Mayotte Hebdo n°1009

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D’INTÉRÊT

2. PÉRIMÈTRE DES MARQUES Chaque candidat devra renvoyer un dossier par catégorie de produit, étant entendu qu’un même candidat peut choisir proposer sa candidature pour la distribution de 1 ou plusieurs catégories de produits :

dans les domaines ci-dessous : � Connaissance des secteurs d’activité des produits, et spécificités liées à leur importation ; � Compétence concernant l’approvisionnement des différents circuits de distribution ; � Les moyens logistiques et humains pour assurer cette distribution ; � Moyens pour dédier une équipe commerciale et marketing de qualité ; � Possibilité à s’engager sur des volumes d’achats et/ou des objectifs de progression de volume d’achat ; � Capacité à contribuer aux dépenses publipromotionnelles.

1. MODALITÉS DE RÉPONSE Les importateurs – grossistes souhaitant répondre à cet appel d’offres devront en informer le Groupe Henkel en envoyant un email à l’adresse suivante : appel.offre2022@henkel.com

APPEL À MANIFESTATION

4. OUVERTURE DES NÉGOCIATIONS

Importation et distribution des produits du Groupe Henkel La Société Henkel France souhaite organiser un appel d’offres d’un ou plusieurs importateurs –grossistes actifs dans les secteurs d’activités des branches de produits : Adhésives technologies, Consumer Brand (Laundry & Home Care et Beauty Care) et Professionnel Schwarkopf pour le territoire de MAYOTTE à compter du 1er mars 2023. Les importateurs – grossistes pourront proposer leur candidature pour un ou plusieurs secteurs d’activité et pour un ou plusieurs territoires. Il conviendra qu’ils réalisent autant de candidatures que de couples secteur d’activité – territoire pour lesquels ils se portent candidats.

Chaque candidature devra indiquer sa raison sociale, son numéro RCS, le nom de son dirigeant et l’adresse de son siège social. A réception, le Groupe Henkel enverra le dossier de candidature dans un délai de 10 jours. Le dossier de candidature devra être impérativement retourné complété avant le 15 septembre 2022 23H59 pour être pris en compte : cachet de la poste et/ou date et heure de l’email faisant foi.

� Adhesive Technologies (Loctite, Pattex, Rubson, Tangite…) � Consumer Brands : Laundry & Home care : Le Chat, Super Croix, X�tra, Maison Verte, Mir, Bref… et Beauty care retail : Diadermine, Fa, Teraxyl, Schwarzkopf, Syoss… � Professionnel (Schwarzkopf Professional, L’appelIndola…)d’offres porte sur l’importation et la distribution des produits Henkel dans tous les circuits suivants : � GMS – Grande et Moyenne Surface : hypermarchés, supermarchés, magasins de proximité, Hard Discounters � GSB – Grande Surface de Bricolage Négoce de matériaux ProfessionnelsSemi-grossistesGrossistesde la coiffure : salons, grossistes L’importation pourra également être à destination de tout autre circuit additionnel (par ex. pharmacies, parapharmacies, stations essences, collectivités locales...)

Les candidats qui auront manifesté leur intérêt à la suite du présent communiqué de presse, conformément à la procédure décrite au point 1, recevront un questionnaire à compléter comprenant une liste des éléments et documents nécessaires à l’examen de leur candidature. Parmi les éléments importants demandés, les candidats devront décrire leurs compétences

3. COMPÉTENCES ET QUALITÉS

COMMERCIALES En fonction de la qualité des réponses reçues, le Groupe Henkel ou une de ses filiales prendra contact avec les candidats ayant répondu pour identifier ceux avec qui une négociation commerciale pourra s’engager. Henkel se réservant le droit pour la distribution de l’activité Consumer Brands de répartir l’activité Laundry & Home care et Beauty care si elle l’évalue pertinente. Un projet de contrat sera adressé aux candidats Touteretenus.relation commerciale conclue à l’issue de ce processus sera non exclusive (plusieurs candidats pouvant être retenus pour la distribution des mêmes catégories de produit) et d’une durée maximale de 3 ans.

Axel Nodinot LE MIEUX EST L’ENNEMI DU BIEN Mayotte Hebdo • 1/2 Page Largeur FU • 190 x 130 mm • CAVALIER_VERT_ • Parution 02/sept./2022 • Remise 30/août/2022 • Repasses +09/09/22 LUC - BAT * Conditions de l’offre disponibles sur pmu.fr/point-de-vente. ** Montant minimum à partager entre les gagnants du rapport Ordre du Quinté+, chaque jour, les 4, 11 et 18 septembre 2022. Le pari hippique comporte une part de hasard, le gain n’est donc pas garanti. JOUER COMPORTE DES RISQUES : ENDETTEMENT, DÉPENDANCE... APPELEZ LE 09 74 75 13 13 (APPEL NON SURTAXÉ). Scoopdyga.©PARIS.RCS258671775SIRENG.I.E.PMU UN QUINTÉ+ JOUÉ = UN QUINTÉ+ OFFERT.* ET LE SUPERDIMANCHETIRELIRE 1 000 000 €.** Soyez les premiers pour en profiter. CE WEEK-END, À PARTIR DE 12 HRENTRÉEQUINTÉ+ DU PAS QUESTION DE SÉCHER LES COURSES.

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LE MOT DE LA RÉDACTION

Les élèves haïtiens “ bénéficient ” cette année d’un mois de vacances supplémentaire. Le gouvernement de la première république noire au monde vient en effet d’annoncer le report de la rentrée scolaire, prévue le 5 septembre, au 3 octobre. Une conséquence dramatique de l’inflation générale frappant l’île (29% en juillet) et de la pénurie de carburants. Comparée à sa semblable caribéenne, Mayotte est bien plus calme en cette rentrée, en témoigne l’absence d’annonces ministérielles sur l’éducation (voir notre numéro précédent). La situation n’est pourtant pas sans remous, puisque l’exécutif déplore une certaine “ crise d’attractivité ” du secteur. Belle formule pour parler d’une énième faillite française, n’émanant pas de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, celle-ci : la pénurie d’enseignants. Loin de ne toucher que le pays de Jules Ferry, ce manque de profs rudoie toute l’Europe : si nous ne manquons “ que ” de 4000 enseignants, nos voisins allemands en cherchent plus de 6000. Au-delà des Alpes, on dénombre 150 000 instituteurs et professeurs italiens précaires. Quant à la Couronne suédoise, d’ordinaire si prévoyante, elle panique de devoir en former 135 000 d’ici 2035. La solution, à court terme du moins, ne peut être que de baisser les exigences lors du recrutement des enseignants. Aux élèves désormais de choisir entre deux dictons : “ C’est mieux que rien ” ou “ Mieux vaut être seul que mal accompagné ” lecture à toutes et à tous.

Bonne

! suiviConférenced’unbuffet INSCRIPTION OBLIGATOIRE Inscrivez-vous en scannant le code QR suivant Ou par téléphone au 03 81 40 09 47 7SEPTEMBREMERCREDI 2022 de 12hà 14h MjcDe M’gombani bd 97600BaobabMAMOUDZOU ensembleAgissonscontrelediabète! Vous invitent dès le jeudi 1er septembre 2022 (Gare maritime Mamoudzou) Le Service des transports maritimes du Département vous informe Achetez vos tickets de barge par carte bancaire 4 • Mayotte Hebdo • N°1009 • 02/09/20 22

tchaks

16%

POUR SON FESTIVAL DES ARTS

“ Je ne suis pas d’yimpatientemaisstressée,plutôtêtre!”

Cet enthousiasme est celui de Chaïma Assani, 16 ans, qui avait reçu le prix d’encouragement autodidacte lors du concours des “ Voix des Outre-mer ” s’étant déroulé en janvier dernier à Paris. La lycéenne de Chirongui s’est en effet inscrite à un autre concours, celui des “ Jeunes prodiges ”. Ce dernier organise sa neuvième saison du 2 au 10 septembre prochains, à Paris, qui sera diffusée sur France 2 dès la fin de l’année 2022. “ Que je remporte ou non ce prix, j’aurais de toute façon appris des choses ”, a-t-elle déclaré à Flash Infos, en gardant toutefois les pieds sur terre : “ Le chant sera peut-être une deuxième option, mais ce n’est pas ma priorité pour le moment ”. La jeune fille souhaite en effet se lancer dans le droit après le lycée, afin de devenir juriste.

C’est la part d’adultes touchés par le diabète à Mayotte, soit près du double du taux national (5,4%), selon l’enquête Unono wa Maoré, réalisée en 2019 par Santé publique France. Dans ce contexte, un séminaire sur cette maladie aura lieu le mercredi 7 septembre à partir de midi à la MJC de M’gombani. Organisé par la MGEFI, la MGEN, l’association Rediab Ylang 976, l’ARS et la ville de Mamoudzou, cet évènement est gratuit et ouvert à tous. Il suffit de s’inscrire en scannant le QR code présent sur l’affiche ci-contre.

