Source automne 2014

Page 1

AUTOMNE 2014, vol. 10 no 2

Le magazine de l’eau au Québec

NU CONCTLUE S I F E XDIFFUSÉ AU

/ be.com

YouTu ionvideo www. ct rodu MAYAP

ENTREVUE avec

Mylène

Le choix du bon système d’alimentation d’air

18

Convention de la poste-publications no 41122591

L’oxydation avancée : une nouvelle ère 20 dans le domaine de la désinfection

Seule face à l’océan

Charges polluantes plus élevées sur les sites de camping

22

www.magazinesource.cc




8

« À un moment, j’ai lâché prise en me disant que ce n’est pas grave ni important que certains pensent que j’étais folle ou que je ne devrais pas être là. J’ai lâché prise là-dessus, et ça m’a rendue encore plus déterminée à continuer. Je me suis concentrée sur les gens qui croient en moi, qui m’ont inspirée ». — Mylène Paquette

tête-à-tête

SOMMAIRE

chroniques 16

EAU POTABLE

18

ÉQUIPEMENTS

20 22 24

G E STI O N H U M A I N E D E S R E S S O U R C E S L E S A M I S D E S O U R C E LES

28

BONTSS 29

CONT

AC

10 ÉTAPES POUR UNE UTILISATION EFFICACE DE L’EAU POTABLE LE CHOIX DU BON SYSTÈME D’ALIMENTATION D’AIR DÉSINFECTION

L’OXYDATION AVANCÉE : UNE NOUVELLE ÈRE DANS LE DOMAINE DE LA DÉSINFECTION ASSAINISSEMENT DÉCENTRALISÉ

CHARGES POLLUANTES PLUS ÉLEVÉES SUR LES SITES DE CAMPING AGROALIMENTAIRE

UN BON DÉBUT... MAIS DES AMÉLIORATIONS SONT NÉCESSAIRES

Éditeur et rédacteur en chef André Dumouchel adumouchel@maya.cc Coordination du magazine Sarah Drolet-Laflamme Tél. : 450 508-1515 slaflamme@maya.cc Chroniqueurs Dominique Dodier Sarah Drolet-Laflamme Mathieu Laneuville Nicolas Minel Isabelle Pineault Christian Vézina

Ce magazine est imprimé sur papier à contenu recyclé.

4

Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 10 NO 2 AUTOMNE 2014

Direction artistique MAYA.cc Designer graphique : Sylvain Malbeuf (SymaPub) Photos de la page couverture et de l’entrevue Pilpre Arnaud/Studio Zedda Alexandre Nadeau Mylène Paquette

Espace publicitaire Grégory Pratte Tél. : 450 508-6959 gpratte@maya.cc Abonnement et administration MAYA communication et marketing 457, montée Lesage Rosemère QC J7A 4S2 Téléphone : 450 508-1515 info@magazinesource.cc www.magazinesource.cc

Révision linguistique Annie Talbot Impression Carpe diem

© Tous droits réservés. Droits d’auteur et droits de reproduction : toute demande de reproduction doit être acheminée à MAYA communication et marketing aux c o o r d o n n é e s fi g u r a n t c i - d e s s u s . L e s o p i n i o n s e t l e s i d é e s c o n t e n u e s d a n s l e s a r t i c l e s n ’ e n g a g e n t l a responsabilité que de leurs auteurs. La publication d’annonces et de publicités ne signifie pas que le magazine SOURCE recommande ces produits et services. Convention de la poste-publications no 41122591. Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada aux coordonnées figurant ci-dessus. Dépôt légal : 1 er trimestre 2005. ISSN 1712-9117. Le magazine SOURCE est publié trois fois l’an.

AUTOMNE 2014, vol. 10 no 2

Le magazine de l’eau au Québec


Forfait Ă partir de 975$


adumouchel@maya.cc

éditorial

BRAVER LA TEMPÊTE

a commission Charbonneau entraîne une profonde remise en question des méthodes d’attribution des contrats publics, et plus encore de la façon dont les entreprises privées et les représentants municipaux peuvent travailler ensemble. Cette prise de conscience collective est bien entendu nécessaire et même essentielle, tous en conviendront. Toutefois, elle entraîne des délais dans la réalisation de différents projets, ce qui a pour effet de fragiliser tout un pan de l’économie, celui des entreprises privées faisant affaire principalement avec les municipalités.

Écosse. Plutôt que de se décourager, elle a emprunté un chemin qui se dessinait, mais qu’elle se refusait de prendre en raison des prévisions météorologique qui s’y annonçaient infernales. Ce chemin était le passage par les Grands Bancs de Terre-Neuve. Elle a évité cette voie tant qu’elle l’a pu tellement elle la redoutait.

Croire qu’il s’agit là d’un dommage collatéral bénin pour notre société est une grave erreur : des milliers d’emplois en dépendent. Il s’agit d’une véritable tempête pour ces entreprises. Penser que tout redeviendra comme avant est tout aussi irréaliste. Le secteur municipal est en train de se repositionner, tout comme le secteur syndical et le secteur privé. Seuls les plus déterminés réussiront à traverser cette crise : ceux qui s’adaptent et persévèrent tout en gardant le cap, en ne perdant pas de vue leurs objectifs.

Seule en mer, elle n’a étonnamment jamais ressenti la solitude. C’est que, malgré les milliers de kilomètres qui la séparaient de la terre ferme, elle s’est sentie soutenue par son équipe. Ils étaient en effet plusieurs à suivre méticuleusement ses déplacements, à la conseiller dans son parcours et à l’épauler psychologiquement, car n’oublions pas que la rameuse a peur de l’eau ! Quand elle est arrivée en France, c’est toute l’équipe qui criait victoire – comme si elle avait donné chaque coup de rame, elle aussi.

Notre interviewée, Mylène Paquette, incarne a elle seule la quintessence de l’atteinte d’un objectif à force de courage et de persévérance. Son exceptionnelle détermination, que certains ont qualifiée d’entêtement, lui aura permis d’arriver à bon port.

Les eaux dans lesquelles navigue notre industrie n’ont rien de paisible en ce moment. La tâche peut sembler colossale. Mais tout comme Mylène, nous ne sommes pas seuls.

André Dumouchel

L

Elle a su s’adapter aux obstacles qui ont parsemé son impressionnante traversée. Elle a dû accepter de dévier de sa trajectoire initiale pour pouvoir atteindre sa destination malgré les incertitudes et le stress que cela engendrait. À cause des courants océaniques qui l’empêchaient d’avancer, elle a été littéralement forcée de tourner en rond au large de la Nouvelle-

6

Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 10 NO 2 AUTOMNE 2014

Les Grands Bancs de Terre-Neuve n’ont finalement pas été l’enfer météorologique annoncé, et elle n’a donc pas eu à faire face à la tempête et au chaos de vagues anticipés. Au final, ce passage a été l’un des endroits les plus paisibles et les plus peuplés de mammifères marins où elle a ramé durant son périple. Comme elle le dit si bien, l’important est d’accepter que les éléments et les gens changent mais qu’au final, l’objectif fixé reste immuable.

Notre industrie doit s'adapter et même se réinventer dans certains cas. Mais ses membres doivent surtout s'assurer de travailler de concert pour arriver à traverser la tempête. Ce tumulte offre de nouvelles possibilités. Nul doute que le génie québécois y sera pour quelque chose lorsque nous serons arrivés à bon port et que la tempête sera derrière nous. ■



Mylène Paquette

Seule face

à l’océan Recherche, entrevue et rédaction réalisées par Sarah Drolet-Laflamme.

CENT VINGT-NEUF JOURS SEULE EN MER. À TRAVERSER L’OCÉAN. À LA RAME. MYLÈNE PAQUETTE SE LANCE DES DÉFIS PEU COMMUNS, ET ELLE LES RELÈVE JUSQU’AU BOUT MALGRÉ LES TEMPÊTES, AUX SENS PROPRE ET FIGURÉ DU TERME. APRÈS AVOIR DÉCOUVERT LA VOILE PAR HASARD, ELLE DÉCIDE DE DEVENIR NAVIGATRICE, PUIS SE SPÉCIALISE DANS LA RAME OCÉANIQUE ALORS QU’ELLE N’ÉTAIT AUCUNEMENT UNE ATHLÈTE – POUR ENSUITE DEVENIR LA PREMIÈRE N ORD -AMÉRICAINE À TRAVERSER L’ATLANTIQUE À LA RAME EN SOLITAIRE ! U N EXPLOIT AUTANT PHYSIQUE QUE PSYCHOLOGIQUE QUI L’A MENÉE À APPRIVOISER L’ÉLÉMENT QUI A ÉTÉ SON PRINCIPAL ALLIÉ, MAIS ÉGALEMENT LA SOURCE DE SA PLUS GRANDE PEUR. E LLE PARLE AUJOURD’HUI DE L’OCÉAN AVEC LE REGARD PÉTILLANT, DES IMAGES PLEIN LA TÊTE. OÙ PUISE-T-ELLE SA MOTIVATION ? DANS QUEL ÉTAT A-T-ELLE TROUVÉ L’OCÉAN ENTRE AUTRES, UN TERRAIN DE JEUX.

