Mayotte Hebdo n°1038

Page 1

À la Banque des Territoires, nous avons une mission : aider les collectivités à réduire leur empreinte carbone et leur facture énergétique, en proposant des solutions pour la réhabilitation énergétique des bâtiments publics.

Que vous soyez élu ou entreprise publique locale, agissons ensemble pour le mieux-être et l’avenir des citoyens et de la planète.

BÂTIMENTS PUBLICS

DONNONS À LA RÉNOVATION ÉNERGÉTIQUE LA PLACE

QU’ELLE MÉRITE.

Découvrez nos solutions

L’intérêt général a choisi sa banque

@ B a n q u e D e s Te r r
banquedesterritoires.fr
-
iStock
DenBomaPorcorex

LE MOT DE LA RÉDACTION JAUNISSEMENT

Un peu après 8 heures, dans un restaurant de Mamoudzou. Le soleil tape déjà au-dehors, c’est pourquoi les employées se sont réfugiées à l’intérieur, sous la climatisation, pour confectionner les samossas de la journée. Quelques clients prennent le petit-déjeuner dans le calme, quand la porte s’ouvre avec fracas. Le propriétaire. Lançant d’abord des piques amicales à son équipe d’un ton quelque peu paternaliste, l’expression du patron se durcit, les rires jaunissent. Reçu par le préfet la veille, comme beaucoup d’autres entrepreneurs de Mayotte – et donc d’une résilience à dure épreuve –, le restaurateur a écouté le délégué du gouvernement lui dire que l’après-ramadan n’aurait rien d’une sinécure. Ce serait plutôt un enfer, sec et étouffant, qui nous attend après le mois sacré. Car oui, les deux coupures de 48 heures par semaine ont été confirmées, et promettent de chambouler un peu plus les vies déjà rudes des Mahoraises et des Mahorais. Comment les écoles pourraient-elles rester ouvertes sans eau ? Comment les chantiers continueraient-ils à tourner ? Il se murmure même que les mots « chômage » et « partiel » aient été prononcés, rappelant un souvenir du Covid-19 que personne ne souhaite réanimer. Que ce soit chez ce petit restaurateur, les entrepreneurs de l’île ou les élus, on sent poindre un certain désespoir qui fait froid dans le dos. Plus que la mauvaise gestion ou la lenteur de la réalisation des projets, la plus grande terreur pour le territoire ne serait-elle pas la foi ébranlée des forces vives locales ? S’il est certain que ces dernières se relèveront – encore – de ce coup au moral, le capital et l’énergie pour le faire ne sont pas illimités.

Bonne lecture à toutes et à tous.

3 • Mayotte Hebdo • N°1038 • 07/04/20 23
E T D E S S U P E R O F F R E S U N S U P E R S A M E D I C H A Q U E M O I S . D E S S U P E R C O U R S E S H I P P I Q U E S * Conditions du jeu disponibles sur www.jeusupersamedi.fr. ** Montant du supplément, paris et courses portés à la connaissance des parieurs. Le pari hippique comporte une part de hasard, le gain n’est donc pas garanti. PMU G.I.E. SIREN 775 671 258 RCS PARIS. Mayotte Hebdo • 1/2 Page Largeur FU • 190 x 130 mm • Visuel:VAGUE 3 • Parution=07/avr./2023 • Remise le=04/avr./2023 Phil - BAT LE SAMEDI 8 AVRIL
PARIS
AU PROGRAMME.**
SUPER LOTS À GAGNER EN SCANNANT CE QR CODE.*
10
BOOSTÉS
SUPER JEU CONCOURS DES

tchaks

Un concours d’écriture de scénario 50

Le pôle culturel de Chirongui organise son premier concours d’écriture de scénario, dans le cadre de la mission de sensibilisation à l’écriture scénaristique, un dispositif du Centre National du Cinéma et de l’Image Animée. Ce concours est gratuit est ouvert à tous à partir de 16 ans. La participation peut être individuelle ou collective (jusqu’à 4 personnes par groupe), et l’inscription est obligatoire avant le 15 avril 2023. Il faudra fournir un scénario se déroulant à Mayotte, un résumé de deux pages maximum, deux pages de dialogues, et une lettre de motivation. Le jury sera notamment composé de Manuel Schapira, réalisateur de Tropique de la violence. Les trois gagnants recevront des places de cinéma valables un an et, surtout, un suivi personnalisé d’un scénariste.

C’est le nombre de nominés aux 9èmes Trophées mahorais de l’entreprise, pour lesquels vous pourrez voter en ligne sur notre plateforme dès ce lundi 11 avril. La cérémonie aura lieu le 13 mai 2023, et récompensera les 10 lauréats dans les catégories jeune entreprise, entreprise dynamique, entreprise citoyenne, entreprise innovante, économie sociale et solidaire, organisme de formation, manager de l’année, femme entrepreneuse, bâtisseur de l’année, et handicap et inclusion. En outre, un 11ème trophée, le « prix spécial du jury », sera remis à une personnalité mahoraise pour l’ensemble de son œuvre.

Fin de la semaine des métiers du tourisme

Du 3 au 9 avril 2023 avait lieu la semaine des métiers du tourisme, organisée par les différents acteurs institutionnels de Mayotte. Après différentes portes ouvertes, immersions chez des professionnels du secteur, et un beau forum des métiers du tourisme organisé mardi dernier sur la place de la République de Mamoudzou, cet évènement referme ces portes ce week-end. Au programme, la découverte du métier de guide touristique avec la Communauté de Communes du Centre-Ouest (3CO), place Sicotram à Chiconi, samedi de 8 à 13 heures. Mais aussi les portes ouvertes du Jardin Maoré, à Ngouja, avec son hôtel, son restaurant et son centre de plongée, durant tout le week-end. C’est la première fois qu’une telle semaine est organisée sur tout le territoire national, dans le but de relancer le secteur touristique français, en berne après la crise sanitaire.

4 • Mayotte Hebdo • N°1038 • 07/04/20 23

7 100

C’est le nombre de plants qui ont été plantés depuis 2021 sur la presqu’île de Bouéni, suite à la mise en place d’un projet de restauration et de gestion de l’espace naturel sensible (ENS) départemental. Ce dernier est financé par l’Office français pour la biodiversité (OFB) via le Plan de Relance, et a permis aux Naturalistes de Mayotte de restaurer près de 4 hectares de friches et padza en réalisant notamment pas moins de 20 journées de chantiers de restauration écologique, en partenariat avec différentes structures : les Apprentis d’Auteuil, Nayma, les ambassadeurs de l’environnement de la CCSud, le Comité jeunes de Bouéni, le RSMA et également les bénévoles de l’association. Sur 7 100 plants, 2 600 sont indigènes et fruitiers. De plus, les Naturalistes ont fourni aux usagers locaux des arbres fruitiers.

C’est le cri d’alarme du syndicat Force ouvrière justice, à Mayotte. Les surveillants pénitentiaires déplorent le fait que la prison de Majicavo soit surpeuplée à un niveau exceptionnel. Le taux d’occupation de l’établissement surpasse désormais les 200%, avec une multiplication des matelas à même le sol. Les gardiens demandent donc plus d’effectifs, mais aussi et surtout la construction tant attendue d’une deuxième prison sur le territoire mahorais, promise par le ministre de la Justice lors de son passage à Mayotte, Éric Dupond-Moretti. Mais, même si ce projet venait à voir le jour, ce qui n’est pas gagné, les 300 à 400 places supplémentaires ne seraient même pas suffisantes pour héberger la population carcérale mahoraise, qui croît comme le reste de la population de l’île. Le proverbe

L’image de la semaine

Le festival Kayamba revient les 6 et 7 mai prochains à Musicale plage, et a annoncé sa setlist pour l’évènement.

Trop de ruse, des ennuis en perspective

« Ãkili nyengi mbeli shidza »
«
5 • Mayotte Hebdo • N°1038 • 07/04/20 23
En l’espace de sept mois, on est passés de 500 personnes détenues à 600 »

LU DANS LA PRESSE

Chaque semaine, découvrez le regard porté sur l’actualité locale à travers la presse nationale ou régionale

KADRI MOENDADZE, LE MIRACULÉ MAHORAIS

Le 31 mars 2023, par Alexandre Lacoste pour Be Basket.

Alors qu'il devrait revenir à la compétition dimanche contre l'ASVEL après six semaines d'indisponibilité, Kadri Moendadze reste un personnage à part dans le basket français, toujours le seul joueur originaire de Mayotte dans le circuit professionnel. L'occasion d'évoquer un parcours incroyable, de Mamoudzou à Roanne, et la situation d'une île sans grande perspective pour ses jeunes talents, si ce n'est le maigre espoir d'un miracle à la Moendadze.

Jean-Denys Choulet l’appelait de ses vœux depuis plusieurs semaines : Kadri Moendadze (1,91 m, 29 ans) devrait signer son retour dimanche à Villeurbanne, six semaines après s’être blessé à… l’Astroballe en Coupe de France. Victime d’une béquille sur un saut, il a vu se former un hématome de 27 centimètres sur sa cuisse. « Même le médecin était choqué », sourit le Roannais.« Ça m’a fait gonfler toute la jambe, je n’avais jamais vu ça. Il y avait du sang partout. Les docteurs me prédisaient plus de deux mois d’arrêt mais je suis content de revenir un peu avant. » Une excellente nouvelle pour JDC, pas toujours satisfait de l’apport de son banc, qui va pouvoir récupérer l’un des leaders de

sa second unit, exemplaire défensivement et capable d’être le facteur X offensivement grâce à sa faculté à shooter de loin sans trop se poser de questions. « Je suis très content de son apport », ne cesse de souligner le technicien double champion de France.

Avant de rejoindre l’infirmerie, Kadri Moendadze était en passe de réussir son pari. Celui de prouver qu’il pouvait être un vrai joueur de Betclic ÉLITE, qui plus est dans l’ombre envahissante de Ronald March. De plus en plus responsabilisé (17 minutes de jeu en moyenne depuis le 27 décembre 2022, contre 12 auparavant), l’ancien Aixois est

6 • Mayotte Hebdo • N°1038 • 07/04/20 23

celui qui cimente le collectif ligérien, tout en sortant de l’ombre de temps à autre (15 points, 6 rebonds et 3 passes décisives contre Nancy le 3 février). Rien que ce fait-là est déjà un véritable accomplissement lorsqu’on sait d’où il est parti. Ainsi, Kadri Moendadze reste à ce jour le premier et seul basketteur professionnel originaire de Mayotte. Le pionnier mahorais a pris le temps de nous retracer son destin unique.