C’est l’évènement culturel de cette rentrée 2022. La ville de Mamoudzou, en collaboration avec de nombreux partenaires, organise du jeudi 1er au samedi 3 septembre son festival international des arts, intitulé SANAA. Pendant trois soirées, les artistes mahorais et internationaux se produiront sur le parking du marché couvert Zakia Madi de la commune. Le jeudi, ce sont de jeunes artistes locaux, tels que les rappeurs Patsaou, Sourette ou Naïd qui rythmeront la scène. Le lendemain, la tête d’affiche du rap mahorais, Terrell Elymoor, sera accompagné de célébrités telles que Lokua Kanza ou Danny J. Enfin, le clou du spectacle aura lieu le samedi soir, avec l’une des plus grandes stars du rap français qui se produira à Mayotte : Niska. Kim, Nixo ou encore Reed Blowz assureront la première partie du show. Cerise sur le gâteau, l’entrée est gratuite

MAMOUDZOU INVITE NISKA

DANS L’OUTRE-MER, LA CONCENTRATION DE LA GRANDE DISTRIBUTION

Pour son tout premier discours à son arrivée sur l’île de l’océan Indien, Emmanuel Macron faisait allusion à un dossier présent dans tous les esprits à ce moment-là et qui continue de faire des vagues ces derniers jours encore : le rachat des actifs de Vindémia (groupe Casino) par GBH (Groupe Bernard Hayot), soit sept hypermarchés et quatorze supermarchés, à La Réunion et à L’ancienMayotte.ministre de l’Économie disait vrai, au moins en partie : quelques semaines plus tard,l’Autorité de la concurrence est revenue sur l’île. A-t-elle été intraitable ? C’est moins sûr. Quelques mois plus tard, en juin 2020, l’opération de rachat – 219 millions d’euros – a reçu le feu vert du gendarme français de la concurrence. L’autorité indépendante a posé des conditions au “ dispositif ”, soit à la vente des hypers et des supers permettant notamment le désendettement du groupe Casino, alors attaqué en bourse et en grande difficulté. En imposant la vente - “ cession d’actifs ” - de quatre hypermarchés préalablement à la reprise de Vindémia, l’Autorité de la concurrence soutenait qu’avec un “ nouvel entrant ”, la concurrence serait rétablie et le risque de position dominante, écarté. Mieux, devant le Conseil d’État examinant en urgence un recours contre sa décision, Étienne Chantrel, chef du service des concentrations à l’Autorité de la concurrence, soutenait que “ même si cela arrive très rarement, en réalité ce dossier soumis à l’Autorité de la concurrence consiste en une opération de déconcentration ” L’échec patent de l’opération Deux ans plus tard, “ l’opération de déconcentration ” est un échec patent. Dans un rapport rendu public mardi 23 août 2022 par l’Observatoire des prix, des marges et des revenus (OPMR) de La Réunion, le constat est sans appel : le nouvel entrant, Make Distribution, “ créé spécifiquement pour la reprise de quatre des hypermarchés acquis par GBH auprès de Vindémia, est dans une situation financière critique. Sa disparition à très court terme est inéluctable ”. Sollicitée par Mediapart, la direction de Make Distribution n’a pas répondu. “ Oui, notre entreprise va mal, concède Mario Corbeau, délégué syndical central CFDT chez Make Distribution. Les chiffres de l’OPMR, presque 80 millions d’euros de dette pour notre entreprise, sont étayés. Ils sont tirés de la conciliation bancaire, plus précisément de l’homologation rendue par le tribunal de commerce de Paris le 23 juin dernier. Cela dit, ce n’est pas une raison pour communiquer de cette façon et nous jeter en pâture. Nous employons 750 salariés mais, en emplois indirects, cela représente 4 000 personnes. Il y a les fournisseurs et leurs familles qui gravitent autour, cela fait pas mal de monde. Selon moi, ce n’est pas le rôle de l’OPMR de communiquer de cette façon. ” L’OPMR est une institution indépendante soutenue par l’État à La Réunion et mise en place afin de lutter contre la vie chère, les marges abusives et les monopoles d’importation. De son côté, profitant des conditions favorables pour le commerce de détail généraliste créées par la crise du Covid-19, GBH a augmenté sa part de marché jusqu’à 39 %. Avec le groupe Leclerc – 27 à 29 % de part de marché, selon les estimations de l’OPMR –, un duopole ultrapuissant sur l’île de La Réunion a été créé. Puissant groupe détenu par une famille martiniquaise, présent partout dans l'outre-mer français et en Afrique, GBH conteste ces chiffres. Dans une longue réponse écrite que l'entreprise nous a fait parvenir par email, GBH estime que “ d’une façon générale cette opération a permis de renforcer la concurrence à la Réunion. Le rapport de force entre les différents acteurs est plus équilibré dans son ensemble et les deux leaders du marché sont aussi les deux plus dynamiques en termes de prix et d’offres commerciales ” “ Nous voulons d’abord attirer l’attention sur le contexte du rachat de Vindémia par GBH à La Réunion : cela s’est passé pendant les “gilets jaunes”, une protestation contre une société d’hyperconsommation basée sur les monopoles d’importation, resitue le député de La Réunion (GDR-Nupes) Frédéric Maillot. Avec de nombreux autres élu·es de gauche et la totalité des parlementaires de l’île, il s’est exprimé contre cette opération de rachat, à l’époque et ces derniers jours encore. “ Depuis ce mouvement de protestation, qu’a-t-on fait de la terre réunionnaise ?

TIRE LES PRIX VERS LE HAUT

Chaque semaine, découvrez le regard porté sur l’actualité locale à travers la presse nationale ou régionale 5

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“ D’abord, la vie chère. ” En visite sur l’île de La Réunion, en octobre 2019, le président de la République, Emmanuel Macron, avait le sens des priorités. “ Sur la vie chère, il n’y a pas de recette miracle, j’y reviendrai à plusieurs reprises et j’ai d’ailleurs demandé à ce que l’Autorité de la concurrence puisse revenir dans quelques semaines. On va renforcer le dispositif et être absolument intraitables. ”

En France, les surfaces commerciales s’étendent à la verticale mais à La Réunion, malgré la raréfaction du foncier, le mouvement a lieu à l’horizontale. Ce n’est un paradoxe qu’en apparence, parce que Bernard Hayot a visiblement bien compris que sur une île, la vraie richesse est avant tout foncière. ” Des écarts de prix colossaux avec la métropole Ce problème est encore plus criant à Mayotte, île surpeuplée de moins de 400 kilomètres carrés. Pour l’instant, les données manquent pour tirer un bilan du rachat de Vindémia par GBH sur “ l’île aux parfums ” puisque l’étude commandée par l’OPMR ne concerne que La Réunion. Une seule certitude : les écarts de prix avec la métropole sont colossaux. Selon plusieurs études de l’Insee et avec des variations selon le type de produit et le mode de calcul, l’écart des prix peut atteindre 35 %. À La Réunion, le panier moyen est plus élevé de 37 %. Dans ces conditions, la vie chère devient un enjeu de survie sur ces îles. La proportion de personnes vivant sous le seuil de pauvreté est de 42 % à La Réunion et de 70 % à Mayotte. “ À l’heure où la France commence à peine à parler de vie chère, nous la subissons de plein fouet depuis vingt ans déjà, reprend le député Frédéric Maillot. L’État reconnaît d’ailleurs cet état de fait et manifeste une grande hypocrisie puisqu’il attribue une prime de vie chère à ses fonctionnaires qui augmente leur salaire de 53 %. C’est bien l’État le créateur d’inégalités : maintenant qu’il a aidé GBH à racheter Vindémia, le minimum ne serait-il pas d’indexer les minima sociaux ? ” Sollicitée à plusieurs reprises par Mediapart, l’Autorité de la concurrence n’a pas donné suite à nos demandes d’entretien. Un dispositif de suivi et de contrôle de respect des engagements pris par les opérateurs économiques avait pourtant été annoncé en juin 2020, au moment de l’opération de rachat. Trois recours contre cette opération restent pendants devant le Conseil d’État.

Depuis deux ans, grâce au feu vert de l’Autorité de la concurrence, le secteur de la distribution opère une concentration sans précédent sur les îles de La Réunion et de Mayotte. Un rapport de l’Observatoire des prix (OPMR) réunionnais dénonce “ la création d’un duopole ” aux effets potentiellement dévastateurs. Le 29 août 2022, par Julien Sartre pour Mediapart.

