Mayotte Hebdo n°1010

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La 39ème édition des journées du patrimoine se déroulera le samedi 17 et le dimanche 18 septembre pour le grand public, et le vendredi 16 septembre pour les scolaires dans le cadre de l’opération « Levez les yeux ». Le patrimoine, lieux de mémoire ou traditions transmises et revitalisées, nous relie aux générations précédentes, aux cultures qui ont forgé notre présent ou qui, tombées dans l’oubli, sont remises en lumière par la recherche : l’archéologie, l’histoire, l’ethnologie. Pour traverser le temps, le patrimoine se doit d’être durable. Le patrimoine durable, c’est l’affaire de toutes et de tous. Alors rendez vous aux journées du patrimoine du 16 au 18 septembre ! Retrouvez le programme des journées du patrimoine à Mayotte sur : https://openagenda.com/jep 2022 mayotte et le programme national de Mayotte

https://journeesdupatrimoine.culture.gouv.fr/surCeciestuneannoncedelaDirectiondesaffairesculturelles

Bonne

Axel

PROGRÈS Mayotte Hebdo • 1/2 Page Largeur FU • 190 x 130 mm • CAVALIER_VERT_ • Parution 02/sept./2022 • Remise 30/août/2022 • Repasses +09/09/22 LUC - BAT * Conditions de l’offre disponibles sur pmu.fr/point-de-vente. ** Montant minimum à partager entre les gagnants du rapport Ordre du Quinté+, chaque jour, les 4, 11 et 18 septembre 2022. Le pari hippique comporte une part de hasard, le gain n’est donc pas garanti. JOUER COMPORTE DES RISQUES : ENDETTEMENT, DÉPENDANCE... APPELEZ LE 09 74 75 13 13 (APPEL NON SURTAXÉ). Scoopdyga.©PARIS.RCS258671775SIRENG.I.E.PMU UN QUINTÉ+ JOUÉ = UN QUINTÉ+ OFFERT.* ET LE SUPERDIMANCHETIRELIRE 1 000 000 €.** Soyez les premiers pour en profiter. CE WEEK-END, À PARTIR DE 12 HRENTRÉEQUINTÉ+ DU PAS QUESTION DE SÉCHER LES COURSES.

LE MOT DE LA RÉDACTION 61,97%. C’est la part de Chiliens ayant voté le « rechazo », c’est-à-dire le rejet de la nouvelle Constitution proposée par le camp présidentiel, représenté par le fraîchement élu Gabriel Boric. Ce dernier, tenant d’une politique clairement marquée à gauche, voit justement ses projets rejetés par le peuple, qui souhaite moins rejeter le texte hérité de la dictature Pinochet sans réfléchir que planifier un véritable projet national. Un progressisme qui se doit d’être progressif, en somme. Il faut « laisser le temps au temps », que ce soit à l’autre bout du monde ou ici-même. Prenons l’exemple des musiciens et chanteurs mahorais, tenants d’une culture ancienne et diverse. Ils militent, et c’est bien normal, pour plus d’évènements leur permettant de performer. Quitte à faire les choses dans l’urgence ? Rien n’est moins sûr. Incompréhension des besoins culturels de Mayotte par l’État, manque d’unité des artistes locaux, manque de structuration et de professionnalisation, manque de musiciens… Les tares sont nombreuses et, s’il convient de reconnaître que les améliorations tardent à venir sur l’île, prendre le temps de les planifier ne peut être que bénéfique. Au Chili, Gabriel Boric a consenti à intégrer des ministres centristes au gouvernement, et la démarche constitutionnelle peut tranquillement progresser, avec l’ensemble des sensibilités du peuple. lecture à toutes et à tous. Nodinot

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C’est le nombre de mois de prison ferme dont a écopé l’un des passeurs d’une embarcation clandestine en provenance de Madagascar. Intercepté durant la nuit du 30 au 31 août, le bateau était garni de 34 personnes, dont 21 femmes, 8 enfants et une personne de nationalité syrienne. Après avoir été placés en garde à vue, les passeurs ont donc été jugés en comparution immédiate. Le second d’entre eux n’a cependant été condamné qu’à six mois de sursis et trois ans d’interdiction de territoire français. Quant aux passagers, ils ont été reconduits les 1er et 2 septembre derniers par la police aux frontières, après un bref passage au Centre de rétention administrative.

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Depuis le début de la semaine, le Rédéca Mayotte fait rouler son camion Nouwam aux quatre coins de l’île, afin de proposer aux femmes mahoraises de 25 à 65 ans un dépistage du cancer du col de l’utérus et du sein. Retrouvez-le de 13h30 à 16h30 dans les lieux suivants : Mardi 13 septembre : maternité de Kahani Mercredi 14 septembre : MJC de Mtsapéré Jeudi 15 septembre : parking de la PMI de MutsamuduMardi20septembre : école maternelle de OuanganiMercredi 21 septembre : école plateau de Mtsahara.

DU SEIN ET DU COL DE L’UTÉRUS

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De nombreuses actions contre l’illettrisme Du 8 au 15 septembre ont lieu la 9ème campagne des journées nationales d’action contre l’illettrisme, y compris à Mayotte, où 58% des adultes sont considérés en situation d’illettrisme ou d’analphabétisme. Durant cette période, l’île au lagon accueillera ainsi une trentaine d’évènements, parmi lesquels des actions de prévention menées par AKTO, le MEDEF Mayotte, le CUFR, Pôle Emploi ou les collectivités et associations locales. Retrouvez l’intégralité de ces ateliers, initiations, journées portes ouvertes et autres initiatives à cette adresse : https://www.illettrisme-journees.fr/

tchaks « Limiter provisoirement certains usages de l’eau »

C’est la décision du préfet de Mayotte, Thierry Suquet, face au manque d’eau potable à Mayotte. Ainsi, le délégué du gouvernement déclare l’interdiction de lavage des voitures, deux-roues, trottoirs, bâtiments, terrasses, et bateaux de plaisance des particuliers. L’arrosage des pelouses, des espaces verts publics et privés, et des jardins potagers est lui aussi proscrit de minuit à 18 heures. Il est également interdit de remplir ou de maintenir à niveau les piscines privées, sauf pour les établissements touristiques. Enfin, les épreuves réglementaires ou les exercices d’incendie ne pourront se faire que s’ils ne nécessitent pas d’un volume supérieur à 5 mètres cube d’eau. Tout non-respect de ces mesures sera passible d’une contravention.

UN CAMION POUR

LESDÉPISTERCANCERS

À

semaine, découvrez le regard porté sur l’actualité locale à travers la presse nationale ou régionale

: À MAYOTTE,

La partie de pêche s’est déroulée sur la plage de Mliha bordant la commune de Mtsangamouji et 5 femmes de l’association des pêcheuses de Mtsahara sont intervenues pour former et encadrer les jeunes. Après avoir reçu la base de la technique de cette pêche et s’être exercés à terre, les participants ont pu tester cette forme de pêche par groupe de 5 pendant une demi-heure. Si le résultat n’a pas été une pêche miraculeuse, avec seulement deux poissons pour l’ensemble des jeunes, Ils ont tous passé un agréable moment dans l’eau et ont découvert pour certains une tradition ancestrale de leur île. A quand une partie de chasse en métropole en partenariat avec l’OFB pour faire découvrir les pratiques cynégétiques aux jeunes citadins de France ? Découvrez l’opération « Premières bulles au pays de corail » en regardant cette vidéo à l’adresse suivante : traditionnelle-en-partenariat-avec-lofb/379516/actus/video-a-mayotte-des-jeunes-inities-a-une-peche-https://www.chassons.com/

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Le 5 septembre 2022, par Frédéric Buszkowski pour

VIDÉO DES JEUNES INITIÉS UNE PÊCHE TRADITIONNELLE EN PARTENARIAT AVEC L’OFB

LU DANS LA PRESSE

Le mois dernier, environ 80 jeunes de Mayotte, issus de communes du nord de l’île, ont pu bénéficier d’une initiation à la pêche au djarifa dans le cadre de l’opération « Premières bulles au pays du corail » organisée par le Parc naturel marin de Mayotte, en partenariat avec l’office français de la biodiversité (OFB). Cette pêche traditionnelle est une activité exclusivement féminine qui se pratique en équipe de 3. Le djarifa est une espèce de filet confectionné à partir d’un tissu de tulle coupé en deux et cousu dans la longueur afin de former une poche servant à retenir le poisson. Il est maintenu dans l’eau par deux tireuses, pendant que la rabatteuse ramène les poissons à l’intérieur. Il est alors refermé avec les poissons pris au piège.

Chassons.comChaque

PORTRAITRaïnatAliloiffa 6 • Mayotte Hebdo • N°1010 • 09/09/20 22

LA MENDOSA EN INTIMITÉTOUTEDuhautdeses24ans,LaMendosas’estdéjàfaitunnom

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dans le monde du rap mahorais. Elle crée de la musique depuis son adolescence, mais la rappeuse s’est dévoilée au public il y a deux ans. Désormais, elle s’est imposée comme étant la révélation féminine de ces dernières années dans cet univers très masculin, particulièrement à Mayotte. De nature discrète, La Mendosa a accepté de se confier exclusivement à Mayotte Hebdo.

