ! » 3

C’est la troisième édition de « Fêti djema Maman », organisée par l’association Made in Mayotte dans le hall du comité du tourisme, du 17 au 31 mai. Outre la fameuse exposition artisanale permettant de trouver un beau cadeau à celle qui nous a fait naître, plusieurs animations seront proposées aux visiteurs, avec notamment des ateliers bien-être, création et bricolage pour les enfants, et des démonstrations de la part de plusieurs artisans mahorais. Tout cela juste avant la fête des mères, prévue pour le 4 juin prochain.

Ce week-end, Mtsamboro fête la tortue

Le samedi 13 mai 2023, l’association Oulanga na Nyamba organise un évènement festif pour mettre à l’honneur l’animal emblématique de Mayotte : la tortue marine. Rendez-vous sur le plateau de Mtsamboro à partir de 9 heures pour visiter les stands d’acteurs environnementaux locaux et régionaux. Mais aussi apprécier les animations, ateliers et jeux, ainsi que l’exposition photographique « Maecha na Nyamba » accessible toute la journée dans le foyer des jeunes. Une tombola permettra de gagner de nombreux lots, et l’après-midi laissera place à des danses, de l’afro fitness, un nettoyage de plage et aux concerts de Babadi, Bodo et N Pro Game.

joueurs,
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Bacar Mohamed défait

Le président du parti Les Républicains à Mayotte peut dire au revoir à la campagne des élections sénatoriales, pour lesquelles il était candidat, mais aussi et surtout à son fauteuil de maire de la commune de Tsingoni. Bacar Mohamed était en effet jugé ces derniers jours pour atteinte à la liberté d’accès aux marchés publics et prise illégale d’intérêts. Lors du verdict, prononcé ce mardi, le tribunal correctionnel de Mamoudzou condamnait l’édile à un an de prison avec sursis, 15 000 euros d’amende et trois ans d’inéligibilité pour le second chef d’inculpation. Le maire de Tsingoni avait cédé des terrains à ses proches pour des prix bien en-dessous du marché. Pour l’atteinte à la liberté d’accès aux marchés publics, la commune avait scindé des marchés en plusieurs prestations pour ne pas les faire paraître au bulletin officiel et favoriser certains entrepreneurs. Bacar Mohamed a cependant été relaxé sur ce point.

1269

C’est le nombre de votes ayant été enregistrés sur la plateforme des Trophées mahorais de l’entreprise, organisés tous les ans par la Somapresse. Les noms des 11 vainqueurs seront dévoilés lors de la cérémonie du samedi 13 mai prochain. Pour rappel, outre le prix spécial du jury, les internautes pouvaient voter pour leurs favoris dans les dix catégories suivantes : entreprise dynamique de l’année, jeune entreprise, entreprise innovante, entreprise citoyenne, économie sociale et solidaire, organisme de formation, manager de l’année, bâtisseur de l’année, et les deux nouvelles catégories que sont handicap et inclusion et femme entrepreneure de l’année.

L’image de la semaine :

Les collectifs locaux ont repris le blocage de Jacaranda ce mardi matin. Ils souhaitent empêcher la communauté comorienne d’y accéder pour pousser le gouvernement voisin à recueillir ses ressortissants. Le CHM, impuissant, a confirmé que le centre était fermé « jusqu’à nouvel ordre »

Le proverbe
« Hairi ya utseshea raha na uliliwa »
Mieux vaut recevoir la moquerie que la pitié.
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LU DANS LA PRESSE

MAYOTTE : LE PRÉSIDENT DES COMORES, AZALI ASSOUMANI, DEMANDE À LA FRANCE « UNE PAUSE » DANS SON PLAN D’EXPULSIONS

Du nouveau dans le bras de fer qui oppose Moroni à Paris sur l’île de Mayotte. Voilà deux semaines que les Comores refusent de laisser débarquer sur leur territoire les Comoriens en situation irrégulière que la France veut expulser de Mayotte. Or, le président des Comores Azali Assoumani, est de passage à Paris. En exclusivité sur RFI et France 24, il demande à son homologue français Emmanuel Macron de faire une pause dans l’opération Wuambushu, qui vise à expulser de Mayotte quelque 10 000 Comoriens en situation illégale. Le chef de l’État comorien Azali Assoumani répond aux questions de Christophe Boisbouvier et de Marc Perelman.

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Chaque semaine, découvrez le regard porté sur l’actualité locale à travers la presse nationale ou régionale Le 7 mai 2023, par Marc Perelman et Christophe Boisbouvier pour RFI.

RFI : La France souhaite expulser 10 000 Comoriens en situation irrégulière dans les semaines à venir. Vous dites ne pas avoir les capacités pour les accueillir. Mais si la France vous fournit un soutien financier, comme par exemple les 150 millions d’euros proposés en 2019, est-ce que vous seriez prêt à accueillir des personnes en situation irrégulière qui reviendraient aux Comores ?

Azali Assoumani : Je ne suis pas prêt parce que la France est un pays de droit. Les gens qui sont en France ne sont pas seulement des trois îles. Il y a des Malgaches, il y a des Rwandais, il y a des Burundais qui sont là et la France accorde des droits aux gens qui sont là. Donc les gens des trois îles qui sont à Mayotte, c’est à la France de les gérer. Maintenant effectivement, puisqu’aujourd’hui il y a des Comoriens qui sont des docteurs, des professeurs à Mayotte, dans un cadre concerté, on peut faire ça pour que les gens qui viennent à Moroni aient quelque chose à faire, c’est une option qu’il va falloir approfondir. Mais je ne vais pas accepter qu’aujourd’hui, les Comoriens qui sont là-bas soient expulsés moyennant de l’argent. Il faut exclure cet aspectlà. On n’achète pas ça. Néanmoins, on est prêt à discuter dans le cadre des relations entre la France et les Comores.

S’il n’y a pas d’accord, est-ce que vous ne craignez pas des représailles de Paris, financières, ou alors par exemple le gel de la délivrance des visas aux Comoriens. Il y a déjà eu un précédent en 2018. Si jamais Paris franchit ce pas, quelle serait votre réaction ? Je vous vois sourire… Je souris parce qu’effectivement, ça me fait mal, qu’on fasse un peu de chantage avec les visas. Ce n’est quand même pas à la mesure d’un pays comme la France.

Elle l’a déjà fait pourtant… Justement, elle l’a fait et ça n’a pas donné de bons résultats. C’est pourquoi il vaut mieux qu’on discute pour voir effectivement ce que l’on peut faire pour qu’on puisse maintenir ces relations, dont la France en a grand besoin et nous aussi. Parce qu’effectivement, ce que la France est en train de vivre partout en Afrique, au Sahel, un peu partout, elle n’a pas intérêt à ce que ça se passe en Afrique de l’Est. Ce chantage, moi franchement, je ne cède pas au chantage. Mais je discute : vous avez votre intérêt, j’ai le mien ; on regarde comment on peut capitaliser. Donc, s’asseoir et discuter, avec cela je suis convaincu qu’on trouvera une solution.

Monsieur le président, est-ce que vous avez échangé ces derniers jours ou ces dernières semaines avec votre homologue français, Emmanuel Macron ?

Tout à fait, on a échangé au téléphone, par deux fois. J’ai dit, l’opération telle qu’elle a été lancée, franchement, je ne sais pas ce qu’on a à gagner. Comment aujourd’hui on annonce au vu et au su de tout le monde, avec toutes les caméras du monde qui se tournent vers Mayotte, que maintenant on expulse des Comoriens ? C’est pour cela que j’ai dit : monsieur le président, je ne suis pas d’accord. Néanmoins, si on fait une pause dans cette opération [Wuambushu], on est prêt à discuter, que ce soit entre vous et moi, ou que ce soit entre ministres pour essayer de trouver une solution ensemble.

