Mayotte Hebdo n°1012

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RARES SONT LES GÉNÉRATEURSÉLECTRICIENSD’ÉNERGIEPOSITIVEÀ300MDEPROFONDEUR LE PORT 02 62 93 56 90 CONTACTEZ LE CIRFA DE 80 MÉTIERS ET 4000 POSTES ACCESSIBLES À TOUS

LE MOT DE LA RÉDACTION

VIVE LE VOTE

Ainsi s'achève la décade de deuil britannique, à la portée bien plus large que celle des seules frontières du Royaume-Uni. La déférence, bien que teintée de maintes défiances, ne peut être qu'unanime envers Elizabeth II, l'une des plus importantes figures politiques de notre époque contemporaine. Cependant, parce qu'il y a un cependant, on ne peut rester de marbre devant ce faste cérémonial, aux dorures passées et aux rances relents coloniaux. Dans un petit restaurant de Mamoudzou, un homme regarde le cortège funèbre de l'ex-reine défiler à l'écran. "Ils vont enterrer la couronne avec ?", se gausse-t-il. Ce trait d'esprit souligne le paradoxe des monarchies actuelles, qui ne sont plus que des symboles plus ou moins rassembleurs pour les peuples libres, héritiers des révolutions et de la République. Progressivement, depuis le début du XIXème siècle, la patrie n'appartient qu'au peuple. Mieux, elle n'existe que grâce à son bon vouloir : des femmes et des hommes décident de se préoccuper du destin d’un territoire, et constituent un tout, un peuple souverain. Sur notre petite île, des femmes et des hommes ont choisi de défendre leur patrimoine naturel, et nous vous les présenterons ici jusqu’à la semaine de l’environnement organisée par la Somapresse, dans un mois. Les grands vainqueurs de ces trophées seront les vôtres, puisque vous pouvez voter pour chaque nominé en ligne.

Bonne lecture à toutes et à tous.

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!

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24 sept.

C’est la date de l’ouverture de la saison 2022-2023 du pôle culturel de Chirongui. Au programme, des ateliers traditionnels pour les petits et grand durant tout l’après-midi, mais aussi un spectacle de cirque à 19h30 (sur réservation au 0639 72 25 67) et un concert à 20h45. Tout est gratuit, en accès libre. Pour la saison à venir, le pôle culturel Moussa Tchangalana prévoit pas moins de 41 représentations, 13 représentations scolaires, menées par 25 équipes artistiques.

Un appel pour la valorisation du patrimoine dans l’océan Indien

Dans le cadre du programme Interreg océan Indien 2014-2020, la région Réunion lance un appel à manifestation d’intérêt (AMI) afin de « favoriser l’émergence de projets collaboratifs visant à développer les outils et connaissances utiles à la préservation et la valorisation du patrimoine culturel dans l’Océan Indien ». Peuvent y répondre les associations, acteurs publics, organismes de recherche, organismes d’espace naturel ou établissements d’Enseignement Supérieur, au plus tard le 4 octobre à minuit. Les formulaires et documents utiles sont accessibles à cette adresse Réuniondereunion.frLesami-patrimoine-culturel-dans-l-ocean-indienhttps://regionreunion.com/actualite/toute-l-actualite/article/:dossiersdevrontêtretransmisparmailàguidde@cr-ouparvoiepostaleenrecommandéavecaccuséréceptionàl’adressesuivante:ConseilRégionaldeLaServiceCourrierAvenueRenéCassin-BP67190.

La compagnie Stratagème sera notamment associée à cette programmation, ainsi que la compagnie du Grenier Neuf. Théâtre, concerts, activités scolaires et soirées spéciales seront donc à retrouver tout au long de l’année à Chirongui.

Interviewée par Flash Infos cette semaine, la psychologue clinicienne et écrivaine mahoraise Rozette Yssouf a reçu la semaine dernière le prix « Talent de l’outre-mer 2021 » de la part du Comité d’action sociale en faveur des originaires des départements d’outre-mer en métropole (CASODOM). L’autrice de « Angie, le combat d’une mère » en a profité pour revenir sur le sort des mineurs isolés, qui sont paradoxalement de plus en plus nombreux et seuls sur l’île au lagon. « Que fait-on aujourd’hui à Mayotte pour aider [ceux] qui se retrouvent paumés, en perte de repères, délaissés ou abandonnés ? Qu’attend-on d’eux ? Qu’ils deviennent les meilleurs êtres humains du monde ? », a-t-elle déploré. Outre la doctorante, deux autres personnes mahoraises ont été récompensées. Il s’agit de Youmna Mouhamad, fondatrice-gérante de la marque Nyfasi Deluxe Detangler, et Kateb Zainouddini, ingénieur conseil et consultant.

«
psychiquesdebeaucoupsecesDerrièreviolencescachentsouffrances»
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OCÉAN INDIEN : LA CIMADE DÉNONCE LA POLITIQUE DU TOUT-ENFERMEMENT AU DÉTRIMENT DES DROITS LES

PLUS FONDAMENTAUX

Le 16 septembre 2022, par Mathilde Detrez.

Rapport commun sur les centres de rétention administrative : 42 353 personnes ont été privées de liberté dans les 23 Centres de rétention administratives (CRA) de France où sont enfermées les personnes étrangères en attente d’être expulsées, dont 26 499 dans les seuls CRA de Mayotte et de La Réunion. Un chiffre effarant et révélateur de la politique du tout-enfermement pratiquée dans l’Océan Indien au détriment des droits les plus fondamentaux des personnes.

Transfert express du centre de rétention de La Réunion vers celui de Mayotte, violation du droit au recours effectif, enfermement de milliers d’enfants, éloignement de nombreuses personnes protégées en dehors de tout cadre légal, conditions indignes de rétention dans les locaux de rétention administrative : les atteintes aux droits des milliers de personnes enfermées en 2021 dans la région sont particulièrement inquiétantes. Si Mayotte – dont les chiffres d’expulsion représentent à eux seuls près de 10% de la population de l’île – demeure une nouvelle fois championne en matière d’éloignement, les pratiques d’enfermement sur l’île de la Réunion n’en demeurent pas moins alarmantes. Ainsi, sur les 14 personnes enfermées tout au long de l’année 2021 depuis le CRA du Chaudron, plus des trois quarts ont subi un transfert express vers Mayotte en quelques heures, avant même d’avoir été mises en mesure de rencontrer notre association. Le droit au respect de la vie privée et familiale de ces personnes, souvent présentes à La Réunion depuis de nombreuses années, est dès lors bafoué. Le transfert forcé vers Mayotte n’a d’autre effet que de les plonger dans un environnement juridique encore plus défavorable par l’application du régime dérogatoire de Mayotte où le droit à un recours effectif contre une expulsion n’est pas garanti. (Voir en particulier, le témoignage de Mr N. dans le rapport rétention 2021).