Quel genre d’enfant étiez-vous ? J’étais assez aventurière : je suivais mon père dans les pistes de ski extrême. Il devait rester près de moi parce sinon je me retrouvais au milieu de la piste à pleurer. J’aimais affronter le danger, mes peurs. J’ai toujours été mal à l’aise dans l’eau et j’ai toujours essayé de combattre mes peurs, même jeune. Quel métier vous attirait quand vous étiez enfant ? Je voulais être photographe pour le National Geographic. En fait, je pense que je voulais faire ce métier pour voyager. Petite, je regardais le téléjournal, et on y voyait de petites photos à côté du chef d’antenne qui lisait les nouvelles. J’avais décidé que je voulais être celle qui prenait ces petites photos. Je souhaitais rapporter et créer la nouvelle, être dans l’action. Tout cela m’attirait.

8

Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 10 NO 2 AUTOMNE 2014

? R ENCONTRE

AVEC

MYLÈNE PAQUETTE,

POUR QUI L’OCÉAN EST,

Quel a été l’élément déclencheur de ce projet de traverser l’océan Atlantique à la rame ? J’ai découvert le plaisir de faire de la voile très tard dans la vie. Ma sœur m’avait invitée à aller faire de la voile avec elle sur le lac Champlain et j’ai adoré ça. J’ai fait des recherches, et à l’instant où j’ai appris qu’il était possible de traverser un océan à la rame, j’ai su que j’allais le faire. Mon projet s’est compliqué quand j’ai compris que je devrais obligatoirement descendre dans l’eau pour nettoyer la coque de mon bateau. J’ai peur de l’eau, donc j’ai repoussé ce rêve-là pendant deux ans et demi. Un jour, alors que je travaillais à l’hôpital Sainte-Justine depuis des années, une patiente m’a dit ce que j’avais besoin d’entendre. Elle m’a mis devant les yeux que je ne savais pas ce que c’était que de me battre et d’affronter mes peurs. J’étais alors bien mal


Photo : Pilpre Arnaud Studio Zedda

placée pour dire aux enfants malades de ne pas baisser les bras. Je suis revenue à la maison ce matin-là en me rappelant que j’étais en santé, que j’avais tout ce qu’il faut pour réussir : j’avais seulement besoin de courage. Vous avez navigué sur l’océan comme peu de gens l’ont fait. Comment le fait d’être si près de l’eau a-t-il influé sur votre périple ? J’étais tellement près de la nature que je pouvais sentir les évènements arriver. C’est un milieu merveilleux et super beau, mais il faut être très à l’écoute. Je devais souvent me rappeler de ne rien tenir pour acquis. Quand je suis arrivée près des côtes de la France, j’avais déjà l’impression d’avoir réussi, mais des évènements se sont enchaînés qui m’ont rappelé que je n’étais pas chez moi et que je devais faire attention. Être seul en mer dans ce milieu hostile nous force à atteindre des zones en nous impossibles à atteindre autrement, même en s’enfermant dans un chalet durant deux semaines. En quoi êtes-vous revenue différente ? Entre autres en ce qui a trait à l’attitude et à l’ego. J’avais parfois une mauvaise attitude face à

certains évènements. Sur l’océan, j’ai appris que le fait d’avoir le dernier mot n’avait pas d’importance. L’important, c’est d’arriver au résultat final et d’apprendre. Avant, je me souciais beaucoup de ce que les gens allaient penser. J’avais peur d’être jugée par le public en général et les autres rameurs de l’océan parce que j’étais partie depuis une centaine de jours et que je n’étais toujours pas arrivée. À un moment, j’ai lâché prise en me disant que ce n’est pas grave ni important que certains pensent que j’étais folle ou que je ne devrais pas être là. J’ai lâché prise là-dessus, et ça m’a rendue encore plus déterminée à continuer. Je me suis concentrée sur les gens qui croient en moi, qui m’ont inspirée. Dans quel état avez-vous trouvé l’océan ? J’ai vu beaucoup de déchets, comme des sacs et des bouts de plastique, mais j’avais déjà vécu ce choc en 2010 lors de ma première traversée de l’océan. Il y avait des déchets nautiques, comme des bouts de corde et des bouées. En arrivant près des côtes françaises, je trouvais que ça sentait l’huile, ou des produits pétrochimiques. Donc, dans quel état ai-je trouvé l’océan ? J’ai vu des traces des humains un peu partout.

Êtes-vous inquiète de la santé des océans et du fleuve Saint-Laurent ? Je suis inquiète pour nous, parce que cela touche notre chaîne alimentaire, mais surtout pour les êtres vivants qui vont manger ces déchets-là en pensant que ce sont des nutriments alors que c’est du plastique. Je m’inquiète pour les animaux. Sur votre blogue, on pouvait régulièrement lire des capsules sur l’océanographie et l’environnement. Pourquoi était-ce important pour vous ? Si j’ai le courage d’aller naviguer, j’ai la responsabilité de partager ma passion pour l’océan et de le faire connaître. Les gens étaient attirés par ce que je faisais, ils allaient sur mon site Web, et là, ils voyaient les capsules scientifiques préparées avec des scientifiques et des étudiants en océanographie. Je captais aussi des sons avec un hydrophone afin de faire avancer les recherches en acoustique appliquée. Je trouvais important de diffuser le message que l’océan n’est pas seulement un gros désert ou une frontière entre les pays : c’est également un terrain de jeux. Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 10 NO 2 AUTOMNE 2014

9


Pour en savoir plus, visionnez les capsules vidéo exclusives sur notre chaîne YouTube au www.YouTube.com/ MAYAproductionvideo

=Traversée de l’Atlantique à la rame : les motivations de Mylène Paquette

Je m’en allais m’amuser là-bas : avoir du plaisir sur les vagues, à naviguer. Je souhaitais que les gens sachent que l’océan est en vie, que de nombreuses espèces y vivent, et ce, jusqu’en plein milieu ! C’est étrange que les planètes soient cartographiées, mais que seuls 5 % des océans le soient. Comment les Québécois perçoivent-ils le fleuve ? Je connais beaucoup de gens qui naviguent sur le fleuve, mais je connais aussi beaucoup de gens qui ne le connaissent pas. Pourtant, le Québec s’est développé grâce au fleuve Saint-Laurent. Les Québécois ont tourné le dos au fleuve après la Seconde Guerre mondiale afin de protéger le pays. Des Gaspésiens m’ont raconté qu’à une époque, ils devaient rouler les phares éteints la nuit pour ne pas montrer aux navigateurs la présence des villages. Depuis plusieurs années, il est question d’enrochement des quais. Des décisions politiques ont été prises d’enlever aux riverains l’accès au fleuve alors que le quai était l’endroit où se regroupaient les habitants des villages. Maintenant, il est aussi question d’abandonner les phares. Ces décisions politiques entraînement un déracinement des Québécois par rapport au fleuve, et je trouve ça dommage. Quels sont les impacts de la pollution du fleuve sur nos vies ? Je ne suis pas experte, mais il m’apparaît logique de penser que s’il y a du plastique dans l’océan, il se retrouve dans notre chaîne alimentaire, et que cela ne doit pas être très bon pour nous. Il est possible que cela perturbe notre système endocrinien, ce qui peut causer des problèmes de santé. Il m’apparaît sage que nous nous interrogions sur l’abondance de plastique autour de nous. Tout est rejeté dans le fleuve, dont les médicaments. Or l’eau ne peut être traitée à 100 %. Il est donc évident que si l’eau qui est déversée dans le Saint-Laurent n’est pas traitée, notre santé court un risque. Près de la moitié des Québécois s’abreuvent dans le fleuve. Nous ne sommes qu’une des espèces qui a besoin de cette eau. Il n’y a pas de barrière entre le fleuve et nous. Comment arriviez-vous à obtenir de l’eau potable ? J’utilisais un dessalinisateur alimenté à l’énergie solaire ou éolienne. Il fonctionne par osmose : les minéraux, le sel et les autres éléments sont pulvérisés et seule l’eau est conservée. Il est alors nécessaire de consommer des suppléments, car cette eau est pure, et il peut être dangereux d’enlever tous les électrolytes dans notre corps. Le sel est rejeté dans l’océan. Pour ce qui est des eaux usées, elles étaient tout simplement jetées dans l’océan. Comment apprivoisiez-vous la solitude ? C’est particulier, mais je ne me suis jamais sentie seule sur l’océan. Une super équipe m’accompagnait au sol : nous étions tous très proches. Si je transmettais une information à un des membres de mon équipe, je savais qu’il la relayait aux autres : nous communiquions très bien ensemble. Une équipe bien rodée ! Il faut préciser que j’ai appris à bien communiquer ce qui se passait sur le bateau. Puisque je suis chialeuse, je me plaignais souvent. J’ai