PORTRAIT

« JE ME RESPECTE EN TANT QUE FEMME ET ARTISTE » 8 • Mayotte Hebdo • N°1010 • 09/09/20 22

femme ne répond pas et ne lit pas les avis car « je sais que certains commentaires peuvent être haineux et je préfère m’en préserver » , affirme-t-elle. Loin d’être timide, elle est même considérée comme étant « la patronne » dans son quartier, mais aujourd’hui l’artiste a fait le choix de passer outre ce genre de remarques car elle est fière de son travail. « Je me respecte en tant que femme et en tant qu’artiste. Je fais très attention à ne pas être vulgaire car je sais que mes parents regardent tout ce que je fais et je ne veux pas qu’ils me voient comme ça » , ajoute-t-elle. Le seul reproche qu’ils lui font, c’est de ne pas comprendre tout ce qu’elle raconte dans ses chansons. « C’est normal, c’est un langage de rue, ils ne peuvent pas tout saisir » , sourit-elle. Elle est aujourd’hui déterminée à prouver qu’une femme mahoraise peut faire du rap, qui plus est en shimaoré. Retenez bien son nom, La Mendosa, puisqu’elle marquera certainement la scène musicale mahoraise dans les années à venir. n

SA FAMILLE, UN SOUTIEN SANS FAILLES

À Cavani, La Mendosa est chez elle. Elle y a grandi, elle connait tout le monde et se sent à l’aise. Même si aujourd’hui beaucoup la reconnaissent dans la rue, elle affirme être la même fille de quartier. « J’ai les mêmes amis, les mêmes fréquentations. Et d’ailleurs je m’inspire de mon entourage, de ce que je vis, pour créer. » L’artiste n’est pas novice dans l’univers du rap. « J’ai commencé plus jeune avec mes frères qui en faisaient » , se souvient-elle. C’est à l’âge de 14-15 ans qu’elle commence à s’y intéresser sérieusement. Au début, il ne s’agit que d’un passe-temps après ses heures de cours, mais très vite, l’adolescente qu’elle était se passionne pour cet art qui « n’a rien de féminin » , selon certains. « On me dit parfois que je suis une fille et que je devrais chanter au lieu de rapper, mais je n’en ai pas envie et je ne vois pas où est le problème. » Pendant des années, elle fait du rap uniquement avec ses amis de quartier et préfère se concentrer sur ses études. Elle est d’ailleurs diplômée d’une licence de droit. Mais à son retour à Mayotte en 2019, l’un de ses soutiens la pousse à enregistrer. Elle refuse d’abord avant de revenir sur sa décision. C’est à ce moment que la machine est lancée.

LA CONSIDÉRATION DES RAPPEURS MAHORAIS

« JE FAIS TRÈS ATTENTION À NE PAS ÊTRE VULGAIRE » La Mendosa lors du tournage du clip « N.V.M » 9 • Mayotte Hebdo • N°1010 • 09/09/20 22

La Mendosa commence à se faire connaître en faisant des featurings avec des artistes mahorais tels que Walter, Patsaou ou encore Nixo. Mais pour l’instant, son plus gros succès solo est le titre « N.V.M » , sorti en février de cette année. Son public ne manque pas d’éloges à son égard. La rappeuse écrit et compose ses chansons, toutes en langue locale. Elle a créé un petit studio chez elle qui lui permet d'enregistrer tranquillement. « C’est Reed Blowz qui m’a offert mon premier matériel pour faire ce studio » , souligne-t-elle. Elle y passe des heures à gribouiller, faire des essais, enregistrer. « C’est en studio que je me sens à mon aise. Dans tout ce processus de création de musique, c’est ma phase préférée. » En effet, elle reconnait ne pas être dans son élément sur scène ou devant les caméras, à cause du regard des gens. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour laquelle elle accorde rarement d’interviews. Mais l’interprète de « Gangsta Love » peut toujours compter sur ses compères rappeurs mahorais, qui l’ont immédiatement très bien accueillie et l’encouragent à se surpasser. « Je remercie surtout Walter et El Saphir, parce que sans eux ça ne serait pas pareil. »

Ses frères, ceux qui lui ont fait découvrir l’univers du rap, ne sont également jamais bien loin quand elle a besoin de conseils. Au même titre que ses parents, qui l’ont soutenue dès le début. « Mon père nous encourage dans tout ce que l‘on entreprend, mais dès le départ il m’a dit que si je voulais me lancer là-dedans, il fallait que je le fasse à fond et que j’assume. » Sa famille lui sert de barrière contre les mauvaises critiques et ceux qui lui disent qu’elle est une « Diam’s de Wish » . La jeune

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QUAND ESTMUSIQUELABONNE…

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On lui donne normalement des moyens d’expression. Sur l’île au lagon, la scène musicale est bouillonnante, et notamment dans le domaine des sonorités dites « urbaines ». L’offre d’évènements et de concerts mahoraise ne répond cependant pas à cette hyperactivité artistique, sans compter que celles et ceux souhaitant se professionnaliser ne sont pas toujours bien structurés. Fort heureusement, les initiatives en faveur d’une scène musicale plus riche et importante se multiplient à Mayotte, qu’elles émanent des institutions locales ou des artistes eux-mêmes.

MISER SUR L’ORIGINALITÉ MAHORAISE

DEPUIS DES ANNÉES – VOIRE DES DÉCENNIES POUR LES PLUS ANCIENS D’ENTRE EUX – LES ARTISTES MAHORAIS RÉCLAMENT PLUS DE GARANTIES POUR SE PRODUIRE. SI ELLE A ÉTÉ GÂCHÉE LORS DE SA DERNIÈRE LIGNE DROITE, LA RÉUSSITE DU FESTIVAL SANAA, ORGANISÉ PAR LA COMMUNE DE MAMOUDZOU, PROUVE QUE LES ÉVÈNEMENTS DU GENRE SONT POSSIBLES, ET SOUHAITABLES POUR LES ACTEURS CULTURELS DE L’ÎLE, AUSSI DIVERS QUE NOMBREUX. CULTURE MUSIQUE : MAIS QU’ONQU’EST-CEATTEND? « J’ai eu l’occasion de voir quelques artistes locaux, et je peux dire qu’il y a du potentiel » Ce « je » n’est pas n’importe qui. Il s’agit de Moussa Soumbounou, ancien directeur général d’Universal Music Afrique, ayant passé une vingtaine d’années dans l’industrie des musiques urbaines, avec notamment l’encadrement d’Aya Nakamura, Vegedream ou Niska. C’est justement pour conclure le festival Sanaa, organisé par la commune de Mamoudzou, que le fondateur de Red Line Africa donnait une conférence, ce lundi soir à l’hôtel de ville. Ouverte à toutes et tous, mais surtout aux artistes mahorais, la discussion avait pour but de parler commercialisation de la musique. Seuls quatre d’entre eux se sont déplacés, tous programmés au festival : Reed Blowz, All Perla, Zepe et Staco. D’autres, aspirants agents, réalisateurs ou organisateurs d’évènements, étaient également présents.

Rodé à l’exercice, Moussa Soumbounou a longuement évoqué les droits d’auteur, retraçant les conflits à ce sujet depuis le VIème siècle. « Rien n’est gratuit en musique, l’œuvre de l’esprit ne se cède pas », a-t-il déclaré, reprenant un exemple bien connu des mélomanes : « Quand Michael Jackson reprend

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le gimmick Mamase Mamasa Mamacosa, même s’il ne dure que trois secondes, c’est du Manu Dibango. Et ses descendants ont eu gain de cause, ils touchent de l’argent à chaque fois que Wanna be startin’ something passe » « Inscrivez-vous à la SACEM, lance encore le Béninois d’origine aux artistes mahorais. En France, on ne badine pas avec les droits d’auteur. » M. Soumbounou a en outre enjoint l’auditoire à miser sur leur originalité mahoraise, ne pas faire du sousNiska, par exemple. « Faites la promotion de votre culture. Regardez Burna Boy, c’est une superstar qui intègre dans sa musique des éléments de sa culture Yoruba. Ici, Meiitod a quelque chose, il est l’une des futures grandes stars du RnB en France. » Ayant pour maîtres mots travail et remise en question, le Seine-et-Marnais trouve évidemment écho à Mayotte, où les acteurs culturels se battent depuis de nombreuses années pour exprimer au mieux leurs arts. Preuve en est de la rencontre ayant eu lieu le mardi 23 août entre JeanFrançois Carenco, ministre délégué chargé des outre-mer, Le 23 août, le collectif des Arts Confondus rencontrait Jean-François Carenco, ministre délégué chargé des Outre-mer.

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Guillaume Deslandes, directeur de la Direction des affaires culturelles (DAC) de Mayotte, et une délégation d’artistes du collectif « Les arts confondus ». Ce dernier se compose d’associations culturelles et de compagnies de spectacle vivant de Mayotte, qui avaient de nombreuses revendications à présenter au ministre délégué. Celui-ci a déclaré qu’il souhaitait rendre applicable le régime de l’intermittence à Mayotte, en proposant dans le calcul des heures d’intermittence d’augmenter la part des heures d’éducation artistique dans les établissements scolaires à Mayotte.

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En attendant le palais des congrès de Mtsapéré, prévu pour 2030 mais dont on se demande s’il satisfera la patience des Mahorais, la délégation d’artistes a proposé que plusieurs lieux culturels voient le jour à Mayotte. Les projets sont déjà dans les tuyaux : une scène de musiques actuelles à Chiconi, un centre de développement chorégraphique national au Paradis des Makis à Iloni, une scène conventionnée au Pôle culturel de Chirongui, une fabrique artistique au Royaume des Fleurs à Dzaoudzi, ou encore un conservatoire à rayonnement régional, ont été défendus par Les arts confondus. Comme sourd, JeanFrançois Carenco n’a proposé qu’une seule scène nationale, qui serait donc inadaptée à la culture mahoraise, qui suinte de nombreuses déclinaisons, par tous les pores de l’île, et pas seulement de Mamoudzou. « Nous avons alerté le ministre délégué sur le risque de fabriquer un seul lieu centralisateur et unique référence de la culture à Mayotte, sans partir des projets de lieux et d’initiatives de terrain déjà engagés et soutenus depuis plusieurs années, qui feront la réussite d’une éventuelle Scène nationale, demain », a déclaré le collectif. De son côté, Jean-François Carenco a promis de rentrer à Paris avec ces doléances, dont on Moussa Soumbounou, ancien directeur général d’Universal Music Africa et tourneur de Niska.