En outre, l’arrivée récente et simultanée au mois d’août dernier de ressortissants sri-lankais sollicitant l’asile à Mayotte et La Réunion témoignent des pratiques extrêmement graves de l’administration sur les deux îles. Tandis qu’à La Réunion, l’enregistrement par la préfecture de la demande d’asile de ces derniers s’est effectué au prix de nombreuses irrégularités encore non résolues malgré les alertes à la Préfecture et au Défenseur des Droits et après plusieurs jours passés en zone d’attente dans des conditions précaires, les autorités à Mayotte faisaient le choix de mettre en œuvre une opération d’expulsion d’envergure pour renvoyer coûte que coûte les sept ressortissants srilankais retenus au CRA. A grand renfort de coups de communication, la préfecture de Mayotte omettait évidemment de préciser que c’est dans des conditions particulièrement préoccupantes que ces dernières se sont retrouvées contraintes de déposer leur demande d’asile en rétention, demandes d’asile par la suite rejetées sans possibilité effective d’exercer un recours.

Par ailleurs, à l’heure où la France est sommée de rendre des comptes sur sa pratique d’enfermement des enfants à Mayotte après sa condamnation récente par la Cour Européenne des droits de l’Homme, La Cimade continue de dénoncer le rattachement arbitraire d’enfants à des adultes n’étant pas leurs parents et placés en rétention ainsi que la falsification par l’administration des dates de naissances de nombreux mineurs, conduisant ainsi à un chiffre de 3135 enfants enfermés en 2021 largement Enfin,sous-estimé.lacréation abusive et quotidienne de locaux de rétention administrative par le préfet de Mayotte depuis plusieurs années vient encore dégrader les conditions d’enfermement des personnes qui, depuis ces lieux inadaptés et particulièrement indignes, sont dans l’impossibilité d’exercer leurs droits. C’est le cas notamment de leur droit à exercer un recours contre leur éloignement, d’accéder à un médecin ou encore à un téléphone.

Il est temps de considérer les parcours et droits individuels des personnes retenues, hommes, femmes et enfants, pour ne plus quotidiennement bafouer les droits fondamentaux théoriquement garantis par les traités internationaux.

Afin que cesse cette politique du chiffre, populiste, répressive et violente, qui alimente les réseaux et provoque naufrages et deuils, sans pour autant empêcher les mouvements de population, La Cimade demande : La fermeture des centres et locaux de rétention administrative existants ;

L’arrêt immédiat de toute nouvelle construction de CRA ;

La fin du régime dérogatoire en Outre-mer, incompatible avec le respect de la dignité des personnes en exil dans l’Océan indien.

TRIBUNE LIBRE
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IVèmes trophées de l’environnement – 29 OCTOBRE 2022 SEMAINE DE L’ENVIRONNEMENT

Tables rondes, débats et grande soirée, ces événements ont pour but de mettre en lumière et de récompenser les différents acteurs de la vie mahoraise – associations, entreprises, collectivités, scolaires ou même citoyens – à travers les actions qu'ils mènent dans la protection et la valorisation de notre environnement. Découvrez leurs portraits et votez pour votre favori dans chacune des six catégories.

Premium Gold Bronze Partenaires
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7 • Mayotte Hebdo • N°1012 • 23/09/20 22 Association Entreprise Collectivité EnergétiqueTransition Scolaire Personnalité NaOulangaNyamba Shamba la Dédé Ville de Chiconi L’association“ArtTerre” CUFR ChamssidineHoulam Messo SAS Manoma SIDEVAM CC de Petite-Terre Collège de Dzoumogné CharpentierMichel Nayma Tand’M La Cadema Mob’Hélios Rectorat Houdjati AssociationBam EDM CCSUD Yes We Cannette deCollègeLabattoir Sidi Naouirdine RégieTsingoniterritoire LVD Eco tour 3CO La SIM deCollègeBandrélé Moussa Nassim Tableau des nommés LES MEMBRES DU JURY Le rectorat, l’association des maires, l’UICN, le Conseil départemental, la Cadema, la FMAE, la DEAL, l’ARS, l’ADEME, le SIDEVAM, le MEDEF Mayotte, EDM, Mayotte nature environnement, ainsi qu’un panel de personnalités qualifiées et journalistes. Les votes du jury compteront pour 50%, comme ceux du public qui votera sur le site internet dédié : trophees-environnement.mayottehebdo.com.

Qui a dit que les Mahorais·es ne se bougeaient pas pour leur terre ? Sûrement un individu ne connaissant pas la désormais traditionnelle cérémonie des Trophées mahorais de l’environnement, récompensant les initiatives locales en faveur de la préservation et de la valorisation de la biodiversité de l’île. Dans un mois, la 4ème édition de ces Trophées aura lieu, organisée comme toujours par la Somapresse, qui compte à son actif d’autres cérémonies bien connues, telles que le Sportif de l’année ou les Trophées mahorais de l'entreprise, qu’elle chapeaute depuis de nombreuses années. Dernier venu de ces trophées, l’environnement n’en est pas pour autant le moins important. Cette année, il se décline en effet en une semaine de quatre jours de tables rondes, débats et conférences, du lundi 24 au jeudi 27 octobre.

Ces ateliers de réflexion s’adresseront au plus grand et divers des publics, constitué de scolaires sensibilisés par une approche pédagogique, de citoyens et de professionnels. Plusieurs thèmes seront ainsi développés durant ces quatre jours, animés par des intervenants cohérents. Le clou de cette semaine tient en sa cérémonie de clôture et de remise des trophées, le samedi 29 octobre à partir de 17h30. Y seront présents de nombreux acteurs de l’environnement à Mayotte, ainsi que le jury et les nominés pour la victoire finale. Ces derniers sont répartis dans six catégories : association, entreprise, collectivité, scolaire, personnalité et transition énergétique, la petite nouvelle de cette édition.

De nombreux partenaires se sont joints à l’évènement, à l’image de la Cadema, Total Énergies, Enzo, EDM, l’ADEME, le Conseil départemental, ou encore la préfecture de Mayotte. Mais les stars de la soirée seront bien évidemment les acteurs de la lutte pour la préservation de la biodiversité de l’île au lagon, des Mahoraises et Mahorais qui agissent au quotidien pour que leurs forêts et récifs coralliens gardent leurs couleurs. L’année dernière, la IIIème cérémonie des

Trophées mahorais de l’environnement avait été une franche réussite, avec de nombreuses personnalités, entreprises et associations présentes, et cinq beaux vainqueurs que vous pouvez retrouver ci-dessous.

