Mayotte Hebdo n°1034

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LE MOT DE LA RÉDACTION

EFFERVESCENCE

“ Comme une bulle de champagne, venu d’en bas je veux crever à la surface ”, rappait Nekfeu il y a quelques années. Il existe plusieurs regards que l’on peut poser sur Mayotte, et l’un d’eux ne la voit qu’en bas, dernier département français, le plus jeune, le plus pauvre, là où “ tout est à faire ”. D’autres, comme Mayotte Hebdo et la Somapresse le font depuis plus de deux décennies, préfèrent y voir les actions et l’extraordinaire effervescence à l’œuvre dans notre département, le plus dynamique en termes de créations d’entreprises, par exemple. Elle était particulièrement visible cette semaine, entre les diverses initiatives célébrant la journée internationale des droits des femmes, le rassemblement orchestré par les assises de la reconquête foncière, ou la mobilisation de centaines de manifestants contre la réforme des retraites. De moins en moins enclins à rester des Français de seconde zone, les Mahoraises et les Mahorais se lèvent et font tout leur possible pour élever le département à la hauteur de ses semblables, sans mettre de côté sa culture et ses traditions. Même si plusieurs freins entravent cette volonté, à l’image des embouteillages infernaux que nous évoquons cette semaine avec les salariés et entrepreneurs de l’île. Mais comme rien ne sert de rester là, à contempler le fond, nous parlerons la semaine prochaine des solutions qui pourraient raccourcir les bouchons, et faire respirer les habitants de Mayotte, les faire remonter à la surface.

Bonne lecture à toutes et à tous.

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TOUTE L’ACTUALITÉ DE MAYOTTE AU QUOTIDIEN  quotidien deMayotte diffuséparabonne0269 61 20 04 secretariat@ mayottehebdo.com Rien à déclaReR pouR cet habitant de les 82 chambRes de l’hôtel bis style ées sApeurs-pompiers le RetouR de nos héRos  quotidien deMayotte diffuséparabonne0269 61 20 04 secretariat@ mayottehebdo.com tRois jeunes condamnés, dont un cousin de la ma iée Quinze aRtistes attendus suR scène pendan ois jou AménAgement le stade de tsoundzou 1, une pieRRe pouR l’aveniR à p de l euRope pouR les mineuRs environnement le lagon au patRimoine mondial de l unesco ?  quoti de yott sébonn nt 0269 61 20 04 ash-infos@wanadoo.fr  quotidien deMayotte diffuséparabonne0269 61 20 04 secretariat@ mayottehebdo.com les juRidictions RenfoRcées paR sept es a ivées tewaRds dans le yachting, une mation en deveni urbAnisme la solution aux pénuRies d’eau
Le premier quotidien de Mayotte

tchaks Le foot mahorais fait sa rentrée

400 € Une box 4G pour les BTS de Bamana

C’est la somme que peuvent réclamer les passagers des vols depuis et vers les départements et régions d’outre-mer (Mayotte comprise donc), en cas de retard de plus de trois heures. C’est ce que rappelle AirHelp cette semaine, une entreprise spécialisée dans les droits des passagers aériens : “ Les départements (Guadeloupe, Guyane, Martinique, Mayotte, La Réunion) sont rattachés à l’Union Européenne, ils sont donc concernés par l’application du règlement EC261 ” L’application de ce règlement est donc le même dans l’Hexagone que dans les territoires ultramarins. Le texte stimule d’ailleurs qu’en cas de de retard ou d’annulation, “ les passagers ont également le droit de renoncer au voyage et d’obtenir le remboursement de leur billet ”

Ce mardi 7 mars, plusieurs élèves du lycée Younoussa Bamana se sont vu remettre des box 4G. une initiative portée par Mayotte in Tech et Cap Numérique, en partenariat avec le Conseil Départemental, la DEETS, l’ANCT et SFR. Cette box permettra aux étudiants de se raccorder au réseau très haut débit 4G++ de SFR et dispose de 100Go de données. Les étudiants du LPO Bamana, en BTS Services Informatiques aux Organisations (S.I.O) Option “ Solutions d’infrastructures, systèmes et réseaux ” pourront ainsi profiter d’un service internet de qualité à un prix extrêmement abordable, soit 8 euros par mois.

Un simulateur d’éligibilité à la mobilité

L’agence de l’outre-mer pour la mobilité (LADOM) a mis en ligne le premier simulateur qui permet aux résidents d’outremer intéressés par l’un de ses dispositifs de mobilité, de vérifier l’éligibilité de leur demande. Sur la base du profil et des besoins exprimés en ligne, le simulateur permet tout d’abord d’aiguiller les internautes vers les dispositifs idoines puis, de vérifier l’éligibilité de leur demande de mobilité. En fonction des informations déclarées par les internautes et de la réponse obtenue automatiquement, ces derniers seront ensuite orientés vers les outils de gestion en ligne de LADOM. Le simulateur est disponible via le lien suivant : https://ladom. fr/simulateur-aides-mobilite ou en cliquant sur le bouton “ Ma demande de mobilité ” en haut à droite du site www.ladom.fr.

Ce dimanche 12 mars, la Ligue de Mayotte de football (LMF) organise son assemblée générale afin de présenter les comptes 2021, d’avoir un aperçu des comptes de 2022, mais surtout de préparer la prochaine saison qui aura lieu cette année. Cette assemblée générale devrait avoir lieu au Centre universitaire de Dembéni, et rassemblera l’ensemble des dirigeants des clubs mahorais. Le week-end prochain, l’ambiance sera plus festive, puisque la Ligue de Mayotte organise la cérémonie des trophées du football le vendredi 17 mars, qui récompenseront les meilleurs joueurs, entraîneurs, dirigeants et équipes du microcosme footballistique mahorais.

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1 515 000 €

C’est ce que récolte le Pôle d’innovation intégré de Mayotte (PI2M) de l’Agence de développement et d’innovation de Mayotte (Adim), étant l’une des huit lauréats de l’appel à projets national “ plan innovation outre-mer ”. L’enveloppe globale de ce dernier s’élève à quinze millions d’euros, et est piloté par le Secrétariat général pour l’investissement et géré par la Banque des Territoires pour le compte de l’État dans le cadre de la politique d’investissement France 2030. Il fait suite à l’appel à manifestations d’intérêt “ Innovation Outremer ” qui a permis à l’État, dès novembre 2020, d’accompagner treize lauréats – dont l’Adim – à hauteur de 1,2 million d’euros pour financer des études d’ingénierie en vue de poursuivre le montage de leurs projets et d’en améliorer le contenu et la qualité.

Le proverbe

L’image de la semaine

Dimanche dernier, une cinquantaine de personnes ont marché autour du lac Dziani en l’honneur des droits des femmes et de l’égalité. Une initiative menée par le Club d’athlétisme de Mamoudzou et l’association Bouge toi pour ta santé.

“ Djahazi la mabea kalendra ”
Le boutre piloté par des gens du même âge n’avance pas.
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LU DANS LA PRESSE

Chaque semaine, découvrez le regard porté sur l’actualité locale à travers la presse nationale ou régionale

LE GOUVERNEMENT CACHE UN RAPPORT EXPLOSIF SUR LA SITUATION TRAGIQUE DE MAYOTTE

Le 9 mars 2023, par Fabrice Arfi et Nejma Brahim pour Mediapart. Santé, logement, sécurité, éducation, justice... Mediapart révèle un rapport rédigé en janvier 2022 par six ministères sur l’état de l’île-département. Son contenu est dévastateur pour l’État français. Il montre aussi que la seule approche sécuritaire proposée par Gérald Darmanin ne pourra suffire.

Le gouvernement conserve depuis janvier 2022, sans le rendre public, un rapport alarmant sur la situation de l’archipel de Mayotte, le département le plus pauvre de France, en proie à une situation dramatique dans les domaines de la sécurité, la santé, la justice et l’éducation nationale. Mediapart a pu prendre connaissance de ce document rédigé par une mission spéciale, composée des inspections générales de six ministères (intérieur, justice, affaires sociales, finances, éducation et affaires étrangères), qui a auditionné plus de 300 personnes dans tous les corps de l’administration et de la société pendant plusieurs semaines. Le diagnostic qu’il met en lumière, au travers de la situation des mineurs sur l’île, est dévastateur pour l’État français tant tout y semble incontrôlable : la précarité galopante, une politique migratoire contreproductive, une situation sanitaire alarmante et des violences partout prégnantes, le tout face à des réponses publiques largement sous-dimensionnées.

