Paperjam plus - Tech+Innovation

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« Renforcer

PASCAL BOUVIER « Les fintech sont centrales pour toute l’économie »

JEAN-PHILIPPE ARIÉ

« Développer un écosystème idéal en matière de technologie médicale »

Tech + Innovation JUILLET
2023
ANKE JOUBERT ET NICOLAS GRIEDLICH
« Le potentiel de l’intelligence artificielle est désormais libéré »
FLORIANE DE LAPPARENT ET SABIKA ISHAQ
la représentation des femmes dans la cybersécurité »

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Édito #Ralentissement

L’arbre qui cache la forêt

Les technologies de l’information et de la communication (TIC) sont au 21e siècle ce que la machine à vapeur était au 19e siècle. Plus aucun secteur industriel n’échappe à la lame de fond amenée par la data-driven economy, ses nouveaux modèles, et ses bénéfices sur la productivité et la réduction des coûts.

Pour bénéficier de ce nouveau souffle dans les voiles de la croissance de leur économie, les États font désormais de l’innovation technologique un enjeu de compétitivité. À en croire différents classements, le Luxembourg n’aurait pas à rougir de son positionnement. Par exemple, l’European Innovation Scoreboard 2022 identifiait le Grand-Duché comme un « strong innovator » avec un score supérieur à la moyenne européenne. Pourtant, « la performance du pays dépasse de moins en moins celle de l’UE », indiquait le rapport, tout en pointant des faiblesses au niveau des dépenses dans la R & D.

Une analyse des données d’Eurostat confirme en effet que les dépenses en R & D du Luxembourg sont en baisse depuis plus d’une décennie, avec 1,42 % rapporté au PIB en 2010 contre 1,02 % en 2021, soit un score bien loin de la moyenne européenne de 2,26 %. Pire, la contribution des entreprises luxembourgeoises ne représentait plus que 0,47 % du PIB au profit des dépenses en R & D publiques.

Même l’indice de référence DESI (Digital Economy and Society Index) observe un ralentissement. Bien que le pays y occupe la huitième place parmi les 27 États membres, il accuse le taux de progression le plus faible de toute l’UE. La cause : une pénurie de spécialistes TIC qui entrave la numérisation de son économie.

Please recycle. Vous avez fini de lire ce magazine ?

Archivez-le, transmettez-le ou bien faites-le recycler !

En mai 2023, la Banque européenne d’investissement (BEI) rendait son rapport Digitalisation in Europe 2022–2023, notant un retard dans l’utilisation de technologies avancées par les entreprises luxembourgeoises, telles que le 3D printing, le big data, l’IA, les plateformes et l’internet des objets.

Autant de marges de progession possibles...

Rédacteur en chef BENOÎT THEUNISSEN
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TECH + INNOVATION 2023 3
Our market leading top-tier Technologies & IP experts are very familiar with the particular requirements of businesses, and the challenges they face when providing or using technology. We advise on all aspects of law relating to technology, from the implementation of cloud or outsourcing schemes, electonic signatures, from work covering all types of agreements relating to software and technology, GDPR, dematerialization and legal archiving projects. Audrey Rustichelli Deputy Managing Partner and Head of Technologies & IP audreyrustichelli@pwclegal.lu +352 26 48 42 35 98 Contact PwC Legal, SARL, independent law firm registered at the Luxembourg Bar and subject to the ethical rules of the legal profession in Luxembourg - member of the PwC network. © 2023 PwC Legal, SARL. All rights reserved. In this document, “PwC Legal” refers to PwC Legal, SARL which is a member firm of PricewaterhouseCoopers International Limited («PwC IL»), each member firm of which is a separate legal entity. PwC IL cannot be held liable in any way for the acts or omissions of its member firms.
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Legal Business

10 BERT BOERMAN

« La transformation digitale, une histoire sans fin »

12 DIEGO DE BIASIO « Un écosystème en mouvement permanent »

18 MASTER Affûter les futurs entrepreneurs de la tech

20 ANKE JOUBERT ET NICOLAS GRIEDLICH

« Le potentiel de l’intelligence artificielle est désormais libéré »

26 VOCABULAIRE Parlez-vous IA ?

p.64

30 FORMATION CONTINUE « Se former dans un domaine en constante évolution »

32 GRÉGORY HERBÉ « Pour recruter des profils techniques, il faut de l’huile de coude »

38 APPEL À PROJETS Faciliter l’émergence de projets blockchain

40 PASCAL STEICHEN « La cybersécurité est un combat permanent »

46 CARRIÈRES Les métiers de la cybersécurité

48 SABIKA ISHAQ ET FLORIANE DE LAPPARENT « Renforcer la représentation des femmes dans la cybersécurité »

54 REGTECH Finologee, 6 ans d’aventure luxembourgeoise

56 PASCAL BOUVIER « Les fintech sont centrales pour toute l’économie »

60 INFRASTRUCTURES Les cinq fondamentaux du Luxembourg numérique

64 JEAN-PHILIPPE ARIÉ « Développer un écosystème idéal en matière de technologie médicale »

Photos Matic Zorman Jean-Philippe Arié explore le potentiel et les synergies possibles de la healthtech. p.  20 Les modes de travail sont à un tournant, selon Nicolas Griedlich et Anke Joubert.
TECH + INNOVATION 2023 5 Tech + Innovation Juillet 2023

Le Luxembourg, bon élève en matière de digitalisation ?

Les indicateurs de la performance numérique de chaque État membre sont passés au crible par la Commission européenne de façon annuelle depuis 2014 avec le Digital Economy and Society Index (Desi). À la 8e place en 2022, tout comme en 2021, le Luxembourg se maintient au-dessus de la moyenne européenne. Voici les 15 pays en haut du classement.

Finlande 69,6

Danemark 69,3

Pays-Bas 67,4

Suède 65,2

Irlande 62,7

Malte 60,8

Espagne 60,7

Luxembourg 58,8

Estonie 56,5

Australie 54,7

Slovénie 53,4

France 53,3

Allemagne 52,9

Lituanie 52,7

Portugal 50,7

RADAR 1. 2. 3. 4. 5. 6. 11. 7. 12. 8. 13. 9. 14. 10. 15.
Digitalisation des services publics Intégration des technologies digitales Connectivité Capital humain Source Digital Economy and Society Index 2022 Moyenne européenne
6 TECH + INNOVATION 2023
52,3

experiment. exchange. innovate.

govtechlab.lu

1 ENVIRONNEMENT

C’est ce qu’a déclaré Adam Kramer, CEO de nZero, une plateforme de gestion et de comptabilisation du carbone en temps réel, après avoir levé 16 millions de dollars, fin avril. La société compte Andy Schleck parmi ses administrateurs.

2

La CSSF et la Banque centrale du Luxembourg ont publié, début mai, une première étude relative à l’intelligence artificielle, au machine learning et à l’adoption « prudente » de ces technologies par les acteurs de la place financière.

3 ÉDUCATION

Le 9 avril, Carlo Thelen, directeur général de la Chambre de commerce, a évoqué l’enjeu de créer un centre de formation dédié à la donnée et à sa valorisation, réunissant acteurs publics et privés, pour développer une réelle « filière data ».

4 IOT

Omar Qaise, CEO de OQ Technology, créée au Luxembourg en 2016, annonçait, le 18 avril dernier, que la société avait décroché un contrat commercial de près d’un million d’euros portant sur l’utilisation de sa constellation de satellites fournissant une couverture 5G aux appareils IoT.

5 SÉCURITÉ

Dans le magazine Paperjam de mai, Jean-Charles Manigart, senior sales manager chez F24 Luxembourg, est revenu sur les enjeux relatifs à l’adoption de la nouvelle mouture de la directive NIS (Network and Information Systems).

Sélectionné par SÉBASTIEN LAMBOTTE

nZero, Eva Krins et Guy Wolff

« Ce dont nous avons besoin, désormais, c’est d’un data campus. »
« L’engouement récent du public pour les solutions génératives avancées telles que ChatGPT montre que l’avenir est déjà là et qu’il nous apportera probablement des IA de plus en plus puissantes. »
« NIS2 garantira un niveau de protection plus élevé pour les acteurs-clés. »
« Notre prochain chapitre permettra de nous développer en tant qu’autorité de données et de faire évoluer notre plateforme. »
« Nous générons maintenant des revenus basés sur notre constellation de satellites 5G IoT et sur la fourniture des services et des produits qu’elle peut offrir. »
8 TECH + INNOVATION 2023
Ristretto #Citations

Unmasking Sustainability: Now you see me

by European Convention Center Luxembourg November 22nd 2023

« La transformation digitale, une histoire sans fin »

En mai dernier, vous organisiez une table ronde avec plusieurs acteurs de l’asset management au Luxembourg. Quels enseignements en avez-vous tirés ?

Il s’agissait de faire un point sur les évolutions et les barrières qui subsistent en matière de digitalisation dans ce secteur. Ce qui apparaît clairement, c’est que la transformation digitale est une histoire sans fin. La première étape, en général, consiste à numériser des documents papier. La seconde vise à digitaliser des processus. La troisième est une transformation digitale accomplie, avec la création de nouveaux business models. Je dirais qu’aujourd’hui, l’industrie de la gestion d’actifs se trouve à la deuxième étape de ce processus.

Sur quels processus se concentrent les efforts de digitalisation des acteurs du secteur ?

On peut évoquer l’onboarding, qui s’est déjà considérablement digitalisé ces dernières années. Toutefois, souvent, le recours aux documents électroniques ou aux e-mails ne met pas un terme aux anciennes habitudes, avec des processus qui peuvent s’avérer très longs. Par exemple, chez l’un de mes anciens employeurs, nous avions toujours besoin de 16 signatures pour intégrer un client… Notre rôle est d’apprendre à mieux utiliser les outils disponibles afin de gagner en efficacité, mais aussi, quand cela s’impose, de transformer la façon de travailler en elle-même. La digitalisation, cela passe aussi par un changement de mentalité.

Quels sont les principaux freins au changement dans le secteur de la gestion d’actifs ?

Le facteur humain reste un élément essentiel à cet égard. Il faut dire que la digitalisation a souvent été présentée comme une opération disruptive qui allait rendre certains

métiers obsolètes. Aujourd’hui, il est essentiel de la présenter comme une opportunité de rendre les employés plus efficaces et le métier plus « fun ».

Quelles sont les particularités luxembourgeoises de cette transformation ?

Au Luxembourg, il y a aussi des freins liés au caractère transfrontalier de l’activité. Pour les outils digitaux, la prise en compte des règles variées qui s’appliquent dans différentes juridictions est complexe. En outre, certaines entreprises qui ont grandi par le biais d’acquisitions se retrouvent avec une myriade de systèmes informatiques différents. Les remplacer par un environnement unique est une tâche délicate. Il est donc important d’adopter une approche progressive, en connectant les systèmes et en réduisant la complexité des processus pas à pas. Enfin, il faut souligner les différences culturelles : on est beaucoup plus habitué à s’adapter rapidement aux États-Unis qu’en Europe, par exemple.

UNE PRIORITÉ NO 1 !

Selon l’Asset Management Digital Readiness Report 2022 du cabinet Alpha, 97 % des répondants font de la digitalisation l’une de leurs principales priorités. 63 % d’entre eux avouent toutefois qu’ils sont toujours « en train de s’organiser » par rapport à cette priorité.

Comment dépasser ces barrières ?

D’abord, il est important de communiquer ouvertement sur l’objectif poursuivi à travers un projet de digitalisation. Il faut être honnête sur le fait que ces changements créeront sûrement des frictions au départ, mais permettront à terme de faciliter le travail. Ensuite, je préconise l’approche « think big, start small » : avoir une vision ambitieuse tout en restant pragmatique dans l’approche, avançant étape par étape. Mon dernier conseil est de se lancer : l’innovation ne devrait pas faire peur, c’est, au contraire, quelque chose d’excitant !

Journaliste QUENTIN DEUXANT Photo MATIC ZORMAN
10 TECH + INNOVATION 2023 Ristretto #AssetManagement
Bert Boerman, CEO de Governance.com, fait le point sur la digitalisation dans le secteur de l’asset management et évoque les éléments qui continuent à retarder cette indispensable transformation.

« Un écosystème en mouvement permanent »

La première mouture du Technoport a vu le jour il y a déjà 25 ans. L’occasion de faire le point sur l’évolution de l’écosystème soutenant le développement d’entreprises technologiques au Luxembourg avec Diego De Biasio, CEO du Technoport.

Photo ROMAIN GAMBA
Journaliste QUENTIN DEUXANT
12 TECH + INNOVATION 2023 Conversation Diego De Biasio
Diego De Biasio constate que, depuis 2012, les structures de soutien aux start-up ont explosé.

Il y a 25 ans naissait au sein du Centre de recherche public Henri Tudor, aujourd’hui partie intégrante du List, le premier Technoport. Est-ce le réel point de départ de l’ensemble des initiatives soutenant le développement des start-up technologiques au Luxembourg ?

On peut en tout cas dire que cette structure est l’ancêtre du Technoport tel qu’on le connaît aujourd’hui. Elle a été lancée en 1998 dans un contexte délicat, puisque nous étions en plein éclatement de la bulle internet. Après trois années de fonctionnement, il a été décidé de faire du Technoport un département à part entière du centre de recherche. En 2002-2003, c’est Ecostart, deuxième structure dédiée à l’hébergement de start-up, qui a vu le jour. Rapidement, il est apparu que deux initiatives de ce genre, dans un pays de la taille du Luxembourg, c’était probablement un peu trop. L’OCDE a d’ailleurs émis une recommandation allant dans ce sens. Dès 2006, nous avons donc commencé à discuter d’une fusion entre Ecostart et le Technoport. Les discussions ont abouti en 2012, avec la création de Technoport SA. Depuis cette date, nous avons assisté à une véritable explosion du nombre de structures soutenant les start-up dans le pays.

De quels différents éléments se composent aujourd’hui cet écosystème ?

Je pense qu’il faut distinguer les incubateurs des autres éléments qui composent cet écosystème, comme les aides étatiques, le réseau de business angels, les services de support, etc. Au niveau des structures qui incubent les projets, les soutiennent, offrent un réseau et des infrastructures pour les développer, on peut citer la Lhoft, le 1535° Creative Hub, Neobuild, le Luxembourg-City Incubator, la House of Biohealth, l’incubateur de l’Université du Luxembourg, ou encore des initiatives privées comme celles de Paul Wurth – Paul Wurth InCub – ou du Crédit Agricole – Le Village. Certaines sont très spécialisées, d’autres plus généralistes. Le Technoport complète ce paysage et diversifie aussi son action.

Par exemple, récemment, nous avons établi une joint-venture avec Vodafone, appelée Tomorrow Street, qui se concentre plutôt sur les scale-up.

La création de ces structures s’est-elle inscrite dans la stratégie de développement économique du gouvernement luxembourgeois, en privilégiant certains secteurs ? Le Luxembourg compte en effet une série de structures qui sont spécialisées dans certains domaines d’activité. C’est parfois la stratégie gouvernementale qui a permis de leur donner naissance. Je pense à la Lhoft, qui répond aux importants besoins de la place financière luxembourgeoise en matière de fintech. Le Luxembourg-City Incubator et la House of Startups sont des émanations de la Chambre de commerce. Le 1535° Creative Hub a été créé par la Ville de Differdange pour répondre à un besoin dans le secteur créatif. Par contre, même si le Technoport se positionne fortement dans ce secteur, nous n’avons pas d’incubateurs spécialisés dans le spatial, alors que c’est un axe de développement fort pointé par le gouvernement. Par ailleurs, certaines structures émanent tout simplement du secteur privé, comme Neobuild. Ces acteurs privés sont, eux aussi, à même d’identifier leurs propres besoins et de mettre en place ce qu’il faut pour y répondre. Du côté du Technoport, nous sommes certes soutenus par l’État, mais nous restons généralistes, ce que nous voyons comme une force pour créer des synergies trans-sectorielles. Nous segmentons toutefois notre approche entre le travail réalisé auprès des start-up, celui que nous menons avec les spin-off émanant de centres de recherche, et, enfin, l’accompagnement des centres de recherche et développement de groupes établis.