Retrouvez la liste de tous les nominés de l’édition 2022 sur le site dédié, ou chaque semaine dans Mayotte Hebdo et Flash Infos, sous la forme de portraits détaillant les actions de chacun. Tout cela pour vous aider à choisir votre favori dans chacune des catégories, et ainsi agir, même si ce n’est qu’avec quelques clics, pour que Mayotte reste ce joyau de biodiversité que nous aimerions toutes et tous voir briller plus intensément encore. Pour apporter votre pierre à l’édifice, il suffit de se rendre sur trophees-environnement.mayottehebdo. com, où sont répertoriés tous les nominés. Bon vote !

ORGANISÉS PAR LA SOMAPRESSE, LES TROPHÉES MAHORAIS DE L’ENVIRONNEMENT PRENNENT DE L’AMPLEUR CETTE ANNÉE, PUISQU’ILS SE DÉROULERONT DU LUNDI 24 AU SAMEDI 29 OCTOBRE
2022. L’OCCASION DE METTRE AUTOUR DE LA TABLE CELLES ET CEUX QUI AGISSENT POUR PRÉSERVER ET VALORISER LE PATRIMOINE BIOLOGIQUE DE L’ÎLE AU LAGON.
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LES 4ÈMES TROPHÉES MAHORAIS DE L’ENVIRONNEMENT SE DÉCLINENT SUR UNE SEMAINE
LES VAINQUEURS DES TROPHÉES 2021 PAR CATÉGORIE Association : Wenka culture Entreprise : May Lav Eco Scolaire : Seconde parcours 2020-2021 du lycée de Sada Collectivité : Communauté de communes de Petite Terre Personnalité : Boina Saïd Boina.

Cérémonie 2021

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GATÉGORIE ASSOCIATION

BAM PRÔNE LA FILIÈRE BAMBOU

L’association qui existe depuis fin 2020 s’est lancé le défi de structurer des filières autour de la ressource de bambou. Une initiative qui permettra à Mayotte d’avoir des constructions qui respectent l’environnement mais qui sont aussi solides.

On compte 200 hectares de bambou à Mayotte, soit une quantité importante pour un territoire aussi petit. Cependant, cette matière première est laissée pour compte, beaucoup ignorant tous les avantages qu’elle peut apporter. C’est en ce sens que l’association BAM - Bambou Mayotte a décidé de revaloriser ce bois particulier. « On travaille sur les différentes utilisations que l’on peut faire avec le bambou. Il est possible de construire des bâtiments avec, de fabriquer du mobilier, on l’utilise même dans l’agriculture en paillage », explique Eric Bellais, co-président de l’association. Il informe de ce fait que dans le projet de construction de nouveaux lycées dans le département, cinq architectes ont intégré le bambou dans leurs plans. Cette ressource est une richesse inexploitée du territoire, elle est présente de manière conséquente et de plus elle se renouvelle facilement, elle pousse en trois ans. « Son bilan carbone est très bon et il a une capacité de filtrer tout ce qui est toxique », précise le représentant de la structure. En ce moment, ils collaborent avec un cabinet en métropole pour caractériser le bambou, connaître sa résistance mécanique ainsi que sa résistance aux insectes pour une utilisation normée dans le bâtiment. Cela incitera les professionnels à s’approvisionner sur place au lieu d’importer du matériel.

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GATÉGORIE ASSOCIATION

VEUTMESSO10SITES COLLECTIFSCOMPOSTAGESDE

Connue pour ses actions dans le domaine de l’économie sociale et solidaire, l’association Messo est également engagée dans les questions environnementales. Elle met en œuvre un programme de déploiement de la pratique du compostage collectif à Mayotte.

La structure a identifié dix sites sur le territoire qui permettent aux habitants de composter leurs détritus organiques. Ces derniers représentent 30% du volume de nos poubelles, selon Messo. La structure indique que « l’objectif est de sensibiliser la population sur cette pratique qui permet de réduire les déchets de nos poubelles. » De plus, le compostage évite que certains les brûlent et ainsi, d’une certaine manière, la qualité de l’air, déjà bien dégradée dans certaines zones de Mayotte, est Àpréservée.cejour,

trois sites de compostage partagé sont déjà installés avec de simples palettes de récupération. Un dans l’enceinte de l’école de la Rose à Handréma, un autre à proximité des services techniques de la ville de Tsingoni et le troisième sur un terrain communal de la mairie de Chiconi. Le quatrième est en cours d’installation près de l’aérogare de Pamandzi.

La sensibilisation passe également par la parole. Les bénévoles informent et accompagnent ceux qui se rendent sur ces lieux afin qu’ils assimilent les bons gestes et l’importance de cette pratique. En parallèle, Messo a lancé le programme « seize » qui consiste à accompagner les professionnels et les collectivités aux économies d’énergies.

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GATÉGORIE ASSOCIATION

NAYMA DÉPOLLUE LES RIVIÈRES ET MANGROVES

Nayma existe depuis 2020 seulement, mais elle fait déjà partie des associations environnementales phares du département. Elle lutte contre les inégalités socio-économiques à travers la protection de l’environnement en embauchant des personnes en situation de précarité.

204. C’est le nombre de personnes précaires ou éloignées de l’emploi qui travaillent au sein de la structure Nayma en contrat d’insertion pour dépolluer et restaurer les rivières et mangroves de Mayotte. Une action cruciale puisque ce sont des écosystèmes capitaux pour notre biodiversité et nos ressources en eau, souligne l’association. « L'action de Nayma permet de ramasser 20 tonnes de déchets par semaine organisés en plusieurs catégories : recyclables, non recyclables, encombrants, batteries, pneus... Ces déchets sont ensuite collectés par CITEO et le SIDEVAM qui se chargent de leur traitement ou de leur revalorisation ». Ce travail de nettoyage se fait notamment grâce aux ateliers et chantiers d’insertion de dépollution qui permettent une intervention simultanée et quotidienne dans le nord, la communauté de communes du centre-ouest, la Cadema, le sud et en Petite Terre.

La structure ne se limite pas à cela puisque les salariés mènent également une campagne de prévention auprès du grand public. Résultat, « Chaque mois, plus de 1000 personnes de tous les âges et tous les milieux sont ainsi sensibilisées à la bonne gestion de leurs déchets et aux enjeux environnementaux et sanitaires qui en découlent », assure Nayma. Elle peut également compter sur les autres associations environnementales avec qui elles nettoient et réhabilitent certains endroits de l’île.

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GATÉGORIE ASSOCIATION

OULANGA NA NYAMBA

SUR LE FRONT DES TORTUES MARINES

Depuis 1998, l’association Oulanga Na Nyamba lutte pour la préservation des tortues marines de l’île aux parfums. Comme son nom shimaoré l’indique, l’organisation s’engage activement pour la protection de l'environnement et des tortues marines de Mayotte. Dernier projet en date, la construction d’un centre de soin pour ces espèces.