Sorti de Mayotte par hasard : « J’ai juste eu plus de chance »

« Je suis né à Mamoudzou et j’ai grandi là-bas jusqu’à mes 15 ans. C’était une jeunesse tranquille. On ne se souciait de rien, si ce n’est d’aller au collège. C’était vraiment une vie lambda. Je suis le septième d’une fratrie de huit, quatre frères et quatre sœurs. Je suis le seul sportif maintenant, j’ai un grand frère dans la politique ou une sœur puéricultrice à l’hôpital de Mamoudzou par exemple. Mon père a joué au foot en revanche, il a même été président du club de Mamoudzou. Je me suis mis au basket quand j’avais 6 ans, pour suivre l’exemple de mon grand frère. J’en faisais juste pour m’amuser, avec mes amis. J’ai joué au foot en même temps mais c’était plus facile pour moi d’aller sur un terrain de basket accompagné de mon frère que tout seul au foot.

En venant de Mayotte, personne ne jouait au basket pour autre chose que se faire plaisir. Je n’ai joué que dans un seul club, le BCM, le Basket Club de M’tsapéré. J’ai fait une seule saison avec les seniors, en 2009/10. On a remporté la Coupe de Mayotte, ce qui est un énorme évènement sur l’île. Il y a quelques jours (entretien réalisé fin novembre, ndlr), c’était la finale d’ailleurs. J’ai mis mon réveil pour regarder le match, je ne voulais pas rater une seule seconde (il rit). Ça m’a rappelé des souvenirs d’il y a plus de dix ans. La salle est toujours pleine, il y a une très bonne ambiance. À Mayotte, j’étais un bon joueur, oui, mais pas plus fort que les autres. Je me rappelle de deux – trois autres qui avaient mon niveau mais qui n’ont jamais réussi à partir. Mon grand frère était bon aussi mais il n’a pas eu cette opportunité. Même dans la génération suivante, certains n’ont pas réussi à quitter Mayotte. Je n’étais pas au-dessus des autres, j’ai juste eu plus de chance.

Cette fameuse chance, c’était pendant l’été 2010, le gros tournant de ma vie. Je venais de finir la troisième, je ne savais même pas ce que je voulais prendre comme filière au lycée (il sourit). Cet été-là, il y a eu beaucoup de changements qui m’ont pris par surprise, je n’étais absolument pas préparé à tout ça. Je me suis retrouvé en sélection de la Réunion. Ce n’est pas quelque chose qui se fait habituellement pour les Mahorais mais exceptionnellement, cette année-là, le CTR a voulu en intégrer deux. C’était la première fois de l’histoire, et la dernière aussi malheureusement… Un coach mahorais est aussi parti avec nous : il m’avait dit que ceux qui seraient bons pourraient éventuellement rester en France dans des centres de formation mais je ne l’avais même pas écouté ! La seule chose qui avait fait tilt chez moi, c’est que j’allais partir en France en vacances (il rit). C’était vraiment la seule chose dans ma tête : j’allais

prendre l’avion, j’allais dix jours en France. Pour moi, ça suffisait. Je n’avais aucune idée de ce qu’était un centre de formation. Je suis parti juste pour voyager. Tout ce que j’avais vu avant, c’était les Comores, donc un petit vol régional. C’était quelque chose pour moi ! »

« On est parti pour le tournoi de Montaigu. Vraiment, c’était des vacances pour moi ! D’un point de vue sportif, je ne m’attendais pas du tout à être un joueur majeur de l’équipe : j’étais le petit nouveau du groupe mais on m’a bien intégré. Et à ma grande surprise, j’ai fait de très bonnes choses. C’est là où Cholet Basket a de suite contacté mes responsables : dans la foulée, on est venu me dire que Cholet me voulait en centre de formation et que si je répondais oui, je ne rentrais pas chez moi. Là, c’était vraiment le choc : comment ça je ne rentre pas chez moi ? Je n’ai même pas répondu. C’est mon coach de Mayotte qui l’a fait pour moi : « Tu vas rester ici, Cholet est le meilleur centre de formation. » Moi, je faisais des grands yeux, je ne savais même pas si je devais dire oui ou non. Je n’avais aucune idée dans quoi je m’embarquais. J’ai eu ma mère au téléphone, elle non plus ne savait pas ce que c’était. Elle m’a juste dit : « Ben non, il faut que tu reviennes ici pour aller à l’école, tu ne vas pas faire que du basket. » Ce qui l’a rassuré, c’est quand on lui a expliqué qu’il y avait une certaine rigueur à l’école pour pouvoir rester en centre de formation. J’ai dit oui et je suis resté.

L’arrivée à Cholet, c’était un déracinement total. Je n’étais pas prêt du tout, j’y repense presque tous les jours. J’avais une petite valise où il n’y avait rien dedans : quelques t-shirts, deux – trois caleçons et c’est tout. J’avais des affaires pour 10 jours d’été et 60€ d’argent de poche. Alors comment ai-je fait ? J’ai eu de la chance, on m’a très bien accueilli au centre, beaucoup de joueurs m’ont aidé : Bruno Cingala-Mata, Ibrahima Diagne aussi, beaucoup de gens du centre qui m’ont donné des affaires. Le club m’a filé quelques vêtements aussi, m’a donné tout ce qu’il fallait. Le plus dur à vivre, c’est que je n’avais pas dit au revoir à mes parents. Le jour du départ de l’avion, ma mère m’avait laissé de l’argent de poche sur la table car elle était déjà partie au travail. Je n’avais même pas pu la voir. J’étais tout content de partir et dix jours, ce n’était pas grand chose : je n’allais quand même pas lui dire au revoir, je la voyais tous les jours… Mais à Cholet, quand j’étais seul dans ma chambre, je me demandais ce que je faisais ici. J’étais loin de tout, j’étais très timide comme garçon donc je ne connaissais personne. Le soir, ça m’est arrivé très, très souvent d’être en pleurs dans ma chambre. Et ça, jusqu’à aujourd’hui, même ma famille ne le sait pas… Parce que je suis quelqu’un de très pudique. Je n’ai jamais montré à mes parents que j’avais besoin de quelque chose, jamais osé demander un euro. Au centre, on me donnait tout, je mangeais à ma faim, etc. Mais quand il fallait 5€ pour aller manger un kebab avec les amis par exemple, je n’avais pas. Alors je leur disais que j’étais fatigué et je n’y allais pas. Les gens ne le voyaient

7 • Mayotte Hebdo • N°1038 • 07/04/20 23
De Mamoudzou à Cholet, le déracinement : « Je n’ai pas dit au revoir à mes parents, ça m’arrivait souvent d’être en pleurs dans ma chambre »

LU DANS LA PRESSE

pas mais avec le recul, je peux aujourd’hui dire que ce n’était pas une période facile.

Tout était un énorme changement pour moi à Cholet : le choc de la météo avec un hiver très neigeux, l’entrée au lycée où j’ai presque dû choisir une filière au hasard, etc. Et tout le monde me semblait tellement plus âgés au centre. À Mayotte, j’ai toujours eu l’habitude d’être le grand dadais du groupe. Et là, je tombe à Cholet Basket où je suis limite le plus fin, le plus petit. Au début, je pensais qu’on m’avait mis avec les pros (il rit). J’ai mis du temps à comprendre que c’était des gars de mon âge. Je me rappelle de la première fois où j’ai vu Rudy Gobert, c’était impressionnant. Sportivement, je me suis accroché. Moimême, je n’avais jamais aucun jugement sur moi-même, aucun objectif personnel. Jamais je me suis dit que je devais réussir. Même quand j’ai eu accès aux pros, je n’y croyais pas. Je me voyais loin de ce niveau-là. C’est arrivé tellement vite, je n’ai jamais pensé que je pourrais y arriver. Ne pas me prendre la tête avec ça, je pense que ça m’a beaucoup aidé. Même s’il y a eu des moments où c’était très dur, j’ai profité du voyage ! Mais je dois quand

même dire une chose : les réseaux sociaux, heureusement qu’ils sont là des fois car il n’y avait qu’avec ça que je me remontais le moral. Les gens de Mayotte étaient fiers de ce que je faisais, m’envoyaient des messages : ça me réconfortait et me motivait car c’est là où je me suis rendu compte que j’étais le seul à avoir eu cette chance de partir.

Cholet, j’ai tout fait là-bas, tout appris. Je n’oublierai jamais. En 2012, j’ai été élu MVP de la finale de la Coupe de France cadets 2012. Juste après ça, j’ai été invité en équipe de France U18. C’était une belle surprise et ça reste l’un de mes meilleurs souvenirs. Le maillot bleu, quand je le regarde aujourd’hui, il vaut de l’or à mes yeux. C’est quelque chose que je n’aurais jamais pensé faire (il sourit). Ma famille était très fière de ce que j’accomplissais. Mon père, qui est aussi renfermé que moi, m’appelait au téléphone avec une voix… Je pouvais ressentir son émotion. Ils ne m’avaient encore jamais vu jouer en vrai et d’ailleurs, ils ont dû attendre longtemps, puisque la première fois c’était à Orléans. Je les ai pris deux mois chez moi. Je les amenais à tous mes matchs, à chaque

8 • Mayotte Hebdo • N°1038 • 07/04/20 23

week-end. J’ai vu comment ils ont changé envers moi, c’est là où j’ai remarqué qu’ils étaient grave fiers de moi, ça m’a beaucoup touché. »

273 matchs LNB, une vraie carrière professionnelle : « Revenir en Betclic ÉLITE avec Roanne, un challenge personnel »

« J’ai été lancé en pro à Cholet. Je pense que j’aurais encore plus pu montrer là-bas mais on m’a conseillé de partir pour avoir plus de temps de jeu. Alors j’ai d’abord signé trois ans à Boulogne-sur-Mer, pour ce qui reste l’une de mes meilleures saisons individuelles en Pro B, malheureusement avec une descente au bout. Je n’ai donc pas voulu honorer mon contrat, j’ai tout fait pour rester en Pro B et Germain Castano, mon premier coach au SOMB, m’a envoyé un message pour que je le suive. Je l’ai fait les yeux fermés, sans même savoir où j’allais. C’était à Orléans du coup. C’est là où j’ai vraiment commencé à démontrer ce que je savais faire. L’OLB, ça reste notamment notre montée en 2019, où l’on avait une très belle équipe. Ces deux dernières saisons, j’étais à Aix-Maurienne et franchement, cela partie des plus belles années de ma carrière. Sportivement et humainement, j’ai adoré. J’ai pris du temps avant de me décider à partir, j’avais tout ce qu’il me fallait à Aix : j’étais heureux et c’est tout ce que je cherche aujourd’hui. J’avais promis au coach Emmanuel Schmitt que je n’irais nulle part ailleurs en Pro B. Mais j’ai reçu une offre très tôt de Betclic ÉLITE. J’avais envie de tenter l’aventure : à 28 ans, c’est peut-être la dernière fois.