10

Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 10 NO 2 AUTOMNE 2014

appris à être plus factuelle dans mes communications. Étonnamment, c’est une fois arrivée que je me suis sentie seule. J’ai retrouvé mes proches avec plaisir, mais il y avait un gros décalage entre eux et moi. Je me sentais trop différente. Je ne me suis jamais sentie aussi seule. Vous avez eu un bref contact avec le célèbre bateau de croisière Queen Mary 2. Pourquoi cette rencontre a-t-elle été marquante ? Il s’agit d’un bateau prestigieux d’une des flottes les plus anciennes au monde, la Cunard. Le capitaine et son épouse se sont fait du mauvais sang pour moi toute la nuit. J’ai presque l’âge de leur fille, alors ils voulaient être là pour moi et m’aider. Il y avait vraiment un beau rapport. Quand le bateau est arrivé, je me suis adressée aux officiers et j’entendais les passagers crier mon nom. L’équipage les avait avertis et leur avait appris mon histoire. Il y avait 3 000 personnes qui criaient mon nom sur le pont ! J’étais soudainement plus impressionnée de voir des humains que des dauphins. Je me sentais soutenue. J’avais organisé le système sonore du bateau pour pouvoir parler à tout le monde. Je me suis adressée à eux en anglais et ensuite en français. Malgré les 150 mètres qui

« Je n’ai pas vécu de moments plus émouvants dans ma vie que cette rencontre avec le Queen Mary 2. Même mon arrivée n’était pas aussi émouvante. » me séparaient du bateau, j’ai senti qu’il y avait des réactions particulières quand je parlais français. Je n’ai pas vécu de moments plus émouvants dans ma vie que cette rencontre avec le Queen Mary 2. Même mon arrivée n’était pas aussi émouvante, parce que j’étais contente d’arriver, mais c’était douloureux en même temps. Vous aviez un objectif et vous l’avez atteint de façon impressionnante. Où puisez-vous votre détermination ? Il faut tirer profit de ses défauts. Je suis orgueilleuse et je crois que c’est nécessaire. Mon père m’a enseigné un élément que je ne comprenais pas quand j’étais plus jeune. Il me répétait que je n’avais qu’une parole. Ce n’est pas un homme qui parle beaucoup, donc je n’avais pas d’explications. J’ai compris qu’il m’encourageait à ne pas raconter de mensonges, à ne pas dire de choses que je ne pensais pas et à accomplir ce que j’avais dit que j’allais faire. Avant d’annoncer que je voulais traverser l’Atlantique à la rame, je n’avais jamais rien affirmé clairement. Je ne m’étais jamais dit que je voulais devenir ceci ou être cela. Quand je l’ai affirmé, le soir de mes 30 ans, l’engagement était pris et je ne pouvais plus reculer. Je crois que mon père a regretté de m’avoir dit de tenir parole parce qu’il ne m’a pas parlé pendant une longue période de temps. Donc l’orgueil vous a motivée ? Quand j’étais sur l’océan, cet orgueil me motivait : c’est un puissant moteur ! Je voulais lui prouver que, dans ma vie, c’est ainsi que je me définissais. S’il m’avait encouragée dès le départ, je ne pense pas que cela m’aurait nécessairement aidée. J’ai appris récemment que bon nombre de conseils que ma mère me donnait venaient en fait de mon père, qui passait ses messages par elle. Par exemple, l’idée de faire une traversée en équipage avant la grande traversée en solitaire n’était pas une idée de ma mère, mais bien de mon père. Il faut que je change la façon dont je raconte mon histoire parce que depuis cinq ans, je raconte que c’était l’idée de ma mère ! Votre détermination vous a-t-elle parfois nuit ? Pour être déterminé, il faut être orgueilleux et fier. Je suis comme un bulldozer : quand j’ai une idée derrière la tête, je fonce, peu importe ce qui arrive. Je sais que je vais perdre des gens en chemin parce qu’ils ne vont pas comprendre



Photo : Mylène Paquette Photo : Pilpre Arnaud/Studio Zedda

ma démarche. Il faut accepter que les choses changent tout le temps et que les gens vont faire des promesses qu’ils ne pourront pas tenir. Dans mon cas, je sais que les personnes qui m’ont déçue ne sont pas de mauvaise foi. Je sais qu’au moment où elles m’ont dit qu’elles voulaient me commanditer, elles voulaient vraiment le faire, mais les choses ont changé. Il faut accepter que les gens n’aient pas tout le pouvoir qu’on croit qu’ils ont, que les choses changent, mais que ton idée, elle, ne change pas. Je voulais vraiment y arriver, mais ce n’était pas l’arrivée en soi qui m’intéressait. Je voulais être là, sur l’océan, voir la Voie lactée, les mammifères marins, déplacer le bateau, tirer parti du vent et des vagues. Et c’est ce que j’ai vécu. Comme dans tout projet de cette ampleur, il y avait quand même un risque que vous ne terminiez jamais la traversée. Avez-vous eu peur de mourir ? Le premier encouragement de ma mère quand je lui ai dit que je désirais traverser l’océan a été de m’offrir une séance chez le notaire pour faire un testament. J’ai été un peu surprise d’ouvrir une carte d’anniversaire et de me faire offrir ça, alors que je rêvais plutôt d’autres choses, comme d’un ensemble laveuse-sécheuse ! Ma mère souhaitait que j’aie une réflexion làdessus. Je suis allée rencontrer le notaire et j’ai rempli également un mandat d’inaptitude. Cela m’a amenée à me poser de sérieuses questions. Je n’avais pas vraiment de biens ni d’argent à léguer. La question était plutôt de savoir à qui j’allais léguer mes dettes ! Une fois les papiers remplis, l’assurance vie prise, mes cartes de crédit payées, je me suis rendu compte quand je prenais des risques. Tout ce qu’il me restait à faire, c’était de trépasser ! Le testament a donc fait évoluer votre raisonnement face à la mort ? Oui, car quand tout ce qu’il te reste à faire est de mourir, tu es beaucoup plus conscient de ta condition humaine, de ta fin inévitable. J’ai travaillé avec des enfants malades qui sont décédés, donc je sais que cela n’arrive pas qu’aux autres. J’avais conscience que ça pouvait m’arriver aussi. J’ai refait mon testament avant chaque aventure et j’ai même fait une vidéo à regarder post mortem pour être certaine que les gens qui participaient au projet n’aient pas de sentiment de culpabilité si je mourais pendant l’aventure. Si quelque chose de grave m’arrivait, je voulais m’assurer que personne ne traîne une culpabilité, aussi infime soit-elle. Je trouvais important de me dire : je pars, tous mes papiers sont réglés, donc je peux mourir. S’il ne me reste qu’à mourir, je vais être d’autant plus prudente.