LU DANS LA PRESSE

L’ENTRETIENRaïnatAliloiffa 6 • Mayotte Hebdo • N°1009 • 02/09/20 22

COMBATL’ENDOMÉTRIOSE,MATTOIRABOUCHIROUUNSANSFINFondatricedel’associationEndoMayotte,AbouchirouMattoiratransformé sa maladie en une cause noble qu’elle défend bec et ongles. Atteinte d’endométriose, la jeune femme a dû se confronter à une société où ce mal est encore méconnu. Celles qui en souffrent sont parfois incomprises et ne reçoivent pas forcément le suivi qui leur convient. Pour remédier à cela, Abouchirou Mattoir a décidé de venir en aide aux malades mahoraises, et ce, quoi qu’il en coûte. 7 • Mayotte Hebdo • N°1009 • 02/09/20 22

PORTRAIT8•MayotteHebdo•N°1009•02/09/2022

Aussi longtemps qu’elle s’en souvienne, Abouchirou Mattoir a toujours eu des règles douloureuses, mais elle ne s’est jamais inquiétée car “ ma mère me disait que c’était normal d’avoir mal et que ça passerait une fois que je serai mariée ” , raconte-t-elle. Un discours que tiennent quasiment toutes les femmes de l’île de l’ancienne génération. Pourtant, en grandissant, l’adolescente qu’elle était se rend bien compte que ce n’est finalement pas si normal que ça puisque toutes les femmes ne souffrent pas lorsqu’elles ont leurs menstruations. Mais elle ne fait rien, et continue à vivre avec des maux de ventre et des vomissements au moins une fois par mois. C’est à l’âge adulte, une fois en métropole, qu’elle décide de prendre les choses en main, en consultant un médecin. Le diagnostic tombe et il est sans appel. Abouchirou est atteinte d’endométriose. “ Je ne savais pas ce que c’était. Le docteur m’a expliqué mais tout ce que j’ai retenu c’est que je risquais d’être infertile ” , se souvient-elle. La peur l’envahit, ainsi que le déni, refusant dans un premier temps d’accepter son sort. Mais elle finit par se raisonner, commence à se renseigner et entame un traitement. Il ne la guérira pas complètement puisqu’il s’agit d’une maladie chronique, mais il lui permet de soulager sa Elledouleur.décide finalement de rentrer à Mayotte et très vite, elle se rend compte que la maladie est complètement méconnue sur l’île. “ Même certains médecins qui sont sur le territoire n’ont pas connaissance de tous ses aspects ” , affirme-t-elle. La jeune femme en a fait les frais puisque lorsqu’elle part voir une gynécologue pour renouveler son traitement, cette dernière lui dit que ce n’est pas nécessaire, car elle n’a pas d’endométriose. Un mauvais diagnostic qui a des conséquences sur elle. “ Je n’ai pas pu continuer le traitement que je suivais depuis le début alors que je suis toujours malade. Aujourd’hui, je suis obligée de tout reprendre à zéro. ” C’est pour éviter ce genre de situation qu’elle décide il y a trois mois de créer son association, Endo Mayotte, pour aider les Mahoraises qui en ont besoin.

RENDRE VISIBLE LA MALADIE

Endométriose, qui se trouve en Guadeloupe. Elle la mettra en contact avec les médecins spécialistes de ce problème. “ On s’organisera pour avoir les fonds nécessaires afin de les faire venir une à deux fois par mois à Mayotte, pour qu’ils puissent voir les patientes d’ici et leur prescrire un traitement. ” Endo Mayotte collabore également avec une psychologue, car la prise en charge psychologique est nécessaire pour ces femmes. “ Nous sommes jugées et stigmatisées. Quand on est malade on n’a pas la force de tout gérer, et pourtant on nous traite de fainéante, on nous dit qu’on exagère ” , dénonce la fondatrice et présidente de la structure. Elle espère que son association permettra de libérer la parole et de sortir l’endométriose de l’ombre.

Cela fait seulement trois mois qu’elle est active, mais elle reçoit déjà de nombreux témoignages de personnes qui vivent la même chose qu’elle, à sa grande surprise. “ Beaucoup de femmes sont venues me voir, et également un homme parce que sa fille souffre de la même maladie. ” Preuve que tout le monde peut être concerné par ce sujet. “ Ce n’est pas qu’une cause féminine, c’est aussi une cause humaniste qui touche le monde entier. Il est nécessaire d’en parler pour pouvoir faire bouger les choses. ” Cela passe aussi par la sensibilisation des plus jeunes. Par le biais de son association, Abouchirou Mattoir souhaite intégrer les collèges et lycées afin de parler de l’endométriose aux adolescents car plus la maladie est détectée tôt, plus le traitement est efficace. “ Je veux qu’ils sachent qu’avoir ses règles est naturel, mais en souffrir n’est pas normal. ” n

Son long parcours personnel, semé d’embuches, l’a incitée à s’engager dans le monde associatif. L’un de ses principaux objectifs est de permettre aux femmes qui souffrent d’avoir un traitement adapté. Pour cela, elle travaille en collaboration avec l’association Karukera

“ CE N’EST PAS QU’UNE CAUSE FÉMININE, C’EST AUSSI UNE CAUSE HUMANISTE ” 9 • Mayotte Hebdo • N°1009 • 02/09/20 22 Vous pouvez contacter l’association Endo Mayotte sur les réseaux sociaux, ou par mail : endomayotte@gmail.com

10 • Mayotte Hebdo • N°1009 • 02/09/20 22 DOSSIER

Primaires, collégiens, lycéens, étudiants… Ils sont plus de 115 000 à peupler les classes mahoraises cette année. Un chiffre encore ahurissant, mais toujours en hausse, qui se heurte à la réalité matérielle de l’île. Les constructions scolaires et le recrutement d’enseignants peinent en effet à suivre ce rythme infernal, également impacté par des violences devenues régulières, au grand dam des syndicats et des parents d’élèves. Outre le travail du Département et de l’académie, la clé d’une meilleure éducation pourrait d’ailleurs venir des communes, engagées depuis peu sur la voie du périscolaire.

RENTRÉE SCOLAIRE 11 • Mayotte Hebdo • N°1009 • 02/09/20 22

PLUSTOUJOURS

12 • Mayotte Hebdo • N°1009 • 02/09/20 22 Axel NodinotDOSSIER

Personne ne semble plus vouloir exercer le “ plus beau métier du monde ” , selon l’expression du ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye. Doublé par l’omniprésente présidence d’Emmanuel Macron, qui a invité tous les recteurs à la Sorbonne la veille du discours de son ministre, le pensionnaire de la rue de Grenelle est privé de lumière pour cette rentrée scolaire 2022… Et de profs. Celui qui a fait de la “ mixité scolaire ” son cheval de bataille doit en effet faire face à une pénurie d’enseignants inédite, représentant quelque 4000 postes non pourvus, premier et second degré confondus. À Mayotte, “ cela fait quelque temps que l’on est aux avant-postes de la problématique de la pénurie d’enseignants ”, avoue le recteur Gilles Halbout, satisfait de cette rentrée 2022. “ Globalement, on arrive à recruter, continue-t-il. Un gros travail a été fait ces dernières années avec les organisations syndicales, et ça paie aujourd’hui. Cette année, il y a beaucoup moins de démissions au départ que les années d’avant, où on s’apercevait que des enseignants sur lesquels on comptait n’étaient pas là le jour de la prérentrée. Mais cette rentrée se passe sûrement plus normalement qu’ailleurs car nous sommes habitués à avoir beaucoup de contractuels. ”

AVEC PLUS DE 4000 ENSEIGNANTS MANQUANTS EN CETTE RENTRÉE SCOLAIRE 2022, L’ÉDUCATION NATIONALE DOIT TROUVER DES SOLUTIONS POUR EMPÊCHER UNE SURCHARGE TROP IMPORTANTE DES CLASSES. UN PROBLÈME DE PÉNURIE QUE MAYOTTE NE CONNAÎT QUE TROP BIEN, LE 101ÈME DÉPARTEMENT FRANÇAIS POSSÉDANT LE PLUS HAUT TAUX DE CONTRACTUELS DANS LE CORPS ENSEIGNANT. L’OBJECTIF EST DÉSORMAIS DE LES FORMER ET DE LES TITULARISER, POUR LES FAIRE RESTER. ÉDUCATION RECHERCHE DÉSESPÉRÉMENTPROFS

DANS LE SECONDAIRE, 1729 CONTRACTUELS SUR 3307 ENSEIGNANTS En effet, le département de Mayotte possédait à la rentrée dernière, et aux précédentes, le taux d’enseignants contractuels le plus élevé de France dans le second degré (52,28%).

Dans le détail, sur les 3307 enseignants du secondaire en 2021-2022, 76 étaient agrégés, 1030 étaient titulaires du Capes, 392 étaient professeurs de lycée professionnel, et 77 étaient professeurs des écoles et instituteurs exerçant dans le secondaire. Enfin, 1729 d’entre eux étaient non-titulaires, un chiffre qui soulève les craintes de nombreux parents d’élèves quant à l’éducation de leurs Enenfants.cette rentrée 2022, l’académie de Mayotte enregistre 350 enseignants supplémentaires dans ses rangs, sans que le taux de contractuels n’augmente significativement, selon Gilles Halbout : “ Nous avons plus de titulaires qu’avant ” Mais Mayotte, confrontée au manque d’enseignants depuis des années, est à contrecourant de la tendance nationale, qui devrait consacrer plus d’efforts au recrutement de contractuels. C’est en tout le cas le sens de l’initiative portée par Pap Ndiaye, consistant en un “ concours exceptionnel de titularisation ” des enseignants qui étaient contractuels l’année scolaire passée. Une mesure dont on ne connaît pas encore les détails, mais qui semble logique. Le ministère de l’Éducation nationale, tenu par le très décrié Jean-Michel Blanquer ces cinq dernières années, se repose de plus en plus sur des contractuels : alors qu’ils étaient moins de 20 000 en 2007, ils seront plus de 40 000 en 2022, soit une hausse de 2,5% du corps enseignant à 5,5%, en 15 ans.

DES MILLIERS D’ÉLÈVES EN PLUS CHAQUE ANNÉE

COMBIEN POUR L’ALLOCATION DE RENTRÉE SCOLAIRE ?