L’ÉTAT SOURD AUX INITIATIVES LOCALES

15 • Mayotte Hebdo • N°1010 • 09/09/20 22 peut douter qu’elles arriveront à l’oreille de Rima AbdulMalak, ministre de la Culture. « VOUS VOULEZ QU’ON VOUS RESPECTE ? SOYEZ PROFESSIONNELS ! » Mayotte ne doit-elle compter que sur elle-même pour produire, exprimer et représenter sa culture ? C’est en tout cas ce que pense Moussa Soumbounou, partisan du bâton pour motiver les artistes de l’île. À leurs plaintes concernant le manque de promotion et d’évènements culturels de la part des collectivités locales, l’agent n’y est pas allé par quatre chemins : « Vous voulez parler de politique et pas de musique. Mais personne ne vous aidera, les mécènes ne sont pas là pour vous faire des cadeaux, mais pour vous accompagner. Vous ne pouvez pas blâmer les autres de vos manquements. » La discussion s’est tendue, au sein de l’hôtel de ville de Mamoudzou, quand les entourages des artistes mahorais reprochaient au management de Niska, Lokua Kanza ou Fanny J de leur avoir manqué de respect, concernant le montant des cachets ou l’accaparement des loges par l’équipe du rappeur essonnien. En effet, alors que chaque chanteur possédait 5 badges backstage, ce dernier était rempli de personnes, ce qui a poussé l’équipe de Niska à ordonner l’évacuation dans l’énervement général. Des critiques renvoyées par Moussa Soumbounou, qui a listé tout ce qui n’allait pas dans l’organisation du festival, sans pourtant le boycotter. « Ouvrez-vous, si vous ne nous accueillez pas on ne vous accueillera pas, a-t-il lancé. Nous avons déjà divisé les cachets habituels par deux, certains artistes locaux ont touché plus que Fanny J. » Le PDG de Red Line Africa a ensuite pris pour cible les « agents » des artistes présents : « Vous voulez qu’on vous respecte ? Soyez professionnels ! Vous montez sur scène sans contrat ? Vous êtes fous ! » Aux artistes mahorais désormais de mieux s’entourer et se structurer, afin d’attirer les acteurs extérieurs, et de développer sur le long terme les évènements musicaux à Mayotte. n Staco, Zepe et All Nahir, tous trois programmés au festival Sanaa, buvaient les paroles de Moussa Soumbounou lors de sa conférence.

Bandrélé récompense ses artistes Le 1er septembre dernier, la commune de Bandrélé a remis la médaille d’honneur de la ville à Baco Ali, légende du mgodro, et à Meiitod, jeune vedette du RnB français. Les deux chanteurs ont reçu cette récompense de la main du maire, Ali Moussa Moussa Ben.

Mayotte Hebdo : Comment décrieriez-vous le traitement réservé aux artistes mahorais à Mayotte ? Reed Blowz : Il y a un réel manque de considération. C’est peut-être dû à une vision complètement différente de ce que l’on représente. Le public est présent, il nous soutient et à ce niveau-là on n’est pas à plaindre. Mais concernant les instituions de Mayotte, elles manquent de considération envers nous. Tous les artistes vous diront que, quand on nous contacte, ce n’est pas pour de gros chèques. Elles veulent gagner notre public et ne font pas d’efforts pour nous. Alors que, par exemple, lorsque nous faisons des shows en métropole ou ailleurs, on est généreusement payés. Le manque de considération se voit également quand les artistes d’ailleurs viennent se produire ici. La différence de traitement est énorme ! On se pose des questions. Je ne dis pas qu’ils déméritent leurs prix, mais la différence est démesurée. Nous ne demandons pas le même cachet, mais seulement le même traitement professionnel et humain, et on nous répond « toi petit artiste mahorais qu’est-ce que tu veux de plus ? ». Alors qu’on se produit sur la même scène, devant le même public, et avec le même nombre de minutes.

REED BLOWZ EST L’UN DES ARTISTES INCONTOURNABLES DE LA SCÈNE MUSICALE MAHORAISE. IL S’EST DÉVOILÉ IL Y A UNE DIZAINE D’ANNÉES AVEC SON GROUPE BARBE NOIRE. MAIS LE SUCCÈS FRAPPE À SA PORTE LORS DE LA SORTIE DE LA CHANSON « BASTUI » EN 2018. LE CLIP GÉNÈRE PLUS D’UN MILLION DE VUES SUR YOUTUBE. AUJOURD’HUI, CE JEUNE ORIGINAIRE DE KAWÉNI MÈNE UN COMBAT POUR TOUS LES ARTISTES MAHORAIS, AFIN QU’ILS SOIENT TRAITÉS À LEUR JUSTE VALEUR PAR LES INSTITUTIONS LOCALES. ENTRETIEN

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16 • Mayotte Hebdo • N°1010 • 09/09/20 22 Propos recueillis par Raïnat Aliloiffa

COMME UN PETIT ARTISTE »

REED BLOWZ : « JE NE CONSIDÈREME PAS

« JE FAIS ATTENTIONTRÈSÀNEPASÊTREVULGAIRE»

R.B. : C’est un combat que j’ai toujours mené jusqu’à maintenant. C’est pour cela que je ne fais pas beaucoup de concerts, parce que j’ai énormément d’exigences et par conséquent je suis beaucoup boycotté. Mais il faut savoir que je ne me considère pas comme étant un petit artiste. Je mets beaucoup de moyens dans ma musique, donc j’attends un retour sur investissement. Les organisateurs d’évènements, les institutions, ne comprennent pas que pour avoir un public, il y a un investissement. Et pour tous les artistes, partout dans le monde, on gagne nos vies grâce aux showcases, aux concerts, c’est ce qui est rentable pour nous, et non pas le nombre de vues ou de streams sur les plateformes.

M.H. : À votre niveau, de quelle manière combattezvous cela ?

R.B. : Oui, ça pourrait être possible, parce que quand on regarde le nombre de fans, nous n’avons rien à envier aux artistes de Maurice, des Comores, ou de La Réunion. Làbas, beaucoup vivent de leur musique, parce qu’ils sont aux normes, ils sont structurés et gagnent leurs droits d’édition et d’auteur. Ici on a beaucoup de musiques clandestines, les chanteurs n’ont pas de vraie structure et ça arrange les institutions parce qu’elles profitent de

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M.H. : Est-ce qu’à Mayotte, un chanteur peut vivre de sa musique ?

cela pour nous payer aux prix le plus bas. Me concernant, tout est en ordre, c’est pour cela que j’ai beaucoup de conditions. Mais pour l’instant je ne vis pas de ma musique. Je travaille à côté. M.H. : Pensez-vous que les artistes qui acceptent des projets à des prix dérisoires dévalorisent votre travail ? R.B. : Ils ne le dévalorisent pas, mais ils nous mettent en difficulté parce que si les organisateurs d’événements savent qu’un chanteur accepte de monter sur scène pour 150 euros, ils ne solliciteront pas celui qui en demande 5000. Sauf qu’ils oublient qu’on ne met pas les mêmes moyens. La qualité que je vais apporter à l’industrie musicale à Mayotte ne sera pas la même que celle des autres. Il faudrait peut-être créer une grille tarifaire qu’on proposerait aux organisateurs, avec des tarifs selon la côte de popularité. Les gens pensent qu’on demande un prix uniquement par rapport au show, mais ce n’est pas le cas. La somme englobe tout le travail qu’il y a derrière depuis la création de la musique, le clip, la promo, les instrus, les gens qu’on fait monter sur scène, notre staff, les heures de répétitions, etc. Il y a beaucoup de choses que le public ne voit pas. M.H. : Avec toutes ces difficultés, vous arrive-t-il parfois de vouloir abandonner ? R.B. : La dureté du métier me donne envie de continuer. Bien sûr qu’il y a des moments où ça me passe par la tête, comme tous les artistes je pense. Mais je parle beaucoup avec ceux qui étaient dans ce milieu avant moi, nos aînés et ils me motivent, m’encouragent à continuer. M.H. : Êtes-vous solidaires entre artistes locaux ? R.B. : Avant le festival Sanaa, nous ne l’étions pas. Lors de mon passage à ce festival j’ai appelé d’autres artistes pour qu’ils montent sur scène avec moi parce que j’ai vu qu’on n’était pas très représentés. J’espère que c’est le début d’une belle solidarité. Après le festival Sanaa, nous avons discuté entre nous et nous allons lancer le hashtag #JeSuisUnArtiste. Le message derrière ça c’est qu’on demande une certaine considération de la part des institutions locales. Nos artistes sont obligés d’aller à l’extérieur pour faire carrière parce qu’ici, ils n’ont pas de considération. L’exemple type est M’toro Chamou qui a dû partir à La Réunion parce qu’à Mayotte il n’était pas considéré à sa juste valeur. Pareil pour Baco, qui fait sa carrière en dehors de l'île, il fait des showcases en métropole et dans d’autres pays, car ici il n’a pas le même traitement. M.H. : Pour quelles raisons le festival Sanaa est l’élément déclencheur ? R.B. : Beaucoup de choses en interne se sont passées et elles sont inadmissibles. Par exemple nous, artistes locaux, n’avons toujours pas de contrat. On a juste un devis signé. Alors que vous imaginez bien que Niska ne serait pas venu sans son contrat. Encore une fois, le traitement n’est pas le même alors que les artistes mahorais ne sont pas des petits artistes. De plus, on nous a vendu ce festival comme un échange, mais à aucun moment on n’a pu échanger avec les artistes internationaux qui étaient là. On nous a même demandé de quitter les loges parce que Niska arrivait. On peut saluer l’initiative de la municipalité de Mamoudzou parce qu’elle a proposé un concert gratuit, avec des têtes d’affiche dignes de ce nom, mais il y a beaucoup de choses à revoir. Ce traitement n’est pas propre à la mairie de Mamoudzou, à chaque évènement c’est pareil. On espère que ça changera. Cela prendra du temps. On est peut-être la génération à sacrifier, mais on va se sacrifier s’il le faut pour que ceux qui arriveront après nous soient mieux traités. M.H. : Vous chantez uniquement en mahorais, pourquoi ce choix ? R.B. : Quand j’étais dans mon groupe Barbe Noire, personne de notre génération ne chantait en mahorais et les jeunes perdaient la langue. Sachant que la musique a beaucoup d’influence, on a commencé à rapper en shimaoré et c’est devenu à la mode. L’identité d’un peuple commence par sa langue, si on perd ça on perd notre identité. Donc pour moi c’était comme une évidence, il fallait que je

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18 • Mayotte Hebdo • N°1010 • 09/09/20 22

M.H. : Avec quels artistes êtes-vous le plus proche ?