Avant d’arriver à Roanne, j’étais persuadé que je pouvais jouer à ce niveau. J’y avais goûté récemment à Orléans, en 2019/20, mais c’était une situation un peu particulière, je n’étais pas spécialement dans les plans du coach. J’avais envie de montrer ma valeur et c’était aussi un challenge un peu personnel, me prouver à moi-même que j’avais raison. Mais je n’ai pas de pression car j’ai vécu des belles années en Pro B et si je n’y arrive pas, j’y retournerais sans problème. Mais j’étais convaincu que je pouvais montrer d’aussi belles choses qu’en Pro B si l’on me donnait ma chance. Avec mon jeu, je ne trouve pas la difficulté beaucoup plus haute en Betclic ÉLITE : je suis quelqu’un qui joue assez simple, qui n’a pas besoin d’avoir beaucoup la balle en main. Si j’arrive à avoir une bonne lecture, à mettre mes 2-3 premiers shoots, je sais que je peux être un très bon joueur. Avant ma blessure, c’était très bien. J’avais la confiance du coach et je m’épanouissais de plus en plus. J’étais très content et très fier de moi sur les derniers matchs. Je ne suis pas surpris car je savais que je pouvais le faire. J’ai été freiné, je vais tout faire pour retrouver ce niveau et continuer à avancer. »

« Mayotte reste une île assez méconnue. Les gens me demandent souvent où c’est. Ça fait partie de l’archipel des Comores et on n’imagine pas comment c’est petit avec seulement 375 km2. Il y a beaucoup de belles choses à voir, c’est une île paradisiaque pour moi. Si tu aimes la nature, tu es servi : on a l’un des plus beaux lagons du monde par exemple. Pour ça, c’est magique. Mais il y a énormément de problèmes politiques avec les Comores, on parle beaucoup d’immigration là-bas et de la population sans papier. Mayotte, ce n’est pas trop la joie depuis quelques années, c’est compliqué. Il y a pas mal de délinquance, avec certains jeunes qui font leur loi malheureusement. Quand on parle de Mayotte, on ne parle que de ça. Des jeunes sont dehors tout seuls et c’est ce qui entraîne la pauvreté et la délinquance.

Que je sois le seul basketteur professionnel originaire de Mayotte, c’est une grande anomalie. Il y a trop de talents à Mayotte pour que ce soit la normalité. Athlétiquement, il y a des joueurs qui me surpassent de très, très loin. Il y a des joueurs talentueux qui sont bloqués là-bas car on n’a pas d’exposition. Il y a beaucoup de potentiel mais on n’a pas la même visibilité que les Antilles par exemple, c’est la seule différence. La tournée GuyMarGua (Guyane – Martinique – Guadeloupe) existe depuis des années mais il n’y a pas grand chose côté Océan Indien. J’espère qu’on pourra changer ça dans le futur. Pour cela, j’essaye notamment de travailler sur des camps de basket, où l’on ferait venir des coachs chaque année. Il faut juste le mettre sur pied et ce n’est pas facile quand on n’est pas sur place. Aujourd’hui, je pense que je suis le sportif mahorais le plus reconnu, derrière l’ex-footballeur Toifilou Maoulida. C’est mon devoir de changer cette situation et ça me tient à cœur. J’y réfléchis tous les jours. Mais c’est aussi à la fédération de mettre plus de moyens dans le sport là-bas, faire évoluer les infrastructures, organiser des grands évènements et faire venir des personnes emblématiques comme ça a été le cas avec Florent Piétrus qui est venu assister à la finale de la Coupe. C’était déjà un très bon pas je trouve.

Dans ce cadre, je suis conscient que je suis un très, très grand miraculé. Je ne sais pas comment j’ai pu avoir cette chance là. Je suis vraiment le seul de l’histoire, ça ne s’est jamais reproduit. Je n’ai jamais eu d’aide, ni quoi que ce soit venait de Mayotte. C’est vraiment la chance, et ensuite la résilience car ce n’était pas facile de s’accrocher. Il y a beaucoup de moments où je me suis dit : « Purée, j’ai envie de rentrer chez moi, d’être au chaud avec mes parents ». Alors quand je repense à tout ça, je me dis que je suis content d’avoir fait tout ce chemin. Je profite du voyage, sans connaître la destination. Mais je me fais plaisir et on verra jusqu’où ça ira. »

9 • Mayotte Hebdo • N°1038 • 07/04/20 23
Mayotte, terre en friche :
«
Que je sois le seul basketteur professionnel, c’est une grande anomalie »

DOSSIER

Grand entretien

Ambdilwahedou

Le Haussmann de Mamoudzou

AVEC 92 000 ADMINISTRÉS ENREGISTRÉS AU 1ER JANVIER 2023,

MAMOUDZOU CONCENTRE PRESQUE UN TIERS DE LA POPULATION MAHORAISE, ET LA GRANDE MAJORITÉ DES TRAVAILLEURS DE L’ÎLE. LES CHANTIERS Y SONT DONC NOMBREUX, EN TÉMOIGNENT LES PROJETS DU FRONT DE MER, DU PÔLE D’ÉCHANGES MULTIMODAL, OU DE LA RÉNOVATION URBAINE DE KAWÉNI. SANS RÉPIT, AMBDILWAHEDOU SOUMAÏLA JONGLE ENTRE MANQUE DE FONCIER, DÉLINQUANCE, HABITAT ILLÉGAL, MANQUE D’EAU ET EMBOUTEILLAGES POUR

ESSAYER DE NOURRIR SON AMBITION : CONSTRUIRE UNE MAMOUDZOU INTERNATIONALE, ERGONOMIQUE ET VECTRICE DE VIVRE-ENSEMBLE.

10 • Mayotte Hebdo • N°1038 • 07/04/20 23
Propos recueillis par Axel Nodinot

Ambdilwahedou Soumaïla

11 • Mayotte Hebdo • N°1038 • 07/04/20 23

Mayotte Hebdo : Vous étiez à Singapour il y a quelques mois, pour échanger avec certains des dirigeants. Un petit territoire, qui a su gérer sa zone pour devenir une place forte du commerce mondial, ça vous a donné des idées ?

Ambdilwahedou Soumaïla : Bien sûr ! Singapour, c'est deux fois Mayotte en termes de superficie, et je pense que c'est un vrai laboratoire pour des territoires d'avenir comme Mayotte, où on va dire que tout est à faire, et singulièrement Mamoudzou, qui doit donner le tempo en termes de développement du territoire. Là-bas, on a croisé des membres du gouvernement, des architectes, des concepteurs de « villages du futur ». Parce qu’au-delà de ce qui a déjà été fait, ils sont en train d'imaginer l'avenir en tenant compte des dérèglements climatiques, de la montée des eaux. Ils réfléchissent déjà à la sécurisation de ce qui a été fait et à la ville du futur, donc c'est très inspirant. Nous leur avons même demandé de faire un forum ici, avec nos techniciens, pour qu'on puisse avoir des échanges avec nos services de de la ville, qui seront amenés aussi à faire de vrais beaux projets.

Le partage d’expérience, c'est toujours un plus. Et peut-être que demain, dans le cadre de l'avenir du territoire, cela permettra à des jeunes mahorais d'y aller, de faire un stage d'immersion là-bas, et même à nos agents, nos ingénieurs. On doit s'inspirer de ce qui

a marché chez les autres. Donc une belle expérience, qui nous permettra de mener nos projets ici, et faire de Mamoudzou une vraie ville, une capitale de demain. En tout cas, c'est l'ambition que nous posons ici.

M.H. : Parmi ces projets, il y a le front de mer de Mamoudzou, un dossier que vous avez récemment récupéré des mains du Conseil départemental. Un transfert important pour vous ?

A.S. : Nous pensons que notre nouvelle façon de travailler doit se faire avec les autres, dans une sorte de gouvernance partagée. Je pense que c'est vraiment important. Le front de mer, on en parle depuis les années 19701980. Il y a eu quelques évolutions qui ont été réalisées, il suffit juste de regarder les photos d’époque. Après, il faut aller encore plus loin, mais aller plus loin avec les autres. C'est dans ce sens que nous nous sommes alliés avec le Département, qui est globalement propriétaire des lieux, avec la Cadema à travers son projet de Caribus, avec la CCI, qui gère toute la partie économique, le ponton, avec la SIM, qui est quand même un des propriétaires immobiliers de l’espace, et les autres entreprises installées dans le centreville, pour que nous puissions réfléchir à la vision du centre-ville de demain. Il faut que tout le monde soit partie prenante, mais il fallait quand même qu'il y ait un animateur principal, d'où le choix que nous avons

12 • Mayotte Hebdo • N°1038 • 07/04/20 23
DOSSIER Axel Nodinot
13 • Mayotte Hebdo • N°1038 • 07/04/20 23
« COLLECTIVEMENT, NOUS SOMMES RESPONSABLES DE CE QUI SE PASSE ICI »

DOSSIER

collectivement fait de confier l'animation à la ville. Et je remercie le Département et les partenaires avec qui nous avons signé la convention, ce qui nous permet aujourd'hui de pouvoir lancer la dynamique sur cet espace. Faire avec les autres, en bonne intelligence, permettra d'aller vite. Je pense que chacun avait toujours voulu faire les choses tout seul, ce qui fait que quelques années plus tard, on a toujours un front de mer qui ne bouge pas nécessairement.

M.H. : Au niveau de l'avancement des travaux, ils sont toujours prévus pour 2025 ?

A.S. : Nous sommes en train de consulter ce qu'on appelle un programmiste. D’ici miavril, nous aurons retenu le cabinet qui va mettre en harmonie tous les projets, qu’ils soient portés par le Département, la Cadema, la CCI, la SIM ou nous-mêmes. Il faut qu'il y ait une coordination de l'ensemble de ces structures et de ces projets à venir, d'où l'idée de prendre un programmiste qui mettra tout le monde autour de la table. Il aura jusqu’à fin juin pour nous remettre ses offres et la notification, qui interviendra à la mi-juillet. La fin des études de programmation, donc le programme de manière globale, est prévue pour mai 2024. Puis, nous espérons lancer la première tranche des travaux au premier semestre 2025, jusqu'en fin d’année 2027, début d’année 2028.