Dans ses conclusions, le rapport note que “ le sentiment qui prédomine au sein des services de l’État est une forme d’impuissance face à l’ampleur des défis ”. Stigmatisant une “ absence de concertation sur les politiques publiques en direction de la jeunesse ”, il constate que “ les dépenses de l’État sont proportionnellement plus faibles à Mayotte que dans les autres départements et régions d’outre-mer (DROM) ”

Au fil des pages du rapport caché se dessine le constat d’une faillite généralisée que les seules mesures sécuritaires de Gérald Darmanin, qui a multiplié les voyages et les annonces sur place ces derniers mois, vont, de toute évidence, avoir du mal à régler. Selon les informations de Mediapart, le ministère de l’intérieur a d’ailleurs pesé de tout son poids pour que le rapport ne soit pas rendu public. Sollicités, les services du ministre n’ont souhaité faire “ aucun commentaire ”

2020, soit quatre fois plus qu’en 1985. Avec 10 000 naissances par an, l’île est devenue aujourd’hui la plus grande maternité de France. Le mal-logement y est un fléau conduisant à la création de bidonvilles aux quatre coins de l’île, comme celui de Kawéni, à Mamoudzou, surnommé “ le plus grand bidonville de France ”. En 2017, l’Insee estimait que l’île comptait 40 % de logements informels, dont certains installés sur des zones à risque. Malgré la pauvreté massive qui y règne – 8 personnes sur 10 vivent en dessous du seuil de pauvreté, un actif sur trois est au chômage et l’espérance de vie plafonne à 75 ans –, Mayotte demeure huit fois plus riche que l’archipel voisin des Comores, indépendant depuis 1975, où le taux de pauvreté national s’élevait à 42,4 % en 2014 et où un quart de la population vivrait dans des conditions d’extrême pauvreté.

Ces difficultés poussent de nombreux Comoriens et Comoriennes à tenter la traversée du bras de mer séparant Anjouan de Mayotte, sur 70 kilomètres (soit environ trois à quatre heures), à bord de kwassakwassa – un type d’embarcation rendu tristement célèbre par les mots d’Emmanuel Macron, en juin 2017, lorsqu’il avait déclaré que le “ kwassa-kwassa pêchait peu ” mais “ amenait du Comorien ”. Selon un rapport sénatorial de 2012, entre 7 000 et 12 000 personnes avaient péri ou disparu le long de cette route migratoire depuis 1995 ; et de nombreux naufrages y sont régulièrement répertoriés.

“ On peut imaginer que c’est beaucoup plus aujourd’hui, surtout depuis la départementalisation [rendue effective en mars 2011 – ndlr] ”, soulève une source basée à Mayotte, qui préfère garder l’anonymat. “ Les personnes que l’on voit arriver ici sont de tous les milieux et ont des profils divers : femmes, personnes gravement malades ou handicapées, enfants voyageant seuls, irréguliers qui étaient intégrés à Mayotte et qui retentent la traversée après avoir été expulsés… ” Tous viennent dans un même objectif, celui d’avoir “ une vie meilleure ”

Petite île de l’océan Indien vingt fois plus petite que la Corse, Mayotte comptait 279 000 habitant·es en

Mais les consignes données par le préfet, correspondant à une politique de durcissement s’agissant des arrivées sur l’île, finissent par engendrer des drames, poursuit-elle, en référence à un naufrage survenu fin décembre. “ La police aux

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Une pauvreté massive qui ne décourage pas la migration comorienne

frontières [PAF – ndlr] est chargée d’intercepter les embarcations en mer coûte que coûte, avec l’assentiment de la société mahoraise. Lorsque le conducteur du kwassa-kwassa refuse de s’arrêter, il arrive qu’il percute le bateau de la PAF et que l’embarcation se retourne. C’est bien l’intervention des forces de l’ordre qui génère le naufrage. ”

“ La lutte contre l’immigration irrégulière ne parvient pas à empêcher l’entrée et l’installation de très nombreux clandestins à Mayotte ” , peut-on lire dans le rapport, qui suggère de renforcer les moyens nécessaires à la PAF pour réduire le nombre d’arrivées sur l’île.

Selon le scénario le plus alarmiste de l’Insee, l’immigration comorienne pourrait conduire à comptabiliser 760 000 habitant·es à l’horizon 2050. “ Dans l’hypothèse d’un maintien des flux migratoires au niveau actuel, la situation deviendrait explosive ”, pointe le rapport que le gouvernement a préféré taire. Gérald Darmanin a donc misé sur un volet répressif pour tenter de tarir les départs depuis les Comores… Et de chasser les personnes exilées déjà présentes sur l’île à coups de bulldozers censés raser les bangas (des habitations précaires faites de tôle ondulée), où vivent de nombreux Comoriens et Comoriennes.

Comme l’a révélé le quotidien Les Nouvelles de Mayotte le 2 février dernier, le ministre prévoit ainsi d’envoyer pas moins de cinq escadrons de gendarmerie mobile supplémentaires sur l’île, soit 400 gendarmes, pour “ remettre de l’ordre ” dès le mois d’avril. Selon Le Canard enchaîné, l’idée a été validée par Emmanuel Macron lui-même lors d’un conseil de défense. Une vaste opération de “ décasage ” , devant servir à vider les bidonvilles de leurs occupants – souvent des sans-papiers –, à interpeller les têtes de réseaux de délinquance et à renvoyer un maximum de personnes vers les Comores.

L’enfer de l’enfance

Beaucoup d’enfants et de jeunes risquent ainsi d’être déracinés et renvoyés dans un pays où une situation bien pire les attend. De retour aux Comores après un renvoi forcé ou non, les mineurs non accompagnés (MNA dans le jargon, pour tout enfant mineur ayant emprunté une voie de migration seul) “ ne seraient pas les bienvenus ” selon le rapport invisible du gouvernement, qui explique que “ le mieux pour eux consiste à repartir d’où ils viennent ” Pour ceux restant à Mayotte, le rapport fait état d’une situation “ hors norme ” les concernant et alerte sur les dangers auxquels ils sont confrontés. Alors que 4 500 MNA étaient recensés sur l’île en 2016, le chiffre “ n’a pu que croître ces dernières années en raison des modalités des opérations de lutte contre l’immigration irrégulière ” , qui alimentent “ mécaniquement les situations d’isolement des mineurs ”, alertent les membres de la mission inter-inspection.

“ Les enfants comoriens ont beaucoup de mal à être scolarisés à Mayotte, car les collectivités font blocage en prenant prétexte du manque d’infrastructures et de places. Elles mettent donc sciemment des bâtons dans les roues des parents en situation irrégulière qui souhaitent scolariser leurs enfants, alors que l’éducation est un droit pour tous ” , déplore la source déjà citée. Certains iraient jusqu’à confier leurs enfants, “ sur le papier ”, à des personnes en situation régulière pour pouvoir les scolariser. Une démarche “ insensée ” sachant que leurs vrais parents sont à Mayotte. Plusieurs données brutes de ce même rapport disent aussi à elles seules, de manière générale, le drame des enfants et des jeunes de Mayotte. Selon la mission d’inspection, le nombre de “ mineurs en risque majeur de désocialisation ” s’élève à 6 600. Pire : 9 200 enfants en âge d’aller à l’école primaire n’y avaient pas accès en 2020. “ Les capacités d’accueil de l’école ne permettent pas, à ce jour, d’accueillir tous les enfants et jeunes de 3 à 16 ans ”, souligne le rapport.