Quelles sont les principales réussites que vous épingleriez depuis la création du Technoport ?

En 25 ans, il y en a eu beaucoup, même si tout dépend de ce que l’on appelle une réussite. Pour nous, chaque entreprise qui sort de l’incubateur est un succès, car nous les avons accompagnées tout au

25 ANS, ÇA SE FÊTE !

Pour marquer son 25e anniversaire, le Technoport coorganise, du 12 au 15 septembre, le congrès annuel de l’Association internationale des parcs scientifiques, une structure qui compte 350 membres à travers le monde. Au cours de l’événement seront notamment présentées les différentes réalisations du Luxembourg en matière d’innovation, mais aussi celles à venir, notamment les campus d’Esch-sur-Alzette (santé), de Bissen (automobile) ou de Kockelscheuer (spatial). 500 à 600 personnes sont attendues durant ces quatre jours pour partager leurs réflexions en la matière. Plus d’infos sur : www.iaspworldconference.com

14 TECH + INNOVATION 2023 Conversation Diego De Biasio
« Nous n’avons pas d’incubateurs spécialisés dans le spatial. »

La normalisation au service de la transformation digitale

L’accélération de la convergence

des technologies ouvre la voie à une transformation digitale sans précédent. Comment les normes contribuent-elles à ces développements ?

La transformation digitale contribue à la compétitivité du marché national. Il demeure cependant difficile de suivre toutes les évolutions technologiques et notamment d’en appréhender les nombreux défis, par exemple en matière de sécurité.

Dans ce contexte, la normalisation technique joue un rôle primordial, facilitant l’adoption des technologies et définissant des exigences visant à garantir leur interopérabilité ou encore à minimiser les risques de sécurité. En témoigne d’ailleurs le recours croissant de l’Union Européenne aux normes en support de sa stratégie numérique, dernièrement, par exemple, à l’appui de sa politique en matière d’intelligence artificielle. Au niveau national, l’ILNAS, en tant qu’organisme luxembourgeois de normalisation, est l’interlocuteur pour toute organisation souhaitant s’impliquer dans

les travaux de normalisation, notamment dans le domaine des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC), que cela soit au plan national, européen ou international. Dans ce cadre, il a publié le 13 juin 2023 une nouvelle version de son analyse normative TIC, permettant aux organisations d’identifier des travaux de normalisation pertinents pour leurs activités.

De plus, il est à noter qu’au Luxembourg, la participation aux comités techniques de normalisationqui rédigent les normes - est gratuite, pour encourager le marché à devenir acteur du développement des futures bonnes pratiques quel que soit le secteur concerné, et ainsi, contribuer à la compétitivité et à la défense des valeurs du marché national aux plans européen et mondial.

NICOLAS DOMENJOUD

Responsable secteur « TIC & Normalisation » - Organisme

Luxembourgeois de Normalisation t. +352 247 743-46

nicolas.domenjoud@ilnas.etat.lu

PARTNER CONTENT
M. Nicolas Domenjoud, ILNAS
Crédits ILNAS

Conversation Diego De Biasio

long de leur parcours jusqu’à ce qu’elles puissent se développer par elles-mêmes. Mais s’il fallait pointer certaines sociétés en particulier, je citerais Conostix, Open Assessment Technologies, Luxscan Technologies, SecureWave, Agilis Engineering, RCDevs, Tadaweb, Trendiction, Passbolt, iNui Studio, Finquest, ANote Music, Jamendo, ITTM, etc. Au total, ce sont pas moins de 100 entreprises qui sont sorties du Technoport depuis sa création, et 18 d’entre elles ont été rachetées par des structures internationales. Certaines sont devenues, par ellesmêmes, des références mondiales dans leur domaine.

Comment le Covid a-t-il impacté votre activité ? Êtes-vous revenu à un niveau d’occupation équivalent à l’avant-pandémie ?

Il est clair que le Covid a eu un impact important : nous avons reçu 50 % de demandes en moins qu’en temps normal durant cette période. Cela s’explique par le fait que seules 50 % des start-up que nous accueillons sont luxembourgeoises.

canadienne ou indienne à aller au Luxembourg pour se développer ?

Plusieurs facteurs interviennent. D’abord, on l’a dit, certains secteurs sont mis en avant par le gouvernement, comme le spatial. Cette position de l’État contribue directement à rendre le Luxembourg attractif pour les porteurs de projets dans ce domaine particulier. Nous avons aussi d’autres sociétés étrangères qui développent des projets liés à l’économie circulaire, et qui savent que le Luxembourg a une approche dynamique à ce sujet. Pour le reste, c’est le bouche-à-oreille qui joue beaucoup et contribue à amener de nouvelles sociétés au sein des incubateurs du pays.

OÙ EST LA SORTIE ?

Diego De Biasio l’explique dans son interview : chaque sortie d’une start-up du Technoport est une réussite, car elle est l’aboutissement d’un travail mené parfois depuis plusieurs années. En la matière, les chiffres de l’an dernier ont atteint des sommets : neuf sociétés ont en effet quitté la structure pour voler de leurs propres ailes. « Et nous en sommes déjà à trois sociétés en 2023, ce qui explique que le nombre d’entreprises hébergées aujourd’hui soit légèrement en dessous de notre moyenne habituelle de 35 à 40 entreprises », précise le CEO du Technoport.

12 % viennent de la Grande Région, et le reste est issu de l’international, tous continents confondus. Or, les voyages étant quasiment impossibles durant le Covid, les sociétés qui auraient voulu nous rejoindre n’auraient tout simplement pas pu le faire. Cela dit, même si les demandes étaient moins nombreuses, la qualité des projets que nous avons soutenus était plus élevée. Aujourd’hui, nous sommes revenus à des chiffres comparables à ce que nous connaissions avant la pandémie. Nous hébergeons à présent 25 projets, et une douzaine sont à l’analyse. Nous ne sommes que 6 personnes pour gérer l’activité du Technoport, il faut donc essayer d’être le plus efficace possible dans nos processus d’analyse, de sélection et de suivi. Par ailleurs, l’espace du Technoport n’est pas extensible à l’infini. Nous disposons d’une surface de 16.000 m2, avec 10.000 m2 de halls. Considérant ces facteurs, l’idéal est d’accueillir 35 à 40 sociétés.

Vous évoquez les structures internationales qui rejoignent le Technoport. Qu’est-ce qui pousse une société

Aujourd’hui, peut-on dire que l’écosystème des start-up est suffisamment développé au Luxembourg ? Quels sont les éventuels points d’attention ? Tout écosystème est en mouvement permanent, et c’est aussi le cas du nôtre. Notre responsabilité est de continuer à nous améliorer, en restant attentifs à ce qui se fait dans d’autres pays. Évidemment, la question de la pénurie de talents nous concerne particulièrement, même si je constate que certaines sociétés très spécialisées parviennent à attirer des profils venus de l’autre bout du monde, simplement parce que ce qu’elles font est très attrayant. Et ce phénomène devrait se renforcer lorsque l’écosystème aura atteint sa pleine maturité, qu’il sera encore mieux connu à l’international. Cela dit, il faut pouvoir payer ces compétences. C’est pourquoi le second point d’attention est le financement. Je pense que l’on pourrait faire davantage pour mieux impliquer les acteurs du private equity / venture capital dans le financement de structures prometteuses. Au-delà de ces quelques points, je pense qu’il faut pouvoir se féliciter du chemin qui a été parcouru au cours des 25 dernières années : je ne pouvais pas rêver d’un meilleur écosystème quand j’ai commencé à travailler dans ce secteur en 2001.

« Ce sont pas moins de 100 entreprises qui sont sorties du Technoport. »
16 TECH + INNOVATION 2023

Sociétés Tech : adoptez une stratégie IP !

Les sociétés innovantes, souvent technologiques, négligent trop souvent la protection de leurs actifs immatériels et mettent en péril leurs investissements.

La place Luxembourgeoise confirme d’une année sur l’autre son statut de terre d’accueil de l’innovation. Néanmoins, on observe que de nombreuses sociétés tech, start up ou non ayant créé une innovation leur conférant un avantage compétitif sur un marché identifié, ont une politique IP qui demeure insuffisante ou trop faible. Pour rappel, la propriété intellectuelle est l’ensemble des droits protégeant les créations de l’esprit et a donc pour vocation de protéger le principal actif de ces sociétés innovantes. Ainsi, elle :

• confère notamment à ces entreprises le monopole d’utilisation ou de commercialisation de leur création,

• protège les investissements qui ont été réalisés dans le cadre de ces créations,

• empêche toute personne non autorisée à tirer un bénéfice de celle-ci.

On vise ici les droits d’auteurs, les brevets, les marques, les dessins et modèles, les protections de bases de don-

nées, les secrets d’affaires et le savoir-faire. Par ailleurs, la gestion des droits de propriété intellectuelle est nécessaire aux sociétés tech pour

• générer du revenu,

• attirer des investisseurs,

• auditer le portefeuille de actifs immatériels de la société concernée,

• encadrer les relations avec les clients et partenaires.

Aussi, est-il indispensable pour ces sociétés d’adopter une stratégie IP pour :

• protéger l’actif le plus important c’est-à-dire l’innovation,

• éviter les litiges et éviter les contrefaçons,

• assurer leur valorisation,

• assurer leur croissance.

Sociétés tech, qu’on se le dise, négliger votre protection IP c’est mettre en péril vos investissements.

t. +352
12
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ME. BERTRAND MOUPFOUMA Avocat
26
02

Affûter les futurs entrepreneurs de la tech

Mener à bien un projet entrepreneurial s’appuyant sur les technologies les plus récentes implique de prendre en considération de nombreux aspects techniques, stratégiques et business. À travers son master en « technopreneurship », l’Université du Luxembourg veut permettre aux entrepreneurs d’aujourd’hui et de demain de faire de la technologie un catalyseur de croissance.

Quels sont les ingrédients indispensables à la réussite d’un projet entrepreneurial dans le domaine de la technologie ?

Comment, au départ d’une idée ou d’une technologie, mettre en œuvre un projet créateur de valeur pour le business ? Il n’y a évidemment pas de recette unique du succès. La réussite découle souvent d’un heureux alignement de facteurs. « Pour mettre toutes les chances de son côté, il est toutefois intéressant de comprendre les éléments qui déterminent la réussite d’un projet technologique au service du business », commente Pascal Bouvry, professeur au sein du département Informatique à l’Université du Luxembourg.

Ce passionné d’informatique est aujourd’hui directeur du master « Technopreneurship : Mastering smart ICT, standardisation and digital trust for enabling next generation of ICT solutions », dont l’ambition est justement de former les futurs leaders dans le domaine des smart ICT. « Si l’on considère les compétences présentes sur le marché de l’emploi, on trouve beaucoup de personnes disposant de connaissances techniques autour de

divers sujets informatiques ou technologiques. D’un autre côté, on a des profils maîtrisant des enjeux business, marketing ou capables de soutenir des projets d’innovation », poursuit­il. Or, la réussite d’un projet entrepreneurial implique de bien appréhender tous ces aspects. «  Pour entreprendre dans le domaine de la technologie, il faut les deux mondes. Apple ne serait sans doute pas la firme qu’elle est aujourd’hui s’il n’y avait pas eu un Steve Wozniak aux côtés de Steve Jobs, et si les deux n’étaient pas parvenus à se comprendre et à s’accorder au départ sur une ambition commune », ajoute Pascal Bouvry.

Moutons à cinq pattes Le master en « technopreneurship » est né d’une collaboration entre l’Université du Luxembourg et l’Institut luxembourgeois de la normalisation, de l’accréditation, de la sécurité et qualité des produits et services (Ilnas) et est opéré par le Luxembourg Lifelong Learning Centre (LLLC). Son objectif est de permettre à des professionnels émanant du monde

technique d’acquérir des compétences autour des enjeux business et, à l’inverse, à des personnes occupant des fonctions commerciales ou stratégiques de mieux appréhender la technologie. De cette manière, il est possible de former des personnes qu’il convient aujourd’hui de qualifier de « moutons à cinq pattes ».

« Cette formation d’un genre nouveau s’adresse donc à des professionnels. Les personnes qui suivent ce cursus, un master de 60 ECTS qui s’étend sur deux années, ont entre 30 et 35 ans, commente Pascal Bouvry. Les candidats au master viennent le plus souvent avec une idée, qui peut évoluer au fil de la formation et des connaissances acquises. Le dernier semestre est entièrement consacré à l’élaboration d’un travail autour de sujets divers, en lien avec le contexte professionnel dans lequel évolue le participant. » (Voir ci­contre)

Anticiper les normes de demain

La formation vise à fournir aux étudiants une base de connaissances sur des sujets variés, autour des enjeux business actuels et des technologies de

MASTER
18 TECH + INNOVATION 2023

l’information et de la communication de pointe, dites intelligentes, comme le cloud, l’IoT, l’intelligence artificielle, la blockchain, etc. « La volonté est de permettre à chacun de considérer ces évolutions technologiques, d’en maîtriser les concepts, afin de pouvoir s’appuyer dessus pour concevoir et mettre en œuvre des stratégies business. Il s’agit de donner les clés pour faire de la technologie un catalyseur de croissance dans l’industrie du numérique », poursuit Pascal Bouvry. La formation, également soutenue par les organismes européens de normalisation, aborde aussi les enjeux relatifs à l’établissement de normes à la faveur de la confiance et d’une utilisation toujours plus efficace des technologies.

« Cette proximité avec les comités de normalisation permet d’offrir à nos étudiants des perspectives sur les cadres dans lesquels pourront être mises en

œuvre ces technologies, en matière de sécurité, de confiance ou encore de traitement. C’est un enjeu essentiel pour bien investir dans ce domaine », explique le directeur du programme.

Appréhender tous les enjeux

L’un des grands intérêts de la formation, souligne Pascal Bouvry, réside dans la diversité des participants. Des étudiants disposant d’un profil juridique vont y côtoyer des techniciens ou encore des professionnels de la gestion de projet.

« Chacun vient avec des attentes particulières. Petit à petit, on se rend compte que, pour entreprendre des projets dans ce domaine, il faut parvenir à parler un même langage, à aligner les enjeux à travers une stratégie unique, explique le professeur. S’il n’est pas nécessaire de savoir programmer pour entreprendre dans ce domaine, il faut une base de connaissances suffisante pour comprendre et interpréter le code, s’assurer de maîtriser les tenants et aboutissants liés à l’utilisation de la technologie. »

En outre, au départ d’exemples concrets de réussite ou d’échec de projets entrepreneuriaux dans le domaine de la technologie, les participants au master vont appréhender de nombreuses dimensions essentielles à la réussite d’un projet, comme les logiques de retour sur investissement, les enjeux de marché ou encore l’importance du timing. « Souvent, un produit technologique, dans un monde connecté, est appelé à interagir avec d’autres solutions numériques. Au-delà des idées, il y a un contexte qu’il faut considérer », assure Pascal Bouvry. L’exemple de Meta, qui a consacré des moyens exorbitants au développement du métavers, révèle que le marché n’est pas forcément réceptif à de nouvelles idées ou, le cas échéant, n’a pas atteint le niveau de maturité requis. « Dans l’histoire des évolutions technologiques, les exemples sont nombreux. Il est important de s’y intéresser pour bien cerner ces enjeux, ajoute le professeur. L’enjeu est de permettre à chacun de développer une vision prospective des technologies futures et émergentes afin d’assimiler, de diffuser et d’utiliser efficacement les connaissances et de faire les bons choix, au bon moment. »

Des sujets très variés

À travers les travaux proposés, la première génération de « technopreneurs » luxembourgeois a abordé des thématiques variées.