M.H. : Le budget est toujours fixé à 3,5 millions d’euros pour le port de plaisance de Mahabou et le remblai ?

A.S. : Le programmiste et les offres qui nous seront rendues nous permettront d'avoir un budget un peu plus détaillé, chacun avec ses projets. Les études nous permettront d’y voir un peu plus clair et d’avoir un prévisionnel d’ici 2024, sur le pôle d'échange multimodal et tous les aménagements et structures qui seront réalisées par le Département, et tout le mobilier et les aménagements qui seront posés par la ville.

M.H. : Vous évoquez justement le pôle d’échanges multimodal (PEM) qui doit redessiner la face de Mamoudzou. Il n’y a pas de changements par rapport aux prévisions ?

A.S. : Depuis le dernier projet que le Département nous a présenté, on ne nous a pas dit qu'il y avait une modification. Quelques changements à la marge mais globalement, le projet sera le même.

[Photo 7]

M.H. : Parmi les grands projets de la commune, on compte aussi le nouveau plan de rénovation urbaine (NPRU) de Kawéni. Où en est-on ?

A.S. : On est sur 150 millions d'euros, avec une quarantaine d'opérations dont la première phase qui a déjà été réalisée et

14 • Mayotte Hebdo • N°1038 • 07/04/20 23
« QUAND ON CRÉE LES CONDITIONS, ON IMPULSE LA DYNAMIQUE »

a coûté 3,5 millions d’euros, sur ce qu’on appelle le quartier SPPM. Elle a permis de faire des espaces publics, tout ce qui est réseau, des aménagements sportifs qui ont été inaugurés en 2022. Maintenant, nous avons lancé les études de maîtrise d'œuvre, donc tout ce qui est permis d'aménager, pour les travaux de la zone scolaire. Le Département et le SMIAM de l'époque nous ont cédé officiellement les terrains, parce qu'il fallait que la ville soit propriétaire pour démarcher un certain nombre de fonds, et notamment les fonds européens. Nous avons donc signé, l’année dernière, la convention de réception avec le SMIAM actuel, ce qui nous permettra demain

de lancer les chantiers selon le calendrier qui nous a été proposé. En juin 2023, il y aura les travaux de réalisation des stades provisoires à Disma. Dans le NPRU, nous avons le deuxième grand stade municipal – après celui de Tsoundzou 1, déjà en travaux et dont nous espérons qu’il sera livré l’année prochaine – prévu à Kawéni. L'idée, c'est de faire un stade provisoire en contrebas de Disma, où nous avons déjà commencé l'enlèvement de toutes les carcasses. Cela permettra aux clubs de Kawéni de pouvoir aller s'entraîner tout en commençant les travaux de l’autre côté. En 2025, nous aurons fait

15 • Mayotte Hebdo • N°1038 • 07/04/20 23

DOSSIER

les travaux de création de parcs et routes, des réseaux, des terrains multisports et des pistes d'athlétisme sur la zone scolaire dont je parlais tout à l'heure, pour 23 millions d’euros. Les chantiers de cette deuxième phase vont commencer le 25 mai, où nous planterons un arbre pour l’occasion. Début 2024, ce seront les travaux de création d'espaces rencontre autour de certaines mosquées du village. Là, ce seront plutôt des îlots de fraîcheur. La construction d'une maison de sport, ce sera début 2024, fin 2025. Nous commencerons les travaux cette du deuxième stade, cette fois-ci définitif, à la mimai 2024, donc les travaux de transformation des stades actuels en un stade homologué de catégorie 3 pour pouvoir accueillir jusqu'au 16ème de finale de la Coupe de France. Enfin, début 2024, les travaux de réfection de la maison de projet de Kawéni. En gros, nous allons, à partir de cette année jusqu'en 2025, 2026, voire 2027, être en plein chantier pour la transformation de Kawéni.

M.H. : Tout cela va impacter la circulation, qui est déjà difficile sur les routes de la commune.

A.S. : Forcément. C’est pourquoi nous menons, avec le DGS et les services de l’ANRU, une réflexion qui va mobiliser les entreprises installées à Kawéni pour qu'il y ait une coordination. C'est l'expérience que nous avons tiré des premiers travaux de la phase 1, où nous avons manqué un peu de ça. Donc mettre autour de la table ces structures, réfléchir ensemble, voir les impacts, parce qu'il n’y a pas que nous. Dans le cadre de ces travaux, il y aura la ville, mais aussi la Cadema qui va passer par là, le rectorat, avec tous ses projets de réfectoire, de gymnase et d’internat. Tous ces travaux vont quasiment commencer au même moment et il va falloir qu'on coordonne tout ça pour minimiser leurs impacts, et voir ce qu'on peut faire de nuit.

Sur le Caribus, qui n’était pas prévu au départ, on a pu négocier avec la Cadema pour que les travaux se fassent de nuit, parce

16 • Mayotte Hebdo • N°1038 • 07/04/20 23
« IL NE FAUT PAS TRAVAILLER À MAMOUDZOU, IL FAUT VIVRE MAMOUDZOU »

que dans la journée, les entreprises commençaient à beaucoup souffrir. Les réunions de coordination de qui vont se faire dans les semaines, dans les mois à venir permettront d’informer tout le monde, c'est le plus important. On ne pourra pas éviter les impacts négatifs, mais les amoindrir.

M.H. : Justement, pour lutter contre les embouteillages, vous avez essayé de mettre en place la circulation alternée à Mamoudzou. Comment expliquez-vous la réaction épidermique que cette mesure a suscitée ?

A.S. : Je pense déjà que tout ce qui est nouveau fait souvent peur. S’il n’y avait pas ces réactions, on ne serait pas en France parce que c'est ça la France, c'est beaucoup de contradictions : souvent les gens aiment le changement, mais il ne faut pas que ça les touche. Mais bon, ainsi va la vie. En réalité, nous avons tenté d'anticiper ce qui allait arriver. Nous nous sommes demandé comment faire pour qu'il n’y ait pas plus de

bouchons que ce que nous connaissons déjà. L’idée était de préparer les gens à ce changement pour qu’ils se disent « Bon, je ne viendrai pas tous les jours à Mamoudzou avec ma voiture ». Les inviter à faire du covoiturage, inviter les entreprises à faire comme le CHM, qui a pris des bus pour ramasser ses agents au nord et au sud, ce qui fait plus d’une quinzaine de véhicules en moins sur les deux routes nationales qui mènent à Mamoudzou. Bon, ça n'a pas pu se faire. C'est une expérimentation qui n'allait durer que trois mois, mais en réalité, elle devait préparer les gens à changer de modèle. Le lundi, tous les véhicules pairs pouvaient entrer dans Mamoudzou, le mardi, tous les véhicules impairs. Maintenant, le juge a estimé que nous n’avions pas proposé d'alternatives, mais nous avons tout de suite vu que les gens auraient pu adopter ce fonctionnement. Il aurait fallu nous laisser faire, mais nous nous sommes rangés derrière la décision de justice parce qu'on est quand même respectueux de la République et des décisions de justice. Je sais que beaucoup de personnes demandent

17 • Mayotte Hebdo • N°1038 • 07/04/20 23

DOSSIER

aujourd'hui de remettre en place l'arrêté. Ce n’est pas nécessairement d'actualité, parce que l'alternative existe avec les navettes de la Cadema. J'ai également rencontré des porteurs de projets, que ce soit scooters ou vélos électriques, pour lesquels nous sommes en train de faciliter l'installation, pour qu’il y ait plus d'alternatives aux véhicules individuels.

M.H. : Enfin, un autre grand projet est attendu par le monde de la culture. Il s’agit du Palais des congrès, qui doit prendre place sur le terre-plein de Mtsapéré. Pourrons-nous le voir en construction dans les années à venir ?

A.S. : Au-delà même du palais, c'est tout le front de mer de Mtsapéré qui est un vrai sujet. Nous sommes aussi en phase de recrutement d'un cabinet pour nous permettre de revoir tout le programme prévu sur le remblai, avec ce projet phare, qui est le palais. L'idée, c'est aussi de proposer de grandes manifestations dans un espace fermé, puisqu’à l’air libre, l’organisation

en termes de logistique et de sécurité est parfois assez délicate. Ce grand palais permettra d'accueillir les grands événements territoriaux, mais aussi régionaux et internationaux. Le programmiste nous permettra d’aménager tout ce front de mer, qui doit à la fois accueillir ce grand équipement, mais aussi des logements et des commerces. Nous essayons de réfléchir de manière globale, puisqu’il y aura des espaces pour les porteurs de projets, notamment pour tout ce qui est commerce.

M.H. : Un calendrier est-il prévu ?

A.S. : La fin des études est pour novembre 2023, la maîtrise d'œuvre et des travaux préparatoires entre 2024 et 2027, donc tous les travaux préparatoires liés au remblai. Pour ce qui est de la date prévisionnelle de démarrage des travaux pour le palais, c'est fin 2025 - début 2026. Mais on prévoit, pour tout ce qui est aménagement du front de mer, la fin des travaux de viabilisation autour de l'année 2032.

18 • Mayotte Hebdo • N°1038 • 07/04/20 23

M.H. : Et quel budget ce projet nécessite-t-il ?

A.S. : La maîtrise d'œuvre, les études et les travaux préparatoires, tout cela sera aux alentours de 13 millions d’euros.

M.H. : Pour mener à bien les projets de la ville, il faut du foncier. Vous avez tenu à organiser les assises de la reconquête foncière il y a quelques semaines, en êtes-vous satisfait ?

A.S. : D'abord, je pense que le premier motif de satisfaction, c'est que les gens se sont mobilisés. C'est ce que nous disions au sujet de la gouvernance partagée. Sur des sujets aussi importants que le foncier, tout le monde, les services de l'État, les collectivités et les autres partenaires, s’est mobilisé pour coorganiser ou être partenaire, c'était déjà la première victoire. En janvier, lors de la randonnée du grand Majimbini, on s'est aperçu que les bidonvilles étaient en train de gagner du terrain sur les hauts, et le vrai problème est que nous ne le voyons pas. C’est après cette balade que nous nous sommes dit : « il faut très vite qu'on agisse, sinon c'est tout le territoire qui va partir, qui va être inondé de bidonvilles ». Et nous avons organisé ces assises début mars, c'est donc toute une prouesse organisationnelle. Matin, après-midi, tout le monde est resté, on a bien débattu, les ateliers étaient pleins, le live Facebook a réuni jusqu'à 10 000 personnes… C’est un motif de satisfaction important. Maintenant, nous attendons les conclusions de tout ce qui a été dit. Nous nous retrouverons entre organisateurs et partenaires pour valider tous ensemble le plan d'action, avec la mise en place d'un comité de suivi ou un calendrier qui sera posé pour nous permettre à chacun, à son niveau de responsabilité, de savoir ce qu'on doit faire. Cela doit nous permettre de régulariser plus vite, d'accélérer pour reconquérir le foncier et pouvoir l'aménager, parce que reconquérir c'est une chose,

l'aménager en est une autre, le faire avec l’EPFAM, pour le mettre à disposition des entreprises.