Autre chiffre saisissant : “ 5 400 enfants mineurs vivent dans un logement, mais sans leurs parents ” , relève l’inspection, qui estime que “ le dispositif de protection de l’enfance reste largement sous-dimensionné ”

C’est à Mayotte que l’on trouve les effectifs les plus élevés de France dans les collèges, avec les plus mauvaises performances scolaires du pays : 71,1 % des jeunes ont des difficultés de lecture, contre 9 % sur le territoire national. C’est la raison pour laquelle la mission recommande de “ faire de la scolarisation de tous les enfants dans le premier degré, à partir de 3 ans, une priorité de court terme ”. Avec cette autre recommandation qui a de quoi alarmer : “ garantir une alimentation de qualité ”, les “ moyens mis en œuvre pour fournir une alimentation pendant le temps scolaire étant encore insuffisants ”

Car sur le terrain sanitaire, le constat est, lui aussi, accablant. Alors que le rapport rappelle que “ l’offre de soins […] reste encore très insuffisante ”, il alerte en parallèle sur une “ précarité alimentaire des jeunes ” jugée comme “ massive ”, avec, précision terrible, une “ difficulté de mise en œuvre des dispositifs de distribution des repas dans les écoles, collèges et lycées ” “ À tous les âges, les jeunes de Mayotte sont en moins bonne santé que partout ailleurs en France ”, affirme encore le document.

Faiblesse “ structurelle ” de la justice

S’agissant des questions de sécurité, le rapport parle de “ politiques régaliennes en difficulté et souvent mises en échec ” . L’insécurité demeure la “ préoccupation majeure ” des habitants, confrontés à une délinquance massive et parfois des faits d’ultraviolence commis en bande. Dans les vols avec violence, les mineurs représentent par exemple 81 % des auteurs, même si “ beaucoup de victimes ne portent pas plainte, notamment parmi les étrangers en situation irrégulière ” L’état de décrépitude des institutions publiques a pour conséquence, côté justice, d’engendrer “ une pression qu’aucune juridiction de l’Hexagone ne connaît ”. Et face à cette “ faiblesse structurelle ”, il faut ajouter des “ facteurs aggravants ”, selon le rapport : des personnels de la magistrature et du greffe souvent sans expérience, une faible attractivité, mais aussi une “ désorganisation des services et un déficit de travail collectif ”

Résultat : “ Des réponses en mode dégradé et une justice de l’urgence qui s’impose au détriment du règlement des questions de fond ”, souligne le document que Mediapart s’est procuré. “ On bidouille pour tenter de faire au mieux ” , résume un haut fonctionnaire, qui reconnaît un véritable “ problème structurel ” plus qu’un manque de moyens. “ Il y a un défaut d’attractivité qui empêche une certaine stabilité et entraîne un turnover important, mais aussi un défaut de formation ou de hiérarchie intermédiaire dans les recrutements, avec des magistrats sortis d’école se retrouvant aux côtés d’un président d’audience très expérimenté. On rencontre des difficultés liées à la langue, aussi, car les interprètes ne sont pas assez nombreux. ”

Les greffiers seraient selon lui mal formés et ne resteraient pas suffisamment longtemps, créant un “ sentiment d’insécurité ”, en particulier chez les jeunes magistrats. Les greffiers seraient aussi aspirés par la rétention administrative (visant à enfermer les étrangers en situation irrégulières en vue de leur renvoi) pour aller prêter renfort aux juges de la liberté et de la détention. “ Cela participe de la désorganisation des services. Il y a un tel flux et une telle pression du préfet sur ce sujet que tout tourne autour de cela. ”

Dans une situation comme celle-ci, le rôle de “ régulation sociale ” de la justice est d’autant plus accru, d’après le rapport, qui déplore, faute d’un “ engagement fort du parquet de Mamoudzou [la capitale de l’île – ndlr] ”, que la lutte contre le travail clandestin, la fraude documentaire, les violences faites aux femmes ou la corruption soient un peu délaissées.

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Embouteillages (1/2)

Combien ça coûte ?

C’EST LE PROBLÈME IMPACTANT LE PLUS DE PERSONNES À MAYOTTE. LES LONGUES FILES DE VÉHICULES À L’ARRÊT SUR LES ROUTES DE L’ÎLE SONT DEVENUES UN CAUCHEMAR BIEN RÉEL POUR LES MILLIERS D’AUTOMOBILISTES CHAQUE MATIN. D’AUTANT QU’IL SUFFIT D’UN SEUL CAILLASSAGE, BARRAGE OU CHANTIER POUR ENGORGER LES VOIES ALTERNATIVES, ELLES AUSSI SATURÉES. SI LES USAGERS PERDENT UN TEMPS PRÉCIEUX DANS LES EMBOUTEILLAGES, LES TAXIS, TRANSPORTEURS ET TRANSITAIRES DOIVENT ÉGALEMENT FAIRE FACE À UN MANQUE À GAGNER CONSIDÉRABLE.

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DOSSIER
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DOSSIER

TÉMOIGNAGES AVEC LES BOUCHONS, “ ON NE VIT PLUS ”

À Mayotte, nombreux sont ceux qui passent des heures sur la route, le matin pour se rendre au travail et en fin de journée pour rentrer chez eux. Un rythme de vie qui n’est plus supportable pour ceux qui le subissent. Fatigue, déprime, stress… Les embouteillages dans le 101ème département ont des conséquences non négligeables sur la santé physique et mentale de la population mahoraise.

Houssounaini habite à Kani-Kéli et travaille à Mamoudzou. Elle commence à 7h30 et se réveille donc tous les jours à 3h30 du matin. “ Je prépare le petit-déjeuner des enfants et je pars de chez moi à 4h30 ” , précise-t-elle. Si cette mère de famille prend le volant alors que le soleil n’est même pas encore levé, c’est pour éviter les embouteillages, mais malgré cela, elle affirme passer tout de même deux heures et demie sur la route le matin, alors qu’en temps normal, le parcours se fait en une heure. Et comme si cela ne suffisait pas, en fin de journée, elle subit le même sort, mettant plus de deux heures pour arriver chez elle. Pourtant, Houssounaini finit relativement tôt, à 15h30. “ Avant je faisais 8h-16h, et mon employeur a accepté de décaler les horaires pour qu’on puisse partir plus tôt et éviter les embouteillages. Au début, c’était efficace, mais depuis deux ans c’est devenu infernal ” , ajoute-t-elle. Selon cette habitante, la situation est devenue critique à partir de 2020, et elle n’est pas la seule à la vivre quotidiennement.

Fatoumati réside à Bandrélé et travaille à Kawéni. Son réveil sonne à 3h20 du matin et elle part de chez elle quarante minutes plus tard. À cette heure-là, elle est sûre de ne pas tomber sur les bouchons. À 4h30, elle est déjà sur son lieu de travail. “ Je commence à 6h30 alors je dors dans ma voiture. Puis je me réveille vingt minutes avant de commencer le travail, je me prépare dans mon véhicule avant de sortir ” , raconte-t-elle. Depuis la mise en place des bus dans le cadre du projet Caribus, Fatoumati le prend régulièrement depuis Hajangoua. “ Le matin c’est une bonne chose car cela me permet de dormir un peu plus et avec le bus on arrive plus vite. Mais l’aprèsmidi c’est autre chose ! Je finis à 15h et quand je le prends, j’arrive chez moi à 18h. ” Elle a donc décidé de faire du covoiturage avec ses collègues sur le chemin du retour, et elle récupère sa voiture à Hajangoua.

DES VIES CHAMBOULÉES

Ce rythme de vie n’est pas sans conséquences. Les automobilistes sont constamment épuisés et cela a un impact sur la vie familiale. Allaoui Mouniri peut en témoigner, lui qui habite à Bouéni et travaille également à Kawéni. Cela fait quatorze ans qu’il exerce dans la commune chef-lieu et il a vu la situation se dégrader d’année en année. Il passe

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Raïnat Aliloiffa
“ ON N’A PLUS DE VIE SOCIALE ”
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“ ON DEVIENDRA TOUS DES ZOMBIES ! ”

DOSSIER

“ JE DORS DANS MA VOITURE ”

aussi des heures sur la route, matin et soir, alors il utilise le peu de temps qu’il lui reste pour dormir. “ Je ne sors pas, on n’a plus de vie sociale, on ne vit plus tout simplement. Parfois, je suis même impatient avec les enfants parce qu’ils font du bruit et que j’ai besoin de me reposer ” , admet-il.