12

Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 10 NO 2 AUTOMNE 2014



Quel a été le plus grand défi dans toute cette aventure ? Le plus grand défi a été d’être immobilisée : immobilisée dans le bateau à cause des tempêtes et de la météo qui m’empêchaient d’avancer, et immobilisée financièrement parce que je n’avais pas d’argent pour continuer. Deux situations dans lesquelles je n’avais pas de pouvoir. J’ai dû accepter d’être vulnérable quand je n’avais plus la force physique d’avancer et accepter que ma force n’y était plus, que je suis vulnérable. J’ai appris à être plus patiente aussi en ce qui a trait à l’aspect financier. Trouver l’argent pour partir et pour répondre à mes besoins primaires, comme manger et payer mon appartement : voilà un grand défi. J’ai voulu laisser tomber avant de partir. Qu’est-ce que vous feriez différemment si c’était à refaire ? J’ai envie de répondre en parlant d’un élément technique : éliminer le bruit que faisait mon gouvernail ! Il émettait un couinement : c’était aliénant ! Cela joue sur la perception que nous avons de notre environnement. Pendant une longue période, j’entendais un oiseau et je me disais qu’il devait être juste au-dessus de ma cabine. Après deux mois, j’ai compris qu’il était impossible que ce soit un oiseau, et j’ai saisi qu’il s’agissait du bruit du gouvernail ! Soudainement, ce bruit m'est devenu insupportable. Quelle est la suite pour vous ? Mon livre est publié cet automne. C’est un peu comme un bébé qui naît bientôt ! Je vais continuer de faire de la voile, de naviguer. Je veux continuer à parcourir le monde, à m’amuser, à faire de l’océan mon chezmoi et à faire rayonner l’océan dans toute sa splendeur. L’océan est le reflet de soi-même. Si l’océan n’est pas beau et semble dangereux, c’est un peu une projection de soi. Quand il nous paraît beau, c’est probablement

14

Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 10 NO 2 AUTOMNE 2014

Pour en savoir plus, visionnez les capsules vidéo exclusives sur notre chaîne YouTube au www.YouTube.com/ MAYAproductionvideo

=Les origines de sa détermination

parce que cette journée-là on est fier de soi, qu'on a bien travaillé. Parfois, il avait le même aspect, mais je pouvais pourtant le trouver beau ou inquiétant. J’aime cette relation-là parce qu’au fond, c’est la relation avec soi, la relation qu'on entretient avec soi-même. Que peut-on vous souhaiter pour la prochaine année ? Plein de portes à ouvrir, de choix et de possibilités. Mylène Paquette, merci ! ■



E A U P O TA B L E

10 ÉTAPES POUR UNE UTILISATION EFFICACE DE L’EAU POTABLE Mathieu Laneuville Ingénieur Ministère des Affaires municipales et de l'Occupation du territoire m a t h i e u . l a n e u v i l l e @ m a m ro t . g o u v . q c . c a

1. FAIRE UN BILAN D’EAU C’est l’étape essentielle pour mesurer l’utilisation efficace de l’eau potable dans le réseau de distribution municipal. Les consommations et les pertes d’eau sont estimées et comparées à des indicateurs de performance standardisés. Les résultats orienteront ensuite la municipalité vers les actions les plus pertinentes à entreprendre. La mesure de la consommation améliorera la précision du bilan et outillera les propriétaires d’immeubles dans leur démarche d’économie d’eau. 2. SE QUESTIONNER PAR RAPPORT AUX RÉSULTATS l vérifier la précision des débitmètres et des sondes de niveau pour s’assurer de la précision des données; l mesurer la consommation nocturne des usagers majeurs pour réduire les indicateurs de pertes d’eau potentielles et éviter de confondre leur consommation avec des fuites sur le réseau; l sectoriser le réseau pour cibler les endroits qui présentent des pertes d’eau élevées; ainsi, l’équipe de recherche de fuites peut être déployée aux endroits et aux moments adéquats. 3. RECHERCHER LES FUITES DE FAÇON PROACTIVE Parce que ce ne sont pas toutes les fuites qui sont signalées (p. ex. parce qu’elles apparaissent en surface), le contrôle actif des fuites vise à localiser les fuites non signalées. Si ces fuites ne sont pas détectées, des volumes d’eau importants peuvent être perdus. À titre d’exemple, une fuite non signalée de 500 litres par heure sur un branchement de service qui coule pendant 17 jours peut faire perdre 200 000 litres, soit autant d’eau qu’une fuite signalée de 25 000 litres par heure sur une conduite pendant huit heures. Il importe donc de raccourcir autant que possible la durée d’une fuite même si elle n’est pas spectaculaire par son débit. Si les résultats des pertes d’eau potentielles pour un réseau ne respectent pas les indicateurs de performance, l’ensemble du réseau devrait être ausculté selon les recommandations suivantes : l pour les conduites métalliques, faire une auscultation acoustique sur tous les poteaux d’incendie; l pour les conduites non métalliques, étant donné que le son s’y propage moins bien, faire une auscultation acoustique sur tous les points de contact : poteaux d’incendie, vannes et branchements de service; l s’il y a du bruit ambiant qui pourrait nuire lors de l’auscultation acoustique, utiliser des enregistreurs de bruit pour localiser les fuites. Au besoin, s’assurer qu’il n’y a pas de débordements ni de fuites aux réservoirs. 4. RÉPARER LES FUITES RAPIDEMENT ET CONVENABLEMENT À la suite de la localisation d’une fuite, il est recommandé de la réparer en moins de 10 jours ouvrables si elle se situe sur le réseau public et en moins de 40 jours ouvrables si elle se retrouve sur un branchement de service privé. Pour une réparation de qualité sur les conduites métalliques, il est recommandé d’installer des anodes pour les protéger de la corrosion. 5. OPTIMISER LA PRESSION DANS LE RÉSEAU Il s’agit de la méthode préventive par excellence, car c’est la seule qui permet de réduire le volume d’eau de tous les types de fuites (indétectables, non signalées et signalées) sans remplacer les

16

Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 10 NO 2 AUTOMNE 2014

infrastructures existantes. En moyenne, une réduction de 10 % de la pression moyenne diminue de 10 % le volume d’eau des fuites, et une réduction de 10 % de la pression maximale diminue de 14 % la fréquence d’apparition de nouvelles fuites. L’optimisation de la pression consiste à minimiser les pressions excessives à certains endroits et à certains moments tout en respectant les niveaux de service nécessaire pour la protection incendie et la consommation. Pour ce faire, il est possible d’utiliser des chambres de régulation de pression existantes pour créer des secteurs de régulation de pression et d’ajouter des actionneurs électroniques sur les vannes de régulation de pression existantes. 6. OPTIMISER LA GESTION DES ACTIFS La gestion des actifs comprend la sélection, l’installation, l’entretien, la réhabilitation et le remplacement des infrastructures. Elle a pour objectif de réduire les pertes d’eau, mais surtout d’assurer la fiabilité du service et la pérennité des infrastructures tout en limitant les coûts financiers, sociaux et environnementaux. Elle peut consister par exemple à atteindre un taux de renouvellement des réseaux de 1 % par année et à favoriser la réhabilitation pour rentabiliser les investissements. 7. SENSIBILISER LES JEUNES À LA VALEUR DE L’EAU Les représentants municipaux sont invités à participer au programme «FANTASTIKO! J’aime l’eau, j’en prends soin!» avec les enseignants de troisième cycle du primaire pour informer et sensibiliser les jeunes aux façons d’assurer une saine gestion de l’eau. Une activité du programme offre la possibilité de faire une visite virtuelle de la station de production d’eau potable où est située l’école. Pour en savoir plus, visionnez les capsules vidéo exclusives sur notre chaîne YouTube au www.YouTube.com/ MAYAproductionvideo

CALCUL DU BILAN D’EAU

=

Comment les indicateurs de pertes d'eau potentielles sont-ils calculés dans le bilan d'eau ?

=

Comment cible-t-on la nuit où il y a le moins de consommation d’eau ?

8. ÉLIMINER L’ÉQUIPEMENT QUI GASPILLE L’EAU POTABLE Adopter une réglementation municipale qui interdit l’installation des pièces d’équipement suivantes et qui laisse cinq ans pour remplacer celles qui sont en place : l urinoirs à réservoir de chasse automatique; l systèmes de climatisation ou de réfrigération utilisant l’eau potable sans boucle de recirculation. 9. OPTIMISER LA CONSOMMATION À L’INTÉRIEUR Il est possible de réduire considérablement la consommation à l’intérieur des résidences en modifiant nos habitudes de consommation et en utilisant les toilettes, aérateurs de robinet et pommes de douche certifiés WaterSense ainsi que les machines à laver certifiées ENERGY STAR. À titre d’exemple, le remplacement d’une vieille toilette qui fuit par une toilette de trois litres par chasse certifiée WaterSense peut réduire de plus de la moitié la consommation d’eau d’une résidence. 10. OPTIMISER LA CONSOMMATION À L’EXTÉRIEUR Adopter une réglementation municipale sur l’utilisation de l’eau potable qui limite l’arrosage à trois périodes de trois heures par semaine. Mettre en place un système progressif de sensibilisation, d’avertissement et d’infraction. Encourager l’installation de systèmes de récupération d’eau de pluie pour remplacer en tout ou en partie l’utilisation de l’eau potable à l’extérieur. ■ Ce texte vous fait réagir ? Faites-nous part de vos commentaires en écrivant à info@maya.cc



ÉQUIPEMENTS

LE CHOIX DU BON SYSTÈME D’ALIMENTATION D’AIR Nicolas Minel Vice-président Brault Maxtech N i c o l a s . m i n e l @ b ra u l t m a x t e c h . c o m

centrifuges – basse pression, habituellement comprise entre 150 et 1 000 mbar (entre 2 et 15 psi environ); l les compresseurs – moyenne et haute pression, supérieure à 1 000 mbar (au-dessus de 15 psi). Dans ce premier article, je traiterai des surpresseurs d’air à déplacement positif, qui font partie de la famille des systèmes employés en basse pression (entre 150 et 1 000 mbar) et qui sont très utilisés dans les différents procédés de traitement de l’eau. Nous aborderons les soufflantes centrifuges dans une édition subséquente.