Vous êtes à Paris en ce moment. Vous allez vous voir avec votre homologue français ?

C’est une possibilité, c’est une hypothèse, mais le plus sûr, c’est que les ministres vont se voir. Avec le président Macron - on s’est parlé au téléphone, donc à chaque fois je sais -, ce n’est pas impossible qu’on puisse se voir.

Donc, votre ministre de l’Intérieur Fakridine Mahamoud et le ministre de l’Intérieur français Gérard Darmanin vont se voir ?

Non. Justement, nous, on a dit que c’est entre gouvernement et gouvernement, parce qu’on ne veut pas poser ce problème de Mayotte et de France en tant que « Intérieur ». Nous avons dit que c’est le ministre des Affaires étrangères, le porteparole du gouvernement - parce que la ministre de la Défense n’est pas disponible -, et le ministre de l’Intérieur qui viendront pour rencontrer leurs homologues ici pour essayer de discuter, et puis pour trouver une solution au problème.

Que répondez-vous à ceux qui disent que vous faites une sorte de chantage aux migrants, un petit peu comme la Biélorussie avait pu le faire avec la Pologne, ou comme la Turquie a pu être accusée de faire avec l’Union européenne ?

Je n’ai pas compris la question. Quel chantage ? Les passeurs qui laissent les gens aller à Mayotte, ce n’est pas moi. Ce sont les gens qui sont à Mayotte qui laissent les gens aller, et qui gagnent de l’argent comme cela. Moi au contraire, j’ai tout fait pour empêcher les Comoriens d’aller mourir en mer. Le problème de migration ne me concerne pas.

Vous avez parlé il y a quelques jours avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, notamment pour évoquer un sommet mondial pour la Paix. C’est la première fois que vous lui parliez. Est-ce qu’on peut sérieusement imaginer messieurs Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky dans la même conférence ? Est-ce que c’est réaliste ?

Rien n’est impossible. Moi j’y crois très sincèrement, à condition qu’on s’investisse réellement. Donc, j’ai reçu l’ambassadeur de Russie à Moroni, j’ai discuté avec le président Volodymyr Zelensky et j’ai dit même à l’ambassadeur de Russie que, si je condamnais la guerre, la Russie et les Comores, on est amis, mais on condamne la guerre. Et j’ai répété ça à Zelensky.

J’ai dit qu’en tant que président de l’Union africaine, je vais donner tout ce que je peux donner pour qu’on puisse tenir ce sommet pour essayer réellement de trouver une solution à ce problème, et que ça soit aussi une leçon pour les autres guerres inter-États ou intra-États.

Parce qu’effectivement, ce qu’on vit au Soudan, c’est quand même terrible. Je salue l’initiative des États-Unis et de l’Arabie saoudite [pour une trêve au Soudan]. En tout cas, je suis en contact permanent avec les deux généraux [le général Abdel Fattah al-Burhan et le général « Hemedti »]. On discute bien, pour essayer de les convaincre qu’à un moment donné, d’abord il faut une trêve, un couloir humanitaire, puis comment on peut mettre en place un mécanisme de dialogue entre les deux parties. Et là, la solution ne peut venir que d’une solution africaine.

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Mansour Kamardine en croisade pour Wuambushu

MANSOUR KAMARDINE, DÉPUTÉ DE LA DEUXIÈME

CIRCONSCRIPTION DE MAYOTTE, EST FORMEL : WUAMBUSHU SE POURSUIVRA JUSQU'À SON TERME.

SELON LUI, LE GOUVERNEMENT FRANÇAIS NE RECULERA

PAS DEVANT LES ASSOCIATIONS DE DÉFENSE DES DROITS DE L'HOMME ET LES PROCÉDURES ENGAGÉES

PAR LES FAMILLES DEVANT LES JURIDICTIONS DU TERRITOIRE. L’ÉLU LES RÉPUBLICAINS DEMANDE EN OUTRE AUX MAHORAIS DE SANCTIONNER AUX URNES TOUS LES FUTURS CANDIDATS S'ÉTANT

PRONONCÉS CONTRE L'OPÉRATION WUAMBUSHU, ET REFUSE D’ENTENDRE PARLER DES SEMPITERNELLES REVENDICATIONS COMORIENNES.

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GRAND ENTRETIEN
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Mayotte Hebdo : Sur la scène nationale et internationale, Mayotte fait la une depuis l’annonce de l’opération Wuambushu. Comment jugez-vous

pas. Moi je voudrais simplement leur dire : imaginons un seul instant que le président de la République annonce officiellement aux Français au journal

l’opposition de certaines personnalités françaises à cette opération ?

Mansour Kamardine : Il est une réalité vieille comme le monde que, lorsqu'on parle de choses qu'on ne connaît pas, on parle toujours à côté, ou mal. Et toutes ces personnes qui parlent de Mayotte sans y avoir mis les pieds ou simplement pour des raisons idéologiques fait que, naturellement, elles peuvent parler faux, sur des choses qu'elles ne connaissent

télévisé de 20 heures que, sur les 68 millions de personnes qui peuplent la France, 40 millions soient des étrangers. Je ne suis pas sûr que tous ces bobos, ces gauchos, auraient encore le sourire. En tout cas, je trouve toutes ces déclarations complètement décalées des réalités que nous vivons ici, dans cette île.

M.H. : Comment expliquer le silence assourdissant du Quai d'Orsay sur cette affaire ?

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DOSSIER Propos recueillis par SIAK
Une manifestation anti-Wuambushu organisée à Paris, au mois d’avril dernier.
« Cela fait presque 200 ans que Mayotte est française »

M.K. : Ce qui est étonnant, ce n'est pas tant le silence, parce que, par nature, la diplomatie parle peu généralement. Donc que le ministre des Affaires étrangères ne soit pas entendu n'est pas le plus étonnant. En réalité, ce qui étonne, et vous avez raison de le souligner, c'est le traitement qui est fait dans cette affaire. Quand l'ambassadeur chinois à Paris, dans une émission chez vos confrères de LCI, a dénoncé les limites territoriales de l'Ukraine et des anciens pays satellites de l'URSS, il a été convoqué au Quai d'Orsay. La convocation d'un ambassadeur est une mesure exceptionnelle ! Quand l'ambassadeur des Comores à Paris parle de Mayotte et conteste la souveraineté de la France sur notre île, nous nous

bulletins contre les candidats ou les élus sortants qui se sont exprimés contre cette opération Wuambushu. Et de leur dire que nous aussi nous savons respecter les droits de l'homme. Quels sont les droits qui sont méconnus à Mayotte ? Le droit des enfants ? Quels enfants ? C’est parce qu’on demande à un parent qui est en situation irrégulière de rentrer chez lui et d'y ramener ses enfants que nous ne respectons pas les enfants ? Et puis ce sont les mêmes qui, derrière, viennent vous expliquer que s'il y a tous ces enfants qui errent, c'est parce qu'on reconduit leurs parents aux frontières en laissant leurs enfants ici ? Il faut être cohérent.

attendions à une démarche semblable, qu'il soit convoqué à son tour par ce même ministère pour lui dire ce que nous pensons. Cela n'a pas été le cas ! Et c'est donc ce traitement de deux poids deux mesures qui étonne, qui agace et qui énerve. Nous pensons qu'il est devenu temps, effectivement, que le Quai d'Orsay accepte définitivement que Mayotte est bien française. Pour ceux qui ne s'en sont pas encore rendu compte, je voudrais leur dire que cela fait presque 200 ans que Mayotte est française. Et pendant ces deux siècles, à aucun moment de notre histoire, cette francité n'a jamais été remise en cause par les Mahoraises et les Mahorais. C'est encore une fois des gens qui n'ont rien à faire ici qui viennent donner des leçons de morale, je pense notamment à quelques élus réunionnais qui n'acceptent pas qu'un chat ou une abeille vienne chez eux, et qui viennent nous donner des leçons de droits de l'homme.