Si rien ne sert de courir, l’association Oulanga Na Nyamba est arrivée à point nommé pour protéger les tortues de Mayotte. Bien que l’animal à carapace soit présent en nombre dans les eaux turquoise du lagon, sa protection n’en demeure pas moins une priorité pour l’équilibre de la biodiversité. Les passionnés des tortues marines ont alors décidé d’unir leurs forces pour sensibiliser la population de Mayotte à la protection de ces animaux mais aussi alerter quant au braconnage important de ces espèces protégées sur les plages de l’île. Chaque année, l'association basée en Petite Terre compte entre 200 et 250 adhérents. Oulanga Na Nyamba mène quotidiennement des actions de suivi des pontes, de surveillance des plages pour lutter contre le braconnage, et anime divers ateliers de sensibilisation. S’il n’y a presque plus besoin de les présenter, les membres de l’association n’ont de cesse de se mobiliser, et leurs actions ont déjà permis l’arrestation de plusieurs braconniers condamnés par la justice. De plus, si l’essentiel de leurs activités se passe dans les communes de Dzaoudzi-Labattoir et Pamandzi, les bénévoles n’hésitent pas à voir plus grand.

Oulanga Na Nyamba participe activement à l’édification du premier centre de soins des tortues à Mayotte : la Kaz’a Nyamba. Lequel sera accompagné d’une maison de la tortue, un espace pédagogique dédié à ces animaux endémiques.

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RÉGIE HABITANTSAUTSINGONITERRITOIRESERVICEDES

L’association créée en 2016 a un pôle socio-culturel et un autre consacré à l’environnement. Ce dernier comprend deux activités : un atelier chantier d’insertion de réparation des appareils électroménagers et une brigade verte composée de cinq agents.

« Elle a pour objectif d’accompagner au quotidien les habitants à la bonne gestion de leurs déchets, d’encourager les prises d’initiatives citoyennes et de sensibiliser aux enjeux de la protection des rivières, des ressources naturelles et du lagon », expliquent les représentants de Régie territoire Tsingoni à propos de leur brigade verte.

Cette dernière est très active dans la commune, et les habitants ont compris qu’ils pouvaient faire appel à elle. À titre d’exemple, en mai 2022, ceux du village de Miréréni ont signalé leur volonté de nettoyer et protéger la cascade de Miréréni. « Pour répondre à cette initiative citoyenne, nous avons mobilisé la population et les partenaires pendant deux semaines d’activités autour du lieu » , précise l’association. Les participants ont fait de la sensibilisation, nettoyé le site et replanté des berges, tout en créant des poubelles en bambou avec les jeunes des quartiers. Une action qui a permis de réhabiliter ce site naturel, et par la même occasion a rassemblé les habitants de Combani et Miréréni.

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GATÉGORIE ASSOCIATION

GATÉGORIE COLLECTIVITÉ

LA 3CO UNIT LE SPORT ET LA NATURE

Avec son programme sport-nature, la Communauté de communes du Centre-Ouest fait tout pour proposer à ses administrés des activités alliant effort physique et sensibilisation à l’environnement.

Les cascades de Soulou, de Barakani, de Ouangani, le lac Karihani, la mangrove, les forêts... C’est une région regorgeant de richesses que celle du Centre-Ouest, qui relie Mtsangamouji à Sada en passant par Tsingoni et Ouangani. Pour valoriser ce patrimoine naturel remarquable, la Communauté de communes du Centre-Ouest a donc choisi, en 2019, de promouvoir la pratique du « sport-nature », ou comment profiter d’une activité physique pour découvrir et protéger le lieu dans lequel on la pratique. Depuis, le programme est l’un des fers de lance de la 3CO, qui avait souhaité dès le départ que le sport-nature soit « un des piliers du développement économique et touristique du territoire ». L’intercommunalité a notamment développé une formation en partenariat avec la Direction de la Jeunesse et des Sports (DJSCS) de Mayotte. Grâce à cette dernière, 12 jeunes stagiaires œuvrant en centre d’accueil collectif des mineurs (centres de loisirs, par exemple) ont eu accès à différents sports-nature afin qu’ils en reproduisent ensuite l’activité sur leur lieu de travail. Si ces douze jeunes personnes étaient mahoraises, une autre douzaine venait de l’étranger, et notamment de Madagascar, La Réunion, les Seychelles, Djibouti, Maurice et les Comores, afin de les amener également à découvrir et s’approprier les éléments de mise en place d’encadrement et d’animation des sports de la nature. La 3CO peut se targuer d’avoir joint les actes à la parole, puisqu’elle a acheté des valises de course d’orientation, des paddles, des kayaks ou encore une vingtaine de VTT. Ces derniers sont d’ailleurs l’outil de VTT Centre, jeune association qui propose des sorties en vélo le week-end sur les différents sentiers de Mayotte, tout en sensibilisant le public à la protection de l’environnement. La visite des cascades de Barakani et de Ouangani a notamment permis à quelques cyclistes de prendre conscience de la richesse de la biodiversité du Centre-Ouest.

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GATÉGORIE COLLECTIVITÉ

LA CADEMA BALAIE DEVANT SA PORTE

Au travers de son programme « Cadema Urahafu », la Communauté d’agglomération Dembéni –Mamoudzou suit un vaste plan d’action contre les déchets, qui empoisonnent l’environnement et le bien-être des habitants des deux communes.

La Cadema a réussi à agir sur plusieurs fronts. Une déchetterie mobile a notamment été déployée sur le territoire de la communauté d’agglomération, permettant une récolte effective des déchets des particuliers. De plus, la sensibilisation et la communication ont été au cœur de la stratégie environnementale de la collectivité, avec plusieurs campagnes de publicité et un soutien apporté aux associations du secteur. En outre, la création d’une brigade de l’environnement, à l’image d’autres collectivités mahoraises, a permis d’être au plus près de la population, afin de l’accompagner dans l’adoption de gestes plus responsables. Enfin, la promotion des producteurs locaux a été assurée par la tenue de marchés agricoles. Si celui de Hajangoua est devenu un rendez-vous mensuel presque incontournable, d’autres initiatives, à l’image de la foire agricole de Kawéni, ont permis de mettre en lumière les agriculteurs de la région. Mais aussi et surtout d’éduquer la population des deux municipalités aux richesses de la terre, et à la nécessité de les protéger.

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GATÉGORIE COLLECTIVITÉ

LA COMMUNAUTÉ DE COMMUNES DU SUD

FAIT LA POLICE

Avec sa police de l’environnement, créée en octobre 2019, la communauté de communes du Sud est en mesure de dresser des contraventions lors d’atteintes à l’environnement. Un investissement qui s’avère payant, trois ans plus tard.