M.H. : Vous avez créé votre propre label, « Rissala », qu’est-ce que cela va vous apporter ? R.B. : Ce label n’est pas destiné simplement à produire de la musique. Il y a tout un projet derrière. Il y a un film, des clips, plusieurs séminaires avec plusieurs artistes de Mayotte et Métropole. Tout cela demande une organisation encore plus poussée que ce à quoi je m’attendais. Je l’ai appelé Rissala car cela veut dire « message » en shimaoré. Je veux lancer un message aux autres et leur dire que si moi je peux le faire, alors on est tous capables de faire ce genre de choses.

R.B. : El Saphir et Bo Houss, ils sont comme mes grandsfrères. Du côté des femmes, on travaille avec Zily sur cette stratégie d’aller conquérir l’Afrique. On partage cette même ambition de vouloir aller plus loin. Pour conquérir l’Afrique il faudrait qu’on soit plusieurs artistes à s’imposer sur cette scène internationale. J’aimerais bien faire un gros feat avec elle. C’est peut-être même déjà prévu… n

revienne aux sources. Même si je peux très bien écrire et chanter en français, je n’ai aucun problème avec ça, mais je pense qu’il est important de préserver notre langue. M.H. : Certains pensent que c’est un frein et que cela ne vous permettra pas de viser un public plus large… R.B. : Je ne suis pas d’accord. Regardez les chanteurs qui sont dans les pays voisins, par exemple la Tanzanie. Diamond Platnumz chante dans sa langue. Beaucoup de gens ne comprennent pas et pourtant c’est une star internationale. Et tous les artistes de son pays font comme lui. C’est vrai que chanter en shimaoré est un challenge mais le plus important n’est pas la langue, mais plutôt ce que tu véhicules. Nombreux ne comprennent pas les paroles des artistes américains, et pourtant on les écoute tous. Donc il est bien possible d’aller loin en chantant en mahorais.

M.H. : Quels sont vos futurs projets ?

R.B. : Sortir mon EP en premier lieu. C’est prévu pour le début d’année 2023. Je sais que j’ai pris plus de temps que prévu, mais je veux que tout soit parfait avant de le sortir. Je suis un perfectionniste, je veux offrir le meilleur à mon public.

19 • Mayotte Hebdo • N°1010 • 09/09/20 22

PORTRAITGÉNÉRATION.

LE ÀDURELANCERSOUHAITEOUMARCHANTEURALIL’ARTKASUIDAMAYOTTE

« Le kasuida » est l’appellation mahoraise et comorienne des « anasheed », ces chants liturgiques pratiqués dans presque tous les pays musulmans du globe. « Les anasheed sont connus à l’international surtout grâce à de célèbres chanteurs issus du monde arabe, comme Mohamed Tarek », affirme Oumar Ali. Ce jeune chanteur mahorais de 28 ans, originaire de Kawéni, mais arrivé très jeune à La Réunion, est en quelque sorte « tombé dans la marmite du kasuida quand il était petit » « Je pratique cet art depuis mon enfance puisqu’il m’a été enseigné dans les madrassa que je fréquentais. Et comme j’adore chanter, j’ai eu envie de me lancer vraiment dedans il y a quelques années », raconte-t-il. Oumar Ali reprend un répertoire traditionnel en le personnalisant et l’adaptant afin de l’ouvrir à un public plus

DOSSIER

20 • Mayotte Hebdo • N°1010 • 09/09/20 22 Nora Godeau

OUMAR ALI EST UN JEUNE CHANTEUR MAHORAIS DE LA RÉUNION QUI S’EST LANCÉ IL Y A QUELQUES ANNÉES DANS L’ART DU KASUIDA. CE TERME DÉSIGNE DES CHANTS LITURGIQUES MUSULMANS VANTANT L’AMOUR DU PROPHÈTE OU LES VALEURS MORALES DE L’ISLAM. ILS POSSÈDENT CEPENDANT ÉGALEMENT UNE VALEUR ARTISTIQUE INTRINSÈQUE PAR L’ESTHÉTIQUE DE LEURS MÉLODIES ET LES PROUESSES VOCALES DE LEURS CHANTEURS. OUMAR ALI A DÉJÀ CONTRIBUÉ À FAIRE CONNAÎTRE LE KASUIDA À LA RÉUNION ET SOUHAITE DÉSORMAIS EN FAIRE DE MÊME À MAYOTTE, OÙ IL A TENDANCE À TOMBER EN DÉSUÉTUDE AUPRÈS DE LA JEUNE

21 • Mayotte Hebdo • N°1010 • 09/09/20 22 large. « Certes, les paroles sont souvent à la gloire du prophète, mais ils peuvent parler de valeurs plus universelles comme l’amour de la mère par exemple », explique-t-il en ajoutant que « la façon de chanter toute particulière propre aux anasheed en font un objet artistique à part entière pouvant très bien plaire aux non musulmans ». Le kasuida fait en réalité partie du patrimoine musical de Mayotte, bien qu’il ait tendance à se faire de plus en plus rare ces dernières années avec l’influence grandissante du monde occidental sur l’île.

Liens Oumar: Ali Clip Quamarun https://www.youtube.com/watch?v=mtb-f3aWws8

Yassine Ali https://youtu.be/_Kl-gmaihWQ Yassine Ali https://youtu.be/ioh1SLSUZLQ

t-il, voyant là un créneau porteur pour les chanteurs de kasuida en herbe.

REDONNER VIE AU KASUIDA À MAYOTTE Bien que peu connus des non-musulmans, les anasheed connaissent un succès retentissant à l’international avec ses propres « stars », telles que l’Égyptien Mohamed Tarek ou le Libanais Maher Zain. « Ces chanteurs sont à peu près aussi connus que Maître Gims dans les pays musulmans, mais aussi au sein de la diaspora », révèle Oumar Ali. Ce dernier a déjà contribué à démocratiser ce style de chant à La Réunion via des concerts, mais aussi grâce à la websérie « Anasheed Voice » qu’il a créée pour faire découvrir les jeunes talents de kasuida de l’île de La Réunion. Désormais, il espère conquérir progressivement le créneau à Mayotte où il constate un désintérêt de plus en plus marqué des jeunes pour ces chants liturgiques faisant pourtant intégralement partie du patrimoine immatériel de l’île. « Le kasuida n’est malheureusement pas mis en valeur dans la sphère publique », déplore le jeune chanteur qui a pour ambition de faire changer le regard des jeunes sur ce style de chant. « L’avantage du kasuida est que, contrairement à d’autres musiques de Mayotte comme le debaa ou le chigoma par exemple, c’est un genre musical reconnu à l’international et non pas uniquement cantonné à la sphère locale », révèle-

OUMAR ALI EN CONCERT LE 23 OCTOBRE PROCHAIN À LABATTOIR

Afin d’élargir cet art à un public plus large, Oumar Ali a récemment pris contact avec les instances publiques de Mayotte via l’association culturelle Eden Carré et a obtenu l’organisation d’un concert de kasuida à la salle ACL de Labattoir (en face de la mairie) le 23 octobre prochain. Il s’y produira avec un autre chanteur mahorais du genre, Yassine Ali. Venu passer quelques vacances à Mayotte ces derniers mois, Oumar Ali a été très sollicité pour chanter dans les mariages, preuve que l’art du kasuida demeure vivace sur l’île, du moins chez la frange la plus traditionnaliste de la population. « Je souhaite contribuer à transmettre cet héritage aux jeunes mahorais afin qu’il ne se perde pas, ce serait dommage car c’est un art très porteur actuellement dans le monde », insiste-t-il. À La Réunion, la mayonnaise prend déjà via ses concerts et surtout YouTube. Dernièrement, Oumar Ali a réalisé un clip à La Réunion avec la star égyptienne Mohamed Tarek. Bien que visuellement très simple, montrant simplement des vues des paysages de La Réunion, il a comptabilisé un million de vues en un mois ! Une preuve que, si cet art reste cantonné à la sphère privée à Mayotte, à l’international, c’est une autre histoire ! n

Oumar Ali Clip Daouni https://www.youtube.com/watch?v=WrAwBUqxtuE

22 • Mayotte Hebdo • N°1010 • 09/09/20 22 Nora Godeau

ÀLAENSEIGNERMUSIQUEMAYOTTE

Malheureusement, force est de constater que « les collectivités n’ont pas décidé d’en faire un enjeu de société ». La musique, quasi toujours associée à la danse, a pourtant toujours été à Mayotte est installée dans une ancienne maison individuelle du quartier des cent villas à Mamoudzou

MALGRÉ LA GRANDE RICHESSE DU PATRIMOINE MUSICAL DE L’ÎLE AUX PARFUMS, L’ENSEIGNEMENT DE CET ART SEMBLE FORT PEU INTÉRESSER LES POLITIQUES PUBLIQUES, DÉBORDÉES PAR DES PRIORITÉS QUI LEUR SEMBLE PLUS URGENTES. RÉSULTAT : MUSIQUE À MAYOTTE, ASSOCIATION CRÉÉE EN 1998, RESTE À CE JOUR LA SEULE ET UNIQUE STRUCTURE DE FORMATION MUSICALE DE L’ÎLE ! CÉCILE BRUCKERT, LA DIRECTRICE, COORDONNE UNE ÉQUIPE DE 16 SALARIÉS CHARGÉS D’ASSURER LA FORMATION MUSICALE DES ENFANTS ET ADULTES. UNE BIEN PETITE STRUCTURE POUR UNE ÎLE DE PRÈS DE 300 000 HABITANTS.