M.H. : Que pensez-vous des paroles de Younous Omarjee, député européen de La Réunion et de Mayotte, qui a demandé à la Commission européenne d’observer le respect des droits des personnes lors de l’opération Wuambushu ?

M.K. : La réponse à cette question se trouve entre les mains des Mahorais. Vous avez bien dit que ce sont des électeurs Mahorais, des Français donc, qui ont voté pour Younous Omarjee. C'est le cas aussi d'autres élus de La Réunion, je pense notamment au député Jean-Louis Ratenon, mais aussi à un certain nombre de maires qui insultent les Mahorais en les accusant de ne pas respecter les droits de l'homme d'une manière générale, et en particulier le droit des enfants. Je demande à tous les Mahorais, partout où ils se trouvent, quelle que soit l'appartenance politique de ces élus, gauche ou droite, de les sanctionner. Qu'au jour des élections, les Mahoraises et Mahorais déposent dans l'urne des

M.H. : Comment imaginez-vous mettre en œuvre cette mesure ?

M.K. : Je trouve qu'il est normal que tous les adultes qui seront interpellés à Mayotte en situation irrégulière soient invités à partir avec leurs enfants. Parce qu’au regard des droits de l'homme et des droits des enfants, ceux-ci doivent vivre au milieu de leurs parents. Et quand le parent en question ne peut pas rester sur ce territoire, il faut qu'il reparte avec ses enfants. À l'adresse de ceux qui nous insultent au quotidien, j'ajoute que les écoles à Mayotte sont surchargées, avec une moyenne de 36 gamins par classe. Et qu'en réalité il n'y a plus d'écoles ici, elles sont devenues des garderies, ce qui pose un gros problème à l'égalité des chances des enfants mahorais par rapport aux autres enfants. J'ajoute également que nos écoles sont peuplées à 80% de gamins d'origine étrangère. Je précise qu'il y a plus d'enfants anjouanais scolarisés à Mayotte que d'enfants anjouanais scolarisés à Anjouan. Et enfin, pour couronner le tout, il faut savoir qu'il y a à peu près 150 à 200 enfants à Anjouan qui attendent sur les rivages pour aller se faire scolariser à Mayotte. J'aimerais bien que les Réunionnais qui nous font la leçon viennent les chercher, pour les scolariser là-bas. Quand je vois comment ils ont traité les Sri Lankais arrivés chez eux, aucun n'a pu toucher sol. Ils ont tous été reconduit. Que personne ne vienne nous donner de leçons de droits de l'homme et de droits de l'enfant.

M.H. : Concrètement, où en est aujourd'hui cette opération Wuambushu ?

M.K. : D'abord, Wuambushu ira jusqu'au bout parce que les Mahorais sont tous debout aujourd'hui. Je saisis cette occasion pour à la fois remercier les autorités qui ont mis en place cette opération depuis plusieurs années mais qui a chaque fois

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« Les écoles à Mayotte sont surchargées, avec une moyenne de 36 gamins par classe »

a été repoussée, mais aussi exprimer toute ma gratitude, au nom de l'ensemble des habitants de Mayotte, aux forces de l'ordre qui se sont mobilisées parfois dans des conditions très difficiles pour venir assurer la sécurité et permettre

dit le ministre, et c'est ma conviction, Wuambushu ira jusqu'au bout.

Wuambushu, c'est trois actions : interpeller et mettre un terme aux réseaux qui arrivent à faire entrer ici

qu'enfin, l'ensemble des habitants de ce territoire puisse vivre normalement, comme partout ailleurs sur le territoire de la République. S'agissant de la mise en œuvre de l'opération, comme l'a

jusqu'à 40 000 personnes en quelques mois, mettre un terme aux faux papiers, aux fausses reconnaissances, aux faux certificats d'hébergement, et mettre un terme aux marchands de sommeil. Contrairement à ce que certains ont pu

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DOSSIER
Le ministère des Affaires étrangères, aussi appelé le Quai d’Orsay
« C'est d'abord une opération de salut public, de sécurisation et de respect des règles républicaines »

dire, ce n'est pas une opération seulement dirigée contre les étrangers, c'est d'abord une opération de salut public, de sécurisation et de respect des règles républicaines. La France a cette propension à produire des lois et à aussitôt refuser de les appliquer. Ici les règles vont s'appliquer, et ça ne peut que plaire aux Mahorais. Et enfin, la troisième action, c'est effectivement de reconduire à la frontière tous ceux qui n'ont pas à être là, de les ramener dans leurs pays d'origine.

Les deux premiers volets sont en cours. Tous les jours nous apprenons qu'il y a des interpellations. Ce que nous espérons simplement, c'est qu'une fois qu'elles seront remises au procureur de la République, ces personnes puissent être poursuivies et sanctionnées, notamment celles qui s'amusent à ce jeu suicidaire, que leurs biens, mobiliers, immobiliers et terrains soient saisis. On ne va jamais s'en sortir si les Mahorais eux-mêmes ne prennent pas conscience de la gravité de la situation et de la nécessité de défendre les intérêts de Mayotte.

Enfin, la reconduite aux frontières. Bien sûr, il y a ce problème de réadmission qui est posé par l'État comorien, mais je suis convaincu que le ministère des Affaires étrangères va enfin se mettre debout, sur ses deux jambes, et que si tel est le cas, les réadmissions seront acceptées aux Comores.

M.H. : Qu’en est-il de la procédure judiciaire dans l’affaire du décasage de Talus 2, à Majicavo Koropa ?

M.K. : S'agissant des décisions auxquelles vous faites allusion, il faut éviter les approximations et les « ari » . Et pour la clarté des débats, il faut savoir qu'en réalité, les associations de défense de droits de l'homme ont fait du harcèlement judiciaire. Il y a une première requête qui a été faite par un collectif d'avocats devant le tribunal administratif, lequel a accédé à leurs requêtes concernant une vingtaine de personnes. Le juge a dit qu'effectivement, il y a une disposition de la loi qui n'a pas été respectée et que le préfet ne peut pas déplacer ces personnes-

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là. Ce n'était pas une difficulté puisque nous militons pour le respect de la loi, et l'État doit respecter les règles. Ensuite, ils ont initié une deuxième série

tribunal. C'est assez curieux, mais aussi étonnant que ça paraisse, c'est ce qui s'est passé. Des magistrats plus compétents que moi ont exprimé leur étonnement,

de requêtes, toujours devant le tribunal administratif, pour obtenir la suspension de l'opération. Et à côté de cela, ils ont saisi le tribunal judiciaire d'une troisième série de requêtes en faveur d'une trentaine de personnes. Le juge des référés du tribunal judiciaire qui s'est prononcé en premier a non seulement suspendu au profit des personnes qui l'ont saisi, mais aussi l’ensemble de l'opération, c’est-à-dire au profit de gens qui n'ont jamais saisi le

je pense notamment à l'ancien secrétaire général du Conseil constitutionnel, qui l'a dit très clairement chez vos confrères du Figaro. Et la troisième série de requêtes qui passait devant le TA a effectivement été rejetée, au constat que le tribunal judiciaire avait déjà statué. Concernant l'opération de décasage de Talus 2 à Koungou, les autorités attendent la décision d'appel pour savoir quelle suite lui donner. Mais il y a d'autres actions qui

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DOSSIER
Younous Omarjee, député européen de La Réunion et de Mayotte.
« Mayotte a fait le choix de la France, elle est française et ça restera comme ça ! »

sont faites, qui sont conduites. Certes, ces actions auront réussi à retarder l'opération, mais je suis persuadé qu'au final Talus 2 sera nettoyé.