FINANCE

En ce qui concerne la transformation numérique de la finance dans l’optique d’en accroître l’efficacité, d’améliorer l’expérience client et de stimuler la croissance, un des travaux visait à fournir une revue pratique de cinq enjeux-clés en la matière : l’identification d’un business case, la gouvernance informatique nécessaire, le cadre de gestion du changement, l’importance et la valeur d’une approche standardisée, la confiance dans les transformations digitales.

NFT

Un autre projet visait à réaliser une analyse des lacunes en matière de normalisation dans le domaine de la blockchain et des technologies des registres distribués. Alors que les activités liées aux jetons non fongibles (NFT) sont appelées à se développer, il s’agissait d’analyser les différentes étapes de la création d’un projet recourant aux NFT sur la base d’un projet pilote : la segmentation des projets NFT, l’évaluation de l’infrastructure liée aux projets NFT, les contrats intelligents NFT, le traitement sécurisé des métadonnées, la sécurité des données, les droits de propriété intellectuelle et la fiabilité des projets NFT.

TRANSFORMATION NUMÉRIQUE

Parmi les autres travaux menés, l’un consistait à poser les bases du développement de nouveaux services de conseil pour aider les entreprises à évaluer et à améliorer leur maturité numérique. Par une approche méthodologique, il s’agit de proposer un modèle d’évaluation applicable à toute entreprise, quel que soit son secteur ou son domaine d’activité. Ce travail n’a pas permis d’identifier de norme internationale traitant de la manière dont le niveau de maturité d’une organisation doit être déterminé. Cette thèse a cherché à combler – en partie du moins – cette lacune.

PASCAL BOUVRY Professeur au sein du département Informatique Université du Luxembourg
TECH + INNOVATION 2023 19
« Donner les clés pour faire de la technologie un catalyseur de croissance dans l’industrie du numérique. »

« Le potentiel de l’intelligence artificielle est désormais libéré »

L’intelligence artificielle (IA) va profondément modifier nos manières de travailler. S’il s’agit d’une révolution, elle n’est pas pour autant simple à appréhender. Explications avec Nicolas Griedlich, partner, et Anke Joubert, senior manager, experts de l’IA chez Deloitte Luxembourg.

Photo MATIC ZORMAN
20 TECH + INNOVATION 2023
Selon Nicolas Griedlich et Anke Joubert, l’IA est avant tout un outil d’aide au quotidien ne fonctionnant jamais seul.

Conversation Anke Joubert et Nicolas Griedlich

L’IA est au cœur de nombreuses discussions. Si l’on s’attend à une révolution, comment en définir l’ampleur ?

NICOLAS GRIEDLICH (N. G.) Nous assistons en effet à une accélération du déploiement des outils d’IA. Cependant, les concepts qui y sont associés ne sont en rien nouveaux. Les possibilités liées à l’IA font l’objet d’une exploration depuis plusieurs décennies. Aujourd’hui, de nombreux acteurs déploient cette technologie dans tous les secteurs. On accède beaucoup plus facilement à des solutions avancées d’exploitation et de traitement de la donnée qui s’appliquent à de nombreux cas d’usage dans beaucoup de domaines d’activité. Il ne faut pas forcément être un professionnel du numérique pour tester ces solutions et explorer les possibilités offertes par ces outils. Il suffit simplement de quelques clics – et c’est gratuit – sans que des bonnes pratiques ou un cadre soient clairement établis.

Quelles sont les principales raisons menant à l’accélération de l’IA ?

ANKE JOUBERT (A. J.) L’accélération en cours depuis 10 ans s’explique, entre autres, par une démocratisation des ressources informatiques, ainsi qu’un accès plus aisé à de la puissance de traitement, notamment grâce au développement des plateformes cloud et à leur adoption par un nombre croissant d’acteurs. Le potentiel de l’IA est désormais libéré.

ChatGPT, depuis quelques mois, suscite beaucoup d’émoi – de l’enthousiasme autant que des craintes. Quel regard portezvous sur les enjeux liés au déploiement de ces solutions ?

A. J. En effet, ChatGPT a initié le buzz autour de l’IA générative après l’ajout, par OpenAI, d’une simple interface interactive par-dessus un modèle de langage de grande taille (large language model – LLM), en novembre dernier. De ce fait, la société a rendu l’IA générative accessible au grand public. Cependant, nous devons être prudents lorsque nous abordons l’IA générative. En effet, nous devons l’aborder dans son ensemble, et ne pas la restreindre

à ChatGPT. L’IA générative inclut une multitude d’outils basés sur cette technologie, notamment la génération de textes, mais aussi d’images, de code, de voix, de vidéos. L’accessibilité accrue à ces outils a suscité une excitation et une ouverture à de nombreuses opportunités, mais nous devons garder à l’esprit que leur adoption implique certains défis et risques…

N. G. Le potentiel des IA génératives est énorme. Si ChatGPT constitue la première génération de ces solutions, aujourd’hui, des millions d’outils s’appuient sur cette technologie. Jusqu’à présent, les applications d’IA étaient déployées dans une optique d’automatisation des processus pour fluidifier le suivi d’opérations. Avec cette nouvelle génération de solutions, on explore le potentiel créatif des solutions d’IA. Cependant, il faut également se rappeler que ces outils font exactement ce pour quoi ils ont été imaginés : générer des réponses. Ils le font à la demande, sur la base du contenu qui leur est fourni au départ et de ce qu’ils ont appris. Vous leur posez une question et vous obtenez une réponse. Est-elle bonne ou mauvaise ? Si vous connaissez le sujet, vous pourrez facilement vous en rendre compte. Dans le cas contraire, vous n’êtes pas en capacité d’évaluer la validité de la réponse.

Pour un dirigeant d’entreprise, comment bien appréhender les possibilités associées à cette technologie ?

N. G. Aujourd’hui, l’IA est la technologie la plus avancée pour valoriser les données dont on dispose. L’enjeu est de voir comment cela peut soutenir des processus, lever des freins et satisfaire de nouveaux besoins. Il ne s’agit pas de faire de l’IA pour de l’IA. Il y a un enjeu essentiel d’éducation préalablement à tout projet. Si l’IA est appelée à se déployer dans de nombreux contextes, les équipes doivent être en capacité de comprendre comment elle agit, d’évaluer les résultats de son travail, ainsi que la valeur de ce qui est généré. L’enjeu actuel est de préserver la maîtrise, ainsi que la connaissance des processus utilisés dans l’entreprise.

« L’IA est la technologie la plus avancée pour valoriser les données dont on dispose. »
22 TECH + INNOVATION 2023
NICOLAS GRIEDLICH Partner Deloitte Luxembourg

L’IA s’appuie sur l’humain autant que l’humain est appelé à travailler avec elle, en somme…

N. G. Dans notre approche, nous n’évoquons jamais l’IA seule, mais l’« IA avec… », comme un outil d’aide dans le quotidien professionnel. La technologie, en l’état, ne va pas remplacer l’humain, mais le soutenir. Si les IA génératives sont appelées à produire du contenu et même des éléments créatifs, il faudra toujours en valider la pertinence. L’IA ne remplacera pas la discussion que nous avons aujourd’hui. Par contre, elle peut nous aider à préparer l’interview, préciser les questions et préparer les réponses. Toutefois, la pertinence de l’article qui sera produit s’appuie essentiellement sur l’échange qui a eu lieu autour du sujet.

Aujourd’hui, dans la sphère business au Luxembourg, quels sont les cas d’utilisation les plus fréquents ?

A. J. Les cas d’utilisation les plus fréquents ont recours au traitement du langage naturel : un type spécifique d’IA qui permet notamment d’extraire des éléments d’information utiles d’un document pour, par exemple, soutenir un processus ou alimenter une base de données. La technologie permet notamment des gains de temps importants dans la mise en œuvre d’une procédure de KYC ( know your customer, ndlr ). Cette même technologie est celle qui se retrouve derrière les agents conversationnels, à l’instar des chatbots, pour soutenir l’interaction avec les utilisateurs. L’IA dans le domaine de la reconnaissance d’image est aussi déployée dans divers cas d’usage. Elle permet d’aller rechercher de l’information dans des documents qui ne se présentent pas sous la forme de texte, mais d’image. Par exemple, on peut utiliser la reconnaissance d’image pour évaluer les dégâts sur une voiture au départ d’une photo. Cela permet d’éviter beaucoup d’interventions manuelles.

N. G. Le traitement du langage naturel est aussi beaucoup utilisé pour transcrire des échanges et faire des résumés d’une discussion. Ces quelques exemples, toutefois, ne permettent pas de se rendre compte de l’étendue des

possibilités offertes par ces technologies. Aujourd’hui, l’enjeu est de partir de besoins et de points de friction identifiés au niveau d’un processus pour envisager la manière avec laquelle l’IA peut les résoudre. Dans la plupart des cas, si la donnée est disponible, déjà maîtrisée par l’entreprise et que le projet a du sens pour le business, il y a des solutions à mettre en œuvre.

Les IA génératives semblent avoir un potentiel de transformation plus important encore. Quels sont les cas d’utilisation les plus fréquents ?

A. J. Les possibilités sont aussi nombreuses. On peut, par exemple, évoquer le recours à ces solutions pour la mise en place de formations. Elles permettent de proposer des sessions ou de créer des vidéos animées avec un avatar autour de divers sujets. Dans l’industrie créative, la capacité des IA à générer des images pour des besoins publicitaires sans devoir recourir à une séance de prise de photos ouvre également de nouvelles perspectives.

N. G. Autour de ces sujets, des enjeux relatifs à la propriété intellectuelle se posent encore. Il y a lieu de se demander qui détient les droits d’auteur : si l’on demande par exemple à une IA de nous écrire une chanson à la manière de Nick Cave, à qui reviennent les droits d’auteur ? Cet artiste, en particulier, s’est dit scandalisé par ce type de démarche.

En l’occurrence, au regard des capacités de cette technologie, elle est en mesure de faire le travail réalisé par des rédacteurs, des graphistes, etc. Si elle ne les remplace pas, elle va profondément affecter leur manière de travailler…

N. G. Je ne pense pas que l’IA va remplacer des métiers, tels que le métier de journaliste. Nous sommes ainsi aujourd’hui confrontés à une prolifération de fake news, dont la production peut être soutenue par l’IA et qui affectent nos démocraties. Dans ce contexte, le recours à ces technologies va contribuer à remettre en lumière la vraie valeur du métier de journaliste, qui est de garantir la véracité de

UN IA ACT ?

Actuellement, le législateur européen avance sur son projet de réglementation visant à encadrer l’intelligence artificielle. Son objectif est de veiller à ce que les systèmes d’intelligence artificielle mis sur le marché et utilisés au sein de l’Union européenne soient sûrs et respectent les valeurs de celle-ci, ainsi que la législation en vigueur en matière de droits fondamentaux.

Cette réglementation doit favoriser les investissements et l’innovation dans le domaine de l’IA, renforcer la gouvernance et l’application effective de la législation existante en matière de droits fondamentaux et de sécurité, et faciliter le développement d’un marché unique pour les applications d’IA.

« Il faut veiller à un équilibre : ne pas bloquer l’innovation, tout en s’assurant qu’elle sera mise en œuvre de manière sûre. »
TECH + INNOVATION 2023 23

Conversation Anke Joubert et Nicolas Griedlich

l’information qui est diffusée, en questionnant et recoupant les sources, en vérifiant les faits, et, enfin, en portant un regard critique sur l’information propagée. Dans le domaine du design, l’IA peut également permettre d’épargner beaucoup de temps et d’argent lors des étapes de recherche préliminaire pour la mise en œuvre d’un nouveau concept de voiture, par exemple.

A. J. L’IA, comme d’autres technologies avant elle, va nous soutenir dans ce que nous cherchons à accomplir. Elle est un accélérateur, nous permettant d’atteindre plus facilement les objectifs que nous nous sommes fixés. Elle permet à l’humain de concentrer ses efforts autour des enjeux pour lesquels il a une réelle valeur ajoutée à apporter.

N. G. C’est pour cela que la bonne manière d’aborder l’IA est d’abord de regarder vos objectifs et vos processus, pour voir comment la technologie peut y contribuer. Dans beaucoup de cas, on voit que l’IA peut aider à résoudre de nombreuses problématiques.

A. J. Si certaines tâches réalisées aujourd’hui par des humains sont appelées à être effectuées par l’IA, cette transformation va aussi induire de nouveaux jobs et exiger de nouvelles fonctions. Travailler avec l’IA implique d’autres compétences. Il ne suffira pas, demain, de demander à OpenAI de créer la campagne marketing parfaite. Ce n’est pas simple. Il ne suffit pas de faire une demande. Il faut développer d’autres approches, qui exigeront sans doute d’autres compétences dans l’ingénierie ou dans le domaine de la linguistique.

Récemment, plusieurs figures scientifiques et de la tech ont lancé un appel, demandant un moratoire de six mois sur la recherche autour de l’IA. Quel regard portez-vous sur cette initiative ?

N. G. Derrière cet appel, on peut se dire que certains sont favorables à ce moratoire pour des raisons d’agenda. Mais sur le fond, je pense que l’enjeu est de donner du temps pour sensibiliser les utilisateurs, les décideurs, les législateurs, et leur permettre de bien appréhender l’impact de cette

TROIS BRANCHES DE L’IA

NLP

Le traitement du langage naturel (natural language processing ou NLP, en anglais) est une branche de l’intelligence artificielle qui permet aux ordinateurs de comprendre, générer et manipuler le langage humain.

IA générative

Ce concept désigne des algorithmes d’intelligence artificielle et de machine learning qui utilisent des contenus existants au service de leur apprentissage pour en générer de nouveaux. Il peut s’agir de la génération de textes, de sons, d’images…

LLM

Un modèle de langage de grande taille (large language model ou LLM, en anglais) est un modèle de traitement de langage naturel qui utilise un grand nombre de données textuelles pour apprendre à prédire les phrases et les mots suivants dans un texte donné.

technologie. Dans ce contexte, je pense que c’est un appel raisonnable. Les développements en la matière vont très vite et la plupart des acteurs ne sont pas prêts pour cela. Il faut s’assurer que chacun puisse bien comprendre la technologie, ses possibilités, et l’adopter de manière fiable. Pour cela, on a besoin de lignes de conduite claires.

A. J. Il faut veiller à un équilibre pour ne pas bloquer l’innovation, tout en s’assurant qu’elle sera mise en œuvre de manière sûre. Au regard de la vitesse à laquelle se développent les solutions, les régulateurs doivent appréhender rapidement les enjeux inhérents à leur déploiement. Il s’agit de permettre l’adoption de l’IA, tout en prévenant les risques de dérive qui pourraient porter atteinte à la société. Le côté rassurant est que la plupart des textes sont déjà là pour cadrer l’usage de certaines informations dans les modèles d’IA, comme le RGPD (Règlement général sur la protection des données, ndlr) ou encore l’AI Act (Artificial Intelligence Act, ndlr).

24 TECH + INNOVATION 2023

Vous innovez dans la tech ? Protégez votre PI !

Les entreprises détenant des droits de PI performent mieux que les autres1. Nous vous accompagnons pour capter et protéger votre PI.

Les différents secteurs de la tech reposent sur l’innovation technologique. Les acteurs, des startups aux multinationales, développent des solutions techniques et digitales au quotidien ; il est primordial de penser à les protéger par les droits de propriété intellectuelle (PI). En effet, les droits de PI confèrent des monopoles d’exploitation (donc d’interdire la copie), qui vont permettre un retour sur investissement et d’augmenter la valeur de l’entreprise

Il importe surtout que l’entreprise intègre une étape de décision sur le mode de protection de ses projets. Le brevet d’invention, voie royale de protection des innovations technologiques (y compris impliquant des algorithmes et l’Intelligence Artificielle) n’est pas le seul moyen de protection. En pratique, on combine souvent plusieurs droits pour protéger un objet donné, tels que : les marques (protection du nom d’une société, de son logiciel et de ses produits ou services) ; dessins et modèles (protègent l’apparence des objets, mais

également les interfaces graphiques) et les droits d’auteurs (œuvres de l’esprit originales telles que publicités, livres, musiques, films et logiciels).