M.H. : La solution majeure, pour remettre la main sur ce foncier, est la lutte contre l’habitat illégal, qui est l’un de vos chevaux de bataille. Comment faire pour accélérer sur ce terrain ?

A.S. : On est obligé de passer par là, d'où l'atelier consacré à la récupération du foncier et au relogement des gens qui sont en droit de l’être. Et surtout de faire en sorte que ça ne s'accélère pas et que ça ne gagne pas du terrain, il faut à un moment donné que nous y arrivions, avec la police intercommunale ou l'urbanisme. Le souci, ce sont les bidonvilles, parce que si on récupère une partie ici, mais qu’ils s’étendent là-bas, on n’y arrivera pas. Nous allons donc réfléchir, regarder tout ce qui a été proposé, mettre en place les outils et les moyens techniques et humains nécessaires pour arrêter la progression de ces bidonvilles dans notre territoire. C'est majeur, parce que si on ne fait pas ça, c'est tout le territoire qui sera perdu, mais c’est aussi l'écosystème qui sera détruit. Quand on déconstruit, quand on coupe les arbres, quand on s'installe à même les lits de rivières, quand on détourne leur eau pour la mettre dans des petits bassins de manière anarchique, ça perturbe tout le cycle naturel de l’île.

M.H. : Et pourtant, les bidonvilles grandissent avec les années, à tel point que la tâche paraît impossible…

A.S. : Ça va sûrement être compliqué, mais il faut commencer. Ici à Mayotte, on a souvent tendance à laisser les choses se dégrader. Donc, collectivement, nous sommes responsables de ce qui se passe ici. Quand les choses commencent à se dégrader, on ne prend pas la mesure tout de suite, on laisse. Et quand le mal devient trop profond, c'est là qu’on essaie de se réveiller. La lutte contre l'insécurité, contre la bidonvilisation, ça prendra

19 • Mayotte Hebdo • N°1038 • 07/04/20 23

DOSSIER

du temps, et c’est ce que j'ai expliqué la dernière fois de manière très transparente. Il y a des choses qu'on pourra faire tout de suite, d’autres qui prendront du temps, ça ne se fera pas de manière magique, ça prendra 10 ans, ça prendra 15 ans, mais il faut commencer, et les assises étaient un bon point de départ.

M.H. : Pour lutter contre l’habitat illégal et la délinquance, il y a aussi l’opération Wuambushu, prévue en avril. Qu’en attendez-vous ?

A.S. : Je ne connais pas tous les contours de cette opération, mais les Mahoraises et les Mahorais, à travers leurs élus, étaient partis à Paris pour demander que l'État puisse jouer pleinement son rôle ici, notamment sur la partie sécuritaire, au-delà des autres sujets, un rattrapage social, les minima sociaux… Je ne vois pas pourquoi Mayotte ne devrait subir que les devoirs. On a aussi des droits, qui ne doivent pas être le quart ou la moitié de ce qui se fait ailleurs, ça n’est pas normal. Nous étions partis parce qu’il y a un vrai problème de droit profond, de liberté, parce que la première des libertés est la sécurité, ici. Les Mahorais, aujourd'hui, ne sont pas en sécurité. Dire ça, c'est ne rien dire, mais les bidonvilles font partie de ce qui cause l'insécurité, ne serait-ce que pour les personnes qui y habitent. Dans les hauteurs, il suffit qu’un cyclone passe pour avoir des morts en masse.

C'est à partir de tout cela que nous avons demandé à ce que l'État, comme je le disais,

reprenne ses droits ici. Et cette opération fait partie, en plus de l'installation du RAID sur le territoire, d’une première réponse qui nous a été apportée. Maintenant, une opération de destruction massive, c'est une demande que nous avons fait et que nous faisons, en plus d’autres réponses, immédiates et massives, afin de récupérer le territoire. Mais je n’ai que les contours globaux, je ne sais pas comment ça va se passer. Des réunions de travail sont prévues dans les semaines à venir avec toutes les communes concernées, puisque les bidonvilles concernent 10 ou 11 communes sur les 17, et nous verrons comment tout ça va s'agencer. En tout cas, nous soutenons cette démarche et nous invitons le gouvernement à la mettre en place, quel que soit le nom que ça porte. Ce n’est pas ce qui nous intéresse. Ce qui nous intéresse ici, c'est de créer les conditions pour récupérer chaque parcelle de notre territoire, pour mettre fin aux bidonvilles. Nous encourageons donc le ministre de l'Intérieur, le gouvernement, et la Première ministre à faire en sorte que l'opération puisse se faire de manière rapide et forte.

M.H. : Malheureusement, cette opération pourrait être retardée, voire annulée...

A.S. : On ne nous a pas encore dit mais en tout état de cause, c'est vrai que la situation sociale de la nation est assez délicate. Mais ici aussi, on a une situation délicate, et nous considérons que la même force doit être mise sur le front national et ici, en tout cas pour tout ce qui est aspect sécurité. Aujourd'hui, les gens ne vivent plus ! Les gens ont besoin

20 • Mayotte Hebdo • N°1038 • 07/04/20 23

de vivre, de circuler, de déposer leurs enfants à l'école, d'aller travailler sans se demander s'ils seront agressés sur la route. Voilà, c'est normal, donc il faut que cette même force qui se met sur le plan national, se mette en place ici, tout simplement.

M.H. : La Mamoudzou du futur, comment l'imaginezvous ?

A.S. : Alors, Mamoudzou 2030, je le dis ici, doit créer les conditions pour favoriser le vivre-ensemble, c'est important. J'ai fait campagne sur le cadre de vie. Il faut qu'on en crée les conditions, d'où le plan propreté Mamoudzou, que nous avons déclaré cause communale pour les dix prochaines années. Il nous faut donc de la cohésion, à travers le vivre ensemble et l'aménagement de notre territoire, des équipements qui seront produits pour permettre à tout le monde de pouvoir se regrouper. Même si ce sont des petits équipements, comme des parcs, il faut permettre à toutes les communautés qui gravitent autour de notre territoire d’être ensemble. D’après ce qu'on m'a dit, il y a à peu près une dizaine de nationalités qui gravitent ici à Mamoudzou. C'est pourquoi nous avons créé la journée du vivre-ensemble, pour partager Mayotte et son histoire avec ceux qui ne la connaissent pas, qu’ils soient européens, de nationalité étrangère, Africains, Comoriens, pour qu’ils puissent connaître ce qu'est Maoré, c'est important. Mais aussi que Mayotte connaisse les autres nationalités, comme les Indiens qui sont installés ici. Il faut qu'on arrive à se retrouver, à échanger et à partager.

D’ici 2030, notre ambition est donc de créer les conditions du vivre-ensemble. Mamoudzou, c'est aussi une ville qui doit créer, donner la chance à tout le monde, notamment à sa jeunesse. C'est pourquoi nous travaillons pour que les jeunes de notre territoire puissent s’ouvrir aux autres. C'est important, l'excellence éducative, malgré la situation. Il faut travailler pour que l'anglais soit enseigné

dès la maternelle, donner la chance aux jeunes Mahorais de pouvoir être en concurrence avec les autres, nous sommes notamment en train de créer l'école numérique. Nous avons répondu à des appels à projets pour pouvoir équiper nos écoles de tablettes numériques parce que c'est la modernité. C'est aussi préserver le territoire à travers le développement durable. Je souhaite que très tôt, les jeunes puissent apprendre à préserver Mayotte, leur territoire, mais il faut que ça soit ancré au quotidien, comme le fait d’apprendre à écrire, à lire et à compter.

M.H. : Alors comment, à votre échelle, permettre aux jeunes du territoire de voir autre chose ?

A.S. : C'est un élément important dans notre démarche, sur lequel nous travaillons avec le rectorat, Mamoudzou 2030 doit s'ouvrir aux autres, connaître un peu ce qui se passe ailleurs, d’où la mise en place d'une direction des relations internationales, d'où les conventions que nous signons avec d'autres territoires, au-delà de de la zone de l’océan Indien. Nous avons des conventions avec SaintPierre, à La Réunion, mais aussi avec des villes du Togo, du Sénégal très prochainement, donc nous avons notre plan stratégique de développement à l'international. Nous pensons qu’il faut donner de la perspective et des horizons à la jeunesse qui est nombreuse sur le territoire, leur dire qu’ils peuvent demain aller faire leurs études au Sénégal, au Togo, en Corée du Sud ou à Singapour. Quand on crée les conditions, on impulse la dynamique. J'ai plein de jeunes qui me demandent de revenir à Mamoudzou parce qu'ils ne trouvent pas de stages à Bordeaux, à Paris et autres, mais demain je dois être à même de leur dire : « Est-ce que vous voulez aller faire votre stage en Corée ? Je vous mets un lien avec une entreprise en Corée, une administration, une commune du Sénégal »

Ici, l'économie, en tout cas solidaire, est tenue par les mamans. J’en ai croisé à l’aéroport qui étaient en

21 • Mayotte Hebdo • N°1038 • 07/04/20 23

DOSSIER

train de partir à Dubaï pour acheter des marchandises. On a discuté longuement et je leur ai dit : « Mais vous savez pas parler français, vous savez pas parler anglais, comment vous achetez votre marchandise là-bas ? ». Elles me disent : « Mais il y a des guides là-bas, des guides comoriens ». Hé bien dans ce cas, un jeune Mahorais peut aller s'installer là-bas, pour accueillir tous les Mahorais qui passent. Là-bas, ils sauraient qu’ils ont un enfant de Mamoudzou en face d’eux. Donc voilà, pourquoi pas un guide mahorais là-bas ? Installé à Dubaï, en Chine ? Ce sont des choses simples, mais qu’on ne voit pas. Il faut dire que c'est possible, c'est à travers ce travail que nous sommes en train de faire qu’on parlera de Mayotte ailleurs.

M.H. : Mamoudzou sera donc une ville internationale en 2030 ?