M.H. : Que penser de la réaction comorienne, demandant l'ouverture de discussions avec la France dans le but de stopper Wuambushu ?

c'est sûrement qu'elle l'est ! Et ils ne sont pas en mesure de se remettre en cause, alors que les faits continuent à les remettre en cause. Lorsque nous nous sommes séparés en 1975, ils avaient déjà cette chanson, ils sont allés devant l'assemblée générale de l'ONU, où il y a eu une vingtaine de résolutions demandant le retour de Mayotte aux Comores, et

M.K. : Il est toujours intéressant de discuter, je crois que la France est aussi prête à la discussion. Il y a simplement un point sur lequel je pense qu'il n'y aura pas de discussion possible, c'est la question de la souveraineté. Mayotte a fait le choix de la France, ce point a été répété maintes et maintes fois, elle est française et ça restera comme ça. D'aucuns pourront dire tout ce qu'ils veulent mais ça restera comme ça !

Maintenant, quelle discussion souhaitent-ils ?

Ils n'ont pas dit le sens ou le contenu de cette discussion. Personnellement, je ne vois que des avantages à ce qu'on discute mais encore une fois, au bout du compte il faudra que Moroni récupère ses ressortissants illégaux qui sont à Mayotte. Ce serait curieux, une première mondiale, un pays qui refuse de reprendre ses nationaux ! Moi, je serais interpellé par exemple à Taïwan, je pense que même si je n'appartiens pas politiquement au parti « Renaissance » du président de la République, Emmanuel Macron, il déploierait néanmoins toute son énergie pour me récupérer. Eux, ils racontent le contraire à leurs ressortissants. Je crois que c'est aux Comoriens de se poser des questions, et de se demander à quel État ils appartiennent.

M.H. : Il y a une constance chez les officiels comoriens, qui soutiennent que Mayotte est comorienne et que leurs ressortissants sont ici chez eux. Que leur répondez-vous ?

M.K. : Cet argument est purement comorien. Pour ceux qui ne le savent pas, les Comoriens ont cette facilité à se complaire dans ce qu'ils pensent. Nous pensons que Mayotte est comorienne, donc

ils ont fini par admettre que ce n'est pas cela qui marche. Parce qu'au fond, la décision d'appartenir ou non aux Comores n'appartient qu'aux seuls Mahorais, et ils ont dit de manière définitive qu'ils sont Français et que Mayotte est française ! Cette réalité ne remonte pas seulement aux années 1970 mais depuis 1941. Ce que les Comoriens feignent d'ignorer, alors qu'ils le savent très bien, ce sont des gens intelligents, c'est de dire que nous avons appartenu à une même nation, une même langue, une même culture... Je voudrais leur répéter ici, puisque la pédagogie est l'art de la répétition, ce sera d'ailleurs profitable à nos jeunes, que Mayotte n'a jamais été comorienne ! Jamais !

Géographiquement, notre île fait partie d'un archipel appelé les Comores. Ils mettent en avant une langue commune, une culture, mais il se trouve, malheureusement pour eux, que tous ces éléments, si tant est qu'ils soient vrais, ne sont pas constitutifs d'une nation. Dans la conception qui prévaut pour les Mahorais comme pour l'ensemble des Français, la nation est une adhésion à un passé commun, à un projet d'avenir commun, et c'est quelque chose qui doit se vérifier à tout instant. Il se trouve qu'avant 1841, il y avait aux Comores quatre sultanats, un sur chaque île, Mayotte, Anjouan, Mohéli et Grande Comore. Et le sultanat était comme un État – avec à sa tête un monarque, un Premier ministre, des ministres, ainsi de suite – qui fonctionnait comme tout autre État. J'ajoute encore une particularité pour la Grande Comore où il y avait plusieurs sultans, entre 7 et 12. Ces personnages passaient leur temps à se faire la guerre, d'où le titre de « L'archipel des sultans batailleurs » , livre d'Urbain Forec que personne n'a jamais remis en cause.

15 • Mayotte Hebdo • N°1043 • 12/05/20 23
« Les Comoriens ont cette facilité à se complaire dans ce qu'ils pensent »
« La nation est une adhésion à un passé commun, à un projet d'avenir commun, et c'est quelque chose qui doit se vérifier à tout instant »

DOSSIER

Andriantsoly est venu se réfugier à Mayotte. Il demande l'asile, qu'on lui accorde, on le prend avec nous et lui demande de s'occuper de la Grande Terre. Il profite d'un moment d'inattention et renverse notre sultan Boina Combo. Celui-ci se rend alors sur l'île de Mohéli pour y demander de l'aide. Ils reviennent ici et Andriantsoly est renversé. À son tour, il s'en va à Anjouan demander de l'aide à Abdallah II, le maître de l'île. Ce dernier revient renverser le fils et successeur de Boina Combo. Il s'empare de l'ensemble du territoire et y proclame son autorité. Andriantsoly, malin qu'il était, acquiert la confiance du sultan anjouanais qui le place comme son représentant à Mayotte, ce qui va durer 10 ans. Entretemps, Abdallah II décède et ses deux successibles se battent. Andriantsoly profite de ce combat fratricide et vend Mayotte au roi de France. C'était pour lui la seule manière de protéger Mayotte et ses habitants des

agressions anjouanaises. Installée sur l'île, la France va en profiter pour s'étaler progressivement sur les trois autres, Anjouan, Mohéli et plus tard la Grande Comore, où elle aide le sultan Saïd Ali à faire l'unité du territoire contre les autres sultans qu'il chasse au fur et à mesure. En contrepartie, un peu dans l'esprit d'Andriantsoly, il lui cède le contrôle de l'île. Ce que les gens ne disent pas non plus, c'est que la France n'en a jamais fait un ensemble.

M.H. : À quel moment de l'histoire l'union administrative des Comores a été créée par la France ?

M.K. : Le premier décret qui porte sur l'ensemble remonte à 1899, dans lequel il est mentionné « Mayotte et les protectorats d'Anjouan, Mohéli et Grande Comore, sont rattachés à Madagascar » , et en aucun cas les Comores, qui n'existaient pas encore politiquement et officiellement. Ce n'est

16 • Mayotte Hebdo • N°1043 • 12/05/20 23
Le port de Mutsamudu, sur l’île d’Anjouan, a refoulé les navires transportant des ressortissants comoriens.
17 • Mayotte Hebdo • N°1043 • 12/05/20 23
Représentation du sultan Andriantsoly, ayant cédé Mayotte à la France en 1841.

DOSSIER

qu'en 1946, au lendemain de la seconde guerre mondiale, que Saïd Mohamed Cheikh, alors député des Comores à l'Assemblée nationale française, va créer par une proposition de loi le territoire d'outre-mer des Comores. J'ajoute que ce n'est pas tant cette histoire qui prévaut, le plus important c'est cette déclaration d'Ahmed Abdallah, futur président des Comores, devant les sénateurs français en 1975, où il dit que « les Comores n'ont jamais existé, c'est la France par commodité administrative qui les a créées » . Cette création ex nihilo a été faite sans jamais consulter personne, à aucun moment on a demandé aux Mahorais s'ils voulaient appartenir à un ensemble comorien. Depuis 1958, les Mahorais ont commencé à manifester leur refus d'être assimilés au peuple comorien, et, lorsque la question leur fut posée pour la première fois par la France, ils se sont très clairement prononcés contre le fait d'appartenir à une future nation comorienne. Cela est très important et les Comoriens pourront toujours pavoiser, ça ne changera rien.

M.H. : Comment surpasser ces revendications comoriennes ?