Office Freylinger est un cabinet historique de la PI au Luxembourg. Notre équipe multiculturelle de 13 experts en PI (ingénieurs et juristes) conseille au quotidien les entreprises de la Grande-Région dans tous les secteurs techniques et économiques, offrant la gamme complète de services (recherches et analyses, dépôts en Europe et dans le monde, exploitation et défense des droits). Notre métier est de vous accompagner pour bâtir une stratégie de PI sur mesure

EN SAVOIR PLUS OFFICE FREYLINGER S.A. 234 route d’Arlon L-8001 STRASSEN 31 38 301 www.freylinger.com
Philippe OCVIRK, OFFICE FREYLINGER S.A. Conseil en propriété industrielle (LU, FR) Mandataire en brevets européens European Patent Litigator philippe.ocvirk@freylinger.com
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1. EUIPO - 2022 INTELLECTUAL PROPERTY SME SCOREBOARD Crédit Emmanuel Fradin

Parlez-vous IA ?

1

Intelligence artificielle (IA)

Avant d’aller plus loin, commençons par définir ce qu’est l’IA. Il s’agit de la possibilité pour une machine de reproduire certains comportements humains, comme la planification ou le raisonnement. En développant des algorithmes et en intégrant d’importantes quantités de données, une machine est capable d’apprendre et ainsi de reproduire un certain nombre de ces comportements. L’IA est utilisée dans de nombreux domaines et, chaque jour, le champ des applications s’étend.

4

Calcul de haute performance

Le calcul de haute performance offre de nombreuses opportunités aux entreprises, de manière générale. Cette technologie est rendue possible par des systèmes de calcul extrêmement puissants pouvant résoudre rapidement des problèmes très complexes. L’utilisation de l’intelligence artificielle génère un volume important de données. Le calcul de haute performance permet leur traitement rapide, voire quasiment en temps réel.

Les technologies de l’intelligence artificielle (IA) prennent de plus en plus de place dans nos vies quotidiennes. Un tout nouveau vocabulaire est donc en train d’apparaître. Découvrons-en une partie.

2

Machine learning

Également appelé « apprentissage automatique ». Son développement est basé sur la création de systèmes qui apprennent et améliorent leurs connaissances à partir des données qu’ils traitent. Deux types de machine learning existent. Le premier est dit supervisé. Dans ce cas, les informations intégrées dans le système sont gérées par un humain. Le second type est non supervisé. Ici, la machine apprend seule, par elle-même, selon une instruction donnée.

5

Big data

Le big data, ou « mégadonnées », est l’ensemble des données qui sont produites lorsque nous utilisons des technologies numériques. Ce concept est basé sur le principe des trois V : volume, variété et vélocité. D’une part, la quantité et la variété de données augmentent de plus en plus. D’autre part, avec l’aide de l’IA, le big data permet de traiter rapidement un nombre conséquent d’informations. Ce qui, en retour, entraîne une augmentation des performances des IA, bouclant ainsi la boucle.

3

Deep learning

L’apprentissage profond, traduction de deep learning, est une technologie sous-jacente du machine learning qui s’appuie sur un réseau de neurones artificiels. Ce dernier a pour objectif d’imiter le cerveau humain et son réseau neuronal. Dans le deep learning, les couches neuronales communiquent entre elles, et chacune interprète les informations transmises par la couche précédente. Plus il y a d’informations traitées, plus le système est performant.

Journaliste MARIE JACQUEMIN
VOCABULAIRE 26 TECH + INNOVATION 2023

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L’expérience employé réinventée

À l’heure où le marché du travail est de plus en plus compétitif, attirer et fidéliser les meilleurs talents devient un enjeu crucial pour le développement des entreprises. « Nous croyons en la consolidation de l’expérience employé, du recrutement à l’expérience alumni » affirme Daniel MEYER, Talent Manager au sein de Fujitsu Luxembourg. Il explique : « Nous avons donc entrepris une approche complète et développé une stratégie mettant en valeur chaque étape de la carrière de nos employés : la plateforme ‘ Pulse ’ pour le recrutement, l’application ‘ Fujitsu & me ’ comme canal de communication interne et de vie dans l’entreprise en général (fun event, moment de rencontre, team building, …) et le programme ‘ Boost ’ pour offrir un développement de carrière individuelle et des formations ciblées ». Cette démarche vise ainsi à offrir une expérience complète et enrichissante aux employés, à toutes les étapes de leur parcours professionnel.

En quoi le programme de recrutement « Pulse » de Fujitsu se distingue des approches traditionnelles ?

Fujitsu Luxembourg a lancé la plateforme de recrutement « Pulse » en réponse à un besoin spécifique de professionnels de la Tech. « Il s’agit non seulement de leur présenter l’ensemble de nos opportunités de carrières, mais aussi de simplifier le processus d’embauche. Grâce à une interface intuitive, les candidats peuvent facilement soumettre leurs CV, leurs lettres de motivation et d’autres documents justificatifs, en relation directe avec notre équipe RH. » explique Daniel MEYER.

« Avec ‘ Pulse ’, il s’agit également de véhiculer nos valeurs au plus tôt et de présenter nos engagements, notamment en matière de développement durable, de diversité et de bien-être au travail. » précise le Talent Manager. « Dès le processus de recrutement, les candidats comprennent alors la culture de l’entreprise et peuvent se l’approprier. Notre approche ‘ Be completely you ’ présentée dans la plateforme ‘ Pulse ’ reflète d’ailleurs bien notre engagement envers la diversité, l’équité et l’inclusion au sein de Fujitsu ».

Après l’étape du recrutement, comment se passe l’intégration au sein de Fujitsu et comment maintenez-vous le lien avec vos collaborateurs ?

Alors que les effectifs de Fujitsu Luxembourg avoisinent les 230 salariés, dont plus des deux tiers sont basés en externe chez les clients, il est essentiel de mettre en œuvre des actions concrètes pour maintenir la communication et développer l’esprit

Fujitsu Luxembourg place l’expérience employé au centre de ses valeurs contribuant à attirer et fidéliser les meilleurs talents dans un environnement de travail stimulant et enrichissant.
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Crédits Fujitsu

d’équipe. « Nous avons lancé l’application ‘ Fujitsu & me ’ en octobre 2022 pour être mieux connectés avec nos employés et qu’ils puissent rester informés des actualités de l’entreprise, telles que les événements organisés, les nouveaux arrivants, mais aussi les projets en cours. Il s’agit d’un espace convivial, qui permet les interactions et le partage d’idées, dans lequel nous faisons découvrir Fujitsu au Luxembourg, tout en valorisant le vivre-ensemble » explique Daniel MEYER.

C’est l’ensemble de l’environnement de travail au sein de Fujitsu Luxembourg qui est valorisé dans l’application « Fujitsu & me », créant ainsi une véritable dynamique, impulsée notamment par l’organisation d’événements internes. Fujitsu Luxembourg entend ainsi stimuler l’innovation et l’engagement de ses collaborateurs. Entre événements conviviaux pour célébrer le Printemps, Noël ou même Halloween, ateliers interactifs et présentations thématiques, Fujitsu Luxembourg offre ainsi des opportunités précieuses d’apprentissage et de partage de connaissances entre les différentes équipes. Les événements internes permettent en effet de se tenir informés des dernières avancées technologiques et des tendances émergentes.

Daniel MEYER ajoute « Nous accordons une attention particulière aux démarches ESG, qui reflètent notre engagement envers la durabilité environnementale, l’équité sociale et une gouvernance solide. Les événements internes constituent un moyen efficace de sensibiliser nos collaborateurs à l’importance de ces initiatives et de les encourager à adopter des pratiques durables dans leur travail quotidien ».

Le parcours du salarié est pris en main tout au long de sa carrière au sein de Fujitsu. Comment cela se traduit-il ?

Dans le cadre de son programme de développement de carrière et de talents nommé « Boost », Fujitsu adopte une approche axée sur l’épanouissement et la création de valeur. Celle-ci prend appui sur deux piliers fondamentaux : l’apprentissage et le développement de talents. L’objectif de ce programme est ainsi d’assurer l’épanouissement des salariés, tout en créant une valeur positive pour l’ensemble de l’écosystème de l’entreprise.

« Le volet apprentissage de notre programme repose sur la conviction que nos employés doivent constamment acquérir de nouvelles compétences en phase avec les nouvelles technologies, leurs attentes et les tendances du marché. Pour ce faire, nous mettons à leur disposition un coaching adéquat, des formations théoriques et pratiques et des opportunités d’apprentissage sur le terrain » explique Daniel MEYER.

Une attention particulière est également portée au développement des compétences individuelles. Pour ce faire, des échanges réguliers et personnalisés sont mis en place avec les collaborateurs. Ces interactions permettent d’identifier les domaines d’amélioration et de développement spécifiques à

Comment ces deux piliers dialoguent-ils dans l’écosystème de Fujitsu ?

« Les piliers de l’apprentissage et du développement de talents se complètent harmonieusement pour insuffler une dynamique de travail positive qui se traduit par une prestation de services de qualité supérieure qui satisfait nos clients et renforce notre position sur le marché. »

« Réduction du turnover, stimulation de l’innovation ou encore meilleure performance professionnelle sont autant d’avantages qui se ressentent dans nos services. Ainsi, nos clients ont la garantie de recevoir un service et du conseil d’experts de la part d’une équipe motivée, compétente et épanouie. »

L’ expérience employé proposée par Fujitsu repose donc sur une approche holistique axée sur l’apprentissage et le développement individuel. En prônant une politique d’entreprise centrée sur le bien-être de ses collaborateurs et sur une démarche ESG solide, Fujitsu crée une valeur positive pour l’ensemble de son écosystème et contribue à construire une société plus responsable.

chaque employé. Le Talent Manager l’affirme : « Cet engagement en faveur du développement continu témoigne de notre investissement dans la réussite et l’évolution à long terme de nos employés. »

« Assurer la satisfaction de nos collaborateurs, c’est apporter une plus-value certaine à nos clients et partenaires »
DANIEL MEYER Talent Manager Fujitsu Luxembourg
FUJITSU TECHNOLOGY SOLUTIONS S.A. Parc d’activités Capellen 89C rue Pafebruch
Capellen www.fujitsu-pulse.com
L-8308

« Se former dans un domaine en constante évolution »

La formation continue est cruciale à l’heure de la digitalisation. Serge Linckels, directeur adjoint du Service de la formation professionnelle au ministère de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse (MENJE) et coordinateur du Digital Learning Hub, en évoque les enjeux dans le domaine de l’IT.

64 %

64 % des résidents luxembourgeois disposent de compétences numériques élémentaires, selon l’indicateur Desi (Digital Economy and Society Index), contre 54 % pour la moyenne européenne. À l’autre extrême, la part des spécialistes des TIC en pourcentage de l’emploi est de 6,7 %, au-dessus de la moyenne européenne de 4,5 %. Ainsi, parmi les 27 États membres de l’Union européenne, le Luxembourg occupe la 6e place du classement relatif au capital humain en matière de société numérique. Toutefois, la proportion d’entreprises assurant à leurs salariés une formation dans les domaines des TIC enregistre un recul, passant de 27 % en 2020 à 21 % en 2022.

Le Digital Learning Hub a ouvert ses portes il y a un an et s’attache à la formation dans les domaines des technologies et de l’IT. Quel est le premier bilan de ses activités ?

Le Digital Learning Hub est lié au MENJE et a comme mission de contribuer à réduire le digital skills gap ou, en français, les différences de niveau de connaissances concernant les outils informatiques et digitaux. Les premières formations ont eu lieu à partir du mois de juin 2022. Depuis, ce sont 2.000 personnes qui ont été formées au travers des 200 formations déjà dispensées.

Il s’agit de proposer des cours aux personnes qui souhaitent développer de nouvelles compétences ou perfectionner leurs connaissances dans différents domaines de l’IT et des technologies. Les sujets sont variés : développement web, cybersécurité, ingénierie des données, intelligence artificielle… L’objectif du Digital Learning Hub est clair. Nous voulons offrir la possibilité à tous de se former dans un domaine qui est en constante évolution.

Comment gérez-vous justement cette évolution constante du secteur ?

Le Digital Learning Hub se démarque par sa capacité d’adaptation : nous faisons en sorte de proposer des formations qui répondent aux besoins du marché de l’emploi, en développant les compétences dont il a besoin. Pour cela, nous travaillons en étroite collaboration avec l’Adem et nous entretenons un échange permanent avec les entreprises du secteur. Enfin, nous sommes en train de développer une intelligence artificielle qui analyse les offres d’emploi, quasiment en temps réel, afin de mettre en exergue les compétences demandées. Si certaines de ces compétences reviennent régulièrement, nous ferons en sorte de proposer rapidement une formation.

Quels sont les profils les plus demandeurs en besoins de formation ?

Nous identifions trois catégories de personnes susceptibles de suivre une formation au sein du Digital Learning Hub. Tout d’abord, nous avons un public de professionnels (salariés, indépendants…)

FORMATION CONTINUE
30 TECH + INNOVATION 2023

qui cherchent à approfondir leurs connaissances par eux-mêmes. Ils souhaitent généralement avoir accès à des formations très précises, par exemple par rapport aux technologies blockchain. Les entreprises sont également nombreuses à encourager la formation de leurs salariés afin de les sensibiliser à certaines thématiques, comme la cybersécurité et l’intelligence artificielle. En deuxième lieu, les demandeurs d’emploi constituent une autre partie importante de notre public. Leur objectif est de développer des compétences recherchées sur le marché du travail et d’augmenter leur employabilité.

Enfin, la troisième catégorie, bien qu’elle soit moins importante, concerne les jeunes avec ou sans baccalauréat, qui sont à la recherche d’un cursus non traditionnel. Nous essayons également d’inciter les jeunes en situation de décrochage scolaire ou universitaire à nous rejoindre.

L’équilibre entre les hommes et les femmes constitue-t-il un défi dans vos formations ?

Il faut souligner que 44 % des personnes formées au sein du Digital Learning Hub sont des femmes, ce qui est un beau résultat, surtout dans un domaine qui a longtemps été considéré comme masculin.

Selon vous, quelles sont les stratégies à développer, tant au niveau gouvernemental qu’au niveau privé, afin d’encourager la formation continue dans le domaine du digital ?

La majorité des entreprises sont conscientes que nous sommes en plein cœur d’une période de transformation numérique et que le Luxembourg veut se positionner comme une IT nation. Afin d’accélérer cette transition, le gouvernement a établi une stratégie digitale, débloquant notamment des ressources destinées à épauler les entreprises dans cette étape importante. Ainsi, le Digital Learning Hub a été créé par le MENJE afin de disposer d’une structure agile qui offre des formations en IT accessibles à tous.

Comment cette stratégie se complètet-elle par d’autres éléments ?

Différentes mesures ont été prises afin d’encourager chacun à développer ses compétences professionnelles. Par exemple, le congé individuel de formation permet aux personnes suivant des formations de bénéficier de jours de congé, sous certaines conditions. Le cofinancement, destiné à soutenir les entreprises en finançant une partie de leur plan de formation, est également disponible. Les structures peuvent ainsi recevoir une aide correspondant à 15 % imposables du montant annuel investi dans la formation. Enfin, un projet de loi, nommé SkillsPlang, a été proposé à la fin du mois d’avril. Son objectif est d’encourager la formation continue au sein des entreprises, principalement dans les PME.

Lors de chaque demande, une analyse de la structure sera effectuée et, selon les résultats, des aides et des propositions de formation seront soumises. Cela permettra de répondre à la demande sur le marché du travail. Il est à noter que, de manière générale, tout le monde a droit à la formation, et il s’agit donc de permettre à tous les citoyens d’avoir la possibilité de développer ces compétences essentielles.