Q

uelle joie de me retrouver associé au magazine Source, après une parenthèse française d’un peu plus d’un an et un retour plein de changements dans ce cher Québec. J’ai la lourde tâche de représenter de nombreux manufacturiers, ce qui exige que je prenne connaissance d’une montagne d’information. Malgré près de 20 ans d’ancienneté dans le domaine de l’eau, j’ai l’impression, un peu comme un écolier, de faire ma rentrée scolaire. Le premier sujet qui m’est venu à l’esprit concerne les systèmes d’alimentation d’air. En effet, la grande majorité des stations de production d’eau potable et de traitement d’eaux usées possèdent les appareils requis pour les différents procédés de traitement. Cela dit, on se demande toujours comment choisir le bon équipement pour la tâche à accomplir. Il faut prendre en compte plusieurs éléments pour déterminer l’équipement optimal, en ce qui a trait tant à l'exploitation et à l’entretien qu’au rendement énergétique. Les systèmes d’alimentation d’air se divisent en trois catégories : l les ventilateurs – très basse pression, habituellement sous 150 mbar (environ 2 psi); l les surpresseurs à déplacement positif et les soufflantes

18

Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 10 NO 2 AUTOMNE 2014

SURPRESSEURS À DÉPLACEMENT POSITIF Les surpresseurs à déplacement positif sont les plus connus et sont très employés dans la majorité des applications. Ils agissent comme une pompe en aspirant l’air à pression atmosphérique et en le refoulant contre la pression du procédé. Étant de type volumétrique, le surpresseur fournit toujours un volume fixe pour une vitesse donnée, même si la pression en aval varie. Ce type de système doit absolument incorporer une vanne de relâche de pression ajustée pour protéger l’équipement et les accessoires en aval contre toute surpression due à une vanne fermée, à un colmatage des diffuseurs ou autre. Les surpresseurs à déplacement positif ont une efficacité énergétique élevée à bas débit qui diminue à mesure que les volumes d’air pompés augmentent. La gamme de débits que l’on retrouve habituellement va de 1,5 à 100 m3/min (de 50 à 3 500 cfm). À cause de la compression de l’air, ce dernier se réchauffe à l’intérieur du surpresseur, ce qui crée une certaine dilatation des pièces métalliques. Ce phénomène est normal et fait partie de la conception mécanique de l’appareil. Le différentiel de température se traduit par une augmentation de 10 °C pour chaque 100 mbar d’augmentation de pression. La limite extrême de température étant de 140 °C, pour

Ce texte vous fait réagir ? Faites-nous part de vos commentaires en écrivant à info@maya.cc


L E C H O I X D U B O N S Y S T È M E D ’ A L I M E N TAT I O N D ’ A I R

empêcher tout bris mécanique, il faut s’assurer que la pression maximale ne dépasse pas 1 000 mbar. Il est à noter que plus un surpresseur tourne lentement, plus il réchauffera l’air à cause du barbotage de celuici à l’intérieur de l’appareil. Il ne faut donc pas privilégier des surpresseurs tournant à basse vitesse si on veut éviter des problèmes mécaniques. VARIATION DU DÉBIT D’AIR Pour permettre une variation du débit d’air, il faut varier la vitesse de rotation du surpresseur d’air. Pendant des décennies, des poulies de différentes tailles ont été employées à cette fin. Toutefois, le changement de ces pièces requiert l’arrêt du surpresseur et une intervention des opérateurs. Aujourd’hui, de plus en plus de systèmes à entraînement à fréquence variable (EFV) sont employés. Ils permettent le changement de vitesse de rotation du moteur et donc du débit d’air de façon simple et rapide.

• Alimentation d’air pour le nettoyage à rebours des prises d’eau pour restreindre les problèmes de frasil. l Traitement des eaux usées • Alimentation d’air des diffuseurs d’air dans les étangs et bassins d’aération. • Alimentation d’air pour les pompes à émulsion utilisées pour le soutirage des sables dans les dessableurs aérés. • Alimentation d’air pour le brassage des bassins des boues aérées. Je vous donne donc rendez-vous dans le prochain numéro de Source pour un exposé sur les soufflantes centrifuges. ■

Pour en savoir plus, visionnez les capsules vidéo exclusives sur notre chaîne YouTube au www.YouTube.com/ MAYAproductionvideo SURPRESSEUR À DÉPLACEMENT POSITIF

= Les limites =

La gestion du bruit

Toujours à cause du phénomène de compression de l’air par des lobes rotatifs, les surpresseurs d’air ont des niveaux sonores élevés, qui peuvent atteindre de 85 à 110 décibels (dBA) et même plus. Le bruit généré doit être traité pour diminuer le niveau sonore final. Le bruit émis étant à basse fréquence, les manufacturiers ont dû concevoir des silencieux d’entrée et de sortie ainsi que des abris acoustiques sophistiqués pour obtenir des niveaux sonores de 75 à 85 dBA, considérés comme acceptables sur les plans de la santé et de la sécurité. Les applications pour lesquelles on retrouve les surpresseurs d’air à déplacement positif sont principalement celles où un débit volumétrique constant est requis sans égard aux changements de pression en aval et lorsque la puissance globale se situe sous les 185 kW (250 HP), car après, leur efficacité diminue, et on arrive à la limite de la technologie des poulies et courroies. Il faut par la suite considérer des entraînements avec accouplement direct, ce qui augmente le coût global des ensembles. Les surpresseurs à déplacement positif sont utilisés dans une multitude de procédés, dont les suivants : l Traitement pour l’eau potable • Apport de l’air pour le lavage à rebours des systèmes de filtration. • Alimentation d’air pour les systèmes de transport pneumatique des produits chimiques secs (chaux, carbonate de sodium, polymères, chlorure de sodium, etc.). Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 10 NO 2 AUTOMNE 2014

19


L’OXYDATION AVANCÉE : UNE NOUVELLE ÈRE DANS LE DOMAINE DE LA DÉSINFECTION

DÉS I N F E CTI O N

Isabelle Pineault Ing., M.Sc.A. Vice-présidente Ingénierie et Gestion de projets eclipsO Design-Construction Isabelle.pineault@eclipso.ca Avec la collaboration de Simon Demers, ing. jr

I

l est commun d’entendre l’adage « dans les petits pots les meilleurs onguents ». Si on l’applique au domaine de l’eau, c’est un peu l’inverse qui se produit, car plus un composé est petit, plus il est difficile de l’éliminer. Alors qu’il est relativement simple d’éliminer par des méthodes physiques les grosses particules, il en va tout autrement lorsqu’on tend vers l’infiniment petit – ajoutez à cela le caractère dissous de ces éléments, et il en résulte tout un défi d’élimination. Cela dit, des technologies novatrices semblent prometteuses pour éliminer les molécules les plus réfractaires. Le procédé d’oxydation avancée (POA) en fait partie. Le POA est une technique consistant à utiliser le pouvoir oxydant des radicaux libres à partir d’oxydants primaires. Ces oxydants primaires peuvent être l’ozone (O3), le peroxyde (H2O2), les UV, etc. Le POA consiste à former un couple d’oxydants, tel que la combinaison ozone-UV ou encore O3/H2O2, O2/UV, TiO2/UV, H2O22/Fe2+, etc. Dans l’eau, les radicaux libres prennent habituellement la forme de radicaux d’hydroxyle. Puisqu’ils ont des degrés d’oxydation différents, l’oxydant le plus fort active le plus faible et génère des ions radicaux d’hydroxyles ayant un pouvoir oxydant grandement supérieur à celui des oxydants primaires pris séparément. Le radical d’hydroxyle ainsi produit est plus d’un million de fois plus réactif que les intrants de la réaction. Les oxydants primaires sont donc moins puissants et plus sélectifs en ce qui a trait à la capacité d’oxyder la matière organique que lorsqu’ils sont utilisés en POA. Si les techniques d’oxydation avancée étaient maîtrisées parfaitement, les produits d’oxydation pourraient oxyder jusqu’à la minéralisation complète de la matière organique en CO2 et en H2O, évitant ainsi les sous-produits de désinfection. Le POA est donc une façon prometteuse d’éliminer la matière organique sans produire d’éléments nuisibles.