M.K. : Ce qu'ils doivent savoir, c'est que nous sommes prêts à aller nous confronter à eux aux Nations Unies et démontrer que l'Assemblée de cette organisation

s'est trompée en 1975. J'ajoute à l'attention des juristes comoriens que les résolutions de l'ONU sont de deux sortes, il y a les résolutions coercitives, qui s'imposent et peuvent déclencher une guerre parce qu'elles émanent du Conseil de sécurité. Ensuite, il y a les résolutions de l'Assemblée générale, qui sont des positionnements, des déclarations politiques. Lorsqu'en 1975, les Comores accèdent unilatéralement à l'indépendance, elles ont demandé à être admises comme nouvel État à l'ONU. La décision est examinée par le Conseil de sécurité le 17 octobre 1975, qui donne un avis favorable à l'admission des Comores à l'ONU comme étant indépendant. Le Conseil de sécurité n'a jamais défini quel était le périmètre de cet État. Cet avis favorable ayant été donné, il revenait à l'Assemblée générale de se prononcer sur l'admission. C'est à ce moment qu'elle va rajouter quelque chose qui ne relève pas du droit mais plutôt d'une pétition politique, quelque chose que personne ne lui avait demandé et qui n'était pas dans la résolution du Conseil de sécurité, elle mentionne que les Comores sont admises en tant qu'État constitué de quatre îles. Cela ne lui a jamais été demandé, ce n'était pas dans son champ de compétences de définir les lignes de l'État comorien. Se faisant, ce n'est qu'une pétition de principe, alors

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La Commission de l’océan Indien (COI) ne compte toujours pas Mayotte parmi ses membres.

quand les Comoriens viennent nous chanter cette vieille chanson désormais grippée que Mayotte est comorienne, ça ne reste qu'une chanson qui ne fera jamais une vérité. Mayotte est française et le restera à jamais, par la seule volonté de sa population.

sein de cette commission et selon son rapport, ils ont fini par convenir qu'il allait être demandé au Quai d'Orsay de retirer ce projet et d'engager des discussions avec les Mahorais dans la perspective d'une admission de Mayotte à la COI. Et le rapport a été renvoyé par le Président Bourlange vers la

Pas de COI sans action du Parlement

M.H. : Avec d'autres, vous vous impliquez personnellement à asseoir Mayotte dans son environnement régional. Une question est récurrente dans le département, son admission à la Commission de l'océan Indien (COI). Quelle est votre opinion sur cette question ?

M.K. : Au moment où les résolutions de l'ONU sont prises, on demande à toutes les institutions qui sont rattachées à l'ONU de refuser en leur sein Mayotte. C'est ce qui explique qu'aujourd'hui Mayotte n'est toujours pas à la Commission de l’océan Indien. Cette situation fait que de manière assez étonnante, quand Mayotte apporte de l'argent dans le budget de la COI à travers le financement des actions qui y sont menées, tout le monde est content, mais personne ne veut voir Mayotte. Alors il y a un travail à faire, la diplomatie est terrain assez singulier où on ne vient pas avec ses gros sabots pour dire « moi je veux ça » . Il nécessite souvent un consensus général. C'est ce qui s'est passé à propos de la participation de nos jeunes aux Jeux des Îles de l'océan Indien, dont l'accès avait été refusé à notre île pendant très longtemps. Petit à petit, le gouvernement de l'époque a commencé par tordre le poignet à nos amis Réunionnais afin qu'ils acceptent que les Mahorais viennent jouer avec eux sous une même bannière tricolore.

Cela s'est fait, ça s'est soldé par un échec et personne n'en a été content à l'époque. Le travail a continué et nous avons fini par obtenir du comité organisateur des Jeux d'accepter l'inscription de Mayotte, en qualité de membre de la CJCOI pour que nos jeunes puissent y participer. Donc aujourd'hui nous avons Mayotte dans la charte des Jeux, qui cite les noms des États participants. À cette occasion, il avait été convenu que Mayotte ne pourrait ni hisser le drapeau, ni chanter l'hymne. Pour l'instant nous en sommes là, c'est en 2006 que cette décision a été prise. Plus de 15 ans plus tard, il nous paraît que le temps est venu d'évoluer. Mais ce n'est pas parce qu'on s'appelle la France qu'il faudra décider seule. La même démarche est menée également au niveau de la COI. Et nous avons eu en début de législature un rapport qui proposait une redynamisation des statuts, des champs d'actions de la COI. À ce moment, ma collègue Estelle Youssouffa, qui siège dans la commission des Affaires étrangères, a eu l'honneur d'en être le rapporteur. Elle a demandé, du fait que les Mahorais sont exclus de cette instance, que l'assemblée rejette le projet. Il y a eu débat au

ministre des Affaires étrangères, qui a accepté de le retirer.

Depuis, c'est le silence, le statuquo demeure, mais ça veut dire que le projet qui voulait être mis en œuvre ne s'est pas fait, le gouvernement ayant retiré son rapport. Par conséquent, il n'y aura pas d'évolution au sein de la COI si le Parlement français ne se prononce pas favorablement sur le sujet.

Mansour Kamardine a demandé à la première ministre, Elisabeth Borne, de passer par Mayotte lors de son voyage à La Réunion, qui se déroule en ce moment.

19 • Mayotte Hebdo • N°1043 • 12/05/20 23

UNE ÎLE EN TRAVAUX

MALAMANI ACCUEILLERA LA PREMIÈRE DÉCHETTERIE DE MAYOTTE

LES TRAVAUX QUI VIENNENT DE DÉBUTER DANS LE SUD DE MAYOTTE ANNONCENT LA CRÉATION DE LA PREMIÈRE DÉCHETTERIE SUR L’ÎLE. HOUSSAMOUDINE ABDALLAH, LE PRÉSIDENT DU SIDEVAM, Y VOIT UN MOYEN DE VALORISER LES DÉCHETS SUR L’ÎLE ET COMPTE SUR LE SUCCÈS DES DÉCHETTERIES MOBILES POUR CONTINUER DANS CETTE VOIE.

Mayotte Hebdo : La première déchetterie de l'île est en construction à Malamani, sur la commune de Chirongui. Qu'estce que cela va permettre ?

Houssamoudine Abdallah : Tout est acté, les travaux ont commencé la semaine dernière et leur fin est prévue à la fin de l’année. Avec la préparation des équipes, elle devrait ouvrir début 2024. C’est un grand ouf, parce que ça fait un moment qu’on y travaille, on attend ça avec impatience. C’est une première pour Mayotte ! On pourra sensibiliser sur son fonctionnement, que ça puisse rentrer dans les mœurs. Car on demande des efforts à tout le monde, mais tant qu’on n’a pas l’équipement, les gens n’en voient pas l’intérêt. Il s’agira d’une déchetterie ouverte aux Mahorais, mais je vois mal les habitants du nord descendre pour ça. Par contre, on pourra ramener des déchetteries mobiles du sud pour les concentrer dans le nord. Toutefois, comme le sud est attractif le week-end, le site sera ouvert tous les jours. Il sera même gratuit dans un premier temps pour les professionnels pour qu’ils prennent l’habitude d’y déposer leurs gravats. La déchetterie fixe permettra beaucoup plus de flux que les mobiles.

M.H. : Et qu'en est-il des suivantes ?

H.A. : On a déjà le foncier à Bandrélé. On est pour l’instant bloqué par une voisine et un problème de voirie, on est en négociation, mais ça pourrait ensuite commencer rapidement. Longoni sera le troisième village doté d’une déchetterie. Il manque juste l’attribution du foncier par le conseil départemental. Une commission est prévue en mai.

Houssamoudine

Abdallah, le maire de Sada, est président du Sidevam976 depuis octobre 2020.

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Propos recueillis par Alexis Duclos

M.H. : Outre les déchetteries, d'autres sites du Sidevam feront-ils l'objet de travaux ?