SERGE LINCKELS Coordinateur Digital Learning Hub
TECH + INNOVATION 2023 31
« Nous sommes en train de développer une intelligence artificielle qui analyse les offres d’emploi quasiment en temps réel. »

« Pour recruter des profils techniques, il faut de l’huile de coude »

À la tête du cabinet de recrutement

A-Player, spécialisé dans les profils tech, Grégory Herbé est directement confronté à la pénurie de talents qui sévit durablement, au Luxembourg comme ailleurs, et ouvre

quelques pistes de réflexion pour améliorer la situation.

Photo MATIC ZORMAN Journaliste MICHAËL PEIFFER
32 TECH + INNOVATION
2023 Conversation Grégory Herbé

Face aux difficultés de recrutement des profils tech, Grégory Herbé préconise plus de transparence et de précision dans les descriptions de postes.

Conversation Grégory Herbé

Voici déjà quelques années que l’on parle régulièrement de pénurie de talents dans les TIC, tant au Luxembourg qu’ailleurs. En tant que recruteur spécialisé, quel regard portez-vous sur cette problématique et son évolution ?

Aujourd’hui, le marché de l’emploi dans les domaines technologiques est similaire à celui que l’on connaît depuis plusieurs années. La situation est tendue. Les employeurs sont très demandeurs et il est vraiment très compliqué de trouver des développeurs, des chefs de projet, des directeurs techniques, etc. La seule différence, assez récente, réside dans la disponibilité de profils issus des Gafam, voire de sociétés de même taille qui sont un peu moins sous les projecteurs. Certaines de ces personnes se retrouvent dans des programmes de licenciement, d’autres anticipent et sont désormais à l’écoute du marché. Elles ont vécu 10 ou 15 ans d’enchantement, avec des salaires mirobolants, des stock-options qui prenaient de la valeur. Et puis, d’un coup, la guerre en Ukraine a tout chamboulé. Les marchés ont plongé et les sociétés de la tech ont suivi le mouvement. Cette nouvelle tendance ne vient toutefois pas changer la physionomie fondamentale du marché. Ces nouveaux candidats potentiels sont horriblement chers et impossibles à embaucher pour la plupart des entreprises. Du moins pour le moment.

Dans ce contexte difficile, comment faut-il s’y prendre pour recruter ? Aujourd’hui, pour recruter des profils techniques, il faut de l’huile de coude et beaucoup de temps. Pour vous donner un ordre d’idées, pour recruter un développeur senior, il faut contacter entre 200 et 300 personnes et espérer 10 % de retour. Sur ces 20 ou 30 personnes qui vont prendre la peine de répondre, 95 % vont ensuite décliner pour diverses raisons : « Non, ça ne m’intéresse pas », « Non, j’ai changé de techno », ou tout simplement « Comment avez-vous obtenu mon adresse e-mail ? ». Il reste finalement entre deux et trois personnes, qui ont des salaires et des desiderata

importants, des gens qui vous mettent en concurrence de façon tout à fait transparente, et qui vous annoncent 15 jours plus tard qu’ils ont choisi autre chose… Cette phase de recrutement peut être plus simple si on fait appel à un professionnel, mais la patience est toujours de mise. Au niveau des développeurs, le fait d’intégrer leur réseau n’est pas très utile, mais il existe toutefois des méthodes assez simples pour leur parler.

Quelles sont ces méthodes ?

Il faut être extrêmement clair sur les technologies utilisées, maîtriser soimême le sujet – c’est-à-dire savoir à quoi ça sert – et être pertinent sur le ciblage des personnes. Un problème récurrent dans le recrutement IT est que l’on contacte toutes les personnes qui ont un titre de développeur. Or, il existe de nombreux types de développeurs, spécialisés dans des technologies différentes, et ils n’aiment pas trop être confondus. Il faut ensuite livrer une information directement utilisable, avec

Les entreprises exigent des niveaux de formation de plus en plus élevés.

Source ICT: Jobs with a future!Fedil et ABBL
PROPORTION DES TYPES DE DIPLÔMES RECHERCHÉS DANS LES TIC
Master/Doctorat 60,4 % Bachelor 29,4 % BTS 6,1 % Bac 1,2 % DAP 0,7 % Technicien 2,2 % 34 TECH + INNOVATION 2023

une définition des missions, le montant du salaire, qui sera leur manager, qui seront leurs collègues, avec un lien vers leur profil LinkedIn, s’ils auront ou non la possibilité de travailler à distance, combien de jours… En résumé, il est utile de construire une fiche de poste très détaillée. Grâce à cela, on obtient plus facilement une réponse ; même si c’est un refus, ils y voient une plus grande marque de respect.

En amont, faut-il aussi opérer un travail de sensibilisation avec les entreprises, leur apprendre à être plus attractives ? Sur ce point, beaucoup de choses ont déjà été réalisées. On peut sans doute encore faire mieux. Par exemple, dans certains États américains, il y a une obligation légale d’inscrire la rémunération dans les offres d’emploi. Nous pouvons sans aucun doute éduquer les entreprises à devenir plus transparentes au niveau des salaires, à arrêter de retenir l’information, mais bien à en donner davantage. Sur le branding, tout a déjà été fait ou presque. Soit on est une société technologique et, dans ce cas-là, les développeurs présents font indirectement la pub de la boîte auprès de leur communauté, soit on n’est pas une société reconnue comme technologique, et ça ne sert à rien d’essayer de se déguiser.

de l’écosystème technologique luxembourgeois ?

Il y a une habitude au Luxembourg à aller chercher des talents à l’extérieur des frontières. Et ce que je remarque, c’est que le pays attire moins qu’auparavant. Le logement est un problème. Mais il y a d’autres freins. Si le salaire minimum est par exemple plus élevé qu’à Paris, l’écart se réduit pour des postes plus expérimentés. Cela dit, le Luxembourg dispose de nombreux atouts. Certaines start-up connaissent un beau succès, mais il faut encore construire ce grand ensemble où les porteurs de projet viennent au Luxembourg, s’y installent, investissent et créent une véritable dynamique positive. De mon point de vue, c’est encore trop compliqué de créer sa boîte au Luxembourg. En France, il faut 20 minutes pour le faire. Ici, il faut d’abord obtenir une autorisation d’établissement, présenter un diplôme sans lequel vous ne pourrez rien faire, etc. Vous croyez que Xavier Niel ou Richard Branson ont des diplômes ? Cette vision est un héritage des années 80, qui veut que si l’on a un diplôme, on est qualifié… C’est faux. Le potentiel est là, mais il faut encore simplifier les choses pour créer un écosystème complet plus favorable à l’entrepreneuriat.

UN PARCOURS D’ENTREPRENEUR

Entrepreneur et recruteur, Grégory Herbé crée sa première entreprise en 2004 sous la forme d’un cabinet de recrutement de jeunes diplômés, baptisée Ecetera, qu’il revend dès 2006.

Il rejoint alors la start-up Moovement, un agrégateur d’offres d’emploi, et passe ensuite par un cabinet de recrutement plus classique où il accompagne le recrutement de profils techniques pour les start-up. En 2011, il fonde MyJob.Company, rachetée par Kalicea en 2017. Un an plus tard, il rejoint l’aventure Nexten.io au Luxembourg, aux côtés d’Eric Busch, avant de lancer A-Player, son cabinet de recrutement spécialisé dans les talents pour les start-up.

Qu’en est-il des aspects liés à la formation ?

Il y a certainement un point que les entreprises doivent prendre en considération, c’est celui de la formation interne. Beaucoup de gens se sont formés en tant que développeurs durant la crise du Covid. Aujourd’hui, ces développeurs juniors disposent d’un à trois ans d’expérience. Une piste est sans doute d’investir dans ces personnes. Peut-être ne seront-elles pas immédiatement opérationnelles, mais après une bonne formation en interne, elles auront une valeur et pourront faire le job voulu. Quoi qu’il en soit, l’entreprise aurait mis un an pour trouver le bon profil. On arrive donc au même résultat.

En tant qu’expatrié français, quel est votre regard sur l’attractivité

36 TECH + INNOVATION 2023
« Pour recruter un développeur senior, il faut contacter entre 200 et  300 personnes. »

Tokenisation and DLT are more than a technical solution, they create conditions to reengineer the entire model.

Build the future with tokenised investment funds

Digital distribution is essential for industry growth and increased accessibility of investment funds. Tokenisation is the cornerstone of any next-generation model says Bernard Simon, CIO of FundsDLT.

Future-proofing fund distribution supply chain means a gradual shift to digital-native investment funds. Underpinning this fundamental change is tokenisation and DLT, which enable the token representation of investment funds. Tokenised funds differ from traditional funds in their issuance and position recordkeeping, leveraging decentralised blockchain technology to issue and manage shares or units as digital tokens. This allows investors to easily trade and transfer tokens on blockchain-based registrars.

For investors it makes all processes simpler and less time-consuming while providing numerous benefits for institutions in the distribution chain. The technology’s decentralized nature ensures data integrity, eliminates isolated record-keeping, and enables real-time

tracking of the entire fund distribution chain. Tokenisation facilitates increased automation, enhancing operational efficiency and reducing costs. It can enhance liquidity and pave the way for fractional ownership of alternative fund shares. To achieve this vision, FundsDLT has created a private, permissioned blockchain tailored for compliant fund distribution. Private blockchains are preferred for tokenising investment funds, compared to public blockchains, due to their ability to offer greater data confidentiality, control over participation, security and compliance with KYC and AML regulations. They also offer scalability, faster transaction times, and interoperability with existing legacy infrastructure. However, tokenizing funds is more than just a technical solution. It enables better understanding of investor needs, leading to the creation of personalised products that make fund investment more attractive.

MORE INFORMATION ?

SCAN THE QR CODE ! info@fundsdlt.net

PARTNER CONTENT Crédits FundsDLT

Faciliter l’émergence de projets blockchain

L’adoption de la technologie blockchain est un enjeu économique clé pour le Luxembourg. Dans cette optique, à travers la mise en œuvre de programmes de formation et des appels à projets en phase avec les ambitions nationales, le Luxembourg Blockchain Lab veut susciter l’émulation autour de cette technologie.

Le premier appel à projets du Luxembourg Blockchain Lab a sélectionné huit projets dans des domaines aussi variés que la santé, l’agronomie, la logistique et la mobilité. Le deuxième appel à projets, actuellement en cours, vise des solutions répondant à des objectifs de développement durable fixés par les Nations unies.

Encore aujourd’hui, c’est essentiellement à travers les cryptomonnaies que la blockchain est connue et évoquée. Pourtant, cette technologie, en raison de ses propriétés, présente bien d’autres intérêts dont pourraient profiter les diverses industries, comme la logistique, la santé, le secteur public ou les finances. «  La blockchain suscite encore des craintes, le plus souvent injustifiées et liées à la réputation des cryptomonnaies , explique Emilie Allaert, head of the Luxembourg Blockchain Lab. Il faut considérer cette technologie en faisant abstraction des actifs numériques. Selon l’architecture mise en place, elle permet une meilleure gestion de l’information et offre des garanties de confiance renforcées entre parties prenantes d’une même chaîne de valeur. Elle est un levier important d’amélioration de l’efficacité de nombreux processus. L’enjeu, aujourd’hui, est de permettre aux acteurs de diverses industries d’explorer le potentiel de cette technologie au regard de leurs besoins. »

La mission du Luxembourg Blockchain Lab, dans ce contexte, est de susciter l’émulation autour de cette technologie, de rassembler les acteurs intéressés pour développer des projets concrets.

Innover et diversifier

À cet égard, le Luxembourg Blockchain Lab développe des programmes de formation et de sensibilisation autour de la blockchain, en partenariat avec le Digital Hub Luxembourg, notamment. Au-delà, l’enjeu est de permettre à de nouveaux cas d’usage d’être mis en œuvre au départ du Luxembourg. « Dans cette optique, nous procédons notamment par appels à projets. La volonté est de prendre une idée au stade de prototype et de la mettre en œuvre en situation réelle. Le premier appel à projets lancé a permis d’explorer des cas d’usage dans des secteurs aussi variés que la santé, l’agronomie, la logistique et la mobilité », explique Emilie Allaert.

Un deuxième appel à projets a été lancé à l’automne 2022, en partenariat avec la Luxembourg Sustainable Finance Initiative. Celui-ci est orienté vers des solutions répondant à des objectifs de développement durable fixés par les Nations unies. « La volonté est de démontrer que l’on peut utiliser la blockchain pour des choses positives, pour contribuer à une société plus durable, commente Emilie Allaert. La démarche s’inscrit dans la stratégie de diversification économique définie au niveau du gouvernement, qui

APPEL À PROJETS 8 38 TECH + INNOVATION 2023
Journaliste SÉBASTIEN LAMBOTTE

s’appuie sur l’innovation, le numérique et le développement durable. »

Faire preuve d’ambition

Il s’agit surtout de positionner le Luxembourg comme un centre d’excellence autour de cette technologie dans des domaines bien particuliers, en phase avec l’écosystème et les ambitions socio-économiques du pays. « Nous souhaitons que le Luxembourg soit perçu comme une terre favorable aux acteurs, ainsi qu’aux talents, à même de soutenir le développement d’approches innovantes au départ de cette technologie », explique Emilie Allaert. L’enjeu est conséquent.

« Les développements potentiels autour de cette technologie pourraient révolutionner certaines industries, notamment dans le domaine financier », poursuit la responsable. Au risque de voir mis à mal un pan majeur de son économie, le Luxembourg ne peut pas se permettre de se laisser distancer sur ce sujet.

Si cela fait maintenant plusieurs années que le Luxembourg cherche à développer des activités et des compétences autour de la technologie blockchain, cela prend toutefois du temps. Quelques projets recourant à

cette technologie ont vu le jour, notamment dans le secteur public, où l’on y fait appel pour simplifier la procédure d’octroi des prêts étudiants garantis par l’État ou encore pour garantir l’authenticité d’attestations. Dans le secteur financier, quelques acteurs se sont aussi positionnés.

Lever les freins

« Il y a beaucoup à faire. S’engager dans cette voie implique une réelle ambition, reconnaît Emilie Allaert. L’un des enjeux, pour soutenir les développements au départ de la blockchain, est de lever certains freins persistants. Il s’agit notamment de faciliter l’accès à cette technologie en réduisant les coûts à l’entrée, notamment pour tester de nouvelles solutions. »

À cette fin, le Luxembourg Blockchain Lab va mettre à disposition des plateformes et des compétences pour celles et ceux qui souhaitent évaluer de nouveaux concepts, définir les technologies et architectures blockchain les plus appropriées pour répondre à leurs besoins.

Soutenir plus activement l’adoption de la blockchain

La technologie blockchain présente un potentiel de transformation important. Dans beaucoup de domaines d’activité, et particulièrement dans la finance, elle doit permettre de se passer de nombreux intermédiaires, notamment grâce à un meilleur partage de l’information entre participants d’un même écosystème.

Son adoption, cependant, exige des investissements conséquents, un engagement réel des parties prenantes et une vraie ambition. En cette année électorale, le Luxembourg Blockchain Lab n’a pas manqué de rappeler aux divers partis

politiques les enjeux inhérents à l’évolution de cette technologie, notamment en matière de développement économique, ainsi que d’attractivité et de compétitivité du pays. À l’occasion de la publication d’une note qui leur était adressée, la structure a formulé quelques recommandations.

Le Luxembourg Blockchain Lab invite notamment à s’assurer que les réglementations et législations soient envisagées pour faciliter le développement de projets innovants au départ de la technologie. En effet, si le cadre européen se clarifie, à travers l’adoption de plusieurs

textes, il faut s’assurer que le Luxembourg soit en bonne position pour attirer des acteurs et faciliter le développement de projets. Dans cette optique, affirme la note, il faut pouvoir fournir des directives claires sur les questions réglementaires et fiscales pertinentes à destination des citoyens et des entreprises.

Le Luxembourg Blockchain Lab réclame aussi des mesures de soutien (sous diverses formes), qui font aujourd’hui défaut, en particulier pour des projets innovants ou avant-gardistes. La structure réclame aussi le lancement de projets à grande échelle, en particulier dans

la finance, la logistique et le secteur public, avec une attention particulièrement portée à la fois sur l’interdisciplinarité et l’adéquation des avantages apportés par rapport aux défis à résoudre.