UV H2O2

Ozone

Oxyda on avancée

LES CHAMPS D’APPLICATION Les applications du POA sont nombreuses. De nouvelles molécules organiques s’ajoutent constamment à la liste de contaminants et leur niveau de toxicité prend des années à être déterminé. De plus, ces molécules sont souvent réfractaires aux oxydants primaires et parviennent à faire leur chemin dans l’environnement. L’usage des radicaux libres est une avenue intéressante pour résoudre ce type de problème.

20

Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 10 NO 2 AUTOMNE 2014

Il est démontré que le POA permet d’éliminer plusieurs types de contaminants ou du moins de s’y attaquer efficacement. Le caractère non sélectif du POA fait qu’il oxyde toutes les molécules organiques présentes dans l’eau. Il en est ainsi pour les pesticides, colorants, composés pharmaceutiques, hydrocarbures, MTBE traité à Salt Lake City, NDMA traité au Canada et dans la région de Los Angeles, etc. De plus, il est intéressant de songer au POA lorsqu’on est présence de désastres environnementaux comme la contamination au TCE affectant certaines eaux souterraines au Québec ou la contamination aux hydrocarbures dans le Nord. LES SOLUTIONS DE RECHANGE Plusieurs techniques sont utilisées afin d’éliminer les polluants organiques de l’eau : stripping, résine échangeuse d’ions, charbon actif, membrane, oxydant primaire, etc. Cependant, ces méthodes non destructives et sélectives ont leurs limites, liées au polluant à éliminer, par exemple : l une trop grande solubilité; l les résines doivent être régénérées et peuvent diminuer en efficacité; l le charbon doit être ponctuellement régénéré et remplacé. Il est donc important de connaître les caractéristiques du polluant à extraire et d’évaluer les coûts associés à chaque solution de rechange. En ce qui concerne le POA, les coûts d’exploitation sont importants puisque le procédé est énergivore (O3 et UV) et requiert de fortes concentrations en H2O2. L’APPLICATION AU QUÉBEC Pour des stations ayant déjà une unité de désinfection, l’application au Québec de cette technologie est envisageable. Il peut s’avérer plus judicieux d’utiliser le POA puisque le couplage d’oxydants peut être réalisé de plusieurs façons. Cela permet de réduire les coûts d’aménagement et de faciliter la formation des opérateurs puisqu’ils sont déjà habitués à travailler avec des oxydants. Certains points négatifs doivent cependant être soulignés. En réalité, l’oxydation des composés organiques par les radicaux libres n’atteint pas forcément la minéralisation complète et génère des sous-produits de désinfection ayant des effets aussi nuisibles sinon plus que ceux de la molécule de base. Par exemple, lors de l’usage du couple O3/UV, des bromates sont susceptibles de se former en sous-produits de réaction. L’usage de ce couple a été formellement interdit en France en raison de ce problème. Au Québec, l’alcalinité des eaux agit comme inhibiteur à la formation du radical hydroxyle obligeant parfois un ajustement du pH. Ainsi, davantage d’études doivent être réalisées pour que nous connaissions bien l’étendue des sous-produits et leur traitabilité. Les critères de conception du POA doivent donc prendre en compte la concentration du contaminant récalcitrant à éliminer, le taux d’enlèvement désiré, le débit et les caractéristiques de l’eau à traiter, les dosages de produits chimiques, et, enfin, l’ analyse des coûts énergétiques et des coûts de remplacement de l’équipement (membranes, charbon, résines, etc.). L’oxydation avancée est une technique déjà utilisée en Amérique, mais dont les effets ne sont pas tous bien maîtrisés. Le POA permet de s’attaquer à tout polluant organique présent dans l’eau. Les techniques ainsi que le champ d’application sont multiples et s’intègrent bien à une filière de traitement déjà munie d’un système d’oxydation. Bien qu’il existe des solutions de rechange, celles-ci posent un défi en ce qui concerne les polluants réfractaires, et une analyse des coûts d’exploitation doit être effectuée. La tendance au Québec est certes de traiter convenablement l’eau potable et les eaux résiduaires, mais aussi de prévenir les risques potentiels de présence de contaminants émergents et de maîtriser les sousproduits de désinfection. ■ Ce texte vous fait réagir ? Faites-nous part de vos commentaires en écrivant à info@maya.cc



ASSAINISSEMENT DÉCENTRALISÉ

CHARGES POLLUANTES PLUS ÉLEVÉES SUR LES SITES DE CAMPING

Christian Vézina Associé principal Roy Vézina et associés C h r i s t i a n . v e z i n a @ ro y v e z i n a . c o m

D

epuis le début des années 2000, la pratique du camping et du caravaning est de plus en plus populaire au Québec. Au cours des huit dernières années, notre firme de génie-conseil a participé à plus d’une trentaine de projets de mise à niveau, d’agrandissement ou de nouvelle construction de sites de camping. Ces sites étant la plupart du temps en milieu rural ou périurbain, l’alimentation en eau potable et l’assainissement des eaux usées nécessitent l’aménagement d’un puits de captage des eaux souterraines et la mise en place d’un dispositif d’épuration des eaux usées autonome. Ainsi, les exploitants de terrains de camping octroient des mandats d’ingénierie à des firmes spécialisées en gestion des eaux décentralisée pour la conception des ouvrages de production d’eau potable et d’assainissement des eaux usées.

Les suivis environnementaux réalisés aux installations septiques ont permis de constater que la qualité des eaux usées générées sur les sites de camping diffère grandement de celle des eaux usées d’origine domestique. En effet, les concentrations mesurées en demande biochimique en oxygène (DBO5) et en azote ammoniacal (N-NH3) à l’effluent de la fosse septique sont de 1,5 à 2,5 fois plus élevées que les valeurs typiques observées pour des eaux usées d’origine domestique. La plus faible consommation en eau lors de la pratique du camping (soit environ 300-350 litres/site par jour

22

Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 10 NO 2 AUTOMNE 2014

pour un terrain offrant les services d’eau potable et d’égout versus une consommation projetée de 250 litres/personne par jour pour une résidence) n’est pas le seul facteur contribuant à l’augmentation de ces concentrations. Les charges polluantes mesurées sont nettement supérieures aux valeurs habituellement observées. Évidemment, elles peuvent avoir un impact néfaste sur la performance épuratoire du dispositif de traitement des eaux usées, plus particulièrement si ce dernier a été dimensionné uniquement sur la base d’une charge hydraulique en présumant que les eaux usées générées par les usagers s’apparentent à des eaux usées d’origine domestique.

Filtre granulaire intermittent à recirculation.

Les principaux impacts négatifs observés sur certains systèmes inspectés sont : l un rendement épuratoire diminué et un dépassement des critères de rejet; l des odeurs septiques à proximité des ouvrages d’assainissement des eaux usées à cause du manque d’oxygénation (conditions anaérobies);

Ce texte vous fait réagir ? Faites-nous part de vos commentaires en écrivant à info@maya.cc


CHARG ES P OLLUANTES P LUS ÉLE VÉES SU R LES SITES DE CAM P I NG

Pour en savoir plus, visionnez les capsules vidéo exclusives sur notre chaîne YouTube au www.YouTube.com/ MAYAproductionvideo

=

La gestion des eaux usées dans les terrains de camping

l une surface d’infiltration colmatée pour les dispositifs d’épuration utilisant l’infiltration dans le sol; l un relâchement ponctuel ou diffus des contaminants dans l’environnement, qui atteignent le réseau hydrographique superficiel ou souterrain et qui peuvent polluer la ressource en eau.

la matière organique particulaire (comme les matières fécales) en pollution soluble, augmentant ainsi la charge polluante appliquée aux ouvrages d’assainissement situés en aval de la fosse septique. Une fois que la transformation de la matière organique de l’état particulaire à l’état soluble est effectuée, il devient impossible d’intercepter cette forme de pollution dans la fosse septique (traitement primaire). Les ouvrages situés en aval reçoivent donc une charge organique au-delà des critères de conception. Le deuxième facteur est l’utilisation de pompes déchiqueteuses dans les stations de pompage des eaux usées brutes. Ces pompes broient et déchiquettent les matières solides pour former de fines particules qui décantent difficilement dans la fosse septique. De plus, le fait que ces fines particules organiques ont une plus grande surface de contact avec l’eau contribue à leur solubilisation. Malgré la présence d’un préfiltre à l’effluent de la fosse, ces fines particules passent à travers la cartouche filtrante et augmentent la charge polluante à traiter en aval. L’usage de pompes de type vortex, qui avalent littéralement les solides sans les broyer, est donc à privilégier.