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“ Non, on ne prône pas le fait qu’il y ait plus de contractuels, puisque notre objectif est de les faire passer à un statut de titulaire ”, rétorque toutefois le recteur de Mayotte, qui évoque avant tout la formation de ces derniers. “ Mayotte a une longueur d’avance, puisque nous avons ouvert les concours spécifiques qui permettent d’avoir deux ans de formation payée, pour le premier degré et très récemment pour le second. Pour l’instant, ça fait ses preuves. ” Ces mesures, couplées au 3PE – Parcours préparatoire au professorat des écoles – dispensé au Centre universitaire de Dembéni, devraient permettre d’avoir un vivier d’enseignants plus pérenne à Mayotte. Car il y a fort à faire. Avec une natalité galopante, le 101ème département enregistre toujours plus d’élèves à chaque rentrée (+ 6,9% en 2020-2021, là encore le taux le plus élevé de France). Ces derniers sont mêmes plus nombreux qu’en Guyane depuis 2012, qu’en Martinique depuis 2015, et qu’en Guadeloupe depuis 2019, alors que l’île au lagon est moins peuplée que ces autres départements d’outremer. Les prochaines rentrées scolaires requerront donc plus d’enseignants, mais aussi plus de salles de classe : Mayotte en compte 15 nouvelles cette année. n L’allocation de rentrée scolaire est attribuée à chaque foyer ayant des enfants scolarisés âgés de 6 à 20 ans (de 16 à 20 ans, elle sera versée courant novembre 2022). La CSSM gérant les versements en collaboration avec le rectorat, les familles n’ont aucune démarche à effectuer. Il suffit de ne pas dépasser les plafonds de revenus ci-dessous :

LE CONSTAT EST UNANIME AUPRÈS DES SYNDICATS D'ENSEIGNANTS. LA RENTRÉE SCOLAIRE 2022 N’EST PAS DIFFÉRENTE DES PRÉCÉDENTES. ELLE S’EST DÉROULÉE AVEC SON LOT DE PROBLÈMES QUI NE SONT PAS RÉGLÉS, MAIS QUI, AU CONTRAIRE, PRENNENT DE PLUS EN PLUS D’AMPLEUR. SURPOPULATION SCOLAIRE, MANQUE DE PERSONNEL, QUALITÉ DE L’ENSEIGNEMENT… AUTANT DE DIFFICULTÉS QUI METTENT EN PÉRIL L’ÉDUCATION DES ÉLÈVES MAHORAIS. ÉDUCATION POUR LES SYNDICATS, “ON NOUS HABITUE À LA MÉDIOCRITÉ”

Le rectorat a établi un plan de construction d’établissements scolaires pour le second degré, mais il faudra attendre quelques années avant de les voir sortir de terre, alors que les besoins sont urgents. Faute de pouvoir faire mieux, les chefs d’établissements de l’île sont obligés de bricoler. “ On a des collèges qui accueillent des lycéens parce qu’il n’y a plus de places dans les lycées. Les élèves sont parfois sur les deux établissements. On crée les conditions de leur échec et on limite leurs possibilités d’acquérir des compétences ”, alerte Bruno Dézile, secrétaire départemental de la CGT Educ’action Mayotte. En ce qui concerne les écoles maternelles et primaires, c’est le flou total. Leur construction est à la charge des mairies, mais ces dernières peinent à avancer sur ce terrain au grand dam des professionnels de l’éducation nationale et des parents qui s’impatientent. Pourtant les moyens financiers ne manquent pas. “ Il faut reconnaître que l’État a débloqué les fonds pour cela. En 2005 il a versé 4,5 millions d’euros pour les constructions scolaires, en 2009 nous sommes

14 • Mayotte Hebdo • N°1009 • 02/09/20 22 Raïnat AliloiffaDOSSIER

DES CONSTRUCTIONS TOUJOURS EN ATTENTE

Le boom démographique se fait ressentir partout à Mayotte et en premier lieu dans les établissements scolaires. Pour cette rentrée, le rectorat enregistre 3000 élèves supplémentaires dans le premier degré. Cela n’aurait pas posé de souci s’il y avait de la place pour tout le monde. Or, nous sommes loin du compte. Cette année, seulement 15 nouvelles classes sont livrées. Conséquence, les salles sont bondées. Le chiffre fatidique de 30 élèves par classe est très souvent dépassé, y compris en maternelle. “ Dans ces conditions, on ne peut pas dire que la rentrée se soit bien passée. C’est un peu comme l’année dernière mais en pire. On nous habitue à la médiocrité ”, clame Rivomalala Rakotondravelo, co-secrétaire départemental du SNUipp-FSU 976. Dans le second degré, la progression est régulière, mais la situation reste critique. Les établissements scolaires sont au bord de l’explosion et les chiffres parlent d’euxmêmes. “Dans l’académie de Mayotte, un collège accueille en moyenne 1400 élèves, et un lycée 1500. Des fois c’est beaucoup plus. Alors qu’en métropole tous les établissements du second degré ont une moyenne 600 à 700 élèves”, explique Henri Nouri, le secrétaire départemental du SNESFSU Mayotte. Et c’est toute l’organisation de la vie scolaire qui est chamboulée puisque les espaces de vie sont fortement réduits. Les lieux de permanence et les CDI sont parfois réquisitionnés pour que les profs puissent enseigner, et les cours de récréation ne sont plus adaptées pour supporter autant d’élèves.

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passés à 10 millions, en 2015 c’était 15 millions, et en 20202021 il a octroyé 30 millions d’euros. Malgré tout cela, on a de moins en moins de livraisons de salles de classes”, détaille le représentant syndical du SNUipp-FSU 976. Pour remédier au problème, ce dernier souhaite tout simplement que les maires soient démis de cette fonction qu’ils “n’arrivent pas à assumer” selon lui.

ATTRACTIVITÉ ET STABILISATION

“ IL N’Y A PLUS DE PLACES DANS LES LYCÉES ”

À la rentrée 2022, à Mayotte, il manque encore des professeurs dans les établissements. Selon Henri Nouri, “on compte entre 10 et 12%” le nombre de postes non occupés dans le second degré. Pas de chiffre précis pour le premier degré, mais le secteur souffre également du manque de profs. Cela est dû notamment aux rotations des personnels qui partent de plus en plus tôt. Jusqu’en 2016, les enseignants restaient généralement quatre ans de suite. De nos jours, certains quittent le territoire au bout d’un à deux ans. Une situation qui déstabilise les équipes pédagogiques, sans cesse sous tension. L’île aux parfums n’attire plus les professeurs titulaires, et ce malgré des salaires bien plus élevés que dans l’Hexagone. Selon les syndicalistes, il faut aller encore plus loin afin de rendre le territoire plus attractif.

LA QUALITÉ DE L’ENSEIGNEMENT AU PLUS BAS

Le rectorat doit pallier cette pénurie de professeurs et ce, par tous les moyens. Les

“ LES N’ARRIVENTMAIRESPASÀASSUMER” 16 • Mayotte Hebdo • N°1009 • 02/09/20 22

DOSSIER

moyen pour les faire rester plus longtemps. “ Il faut mettre une indemnité de stabilisation pour que les personnels restent au-delà de quatre ans ”, continue le professionnel. Après quatre années de bataille, le syndicat SNES-FSU Mayotte a eu gain de cause concernant la question de l’indemnité de remboursement partiel de loyer. Elle sera attribuée aux personnes venant de l’extérieur et n’ayant pas de centre d’intérêts personnels et moraux à Mayotte. Une petite victoire non négligeable quand on connait les prix exorbitants des loyers sur l’île.

“ On l’a dit plusieurs fois, il faut mettre l’indexation, au minimum, au même niveau que La Réunion. Actuellement à Mayotte il est à 1,40, chez nos voisins c’est à 1,53 alors que c’est un territoire beaucoup plus attractif ”, précise Henri Nouri. Le problème de l’attractivité est une chose, mais celui de stabilisation est un autre qui s’ajoute. Une fois que les enseignants viennent, il faudrait trouver un

Afin d’observer de plus près la rentrée des classes mahoraise, l’Union nationale des syndicats autonomes (UNSA) a envoyé deux émissaires sur l’île cette semaine. Il s’agit d’Audrey Lalanne, déléguée nationale, et de José Teixeira, conseiller national. “ Ils ont pris contact avec la section locale, visité divers établissements et ont eu audience chez le recteur ”, explique Vital Kuola, secrétaire départemental et académique de l’UNSA à Mayotte. Les deux représentants se rendront également au séminaire destiné aux nouveaux enseignants de l’île, prévu demain à Mtsangabeach. Si elle partage en partie les constats des autres syndicats, l’UNSA déplore surtout le manque de réactivité des communes sur les constructions scolaires. “ Il y a un problème démographique, on n’arrive pas à suivre alors qu’il faudrait construire 800 classes ”, affirme ainsi Vital Kuola.

“ ENSEIGNER ÇA S’APPREND ! ” 17 • Mayotte Hebdo • N°1009 • 02/09/20 22

“Enseigner ça s’apprend ! On prend n’importe qui, on recrute n’importe comment ! La considération du métier d’enseignant prend un coup ”, lance le secrétaire départemental du SNES-FSU Mayotte qui dénonce également les “job dating” pour recruter des professeurs en France métropolitaine. Et à Bruno Dézile d’ajouter, “ Les élèves ont besoin d’avoir des professionnels compétents en face d’eux. Pour enseigner, il faut avoir des formations de qualité avec un bon niveau. Le plus important est de garantir un enseignement de qualité à tous les élèves quels qu'ils soient et où qu’ils soient sur le territoire. Là-dessus l’Etat est complètement défaillant. ” Et tous ne manqueront pas de le dire au ministre de l'Éducation Nationale, qui devrait se rendre à Mayotte dans les prochaines semaines. n

2 REPRÉSENTANTS DE L’UNSA À MAYOTTE

contractuels ont le vent en poupe car ils sont visiblement la seule solution rapide au problème. Le taux de professeurs contractuels dépasse les 50% dans le département, et cela se fait ressentir dans la qualité de l’enseignement.