La « Brigade Intercommunale de l’Environnement ». Tel est le nom officiel de cette unité, qui ne comptait au départ que trois policiers municipaux, secondés par trois agents de surveillance de la voie publique (ASVP) assermentés et dix médiateurs « ambassadeurs de l’environnement ». Cette brigade officie sur le territoire des communes de Bandrélé, Chirongui, Bouéni et Kani Kéli, en sillonnant les routes du Sud à bord de leur 4x4 personnalisé. Les missions de cette police de l’environnement sont diverses. Si ses agents sont évidemment des garants de la médiation et de l’éducation de la population, ils peuvent également réprimer les plus graves atteintes à l’environnement comme les pollutions diverses et dangereuses, les brûlis, les dépôts sauvages de déchets, l’atteinte aux espèces végétales et animales protégées, ou encore les constructions illégales sur espace naturel. Dotée de pouvoirs de police administrative et judiciaire, la Brigade Intercommunale de l’Environnement peut, en lien avec la gendarmerie nationale et le parquet spécialisé, procéder au contrôle, à la verbalisation ou à l’interpellation des contrevenants. Les agents de la Communauté de communes du Sud ont aussi été présents lors des incendies du mont Bénara, et permettent d’assurer une surveillance plus dense des sites tels que les plages de Mbouanatsa et Mzouazia.

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GATÉGORIE COLLECTIVITÉ

LA VILLE DE CHICONI MÈNE LA GUERRE AUX ORDURES

La commune a un plan de protection de l’environnement qui s’articule en trois volets : sensibilisation, action et répression. La gestion des déchets est au cœur de la politique de la ville. L’équipe municipale actuelle met les moyens pour que Chiconi soit une ville propre.

La ville de Chiconi a compris que la protection de l’environnement commence par la sensibilisation des plus jeunes. Elle organise donc un concours entre les élèves du primaire et les collégiens de la commune. « Chaque groupe traite un sujet particulier, la collecte, le traitement et la transformation des déchets », souligne Youssouf Madjinda, chef de projet aménagement et urbanisme à la mairie de Chiconi. « L’objectif est que les enfants comprennent qu’on ne jette pas les déchets par terre, mais on peut les transformer, les valoriser et les rendre utile », ajoute-t-il. Ils peuvent ainsi devenir des ambassadeurs de l’environnement auprès de leurs proches.

Au-delà de cela, Chiconi s’adresse également aux adultes. La municipalité a mis en place un service de collecte de proximité des gros encombrants. « Chaque deuxième samedi du mois, la commune récupère tout ce que les habitants n’utilisent plus, qu’il s’agisse d’électroménagers ou de ferrailles. À chaque fois on a au moins six bennes qui sont remplies, cela équivaut à huit tonnes de déchets », affirme Youssouf Madjinda.

Le troisième volet consiste à sanctionner ceux qui ne respectent pas l’environnement. « On donne aux gens l’opportunité de se débarrasser de ce qu’ils n’utilisent pas sans les jeter n’importe où. S’ils ne respectent pas, il faut leur mettre une amende ». Ce système de répression sera effectif dans la ville de Chiconi à partir de l’année prochaine.

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GATÉGORIE COLLECTIVITÉ

LE SIDEVAM LUTTE CONTRE LES DÉPÔTS SAUVAGES DE DÉCHETS

Le syndicat intercommunal d’élimination et de valorisation des déchets de Mayotte a engagé une multitude de projets inscrits dans sa feuille de route 2020-2026. La gestion des déchets est un problème majeur dans le département et le Sidevam l’a pris à bras le corps.

Dernier projet en date pour l’organisme, c’est la collecte sélective. Les habitants du territoire, en dehors de ceux de la Cadema car le syndicat n’y est pas compétent, peuvent appeler le Sidevam pour que les agents viennent récupérer les gros encombrants tels que de l’électroménagers ou les déchets en ferraille et ainsi éviter les dépôts sauvages que l’on peut voir à certains endroits de l’île. « C’est un service qui va se développer avec les déchets verts et ceux des chantiers chez les usagers », précise Chanoor Cassam, le directeur général du syndicat. Ce service embryonnaire est amené à évoluer d’ici un à deux L’organismeans.va également aménager la première déchetterie de Mayotte à Malamani. Le Sidevam doit au total en installer huit. « Ce sera un site bien entretenu qui permettra aux usagers et même aux entreprises de venir déposer tous types de déchets, en dehors des ordures ménagères », explique Chanoor Cassam. La première, celle de Malamani, devrait être mise en route au mois de janvier 2024.

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LES MAMMIFÈRES MARINS PEUVENT COMPTER SUR CETA’MAORE

Créée fin 2021, Ceta’Maore est une association à but non lucratif qui vise à protéger et valoriser les mammifères marins de Mayotte, ainsi que leur habitat. Ce mercredi 21 septembre, à l’ACHM-école de voile à Dzaoudzi, a eu lieu la soirée du lancement officiel de l’association, l’occasion pour les personnes présentes de découvrir et de soutenir la protection des baleines, dauphins et dugongs de Mayotte.

intéressées par notre démarche et nous savons que cette soirée sera l’occasion de rencontrer de futurs bénévoles », poursuit la responsable de la structure. Au programme, un temps ludique et festif où les personnes ont été familiarisées à cet environnement marin qui fait la beauté de l’île.

En tant que présidente, Cyrielle Randrianarivony se réjouit de lancer officiellement Ceta’Maore, ce mercredi 21 septembre. L’association lui tient particulièrement à cœur, elle qui souhaite la développer au fil des années. « À Mayotte, nous avons l’un des plus beaux lagons du monde. L’île a vraiment une richesse et il faut qu’elle soit reconnue », déclare-t-elle. La structure compte déjà une dizaine de bénévoles. « Nous savons que beaucoup de personnes sont

Engagée, Ceta’maore s’appuie sur quatre objectifs principaux : mieux connaître les mammifères marins et leur habitat ; sensibiliser tous les publics notamment en intervenant dans les écoles mais aussi hors de l’école – « nous comptons entreprendre cette dernière action en 2022-2023 » – ; accompagner les acteurs locaux tels que les collectivités, les prestataires, l’office de tourisme ; coopérer avec les différents acteurs de l’océan Indien, mais aussi dans le monde. Sur une île située à quelques kilomètres du Kenya et du Mozambique, la présidente est totalement consciente que collaborer avec l’extérieur sur la protection du lagon de l’île aux parfums est une démarche qui ne peut

« On veut accompagner les acteurs locaux »
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être que bénéfique. Un rapprochement régional qu’elle envisage fortement.