Fatoumati et Houssounaini sont également obligées de sacrifier des moments en famille. La première affirme qu’elle ne voit quasiment jamais son mari, et la deuxième culpabilise de ne pas passer assez de temps avec ses enfants.

“ Je ne les vois que le soir et je n’ai même pas le temps de profiter d’eux parce que je

dois faire à manger, vérifier que les devoirs sont faits et on dort à 20h. Le week-end je ressens toute la fatigue de la semaine j’ai donc besoin de dormir pour être en forme le lundi. Tout cela me pèse psychologiquement ” , souligne-t-elle.

La qualité du travail est également ébranlée. Le manque de sommeil se fait ressentir dès la matinée pour Houssounaini. “ C’est très fatigant. Après plus de deux heures de trajet le matin, lorsque j’arrive au bureau je sens vraiment la fatigue. Cela influe sur mon travail parce que vers 10h je suis fatiguée et j’ai envie de dormir. Je dois constamment être active pour ne pas

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m’endormir ” , explique-t-elle. Et à Allaoui Mouniri d’ajouter : “ Parfois je n’ai pas envie de me lever pour aller travailler. Parfois je craque, j’ai envie de tout laisser tomber mais je n’ai pas le choix, j’ai une famille à nourrir. ” Mais lorsque la volonté n’est pas là, cela se fait sentir sur le travail effectué.

DES SOLUTIONS POSSIBLES

Toutes ces personnes ont tenté de trouver des solutions à leur niveau pour ne plus subir les embouteillages. Allaoui Mouniri et Houssounaini ont opté pour le covoiturage. Tous deux affirment alterner les jours de conduite avec leurs collègues afin que les autres puissent dormir dans les voitures. Quant à Fatoumati, elle prend le bus mis en place par la Cadema et elle regrette que tout le monde ne

fasse pas de même. “ Les Mahorais aiment trop le confort de leurs voitures, mais les bus sont aussi confortables et il y a la clim. Si tout le monde jouait le jeu et les prenait, il y aurait moins de bouchons ” , affirme-t-elle.

Cette dernière a également demandé à son employeur d’être en télétravail deux jours par semaine. Une chose est sûre, la population semble avoir atteint ses limites et ils sont de plus en plus nombreux à crier leur désarroi face à ce problème qui s’amplifie. L’habitant de Bouéni lance un appel aux autorités de Mayotte : “ Il y a quatre ans, on ne se réveillait pas à 3h du matin. Si les décideurs de cette île n’agissent pas immédiatement qu’est-ce que nous allons devenir ? Si ça continue comme ça, dans deux ans on sera obligés de partir à 1h du matin et on deviendra tous des zombies ! ” n

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DOSSIER

ENTRETIEN POUR LES TRANSITAIRES, “ LE PIRE EST À VENIR ”

Les entreprises ne sont pas épargnées par les embouteillages. Elles subissent de plein fouet leurs conséquences et très souvent, elles n’ont pas de marge de manœuvre. Certaines ne peuvent plus exercer leur activité normalement et l’avenir ne les rassure pas, à l’exemple de ce transporteur qui a souhaité garder l’anonymat. Cela fait 20 ans qu’il exerce à Mayotte et il nous explique de quelle manière les embouteillages ont changé son mode de fonctionnement.

“ CARIBUS NE RÉGLERA

AUCUNEMENT LA PROBLÉMATIQUE DES BOUCHONS

Mayotte Hebdo : Quel impact les embouteillages ont sur votre rythme de travail ?

L’impact économique est in fine à la charge du consommateur mahorais lambda. Pour que vous compreniez bien, un camion porteconteneur avec grue incorporée coute 450 000 euros quand il en coutait 280 000 il y a 20 ans. Il y a 20 ans toujours, nous livrions 7 conteneurs entre Longoni et Kawéni par jour quand désormais, on en livre 2 ou 3 par jour, pour 8 heures de travail quotidien a minima. Donc, le premier souci économique reste l’embouteillage, car en tant que transporteurs c’est principalement notre métier, mais

pour tous les autres acteurs économiques, le temps passé dans les bouchons commence à peser dans la construction de leur ligne tarifaire. Malheureusement, les élus n’ont pas la même notion de l’urgence que les privés et Caribus est un doux rêve qui ne réglera aucunement la problématique des bouchons de Mayotte.

M.H. : La situation a-t-elle généré une baisse de votre chiffre d'affaires ?

Oui. Nous compensons en investissant sur du matériel complémentaire pour faire le même chiffre d’affaires proportionnellement au volume d’il y a trois ans. Chaque année, nous perdons 0,5 rotation entre Longoni et Kawéni par camion. Donc je dirais que ce n’est pas notre chiffre d’affaires qui baisse, mais plutôt que nous observons une contraction de notre marge par les investissements nécessaires pour compenser.

M.H. : De quelle manière vous organisezvous afin de pouvoir travailler dans de bonnes conditions ?

En investissant, en géolocalisant les camions par exemple, pour optimiser les restitutions

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Propos recueillis par Raïnat Aliloiffa

de conteneurs quand un client nous informe de la disponibilité d’un conteneur vide.

M.H. : Quelles seraient les solutions selon vous pour remédier à ce problème ?

Je vois deux solutions. Nos élus doivent impérativement orienter le transport de passagers par la mer. Nous disposons d’un lagon protégé. Il suffirait de créer des quais à taille réduite dans les quatre coins de l’île permettant aux navires de 100 personnes d’accoster toutes les 15 minutes et de les transporter sur un port d’accueil de Mamoudzou.

Il faut également faire un quai dans le sud ou le nord de Mayotte pour transporter tous les camions bennes et autres pour barger vers la Petite Terre. L’idée farfelue d’un responsable du Conseil départemental, point de vue sûreté, était de faire passer par le port. C’est comme si vous demandiez à tous les camions d’entrer dans l’enceinte aéroportuaire. Par contre, faire un quai pour

désengorger les environs de la barge du quai Colas permettrait de donner du souffle à la circulation de Mamoudzou.

M.H. : Comment envisagez-vous la suite de votre activité dans les années à venir ?

Nous ne pourrons jamais livrer de conteneurs avec un drone, donc le pire est à venir. Il y aura une augmentation des tarifs d’année en année, en fonction de l’augmentation de la longueur des bouchons que nous subissons tous les matins. Ne me parlez pas des livraisons nocturnes, il faudrait non seulement que le port ouvre tard le soir, que les clients acceptent de réceptionner leurs conteneurs, et surtout que les routes soient éclairées et sécurisées. Nous ne pouvons nous permettre de faire ce que font certaines sociétés du bâtiment qui se livrent entre elles depuis leur propre site de production à leur propre chantier. n

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“ IL Y AURA UNE AUGMENTATION DES TARIFS D’ANNÉE EN ANNÉE ”

ÉCONOMIE CHEZ LES TRANSPORTEURS, LE BOUCHON SAUTE

Les multiples entreprises mahoraises de transport font partie des premières victimes des embouteillages interminables. Pour subsister, les transporteurs ont dû s’adapter à la situation et sacrifier une partie de leur chiffre d’affaires.

supporter, puisqu’un embrayage coûte entre 800 et 4000 euros. Nous avons aussi une surconsommation de carburant qu’on ne peut pas chiffrer. ” De plus, les bus de l’entreprise sont passés de quatre rotations par matinée à seulement deux “ grand maximum ” “ Notre rentabilité est donc moindre, comme notre chiffre d’affaires ” , déplore la cheffe d’entreprise.