H.A. : Le pôle logistique sera ici, à Dzoumogné. C’est le garage. Les agents travaillent actuellement à même le sol, sous la pluie et le soleil. On a mis un chapiteau pour les protéger. Le premier objectif est donc d’avoir un garage pour réparer ou entretenir nos camions. On a aussi l’ambition de spécialiser nos sites, puisqu’aujourd’hui, nous travaillons dans les anciens locaux des syndicats avant la fusion. On ne fait que rajouter des modulaires en fonction des besoins. On aimerait avoir un siège officiel au milieu de l’île pour être à équidistance de tous les secteurs, donc le positionner à Combani ou Kahani. On aimerait un centre technique mutualisé avec la mairie de Mamoudzou pour en faire la vitrine sur la valorisation des déchets et faire un pôle gestion de déchets et un centre technique en Petite-Terre. Cela permettra de faire barger les déchets verts. Cela entraînera un changement profond avec une feuille de route. Dans le sud, on aura aussi un point logistique.

M.H. : Le site d'enfouissement se remplit plus vite que prévu. Quelle sera la suite ?

H.A. : La solution aujourd’hui est d’éviter que ça se remplisse aussi vite. Ce sont les déchetteries fixes ou mobiles, pour qu’on puisse éviter que les encombrants et les déchets verts aillent à la l’ISDND (Installation de stockage de déchets non dangereux) dont la saturation est prévue en 2030. Nous sommes en train de réfléchir à un projet d’envergure, un centre de tri et d’incinération d’ici sept ou huit ans. Le prochain contrat de délégation de service public (DSP) devra intégrer sa création. C’est minimum 100 millions d’euros. On veut réduire l’enfouissement, qui est presque de 100% ici.

M.H. : Le meilleur moyen de ne pas avoir à traiter les déchets, c'est de ne pas en produire. Y a-t-il un plan au Sidevam pour les réduire justement ?

H.A. : On essaye de trouver des solutions immédiates. On lance un projet sur les composts collectifs. On a fait également des expérimentations dans deux manzarakas à Sada. On a récolté 500 kilogrammes rien qu’avec les emballages.

M.H. : La réglementation sur les déchets, d'abord en métropole, va se faire de plus en plus stricte. A quels défis vous attendez-vous ?

H.A. : On est plein dedans avec l’Ademe. Dans le cadre du PLPDMA (programme local de prévention des déchets ménagers et assimilés), on a onze axes à réaliser, dont le respect de la règlementation. On y trouve aussi la réduction du gaspillage. On a aussi un projet local, le projet « Douka », qui nous semble adapter au niveau local. Les épiceries, sous la forme de conventions, pourraient recueillir des bouteilles plastiques. Vous amenez, par exemple, dix kilos d’emballages, et en contrepartie, tu prends des couches dans les rayons.

Retrouvez l’intégralité de cet entretien sur le site de Mayotte Hebdo : https://www.mayottehebdo.com/actualite/amenagement/ la-premiere-dechetterie-de-mayotte-a-malamani-un-grand-ouf-de-soulagement/

Le Sidevam976 assure la collecte des déchets sur toute l’île, exceptée la communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou.

Les camions-poubelles sont souvent abîmés par des déchets qui ne devraient pas se retrouver dans les poubelles, comme l’électroménager.

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MTSAMBORO FÊTE LA TORTUE

L’association Oulanga na Nyamba organise, ce samedi 13 mai, la troisième édition de la fête de la Tortue à Mtsamboro. Un événement festif qui met à l’honneur la tortue marine, espèce emblématique de l’île de Mayotte, et qui a pour objectif de contribuer à sa protection.

C’est indéniable, les tortues marines représentent une richesse considérable pour le territoire mahorais. Pour Oulanga na Nyamba, « préserver la tortue marine en tant qu’espèce emblématique et phare de la biodiversité mahoraise, c’est aussi préserver le patrimoine naturel au sens large » . C’est avec cet objectif, que l’association valorise, à sa façon, l’animal à carapace, en organisant la troisième édition de la fête de la Tortue.

« Une fête villageoise unique » , complète l’association au travers d’un communiqué de presse, qui a également pour but, de contribuer à la protection du patrimoine

naturel mahorais et sensibiliser le plus grand nombre.

Un événement festif et de sensibilisation

Les précédentes éditions, en 2019 à Pamandzi et en 2021 à Sada, avaient rencontré un fort succès. Cette année, le rendez-vous est donné dans le nord de l’île, au plateau de Mtsamboro, ce samedi 13 mai. « La fête de la tortue est un événement festif » , assure l’association. Ce dernier est organisé dans le cadre du projet « Nia Moja » ou « objectif commun » , qui vise à former des ambassadeurs de la protection des

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Agnès Jouanique

tortues marines dans les associations, dans les villages et parmi les acteurs communaux et économiques. La fête de la Tortue est aussi « une manière de valoriser ces acteurs présents lors de cette journée de sensibilisation à la tortue marine » , ajoute l’association. Grande vitrine des actions et activités mises en place par l’association, la fête de la tortue proposera des animations tout au long de la journée, dès 9h. Financée par le Parc naturel marin de Mayotte, l’Office français de la biodiversité (OFB) et la communauté d’agglomération du Grand nord de Mayotte (GAGNM) et soutenue logistiquement par la ville de Mtsamboro, la troisième édition réunira de nombreux acteurs, contribuant à cette journée via une animation de stand.

Animations, ateliers et jeux

Les visiteurs pourront ainsi visiter les stands des partenaires, « tous acteurs de la préservation des richesses

culturelles et environnementales de Mayotte » , précise l’organisateur. Toutes les animations, ateliers et jeux seront accessibles aux petits comme aux grands. Une exposition photographique « Maecha na Nyamba » sera visible au foyer des jeunes. En exclusivité et en avant-première, les participants à cette journée découvriront un travail de plusieurs années, celui de la mallette pédagogique sur la thématique de la tortue marine. Dès 11h30, « l’ambiance va monter d’un cran avec des démonstrations de danse traditionnelle » , ajoute l’organisation, avec des interludes par l’association Loulou Ndjema. Pour les amateurs de sport, un cours d’Afro fitness animé par Vis ta Forme Mayotte est prévu à 13h, puis un nettoyage de plage à 14h30. En clôture, des concerts de Babadi, Bodo et N-pro Game sont programmés dès 15h30. n

Une association engagée

Depuis 1998, Oulanga na Nyamba s’engage activement pour la protection de l’environnement et en particulier des tortues marines et « s’implique pour la préservation de l’exceptionnel patrimoine naturel mahorais », ajoute l’association. La tortue marine, en tant qu’espèce emblématique et dont sa précise et signe du bon état des milieux marins, représente pour l’association « un symbole de la préservation au sens large des richesses naturelles mahoraises ». Au travers de ces actions, l’association souhaite porter haut et fort un message, qui est : « le respect de l’environnement doit faire partie intégrante du développement socio-économique de notre île ».

23 • Mayotte Hebdo • N°1043 • 12/05/20 23

malgache, La quête de la sagesse, éditions Karthala, 2011.

NASSUR ATTOUMANI ET SES ANACHRONIQUES DE MAYOTTE (1/10)

AGRÉGÉ DE LETTRES MODERNES ET DOCTEUR EN LITTÉRATURES FRANCOPHONES, CHRISTOPHE COSKER EST L’AUTEUR DE NOMBREUX OUVRAGES DE RÉFÉRENCE SUR LA LITTÉRATURE DE L’ÎLE AUX PARFUMS, NOTAMMENT UNE PETITE HISTOIRE DES LETTRES FRANCOPHONES À MAYOTTE (2015) DONT IL REPREND, APPROFONDIT ET ACTUALISE, DANS CETTE CHRONIQUE LITTÉRAIRE, LA MATIÈRE.