A.S. : (Rires) C'est en tout cas l'ambition que nous avons. Après, il ne faut pas que ça s'arrête à 2030, il faut qu'on continue. En tout cas, nous avons posé les bases, nous avons mis en place la direction des relations internationales qui n'existait pas. Nous avons commencé à signer des conventions à travers le monde, mais il faut qu'on continue à ouvrir Mayotte aux autres. On est en train de travailler pour des conventions avec des collectivités du Canada, pour continuer à émailler le monde avec des jeunes Mahorais, des jeunes talents qui vont apprendre et revenir sur le territoire ou rester là-bas.

M.H. : Ces dernières semaines, la pénurie d’eau s’est invitée à l’actualité. Comment, avec deux coupures de 48 heures après le ramadan, pouvez-vous fournir en eau les 92 000 administrés de Mamoudzou ?

A.S. : C'est un vrai sujet. D'abord, ce que je peux regretter, c'est la gouvernance du syndicat des eaux, où il est quasiment impossible de savoir concrètement ce qui s'y passe. J'ai eu l'occasion de dire au sein de l'association des maires que jamais le président n’est venu échanger sur la situation, alors que c'est une délégation. Cette situation doit préoccuper tout le monde, ça ne peut pas être la problématique du syndicat. Il faut qu'on puisse se retrouver ensemble et réfléchir à comment on vient à bout de cette situation. Celle-ci était prévisible, quand on regarde la courbe de la croissance démographique des territoires, on savait que ça allait venir quand on a laissé des gens s'installer et couper les arbres. Quand on parle de la troisième retenue collinaire depuis dix, quinze ans et qu’on n’en voit pas le bout, ça veut dire que le syndicat a peut-être voulu travailler seul.

Si la gouvernance du syndicat des eaux continue comme ça, on se retrouvera dans la même situation dans dix ans. Il faut que le président accepte de venir partager ces difficultés, et qu'on puisse trouver ensemble, avec l’aide de l'État, les solutions, parce qu’on ne pourra rien faire sans eau. J’ai demandé à notre DGS de les mobiliser très vite pour

22 • Mayotte Hebdo • N°1038 • 07/04/20 23

qu'on réfléchisse à ce que, d'ici l'année 2024, toutes les demandes de permis soient adossées à une mise en place d'un système de récupération des eaux. Ça veut dire que si vous déposez un permis à Mamoudzou demain, il faut que vous ayez un système de récupération d'eau.

M.H. : Ce serait la solution à la pénurie, selon vous ?

A.S. : Sur notre territoire, on a quasiment six mois – même si ça tend à ne plus être le cas – de saison des pluies. Il faut qu'on profite de ces six mois pour capter l'eau et pouvoir en faire des usages : laver son véhicule, arroser son jardin, voire l'utiliser pour les toilettes. Mais qu'on puisse avoir un système de captage d’eau qui soit intégré dès l'année prochaine. Donc on va réfléchir à tout ça. Il faut que nous autres collectivités, on puisse aussi apporter nos petites solutions. Ce sont des gouttes d'eau qui permettent de faire des rivières. Mais le plus important, c'est que nous trouvions ensemble ces solutions pour l’eau sur le territoire. Sinon, ça ne marchera pas.

M.H. : Nous sommes en plein ramadan, le deuxième que vous vivez en tant que maire. Auriez-vous un petit mot pour vos administrés à l’occasion ?

C'est dans ce sens que je souhaite aussi à toute la population de Mayotte de continuer à vivre Mamoudzou, parce qu'on est 92 000, mais deux ou trois fois plus du lundi au vendredi. Et je remercie la population parce que nous avons fait quelque chose d'inédit ici. Depuis le début de cette année, nous avons décidé de créer des groupes WhatsApp avec toute la population, pour chaque village. Parce que l’idée, quand je dis vivre la ville, c'est aussi signaler. Si on voit une lumière qui ne s'allume pas, le citoyen de Mamoudzou concerné prend une photo et nous le dit. On donne ça au service concerné qui intervient tout de suite, alors qu’il s’agit peut-être de lumières qui n'ont jamais été réparées depuis des années. Pareil pour les caniveaux qui sont ouverts depuis des années, qui sont dangereux. Quand on a commencé à réfléchir sur cette mise en place, on se disait que ça n’allait pas marcher.

M.H. : Et aujourd’hui, la population participe ? Les groupes locaux fonctionnent bien ?

A.S. : Oui, absolument. Aujourd'hui, je suis très heureux de constater qu'en réalité, la population ne demandait qu'à être actrice du développement de son territoire. Et je suis très heureux de voir les que les villageois ont nommé les différents groupes, Stara à Tsoundzou 2, Hairi ya tru à Tsoundzou 1, le conseil citoyen à Cavani, Wakazi à Mtsapéré, Maecha Passamaïnty, Maecha Vahibé, Kawéni Hima… Tout le monde peut participer et partager l'information. Vous êtes un chef d'entreprise, vous cherchez un employé, vous le mettez dans le groupe, pareil si un évènement a lieu dans le village, s’il y a une rupture de jeûne pour la faire ensemble... Par exemple, si vous êtes de Tsararano, mais que vous avez fini tard parce qu'il y a des bouchons, vous savez que vous pouvez venir à Mamoudzou faire la prière et rompre le jeûne. Ce sont des groupes qui vivent. La population nous propose des choses et nous donnons des informations sur ce qu’il se passe.

A.S. : Ah, ça aussi c’est important, merci de me le rappeler. C’est un moment de partage et nous invitons nos administrés à le perpétuer. On a des populations, sur le territoire de Mamoudzou, qui n'arrivent pas à joindre les deux bouts. Il faut que ceux qui ont les moyens puissent continuer à partager avec les autres, je leur souhaite à tous un bon ramadan naturellement, et j’espère un moment de paix et de sécurité. Profitons de ce mois de ramadan pour vivre la ville, ce que je demande souvent aux agents. Il ne faut pas travailler à Mamoudzou, il faut vivre Mamoudzou. Quand on vit la ville, on fait plus que son travail, et c'est le message que j'essaie de passer aujourd'hui. Je suis très heureux même si c'est difficile, hein, il ne faut pas croire. Être maire de Mamoudzou, c'est une passion, c'est l'envie de servir les autres, d'apporter ce que la ville nous a apporté. Je le dis souvent aux agents : certes, ils viennent au travail et ont les salaires à la fin du mois, mais ce n’est pas le plus important. Ils sont là au service des administrés.

C'est ce que nous avons toujours voulu, être des élus de proximité, d'ultra proximité. L'interactivité de ces échanges fait que nous réglons beaucoup de choses que nous n'aurions peut-être pas vues, parce que Mamoudou est grand et vaste. Et ça nous permet d’agir ou même d'expliquer que si ça ne se fait pas demain, ça sera fait dans une semaine, dans un mois, dans un an, au moins la population est au courant. Ce sont sur ces aspects modernes de la communication que nous sommes en train de travailler avec la direction de la communication, avec notamment une plateforme de signalement qui sera sur notre site Internet. C'est aussi essayer de créer les conditions pour que tout le monde puisse vivre la ville, et être acteur du développement du territoire. Dans ce sens, j'espère que les habitants continueront même après moi. Nous posons des bases mais il faut que ça continue à vivre, en faisant participer tout le monde.

Les grands travaux de la commune

Front de mer de Mamoudzou : 2025-2028

NPRU de Kawéni : 2022-2027

Front de mer de Mtsapéré et Palais des Congrès : 2025-2032

23 • Mayotte Hebdo • N°1038 • 07/04/20 23
Ambdilwahedou Soumaïla le jour de son investiture en tant que maire de Mamoudzou, le 28 juin 2020.]

BIENTÔT UNE RÉSIDENCE POUR LES JEUNES ACTIFS À KAWÉNI

DANS LA CONTINUITÉ DES RENCONTRES AVEC LES ACTEURS DU LOGEMENT PAR LA GOUVERNANCE NATIONALE DU GROUPE ACTION LOGEMENT, UNE RENCONTRE ET UNE SIGNATURE DE CONVENTION DE PARTENARIAT A EU LIEU CE LUNDI APRÈS-MIDI ENTRE LA COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION DE DEMBÉNI – MAMOUDZOU (CADEMA), LA VILLE DE MAMOUDZOU, AL’MA ACTION LOGEMENT ET LE CENTRE DE RECHERCHE SUR L’HABITAT (CRH). A KAWÉNI PAR EXEMPLE, CE SONT 33 LOGEMENT QUI SONT PRÉVUS.

Le partenariat conclut entre ses différents signataires est réalisée dans le cadre de l’appel à manifestation d’intérêts « engagés pour la qualité du logement de demain » Une convention a donc été signée et qui met à disposition du foncier, ce qui va permettre à Al’Ma l’opérateur de logements à Mayotte de pouvoir créer des logements. Installé à Kawéni, le projet « résidence Al’Ma » est à destination des jeunes actifs.

KAWÉNI ET SES 770 ENTREPRISES

Kawéni est l’un des sept villages de la commune de Mamoudzou et comptabilise 17.600 habitants, représentant 20 % de la population de la commune. Ce village compte 5.826 logements, dont 54 % dit en durs, mais recense également 770 entreprises et 5.000 emplois. Partant de ce

1- Ce lundi après-midi, une convention de partenariat a été signée entre le groupe Action Logement, la ville de Mamoudzou et la communauté d’agglomération de Dembéni – Mamoudzou.

24 • Mayotte Hebdo • N°1038 • 07/04/20 23 UNE ÎLE EN TRAVAUX
Agnès Jouanique et Lucas Philippe

constat, l’idée du projet de résident Al’Ma à destination des jeunes actifs est né. « Souvent ici, on parle souvent de logement social, alors que l’on a aussi des jeunes actifs qui ont besoin de se loger et qui travailler à Kawéni presque six jours sur sept », note Ambdilwahedou Soumaïla, maire de Mamoudzou. La signature de cette convention permettra également « de renforcer la collaboration avec l’ensemble des signataires pour offrir à nos habitants des conditions de vie et d’habitat de qualité », affirme le président de la Cadema, Rachadi Saindou. L’habitat, ce défi majeur des collectivités, est aussi celui du groupe Action Logement et de sa filiale mahoraise. « Al’Ma, c’est l’opérateur dont Mayotte avait besoin face à l’immensité des attentes en logement en loyer abordable », réaffirme Bruno Arcadipane, président du groupe Action Logement. Ce dernier a rappelé les trois missions principales du groupe, « imaginer le logement de demain, le financer et construire le logement abordable des salariés mahorais ». Proposer un logement confortable, agréable à vivre, avec un loyer qui est mesuré, tel est le projet porté par le groupe paritaire.