« UN POTENTIEL ÉNORME DE MUSICIENS SUR L’ÎLE »

Musique

SOCIÉTÉ

Nichée en haut du quartier des cent villas, à l’angle du grand virage vers Cavani, l’école de musique Musique à Mayotte est assez discrète. Il faut dire qu’à l’origine, le bâtiment n’est qu’une simple maison individuelle, transformée en école de musique associative à la fin des années 90 sous l’impulsion de trois familles métropolitaines. « À l’époque, il n’y avait aucune structure d’enseignement de la musique sur le territoire et nous souhaitions que nos enfants puissent continuer leur formation dans ce domaine », raconte Cécile Bruckert, la directrice de l’école et seule co-fondatrice de l’association à être restée sur l’île. « Depuis, l’école a bien changé et accueille désormais une majorité d’élèves mahorais dont les parents ont pris conscience de l’importance de l’éducation musicale », poursuit la directrice, comparant la musique à « un médicament » « La musique, et plus généralement la culture, peut remédier à beaucoup de choses dans les domaines émotionnels, sociologiques et identitaires. C’est un langage international qui permet aussi de travailler les mathématiques », précise-t-elle.

DOSSIER

« Il y a un potentiel énorme de musiciens sur l’île, pourtant seuls trois ou quatre ont réussi à suivre la formation musicale indispensable pour se faire connaître à l’international » , déplore la directrice de l’école de musique. Il faut dire que Mayotte a une culture de tradition orale et qu’à l’origine la musique ne s’écrivait pas. « La mémorisation est à double tranchant : d’un côté, elle permet une forme de liberté, d’improvisation ainsi qu’un sens du jeu collectif, mais le risque est de voir le patrimoine mémorisé disparaître au fil des générations si la transmission ne se fait plus. C’est pour cela que nous incitons beaucoup les musiciens à apprendre à lire et écrire la musique, et que nous effectuons des recherches sur les musiques traditionnelles de l’île », ajoute-t-elle.

À long terme, le travail de formation musicale offert par Musique à Mayotte a pour ambition de relier la musique mahoraise à la musique internationale en la fixant sous une forme écrite (sans pour autant négliger l’improvisation) et en contribuant à la professionnalisation des musiciens. « Nous souhaitons montrer aux musiciens mahorais qu’il est possible de vivre de son art, même si cela reste un chemin difficile », déclare la directrice qui, depuis quelques années, perçoit un net changement des mentalités. « Les parents mahorais ont désormais un autre regard sur la musique. Avant, la notion de « haram » était un frein puissant pour la formation des enfants, surtout concernant les filles que les parents laissaient très difficilement jouer sur scène. Maintenant, les mentalités se sont détendues, surtout depuis que les Mahorais ont compris que notre école intégrait complètement leur culture », conclut Cécile Bruckert.

UN PARTENAIRE DE L’ÉVÈNEMENTIEL SUR L’ÎLE En parallèle de son activité d’enseignement, l’association est un partenaire actif des évènements culturels de l’île. Ainsi, Musique à Mayotte a participé à la première Rencontre interrégionale de diffusion artistique (RIDA), qui s’est déroulée du 26 au 31 mai 2022 sur l’île au lagon. Organisée par l’Office national de diffusion artistique (ONDA) et le Collectif des Arts Confondus, cette rencontre a lancé des évènements artistiques un peu partout sur le territoire, de Mamoudzou jusqu’à Kani Kéli, en passant naturellement par le Centre universitaire de Dembéni, le Centre culturel de Chirongui, mais également par le lycée des Lumières de Kawéni. Le rectorat est en effet également l’un des acteurs culturels les plus actifs sur le territoire. Cette RIDA a fait la part belle aux musiciens locaux en donnant un espace d’expression à plusieurs musiciens locaux comme Camille, L-Had, Big-h, Bodo ou encore Faya Red. Leurs concerts se sont principalement déroulés à Chiconi, vivier très actif de chanteurs dont la musique s’inspire beaucoup du patrimoine traditionnel de l’île. Un futur pôle de développement culturel et artistique (PDCA) est d’ailleurs en cours de construction dans ce village de l’ouest de l’île, où se déroule à chaque mois d’octobre le célèbre festival Milatsika. n

RELIER MAYOTTE À L’INTERNATIONAL Si l’école offre un enseignement classique et jazz « comme au conservatoire » (Musique à Mayotte est affiliée à la Confédération Musicale de France), l’association s’inscrit dans son environnement régional avec des enseignants venant de toute la zone sud-ouest de l’océan Indien. Si des similitudes entre les musiques mahoraises et régionales sont évidemment à noter, le 101ème département français possède également un patrimoine musical unique qu’on ne retrouve ni dans les autres îles de l’archipel des Comores, ni à Zanzibar. Cela fait d’ailleurs de nombreuses années que l’association participe à la préservation du patrimoine musical, en collectant notamment des enregistrements. « Certaines choses ont déjà été perdues avec le décès des anciens. L’urgence de la préservation du patrimoine n’a malheureusement pas été perçue à temps », regrette Cécile Bruckert. Le travail de recherche, également soutenu par la DAC, se poursuit néanmoins et, dans le hall de Musique à Mayotte se trouve déjà une jolie collection d’instruments locaux. Une pépinière pour produire les matières premières nécessaires à leur fabrication a même été installée dans le jardin de l’association et des ateliers de fabrication sont régulièrement organisés avec les élèves de l’école.

23 • Mayotte Hebdo • N°1010 • 09/09/20 22 très présente sur l’île à travers le debaa, le chigoma ou encore le wadaha pour ne citer que ces trois exemples. Les collectivités ont d’autre priorités et les domaines culturels se retrouvent bien souvent relégués à l’arrièreplan. Qu’à cela ne tienne : l’association Musique à Mayotte continue d’avancer ses pions pour faire progresser l’enseignement de la musique, tout en étant appuyée par la Direction des Arts et de la Culture (DAC). « En 2017, nous avons signé la première convention triennale avec la DAC pour la démocratisation des enseignements », explique la directrice. Musique à Mayotte a ainsi contribué à mettre en place l’option musique au collège de M’Gombani et dispense un enseignement musical aux enfants de l’école primaire Boboka (Mamoudzou centre) à partir du CE1. « Ces établissements étaient les plus proches physiquement de notre école et ils restent relativement raisonnables en termes de nombre d’élèves. En tant que petite structure, nous ne pouvons malheureusement pas nous déployer partout, mais nous touchons quand même environ 300 enfants », se félicite Cécile Bruckert.

24 • Mayotte Hebdo • N°1010 • 09/09/20 22 Propos recueillis par Axel Nodinot IL EST L’UN DES PLUS GRANDS DIFFUSEURS DE LA CULTURE MAHORAISE À TRAVERS LE MONDE. AYANT RÉHABILITÉ, AVEC D’AUTRES, LE CHIGOMA, LE MGODRO OU LE DZENDZE, DIHO A SILLONNÉ LES STYLES ET LES PAYS AVEC SUCCÈS. AUJOURD’HUI, IL RÉUNIT UNE DIZAINE DE JEUNES ARTISTES SOUS SON AILE POUR LES FAIRE JOUER ENSEMBLE, SUR SCÈNE, ET SUR UN FUTUR ALBUM, SANS JAMAIS OUBLIER LES SONORITÉS

TRADITIONNELLES MAHORAISES. DIHO, RELAIS DU MAHORAISSON

Mayotte Hebdo : Quel est l’objectif de votre projet artistique, et comment s’estil déroulé ? Diho : C’est un projet de création artistique, à partir de la musique traditionnelle mahoraise. On reprend certains chants en essayant de les amener vers le jazz impro, avec des rappeurs, des chanteurs et des danseurs. On a fait une première session mi-août avec deux chefs d’orchestre, Denis Badault et Emmanuelle Leveuvre, qui sont venus tous les deux à Mayotte pendant trois semaines pour cette résidence. Entre huit et neuf titres ont déjà été composés, et une répétition a été faite à l’ACL de Labattoir. Désormais, la deuxième session aura lieu en mars, pour aller encore plus loin. M.H. : Comment avez-vous recruté les jeunes artistes participant à ce projet, et quel profil ont-ils ? Diho : Tout est parti d’une idée que j’avais : donner la possibilité aux jeunes de faire ce qu’ils aiment, mais aussi leur fait comprendre que la musique n’est pas seulement la représentation. C’est tout un travail derrière.

Par rapport à cela, je voulais un certain type de profils, des artistes qui avaient déjà des choses à dire. On a fait une audition, il y a eu 150 gamins environ qui sont venus, et on en a sélectionné 15. Parmi ceux-là, il y a des rappeurs, des chanteurs et des danseurs.