Même si elle arbore son calme légendaire, la fatigue se ressent chez Carla Baltus, dirigeante de Carla Mayotte Transports Baltus. Il faut dire que ses bus doivent désormais passer de nombreuses heures sur les routes saturées de Mayotte, provoquant de nombreuses dépenses supplémentaires. “ On s’est rendu compte, par exemple, qu’on changeait des embrayages à 40 000 kilomètres au lieu de 100 000, parce qu’on a toujours le pied dessus, expliquet-elle. Ce sont des frais qui sont lourds à

“ La situation est lamentable ” , tranche Siaka Ali, secrétaire général de l’Union départementale Force ouvrière (UDFO) et délégué FO aux transports. “ Nous ne sommes plus productifs à cause des embouteillages, continue-t-il. Cela provoque encore plus d’insécurité, mais nous sommes surtout obligés de partir très tôt. Si on arrive trop tard, il n’y a plus de travail ! Les embouteillages ont un coût pour tout le monde, tout le monde les subit. ” À cause des bouchons, Carla Baltus a dû augmenter sa flotte de bus, ainsi que le temps de travail de ses employés. “ Notre seuil d’optimisation n’est plus aussi important, admet-elle. Pour autant, les conducteurs n’ont pas plus de temps de repos, puisqu’ils doivent revenir à vide et rentrer chez eux. Ça génère donc plus d’heures supplémentaires, ce qui est également un surcoût pour l’entreprise. ”

Outre cette nouvelle perte, les conditions de travail et de vie des chauffeurs de bus sont en effet directement impactées, ce que Siaka Ali tient à souligner. “ Imaginez le quotidien de ces transporteurs, débute le syndicaliste. Ils fonctionnent en faisant des

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DOSSIER Axel Nodinot

rotations, et en ont par exemple quatre en matinée, de 4 heures à 8 heures, mais doivent aller de Koungou à Mamoudzou. Ce n’est pas possible, c’est déjà bien si on fait ce tronçon en 1h30 ! ” De quoi léser tout un système, et impacter la vie privée des chauffeurs : “ Quatre à six heures aller-retour, c’est énorme, c’est presque inhumain ! ” , avoue Carla Baltus. Celle qui est aussi présidente du MEDEF Mayotte pense également à la santé des automobilistes, exposés des heures durant aux gaz d’échappement : “ Le temps passé dans les bouchons par les usagers est trop long, à Mayotte. Il ne faut pas le négliger, car cela va empirer dans le temps ”

C’est donc un tableau bien gris que dresse la patronne des patrons mahorais, qui voit cependant une issue à cet étouffement : “ On aurait trouvé une solution, si j’ai bien compris, avec l’arrivée de la barge marchandises, mais ça ne résout le problème que vers Petite Terre ” . Si les navettes maritimes promises par le Conseil départemental voient le jour, si les grands projets liés à l’aménagement du territoire et aux transports sont menés, alors les transporteurs pourraient respirer un peu plus. Mais avec des si, on mettrait Mamoudzou en bouteille. n

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TRANSPORTS

LES REVENUS DES TAXIMEN EN BERNE

Véritable institution à Mayotte et seuls transports publics de l’île durant plusieurs décennies, les taxis souffrent des bouchons toujours plus longs. Contraints à effectuer de moins en moins d’allers-retours, les chauffeurs voient leur chiffre d’affaires fondre comme neige au soleil.

“ C’est pas possible… ” lâche Ali en découvrant la file de voitures obstruant la route nationale depuis le rond-point Mahabou jusqu’à – il ne le sait que trop bien – l’entrée de Passamaïnty. Ce râle de désespoir, le taximan le pousse tous les soirs. Aujourd’hui, il est 18 heures 15, et Ali sait déjà qu’il effectue son dernier trajet au volant de son van 9 places. “ On va arriver à 20 heures à Combani ” , prévoit avec justesse celui qui doit ensuite rentrer chez lui, à… Mamoudzou. Dans la journée, le chauffeur n’aura pu faire que la moitié des allers-retours qu’il faisait par jour il y a quelques années. S’il ne perd jamais son sourire, l’usure commence à marquer les traits et l’esprit d’Ali. Beaucoup moins tendre, Schouma peste tour à tour contre les bouchons, les couples qui utilisent deux voitures, les taxis mabawa ou le caribus de la Communauté d’agglomération DembaniMamoudzou (Cadema).

“ Avec les déviations à Passamaïnty, les sens interdits… Il y a des embouteillages jusqu’à Vahibé ” , s’agace le président du syndicat des taxis centre de Mayotte, qui opère sur la même ligne qu’Ali. En une dizaine d’années, le professionnel aurait vu ses revenus passer de 350 euros par jour à 170 euros maximum. “ Pour aller de Combani à Mamoudzou, par exemple, on ne passe pas moins de deux heures dans les embouteillages ” , déplore-t-il. D’autant que les tarifs des courses, même s’ils ont augmenté en août 2022 à la suite des revendications des taximen, restent relativement faibles. Un passager doit désormais payer 2 euros pour un trajet

à l’intérieur de la commune, et entre 3 et 9 euros en taxi-brousse. Pas de quoi faire pâlir d’envie les chauffeurs VTC de l’Hexagone.

Avec ces tarifs, et face à des embouteillages de plus en plus handicapants, certains chauffeurs refuseraient des trajets. “ Les petites voitures, qui vont de Mamoudzou à Tsoundzou ou Passamaïnty, perdent 100 euros par jour, affirme Schouma. Ils doivent rester deux heures dans les bouchons pour gagner 10 euros. Certains d’entre eux ne veulent plus faire ces trajets. ” Et, comme si ça ne suffisait pas, les taximen ne sont pas sûrs de pouvoir “ faire le plein ” au retour, rendant leur calvaire encore moins rentable.

Loin d’être avare de remarques, le président des taxis centre cible la Cadema, qui fait subir aux taxis – et plus largement aux automobilistes – des travaux d’aménagement depuis plusieurs mois. Une situation qui engendre encore plus de bouchons, depuis Tsararano au sud et l’entrée de Passamaïnty à l’est. “ Ce sont surtout les travaux du Caribus qui nous empêchent de circuler. Il aurait fallu créer une voie rapide ” , affirme Schouma. S’ils enregistrent moins de recettes, les taximen doivent néanmoins faire face aux mêmes charges qu’à l’accoutumée : essence, assurance et réparations occasionnelles sont toujours à régler, et les navettes de la Cadema ne devraient pas arranger les choses.

Les taxis mahorais se sentent en effet menacés par ce nouveau mode de

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DOSSIER Axel Nodinot et Jéromine Doux

transport, comme le fait remarquer le chauffeur : “ Tu crois que ceux qui ont une voiture vont prendre le bus ? ” , s’exècre-t-il. Les syndicats de taxis de l’île ont pourtant essayé de négocier pour leur condition lors des réunions préliminaires aux travaux de la Cadema. Selon Schouma, ils y auraient obtenu l’autorisation de circuler sur les voies de bus, “ mais

on dirait qu’il est revenu sur sa promesse ” , suspectet-il en évoquant Rachadi Saindou, président de la communauté d’agglomération. Si la réalisation des travaux devrait désengorger les routes à terme, elle n’est pas non plus vectrice d’espoir pour Ali : “ Je ne sais pas si je vais pouvoir continuer… Je ne vais pas rouler juste pour rembourser l’essence ” n

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UNE ÎLE EN TRAVAUX

UN NOUVEL HÔTEL DE VILLE POUR SADA

ALORS QUE LA COMMUNE EST DÉPOURVUE DE MAIRIE DEPUIS 2019, LES TRAVAUX DE SON NOUVEL HÔTEL DE VILLE VIENNENT DE COMMENCER. UN PROJET ÉVALUÉ À ONZE MILLIONS D’EUROS QUI DEVRAIENT PERMETTRE DE REGROUPER LES DIFFÉRENTS EMPLOYÉS.

Les premiers coups de pelleteuse ont été donnés sur le site du nouvel hôtel de ville de Sada. La commune de 11.000 habitants a lancé les travaux, ce mercredi 1er mars. La collectivité était en effet dépourvue d’édifice municipal depuis la destruction des six bâtiments de l’ancienne mairie, lors de la précédente mandature, en 2019, pour cause de vétusté. L’objectif de cette nouvelle enceinte sera ainsi de regrouper les employés de la commune et leurs compétences, qui étaient jusqu’à lors dispersés sur huit sites différents.