UN BÂTIMENT DE 33 LOGEMENTS

La résidence Al’Ma a été pensée avec l’objectif de résoudre le manque de foncier et de lutter contre les inégalités

face à l’accès au logement, tout en tenant compte du territoire, des us et coutumes. Ce bâtiment de 33 logements pour jeunes actifs, sur un terrain de 2.868 m² est un « projet vernaculaire », comme le décrit Ibrahim Zoubert, représentant l’architecte maître d’œuvre L’Atelier. La résidence proposera des appartements du T1 au T3, avec des loyers abordables, pour être à la portée de tous. Afin de garder une trace de l’histoire de ce lieu, trois anciennes maisons, déjà présentes sur le terrain, seront conservées et transformées en lieux de vie, de rencontre et d’échanges. Pour le président de la Cadema, « l’habitat ne peut se concevoir et se développer sans veiller à la transition écologique. La qualité d’usage des logements collectifs, ne peut être dissociée des qualités techniques de construction ». Dans cette optique, et pour répondre à une certaine qualité environnementale, des briques de terre compressés seront utilisés pour créer une tour centrale au bâtiment. Pour le premier magistrat de Mamoudzou, « cette première convention, pourra en appeler plein d’autres ». Plusieurs projets sont d’ores et déjà en cours de réflexion, avec d’autres mises à disposition de foncier, qui permettront de répondre aux problématiques du manque de logement sur le territoire.

2- Le partenariat est mené dans le cadre de l’appel à manifestation d’intérêt concrétisé par la réalisation de la résidence Al’Ma, présentée aux différents signataires par l’architecte et maitre d’œuvre.

25 • Mayotte Hebdo • N°1038 • 07/04/20 23

UN REFUGE POUR LA BIODIVERSITÉ INAUGURÉ À MAHABOU

Le Groupe d’études et de protection des oiseaux de Mayotte (Gepomay) coordonne le programme des « refuges LPO* » à l’échelle du territoire, avec pour objectif de « ramener la biodiversité en ville ». Le parc de la pointe Mahabou est un site pilote du projet, inauguré ce mardi matin. Divers nichoirs et gîtes à insectes ont été installés pour l’occasion.

Sur le portail d’entrée peut-être ? Ou sur la poutre du faré quelques mètres plus loin ? Pendant quelques minutes, les équipes du Groupe d’études et de protection des oiseaux de Mayotte (Gepomay) hésitent quant à l’emplacement exact à donner à la pancarte officielle… « Là ! On la voit bien

! » Sur le portail donc. La plaque symbolise la sélection du parc de la pointe Mahabou, à Mamoudzou, comme site pilote de

l’adaptation du programme des « refuges LPO* » à Mayotte. Ces refuges sont des terrains publics ou privés sur lesquels les propriétaires s’engagent à suivre une charte de bonnes pratiques écologiques, déclinée en quinze gestes à appliquer (voir encadré). « Le parc de Mahabou a été sélectionné parce qu’un certain nombre de ces gestes étaient déjà respectés. On y observe beaucoup d’oiseaux, et c’est de bon augure

26 • Mayotte Hebdo • N°1038 • 07/04/20 23
L’hôtel à insectes doit servir de refuge aux coccinelles, bourdons et papillons. Chaque casier est rempli de différents matériaux (paille, bambou, sable ou terre) qui attirent les insectes. Lucas Philippe Parmi les dispositifs installés ce mardi à la pointe Mahabou : six nichoirs à passereaux.

pour en faire une vitrine des refuges LPO » , se ravit Émilien Dautrey, le directeur du Gepomay. Le deuxième site pilote – le gîte de Mliha – a quant à lui été baptisé ce samedi 1er avril.

Une dizaine de nichoirs installés

En marge de l’inauguration ce mardi matin, plusieurs nichoirs et « hôtels à insectes » ont été installés : des petites cabanes en bois massif, dont la taille et l’agencement diffèrent selon les espèces visées. Passereaux, chouettes et papillons ont désormais des abris disséminés dans le parc. « C’est un projet pilote, donc on verra ce que ça donne, mais on espère voir oiseaux et insectes investir les lieux ! » , confie Laurie Gaillard, chargée de mission biodiversité urbaine au Gepomay, qui indique que ce dispositif permettra de sensibiliser le grand public. « On pourra faire venir des scolaires pour leur montrer les nichoirs. La démarche de science participative est au cœur du projet de refuge LPO » , précise-t-elle. Au quotidien, les équipes du conseil départemental, gestionnaire du site, feront le lien avec le Gepomay pour informer des comportements des animaux observés.

En parallèle, et toujours dans la ligne directrice édictée par la charte « refuges LPO » , un travail a été mené pour réduire l’influence des espèces végétales exotiques et envahissantes (EVEE) dans le parc de la pointe Mahabou. Trois d’entre elles parmi les plus invasives – le faux mimosa, la liane corail et l’avocat marron – ont été ciblées et arrachées sur toute une parcelle. Neuf espèces indigènes ont été replantées à la place.

Des méthodes adaptées localement

Ce projet pilote – financé à hauteur de 20 000 euros par le plan de relance via l’Office français de la biodiversité et de 5 000 euros par la Drajes* – doit permettre au Gepomay d’adapter les quinze gestes des refuges LPO à la réalité du terrain mahorais d’ici le mois de juin. « Il nous faut par exemple adapter nos méthodes stockage de l’eau pour éviter la prolifération des moustiques » , illustre le directeur du Gepomay. Une fois la charte mahoraise finalisée, le grand public pourra s’en emparer. « On espère que ça donnera envie aux entreprises et aux collectivités de créer leurs propres refuges » , poursuit-il. n

27 • Mayotte Hebdo • N°1038 • 07/04/20 23

Nadjati, jeune comorienne de 15 ans en fuite, va retrouver son amie française Margaux à Saint-Flagrant. Ce petit village de LoireAtlantique sans histoire va être le théâtre de tentatives d'assassinat, de réconciliations, de retrouvailles et d'amours naissantes...

JEUNESSE (6/6) :

MÉTROPOLE BLUES

AGRÉGÉ DE LETTRES MODERNES ET DOCTEUR EN LITTÉRATURES FRANCOPHONES, CHRISTOPHE COSKER EST L’AUTEUR DE NOMBREUX OUVRAGES DE RÉFÉRENCE SUR LA LITTÉRATURE DE L’ÎLE AUX PARFUMS, NOTAMMENT UNE PETITE HISTOIRE DES LETTRES FRANCOPHONES À MAYOTTE (2015) DONT IL REPREND, APPROFONDIT ET ACTUALISE, DANS CETTE CHRONIQUE LITTÉRAIRE, LA MATIÈRE.

C’est un relativement grand écart qui nous ramène vers les collégiens « d’aujourd’hui ». En 2009, entre en littérature l’écrivain d’origine métropolitaine la plus prolifique en textes pour la jeunesse : Laurence Lavrand. Le premier d’entre eux s’intitule : MayotteNantes. Un Aller-simple pour Nadjati. Comme le titre l’indique, le but est, pour Nadjati, de quitter Mayotte pour gagner la Métropole. Mais comment cela va-t-il se passer et surtout pourquoi quitter l’île aux parfums ?

Pour le comprendre, il convient de prendre en compte la kyrielle de personnages qui entoure Nadjati, au premier rang desquels Margaux, qui vit quelques temps à Mayotte avant de regagner Nantes. De même que Nadjati a aidé Margaux à s’acclimater à Mayotte, ce sera bientôt à cette dernière de lui rendre la pareille. Si Nadjati lui demande bientôt de l’héberger, c’est pour échapper à un certain destin et s’en forger un autre : « Nadjati ne se plaît pas en métropole. Elle est pourtant bien chez Isabelle et Margaux, même si la chambre n’est pas grande. Mais pour elle qui a toujours vécu dans le bruit et le mouvement, la chaleur, le rire et les couleurs, cette petite ville est triste à mourir. Elle essaye bien de se convaincre qu’elle a fait le bon choix. Ce qu’elle veut, c’est être professeur, pas épouser un vieux de quarante ans, comme celui qui est venu la voir, quelque temps avant son départ. Son oncle lui avait bien dit qu’il la marierait à la fin de sa scolarité et qu’il fallait donc commencer à recevoir des prétendants. Elle n’a plus que deux ans devant elle. Après tous ses rêves s’envoleront. Finis l’école et ses projets d’étude, finie la liberté. Elle devra filer doux devant un mari qui lui donnera chaque année un nouvel enfant à élever et qui, même

s’il en frappe ni ne la maltraite, ne la considèrera jamais comme son égale. En France, personne ne la force à travailler comme une esclave, à partager sa chambre avec six autres sœurs, personne ne la frappe. » (p. 63-64)

Mais c’est surtout un roman familial complexe qui montre les liens entre la France et l’archipel des Comores de la colonisation à nos jours. En effet, la jeune Margaux est la fille de Daniel, qui est l’un de ses deux prénoms : « J’étais folle de lui. Mais il n’était pas Blanc. Pas Noir non plus, juste foncé, trop foncé au goût de mes parents, qui n’avaient jamais quitté leur village. Je ne l’ai jamais amené chez eux. On restait en ville. Wahad venait de Grande Comore. En France, il préférait qu’on lui donne son deuxième prénom, Daniel. A l’époque, je n’avais jamais entendu le nom de son pays, je n’aurais jamais su la placer sur une carte. Wahad était magnifique : grand, mince, les yeux noirs et le sourire éblouissant. Je sais, ce ne sont que des clichés. » (p. 94)

Le roman familial est, conformément à l’hypothèse de Marthe Robert, un roman de la recherche de ses origines, notamment familiales. On découvre alors des choses originales, notamment lorsque les gens ont voyagé. C’est à Saint-Flagrant, au cœur de la campagne nantaise que Margaux bouscule une vieille dame, Valentine, qui lui raconte la façon dont son mari Philippe a fait un enfant aux Comores : « La mère était toute jeune, à peine seize ans. Alors Philippe est retourné plusieurs fois à Anjouan. Mais deux ou trois ans plus tard, elle a été mariée, et je crois que son mari ne voyait pas d’un très bon œil les visites de cet étranger. Surtout que les Comores

28 • Mayotte Hebdo • N°1038 • 07/04/20 23
Laurence Lavrand, Mayotte-Nantes, Un aller simple pour Nadjati, éditions L’Harmattan, 2009.
LITTÉRATURE
LISEZ MAYOTTE

étaient devenues indépendantes, et que toutes les archives avaient été brûlées, Philippe avait beau se raccrocher à son acte d’état civil, le petit a été envoyé chez un oncle, une tante ou un cousin. Il a perdu sa trace. Je ne sais pas comment la mère a réussi à déjouer la surveillance de son mari, mais elle

a toujours envoyé une ou deux photos tous les deux-trois ans. Philippe, ça le rongeait de ne pas voir grandir son fils. » (p. 38)

29 • Mayotte Hebdo • N°1038 • 07/04/20 23
Christophe Cosker Edvard Munch, Melankoli, huile sur toile, 1894-1896.