Mayotte Hebdo : Vous avez poussé un coup de gueule lors de la venue du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer car il ne vous a pas reçu. Pourquoi était-ce si important pour vous de le voir ?

“ LES COLLATIONS QUE L’ON DONNE À NOS ENFANTS SONT INDIGNES D’UN REPAS…DE L’ÉCOLE DE LA RÉPUBLIQUE ” 18 • Mayotte Hebdo • N°1009 • 02/09/20 22 Raïnat AliloiffaDOSSIER

Haïdar Attoumani Saïd : Nous sommes en colère parce que nous estimons que la sécurité incombe au ministre de l’Intérieur, que ce soit sur la place publique ou aux abords des établissements scolaires. Compte tenu des difficultés que nous avons sur le territoire, le minimum est qu’il puisse recevoir et rassurer les parents. Or, il a essayé à tout prix de nous écarter de son passage mais on a été beaucoup plus malins. Nous savions qu’il se rendrait au lycée de Tsararano, nous nous sommes donc présentés là-bas. On lui a lu notre déclaration liminaire, mais il n’était pas content. M.H. : Qu’est-ce que cette déclaration liminaire ?

H.A.S. : C’est une manière de pousser un coup de gueule. C’est une habitude que nous avons au ministère de l’éducation nationale pour dénoncer ce qui ne va pas. Cette fois-ci nous avons interpellé M. Darmanin pour lui faire savoir que nous ne sommes pas d’accord que l’on stigmatise la tenue vestimentaire des Mahoraises, à savoir le salouva et kichali. Ce sont nos tenues traditionnelles depuis des siècles et il ne faudrait pas que Gérald Darmanin puisse les comparer au hijab. Les femmes et jeunes filles mahoraises les ont toujours portées et ça n’a jamais fait de mal à personne. Pourtant, ces dernières années, à chaque rentrée on voit débarquer des chefs d’établissements ou des fonctionnaires de l’Éducation nationale qui vont jusqu’à renvoyer les jeunes filles. Ils les stigmatisent. Le ministre n’a pas apprécié notre déclaration à cause de la phrase “ nous ne pouvons pas accepter une assimilation culturelle aussi forte comme à l’époque coloniale ”. Il n’a pas aimé le terme “ coloniale ” et nous a demandé de le changer. Mais nous n’en ferons rien. La conception qu’il a des Outre-mer est différente de la réalité. Il a vécu en France métropolitaine et il n’a pas les mêmes poids de souffrance et d’assimilation que nous. M.H. : De manière générale, comment s’est passée la rentrée ? H.A.S. : On a eu une rentrée assez apaisante. On note quelques bémols puisque dans la commune de Bouéni et Bandraboua, des élèves n’ont pas

ÉDUCATION DES D’ÉLÈVESPARENTSPRÉOCCUPÉS

INSÉCURITÉ, SURPOPULATION SCOLAIRE, COLLATION… AUTANT DE SUJETS QUI ALERTENT LES PARENTS D’ÉLÈVES DEPUIS DES ANNÉES. CETTE RENTRÉE NE FAIT PAS EXCEPTION, ET LA FÉDÉRATION DES CONSEILS DE PARENTS D’ÉLÈVES DE MAYOTTE REDOUBLE DE VIGILANCE ET TAPE DU POING SUR LA TABLE POUR SE FAIRE ENTENDRE PAR LES DIFFÉRENTS MINISTRES QUI VIENNENT DANS LE DÉPARTEMENT. HAÏDAR ATTOUMANI SAÏD, CO-PRÉSIDENT DE LA FCPE MAYOTTE, AFFIRME QUE LES PARENTS D’ÉLÈVES N’ONT QU’UN SEUL OBJECTIF : LA RÉUSSITE DE LEURS ENFANTS ET CE, PAR TOUS LES MOYENS.

M.H. : Vous proposez également la présence des forces de l’ordre devant certains établissements scolaires durant les heures de cours. Pensez-vous réellement que ce sont de bonnes conditions pour étudier ?

H.A.S. : Cela rassure un peu les parents. Mais nous sommes conscients que la présence de la police ou de la gendarmerie est toujours une source d’excitation auprès des jeunes et ça n’arrange pas le problème de l’insécurité. En réalité, nous souhaitons qu’à la place des forces de l’ordre, on mette des éducateurs. Il faut des personnes formées qui puissent avoir un champ de dialogue et de pédagogie auprès de cette jeunesse qui ne sait plus à qui se confier et qui est en errance. Les éducateurs sont la solution pérenne, ils pourraient rassurer les jeunes et les orienter vers un meilleur avenir. M.H. : Le ministre de l’Éducation nationale devrait se rendre à Mayotte dans les prochaines semaines, quelles sont vos attentes ? H.A.S. : Elles sont nombreuses et énormes ! Nous l’attendons sur la formation des enseignants. Sur un territoire comme le nôtre, on ne peut pas se contenter du CUFR. On veut une université de plein exercice où on aura de la recherche, et qui travaillera en symbiose avec les collectivités. On souhaite aussi que le rectorat puisse disposer de l’école supérieure du professorat et de l’enseignement comme dans d’autres académies de France, pour avoir des enseignants bien formés et une meilleure qualité de l’enseignement on doit passer par cela. On lui demandera également de mettre en valeur les Mahorais diplômés, ils doivent avoir plus responsabilités. On veut construire un territoire donc il faut donner la chance aux enfants de ce territoire.

Nous allons également lui parler de l’enseignement de qualité qui doit être renforcée. Dès cette rentrée l’excellence éducative doit être au cœur du débat. Nous souhaitons que dans chaque établissement il y ait des classes européennes, des classes qui innovent. Il faut aussi des salles informatiques dans chaque école car la numérisation prend de plus en plus d’ampleur et il faudrait que nos enfants soient en mesure de rivaliser avec les autres enfants au niveau international et dans la région. Nous allons aussi lui dire que nous voulons que les parents aient leur place. Il ne faut pas les mépriser. Nous allons réclamer le rétablissement d’une charte de l’accueil des parents dans chaque établissement et les parents délégués doivent être formés.

Le ministre ne va pas s’ennuyer avec nous ! n

Nous voulons aussi que les langues régionales soient enseignées dans les écoles. On a beaucoup parlé du shimaoré, c’est une bonne chose, mais il ne faut pas oublier que l’on parle swahili dans les pays voisins, donc il faudrait former les enseignants pour qu’ils puissent enseigner les langues régionales et locales.

H.A.S. : Oui car nous avons des personnes diplômées, qui ont bac+5, qui ont des compétences et on les cantonne au statut de simple enseignant. Il faudrait qu’elles soient mises en avant. Il y a très peu de professionnels mahorais qui ont des fonctions à haute responsabilité. Très peu de chefs d’établissements mahorais, très peu d’inspecteurs mahorais dans le second degré. Pourtant, certains ont les compétences requises mais elles sont minimisées, voire rabaissées. Il faut accepter de travailler avec les Mahorais.

19 • Mayotte Hebdo • N°1009 • 02/09/20 22 pu faire leur rentrée en même temps que les autres. Dans d’autres localités, beaucoup de choses doivent être faites et améliorées. Ce que l’on souhaite c’est une rencontre avec l’association des maires afin d’avoir une vision globale sur l’état de nos écoles primaires, car il y a une opacité. Quand on demande des rencontres avec les maires, il n’y a pas de suite. C’est dommage parce que l’éducation est un enjeu important à Mayotte, et pour avoir une instruction de qualité, il faut revoir les constructions des écoles. C’est ce que nous voulons dire aux élus. Avec le second degré nous n’avons pas ce problème, parce qu’on se voit souvent avec le rectorat et on arrive à travailler ensemble. M.H. : Vous avez dévoilé une liste de doléances sur les sujets qui vous préoccupent : insécurité, surpopulation scolaire, manque de professeurs ou encore la qualité des collations. Pouvez-vous nous en dire davantage ? H.A.S. : Ce sont les préoccupations des Mahorais. La surpopulation scolaire nous inquiète particulièrement car elle est source de tension et elle engendre les difficultés que nous rencontrons aujourd’hui. Les classes sont surchargées, toutes les salles sont occupées, l’espace de vie est également réduit dans les établissements, tout cela est source de tension. Si on arrivait à avoir par classe entre 20 et 24 élèves, on réduirait de 95% les L’alimentationproblèmes.denos

enfants dans les écoles est aussi une problématique à prendre au sérieux. Il existe des projets de construction de cantines centrales, nous avons à peu près des échéances mais pour nous tout cela est loin. Il nous faut des solutions plus rapides. La société qui livre les collations doit améliorer leur qualité car ce que l’on donne à nos enfants est indigne d’un repas que l’on donne à un élève de l’école de la République. Ils les nourrissent avec un bout de pain et parfois du fromage. Ce n’est ni sain ni équilibré. Nous voulons que dès cette année on améliore la qualité de ces collations et nous souhaitons que les élus soient derrière nous. M.H. : Vous demandez aussi que l’on mette plus en avant les professeurs mahorais…