UN BÂTIMENT DE 1.855 M² AVEC DEUX ÉTAGES

Les travaux devraient durer 24 mois pour un montant prévisionnel de onze millions d’euros. C’est le cabinet Coarchitectes spécialisé dans l’architecture bioclimatique tropicale et basé dans la ville de Saint-Pierre à La Réunion, qui a pensé ce projet. Au-delà de la construction d’une mairie, l’idée était de dégager de l’espace public, d’en faire un lieu de vie et de respiration, reprenant les coutumes de Sada et de l’île. Le nouvel édifice, construit sur un terrain de 2.633 m², s’étendra sur 1.855 m² de plancher et comprendra deux étages. La municipalité espère une livraison de l’édifice en début d’année 2025.

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Les travaux de l’hôtel de ville de Sada ont démarré le 1er mars. Crédit : Commune de Sada.
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Le nouveau bâtiment s’étendra sur 1 855 m² et comprendra deux étages. Crédit : Commune de Sada. Ce nouvel hôtel de ville permettra de réunir les employés et leurs compétences sur un même site. Crédit : cabinet Co-architectes.

LES MICROPLASTIQUES DANS LE VISEUR DU PARC MARIN

En cette saison des pluies – qui draine de nombreux détritus dans notre lagon – le Parc naturel marin de Mayotte alerte sur la question des déchets plastiques, et notamment des plus petits d’entre eux. Depuis novembre dernier et jusqu’en juin prochain, le parc finance le projet Plasma, qui vise à quantifier le problème de la pollution aux microplastiques du lagon de Mayotte, et à en déterminer l’origine. Une équipe pluridisciplinaire de scientifiques est mobilisée, épaulée par des chercheurs en herbe, élèves de deux établissements scolaires de l’île.

A Mayotte, faute de tout-à-l’égout, nous avons le tout-au-lagon ! En cette période de saison des pluies, les déchets sont immanquablement ravinés par les fortes précipitations tout droit dans la mer qui nous entoure. Si les bouteilles en plastique, ou les incontournables savates “ White Dove ” se repèrent facilement – flottant à la surface – d’autres détritus, plus petits, plus discrets, soulèvent une inquiétude particulière. Les microparticules de plastiques, ou “ microplastiques ” sont issus de la dégradation d’objets plus gros. “ Compte tenu de leur taille comparable à celle des organismes du plancton, les microplastiques sont ingérés de façon accidentelle par le zooplancton, et de nombreux animaux marins consommateurs de plancton. […] Le plancton étant la base de la chaîne alimentaire, les conséquences peuvent être dramatiques pour l’ensemble des espèces : troubles physiologiques, altération de la productivité de ces animaux et in fine de l’efficacité de la chaîne alimentaire ”, renseigne le Parc naturel marin de Mayotte dans un communiqué, précisant que ces perturbations peuvent entraîner “ une désoxygénation des océans ”. Gloups !

En réponse, et dans la lignée de la création – en 2017 – d’un Observatoire des déchets marins, le parc finance, à hauteur de 60.000 euros, le projet Plasma (“ pollution aux microplastiques de lagon de Mayotte ”), qui réunit des chercheurs en physique, chimie et sociologie autour de la problématique. “ Le projet a deux grands objectifs

”, renseigne Cristèle Chevalier, chercheur en océanographie physique à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), et spécialisée dans la modélisation des courants marins dans les lagons. “ Dans un premier temps, il s’agit de mieux comprendre la dynamique des microplastiques dans le lagon : de savoir en quelle quantité ils se trouvent, et comment ils circulent. Ensuite, nous chercherons à déterminer leur origine. Proviennent-ils uniquement du littoral mahorais, ou entrent-ils aussi dans le lagon depuis l’océan ?

”, indique-t-elle.

Localiser les zones polluées dans le lagon

Pour tenter de répondre à ces questions, la scientifique développe un modèle de courantologie à l’échelle du lagon de Mayotte.

“ On a besoin de comprendre la dynamique des courants car ce sont eux qui transportent les objets : le plancton qui est incapable de nager, mais aussi les déchets ! Donc on calcule les courants et après on essaye de voir comment se déplacent les microplastiques avec ces courants ”, détaille Cristèle Chevalier. “ Cela ressemble un peu à de la météorologie. Le modèle repose sur tout un système d’équations qui déterminent les mouvements marins en fonction des marées, des vents, de la houle. Cela représente plusieurs dizaines de milliers de lignes de code ! ”, renseigne-t-elle. Son modèle met ainsi en évidence des “ zones de concentration ”, où s’accumulent les microplastiques, et des

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Lucas Philippe

“ zones de dispersion ”, où ils ne restent pas. Par exemple, la baie de Bouéni retiendrait les déchets microplastiques, tandis qu’ils se disperseraient plus rapidement dans la zone de Longoni. Des prélèvements seront effectués en mer pour valider le modèle. “ Dans une logique pluridisciplinaire, nous rencontrerons également les professionnels du lagon : les plongeurs, les pêcheurs… pour qu’ils nous détaillent les courants qu’ils observent au quotidien ”, précise Mathieu Leborgne, enseignant-chercheur de sociologie, également impliqué dans le projet.

Dans un second temps, Plasma s’intéresse au continuum terre-mer, c’est à dire “ à la dynamique qu’il y a entre certains bassins versants de rivières et le lagon, qui est le réceptacle de tout ce qui se trouve en amont ”, indique le sociologue. “ Pour cela, on a déployé un dispositif de science participative ”. Deux classes –respectivement du collège de Passamaïnty et du lycée des Lumières de Kaweni – ont été mobilisées. Les chercheurs en herbe, “ à la fois ethnologues et scientifiques ”, ont ainsi effectué des prélèvements d’eau des rivières pour en déterminer la teneur en microplastiques, et ont mis en œuvre un protocole d’enquête ethnographique. “ Pendant deux heures, nous avons arpenté le cours de la rivière. Les élèves devaient relever sur une carte l’ensemble des pratiques observées en lien avec la rivière. Qui s’en sert ? Pour quoi faire ? ”, explique le sociologue. Cette observation de terrain doit aider à déterminer la source des

microplastiques trouvées dans les rivières, et drainés dans notre lagon : le linge des lavandières, les pneus qui servent de barrages informels sont autant de pistes à explorer. Un questionnaire sur les rapports locaux aux déchets est en cours de passation par les élèves auprès de leurs familles et amis. “ Pour nous, scientifiques, cette démarche est d’autant plus intéressante qu’elle nous permet de collecter des données issues de milieux qui nous sont normalement très difficiles d’accès ”, avance Mathieu Leborgne. Les élèves présenteront le fruit de leur travail au mois de juin prochain. D’un point de vue recherche, les modèles de courantologie et d’analyse de dispersion des particules devraient être terminés d’ici l’année prochaine. “ C’est le temps qu’il faut compter pour l’analyse des échantillons et prélèvements ”, précise Cristèle Chevalier. “ Ensuite, on écrira des articles scientifiques dessus ! ”

Quelle suite concrète pour les conclusions scientifiques qui seront établies ? “ Le projet Plasma est un outil qui doit nous permettre de faire émerger des solutions concrètes. Une fois que l’on saura combien de microplastiques nous avons, à quels endroits, et que nous aurons compris d’où ils proviennent, alors nous pourrons alerter les collectivités locales pour qu’elles prennent des mesures ”, détaille Clément Lelabousse, chargé de mission qualité de l’eau au Parc naturel marin de Mayotte, qui se projette déjà sur un “ Plasma 2 ” n

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Le projet Plasma (“ pollution aux microplastiques de lagon de Mayotte ”) réunit des chercheurs en physique, chimie et sociologie autour de cette problématique. Analyse des microplastiques par les lycéens des Lumières. (crédit : Cristèle Chevalier, IRD)

Koko Némati, une vieille femme, raconte qu'à Mayotte, au fond du lac Dziani, se trouve la porte des djinns. Les démons sortent la nuit pour hanter les alentours et tourmenter les malheureux qui s'en approchent. Tous les enfants frissonnent en écoutant ses histoires.