FACTEURS AGGRAVANTS Dans le cadre de mandats d’inspection et de diagnostic de dispositifs d’épuration des eaux usées sur les sites de camping, nous avons noté deux facteurs contribuant de façon significative à l’augmentation de ces charges polluantes en matière organique et en azote. Le premier est l’emploi de divers produits dans les réservoirs de stockage des eaux usées des roulottes et des véhicules récréatifs. Ces produits sont utilisés pour prévenir les odeurs et liquéfier les solides afin de permettre une meilleure évacuation des eaux usées lors de la vidange. Certains, dont la composition est parfois chimique, enzymatique ou microbiologique, vont tout simplement transformer

Le concepteur de dispositifs d’épuration des eaux usées pour les terrains de camping devrait, par précaution, élaborer les ouvrages sur les charges organiques et ammoniacales (en kg/d) plutôt que sur la charge hydraulique en présumant que les caractéristiques des eaux usées sont semblables à celles des eaux usées d’origine domestique. La même pratique est habituellement utilisée lors du dimensionnement des systèmes d’épuration pour les eaux usées de restauration. En dimensionnant sur la base des charges organiques, le concepteur s’assure que les dispositifs proposés performeront adéquatement et respecteront les critères de rejet. ■

Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 10 NO 2 AUTOMNE 2014

23


A G R O A L I M E N TA I R E

UN BON DÉBUT... MAIS DES AMÉLIORATIONS SONT NÉCESSAIRES

Sarah Drolet-Laflamme Responsable des communications Magazine Source / MAYA.cc slaflamme@maya.cc

Afin de refléter l’importance de l’industrie agroalimentaire dans le domaine du traitement de l’eau potable, mais aussi de plus en plus dans le traitement des eaux usées, nous avons décidé de vous offrir une nouvelle chronique portant sur ce sujet. Voici un bref survol des pratiques. ’industrie agroalimentaire est composée d’environ 14 soussecteurs, dont les brasseries, les distilleries, les boissons gazeuses, les jus de fruits et boissons énergisantes, les fromageries et l’industrie laitière, en passant par la pisciculture, les abattoirs, les plats précuisinés et les surgelés.

L’

Comparée aux secteurs de l’électronique, des mines ou des pâtes et papiers, l’industrie agroalimentaire est parmi les plus grandes consommatrices d’eau et elle a un impact non négligeable sur l’environnement. L’eau est majoritairement utilisée comme un ingrédient du produit fini, mais également dans le nettoyage, le transport et dans des applications auxiliaires de l’usine de production, par exemple les vapeurs, le refroidissement et le réchauffement des établissements.

24

Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 10 NO 2 AUTOMNE 2014

Au Québec, l’eau est un acquis; elle est largement considérée comme abondante et peu coûteuse. Il en résulte un gaspillage de l’eau, ce qui représente un danger pour l’avenir de ces producteurs qui ne quantifient pas les risques directs et indirects liés à la gestion de l’eau. Les producteurs et les instances gouvernementales doivent être sensibilités et motivés à protéger l’eau et à en faire un usage intelligent et durable. Au Québec, les entreprises dominantes dans cette industrie sont les fromageries, les laiteries, l’agriculture et la transformation de la viande. À Montréal, une nouvelle norme «2008-47 sur l’assainissement des eaux » réglemente depuis 2008 la teneur en azote ammoniacal des eaux usées et exige l’installation d’équipement de traitement particulier. Cette norme vient s’ajouter à une liste d’autres normes (ACIA, MDDELCC, HACCP, GSF), lesquelles dans l’ensemble exigent une vigilance accrue des producteurs. Les municipalités semblent presser les gestionnaires d’usines à traiter leurs effluents à même le site pour des paramètres tels que le pH, MES, H&G, DCO et NTK. Les usines d’épuration municipales atteignent aujourd’hui leur limite de capacité à traiter davantage de volumes et de concentrations d’effluents des industriels. Il y a des risques liés à la dépendance aux ressources et à l’alimentation en eau des cours d’eau environnants. Les coupures d’eau ou la catastrophe de Lac-Mégantic en sont de bons exemples. En effet, certains producteurs avaient l’habitude de s’alimenter en eau dans la rivière Chaudière; du fait de la tragédie, ils se sont vus forcés de suspendre toute production pendant plus d’une semaine, entraînant des pertes astronomiques. L’industrie québécoise dispose de tous les outils nécessaires pour se mettre à jour et concevoir sa propre vision à moyen et à long termes.

Ce texte vous fait réagir ? Faites part de vos commentaires en écrivant à info@maya.cc



U N B O N D É B U T. . . M A I S D E S A M É L I O R AT I O N S S O N T N É C E S S A I R E S

De nouvelles méthodes de production ont déjà été adoptées et ont prouvé leur efficacité dans des régions du monde ou l’espace, l’énergie, l’eau et les matières premières sont plus rares. Ces solutions reposent sur des technologies éco-efficaces en permettant des économies relativement aux coûts d’exploitation, une diminution de la dépendance à l’eau et aux énergies fossiles des municipalités et un respect des réglementations. Les consommateurs seront les premiers à manifester leur satisfaction si les industriels se décidaient à modifier leurs pratiques de production et à déclarer la guerre au gaspillage des ressources. L’eau est trop précieuse pour n’être utilisée qu’une seule fois. La réutilisation de l’eau est l’un des procédés les plus évidents et faciles à être implantés dans le secteur agroalimentaire. Des chefs de file en matière d’économie d’eau comme Lassonde et Olymel s’y sont engagés avec des résultats impressionnants. La réutilisation des eaux de refroidissement des contenants a permis de réduire en moyenne de 20 % la consommation d’eau des usines de Lassonde. Olymel a, quant à elle, appliqué un traitement tertiaire permettant de recycler 30 % des effluents et de renvoyer l’eau traitée à l’entretien et au lavage de l’équipement.

dans les cours d’eau en raison de la fermentation des matières organiques qu’il contient. Des technologies existent qui permettent d’extraire ce lactosérum des effluents et certains acteurs réutilisent même ces matières organiques afin de produire de l’énergie. Ces innovations sont peu présentes au Québec. Il semble que la prise de conscience devrait aller plus loin et que les normes doivent évoluer et être mises en vigueur plus efficacement afin d’engager les usines à s’intéresser aux traitements des eaux usées. Dans bons nombres de pays d’Europe, d’Asie ou d’Amérique latine, les normes environnementales sont appliquées et les usines sont équipées de traitements primaires et secondaires des eaux usées, et ce, à même leur site. Tous les jours, des industriels transforment leurs effluents et génèrent du bioplastique, du biogaz, des fertilisants et même de la nourriture pour animaux. Preuve que les effluents traités deviennent une nouvelle source de revenus. Ailleurs, certains groupes agroalimentaires mettent déjà en place l’objectif ultime du Zero Liquid Discharge (ZLD) : l’eau est à ce point en recirculation dans l’usine qu’aucune goutte ne ressort du procédé. Sans aller jusqu’à cet extrême, il est grand temps pour le Québec de concrétiser les « 3R », soit en recyclant, en réduisant à la source et/ ou en réutilisant ses matières (re)valorisables. ■

Dans l’industrie laitière, la popularité des yogourts grecs a également incité certains producteurs à modifier leurs pratiques de traitement des effluents. Alors qu’il faut ajouter des nouvelles chaînes de production pour le yogourt grec, un nouveau problème fait surface : tout comme le fromage, la production de yogourt grec génère du lactosérum. Celui-ci crée une pollution importante s’il est rejeté

CHEF DE FILE EN ANALYSES ENVIRONNEMENTALES Chimie analytique et microbiologie environnementale Toxicologie environnementale Analyse d’amiante et de poussières Analyse des carburants et lubrifiants Analyse de Legionella Expertise industrielle et judiciaire Microbiologie alimentaire Échantillonnages d’émissions industrielles et caractérisation Certification des gaz respirables et médicaux

3 LABORATOIRES AU QUÉBEC ST-BRUNO (450) 441-5880 • POINTE-CLAIRE (514) 697-3273 • ST-AUGUSTIN-DE-DESMAURES (418) 878-4927

26

Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 10 NO 2 AUTOMNE 2014

EXOVA.com Ce texte vous fait réagir ? Faites-nous part de vos commentaires en écrivant à info@maya.cc



G E STI O N H U M A I N E D E S R E S S O U R C E S

LA CLÉ POUR CONSERVER VOS EMPLOYÉS

Dominique Dodier Directrice générale EnviroCompétences d o m i n i q u e . d o d i e r @ e n v i ro c o m p e t e n c e s . o rg

a qualité de vie au travail (QVT) peut être définie comme un état général de bien-être des personnes dans leur milieu de travail. On en parle de plus en plus, et de nombreuses entreprises adoptent des mesures concrètes pour l’atteindre. La situation actuelle les y oblige un peu : selon un article paru dans La Presse Affaires, 3,4 millions de Canadiens souffrent d’épuisement professionnel, et au Québec, les coûts directs et indirects liés aux absences au travail causées par des problèmes de santé psychologiques se chiffrent à quatre milliards de dollars annuellement.