20 • Mayotte Hebdo • N°1009 • 02/09/20 22 Axel NodinotDOSSIER DÉSIGNÉ COMME L’UNE DES “ PRIORITÉS DE LA RENTRÉE ” DU RECTORAT DE MAYOTTE, LE PÉRISCOLAIRE DOIT PERMETTRE AUX COMMUNES DE DÉVELOPPER LES ACTIVITÉS AUPRÈS DES ÉLÈVES DU PREMIER DEGRÉ. AVEC DES CENTAINES DE MILLIONS D’EUROS ALLOUÉES AUX MUNICIPALITÉS PAR L’ÉTAT, LES PLANS ÉDUCATIFS TERRITORIAUX (PEDT) COMMENCENT À FLEURIR DE TOUTES PARTS. ÉDUCATION PÉRISCOLAIRE : LA BALLE DANS LE CAMP DES COMMUNES

21 • Mayotte Hebdo • N°1009 • 02/09/20 22

C’est le cas de la ville de Chiconi, ou encore de DzaoudziLabattoir, qui a mis en place son premier PEDT en 2015. La commune de Petite Terre proposait déjà un encadrement pour les élèves du premier degré de 10h30 à 11h45, à l’aide d’animateurs payés par la municipalité. “ Nous leur proposons des ateliers de musique, de danse, et d’autres loisirs ”, résume Baraka Issoufi, adjointe au maire chargée de l’éducation. Depuis quelques années, le périscolaire de la ville est encore mieux organisé, avec plus de temps d’encadrement et d’activités. “ En 2017-2018, après discussion avec les parents, ces derniers ont proposé d'étendre le dispositif sur la totalité de la pause méridienne, c'est-à-dire de 10h30 à 13h30, continue l’adjointe de Saïd Omar Oili. On a aussi recours aux associations, comme Oulanga na Nyamba ou Kazyadance, qui interviennent dans le périscolaire. ”

Ainsi, Dzaoudzi-Labattoir débute cette année scolaire 2022-2023 avec un nouveau réfectoire, mis en service

PAS DE PÉRISCOLAIRE SANS CONSTRUCTIONS

cependant pas attendu de se faire prier pour s’occuper des enfants lors de la pause méridienne, un impératif majeur à Mayotte, selon le rapport de Verso consulting.

Elles sont seize, sur les dix-sept communes que compte l’île, à avoir proposé un Plan éducatif territorial au rectorat de Mayotte. Outre Sada, les projets de toutes les autres communes sont soumis en ce moment même aux équipes de Gilles Halbout pour validation. Il faut dire que le recteur avait fait de ce sujet l’objet d’un grand séminaire, mené le 18 août dernier en compagnie du Conseil départemental, des communes, de la CSSM ou encore des associations de parents d’élèves. “ Il faut proposer des activités avant la première sonnerie, pendant la pause méridienne et durant les vacances scolaires pour empêcher l’oisiveté ”, y avait déclaré un Gilles Halbout ambitieux. Le périscolaire, effectivement, n’est jusqu’à présent pas très développé dans le 101ème département français. C’était sans compter sur la manne financière que représente le dispositif du PEDT. Évalués à 835 millions d’euros par le cabinet Verso consulting, appelé à la rescousse par le Conseil départemental, ces plans devraient permettre à chaque commune de développer de nombreuses activités pour les élèves du premier degré. Sorties découverte en nature, activités sportives, manifestations culturelles ou ateliers de sensibilisation à divers sujets, les idées ont rapidement fusé des mairies mahoraises, encouragées par les centaines de milliers d’euros à la clé. Certaines d’entre elles n’avaient

cette année au sein de l’école de Labattoir 3, “ afin d’accueillir les élèves pendant cette pause méridienne ” , toujours selon Mme Issoufi. D’autres projets de constructions sont dans les tuyaux, pour faire face à un problème majeur : le dispositif périscolaire ne peut pas s’appliquer dans les établissements dits “ en rotation ”, qui doivent accueillir plus d’élèves que les écoles “ en rythme ”. Le rapport du cabinet de conseil insiste d’ailleurs – comme les syndicats et les parents d’élèves – sur le besoin d’infrastructures nouvelles à Mayotte, facilitées par l’apport des plans éducatifs territoriaux.

22 • Mayotte Hebdo • N°1009 • 02/09/20 22 DOSSIER

Désormais, de nombreuses municipalités mahoraises reprendront l’exemple de Dzaoudzi-Labattoir, avec le PEDT 2021-2023, le premier pour nombre d’entre elles. “ Il y a une petite émulation, reconnaît volontiers Gilles Halbout. Certaines communes qui ne faisaient pas grand-chose se réveillent et prévoient beaucoup de belles choses. ” Ainsi en est-il de l’ancienne capitale de Mayotte, Tsingoni. La commune de l’ouest, qui accueillera à Combani un centre commercial et un hôpital dans quelques années, voit le PEDT comme une aubaine, un moyen de développer sa jeunesse – et donc son territoire. “ Pour se développer, un jeune doit s’imprégner de sa culture, de son patrimoine matériel et immatériel ”, affirme Abdoul Doukaini, directeur général adjoint chargé du social et de l’urbain à Tsingoni. La commune souhaite ainsi multiplier les ateliers culturels (de 11h à 13h, les lundis, mardis et jeudis), comme la découverte de la mangrove ou du lac Karihani, des ateliers artisanaux, des visites aux mamas chingo de Bandrélé… Pour cela, elle compte bien

UN PLAN ÉTAT-COMMUNE GAGNANT-GAGNANT

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“ Nous avons posé comme condition que l’association embauche les titulaires du BAFA de la commune, détaille Abdoul Doukaini. Nous souhaitons aussi que le projet des enfants de la commune

Autre projet de ce Plan éducatif territorial : des ateliers d’initiation au numérique et à l’utilisation des médias, afin de les aider dans leur orientation. Mais si l’équipe de la commune ne manque pas d’idées, elle se heurte cependant à un mur financier qui pourrait limiter ses ambitions. Ainsi, elle compte confier d’ici 2023 le périscolaire à une association externe, ce qui reviendrait moins cher que d’embaucher elle-même les animateurs.

s’inscrive dans celui du territoire. Il faudrait peut-être que nous ayons une dizaine d’infirmiers issus de la commune, plusieurs puéricultrices… ” Pour cela, la caisse des écoles de Tsingoni, qui porte ce plan éducatif territorial, espère récolter entre 700 000 et 800 000 euros, un montant conséquent qui ne permettra pourtant pas de mener à bien tous les projets imaginés par la commune. “ Ce n’est pas l’argent du PEDT qui nous permettra d’appliquer notre PEDT ”, déclare paradoxalement M. Doukaini. Le directeur général adjoint envisage donc, à terme, de demander une participation financière minime aux parents d’élèves, qui pourrait être plus ou moins indexée sur leurs revenus. De quoi couvrir l’achat de matériel, la location de transports, ou encore le paiement des associations participant aux ateliers. Quoi qu’il en soit, ce dispositif encore tâtonnant promet de se développer rapidement sur l’île au lagon, promettant aux élèves de meilleures activités, et à l’économie mahoraise quelque 8000 emplois potentiels, toujours selon le rapport sur le périscolaire. n

s’entourer d’associations, qu’elles soient culturelles, environnementales ou sportives. “ Nous voulons aussi mettre l’accent sur les valeurs du sport, le respect, l’inclusion, l’égalité, la discipline, la persévérance, continue le DGA de Tsingoni. Quand on voit ce qu’il s’est passé sur le territoire de la commune, ces affrontements inter-villageois, on se dit que le périscolaire peut aider à résoudre cette situation. ”

“ ÇA NE SUFFIRA PAS ”, PRÉVIENT TSINGONI

DÉVASTATEURDEPROBLÉMATIQUELAL’EAUSERÉVÈLE”

Propos recueillis par R.G 24 • Mayotte Hebdo • N°1009 • 02/09/20 22

“ AMÉNAGER LE TERRITOIRE SANS INTÉGRER

Présente sur le territoire depuis le 25 août, la délégation de l’association Les Ateliers a rendu ce mardi matin son rapport d’étonnement de la mission exploratoire. Parmi les thèmes abordés, celui sur la problématique de l’eau représente un enjeu majeur dans l’aménagement du territoire. Pour l’urbaniste hydrologue Christian Piel, il est indispensable de remettre la nature au cœur des projets et privilégier les nappes phréatiques pour faciliter le stockage. Mayotte Hebdo : La problématique de l’eau représente un enjeu majeur à Mayotte… À la suite de votre séjour, quel état des lieux pouvez-vous dresser ?