M.H. : Justement, on voit beaucoup de chanteurs et de rappeurs à Mayotte, mais très peu de musiciens. Comment expliquezvous cela ? Diho : J’espérais, en faisant l’audition, avoir beaucoup de musiciens. Il y en a eu deux sur 150. On est encore loin, il faut continuer à travailler là-dessus. Je n’arrive pas à expliquer ce phénomène qui fait que l’instrument n’intéresse pas les jeunes. Pour moi, ce que je suis en train de faire est une solution, il faut multiplier les actions du genre. J’ai la chance que la commune de Labattoir me donne carte blanche, je peux donc les faire venir pendant les vacances, puisque la scène sera ouverte une ou deux fois par mois, et les DOSSIER

ENTRETIEN

25 • Mayotte Hebdo • N°1010 • 09/09/20 22 faire travailler sur les instruments. Il y a quand même pas mal de gamins qui me demandaient s’ils pouvaient apprendre le piano, ou la guitare. Il y a donc quelque chose à faire. M.H. : Quel est l’objectif de cette résidence ? Diho : C’est déjà un groupe, nous voulons monter une formation qui se professionnalise petit à petit. Il fait déjà roder le répertoire qu’ils ont réussi à créer à partir de zéro, et le capter avec un album et un clip. M.H. : Le festival Sanaa vient de se tenir à Mamoudzou. Pensez-vous que ce type d’évènements devrait se multiplier à Mayotte ? Diho : C’est positif ! Il faut ouvrir la scène aux artistes mahorais, leur donner au maximum la possibilité de s’exprimer, voire même de se professionnaliser. Le problème se pose au niveau des salles : est-ce qu’on va continuer à faire des évènements à l’extérieur, avec le contexte que l’on vit, ou est-ce qu’on réfléchit à des endroits appropriés pour des concerts ? On a du mal làdessus, ce qui n’est pas le cas dans les autres îles. Même si elles ne sont pas de grande capacité, au moins, il y en a. On a la volonté de faire des choses, mais il faut aller au bout de ces actions.

Diho : On a besoin de tout le monde. Si on prend l’exemple d’artistes comme Danyèl Waro, lui, effectivement, n’a pas eu besoin des institutions pour amener le maloya sur la scène internationale. Mais je pense que, ce qu’il manque à Mayotte, c’est une unité, que tout le monde aille dans la même direction. J’ai l’impression que chacun se bat seul, dans son coin, et on voit très bien que ça ne fonctionne pas. Et les élus ne suivent pas non plus, quoi. Donc c’est un peu la jungle ! Il faut des débats, que les acteurs culturels de Mayotte se réunissent de temps en temps pour trouver les meilleures solutions, et savoir comment fonctionner. n «

M.H. : Est-ce qu’un artiste doit compter sur les actions des collectivités locales, ou ne peut-il compter que sur lui-même pour y arriver ?

YMUSICIENS.BEAUCOUPJ’ESPÉRAISAVOIRDEILENAEUDEUXSUR150.»

PORTRAIT

Plus d'une vingtaine d'années plus tard, ses rêves les plus fous se sont réalisés. Mais le chemin pour y arriver n'a pas été de tout repos, comme le retrace Lima : “ Les années ont passé, et je me suis sentie malheureuse alors que j'avais tout pour être heureuse : j'étais mariée, j'avais mes enfants... J'ai réalisé que c'était la chanson qui me manquait, je me sens bien quand j'écoute de la musique. J'ai donc tout fait pour sortir un album ”. Quitte à tout laisser derrière elle. La future diva quitte le père de ses enfants, et doit vivre en centre d'hébergement le temps de trouver un autre logement. C'est entre ces murs qu'elle commence à chanter, et que les autres femmes la complimentent et Malgrél'encouragent.untalent inné, l'artiste a dû se battre pour acquérir son succès. “ Ce n'était pas facile, pour une femme musulmane, d'embrasser la scène en tant que lead, déclare-t-elle. C'était mal vu par certaines personnes. J'ai eu des insultes, des menaces de mort. J'ai résisté, montré que je savais ce que je voulais faire et que j'étais déterminée.

26 • Mayotte Hebdo • N°1010 • 09/09/20 22 Axel Nodinot

SE RELEVER, ET REVENIR Mais la diva ne restera pas sur le côté pour autant. Lima Wild vient en effet d'enregistrer un concert et un album pour fêter ses vingt ans de carrière. “ C'est un spectacle complet que je propose, affirme-t-elle. J'y parle du cancer, de l'ancienne époque, de la femme battue, de l'amour, de la départementalisation, de Mayotte et de la vie tout simplement. ” Enregistrés en 2012 à

C'est aussi pour cela que je me suis appelée Lima Wild, pour montrer que je suis venue me battre et que je ne me laisserai pas faire ! ” Une détermination sans faille qui, à l'image de sa passion, transpire sur scène, et a poussé d'autres jeunes Mahoraises à chanter. La Tsingonienne Zily, qui a connu le succès avec son titre nostalgique mais dansant “ Tsika ”, n'hésite pas à citer Lima Wild dans ses influences. “ C'est une victoire, se félicite l'intéressée. J'ai démarré seule, j'ai vécu beaucoup d'épreuves, et maintenant la relève est assurée. ”

LIMA WILD, DIVA LIBRE

DOSSIER

ICÔNE DE LA CHANSON MAHORAISE, HALIMA BOURA A FAIT BRILLER SA VOIX D'OR SUR DES THÈMES TELS QUE LA FEMME, LA SOCIÉTÉ OU L'AMOUR, SUR DES MÉLODIES QUI RYTHMENT ENCORE LES SOUVENIRS DE PLUSIEURS GÉNÉRATIONS. APRÈS UNE PAUSE NÉCESSAIRE SUR LAQUELLE ELLE REVIENT SANS CONCESSION, L'ARTISTE A ENREGISTRÉ IL Y A QUELQUES MOIS UN CONCERT ET UN NOUVEL ALBUM. RENCONTRE AVEC LIMA WILD, VINGT ANS DE CARRIÈRE, MAIS AUSSI DE JOIE DE VIVRE, DE PASSION ET DE DÉTERMINATION.

C'est dans un modeste appartement de Kawéni, inversement proportionnel à sa popularité, que la pétillante diva nous reçoit, en avouant toutefois vivre entre ici, Tsingoni et Petite Terre, là où elle a grandi. “ J'ai eu une enfance normale, heureuse, chouchoutée par la famille et surtout par Papa ”, se rappelle-t-elle. La cinquième d'une fratrie de huit enfants était en effet la préférée de son père, qui l'emmenait partout, “ en laissait un peu ” pour elle quand il mangeait. C'est un autre homme, son arrière-grand père plus exactement, qui lui a donné l'amour du chant. “ Le grand-père de ma mère chantait tout le temps, je pense que c'est lui qui m'a poussé à le faire, affirme-t-elle.

Quand j'étais petite, c'était un rêve, je me suis dit qu'un jour, je sortirai un album. ”

“ J'AI EU DES INSULTES, DES MENACES DE MORT ”

27 • Mayotte Hebdo • N°1010 • 09/09/20 22

Zanzibar, les morceaux de ce nouvel opus auront surtout pour but de “ rattraper le temps perdu ”. Pendant presque dix ans, la chanteuse a effectivement dû s'occuper de graves problèmes familiaux, qui lui ont aussi coûté Sanspersonnellement.grandeaide ni de solution miracle à l'époque, elle a inévitablement dû laisser son art. “ Ma fille a eu des problèmes très sérieux, qui m'ont fait sombrer aussi, confie Lima. Je n'ai que deux enfants, et j'ai déjà chanté, donc il fallait que je la sauve avant de penser à la musique. ” Aujourd'hui, tout va mieux pour sa fille et sa petite-fille, “ hamdoullah ” Mais pour elle aussi, qui peut maintenant se concentrer sur sa retraite et surtout sa musique. Si elle avoue ne plus avoir la force d'enchaîner les concerts, comme avant, la chanteuse ne dit pas non à une vingtaine d'années supplémentaires. “ Je sortirai un album de temps en temps ”, plaisante celle qui a écumé les scènes de Mayotte, de métropole et d'Afrique. “

JE CHANTE SINCÈREMENT ” Lima Wild promet d'ailleurs un autre album pour l'année prochaine, ce qui devrait ravir ses nombreux fans. Ces derniers, sur les réseaux sociaux, ne cessent de dire à quel point sa musique les a marqué. “ Ça fait du bien, mais c'est parfois embêtant, parce que tu ne peux pas sortir tranquille, comme tout le monde, affirme l'artiste. J'ai dépassé ça, mais je tombe toujours sur des gens qui ne m'ont jamais vue en chair et en os. La dernière fois, pour la captation du concert, ça m'a choqué, on m'a rendu hommage comme si j'étais morte ! ” Il faut dire que les morceaux de Lima ont bercé plusieurs générations, les parents, les enfants... “ Et même les petitsenfants, s'amuse-t-elle. Je pense que je compose et je chante sincèrement, ça sort du fond de mon coeur et ça les touche. Je développe les sujets que j'aborde, et je dis les choses comme je les perçois. ” Une authenticité qui paie, à la lumière du succès constant des titres de Lima Wild, ayant éclairé la piste pour les futurs artistes de Mayotte. Désormais, celle qui est aussi présidente de l'association S'Apromay (prononcer ça promet) attend une salle de spectacle sur l'île : “ C'est le minimum, ça fait vingt ans qu'ils la promettent ! ”. Ce qui n'a pas empêché Lima de s'imposer durant ces vingt ans, et de toujours rester sauvage et libre face aux obstacles. n

Le Parc naturel marin vient d’achever l’installation de ses quatorze dispositifs de concentration de poissons (DCP).

Un an après la première installation, le Parc naturel marin vient de poser le quatorzième et dernier dispositif de concentration de poissons (DCP). Il s’agit d’une longue ligne de mouillage équipée de bouées et d’un ensemble de filins disposée sur les premières dizaines de mètres sous la surface (appelé aussi agrégateur). Au bout des cordages coulant et flottant se trouve un point d’ancrage d’1.5 tonne sur le fond marin. « Il fallait une bonne fenêtre météo pour les blocs béton », confie Cyrielle Jac, la chargée de mission pêche et aquaculture.