L

Selon Jean-Pierre Brun de l’Université Laval, le monde du travail a subi de grands changements : intensification du travail, augmentation de la cadence, précarité des emplois et accès aux nouvelles technologies, pour n’en nommer que quelques-uns. Ces changements ont des impacts sur la santé des travailleurs, et peu importe les méfiances et préjugés, ils ont un impact direct sur la compétitivité de votre entreprise, et au final sur sa profitabilité. Selon plusieurs études, la recherche d’un emploi ne se base pas en priorité sur le salaire mais sur le climat de travail : les conditions de travail passent donc avant les conditions pécuniaires. Les employés sont de plus en plus attirés par les organisations qui les aident à atteindre un certain équilibre dans leur vie et leur procurent de la satisfaction personnelle – et c’est encore plus vrai chez les jeunes générations. Pour en savoir plus, visionnez les capsules vidéo exclusives sur notre chaîne YouTube au www.YouTube.com/ MAYAproductionvideo

= =

Améliorer la qualité de vie au travail Qualité de vie au travail: une question de génération?

AMÉLIORER LA QUALITÉ DE VIE AU TRAVAIL Pour mesurer la QVT, certains indicateurs bien connus des gestionnaires sont utiles : le climat de travail et de confiance entre les gens, le taux d’absentéisme, le taux de roulement des employés et le niveau de productivité. On trouve aussi sur Internet deux questionnaires payants qui permettent d’évaluer la QVT (www.qualitedevie.ca/fr). Avec ces outils, vous pourrez mesurer le niveau de la QVT dans votre organisation puis adopter des mesures ou mettre en place un plan d’action afin de l’améliorer. Afin de lancer le processus, voici quelques étapes suggérées pour optimiser votre temps : consulter vos employés sur leurs niveaux de satisfaction; voir ce qui se fait ailleurs; rallier quelques personnes clés de votre organisation; élaborer un plan; rédiger et implanter la politique et les initiatives; communiquer et présenter les mesures; établir une période d’essai; évaluer les retombées; et adapter les mesures. Selon votre plan d’action : établir une nouvelle évaluation et mesurer les retombées de nouveau.

28

Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 10 NO 2 AUTOMNE 2014

Pour vous aider, voici quelques exemples de mesures : mettre en place un régime de travail souple; bonifier les congés et vacances; adopter un système de bonification à la carte (transformer le boni en bénéfices); instaurer un programme d’aide aux employés; élaborer des plans de développement des compétences; et implanter un programme de saines habitudes de vie au travail.

De nombreux gestionnaires ont peur de perdre le contrôle de leurs employés s’ils mettent en place certaines mesures d’assouplissement concernant par exemple les horaires et les congés. Pourtant, selon plusieurs enquêtes, c’est souvent le contraire qui se produit. Autres exemples : créer un environnement de travail sécuritaire, confortable et beau (bruit, qualité de l’air, ergonomie, décor, salle des employés et cafétéria); encourager le soutien social; faire des sondages annuels de satisfaction au travail; et constituer un comité de vie au travail. Il n’est pas nécessaire d’avoir un gros budget pour améliorer l’environnement et les conditions de travail de ses employés : repeindre la salle des employés, remplacer les chaises et offrir des horaires souples, par exemple, sont des mesures abordables. De telles mesures peuvent avoir un effet bœuf sur vos employés : diminution du taux d’absentéisme; augmentation de la productivité; amélioration des relations de travail; diminution des conflits; recrutement de nouveaux talents; rétention des meilleurs employés; et amélioration de votre marque employeur. DES MYTHES BIEN ANCRÉS De nombreux gestionnaires ont peur de perdre le contrôle de leurs employés s’ils mettent en place certaines mesures d’assouplissement concernant par exemple les horaires et les congés. Pourtant selon plusieurs enquêtes, c’est souvent le contraire qui se produit. Les gestionnaires obtiennent en effet un meilleur contrôle de leurs employés en leur permettant de gérer leur temps plus efficacement. En acceptant de partager le contrôle, les gestionnaires peuvent établir de meilleures relations professionnelles avec leurs employés. Ces derniers sont davantage satisfaits de leurs conditions de travail, et par conséquent font preuve d’une plus grande loyauté envers leur patron et leur entreprise. En fin de compte, le taux de rétention du personnel augmente. Ne perdons pas de vue qu’un employé qui démissionne peut coûter jusqu’à trois fois son salaire pour être remplacé. La QVT est un des éléments d’une stratégie de développement durable (DD), et ces mesures font partie de la dimension sociale du développement durable. Dans le secteur de l’industrie de l’environnement, où l’on offre des produits et des services permettant de diminuer certains impacts négatifs sur l’environnement, les entreprises devraient être encore plus sensibles à l’application du concept du DD et de la dimension sociale. La qualité de vie au travail doit faire partie de l’ADN des entreprises. L’adoption de cette valeur permet de développer des attitudes et des compétences de collaboration. Comme pour tout concept ou politique, cette stratégie ne doit pas être mise à exécution en silo : ce concept est lié de près à d’autres éléments stratégiques de l’entreprise. Il ne suffit pas de mettre quatre vélos stationnaires dans une salle et d’offrir du meilleur café à ses employés pour prétendre offrir de la QVT. Parfois, de petites améliorations – comme établir un dialogue ouvert et transparent, communiquer efficacement et plus rapidement avec ses employés et expliquer le «pourquoi» des choses – ont des répercussions majeures dans la perception que les employés peuvent avoir des événements. L’amélioration de la QVT permet également d’assurer l’augmentation de la compétitivité de votre entreprise. Nous passons beaucoup de temps dans nos milieux de travail –pourquoi ne pas les rendre plus humains et plus agréables? ■ Ce texte vous fait réagir ? Faites-nous part de vos commentaires en écrivant à info@maya.cc


LES AMIS DE SOURCE

LES

BONTSS

AC CONT

Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 10 NO 2 AUTOMNE 2014

29


Le jeudi 4 septembre avait lieu au Club de golf Glendale le tournoi annuel MAYA.cc. Une fois de plus, les décideurs de l'industrie qui soutiennent le magazine SOURCE ont été gâtés par une foule de cadeaux, de dégustations, de concours et de tirages. Cocktail, trio de jazz et repas ont agrémenté cette journée ensoleillée, pour le plus grand bonheur des golfeurs. Le thème surprise du tournoi cette année : la lutte ! En fin de soirée, la nouvelle est tombée : après 10 éditions, le tournoi de golf tire sa révérence. Il s’agissait donc du dernier tournoi de golf MAYA.cc. Merci à ceux qui ont participé au fil des ans à faire de cet évènement un vif succès.

Une initiative

Le sourire de Marie-Ève Filiatrault, d’Exova, en dit long sur la journée !

Notre trio de jazz a créé une ambiance festive avec sa nouvelle formule pendant le cocktail offert par Éco Entreprises Québec.

De beaux cadeaux attendaient les sportifs.

Les commanditaires du tournoi sont des lutteurs inavoués.

Ne reculant devant rien, les organisateurs ont installé une aire de combat directement dans la salle à manger du club de golf, où quatre lutteurs ont disputé deux matchs.

Les papilles des golfeurs se sont réjouies des prouesses culinaires au barbecue de Jean-Pierre Beaudry, de Durabac !

Au fil des ans, le tournoi de golf MAYA.cc a permis d’amasser plus de 100 000 $ pour l’Association de la sclérose en plaques de Laval. Merci pour votre générosité !

Certains participants ont affirmé n’avoir jamais eu la chance d’assister à match de lutte auparavant.

Visionnez la vidéo de l’évènement en visitant la chaîne YouTube de MAYA.cc à youtube.com/MAYAproductionvideo

MERCI À NOS PRÉCIEUX COMMANDITAIRES. « Vous nous offrez porto, cigare et chocolat : vraiment ? » Ces joueurs n’en reviennent tout simplement pas !

André sait bien s’entourer... même habillé en lutteur !

30

Le magazine de l’eau au Québec SOURCE VOL. 10 NO 2 AUTOMNE 2014




Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.