Christian Piel : Lors de mon intervention, j’ai soulevé deux sujets qui ne sont en aucun cas une révélation aux oreilles de tous ! Premièrement, la pluviométrie est trois fois plus importante à Mayotte qu’en Île-deFrance alors que la pluie ne se concentre que cinq mois dans l’année… Sachant cela, vous me demanderez alors les raisons des coupures d’eau dont sont victimes les habitants ? Vraisemblablement parce qu’il n’y a pas suffisamment d’infrastructures Deuxièmement,efficientes. indépendamment des problèmes de ressources, les risques ne sont pas assez pris en compte. Nous n’en entendons absolument pas parler, à l’instar des ruissellements extrêmes qui embarquent Christian Piel soumet l’idée d’implanter une agence de l’eau à Mayotte approchedévelopperpourunedite “ génie écologique ” de la ressource en eau.

M.H. : Il y a quinze ans de cela, vous êtes intervenus sur le secteur de M’Gombani. Quelle comparaison avez-vous pu noter ? C.P. : La route nationale venait d’être construite en bordure de mer sur du remblai. Seul hic : les ruissellements inondaient totalement ce nouveau quartier de M’Gombani. La population se révoltait car elle avait plus de 50 centimètres de flotte dès lors qu’il pleuvait… Nous avions alors installé des bassins de rétention qui ne me semblent plus être présents aujourd’hui ! Cet exemple met en exergue un point essentiel : aménager le territoire sans intégrer la problématique de l’eau se révèle dévastateur. Ce n’est pas l’eau en tant que telle qui génère le risque, c’est le comportement humain dans l’urbanisme qui nous rend vulnérable. Les cheminements ne sont pas tellement respectés dans la mesure où ils sont à moitié bouchés. Sachant que les périodes de pluie seront de plus en plus intenses en raison du changement climatique, nous courrons tout simplement vers de nombreux dégâts. Il faut arrêter d’occuper ces axes d’écoulement n’importe comment.

M.H. : La semaine dernière, un contrat de progrès du service public de l’eau potable et des eaux usées de Mayotte pour la période 2022-2026 d’un montant de 411 millions d’euros a été signé en présence du ministre délégué chargé des Outre-mer. Ne serait-ce pas ici l’occasion de changer de paradigme comme vous le préconisez ?

C.P. : Lorsque nous évoquons un tel budget, cela se termine généralement en stations de dessalement… Les grands groupes vont réussir à “ vendre ” leurs machines et auront l’impression d’avoir apporté leur pierre à l’édifice. Malheureusement, l’absence d’une agence de l’eau, qui est financée par des taxes sur les eaux usées, est préjudiciable… En métropole, elles sont au nombre de six et ont compris que la qualité de ressource en eau est déterminante dans l’aménagement urbain. À Mayotte, une telle structure pourrait utiliser ces 400 millions d’euros pour encourager l’idée d’une nappe phréatique. Il faut cet acteur pour prendre en compte le cycle en eau dans sa globalité. Pour bénéficier de réserves plus conséquentes, il ne faut pas des réservoirs à ciel ouvert, mais bel et bien souterraines. Il faut revégétaliser les villes et aménager des zones d’écoulement en bonne et due forme, ce serait plus durable dans le temps et surtout moins fragile en termes de fonctionnement. n

M.H. : Depuis 2016, l’île subit une crise de l’eau sans précédent. Quelles solutions préconiseriez-vous pour y remédier, sachant que la consommation est amenée à doubler d’ici 2050 ? C.P. : Notre approche se base systématiquement sur la nature. En d’autres termes, il faut retrouver un fonctionnement naturel. Alors oui, les retenues collinaires s’avèrent intéressantes d’un point de vue financier, mais l’évaporation de l’eau gâche en réalité une bonne partie de leurs ressources… Quant aux usines de dessalement, elles participent à la dégradation du lagon en concentrant une quantité énorme de sel dans des points nommés. Sans parler de leur coût ! Après, elles peuvent offrir un gage de sécurité en période d’importantes sécheresses. Selon moi, nous devrions privilégier la mise en œuvre de réserves d’eau autonomes à l’échelle de l’habitant. Chaque nouvelle construction devrait posséder sa propre cuve pour arroser son jardin et alimenter ses toilettes. L’autre solution serait de mettre l’accent sur l’infiltration des sols afin de posséder un réservoir sousterrain. Il s’agirait alors d’une nappe phréatique que nous pourrions venir alimenter. À mon sens, il faudrait “ forcer ” ce type d’ouvrages !

25 • Mayotte Hebdo • N°1009 • 02/09/20 22 et déversent tout un tas d’ordures dans le lagon, qui se retrouve irrémédiablement pollué.

26 • Mayotte Hebdo • N°1009 • 02/09/20 22

Les moyens de transport rythment la vie et décident de la taille de notre monde. En effet, celui qui n’a que ses pieds ne se déplace pas aussi loin que celui qui peut prendre l’avion. Si l’on prend le cas de la France, la liaison entre les villes change de sens selon que l’on parcourt la distance qui les sépare à pied ou à cheval, plus tard en train ou en voiture. Ainsi la barge dit-elle quelque chose du rythme de vie à Mayotte, elle qui glisse tranquillement sur l’eau en un va-et-vient presque incessant entre la Petite Terre qui concentre un grand nombre des services indispensables, dont l’aéroport, et la Grande Terre, plus vaste et plus sauvage, qui abrite Mamoudzou, la nouvelle capitale. La barge relie donc l’ancienne capitale à la nouvelle, par voie de mer. Et la voie de la mer est essentielle entre les îles et autour de l’île. La barge permet ainsi une rêverie de l’eau qui inspire autant les écrivains autochtones comme Nassur Attoumani que ceux, allochtones, à l’instar de Jean Martin, auteur d’une histoire de référence sur l’archipel : Comores : quatre îles entre pirates et planteurs (1983). Mais l’historien Jean Martin est aussi l’auteur d’une monographie départementale consacrée en particulier à Mayotte sous le titre : Histoire de Mayotte. Département français (2010). Il y précise et actualise une partie des données publiées antérieurement. Le lecteur curieux souhaitera peut-être d’abord quelques détails sur la forme historique rare choisie par l’auteur : “ La monographie départementale fut jadis un genre en vogue chez les historiens. En 1966, la thèse de J.-R. Suratteau sur le Mont-Tonnerre en fut un exemple abouti. Puis la mode s’en est un peu perdue. Il restait les départements d’outre-mer… Les historiens de la colonisation parlaient naguère des ‘vieilles’ colonies et mêmes des ‘quatre vieilles’ pour désigner ce que l’on appelait jadis les ‘Isles’, colonies héritées de l’ancienne monarchie : Martinique, Guadeloupe, Guyane, Réunion. Leurs habitants étaient devenus citoyens en 1848, et elles ont été départementalisées par la loi de mars 1946. ” (p. 9) Jean Martin indique donc que la monographie départementale a principalement concerné le territoire de la France métropolitaine, la France extrahexagonale étant plus souvent perçue, d’un point de vue politique, comme une colonie ou d’un point de vue géographique comme une île. Jean Martin s’attèle à la tâche qui consiste à proposer une monographie du cent-unième département français, et cinquième ultra-marin : Mayotte. Et c’est dans la dernière partie de son dernier essai, intitulée “ Début de millénaire à Mayotte. Vers la départementalisation ” , qu’il passe en revue un certain nombre de rubriques qui permettent de se représenter Mayotte aujourd’hui, parmi lesquelles une sur l’équipement. Et dans celle-ci le mode

LITTÉRATURE

AGRÉGÉ DE LETTRES MODERNES ET DOCTEUR EN LITTÉRATURES FRANCOPHONES, CHRISTOPHE COSKER EST L’AUTEUR DE NOMBREUX OUVRAGES DE RÉFÉRENCE SUR LA LITTÉRATURE DE L’ÎLE AUX PARFUMS, NOTAMMENT UNE PETITE HISTOIRE DES LETTRES FRANCOPHONES À MAYOTTE (2015) DONT IL REPREND, APPROFONDIT ET ACTUALISE, DANS CETTE CHRONIQUE LITTÉRAIRE, LA MATIÈRE.

LISEZ MAYOTTE

LA BARGE, “ ÂME DE MAYOTTE ”

Jean Martin, Histoire de Mayotte : département français, éditions des Indes savantes, 2010. L'histoire, bien avant la présence française dans la région depuis le XIXe siècle, est indispensable pour comprendre un choix largement confirmé par les urnes. L'auteur, spécialiste de l'histoire coloniale et particulièrement des Comores, retrace dans une grande fresque économiquehistorique,etsocialelesélémentsquiontconduitàcettesituation.