Mais faut-il croire Koko Némati ? Ou Monsieur Issouf, le prof de S.V.T, qui affirme que les djinns n'existent pas ? Pour bien faire, il faudrait vérifier sur place, un soir de grande lune. C'est ce que vont faire Abdou et ses amis.

JEUNESSE (2/6) : DZIANI, PORTE DES DJINNS

AGRÉGÉ DE LETTRES MODERNES ET DOCTEUR EN LITTÉRATURES FRANCOPHONES, CHRISTOPHE COSKER EST L’AUTEUR DE NOMBREUX OUVRAGES DE RÉFÉRENCE SUR LA LITTÉRATURE DE L’ÎLE AUX PARFUMS, NOTAMMENT UNE PETITE HISTOIRE DES LETTRES FRANCOPHONES À MAYOTTE (2015) DONT IL REPREND, APPROFONDIT ET ACTUALISE, DANS CETTE CHRONIQUE LITTÉRAIRE, LA MATIÈRE.

Le but de cette chronique littéraire est d’embrasser l’ensemble de la production littéraire à Mayotte et, pour ce faire, de se fonder sur l’actualité des textes les plus récents, puis de remonter vers les origines plus lointaines, pour montrer dans quelles séries ces livres peuvent s’inscrire et comment ils peuvent dialoguer les uns avec les autres. Par conséquent, si l’on en revient à l’acception commune du concept de la littérature de jeunesse, le premier Métropolitain à publier les histoires qu’il écrit à l’intention des enfants est Yoanne Tillier avec La Porte des djinns à Mayotte (2006).

Illustré par Nicolas Roigt, ce livre renvoie d’abord à un lieu. En effet, la porte des djinns, êtres surnaturels bienveillants ou malveillants, est en réalité le lac verdâtre qui se trouve dans le cratère du Dziani en Petite Terre. L’eau apparaît souvent, dans les contes, comme une voie d’accès pour les êtres surnaturels. Yoanne Tillier invite ses personnages adolescents – Abdou, Youssouf et Yasmina - à mettre en question cette croyance. En effet, les jeunes gens écoutent, d’un côté, le discours de Koko Némati : “ Ce lac est maudit. Les hommes s’en approchent parfois, pour aller chercher des fruits dans la forêt qui l’entoure ou faire paître leurs zébus. Mais ils n’y vont qu’en plein jour. La nuit ce serait folie. Au

fond du lac se trouvent des souterrains secrets qui mènent au territoire des djinns. Quand ces démons sont mécontents contre les vivants d’en haut c’est eux qui font trembler la terre. Le lac Dziani c’est la porte des djinns. Et c’est la nuit que leur porte s’ouvre. C’est la nuit qu’ils sortent en prenant toutes sortes de formes monstrueuses, visibles ou invisibles. C’est la nuit qu’ils s’enfoncent dans les âmes des mauvais croyants en s’infiltrant par les oreilles et les narines. C’est pourquoi cet endroit est interdit et qu’il ne faut jamais y aller. Jamais ! On n’en revient pas. Ou alors on en revient fou ! ” (p. 19)

Dans cette belle description fantastique faite par une vieille femme d’un lieu moins maudit que sacré, l’œil du volcan devient la porte des démons qui s’en échappent la nuit. La koko imagine un monde souterrain fait de galeries dans lesquelles vivent des monstres capables de faire trembler la terre. La nuit, ils sortent et se promènent sur la terre, parmi des mortels qu’ils sont capables de posséder pour les rendre fous. Gare aux djinns ! De l’autre, il y a le discours du professeur de Sciences et vie de la terre, M. Issouf :

“ Les djinns n’existent pas, pas plus que les fantômes ou les loups-garous ou tous ces monstres que l’imagination humaine a inventées pour essayer de s’expliquer les mystères du monde ! Le lac Dziani est un lac d’origine volcanique et les volcans sont souvent des endroits où

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Yoanne Tillier et Nicolas Roigt, La porte des djinns à Mayotte, éditions L’Harmattan, 2006.
LITTÉRATURE
LISEZ MAYOTTE

des phénomènes spectaculaires peuvent être observés. Ces phénomènes, physiques et chimiques, parfois dangereux, sont restés très longtemps incompréhensibles ; si bien que les êtres humains en ont eu peur et dès que la peur agite un humain, sa cervelle se met à fabriquer des monstres de toutes les couleurs et de toutes les formes. Crois-moi, je vais souvent au lac Dziani et jamais je n’ai vu l’ombre d’un djinn. Donc, tu peux aller t’y balader le plus tranquillement du monde. D’ailleurs, tiens, tu vas m’être utile. […] Ramène-moi de l’eau du lac. On en analysera le contenu au microscope. Ce sera une expérience intéressante pour toute la classe. ” (p. 39-30)

Ce deuxième discours a quelque chose de violent et d’excessif lorsqu’il condamne les croyances d’autrui. Il procède d’une autre attitude que la précédente face au monde. L’appel au surnaturel est remplacé par l’enquête et la recherche scientifique sur les volcans qui sont apparus à la surface de la terre. La matière remplace l’esprit.

L’intérêt de ces deux discours qui s’opposent diamétralement, ou qui ne partent pas des mêmes principes et donc, n’aboutissent au même résultat est qu’ils ne permettent pas d’opposer directement une vision française rationaliste et une vision mahoraise animiste. En effet, le premier discours incite, involontairement, les enfants à transgresser le tabou du lieu sacré de même que le second incite à tirer profit de cette expérience. Le lecteur bénéficie donc ici de deux visions du monde dont il peut peser les avantages et les inconvénients. Il n’en reste pas moins vrai que les enfants croiseront, pendant leur périple nocturne, une bête à cornes. Mais ce n’était pas un djinn, sauf s’il s’était déguisé en zébu…

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SPORT

Calendriers - classements - résultats

BASKET Prénationale masculine

Playoffs

Rapides Éclairs (4) – Vautour club de Labattoir (1)

aller le 11/03 au gymnase de Pamandzi

retour le 18/03 à Labattoir Basket club de Mtsapéré (3) – Étoile bleue de Kawéni (2)

BASKET Prénationale féminine

Playoffs

Golden Force (3) – Fuz’Ellips de Cavani (2)

Match aller le 11/03 à Chiconi

Match retour le 19/03 à Cavani

Magic Basket Passamaïnty (4) – Basket club de Mtsapéré (1)

Match aller le 12/03 à Passamaïnty

Match retour le 19/03 à Baobab

Equipe Pts J G P Dif 1 Basket club de Mtsapéré 27 14 13 1 +362 2 Fuz'Ellips de Cavani 23 14 12 1 +585 3 Golden Force 22 14 8 6 +45 4 Magic Basket Passamaïnty 21 14 10 3 +262 5 Chicago club de Mamoudzou 19 14 5 9 +4 6 Partizan BCA 19 14 5 9 -288 7 Colorado Beetle Mtsahara 16 14 2 12 -459 8 Basket club Iloni 15 14 1 13 -491
Match
Match
Match
Match retour le 18/03
Kawéni Equipe Pts J G P Dif 1 Vautour club de Labattoir 34 18 16 2 +279 2 Étoile bleue de Kawéni 32 18 14 4 +297 3 Basket club de Mtsapéré 32 18 14 4 +198 4 Rapides Éclairs 29 18 11 7 +55 5 TCO Mamoudzou 28 18 10 8 +157 6 Gladiator de Doujani 26 18 8 10 -46 7 Fuz'Ellips de Cavani 24 18 8 10 -46 8 Colorado Beetle Mtsahara 22 18 4 14 -301 9 Basket club de Tsararano 17 18 3 15 -376 10 Jeunesse Canon 2000 16 18 2 14 -254 26 • Mayotte Hebdo • N°1034 • 10/03/20 23
aller le 12/03 à Baobab
à