La note recommande aussi d’explorer le recours à la blockchain dans une approche qui privilégie la durabilité, qui soutient la sécurité de l’information. Elle invite les futurs élus à se préparer aux cryptomonnaies, à favoriser l’écosystème de tokénisation, à soutenir la transition vers la finance décentralisée et l’accueil des organisations autonomes décentralisées.

Photo Guy Wolff (archives)
« Nous souhaitons que le Luxembourg soit perçu comme favorable aux acteurs, soutenant des approches innovantes au départ de la blockchain. »
EMILIE ALLAERT
TECH + INNOVATION 2023 39
Head of the Luxembourg Blockchain Lab

« La cybersécurité est un combat permanent »

Au Luxembourg, tout un écosystème a été mis en place pour protéger les structures privées et publiques de la menace cyber. Pascal Steichen, CEO de la Luxembourg House of Cybersecurity, nous le détaille et dévoile l’évolution récente de la cybercriminalité.

Photo MATIC ZORMAN
Journaliste QUENTIN DEUXANT
40 TECH + INNOVATION 2023
Pascal Steichen est à la tête de l’agence luxembourgeoise dédiée à la cybersécurité depuis 2010.

La Luxembourg House of Cybersecurity a été réorganisée, fin 2022. Pouvez-vous nous détailler son fonctionnement actuel ? Cette restructuration vise à rendre son organisation plus cohérente par rapport à ce qui se fait à l’échelon national et européen. En effet, au Luxembourg, le Haut-Commissariat à la protection nationale (HCPN), qui se concentre sur la cybersécurité des structures publiques et de l’infrastructure critique, compte deux pôles : l’un dédié à la réponse aux incidents et l’autre qui agit proactivement afin de prévenir les risques. Au niveau européen aussi, l’European Cybersecurity Competence Centre (ECCC) et l’European Union Agency for Cybersecurity (ENISA) couvrent ces deux besoins en réactivité et proactivité. Nous avons voulu nous organiser de la même manière au sein de la Luxembourg House of Cybersecurity avec, d’une part, le Computer Incident Response Center Luxembourg (CIRCL), qui peut réagir rapidement en cas d’attaque et, d’autre part, le National Cybersecurity Competence Center (NC3), qui fait de la prévention. L’accent mis sur l’accompagnement des entreprises reste toutefois le même. Notons que l’écosystème de la cybersécurité au Luxembourg est chapeauté par le Premier ministre et un comité interministériel dédié, présidé par le HCPN, qui établit une stratégie commune en matière de cybersécurité, basée sur celle de l’UE.

La nature de la menace a-t-elle évolué au cours des dernières années ?

Varie-t-elle selon qu’elle vise une structure publique ou privée ?

En réalité, environ 80 % des attaques détectées ne sont pas dirigées vers un acteur en particulier, qu’il soit public ou privé. Les pirates vont s’engouffrer dans la première faille qu’ils trouvent et entrer dans une machine, puis un système. Cet opportunisme doit inciter l’ensemble des organisations à se protéger. Les 20 % restants sont des attaques plus spécifiques, qui varient en fonction de l’actualité. Pendant la pandémie, beaucoup d’acteurs de la santé ont été touchés, tout comme les plateformes proposant de la

ÉVOLUTION DES CYBERATTAQUES AU LUXEMBOURG

Depuis 2016, le nombre de cyberattaques n’a fait que croître jusqu’à la fin de l’année 2022.

vidéoconférence. Aujourd’hui, nous sommes davantage confrontés à des attaques sur des sociétés actives dans l’énergie, en lien avec ce qui se passe en Ukraine. Ces attaques sont souvent les plus médiatisées, mais elles ne représentent que la partie émergée de l’iceberg. Depuis 2006-2007, il est clair que le monde de la cybercriminalité s’est professionnalisé. Une économie parallèle s’est construite petit à petit, avec des entreprises qui offrent leurs services de cybercriminalité et qui se concurrencent les unes les autres. Les cybercriminels sont désormais, pour la grande majorité, membres d’organisations complexes et bien structurées.

Disposez-vous de données sur le nombre et le type d’attaques menées au Luxembourg ?

Le CIRCL met en effet à disposition une série de chiffres qui comptabilisent le nombre de tickets ouverts par ses services chaque année. Depuis 2018, nous constatons qu’environ 1.000 tickets sont ouverts chaque année, avec des pics en 2020 et 2021, années de la pandémie. Au niveau du type d’attaques, nous notons que le phishing reste l’un des principaux types de menaces.

6.000e+5 0 4.000e+5 2.000e+5 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 8.000e+5
686.576 129.554 42 TECH + INNOVATION 2023 Conversation
Source circl.lu
Pascal Steichen
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LE LUXEMBOURG PARTICIPE À UN EXERCICE DE L’OTAN

La cybersécurité ne revêt pas seulement une importance économique, elle est aussi un véritable enjeu en matière de défense. Et celui-ci est d’autant plus important dans un contexte géopolitique tendu à cause de la guerre en Ukraine. C’est dans ce cadre qu’a été organisé, entre le 19 et le 22 avril, un exercice de cyberdéfense de l’Otan impliquant une trentaine de pays, dont le Luxembourg. Aux côtés d’autres experts du Benelux, le rôle des représentants du Luxembourg était de veiller à la résilience du système financier face à des cyberattaques de grande ampleur.

Comment lutter contre ce phénomène, sachant qu’il s’agit d’un type d’attaque qui profite avant tout de la naïveté de certains utilisateurs ? Beaucoup d’efforts ont déjà été réalisés. Mais si la sensibilisation a progressé, l’efficacité des cybercriminels aussi. Ils développent aujourd’hui des campagnes de phishing bien plus sophistiquées qu’il y a quelques années. Pour expliquer la prégnance de ce type d’attaque encore aujourd’hui, il faut évoquer la digitalisation accrue de certains secteurs qui n’avaient pas encore fait beaucoup de chemin en la matière. Je pense par exemple à l’industrie. Dans ces domaines, il arrive qu’on fasse encore des erreurs grossières parce que l’on n’a pas la culture de la cybersécurité. Pour les cybercriminels, c’est évidemment le jackpot : ils disposent de portes d’entrée facilement accessibles et ne se privent pas de les enfoncer. La cybercriminalité est un combat permanent et, en ce qui concerne le phishing, il faut donc continuer à répéter quels sont les bons gestes à adopter, ce qu’il ne faut surtout pas faire… C’est un peu comme pour la ceinture de sécurité : elle existe depuis des décennies, mais on fait encore des campagnes aujourd’hui pour inciter les gens à la boucler.

Avez-vous tout de même le sentiment que les organisations accordent désormais plus d’importance à la cybersécurité ?

Oui, la sensibilité au sujet a considérablement augmenté, car tout le monde en parle : le Forum économique mondial, les grands acteurs de l’assurance, les groupes de consultance, etc. Aujourd’hui, la cybersécurité fait partie du top 5 des préoccupations des entreprises. Les plus petites structures, avec lesquelles nous sommes le plus souvent en contact, sont aussi mieux sensibilisées qu’avant. Il y a quelques années, on devait encore expliquer aux gens ce qu’était la cybersécurité. Aujourd’hui, ces entreprises nous demandent directement ce qu’elles peuvent faire pour mieux se protéger.

Concrètement, comment aidezvous les entreprises à se protéger ou à bien réagir en cas d’attaque ?

Au sein de la Luxembourg House of Cybersecurity, notre leitmotiv est « Don’t suffer in silence ». Notre priorité est que chaque organisation au Luxembourg sache qui contacter lorsqu’une attaque est constatée ou suspectée. Chacun doit savoir que notre mission de service public est précisément d’assister les entreprises dans de telles situations. Par ailleurs, nous accompagnons aussi les sociétés qui le souhaitent dans la définition d’une feuille de route leur permettant de mieux se protéger. Nous sommes d’avis qu’il est essentiel, à ce niveau, de développer d’abord des compétences permettant d’accélérer la détection des cyberattaques. Il faut savoir qu’entre l’incursion d’un hacker dans un système et sa détection, il se passe en moyenne 200 jours. Ensuite, nous pouvons travailler ensemble pour identifier les risques propres à chaque entreprise et construire un dispositif de protection efficace. Nous essayons toutefois d’être le plus pragmatiques possible, considérant que, pour de nombreuses PME, il n’est pas possible d’allouer en une fois autant de moyens à cette thématique. Nous procédons donc pas à pas, en les aidant à identifier leurs besoins, puis en les orientant vers les bons fournisseurs de services.

44 TECH + INNOVATION 2023 Conversation
« Aujourd’hui, la cybersécurité fait partie du top 5 des préoccupations des entreprises. »
Pascal Steichen
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Les métiers de la cybersécurité

1Architecte sécurité

L’architecte sécurité agit comme un conseiller. Il doit se charger d’anticiper l’évolution des technologies et des méthodologies, puis de proposer l’implémentation de certaines d’entre elles, en tenant compte des enjeux de l’entreprise. Afin d’assurer la bonne utilisation des outils développés, il veille à ce que les équipes opérationnelles les maîtrisent pleinement. L’architecte sécurité travaille dans tout type de structure souhaitant mettre en place un système de sécurité efficace.

2Intégrateur de solutions de sécurité

Si l’architecte sécurité joue le rôle de conseiller, l’intégrateur de solutions de sécurité a, quant à lui, un rôle plutôt opérationnel. C’est lui qui va par exemple développer le code et les solutions, les intégrer dans l’espace de production et les déployer. Ses connaissances techniques lui permettent par ailleurs d’informer l’architecte sécurité sur les derniers développements en matière de sécurité informatique. L’intégrateur de solutions de sécurité assurera l’exploitation des outils de cybersécurité et veillera à ce qu’il n’y ait aucune faille de sécurité.

3

Cryptologue Étymologiquement, la cryptologie signifie « science du secret ». Le cryptologue est donc un véritable expert en sécurité des communications. Il a pour mission de protéger les informations sensibles de l’entreprise, tout en luttant contre leur utilisation frauduleuse. Pour garantir la sécurité des données les plus sensibles, il développe des codes informatiques extrêmement complexes. Il y a quelques années, le cryptologue travaillait surtout dans les domaines de la défense et de la diplomatie. Mais aujourd’hui, on en trouve également dans les banques, les sociétés de conseil…

5

Conseiller en cybersécurité

La mission du conseiller en cybersécurité est de sécuriser l’ensemble des systèmes informatiques utilisés au sein d’une organisation. Son rôle est d’opérer une surveillance constante du site internet ou des logiciels utilisés en interne afin d’éviter toute faille de sécurité, comme des fuites de données. En cas de problème, il s’occupe de réparer ces failles, le plus rapidement possible, toujours dans une optique de protéger les données.

4

Responsable de la CSIRT

Le responsable de la CSIRT – computer security incident response team – est l’équivalent du capitaine des pompiers. De la sorte, la CSIRT est une équipe spécialement formée pour répondre aux incidents de sécurité ciblant les systèmes d’information. Son responsable va donc coordonner l’ensemble de l’équipe pendant et après l’intervention. Après avoir sécurisé et corrigé le problème, elle se charge d’élaborer des mécanismes permettant d’éviter de faire de nouveau face à cette faille.

Les nouvelles technologies prennent de plus en plus de place dans le monde du travail. Naturellement, de nouveaux métiers apparaissent en parallèle. En voici quelques­uns relatifs à la cybersécurité.
CARRIÈRES 46 TECH + INNOVATION 2023
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« Renforcer la représentation des femmes dans la cybersécurité »

Dans un monde numérique, les défis liés à la cybersécurité sont nombreux. Pour Women Cyber Force, les relever efficacement implique une plus grande diversité dans les métiers de la sécurité informatique. Sabika Ishaq et Floriane de Lapparent, respectivement présidente et vice-présidente de l’association, présentent leur travail sur ce point.

Photo MATIC ZORMAN Journaliste SÉBASTIEN LAMBOTTE
48 TECH + INNOVATION 2023
Floriane de Lapparent, à gauche, et Sabika Ishaq, à droite.

Quelle est la représentation des femmes dans le domaine de la cybersécurité ?

SABIKA ISHAQ (S. I.) Les femmes occupent 25 % des emplois dans le secteur de la cybersécurité à travers le monde. Nous n’étions que 20 % en 2019 et environ 11 % en 2013. La représentation des femmes dans nos métiers évolue donc positivement, bien que le chemin vers l’égalité soit encore long. Si l’on considère les fonctions dirigeantes dans le domaine, en l’occurrence la position de CISO, selon une étude menée auprès des 500 plus grandes sociétés américaines, on ne compte, parmi leurs responsables de la sécurité de l’information, que 85 femmes. Cet écart révèle aussi qu’il faut agir pour permettre aux femmes de mieux évoluer dans leurs fonctions.

FLORIANE DE LAPPARENT (F. D. L.) Aujourd’hui, on dénombre 4 millions d’opportunités de carrière disponibles dans le domaine de la cybersécurité à travers le monde. Attirer les femmes vers la cybersécurité permettrait de répondre plus facilement à ce besoin en compétences.

Pour quelles autres raisons, au-delà du besoin en compétences, est-il essentiel de renforcer la diversité dans les métiers de la cybersécurité ?

S. I. À l’échelle de l’entreprise ou d’une équipe, plus de diversité permet d’aborder les problèmes et les défis en considérant une plus grande variété de perspectives et d’idées. Multiplier les points de vue, notamment dans un domaine aussi critique et complexe que la sécurité informatique, est essentiel pour développer les réponses les plus appropriées. Cela contribue à une sécurité renforcée.

F. D. L. La technologie façonnant le monde, elle a un rôle important à jouer en faveur du développement d’une société numérique, en particulier dans le domaine de la cybersécurité, en veillant à protéger chaque personne qui évolue dans cet environnement numérique.

Comment expliquer cette sousreprésentation des femmes dans la cybersécurité ?

F. D. L. Principalement en raison de

biais socioculturels qui ont la vie dure. On constate que, dès le plus jeune âge, certains éléments, sujets ou thématiques sont considérés davantage comme masculins ou féminins, dans la même idée que le bleu devrait être pour les garçons et le rose pour les filles. Le domaine de la cybersécurité offre de nombreuses possibilités de carrière à chacune, à travers des métiers techniques. C’est également le cas pour beaucoup d’autres domaines. La (cyber-)résilience dépend autant des femmes que des hommes. Nous avons besoin de plus d’inclusion et de diversité pour construire un monde plus pérenne.

Quels sont les obstacles à lever pour que davantage de femmes se tournent vers des carrières dans le domaine de la sécurité informatique ?

L’ACTION

DE WOMEN CYBER FORCE

Soutenir

WCF encourage les femmes à explorer les cybercarrières et les opportunités d’apprentissage en la matière, à construire des réseaux avec d’autres professionnels du domaine. Elle offre à ses membres la possibilité d’être accompagnées par des mentors.

Inspirer

WCF mène des actions

auprès de la prochaine génération professionnelle, en invitant les étudiantes et étudiants à envisager une carrière dans le secteur de la cybersécurité.

Sensibiliser

L’association sensibilise le public autour des enjeux de cybersécurité en général en organisant des conférences, en partageant de l’information, et à travers des actions ou des partenariats de formation.

S. I. De manière générale, il y a un manque de soutien, de sensibilisation et d’encouragement à l’égard des femmes pour qu’elles s’engagent dans ce secteur. Dès l’école, il est important de sensibiliser les filles sur les opportunités qu’offrent ces carrières. Il est aussi essentiel d’avoir plus de femmes mentors, de modèles et d’encouragements de la part des cadres supérieurs dans ce domaine. Au-delà, il faut aussi garantir aux femmes des chances égales à celles des hommes en matière d’évolution de carrière, du recrutement aux possibilités d’avancement, comme il faut veiller à la rétention des femmes dans ce domaine.

Comment lever ces barrières ?