An.Guille 28 • Mayotte Hebdo • N°1010 • 09/09/20 22

POURCONCENTRERMIEUXPÊCHER

Ce projet a pour objectif de diminuer la pression pêche à l’intérieur du lagon, de préserver les espèces coralliennes, mais aussi de permettre aux pêcheurs d’être plus économes en carburant.

La colonisation de ce système flottant par des algues, des coquillages, des micro-organismes et du plancton créé un écosystème qui attire les espèces pélagiques, tels que le thon, la bonite, le porte-épée, le thazard ou le coryphène. L’un des objectifs : « Sortir les pêcheurs du lagon et ainsi diminuer la pression pêche sur les poissons récifaux qui sont vulnérables. » Mais pas que ! Cette concentration dans le voisinage d’un site bien précis facilite la recherche des professionnels et leur permet de réduire

individuelles sont exclusivement destinées à des fins Enstatistiques.mer,des plongeurs procèdent à un comptage tous les trois mois pour identifier « la diversité des poissons présents, notamment les plus petits ». Car oui, toutes les espèces ne sont bien évidemment pas hameçonnées. Il faut compter environ six mois pour que le dispositif commence à porter ses fruits. Néanmoins, le Parc naturel marin confirme avoir déjà pu observer des thons, « ce qui reste assez rare en plongée dans la mesure où ils sont craintifs » Pour l’heure, il est encore trop tôt pour quantifier les retours de ces DCP. Mais l’organisme compte surveiller de près leur évolution « pour voir dans l’avenir si nous devons en réinstaller d’autres ». Quoi qu’il en soit, le lagon en ressort préservé et l’activité des pêcheurs grandie. n

29 • Mayotte Hebdo • N°1010 • 09/09/20 22

drastiquement leur consommation de carburant. Une donnée non négligeable en cette période de flambée des prix… Des suivis sur terre et en mer Et le travail du Parc naturel marin ne s’arrête pas là. Sur terre, il assure un suivi quotidien de la pêche via ses agents du système d’informations halieutiques financé par le fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (FEAMP). « Quand ils se rendent à la débarque, ils demandent aux pêcheurs s’ils ont été sur un DCP, et si oui lequel. Cela nous permet de connaître les techniques employés, les zones les plus prisées et leur rendement », souligne Cyrielle Jac. Sous le sceau de la confidentialité, ces données

Enrichi d'anecdotes, ce guide culturel sur Mayotte, le 101ème département français, invite le lecteur à découvrir une longtempstraditionnellesociétéenpleinemutation,méconnue.10annéesderecherches,departagesetderencontresontpermisàceMahoraisd'adoptionderéalisercetouvrage.

Bruno de Villeneuve, Mayotte de A à Z, vol. 1, Grand guide culturel,encyclopédiqueillustré,etéditionsYlangimages,2011.

30 • Mayotte Hebdo • N°1010 • 09/09/20 22

La barge retient respectivement l’imagination de l’écrivain, l’esprit de l’historien et l’œil du photographe. Dès lors, après Nassur Attoumani et Jean Martin, vient le photographe Bruno de Villeneuve. Après un premier recueil de nouvelles intitulé Tribulations de wazungu à Mayotte (2004), l’auteur se consacre, au fil des publications, à la forme du beau livre, illustré d’images, avec Patrimoines. La tradition dans sa culture. Le lagon dans sa nature (2007), Rencontres (2007), Mains, le plus bel outil du monde et Mains, le plus bel outil de l’homme (2009), Mayotte et son lagon vue du ciel (2009) et Mayotte, une île et des hommes (2011). Pour ce faire, il fonde une maison d’édition : Ylang images.

Bruno de Villeneuve décrit un moyen de transport dont le caractère indispensable ne fait pas de doute au vu des chiffres. Il évoque l’alternative d’un pont et c’est en tant qu’usager de la route et de la ville qu’il disqualifie le projet de façon familière avant d’indiquer que la barge qui flotte, mais ne coule pas, offre deux belles plongées sousmarines aux amateurs d’épave. Et fluctuat nec mergitur, devise latine de la ville de Paris, se substitue à la devise mahoraise Ra Hachiri – Nous sommes vigilants ! – pour indiquer que la barge contribue à ce que

Dans le second volume, intitulé « Grand guide illustré, encyclopédique et touristique », Bruno de Villeneuve consacre une notice à l’emblème maritime de Mayotte : la barge. Cette notice présente deux intérêts qui s’apparentent aux deux buts de cette chronique littéraire. En effet, on y trouve d’abord des données objectives sur la barge qui permettent de mieux comprendre l’île aux parfums : « Actuellement, le Service des Transports Maritimes (STM) possède quatre barges piétonnes (un jour, peut-être, cinq ou six), d’une capacité de 327 passagers, deux amphidromes pour véhicules et une barge pour produits dangereux. Statistiquement, la barge transporte, en effet, plus de passagers que partout en France, Outre-Mer compris. Elle transporte [sic] chaque année plus de quatre millions de passagers par an, bientôt cinq, alors que Mayotte dépasse juste les 200 000 habitants ! Mais malgré ce cadre paradisiaque, plusieurs petits-terriens rêvent d’un pont, à l’image de l’île de Ré, en métropole, pour aller travailler tous les jours à Mamoudzou, poumon économique de Mayotte, avec leur voiture. Vous imaginez le trafic en centre-ville ! Aux heures de pointe, c’est déjà la galère avec les bouchons, mais avec les petitsterriens en plus. […] La barge ne coule pas (il existe néanmoins deux épaves de barge près de Dzaoudzi). » (p. 48)

L’écrivain d’images se fait ensuite encyclopédiste, visant à faire le tour de ses connaissances sur Mayotte afin de les transmettre, non plus au moyen des images, mais par les mots. Il se lance alors dans la composition de Mayotte de A à Z (2011).

LITTÉRATURE

LISEZ MAYOTTE LA BARGE, « MÉTRO MAHORAIS »

AGRÉGÉ DE LETTRES MODERNES ET DOCTEUR EN LITTÉRATURES FRANCOPHONES, CHRISTOPHE COSKER EST L’AUTEUR DE NOMBREUX OUVRAGES DE RÉFÉRENCE SUR LA LITTÉRATURE DE L’ÎLE AUX PARFUMS, NOTAMMENT UNE PETITE HISTOIRE DES LETTRES FRANCOPHONES À MAYOTTE (2015) DONT IL REPREND, APPROFONDIT ET ACTUALISE, DANS CETTE CHRONIQUE LITTÉRAIRE, LA MATIÈRE.

Ces derniers, par métonymie, permettent d’opposer les lieux : la grisaille métropolitaine d’une part, la chaleur et la couleur tropicale de l’autre. À chacun son choix ! Le caractère agréable du moyen de transport le transforme en une croisière miniature. À nouveau, chacun jugera de la pertinence de la métaphore en fonction de sa propre expérience. Bruno de Villeneuve indique enfin à quel point la barge, qui semblait d’abord un moyen de transport relativement neutre, se révèle indispensable, voire essentiel, et autant réel que symbolique, alors qu’il est aussi un moyen de distinction. En effet, dans ce monde fluide, entre terre et mer, nombre d’habitants de Mayotte ne connaissent que la Petite ou la Grande Terre.

Christophe Cosker

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En effet, ce moyen de transport y est comparé, à son avantage, au métro parisien : « Ah, les barges ! C’est en quelque sorte le métro mahorais, mais en mieux, genre croisière sur le lagon avec des gens qui se parlent et qui profitent du bon air ! Donc, il ne s’agit pas de village de ‘brousse’ métropolitaine, mais d’un moyen de transport original qui permet de relier la Petite à la Grande Terre (et vice-versa). La croisière de 2,6 km dure un quart d’heure et le service est assuré toutes les demi-heures (en journée) et toutes les heures (la nuit jusqu’à minuit ou trois heures le week-end). » (p. 48)

l’île, à son tour, flotte mais ne coule pas. Bruno de Villeneuve poursuit ainsi son propos : « Mais elle fait couler beaucoup d’encre à son sujet. Car comme toujours en France, elle fait l’objet de critiques pour ses aléas de fonctionnement. Pour assurer la sécurité de tous, la barge doit subir une maintenance très régulière et ne plus naviguer pendant des semaines entières. Les barges consomment environ cent mètres cubes de carburant par mois ! Trois cents personnes y travaillent pour un budget annuel de douze millions d’euros (2/3 en salaires). » (p. 48-49) C’est ici que le verbe « barger » trouve son pendant. En effet, les aléas de la barge peuvent la faire juger magnéné, d’un mot vernaculaire que l’on ne retrouve pas dans le dictionnaire de référence de Sophie Blanchy. En 2017, le peintre Marcel Séjour l’insère pourtant dans le titre de son beau livre, titre qui reprend et détourne la devise de la France : Liberté, Égalité, Magnégné : « Magnégné : mot mahorais connu de toute la région, qualifiant une action, une personne ou une chose, dont l’état, ou la réalisation, va de l’approximatif au grand n’importe quoi » (p. 13). La notice de Bruno de Villeneuve se termine sur une méditation plus libre et symbolique quant à la barge.