SPORT

Calendriers - classements - résultats

BASKET Prénationale masculine

Playoffs

Match aller : Rapides Éclairs (4) 57–60 Vautour club de Labattoir (1)

Match retour : Vautour club de Labattoir (1) 77–67 Rapides Éclairs (4)

Match aller : Basket club de Mtsapéré (3) 79–60 Étoile bleue de Kawéni (2)

Match retour : Étoile bleue de Kawéni (2) 69–70 Basket club de Mtsapéré (3)

Finale : Après le ramadan

Basket club de Mtsapéré (3) – Vautour club de

BASKET

Prénationale féminine

Playoffs

Match aller : Golden Force (3) 28–89 Fuz’Ellips de Cavani (2)

Match retour : Fuz’Ellips de Cavani (2) – Golden Force (3)

Match aller : Magic Basket Passamaïnty (4) 54–63 Basket club de Mtsapéré (1)

Match retour : Basket club de Mtsapéré (1) – Magic Basket Passamaïnty (4)

Finale : Après le ramadan

Fuz’Ellips de Cavani (2) – Basket club de Mtsapéré (1)

Equipe Pts J G P Dif 1 Basket club de Mtsapéré 27 14 13 1 +362 2 Fuz'Ellips de Cavani 23 14 12 1 +585 3 Golden Force 22 14 8 6 +45 4 Magic Basket Passamaïnty 21 14 10 3 +262 5 Chicago club de Mamoudzou 19 14 5 9 +4 6 Partizan BCA 19 14 5 9 -288 7 Colorado Beetle Mtsahara 16 14 2 12 -459 8 Basket club Iloni 15 14 1 13 -491
(1) Equipe Pts J G P Dif 1 Vautour club de Labattoir 34 18 16 2 +279 2 Étoile bleue de Kawéni 32 18 14 4 +297 3 Basket club de Mtsapéré 32 18 14 4 +198 4 Rapides Éclairs 29 18 11 7 +55 5 TCO Mamoudzou 28 18 10 8 +157 6 Gladiator de Doujani 26 18 8 10 -46 7 Fuz'Ellips de Cavani 24 18 8 10 -46 8 Colorado Beetle Mtsahara 22 18 4 14 -301 9 Basket club de Tsararano 17 18 3 15 -376 10 Jeunesse Canon 2000 16 18 2 14 -254 30 • Mayotte Hebdo • N°1038 • 07/04/20 23
Labattoir

HANDBALL

Poule haute masculins

HANDBALL

Poule relégation masculins

HANDBALL

Prénationale féminine

Journée 20

Moinatrindri HC 20–0 Doujani HC

HC Passamaïnty – TCO Mamoudzou

HC Select 976 57–19 AJH Tsimkoura

HC Kani Kéli 24–44 ASC Tsingoni

PC Bouéni 29–27 Haima Sada

HC Bandrélé – CH Combani

Journée 21 – 28 au 30 avril 2023

Doujani HC – TCO

Moinatrindri HC – HC Select 976 ASC

6
Tchanga Handball – Bandraboua HC HC Bandrélé – AJH Tsimkoura ASC Tsingoni – TCO Mamoudzou HC Acoua – CH Combani Journée 7 – 28 et 29 avril 2023 AJH Tsimkoura – Tchanga Handball TCO Mamoudzou – HC Acoua Bandraboua HC – HC Bandrélé CH Combani – ASC Tsingoni Equipe Pts J G N P Dif 1 ASC Tsingoni 15 5 5 0 0 +63 2 HC Acoua 13 5 4 0 1 +26 3 CH Combani 13 5 4 0 1 +20 4 Tchanga Handball 9 5 2 0 3 +2 5 HC Bandrélé 8 4 2 0 2 +7 6 TCO Mamoudzou 8 4 2 0 2 -11 7 AJH Tsimkoura 5 5 0 0 5 -29 8 Bandraboua HC 5 5 0 0 5 -78
Journée
– Dimanche 23 avril
Journée 6 PC Bouéni 44–27 AC Chiconi Alakarabu Hand 24–31 Sohoa Handball Dimanche 23 avril : HC Labattoir – AJH Koungou Haima Sada – HC Kani Kéli Journée 7
HC Kani Kéli – HC Labattoir Sohoa Handball – PC Bouéni Haima Sada – AJH Koungou AC Chiconi – Alakarabu Hand Equipe Pts J G N P Dif 1 PC Bouéni 16 6 5 0 1 +30 2 Haima Sada 12 5 3 1 1 +37 3 HC Labattoir 12 4 4 0 0 +32 4 Sohoa Handball 12 6 3 0 3 -9 5 HC Kani Kéli 8 5 1 1 3 -4 6 Alakarabu Hand 8 6 1 0 5 -15 7 AC Chiconi 7 5 1 0 4 -21 8 AJH Koungou 6 5 2 0 3 -50
– 28 et 29 avril 2023
Mamoudzou
Tsingoni
AJH Tsimkoura –
Bouéni CH Combani – HC Kani Kéli Haima Sada – HC Bandrélé Equipe Pts J G N P Dif 1 ASC Tsingoni 58 20 19 0 1 +304 2 HC Select 976 57 20 18 1 1 +269 3 CH Combani 49 19 15 0 4 +176 4 PC Bouéni 44 20 11 3 6 +25 5 Haima Sada 43 20 11 1 8 +39 6 HC Bandrélé 41 19 10 3 6 +1 7 HC Kani Kéli 38 20 8 2 10 -23 8 AJH Tsimkoura 37 20 7 3 10 -88 9 HC Passamaïnty 28 19 5 1 13 -92 10 Moinatrindri HC 27 20 4 1 15 -194 11 TCO Mamoudzou 21 19 2 0 17 -187 12 Doujani HC 20 20 1 0 19 -230 31 • Mayotte Hebdo • N°1038 • 07/04/20 23
– HC Passamaïnty
PC

VENDREDI 07/04

SOUL’MUSIC - APERO CONCERT – vendredi

Au Le Moya à Labattoir, Concert de 20g à 23h, Showmix jusqu’à 1h45, bar, infos : 0639 10 72 48

FORMATION PRATICIEN

Expanse Therapy, par Françoise à la Fédération, infos : 06 84 13 96 91 ou 0692 66 61 91

FORMATION PRATICIEN

Expanse Therapy, par Françoise à la Fédération, infos : 06 84 13 96 91 ou 0692 66 61 91

LULU’S PARADISE

Cirque au Pôle culturel de Chirongui, à partir de 10 ans, à 19h30, tarif : 10€/ 7€/ 5€

MARCHE PAYSAN

Place Coco Massudiki, à côté de la mosquée à Passamaïnty

SORTIES NATURALISTES

Tsingoni-Sohoa, infos : 0269 63 04 81

SORTIES NATURALISTES

Bivouacs tortus à Saziley, infos : 0269 63 04 81

LE MOYA LESS’HOUSE

LE MOYA restaurant, préventes : 8€ à 10€, sur place : 12

SAMEDI 08/04

ATOMIX FETE SES 15

ANS

Kani-Keli, Restauration, Brocante, Bingo, Dj, Camping buvette etc… infos sur FB : Atomix Sound System

ASHIKI IN WONDERLAND

Ambato Plage, à M’Tsangamouji, place limité, Dj, restaurant sur place, danse etc…, lien pour achat billet : https://ypl.me/qo0

MARCHE PAYSAN

Sur le parvis de la MJC de Mamoudzou à Mgombani

DIMANCHE 09/04

FOIRE ARTISANAL

L’artisanat en fête, de 08h à 15h30, à MZOUASI

32 • Mayotte Hebdo • N°1038 • 07/04/20 23
/ TOUNDA /
AGENDA

POOL PARTY – dimanche 16

AVRIL

CLUB KOROPA By TROLIKA DELIKA, DJ SET, AFTER PARTY, EXPO D’ART, de 18h-2h, tarif : 12€ et 16€

FORMATION PRATICIEN

dimanche 09 AVRIL

Expanse Therapy, par Françoise à la Fédération, infos : 06 84 13 96 91 ou 0692 66 61 91

SORTIES NATURALISTES

Randonnée palmée à la journée, infos : 0269 63 04 81

SORTIES NATURALISTES

Bivouacs tortus à Saziley, infos : 0269 63 04 81

SORTIES NATURALISTES

Usine sucrière de Miréréni, infos : 0269 63 04 81

AFTER PLAGE

TOUS LES DIMANCHES

Chez KINA COMEAGAIN, cours de Kizomba, entrée libre, bar & restauration, infos : 0693 30 52 28

33 • Mayotte Hebdo • N°1038 • 07/04/20 23 / TOUNDA / AGENDA

MAGAZINE D’INFORMATION NUMÉRIQUE HEBDOMADAIRE

Edité par la SARL Somapresse au capital de 20 000 euros

7, rue Salamani

Cavani M’tsapéré

BP 60 - 97600 Mamoudzou

Tél. : 0269 61 20 04 redaction@somapresse.com

Directeur de la publication

Laurent Canavate canavate.laurent@somapresse.com

Directeur de la rédaction

Mohamed El Mounir dit “Soldat” 0639 69 13 38 soldat@mayottehebdo.com

Rédacteur en chef

Axel Nodinot

# 1038

Couverture : Grand entretien

Journalistes

Axel Nodinot

Raïnat Aliloiffa

Alexis Duclos

Saïd Issouf

Lucas Philippe

Agnès Jouanique

Direction artistique

Franco di Sangro

Graphistes/Maquettistes

Olivier Baron, Franco di Sangro

Commerciaux

Cédric Denaud, Murielle Turlan

Comptabilité

Catherine Chiggiato comptabilite@somapresse.com

Première parution

Vendredi 31 mars 2000

ISSN : 1288 - 1716

RCS : n° 9757/2000

N° de Siret : 024 061 970 000 18

N°CPPAP : 0125 Y 95067

Site internet www.mayottehebdo.com

Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.