À la recherche de financements

N’ayant actuellement aucun local, l’association est à la recherche de soutiens financiers. Elle a cependant trouvé un appui récent chez l’office français de la biodiversité. En effet, quelques bénévoles de Ceta’maore sont formés à La Réunion par Globice Réunion dans le but de « connaître pour mieux protéger », déclare Cyrielle Randrianarivony. Dans son engagement de protection des mammifères marins, la structure n’oublie pas ce qui se fait déjà localement. « Les pêcheurs ont un savoir traditionnel et nous sommes persuadés qu’ils ont certaines compétences dont nous avons besoin », estime la présidente. La soirée du 21 septembre a ainsi permis d’échanger ces premières connaissances sur ces animaux rares que Mayotte a la chance de pouvoir regarder. n

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Alain-Kamal Martial, La rupture de chair, éditions L’Harmattan,2004.

LISEZ MAYOTTE LE THÉÂTRE (1/4) : L’AMOUR ET LA MARTIALD’ALAIN-KAMALMORT

AGRÉGÉ DE LETTRES MODERNES ET DOCTEUR EN LITTÉRATURES FRANCOPHONES, CHRISTOPHE COSKER EST L’AUTEUR DE NOMBREUX OUVRAGES DE RÉFÉRENCE SUR LA LITTÉRATURE DE L’ÎLE AUX PARFUMS, NOTAMMENT UNE PETITE HISTOIRE DES LETTRES FRANCOPHONES À MAYOTTE (2015) DONT IL REPREND, APPROFONDIT ET ACTUALISE, DANS CETTE CHRONIQUE LITTÉRAIRE, LA MATIÈRE.

Menacé par la colonisation française et par le coup d'état orchestré par Adrian Souli, le roi de Mayotte, Mawana Madi, veut sortir de cette effusion de sang. Faut-il céder le trône à Adrian Souli ? Faut-il aider le prince héritier Chakka à préparer la résistance ? Cet ouvrage, c'est la révolte des fils contre les pères, l'auteur y aborde des thèmes universels : pouvoir et guerre, amour et liberté. Dans une écriture incisive, il interroge un demisiècle de silence sur une île de soumission.

Nous avons décidé, pour cette nouvelle année, d’opter pour des séries discontinues de quatre épisodes, c’est-à-dire courant sur un mois, alternant objet général et forme littéraire. Pour cette raison, après avoir consacré quatre portraits à la barge, nous souhaitons renouer avec la dernière forme littéraire effleurée en fin d’année passée : le Enthéâtre.2004,un

nouvel écrivain francophone apparaît à Mayotte : Alain-Kamal Martial. Il publie deux pièces de théâtre : La Rupture de chair et Zakia Madi. La Chatouilleuse. C’est à sa première œuvre que nous souhaitons nous intéresser aujourd’hui. Passons d’abord en revue, étant donné qu’il s’agit d’une pièce de théâtre, la liste des personnages pour savoir à quoi nous attendre, car le titre est hermétique : « Mawana Madi : roi des Ma[h]orais », « Chakka : prince héritier de Mawana Madi », « Combo : prince, fils aîné de Mawana Madi, demi-frère de Chakka », « Adrian Souli : prince malgache, père de Mwanagwena »

et « Cadi Omar : ministre de Mawana Madi » La pièce se présente donc comme une pièce historique autour de la figure d’Adriantsouli, sultan d’origine malgache qui s’empare de Mayotte et la cède à la France. Il s’agit donc d’histoire précoloniale et coloniale. AlainKamal Martial met aussi et surtout en scène Mawana Madi, le dernier roi des Mahorais. Il explique, comme suit, son dessein dans l’Avertissement de la pièce : « M’enfoncer jusqu’aux viscères de l’Histoire, ne pas la regarder comme un passé lointain mais m’imprégner d’elle, entrer dans l’Histoire, entrer dans notre Histoire comme dans un songe figé. S’ouvre la grotte aux mille et un secrets, c’est alors que l’œil assoiffé de savoir s’y introduit, c’est alors que l’esprit s’enfonce dans le ventre des choses. Et le verbe, le verbe se révèle chair d’une ère, sang d’un temps. Voici que nous nous révélons à toi qui crois à la jeunesse, toi qui crois à la mue, toi qui reçois l’œuvre, le rumbu debout de la jeunesse. Certes juge ! Mais saches [sic] qu’elle n’est pas livre, elle n’est pas histoire, mais plaie ouverte, douloureuse plaie qui pleure,

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LITTÉRATURE

larmes de sang, douloureuses larmes qui attendent encore la réponse de ses racines. Ces racines qui n’ont jamais connu que domination, prosternation, soumission et humiliation. » (p. 7)

Le ton est donné et le lecteur découvre ici le style véhément et intense de l’auteur qui se place dans la filiation de Frantz Fanon. Mais Alain Kamal Martial ne choisit pas la forme de l’essai mais celle du théâtre, mettant en scène des corps et des mots. Entre théâtre et histoire, il convoque la forme du rumbu qui est résurrection surnaturelle du passé. L’inpiration du dramaturge n’est pas seulement historique mais aussi érotique et la pièce retient aussi l’attention lorsqu’il y est question d’amour :

« Nuit ! Nuit de mes amours, toi aussi tu es belle. Mais elle, elle, c’est lorsque ses yeux me fixent, au clair de son iris, à l’ombre de ses cils, je me noie, je me noie dans ses yeux malgaches, longs, ondulants et brillants, je me noie dans le vent de ses encens et de ses arômes timides mais sûrs comme son sourire. Et devant moi, lorsqu’elle marche, ses hanches cambrées, larges et pleines, houleuses et langoureuses, se balancent, s’étirent, mettent sans cesse mes sens en transe. » (p. 35)

Mais l’on sait que qui dit amour dit aussi mort, Eros menant à Tanathos. Or, c’est dans la dernière scène du texte que le titre prend sens : « Combo – Tu seras tué sur le champ, roi. La hache ! Et qu’on achève la rupture de la chair.

Mawana Madi – Moi roi bantou, fils de la lune et de la mer, vous enfants de la terre, écoutez le vent, écoutez la mer. Écoutez ma prophétie, écoutez l’oracle, écoutez le destin dont la bouche se fait ma bouche, écoutez, écoutez la bouche d’un roi bantou. Enfants de Maoré, moi fils de la lune et de la mer, écoutez, écoutezmoi, écoutez ma prophétie : ‘Si mon sang coule sur le sol, si mon sang est avalé par la terre, toujours et à jamais vous vivrez soumis à une autorité étrangère sur votre propre sol, vous serez les damnés de votre propre terre.’ » (p. 101)

La référence à Frantz Fanon devient ici évidente et la réécriture de l’histoire de Mayotte par Alain Kamal Martial reprend le personnel habituel en ajoutant la dimension tragique d’un fatum inéluctable. La rupture de la chair est donc la condamnation à mort et le meurtre. Il est ici commis par Combo contre Mawana Madi. Le dernier roi mahorais est mis à mort d’une façon qui ne sied pas à un Bantou. En conséquence, ses derniers mots sont une prédiction et une malédiction qui semble, rétrospectivement, annoncer la colonisation. Et la pièce se termine par le texte du traité portant cession de Mayotte à la France.