JournéeRégionalFOOTBALLRégionalFOOTBALLCalendriersSPORT-classements-résultats1211 Bandrélé FC 0–2 Jumeaux de Mzouazia ASC Abeilles de Mtsamboro 0–0 Diables noirs de TchangaCombaniSC 0–0 ASC Kawéni AS Rosador de Passamainty 0–0 USCP Anteou AJ Kani Kéli 1–1 FC Mtsapéré AS Bandraboua 1–3 AS Sada Journée 12 – Samedi 17 septembre à 15 heures AS Rosador de Passamainty – Diables noirs de ASCombaniSada– USCP Anteou AS Bandraboua – AJ Kani Kéli ASC Abeilles – Jumeaux de Mzouazia Bandrélé FC – ASC Kawéni Tchanga SC – FC Mtsapéré Journée 11 AS Neige de Malamani 2–1 FC Kani Bé US Kavani 3–1 AJ Mtsahara Foudre 2000 1–2 Olympique Miréréni USCJ Koungou 0–0 FC Chiconi ASJ Moinatrindri 0–2 FC Dembéni FC Majicavo 2–2 UCS de Sada Journée 12 – Samedi 17 septembre à 15 heures FC Majicavo – AS Neige de Malamani UCS de Sada – AJ Mtsahara US Kavani – FC Chiconi Foudre 2000 – FC Kani Bé ASJ Moinatrindri – Olympique Miréréni USCJ Koungou – FC Dembéni Equipe Pts J G N P Dif 1 FC Mtsapéré 26 11 8 2 1 +17 2 ASC Kawéni 25 11 8 1 2 +12 3 Jumeaux Mzouaziade 23 11 7 2 2 +13 4 AJ Kani Kéli 20 11 6 2 3 +3 5 Diables noirs de Combani 19 11 5 4 2 +3 6 AS Sada 12 11 4 0 7 -5 7 ASC Abeilles de Mtsamboro 11 11 3 2 6 -12 8 AS Bandraboua 11 11 3 2 6 -13 9 AS Rosador Passamaintyde 10 11 3 1 7 -3 10 Bandrélé FC 10 11 3 1 7 -7 11 Tchanga SC 10 11 2 4 5 -4 12 USCP Anteou 9 11 2 3 6 -4 Equipe Pts J G N P Dif 1 US Kavani 21 11 6 3 2 +7 2 Foudre 2000 20 11 6 2 3 +4 3 AS Neige Malamanide 19 11 5 4 2 +6 4 FC Majicavo 19 11 5 4 2 +7 5 FC Dembéni 17 11 4 5 2 +2 6 AJ Mtsahara 16 11 5 1 5 +2 7 UCS de Sada 15 11 4 3 4 -4 8 FC Chiconi 15 11 3 4 3 0 9 MiréréniOlympique 13 11 3 4 4 -4 10 USCJ Koungou 12 11 3 3 5 -7 11 FC Kani Bé 8 11 2 2 7 -8 12 MoinatrindriASJ 6 11 2 0 9 -5 32 • Mayotte Hebdo • N°1010 • 09/09/20 22

JournéePrénationalePrénationaleBASKETRégionalRégionalFOOTBALL1féminines1fémininesmasculineféminine11 ASO Espoir Chiconi 1–0 ASJ Handréma Club Unicornis 9–0 Devils Pamandzi AS Jumelles de Mzouazia 4–0 US Kavani FC Mtsapéré 5–2 USC Labattoir Wahadi ASC 1–3 Olympique de Sada Exemptées : Entente Miréréni / Tsingoni Journée 12 – Dimanche 18 septembre à 15h30 Wahadi ASC – US Kavani Club Unicornis – USC Labattoir AS Jumelles de Mzouazia – Entente Miréréni/ ASJTsingoniHandréma – Devils Pamandzi FC Mtsapéré – Olympique de Sada Exemptées : ASO Espoir Chiconi Journée 2 - Vendredi 9 septembre à 19h Fuz’Ellips de Cavani – BC Mtsapéré Etoile bleue de Kawéni – TCO Mamoudzou Samedi 10 septembre à 16h45 : Vautour club de Labattoir – Colorado Beetle DimancheMtsahara 11 septembre à 16h : Jeunesse Canon – BC Tsararano Gladiator de Doujani – Rapides Éclairs Journée 3 - Mardi 13 septembre à 19h TCO Mamoudzou – Vautour club de Labattoir Mercredi 14 septembre à 19h : Etoile bleue de Kawéni – Gladiator de Doujani BC Mtsapéré – BC Tsararano Rapides Éclairs – Jeunesse Canon Journée 2 - Samedi 10 septembre à 16h Chicago club de Mamoudzou – Colorado Partizan – Golden Force Dimanche 11 septembre à 16h30 : BC Iloni – Fuz’Ellips Magic basket Passamaïnty – BC Mtsapéré Equipe Pts J G N P Dif 1 AS Jumelles de Mzouazia 30 10 10 0 0 +42 2 Club Unicornis 25 10 8 1 1 +28 3 FC Mtsapéré 22 10 7 1 2 +18 4 Wahadi ASC 15 10 5 0 5 -4 5 PamandziDevils 15 10 4 3 3 -5 6 USC Labattoir 13 10 4 1 5 -8 7 ASJ Handréma 11 10 3 2 5 -16 8 Olympique de Sada 11 10 3 2 5 -6 9 MiréréniEntente / Tsingoni 11 10 3 2 5 -6 10 ASO Espoir de Chiconi 4 10 1 1 8 -14 11 US Kavani 1 10 0 1 9 -29 Equipe Pts J G P Dif 1 Rapides Éclairs 0 0 0 0 0 2 Gladiator de Doujani 0 0 0 0 0 3 Fuz'Ellips de Cavani 0 0 0 0 0 4 Vautour club de Labattoir 0 0 0 0 0 5 Basket club de Mtsapéré 0 0 0 0 0 6 Colorado MtsaharaBeetle 0 0 0 0 0 7 Etoile bleue de Kawéni 0 0 0 0 0 8 MamoudzouTCO 0 0 0 0 0 9 Basket club de Tsararano 0 0 0 0 0 10 Scolo Dunks 0 0 0 0 0 11 CanonJeunesse 0 0 0 0 0 Equipe Pts J G P Dif 1 Golden Force 0 0 0 0 0 2 Fuz'Ellips de Cavani 0 0 0 0 0 3 Chicago club de Mamoudzou 0 0 0 0 0 4 Basket club Iloni 0 0 0 0 0 5 Magic PassamaintyBasket 0 0 0 0 0 6 Partizan 0 0 0 0 0 7 Colorado 0 0 0 0 0 8 Basket club de Mtsapéré 0 0 0 0 0 33 • Mayotte Hebdo • N°1010 • 09/09/20 22

CalendriersSPORT-classements-résultatsHANDBALLPrénationalePouleAHANDBALLPrénationalePouleBHANDBALLPrénationaleféminine 09/09 à 19h30 : CH Combani – Bandraboua HC 09/09 à 19h30 : TCO Mamoudzou – Sohoa 10/09Handballà17h : HC Kani Kéli – AJH Tsimkoura 10/09 à 17h30 : AC Chiconi – AJH Koungou 09/09 à 19h30 : HC Bandrélé – HC Acoua 09/09 à 19h30 : Tchanga Handball – Alakarabu 10/09Hand à 18h : ASC Tsingoni – Haima Sada 11/09 à 17h : HC Labattoir – PC Bouéni 10/09 à 16h30 : ASC Tsingoni – Doujani HC 10/09 à 18h : PC Bouéni – HC Select 976 10/09 à 18h : HC Kani Kéli – AJH Tsimkoura 10/09 à 18h : TCO Mamoudzou – CH Combani 11/09 à 18h : HC Bandrélé – Moinatrindri HC HC Passamainty – Haima Sada Equipe Pts J G N P Dif 1 CH Combani 0 0 0 0 0 0 2 AJH Tsimkoura 0 0 0 0 0 0 3 HandballSohoa 0 0 0 0 0 0 4 MamoudzouTCO 0 0 0 0 0 0 5 HC Kani Kéli 0 0 0 0 0 0 6 HCBandraboua 0 0 0 0 0 0 7 AC Chiconi 0 0 0 0 0 0 8 AJH Koungou 0 0 0 0 0 0 Equipe Pts J G N P Dif 1 ASC Tsingoni 0 0 0 0 0 0 2 PC Bouéni 0 0 0 0 0 0 3 HC Bandrélé 0 0 0 0 0 0 4 Haima Sada 0 0 0 0 0 0 5 HandballTchanga 0 0 0 0 0 0 6 HC Acoua 0 0 0 0 0 0 7 HC Labattoir 0 0 0 0 0 0 8 HandAlakarabu 0 0 0 0 0 0 Equipe Pts J G N P Dif 1 ASC Tsingoni 0 0 0 0 0 0 2 PC Bouéni 0 0 0 0 0 0 3 HC Bandrélé 0 0 0 0 0 0 4 AJH Tsimkoura 0 0 0 0 0 0 5 CH Combani 0 0 0 0 0 0 6 MamoudzouTCO 0 0 0 0 0 0 7 HCMoinatrindri 0 0 0 0 0 0 8 PassamaintyHC 0 0 0 0 0 0 9 Haima Sada 0 0 0 0 0 0 10 HC Kani Kéli 0 0 0 0 0 0 11 HC Select 976 0 0 0 0 0 0 12 Doujani HC 0 0 0 0 0 0 34 • Mayotte Hebdo • N°1010 • 09/09/20 22

MAGAZINE D’INFORMATION NUMÉRIQUE HEBDOMADAIRE Edité par la SARL Somapresse au capital de 20 000 euros 7, rue contact@mayottehebdo.comTél.BPCavaniSalamaniM’tsapéré60-97600Mamoudzou:0269612004 Directeur de la publication Laurent canavate.laurent@somapresse.comCanavate Directeur de la rédaction Mohamed El Mounir dit “Soldat” 0639 69 13 soldat@mayottehebdo.com38 Rédacteur en chef Axel Nodinot Journalistes Axel LhaimyAlexisRaïnatRomainNodinotGuilleAliloiffaDuclosZoubert Ravoay Direction artistique Franco di Sangro Graphistes/Maquettistes Olivier Baron, Franco di Sangro Commerciaux Cédric Denaud, Murielle Turlan Comptabilité Catherine comptabilite@somapresse.comChiggiato Première parution Vendredi 31 mars 2000 ISSN : 1288 - 1716 RCS : n° 9757/2000 N° de Siret : 024 061 970 000 18 N°CPPAP : 0121 I 92960 Site internet www.mayottehebdo.com # Couverture1010 : Quand la musique est bonne...

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