Nassur Attoumani, Les anachroniques de Mayotte, éditions Ndze, 2013. Recueil de nouvelles ou chronique romancée d'un Mahorais nommé Lodosomono, attachant et naïf ? Mais aussi, ana de pensées profondes : « Mieux vaut discuter avec un édenté que de se disputer avec un sourd » ? Ou encore contes revisités : « Le cavalier magique » ? Côté anachronisme : « Ramsès II », « Machiavel », « La panthère rose » sont dans un jury désigné par « La Française des jeux ». Satire caustique : « Le Procureur pénal international souhaiterait le voir lapider »... Comment définir ces textes ? Les anachroniques de Mayotte sont tout cela à la fois, avec l'humour en bonus : « Judas Iscariote veut vendre le verdict à CNN pour la modique somme de 30 piastres... »

Dans cette dernière série de l’année, composée de dix épisodes, nous revenons à notre auteur de prédilection : Nassur Attoumani. Nous lui avons déjà consacré plusieurs chroniques – cinq pour être précis : deux sur Les Aventures d’un adolescent mahorais. Nouvelles autobiographiques (2006) à propos de l’école et des mabanga, une sur Contes traditionnels de Mayotte. Nos Ancêtres… les menteurs (2003) sur la forme éponyme, deux sur Mayotte : identité bafouée (2003), la première en raison des proverbes qu’il contient et la seconde sur le projet de l’essai lui-même.

La présente série porte sur un ouvrage dont nous n’avons pas encore parlé. Il s’agit des Anachroniques de Mayotte (2012). Dans l’œuvre de Nassur Attoumani, du point de vue de la forme, Les Anachroniques de Mayotte se situent à mi-chemin entre deux ouvrages dont nous avons parlé : Contes traditionnels de Mayotte. Nos Ancêtres… les menteurs (2003) et Les Aventures d’un adolescent mahorais. Nouvelles autobiographiques (2006). Il s’agit en effet de textes brefs entre

la nouvelle et le conte. C’est la raison pour laquelle le terme le plus important du titre est « anachronique », adjectif substantivé qui relie l’intemporalité du conte au caractère récent de la nouvelle. Et Nassur Attoumani précisément, dans ces textes qui prennent l’apparence d’hier, nous parle d’aujourd’hui.

Cette hypothèse de lecture est d’abord confirmée par la première de couverture des éditions Ndzé. Dans un clair-obscur nocturne, trois personnages de Mayotte, une famille composée d’un homme, d’une femme et d’un enfant, se trouve au bout de la Petite Terre et regarde, par-dessus le lagon, vers la Grande. Mais ce qui fait obstacle à leur regard, c’est un bateau, ou plutôt un immense paquebot. Et ce navire a un nom : c’est le Titanic. Le ton de ces histoires qui s’éloignent de la réalité est donné. On peut se réjouir de l’escale imaginaire du plus célèbre vaisseau de croisière à Mayotte, ou s’inquiéter du symbole du navire qui a sombré et se demander s’il n’est pas symbolique du sort de l’île. Cette intuition amère est confirmée par la dédicace que

24 • Mayotte Hebdo • N°1043 • 12/05/20 23
Noël Jacques Gueunier, Contes comoriens en dialecte
LITTÉRATURE
LISEZ MAYOTTE

l’auteur nous fait à l’occasion de la parution de son opus à La Maison des livres à Mamoudzou le 8 février 2012 : « De Nassur Attoumani à Christophe Cosker. Les Anachroniques de Mayotte. Ce ne sont pas des mauvaises nouvelles comme on entend parfois à la télé. Ce sont des histoires d’hier mariées à des nouvelles d’aujourd’hui et c’est ça aussi un grain de polygamie culturelle. [Signature de l’auteur] Avec humour et respect. »

Une telle dédicace est caractéristique de l’écrivain. Sa principale originalité est le jeu avec le sens du mot « nouvelles », compris entre événement récent et forme littéraire brève. La nouvelle doit avoir une part d’actualité. En outre, l’auteur joue avec l’expression figée « mauvaises nouvelles » à laquelle il va donner un sens neuf dans l’œuvre à venir. On trouve aussi des figures constantes de Nassur Attoumani telles que l’humour et la combinaison d’un terme local concret avec un terme abstrait dans l’expression « polygamie culturelle »

Dans cette série, nous relirons les neuf nouvelles qui composent le recueil des Anachroniques de Mayotte en suivant le personnage récurrent que Nassur Attoumani invente et met en scène : Lodosomono. Qui est-il ? Il est pour nous trois choses ou il y a trois manières de considérer le personnage, trois aspects de lui qui s’emboîtent tels des poupées gigognes. Le premier est qu’il est un « vrai » Mahorais, un Mahorais swafi : « Par bonheur, la politesse est le plus précieux trait de caractère des paysans de M’tzamboro. Et Lodosomono est un vrai paysan. Il s’efforce alors de ramener les deux vieillards à la raison. Lodosomono ne peut admonester ces vieillards qui sont plus âgés que lui. Ce n’est pas admis dans notre culture. Mais, d’un côté, ceux-ci sont sourds à ces conseils. Et… de l’autre, la

réaction de plus en plus hystérique de l’attroupement autour des deux rivaux commence à l’inquiéter, l’irriter, le déstabiliser. » (p. 12-13)

Il est un « vrai » Mahorais au sens traditionnel du terme parce qu’il est en lien avec la terre par son activité de paysan et parce qu’il a le respect des aînés. Nous voyons néanmoins que la tradition ne paralyse pas le personnage qui n’hésite pas à agir en cas de problème. Lodosomono est ensuite un double de Nassur Attoumani : « Dans ce royaume vit un homme qui s’appelle Lodosomono. Ce natif de M’tzamboro a grandi au milieu de ses frères et de ses sœurs. Dès quatre ans, il avait suivi ses grandes sœurs à l’école coranique. Avec des amis de sa génération, il avait construit sa première banga à dix ans. » (p. 10)

Comme tout Mahorais, Nassur Attoumani est allé à l’école coranique. Comme tout Mahorais, Nassur Attoumani a construit des mabanga. Mais ce dernier geste, celui de la réalisation d’une garçonnière, l’auteur le met souvent en scène, en particulier dans Les Aventures d’un adolescent mahorais.

Enfin, Lodosomono est un personnage rusé : « De toute manière, Lodosomono n’est pas comme les enfants de son âge. De nature fort alerte, il trouve toujours une solution aux problèmes qui se dressent devant lui. » (p. 10). En cela, il apparaît moins comme un personnage de nouvelle, doué d’une singularité, que comme un personnage stéréotypé de conte. Nous invitons le lecteur à faire comme nous et à suivre les pas de Lodosomono dans le labyrinthe de neuf textes brefs aux titres savoureux.

25 • Mayotte Hebdo • N°1043 • 12/05/20 23

SPORT

Calendriers - classements - résultats

FOOTBALL

Régional 2 Début de la saison 2023 : Samedi 20 mai 2023 FOOTBALL Régional 1 Début de la saison 2023 : Samedi 20 mai 2023 Equipe Pts J G P Dif 1 FC Mtsapéré 0 0 0 0 0 2 ASC Kawéni 0 0 0 0 0 3 Jumeaux de Mzouazia 0 0 0 0 0 4 AJ Kani Kéli 0 0 0 0 0 5 Diables noirs de Combani 0 0 0 0 0 6 USCP Anteou 0 0 0 0 0 7 ASC Abeilles de Mtsamboro 0 0 0 0 0 8 Bandrélé FC 0 0 0 0 0 9 AS Rosador de Passamainty 0 0 0 0 0 10 US Kavani 0 0 0 0 0 11 Foudre 2000 0 0 0 0 0 12 AJ Mtsahara 0 0 0 0 0 Equipe Pts J G P Dif 1 AS Sada 0 0 0 0 0 2 Tchanga SC 0 0 0 0 0 3 AS Bandraboua 0 0 0 0 0 4 FC Majicavo 0 0 0 0 0 5 FC Dembéni 0 0 0 0 0 6 AS Neige de Malamani 0 0 0 0 0 7 UCS de Sada 0 0 0 0 0 8 FC Chiconi 0 0 0 0 0 9 ASJ Handréma 0 0 0 0 0 10 FC Labattoir 0 0 0 0 0 11 Choungui FC 0 0 0 0 0 12 FMJ Vahibé 0 0 0 0 0 26 • Mayotte Hebdo • N°1043 • 12/05/20 23