27 • Mayotte Hebdo • N°1009 • 02/09/20 22 de transport star à Mayotte est évoqué de la façon suivante : “ Service de bac connu sous le nom de barge qui assure la navette entre les deux îles. Les Mahorais ont enrichi la langue française du verbe barger, inconnu de Vaugelas et de Littré, signifiant emprunter la barge. Le service des transports maritimes (STM), qui gère sept unités, emploie quelque troiscents salariés. Dans ce pays où les transports en commun sont inconnus, les vingt minutes que dure la traversée du lagon dans la brume légère du matin ou la fraîcheur du soir sont un temps de sociabilité ou de méditation, de sourires ou de regards échangés, intense et irremplaçable. Si Mayotte venait à perdre sa barge, elle perdrait à coup sûr une grande partie de sa dimension poétique, de son charme et peut-être même une partie de son âme. ” (p. 165) Pour l’historien, la barge constitue l’âme de Mayotte. Elle n’est pas seulement le trait d’union entre deux lieux à la fois séparés et indispensablement liés. Elle est le seul lieu de passage obligatoire pour tous ceux qui résident à Mayotte, à l’exception peut-être du préfet qui possède sa propre navette. Après avoir qualifié concrètement la barge comme société de transport, Jean Martin se laisse aller à rêver à ses traversées, les vingt minutes du levant ou du couchant, les visages croisés, les propos échangés. Il ne mentionne pas l’alternative parfois évoquée de la construction d’un pont entre les deux îles. Être mahorais, c’est donc prendre la barge, c’est-àdire, dans le français de Mayotte, “ barger ”. Derrière le journaliste, le professeur de français goûte le néologisme qui consiste à transformer un nom en verbe, verbe principalement employé au présent à la première personne du singulier : “ je barge ”, “ je vais barger ”. Plus rarement : “ Viens, on barge ! ” Christophe Cosker

JournéeRégionalFOOTBALLRégionalFOOTBALLCalendriersSPORT-classements-résultats1211 Bandrélé FC 0–2 Jumeaux de Mzouazia ASC Abeilles de Mtsamboro 0–0 Diables noirs de TchangaCombaniSC 0–0 ASC Kawéni AS Rosador de Passamainty 0–0 USCP Anteou AJ Kani Kéli 1–1 FC Mtsapéré AS Bandraboua 1–3 AS Sada Journée 12 – Samedi 17 septembre à 15 heures AS Rosador de Passamainty – Diables noirs de ASCombaniSada– USCP Anteou AS Bandraboua – AJ Kani Kéli ASC Abeilles – Jumeaux de Mzouazia Bandrélé FC – ASC Kawéni Tchanga SC – FC Mtsapéré Journée 11 AS Neige de Malamani 2–1 FC Kani Bé US Kavani 3–1 AJ Mtsahara Foudre 2000 1–2 Olympique Miréréni USCJ Koungou 0–0 FC Chiconi ASJ Moinatrindri 0–2 FC Dembéni FC Majicavo 2–2 UCS de Sada Journée 12 – Samedi 17 septembre à 15 heures FC Majicavo – AS Neige de Malamani UCS de Sada – AJ Mtsahara US Kavani – FC Chiconi Foudre 2000 – FC Kani Bé ASJ Moinatrindri – Olympique Miréréni USCJ Koungou – FC Dembéni Equipe Pts J G N P Dif 1 FC Mtsapéré 26 11 8 2 1 +17 2 ASC Kawéni 25 11 8 1 2 +12 3 Jumeaux Mzouaziade 23 11 7 2 2 +13 4 AJ Kani Kéli 20 11 6 2 3 +3 5 Diables noirs de Combani 16 10 4 4 2 +2 6 AS Sada 12 11 4 0 7 -5 7 ASC Abeilles de Mtsamboro 11 11 3 2 6 -12 8 AS Bandraboua 11 11 3 2 6 -13 9 AS Rosador Passamaintyde 10 11 3 1 7 -3 10 Bandrélé FC 10 10 3 1 6 -6 11 Tchanga SC 10 11 2 4 5 -4 12 USCP Anteou 9 11 2 3 6 -4 Equipe Pts J G N P Dif 1 US Kavani 21 11 6 3 2 +7 2 Foudre 2000 20 11 6 2 3 +4 3 AS Neige Malamanide 19 11 5 4 2 +6 4 FC Majicavo 19 11 5 4 2 +7 5 FC Dembéni 17 11 4 5 2 +2 6 AJ Mtsahara 16 5 1 5 2 +2 7 UCS de Sada 15 11 4 3 4 -4 8 FC Chiconi 15 11 3 4 3 0 9 MiréréniOlympique 13 11 3 4 4 -4 10 USCJ Koungou 12 11 3 3 5 -7 11 FC Kani Bé 8 11 2 2 7 -8 12 MoinatrindriASJ 6 11 2 0 9 -5 28 • Mayotte Hebdo • N°1009 • 02/09/20 22

JournéePrénationalePrénationaleBASKETRégionalFOOTBALL1fémininesmasculineféminine11 ASO Espoir Chiconi – ASJ Handréma Club Unicornis 9–0 Devils Pamandzi AS Jumelles de Mzouazia 4–0 US Kavani FC Mtsapéré 5–2 USC Labattoir Wahadi ASC 1–3 Olympique de Sada Exemptées : Entente Miréréni / Tsingoni Journée 1 Samedi 3 septembre 16h30 : TCO Mamoudzou – Rapides Éclairs 16h30 : Vautour club de Labattoir – Fuz’Ellips de 17hCavani:Colorado Beetle Mtsahara – Étoile bleue de Kawéni Dimanche 4 septembre 16h30 : BC Tsararano – Gladiator de Doujani 17h : BC Mtsapéré – Jeunesse Canon Exemptés : Journée 1 Samedi 3 septembre 15h : Colorado – BC Iloni 16h : Golden Force – Chicago club de 16h3015hDimancheMamoudzou4septembre:BCMtsapéré–Partizan:Fuz’EllipsdeCavani – Magic Basket Passamaïnty Equipe Pts J G N P Dif 1 AS Jumelles de Mzouazia 30 10 10 0 0 +42 2 Club Unicornis 22 9 7 1 1 +27 3 FC Mtsapéré 22 9 7 1 1 +19 4 Wahadi ASC 15 10 5 0 5 -4 5 PamandziDevils 15 10 4 3 3 -5 6 USC Labattoir 13 10 4 1 5 -8 7 ASJ Handréma 11 9 3 2 4 -15 8 Olympique de Sada 11 10 3 2 5 -6 9 MiréréniEntente / Tsingoni 11 10 3 2 5 -6 10 ASO Espoir de Chiconi 1 9 0 1 8 -15 11 US Kavani 1 10 0 1 9 -29 Equipe Pts J G P Dif 1 Rapides Éclairs 0 0 0 0 0 2 Gladiator de Doujani 0 0 0 0 0 3 Fuz'Ellips de Cavani 0 0 0 0 0 4 Vautour club de Labattoir 0 0 0 0 0 5 Basket club de Mtsapéré 0 0 0 0 0 6 Colorado MtsaharaBeetle 0 0 0 0 0 7 Etoile bleue de Kawéni 0 0 0 0 0 8 MamoudzouTCO 0 0 0 0 0 9 Basket club de Tsararano 0 0 0 0 0 10 Scolo Dunks 0 0 0 0 0 11 CanonJeunesse 0 0 0 0 0 Equipe Pts J G P Dif 1 Golden Force 0 0 0 0 0 2 Fuz'Ellips de Cavani 0 0 0 0 0 3 Chicago club de Mamoudzou 0 0 0 0 0 4 Basket club Iloni 0 0 0 0 0 5 Magic PassamaintyBasket 0 0 0 0 0 6 Partizan 0 0 0 0 0 7 Colorado 0 0 0 0 0 8 Basket club de Mtsapéré 0 0 0 0 0 29 • Mayotte Hebdo • N°1009 • 02/09/20 22

30 • Mayotte Hebdo • N°1009 • 02/09/20 22 Mayotte Hebdo • 1/2 Page Largeur FU • 190 x 130 mm • CAVALIER_VERT_ • Parution 02/sept./2022 • Remise 30/août/2022 • Repasses +09/09/22 LUC - BAT * Conditions de l’offre disponibles sur pmu.fr/point-de-vente. ** Montant minimum à partager entre les gagnants du rapport Ordre du Quinté+, chaque jour, les 4, 11 et 18 septembre 2022. Le pari hippique comporte une part de hasard, le gain n’est donc pas garanti. JOUER COMPORTE DES RISQUES : ENDETTEMENT, DÉPENDANCE... APPELEZ LE 09 74 75 13 13 (APPEL NON SURTAXÉ). Scoopdyga.©PARIS.RCS258671775SIRENG.I.E.PMU UN QUINTÉ+ JOUÉ = UN QUINTÉ+ OFFERT.* ET LE SUPERDIMANCHETIRELIRE 1 000 000 €.** Soyez les premiers pour en profiter. CE WEEK-END, À PARTIR DE 12 HRENTRÉEQUINTÉ+ DU PAS QUESTION DE SÉCHER LES COURSES.

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MAGAZINE D’INFORMATION NUMÉRIQUE HEBDOMADAIRE Edité par la SARL Somapresse au capital de 20 000 euros 7, rue contact@mayottehebdo.comTél.BPCavaniSalamaniM’tsapéré60-97600Mamoudzou:0269612004 Directeur de la publication Laurent canavate.laurent@somapresse.comCanavate Directeur de la rédaction Mohamed El Mounir dit “Soldat” 0639 69 13 soldat@mayottehebdo.com38 Rédacteur en chef Axel Nodinot Journalistes Axel LhaimyAlexisRaïnatRomainNodinotGuilleAliloiffaDuclosZoubert Ravoay Direction artistique Franco di Sangro Graphistes/Maquettistes Olivier Baron, Franco di Sangro Commerciaux Cédric Denaud, Murielle Turlan Comptabilité Catherine comptabilite@somapresse.comChiggiato Première parution Vendredi 31 mars 2000 ISSN : 1288 - 1716 RCS : n° 9757/2000 N° de Siret : 024 061 970 000 18 N°CPPAP : 0121 I 92960 Site internet www.mayottehebdo.com # Couverture1009 : Rentrée Toujoursscolaireplus

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