HANDBALL

Poule haute masculins

HANDBALL

Poule relégation masculins

HANDBALL

Prénationale féminine

37–21 Doujani

Journée 4 AJH Tsimkoura 37–39 HC Acoua CH Combani 44–36 Tchanga Handball TCO Mamoudzou – HC Bandrélé Bandraboua HC 19–46 ASC Tsingoni Journée 5 – 10 au 12 mars 2023 AJH Tsimkoura – ASC Tsingoni CH Combani – HC Bandrélé TCO Mamoudzou – Tchanga Handball Bandraboua HC – HC Acoua Equipe Pts J G N P Dif 1 ASC Tsingoni 12 4 4 0 0 +54 2 CH Combani 10 4 3 0 1 +14 3 HC Acoua 10 4 3 0 1 +11 4 Tchanga Handball 8 4 2 0 2 +3 5 HC Bandrélé 7 3 2 0 1 +13 6 TCO Mamoudzou 5 3 1 0 2 -12 7 AJH Tsimkoura 4 4 0 0 4 -20 8 Bandraboua HC 4 4 0 0 4 -63
Journée 4 Sohoa Handball 24–27 HC Labattoir AC Chiconi 33–38 Haima Sada AJH Koungou 30–27 PC Bouéni HC Kani Kéli 36–28 Alakarabu Hand Journée 5 – 10 au 12 mars 2023 HC Kani Kéli – PC Bouéni Sohoa Handball – Haima Sada AC Chiconi – HC Labattoir AJH Koungou – Alakarabu Hand Equipe Pts J G N P Dif 1 HC Labattoir 12 4 4 0 0 +32 2 Haima Sada 11 4 3 1 0 +39 3 PC Bouéni 10 4 3 0 1 +8 4 HC Kani Kéli 7 4 1 1 2 +1 5 AC Chiconi 6 4 1 0 3 -4 6 Sohoa Handball 6 4 1 0 3 -18 7 Alakarabu Hand 6 4 1 0 3 -1 8 AJH Koungou 3 4 1 0 3 -57
Journée
AJH Tsimkoura
HC HC Kani Kéli 30–29 HC Passamaïnty Moinatrindri HC 24–28 Haima Sada HC Bandrélé – TCO Mamoudzou HC Select 976 31–28 CH Combani PC Bouéni – ASC Tsingoni Equipe Pts J G N P Dif 1 HC Select 976 51 18 16 1 1 +219 2 ASC Tsingoni 49 17 16 0 1 +253 3 CH Combani 46 18 14 0 4 +175 4 Haima Sada 41 18 11 1 6 +53 5 PC Bouéni 39 17 10 3 4 +37 6 HC Bandrélé 37 17 9 2 6 +12 7 AJH Tsimkoura 34 18 7 2 9 -50 8 HC Kani Kéli 34 18 7 2 9 -5 9 HC Passamaïnty 25 18 4 1 13 -94 10 Moinatrindri HC 22 18 3 0 15 -214 11 TCO Mamoudzou 19 17 2 0 15 -178 12 Doujani HC 19 18 1 0 17 -208 27 • Mayotte Hebdo • N°1034 • 10/03/20 23
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SAMEDI 11/03

HIPPOCAMPUS PRESENTE L-HAD –

AUDITORIUM DU CURF, à Dembeni, à 20h, entrée 10€, adhérant : 5€ -10 ans : gratuit

CONCERT LIVE SAMI, ASSU, NASS - Lambic Grill, Tahiti plage à 21h30

DOUJAH SOUND SYSTEM

Au Shaka Snack, plage Mzouazia, bar et restauration sur place, entrée 5€

JOURNEE

INTERNATIONALE DES DROITS DES FEMMES

A la place des congrès à Pamandzi, de 13h à 19h

SORTIE OFFIELLE DU LIVRE DE NADIA NOINAIDI

Pôle culturel de Chirongui, de 9h à 12h30

REUNION D’ECHANGE AUTOUR DU COUPLE MAHORAIS

A la bibliothèque de PAMANDZI, de 9h à 11h

SORTIES NATURALISTES

Cascade de Soulou depuis Tsingoni, infos réservation : 0269 630481

VENDREDI 17/03

SAMEDI 18/03

CONCERT LIVE

LE MELI-MELO, Snack du Golf à Combani, à 19h

DJ STICKEE

Au BARAKILI, Reggae, Dance Hall, Afro, Hip Hop, à 20h, réservation : 0269 62 45 11

C.C & CO.

Au Chato Café, à Moinatrindri, PAF : 5€, à partir de 20h, 0639 21 36 31

SOIREE INCOGNITO AGRO LATINO

Restaurant le Rocher (petite-terre), à partir de 19h30, réservation au : 0639 69 54 54

JOURNEE ROTARIENNE

DES METIERS ET DE LA FORMATION

Au collège de Kani-Keli, de 8h à 12h30 et de 13h30 à 16h30

PROGRAMME D’ECHANGE AU COTES D’EXPERTS EN BAMBO

Au pôle d’excellence Rurale de Coconi, gratuit sur inscription, de 8h à 15h30

SORTIES NATURALISTES

Lagune d’Ambato (8h10h), infos réservation : 0269 630481

SORTIES NATURALISTES

Lac Karihani (12h14h), infos réservation : 0269 630481

CONCERT DE MAALESH

Pôle culturel de Chirongui, contact : 0639 99 09 31, tarifs : 10€ / 7€ / 5€€

JOUWA LITSOO

MOYA & NINGHA

(petite-terre), DJ SETS (Afro X Electro, à partir de 19h00, Prévente : 15€ (navette comprise)

SORTIES NATURALISTES

Visite historique de Dzaoudzi à 14h, infos réservation : 0269 630481

SORTIES NATURALISTES

Bivouacs tortus à Saziley, infos réservation : 0269 630481

28 • Mayotte Hebdo • N°1034 • 10/03/20 23
/ TOUNDA
/ AGENDA

DIMANCHE 19/03

LEVER DE SOLEIL SUR LE MONT CHOUNGUI

Choungui, de 01h30 à 06h30

SORTIES NATURALISTES

Bivouacs tortus à Saziley, infos réservation : 0269 630481

SORTIES NATURALISTES

Sortie PMT (Journée), infos réservation : 0269 630481

SORTIES NATURALISTES

Plage Préfet, infos réservation : 0269 630481

SORTIES NATURALISTES

Dziani-Moya, de 8h à 13h, infos réservation : 0269 630481

AUTRES DATES

KIZ’N SMILE

Initiation Evolutive de 18h-19h, Soirée KIZ de 19h – 22h, entrée libre, sur la rocade Mamoudzou

SALON DES ARTS & DES CREATIONS

Du 1er au 17 mars

MADE IN MAYOTTE, Au comité de Tourisme, infos : 0639 05 02 76

COCO BEACH HAMJAGO

Chambre d’Hôte, Location Bivouac et Kayak, Restauration, Apéro, infos : 0639 99 40 37

29 • Mayotte Hebdo • N°1034 • 10/03/20 23 / TOUNDA
/ AGENDA

MAGAZINE D’INFORMATION NUMÉRIQUE HEBDOMADAIRE

Edité par la SARL Somapresse au capital de 20 000 euros

7, rue Salamani

Cavani M’tsapéré

BP 60 - 97600 Mamoudzou

Tél. : 0269 61 20 04 redaction@somapresse.com

Directeur de la publication

Laurent Canavate canavate.laurent@somapresse.com

Directeur de la rédaction

Mohamed El Mounir dit “Soldat” 0639 69 13 38 soldat@mayottehebdo.com

Rédacteur en chef

Axel Nodinot

# 1034

Couverture : Embouteillages 1/2

Journalistes

Axel Nodinot

Jéromine Doux

Raïnat Aliloiffa

Alexis Duclos

Saïd Issouf

Lucas Philippe

Agnès Jouanique

Direction artistique

Franco di Sangro

Graphistes/Maquettistes

Olivier Baron, Franco di Sangro

Commerciaux

Cédric Denaud, Murielle Turlan

Comptabilité

Catherine Chiggiato comptabilite@somapresse.com

Première parution

Vendredi 31 mars 2000

ISSN : 1288 - 1716

RCS : n° 9757/2000

N° de Siret : 024 061 970 000 18

N°CPPAP : 0125 Y 95067

Site internet www.mayottehebdo.com

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