FOOTBALL

FOOTBALL Régional 1 féminines
Régional 1 Entreprises Début de la saison 2023 : Dimanche 21 mai 2023 Début de la saison 2023 : Vendredi 19 mai 2023 Equipe Pts J G P Dif 1 AS Jumelles de Mzouazia 0 0 0 0 0 2 Club Unicornis 0 0 0 0 0 3 FC Mtsapéré 0 0 0 0 0 4 ASO Espoir de Chiconi 0 0 0 0 0 5 Devils Pamandzi 0 0 0 0 0 6 USC Labattoir 0 0 0 0 0 7 ASJ Handréma 0 0 0 0 0 8 Olympique de Sada 0 0 0 0 0 9 Entente Miréréni / Tsingoni 0 0 0 0 0 10 EF le Daka 0 0 0 0 0 11 ASC Kawéni 0 0 0 0 0 12 FMJ Vahibé 0 0 0 0 0 Equipe Pts J G P Dif 1 AS Colas 0 0 0 0 0 2 AS Cuisibains 0 0 0 0 0 3 Mairie de Mamoudzou 0 0 0 0 0 4 Mayotte air service 0 0 0 0 0 5 Mlezi Maoré 0 0 0 0 0 6 AS Emca 0 0 0 0 0 7 Entente CPSM 0 0 0 0 0 8 OGC Tilt SOS 0 0 0 0 0 9 ASC Sodifram 0 0 0 0 0 10 AS Département 0 0 0 0 0 11 AS Police 0 0 0 0 0 12 ASC Tamandjema VC 0 0 0 0 0 27 • Mayotte Hebdo • N°1043 • 12/05/20 23

SPORT

Calendriers - classements - résultats

BASKET

76–84 Vautour club

78–67 Basket club

BASKET

Prénationale féminine

Fuz’Ellipse de Cavani 58–50 Basket club de

49–57 Fuz’Ellipse de

2022-2023 : Fuz’Ellipse de Cavani

Finales Match 1
Mtsapéré Match 2 : Basket
de Mtsapéré
Cavani
Equipe Pts J G P Dif 1 Basket club de Mtsapéré 27 14 13 1 +362 2 Fuz'Ellipse de Cavani 23 14 12 1 +585 3 Golden Force 22 14 8 6 +45 4 Magic Basket Passamaïnty 21 14 10 3 +262 5 Chicago club de Mamoudzou 19 14 5 9 +4 6 Partizan BCA 19 14 5 9 -288 7 Colorado Beetle Mtsahara 16 14 2 12 -459 8 Basket club Iloni 15 14 1 13 -491
:
club
Championnes
Prénationale masculine Finales Match 1 : Basket
Mtsapéré
de Labattoir Match 2 : Vautour
de Labattoir
de Mtsapéré Champions 2022-2023 : Vautour
de Labattoir Equipe Pts J G P Dif 1 Vautour club de Labattoir 34 18 16 2 +279 2 Étoile bleue de Kawéni 32 18 14 4 +297 3 Basket club de Mtsapéré 32 18 14 4 +198 4 Rapides Éclairs 29 18 11 7 +55 5 TCO Mamoudzou 28 18 10 8 +157 6 Gladiator de Doujani 26 18 8 10 -46 7 Fuz'Ellips de Cavani 24 18 8 10 -46 8 Colorado Beetle Mtsahara 22 18 4 14 -301 9 Basket club de Tsararano 17 18 3 15 -376 10 Jeunesse Canon 2000 16 18 2 14 -254 28 • Mayotte Hebdo • N°1043 • 12/05/20 23
club de
club
club

HANDBALL

Poule haute masculins

Acoua 31–31 AJH Tsimkoura HC Bandrélé 0–20 TCO Mamoudzou

Tchanga Handball 30–33 CH Combani

ASC Tsingoni 45–16 Bandraboua HC

Champions 2022-2023: ASC Tsingoni

HANDBALL

Poule relégation masculins

Bouéni 30–31 AJH Koungou

Hand 30–34 HC Kani Kéli

Labattoir 32–31 Sohoa Handball

Sada 35–29 AC Chiconi

HANDBALL

Prénationale féminine

0–20 AJH Tsimkoura

HC Kani Kéli 19–23 Haima Sada

Championnes 2022-2023: ASC Tsingoni

Dernière journée HC
Equipe Pts J G N P Dif 1 ASC Tsingoni 22 8 7 0 1 +123 2 CH Combani 22 8 7 0 1 +30 3 HC Acoua 19 8 5 1 2 +31 4 HC Bandrélé 17 8 5 0 3 +44 5 Tchanga Handball 16 8 4 0 4 +23 6 TCO Mamoudzou 13 8 3 0 5 -54 7 AJH Tsimkoura 9 8 0 1 7 -39 8 Bandraboua HC 8 8 0 0 8 -158
Dernière
PC
Alakarabu
Haima
Equipe Pts J G N P Dif 1 HC Labattoir 20 8 6 0 2 +34 2 PC Bouéni 20 8 6 0 2 +30 3 Haima Sada 18 8 4 2 2 +39 4 HC Kani Kéli 16 8 3 2 3 +4 5 Sohoa Handball 14 8 3 0 5 -11 6 AC Chiconi 14 8 3 0 5 -25 7 AJH Koungou 13 8 4 0 4 -51 8 Alakarabu Hand 10 8 1 0 7 -20
journée
HC
Dernière journée HC
HC
HC
HC
Select 976 20–0 Doujani
TCO Mamoudzou 23–42 ASC Tsingoni PC Bouéni 35–27 Moinatrindri HC
Passamaïnty – CH Combani
Bandrélé
Equipe Pts J G N P Dif 1 ASC Tsingoni 64 22 21 0 1 +355 2 HC Select 976 63 22 20 1 1 +323 3 CH Combani 55 21 17 0 4 +205 4 PC Bouéni 50 22 13 3 6 +37 5 Haima Sada 47 22 12 1 9 +40 6 HC Bandrélé 45 22 11 2 9 -27 7 AJH Tsimkoura 41 22 8 3 11 -72 8 HC Kani Kéli 40 22 8 2 12 -45 9 HC Passamaïnty 32 21 6 1 14 -104 10 Moinatrindri HC 29 22 4 1 17 -236 11 TCO Mamoudzou 25 22 3 0 19 -222 12 Doujani HC 22 22 1 0 21 -254 29 • Mayotte Hebdo • N°1043 • 12/05/20 23

MAGAZINE D’INFORMATION NUMÉRIQUE HEBDOMADAIRE

Edité par la SARL Somapresse au capital de 20 000 euros

7, rue Salamani

Cavani M’tsapéré

BP 60 - 97600 Mamoudzou

Tél. : 0269 61 20 04 redaction@somapresse.com

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Laurent Canavate canavate.laurent@somapresse.com

Directeur de la rédaction

Mohamed El Mounir dit “Soldat” 0639 69 13 38 soldat@mayottehebdo.com

Rédacteur en chef

Axel Nodinot

# 1043

Couverture :

Grand entretien

Mansour Kamardine

Journalistes

Axel Nodinot

Raïnat Aliloiffa

Alexis Duclos

Saïd Issouf

Lucas Philippe

Agnès Jouanique

Direction artistique

Franco di Sangro

Graphistes/Maquettistes

Olivier Baron, Franco di Sangro

Commerciaux

Cédric Denaud, Murielle Turlan

Comptabilité

Catherine Chiggiato comptabilite@somapresse.com

Première parution

Vendredi 31 mars 2000

ISSN : 1288 - 1716

RCS : n° 9757/2000

N° de Siret : 024 061 970 000 18

N°CPPAP : 0125 Y 95067

Site internet www.mayottehebdo.com

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