Christophe Cosker
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JournéeRégionalFOOTBALLRégionalFOOTBALLCalendriersSPORT-classements-résultats1211 Bandrélé FC 0–2 Jumeaux de Mzouazia ASC Abeilles de Mtsamboro 0–0 Diables noirs de TchangaCombaniSC 0–0 ASC Kawéni AS Rosador de Passamainty 0–0 USCP Anteou AJ Kani Kéli 1–1 FC Mtsapéré AS Bandraboua 1–3 AS Sada Journée 12 – Samedi 17 septembre à 15 heures AS Rosador de Passamainty – Diables noirs de ASCombaniSada– USCP Anteou AS Bandraboua – AJ Kani Kéli ASC Abeilles – Jumeaux de Mzouazia Bandrélé FC – ASC Kawéni Tchanga SC – FC Mtsapéré Journée 11 AS Neige de Malamani 2–1 FC Kani Bé US Kavani 3–1 AJ Mtsahara Foudre 2000 1–2 Olympique Miréréni USCJ Koungou 0–0 FC Chiconi ASJ Moinatrindri 0–2 FC Dembéni FC Majicavo 2–2 UCS de Sada Journée 12 – Samedi 17 septembre à 15 heures FC Majicavo – AS Neige de Malamani UCS de Sada – AJ Mtsahara US Kavani – FC Chiconi Foudre 2000 – FC Kani Bé ASJ Moinatrindri – Olympique Miréréni USCJ Koungou – FC Dembéni Equipe Pts J G N P Dif 1 FC Mtsapéré 26 11 8 2 1 +17 2 ASC Kawéni 25 11 8 1 2 +12 3 Jumeaux Mzouaziade 23 11 7 2 2 +13 4 AJ Kani Kéli 20 11 6 2 3 +3 5 Diables noirs de Combani 19 11 5 4 2 +3 6 AS Sada 12 11 4 0 7 -5 7 ASC Abeilles de Mtsamboro 11 11 3 2 6 -12 8 AS Bandraboua 11 11 3 2 6 -13 9 AS Rosador Passamaintyde 10 11 3 1 7 -3 10 Bandrélé FC 10 11 3 1 7 -7 11 Tchanga SC 10 11 2 4 5 -4 12 USCP Anteou 9 11 2 3 6 -4 Equipe Pts J G N P Dif 1 US Kavani 21 11 6 3 2 +7 2 Foudre 2000 20 11 6 2 3 +4 3 AS Neige Malamanide 19 11 5 4 2 +6 4 FC Majicavo 19 11 5 4 2 +7 5 FC Dembéni 17 11 4 5 2 +2 6 AJ Mtsahara 16 11 5 1 5 +2 7 UCS de Sada 15 11 4 3 4 -4 8 FC Chiconi 15 11 3 4 3 0 9 MiréréniOlympique 13 11 3 4 4 -4 10 USCJ Koungou 12 11 3 3 5 -7 11 FC Kani Bé 8 11 2 2 7 -8 12 MoinatrindriASJ 6 11 2 0 9 -5 24 • Mayotte Hebdo • N°1012 • 23/09/20 22
JournéeRégionalFOOTBALLRégionalFOOTBALL1féminines1Entreprises11 ASO Espoir Chiconi 1–0 ASJ Handréma Club Unicornis 9–0 Devils Pamandzi AS Jumelles de Mzouazia 4–0 US Kavani FC Mtsapéré 5–2 USC Labattoir Wahadi ASC 1–3 Olympique de Sada Exemptées : Entente Miréréni / Tsingoni Journée 11 Mairie de Mamoudzou 4–1 ASP Maison d’arrêt AS Emca 3–0 ASC Préféduc ASC Sodifram 2–3 AS Colas Entente CSPM 6–3 CHM Foot OGC Tilt SOS 1–4 Mlezi Maoré Mayotte air service 2–1 AS Cuisibains Journée 12 – Vendredi 16 septembre à 18h Entente CPSM – AS Colas ASC Sodifram – Mlezi Maoré Mayotte air service – CHM Foot OGC Tilt SOS – ASP Maison d’arrêt ASC Préféduc – AS Cuisibains AS Emca – Mairie de Mamoudzou Journée 12 – Dimanche 18 septembre à 15h30 Wahadi ASC – US Kavani Club Unicornis – USC Labattoir AS Jumelles de Mzouazia – Entente Miréréni/ ASJTsingoniHandréma – Devils Pamandzi FC Mtsapéré – Olympique de Sada Exemptées : ASO Espoir Chiconi Equipe Pts J G N P Dif 1 AS Jumelles de Mzouazia 30 10 10 0 0 +42 2 Club Unicornis 25 10 8 1 1 +28 3 FC Mtsapéré 22 10 7 1 2 +18 4 Wahadi ASC 15 10 5 0 5 -4 5 PamandziDevils 15 10 4 3 3 -5 6 USC Labattoir 13 10 4 1 5 -8 7 ASJ Handréma 11 10 3 2 5 -16 8 Olympique de Sada 11 10 3 2 5 -6 9 MiréréniEntente / Tsingoni 11 10 3 2 5 -6 10 ASO Espoir de Chiconi 4 10 1 1 8 -14 11 US Kavani 1 10 0 1 9 -29 Equipe Pts J G N P Dif 1 AS Colas 31 11 10 1 0 +21 2 Mairie Mamoudzoude 25 11 8 1 2 +15 3 AS Cuisibains 22 11 7 1 3 +16 4 Mlezi Maoré 19 11 5 4 2 +7 5 AS Emca 19 11 5 4 2 +9 6 Mayotte air service 16 11 4 4 3 +2 7 OGC Tilt SOS 15 11 5 0 6 -2 8 Entente CPSM 12 11 4 0 7 -7 9 CHM Foot 10 11 2 4 5 -19 10 ASC Sodifram 8 10 2 2 6 -6 11 ASC Préféduc 6 11 2 0 9 -12 12 ASP d’arrêtMaison -1 10 0 1 7 -24 25 • Mayotte Hebdo • N°1012 • 23/09/20 22
CalendriersSPORT-classements-résultatsBASKETPrénationalemasculineJournée5-24/27/28septembre 17h : Colorado Beetle Mtsahara – TCO 16hMamoudzou:Gladiator de Doujani – Fuz’Ellips de 19hCavani:Basket club de Mtsapéré – Rapides éclairs 19h : Vautour club de Labattoir – Jeunesse Canon 2000 19h : Étoile bleue de Kawéni – Basket club de Tsararano Equipe Pts J G P Dif 1 Basket club de Mtsapéré 6 3 3 0 +84 2 Vautour club de Labattoir 6 3 3 0 +80 3 Étoile bleue de Kawéni 6 3 3 0 +61 4 Gladiator de Doujani 3 3 1 1 0 5 CanonJeunesse 3 2 1 1 -43 6 Basket club de Tsararano 3 3 0 3 -44 7 Fuz'Ellips de Cavani 2 2 0 2 -20 8 MamoudzouTCO 2 2 0 2 -39 9 MtsaharaBeetleColorado 2 2 0 2 -79 10 Rapides Éclairs 0 1 0 0 0 Prénationale féminine Journée 3 - 24/250 septembre 15h : Colorado Beetle Mtsahara – Basket club de 16hMtsapéré:Fuz’Ellips de Cavani – Partizan BCA 16h : Magic Basket Passamaïnty – Golden Force 16h : Basket club Iloni – Chicago club de Mamoudzou Equipe Pts J G P Dif 1 Fuz'Ellips de Cavani 4 2 2 0 +106 2 Basket club de Mtsapéré 4 2 2 0 +90 3 Golden Force 4 2 2 0 +40 4 Chicago club de Mamoudzou 3 2 1 1 -54 5 MtsaharaBeetleColorado 3 2 1 1 -55 6 Basket club Iloni 2 2 0 2 -64 7 Magic PassamaintyBasket 2 2 0 2 -76 8 Partizan BCA 2 2 0 2 -95 26 • Mayotte Hebdo • N°1012 • 23/09/20 22