S. I. Chez Women Cyber Force, nous pensons qu’il est essentiel de reconnaître la valeur que les femmes, à chaque étape de leur carrière, ont pour d’autres femmes évoluant à d’autres étapes de leur carrière. Les femmes qui sont des leaders dans la cybersécurité doivent pouvoir soutenir et inspirer celles qui sont nouvelles ou évoluent dans le domaine, autant que les filles qui envisagent des carrières dans nos métiers.

F. D. L. Devenir mère ne doit pas être perçu comme un trou noir dans le parcours professionnel de la femme, mais comme une véritable autonomisation

50 TECH + INNOVATION 2023
Conversation Sabika Ishaq et Floriane de Lapparent

et habilitation. Les responsables d’entreprise comprennent aujourd’hui de plus en plus l’importance de la diversité. Au-delà de la prise de conscience, il faut désormais mener des actions pour garantir l’égalité entre les hommes et les femmes tout au long de leur carrière, offrir de réelles perspectives à chacun et chacune en les soutenant à chaque étape de leur vie personnelle et professionnelle.

Que diriez-vous à une petite fille pour l’inviter à considérer les métiers de cybersécurité ?

des hommes – qui m’ont soutenue, ainsi qu’aux plateformes qui m’ont donné l’occasion d’apprendre.

S. I. La cybersécurité est un secteur très dynamique. En constante expansion, c’est un métier qui offre de multiples opportunités de développement, de cheminement de carrière et d’apprentissage. On n’arrête jamais d’apprendre. C’est ce qui m’a attirée dans le domaine. Au-delà, il y a les défis quotidiens, les problèmes et les énigmes à résoudre. L’impact de la cybersécurité sur nos sociétés rend les métiers passionnants. En outre, ils ont un impact positif sur le monde numérique et physique.

F. D. L. J’établirais un parallèle entre ce qui m’anime en tant que mère de famille et ma motivation dans mon rôle de professionnelle de la sécurité : un engagement sans faille à protéger et à défendre ce qui compte. Dans un paysage de la cybersécurité en constante évolution, les professionnels du secteur sont ces armées silencieuses liées par la volonté de protéger le monde numérique d’aujourd’hui et de demain.

Personnellement, qu’est-ce qui a contribué à votre évolution de carrière dans le domaine de la cybersécurité ?

S. I. Mon évolution dans la cybersécurité tient beaucoup aux valeurs que nous prônons à travers Women Cyber Force, c’est-à-dire l’apprentissage continu, la mise en réseau avec d’autres professionnels et l’apprentissage à leurs côtés. Il faut surtout une grande ouverture d’esprit, qui permet d’explorer et de relever de nouveaux défis. Si j’ai pu évoluer dans ma carrière, je le dois aussi en partie à mes mentors – autant des femmes que

F. D. L. J’ai commencé ma carrière dans le secteur de la cybersécurité en tant qu’administratrice système dans le sous-sol d’une banque, avant d’aller plus loin. En voyageant d’un environnement à l’autre, j’ai réalisé que la mise en œuvre, la construction et/ou l’amélioration de la cybersécurité dans diverses entreprises ne sont pas seulement un devoir professionnel, mais une passion, et surtout un état d’esprit. L’enjeu, en permanence, est d’éviter le pire et de limiter les dégâts, dans l’optique de construire un monde meilleur et plus sûr.

« Les femmes qui sont des leaders dans la cybersécurité doivent pouvoir soutenir et inspirer les autres. »
52 TECH + INNOVATION 2023

Donnez un nouvel envol à votre carrière.

Des centaines d’offres d’emploi au Luxembourg sur

Finologee, 6 ans d’aventure luxembourgeoise

Fondée en 2017, Finologee a connu une croissance rapide au point de devenir, 6 ans plus tard, une regtech bankable parfaitement implantée dans le monde de la finance luxembourgeoise. Retour sur une success-story qui remonte à l’aube du 21e siècle avec Raoul Mulheims, son CEO.

Raoul Mulheims fait partie de ces quelques entrepreneurs luxembourgeois à qui tout réussit. Mais derrière cette image d’Épinal se cache une longue histoire, émaillée d’idées innovantes et de nombreuses heures de travail acharné. Aussi, quand il lance en 2017 la regtech Finologee avec ses comparses Jonathan Prince et Georges Berscheid, ils disposent déjà tous les trois d’un beau curriculum vitae dont les premières lignes s’écrivent à la fin du siècle dernier. « En ce qui me concerne, Finologee est ma quatrième start-up fondée au Luxembourg », explique Raoul Mulheims.

De l’agence web au micropaiement Pour lui, tout commence réellement en 1999 avec la naissance de Nvision, une agence web et digitale plutôt pionnière dans son genre, dont il quittera l’actionnariat en 2018. « Avec le même groupe d’associés, nous avons ensuite créé Mpulse, dès 2006, qui constitue notre première expérience dans le monde du micropaiement », poursuit l’entrepreneur. C’est donc à cette époque que l’équipe fait sa première entrée dans le monde du paiement

mobile et digital, avec l’ambition déjà affirmée d’aller plus loin dans l’exploration de cet univers encore méconnu. « En 2009, nous profitons d’une nouvelle loi sur la recherche et le développement pour soumettre un dossier avec l’idée de porter l’activité de paiement mobile à une autre échelle. On ne savait pas vraiment ce que ça allait devenir, ni même comment le faire », se souvient Raoul Mulheims.

C’est de ce travail de recherche et développement que naît Digicash, en 2012, devenue Payconiq en 2021 et aujourd’hui rachetée par EPI. Une belle histoire qui conduira plus tard à la naissance de Finologee. « La création de Digicash marque notre entrée dans la sphère des véritables services financiers. Nous obtenons l’agrément en tant qu’établissement de paiement et devenons un acteur régulé de la place financière luxembourgeoise. Nous avons surtout construit une logique d’encaissement différente et trouvé un accord avec la Banque et caisse d’épargne de l’État, première banque participant à ce système alors unique en Europe, qui permet de directement connecter notre moyen de paiement

REGTECH
54 TECH + INNOVATION 2023

digital aux comptes des clients de la banque. Sans ce premier accord, nous n’en serions sans doute pas là aujourd’hui… »

Au fur et à mesure, d’autres banques rejoignent l’aventure et permettent de faire grandir l’outil. Après quelques années de travail acharné, Digicash devient un standard sur le marché pour le paiement des factures, au départ d’un simple QR code, mais aussi pour le paiement de personne à personne, sur base d’un numéro de téléphone. « Pour grandir davantage, l’option choisie a été celle d’une reprise partielle de l’activité par Payconiq, qui prenait en charge la relation commerciale avec les banques et les réseaux de commerçants, tandis que la propriété intellectuelle de l’environnement technique restait chez nous, raconte Raoul Mulheims. Nous sommes devenus un prestataire, et Payconiq a continué à faire grandir la solution, qui va prendre encore une dimension supplémentaire avec son rachat par EPI en avril 2023. »

Un acteur réglementé du marché financier

C’est de cette expérience, et de nouvelles opportunités de marché à saisir, que va naître Finologee en 2017. « À l’époque, afin d’assurer des prestations techniques pour un client, nous obtenons tout d’abord l’agrément de PSF de support. Ensuite, nous identifions un nouveau besoin avec l’arrivée de la directive européenne PSD2, qui allait obliger les banques à permettre à des tiers de déclencher des paiements sur les comptes de leurs clients. Nous avons rapidement constaté qu’il s’agissait d’un service très technique qui n’était pas à la portée de toutes les banques. Dans ce contexte, une forme de mutualisation de l’infrastructure faisait du sens. Nous n’étions pas les seuls sur ce terrain, mais notre expérience passée dans le domaine du paiement et des relations bancaires nous rendait plus légitimes », constate le fondateur. Rapidement, Finologee séduit 37 banques, qui utilisent ses services pour ouvrir leur infrastructure à d’autres acteurs. Un deuxième axe de développement est identifié avec le concours de Keytrade Bank, qui souhaite à l’époque permettre l’ouverture totalement automatisée d’un compte en banque. Au fil

des discussions avec le régulateur et de nombreuses heures de travail, le défi est relevé. « Sur base d’un constat de risque peu élevé, nous avons réussi à proposer une ouverture de compte automatisée. Grâce à ces deux premiers jalons, nous avions les principaux ingrédients pour lancer Finologee, tout en travaillant sur le développement d’une ligne de produits autour du sujet AML / KYC. Afin d’aider les établissements financiers à gérer cet aspect, nous avons proposé une plateforme de gestion documentaire qui répond tant aux attentes des acteurs qu’à celles des régulateurs. » Après avoir atteint le seuil de rentabilité en 2019, Finologee est la seule regtech luxembourgeoise à intégrer en 2021 le RegTech 100 des fintech actives dans le domaine de la réglementation. Le succès est au rendez-vous, mais Raoul Mulheims et ses associés n’en restent pas là pour autant. Ils présentent alors Enpay. Cette nouvelle solution innovante permet aux acteurs régulés d’utiliser une plateforme unique pour se connecter à leurs différentes banques, effectuer des paiements, mais aussi récupérer différents rapports et gérer l’ensemble des flux. Avec ses 40 collaborateurs et ses 13,1 millions de chiffre d’affaires en 2022 au niveau du groupe, Finologee continue d’écrire son histoire, résolument tournée vers l’avenir.

« Nous voulons continuer à grandir, au Luxembourg et à l’étranger, en nous appuyant sur le socle solide que nous avons construit ces dernières années. »

La raison du succès ?

« C’est une question très complexe. Tout d’abord, je pense que, pour réussir, il faut disposer d’une bonne maîtrise des sujets. Nous n’avons jamais lancé de produits dans des contextes que nous ne maîtrisions pas », explique Raoul Mulheims. Et il ajoute : « À chaque fois, cela exige que les fondateurs – mes associés et moi-même – se plongent dans le sujet, se frottent aux difficultés, challengent les idées, lisent la réglementation, l’analysent, pour pouvoir en tirer des conclusions. L’objectif de cette étape indispensable est d’identifier si une opportunité business existe ou non. Aujourd’hui, quand je parle à mes collaborateurs, quand on identifie des opportunités ou qu’ils viennent eux-mêmes avec des idées, j’ai deux questions principales. La première est de savoir si cela relève de notre métier. La seconde est de voir si cette opportunité business peut dégager un chiffre d’affaires d’au moins un million d’euros à un horizon de 2 à 3 ans. À chacun de définir son échelle de valeur. » Ensuite, trois autres facteurs entrent en jeu : la maîtrise technique, l’expérience ajoutée pour l’utilisateur et la conformité. « Le défi principal d’acteurs comme nous est d’amener cette couche de conformité qui rassure nos clients. »

ET POURQUOI LE LUXEMBOURG ?

Parmi les trois associés de Finologee, deux sont Luxem–bourgeois. « Il était donc assez logique pour nous de nous lancer ici. Au-delà de cet aspect, nos solutions s’adressent essen–tiellement au secteur financier et, dans ce domaine, le Luxembourg n’est rien d’autre que la plus grande place financière d’Europe conti–nentale. Dès le début, nous avons cherché à optimiser nos solutions pour répondre aux attentes des acteurs des fonds, de l’assurancevie, etc. » Mais ce n’est pas tout. Le fondateur de Finologee précise que l’entreprise s’adresse également au seul secteur du pays qui dispose d’une véritable dimension internationale. « Dans le cadre de nos solutions PSD2, la moitié de nos clients sont basés hors de nos frontières, même si le plus souvent un lien existe avec le Luxembourg. »

« Nous n’étions pas les seuls sur ce terrain, mais notre expérience passée (...) nous rendait plus légitimes. »
RAOUL MULHEIMS CEO Finologee
TECH + INNOVATION 2023 55
Photo Guy Wolff (archives)

« Les fintech sont centrales pour toute l’économie »

Alors que les développements technologiques se succèdent, Pascal Bouvier, cofondateur de MiddleGame Ventures, souligne l’importance d’investir dans les fintech.

Photo MATIC ZORMAN Journaliste QUENTIN DEUXANT
56 TECH + INNOVATION 2023 Conversation
Pascal Bouvier
À la tête de MiddleGame Ventures, Pascal Bouvier a déjà financé plus de 40 start-up, pour un montant total de 300 millions d’euros.

Quel est l’état des opportunités d’investissement dans les fintech ? Comment ont-elles évolué au cours des dernières années ?

J’ai commencé à investir dans les fintech il y a plus de 15 ans. À cette époque, les évolutions réglementaires et les problématiques nouvelles rencontrées par les grandes sociétés actives dans le secteur financier – banques, assurances, etc. – offraient de réelles opportunités pour le développement des fintech. Aujourd’hui, les choses ont énormément changé avec la digitalisation. De nombreux secteurs ont été chamboulés. Le secteur financier a compté parmi les derniers à se lancer dans cette voie. Aujourd’hui, une partie de l’industrie financière a mis en place un certain nombre de choses au niveau digital. Mais il reste une grosse marge de progression pour la plupart de ces acteurs. Il est donc encore possible de trouver des start-up qui accompagneront les grands groupes dans leur digitalisation ou qui deviendront elles-mêmes des acteurs majeurs dans les prochaines années. Les opportunités sont donc toujours importantes.

Pourquoi cette transformation digitale a-t-elle tant traîné dans le secteur financier et quelles sont aujourd’hui les dimensions sur lesquelles un important travail doit encore être mené ?

Il y a eu plusieurs vagues de développement des fintech. La première s’est surtout attachée à améliorer l’expérience utilisateur, la relation entre le client et sa banque, son assureur, etc. Des avancées importantes ont également été réalisées au niveau des paiements, des assurances, et de tout ce qui concerne les prêts. Par contre, il reste encore beaucoup à faire au niveau de la gestion des actifs et au sein du marché des capitaux. La digitalisation et l’automatisation des process dans ces secteurs pourraient permettre à des acteurs majeurs d’offrir une meilleure expérience à leurs clients, mais aussi de réduire considérablement leurs coûts, ce qui constitue une priorité pour de nombreuses structures. Le numérique permet en effet de réaliser des économies en

optimisant le modèle opérationnel, notamment en limitant le nombre de personnes nécessaires pour effectuer un certain nombre de tâches de back, middle et même front-office qui sont exigées par le marché ou par le régulateur. Mais la digitalisation permet aussi de gagner des parts de marché en offrant un meilleur service, attirant plus de clients.

Quelles sont les technologies les plus porteuses pour l’avenir des services financiers ?

L’une des technologies les plus matures et déjà largement adoptée par les acteurs du secteur financier est le cloud computing, combiné aux API. L’adoption progressive de ces outils a permis à de nombreuses institutions de réduire considérablement le nombre de solutions technologiques utilisées pour le back et le middle-office, tout en fluidifiant beaucoup de process. Je citerais aussi les outils d’analyse de données avancés, qui reposent sur le machine learning ou l’intelligence artificielle (IA). Un certain nombre de solutions permettent aujourd’hui d’analyser des données ou des process, de monétiser certaines choses, et ce de façon automatique. Enfin, comment ne pas évoquer l’IA générative, telle que mise en œuvre par des sociétés comme OpenAI et son fameux ChatGPT, dont le potentiel est également énorme pour les services financiers.

Comment ChatGPT ou la technologie qui soutient cet outil pourraient-ils être utiles à la finance ?

Les modèles proposés par ChatGPT permettent, par exemple, de faire du codage de logiciels de façon très rapide. Ils pourraient aussi accélérer certains développements juridiques, comme la création de sociétés ou de fonds d’investissement. Or, ces tâches sont aujourd’hui effectuées par du personnel hautement qualifié, et souvent en grand nombre. Avec un agent d’IA, on pourrait envisager de diminuer drastiquement le nombre de collaborateurs nécessaires pour effectuer ces tâches, avec des conséquences importantes sur les coûts et sur la structure même de ce marché,

« Dans la vie, il n’y a pas de zones sans risques, à l’exception du cimetière. »
58 TECH + INNOVATION 2023 Conversation Pascal Bouvier

des start-up jusqu’aux grandes sociétés. On peut presque parler d’une révolution, qui a des implications politiques, puisque l’on risque de voir une bonne partie des collaborateurs actuels se retrouver sans emploi.