PrénationaleHANDBALL Poule A

Journée 2

Sohoa Handball 31–29 AC Chiconi HC 27–35 TCO Mamoudzou Koungou 0–20 HC Kani Kéli Tsimkoura 32–31 CH Combani

Journée 3 - 23 & 24 septembre

23/09 à 19h30 : CH Combani – AJH Koungou à 16h : Bandraboua HC – AJH Tsimkoura à 16h : HC Kani Kéli – Sohoa Handball à 18h : AC Chiconi – TCO Mamoudzou

PrénationaleHANDBALL Poule B

Journée 2 - 9 & 10 septembre

HC Acoua 20–0 HC Labattoir Alakarabu Hand 23–42 HC Bandrélé Bouéni 23–23 ASC Tsingoni Haima Sada 33–33 Tchanga Handball

Journée 3 - 23 & 24 septembre

19h30 : HC Bandrélé – Tchanga Handball : HC Labattoir – Alakarabu Hand : ASC Tsingoni – HC Acoua 16h30 : Haima Sada – PC Bouéni

PrénationaleHANDBALL féminine

Journée 2 - 10 & 11 septembre

CH Combani 26–27

Journée - 24 septembre

Bandraboua
AJH
AJH
24/09
24/09
24/09
PC
17h
18h
ASC Tsingoni HC Select 976 38–31 HC Bandrélé AJH Tsimkoura 26–23 HC Passamaïnty Doujani HC 16–25 PC Bouéni Haima Sada 26–20 TCO Mamoudzou Moinatrindri HC 26–30 HC Kani Kéli
2
16h30 : ASC Tsingoni – Haima Sada 17h : TCO Mamoudzou – AJH Tsimkoura 17h30 : HC Passamaïnty – Moinatrindri HC 18h : Doujani HC – CH Combani 18h : HC Bandrélé – PC Bouéni 18h : HC Kani Kéli – HC Select 976 Equipe Pts J G N P Dif 1 MamoudzouTCO 6 2 2 0 0 +35 2 AJH Tsimkoura 6 2 2 0 0 +4 3 HC Kani Kéli 4 2 1 0 1 +17 4 CH Combani 4 2 1 0 1 +9 5 AC Chiconi 4 2 1 0 1 +6 6 HandballSohoa 4 2 1 0 1 -25 7 HCBandraboua 2 2 0 0 2 -18 8 AJH Koungou 1 2 0 0 2 -28 Equipe Pts J G N P Dif 1 HC Bandrélé 6 2 2 0 0 +21 2 ASC Tsingoni 5 2 1 1 0 +14 3 HandballTchanga 5 2 1 1 0 +5 4 PC Bouéni 5 2 1 1 0 +3 5 HC Acoua 4 2 1 0 1 +18 6 Haima Sada 3 2 0 1 1 -14 7 HandAlakarabu 2 2 0 0 2 -24 8 HC Labattoir 1 2 0 0 2 -23 Equipe Pts J G N P Dif 1 Haima Sada 6 2 2 0 0 +26 2 ASC Tsingoni 6 2 2 0 0 +15 3 PC Bouéni 5 2 1 1 0 +9 4 HC Select 976 5 2 1 1 0 +7 5 HC Kani Kéli 5 2 1 1 0 +4 6 AJH Tsimkoura 5 2 1 1 0 +3 7 CH Combani 4 2 1 0 1 +16 8 HC Bandrélé 4 2 1 0 1 +14 9 MamoudzouTCO 2 2 0 0 2 -23 10 Doujani HC 2 2 0 0 2 -23 11 HCMoinatrindri 2 2 0 0 2 -25 12 PassamaintyHC 1 2 0 0 2 -23 27 • Mayotte Hebdo • N°1012 • 23/09/20 22
MAGAZINE D’INFORMATION NUMÉRIQUE HEBDOMADAIRE Edité par la SARL Somapresse au capital de 20 000 euros 7, rue contact@mayottehebdo.comTél.BPCavaniSalamaniM’tsapéré60-97600Mamoudzou:0269612004 Directeur de la publication Laurent canavate.laurent@somapresse.comCanavate Directeur de la rédaction Mohamed El Mounir dit “Soldat” 0639 69 13 soldat@mayottehebdo.com38 Rédacteur en chef Axel Nodinot Journalistes Axel AlexisRaïnatRomainNodinotGuilleAliloiffaDuclos Direction artistique Franco di Sangro Graphistes/Maquettistes Olivier Baron, Franco di Sangro Commerciaux Cédric Denaud, Murielle Turlan Comptabilité Catherine comptabilite@somapresse.comChiggiato Première parution Vendredi 31 mars 2000 ISSN : 1288 - 1716 RCS : n° 9757/2000 N° de Siret : 024 061 970 000 18 N°CPPAP : 0121 I 92960 Site internet www.mayottehebdo.com # Couverture1012 : VI èmes Trophées l'Environnementdede Mayotte
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