Quelle est votre opinion sur l’appel à faire une pause par rapport à la recherche sur l’IA, lancé notamment par Elon Musk ?

Il est normal qu’il y ait des résistances au changement. C’est le cas à chaque vague d’innovation. L’Église catholique a aussi voulu interdire l’imprimerie à ses débuts, car elle lui faisait perdre le contrôle de l’écriture et de la dissémination des écrits. On a vu le même mouvement avec le cloud il y a quelques années. Au début, tous les régulateurs étaient contre cette technologie, affirmant qu’ils n’autoriseraient jamais l’utilisation du cloud dans le secteur financier. Aujourd’hui, plus aucune banque ne fonctionne en dehors du cloud. Il en va de même pour la blockchain, qui n’a pas encore trouvé toutes ses applications. Mais cela ne saurait tarder. L’IA générative connaîtra le même sort, j’en suis convaincu. Quant à cet appel à l’arrêt des recherches en la matière, je suis sûr qu’Elon Musk n’y aurait pas pris part s’il était encore à la tête d’OpenAI. Ces technologies sontelles dangereuses ? Je dirais que toute nouvelle technologie comporte des risques, mais, de manière plus générale, il n’y a pas de zones sans risques dans la vie, à l’exception du cimetière. Entre le bannissement complet de l’IA et son développement incontrôlé, il me semble qu’il y a un grand espace à explorer. À mon sens, il faut pouvoir réglementer l’usage de cette technologie avec sagesse pour pouvoir en tirer profit, et ce au bénéfice du plus grand nombre.

Votre société est installée au Luxembourg, mais pas seulement. Vous avez aussi beaucoup voyagé. Comment évaluez-vous la maturité de l’écosystème fintech au Luxembourg par rapport à ce qui existe dans d’autres pays ?

Je parlerais d’abord de l’écosystème start-up au sens large. En 10 ans, celui-ci

UN SOUTIEN REMARQUÉ À NEXT GATE TECH

Parmi les entreprises soutenues par MiddleGame Ventures, on peut citer Next Gate Tech. Cette start-up luxembourgeoise, qui développe un outil de gestion, de compréhension et d’analyse de données, a notamment pu lever 5 millions d’euros en juin 2022 grâce à MiddleGame Ventures et d’autres partenaires. Une autre levée de fonds de 8 millions d’euros a été réalisée en avril 2023. La jeune société travaille désormais en partenariat avec Kneip, acteur majeur de la gestion de données liées aux fonds d’investissement.

s’est considérablement développé, avec un nombre de start-up qui se situe aujourd’hui entre 550 et 600. La part du lion, parmi elles, est occupée par des fintech, ce qui est logique si l’on considère le fait que Luxembourg est une place financière d’envergure, particulièrement dans le secteur des fonds. Selon moi, il devrait toutefois y avoir bien plus de start-up, au Luxembourg, proposant des solutions aux acteurs des fonds, car le marché est là. Cela me tient donc particulièrement à cœur de faire en sorte de faire évoluer ces start-up, de leur faire prendre leur envol en soutenant ainsi l’ensemble de l’économie luxembourgeoise.

Que reste-t-il encore à mettre en œuvre ?

À l’heure actuelle, je trouve que l’écosystème pourrait être plus développé encore, car il existe un nombre considérable de prestataires de services dédiés aux fonds, dont certains ne disposent pas encore de solutions technologiques performantes. Les start-up peuvent répondre à ces besoins. Je ne vais pas nier que de nombreuses initiatives publiques ont été mises en place pour soutenir ces jeunes pousses, mais le Luxembourg pourrait encore faire mieux. Parmi les pistes d’amélioration, je citerais le renforcement des capacités d’attraction d’entrepreneurs talentueux, la mise en place d’un accompagnement permettant aux start-up de devenir des scale-up grâce à un système de mentoring, à du networking, au partage de bonnes pratiques… Ces mesures permettraient d’augmenter la notoriété de la Place, et d’attirer plus d’acteurs en retour.

TECH + INNOVATION 2023 59

Les 5 fondamentaux du Luxembourg numérique

Avec l’ambition de développer une data-driven economy de premier plan, le Luxembourg investit depuis plusieurs années dans la mise en œuvre d’une infrastructure numérique de pointe et dans le développement d’un écosystème riche, dont voici les principaux éléments.

1Au cœur des autoroutes de l’information

L’un des premiers défis pour construire une « nation numérique » a été de connecter le Luxembourg aux autres grandes Places européennes. Il fallait positionner Luxembourg comme un nœud d’échange clé des autoroutes de l’information européenne. Le gouvernement, en s’appuyant notamment sur Lu-Cix et en travaillant avec les opérateurs, s’y attèle depuis une trentaine d’années. Aujourd’hui, 28 routes internationales en fibre optique relient le Grand-Duché aux principaux centres européens et internationaux. Ces développements ont été essentiels à l’essor de l’économie numérique luxembourgeoise, permettant notamment d’attirer les plus grands acteurs. Tout en connectant le pays à l’international, l’infrastructure, s’appuyant sur plusieurs centres de données de pointe sur le territoire, contribue à sécuriser le trafic internet au niveau national.

2Espace de préservation de la donnée

Le pays compte 17 centres de données, dont 9 pouvant faire valoir la certification Tier IV, garantissant le plus haut niveau de disponibilité des infrastructures. Le Luxembourg, à travers ces centres de données, fait de la sécurité et de la confiance des éléments-clés de sa stratégie numérique. À l’heure où la souveraineté numérique est au cœur des préoccupations, le Grand-Duché offre une réponse stratégique à ces enjeux. Le pays présente un environnement fiable et stable pour la gestion, la protection et la valorisation des données. Au départ de cette infrastructure, les opérateurs de data centers, notamment pour répondre aux enjeux du secteur financier, ont développé une expertise de pointe pour garantir la résilience des activités. Ce savoir-faire profite aujourd’hui à d’autres secteurs. En témoigne notamment le choix de l’Estonie de positionner son ambassade numérique au Grand-Duché.

INFRASTRUCTURES
60 TECH + INNOVATION 2023

Sécurité renforcée

Au niveau de son nœud d’échange, le pays a récemment renforcé sa capacité à mitiger le trafic malveillant ou illégitime dirigé vers le Luxembourg et ses acteurs, à travers des attaques par déni de service (DDOS). Le Grand-Duché, à travers la Luxembourg House of Cybersecurity (LHC), son Centre national de compétences en matière de cybersécurité (NC3) et son Computer Incident Response Center Luxembourg (CIRCL), veille en permanence à enrichir un vaste écosystème d’acteurs publics et privés dédié aux enjeux de cybersécurité, permettant d’opérer une veille sur la menace, de répondre aux incidents, de sécuriser les échanges, de développer des solutions… Plusieurs acteurs investissent aussi dans la recherche dans le domaine de la sécurité informatique, à l’instar du SnT de l’Université. Le Luxembourg compte 93 sociétés privées dont le cœur de métier est la cybersécurité, dont 33 start-up.

5

Haut débit partout

Le Luxembourg investit aussi dans le renforcement de son réseau national, à travers le déploiement de la fibre et de la 5G. À l’heure actuelle, le réseau de fibre couvre environ 80 % du territoire national. En ce qui concerne la 5G, l’ensemble des opérateurs se sont engagés à assurer la couverture 5G du territoire à 90 % d’ici 2025. En novembre, Post annonçait que le réseau 5G couvrait 77,7 % du territoire et que la 5G était accessible à 88 % de la population. Ces réseaux haut débit, d’une nouvelle génération, placent le Luxembourg en bonne position pour attirer des acteurs désireux d’explorer les possibilités qu’ils offrent, notamment autour de l’exploitation des données. Ces infrastructures permettent aux acteurs économiques d’explorer de nouveaux cas d’usage, liés au développement de la connectivité des objets notamment, avec, par exemple, le déploiement de tests dans le domaine de la conduite autonome.

4L’ordinateur haute performance orienté business En 2021, le Luxembourg a fièrement inauguré Meluxina, un ordinateur haute performance (HPC), le 10e plus puissant d’Europe et le 36e plus puissant au monde. Plus précisément, le superordinateur luxembourgeois possède une puissance de calcul de 10 pétaflops, c’est-à-dire littéralement 10 millions de milliards d’opérations par seconde. Alors que la plupart des HPC sont dédiés à la recherche pure, le Luxembourg a, pour sa part, souhaité mettre 65 % de la capacité de Meluxina à disposition des acteurs privés, notamment pour soutenir leurs démarches d’innovation. Disposant d’une architecture modulaire unique, il a été conçu pour répondre aux besoins des entreprises en termes de puissance de traitement. Meluxina intègre en outre une grande famille de superordinateurs reliés à travers toute l’Europe au réseau européen EuroHPC, dont le siège se situe au Grand-Duché.

46.000 m2 3

46.000 m2, c’est la superficie totale des data centers opérationnels présents au Luxembourg, qui possède donc l’une des plus grandes densités de centres de données au monde. Comme le rappelle Luxinnovation, 40 % des data centers Tier IV européens sont au Luxembourg.

8.662

8.662 employés travaillent dans les 93 sociétés du pays qui ont la cybersécurité comme cœur de métier. Pas moins de 18 de ces sociétés ont été créées au cours des cinq dernières années.

96 %

96 % des foyers luxembourgeois disposaient d’une connexion haut débit en 2022, selon Eurostat. Avec une telle couverture, le pays se hissait à la deuxième place du classement européen en la matière, derrière Malte, où le chiffre était de 100 %, et bien loin devant ses voisins allemands (14e), belges (17e) et français (18e).

TECH + INNOVATION 2023 61

Votre DSP accessible via l’application mobile myDSP

Avec l’app myDSP, vous pouvez accéder et gérer votre Dossier de Soins

Partagé (DSP) à tout moment et n’importe où via votre smartphone.

Depuis sa généralisation qui a démarré en 2020, le Dossier de Soins Partagé (DSP) a fait son bout de chemin. Aujourd’hui plus d’un million de personnes ont leur dossier de santé personnel, et bientôt le cap des 10 millions de documents déposés sera dépassé. Ce dossier de santé électronique et sécurisé favorise le partage et l’échange des données de santé entre les professionnels qui interviennent dans votre parcours de santé. Cela facilite le suivi et la coordination de votre prise en charge et vous permet de jouer un rôle plus actif dans votre suivi médical. Et pour favoriser et faciliter davantage son usage, il existe l’application mobile myDSP.

Quel est l’intérêt de cette application ?

L’application mobile myDSP vous permet d’accéder à tout moment au contenu de votre DSP pour, par exemple, consulter vos résultats d’analyses biologiques, votre imagerie médicale (radiographies, scans, etc…) ou vos rapports médicaux.

PARTNER CONTENT Crédits Agence eSanté

1.045.295

DSP ouverts

9.625.438

documents déposés

3.305

professionnels de santé uniques déclarés par les patients

Une autre grande valeur de l'application myDSP réside dans sa capacité à centraliser vos données de santé. Au lieu d'avoir des informations médicales dispersées dans différents dossiers ou systèmes, vos données provenant de divers professionnels de santé sont au sein d'une seule et même application.

Cette gestion centralisée des données simplifie considérablement la recherche et la consultation des informations médicales. Vous n’avez plus besoin de vous souvenir des détails spécifiques de chaque consultation ou de transporter des documents physiques lors de vos visites médicales.

En résumé, l'accessibilité et la disponibilité des données conservées en toute sécurité dans l'application myDSP vous permettent de consulter vos informations médicales à tout moment et de les partager facilement avec les professionnels de santé que vous consultez.

Quelles sont les autres fonctionnalités disponibles ?

Via l’application vous pouvez aussi gérer votre Cercle Médical de Confiance, c’est-àdire : introduire le nom d’un ou de plusieurs professionnels de santé à qui vous souhaitez donner un accès permanent, que vous pouvez naturellement retirer à tout moment.

Elle permet également le dépôt de documents : vous pouvez à tout moment ajouter un document en lien avec votre santé dans l’espace personnel de votre DSP.

L’application vous offre aussi la possibilité de voir qui a accédé à votre dossier, à quel moment il l’a fait, et pour quelle action (dépôt ou consultation de document). Car toute intervention est tracée dans votre DSP et visible à travers l’app.

Comment peut-on se procurer l’application myDSP ?

L’application est gratuitement téléchargeable dans l’AppleStore et sur GooglePlay. Après

avoir installé myDSP sur votre smartphone vous pouvez, si vous avez déjà activé votre compte eSanté au préalable, directement accéder à votre dossier et aux fonctionnalités disponibles.

Si votre compte eSanté n’est pas encore activé, l’application vous permet facilement de réaliser cette action. Pour cela, vous aurez juste besoin de votre numéro de sécurité

Prévoyez-vous des évolutions pour l’application ?

Oui, tout à fait. À titre d’exemple, si vous avez ouvert un carnet de vaccination électronique auprès d’un médecin vaccinateur (généraliste, gynécologue, pédiatre) vous pouvez paramétrer dans votre DSP le transfert automatique de vos données vaccinales. Cela permettra d’avoir votre historique vaccinal repris dans votre DSP. Ce paramétrage est actuellement uniquement possible dans la version du DSP qui est accessible via notre portail (www.esante.lu), mais nous travaillons pour que cette fonctionnalité soit également intégrée dans l’app mobile myDSP.

Pensez-vous un jour pouvoir intégrer une forme d’intelligence artificielle au DSP ? Cela fait en effet partie de nos objectifs. Nous sommes convaincus qu’avec l’aide d’une intelligence artificielle utilisée à bon escient, le DSP pourrait devenir un « smartDSP » – un dossier de santé électronique capable de soutenir le professionnel de santé dans la routine médicale standard ainsi que dans le diagnostic et le suivi des maladies complexes à partir des données de santé disponibles. Et nous sommes persuadés que cette avancée technologique pourrait positionner le Luxembourg en acteur majeur dans le développement d’une médecine plus axée sur la personne et la prévention.

sociale et du courrier d’activation envoyé par l’Agence eSanté. Vous ne retrouvez plus votre courrier ? Pas de soucis. Contactez le Helpdesk de l’Agence aux coordonnées indiquées à la fin de l’article.

PLUS D’INFOS SUR LE DSP ET SON

APPLICATION MOBILE ?

Contactez le Helpdesk de l’Agence eSanté: Par téléphone : (+352) 27 12 50 18 33

Par e-mail : helpdesk@esante.lu

Consultez le portail www.esante.lu

« Après avoir installé myDSP sur votre smartphone vous pouvez directement accéder à votre dossier de santé électronique et aux fonctionnalités disponibles.
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Vos données de santé à portée de main avec l'application mobile myDSP
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« Développer un écosystème idéal en matière de technologie médicale »

Dirigé par Jean-Philippe Arié, le HealthTech Cluster de Luxinnovation soutient

l’émergence de technologies médicales innovantes au Luxembourg. Un travail réalisé en synergie avec une série d’autres acteurs et qui commence à porter ses fruits.

Photo
MATIC ZORMAN Journaliste QUENTIN DEUXANT
64 TECH + INNOVATION 2023 Conversation Jean-Philippe Arié
Jean-Philippe Arié estime que le Luxembourg dispose d’atouts forts pour développer la healthtech.

La healthtech est parfois définie comme l’ensemble des technologies médicales innovantes. Souscrivezvous à cette définition ou la considérez-vous comme trop large ? Il est vrai qu’il s’agit là de la définition de base de la healthtech. Celle-ci est effectivement très large, mais elle permet de regrouper l’ensemble des innovations qui voient le jour de façon très régulière dans le secteur médical. On pense souvent aux médicaments mais, en réalité, il n’y a pas de limite à l’inventivité dans ce domaine, et celle-ci s’exprime de multiples manières. Cela étant dit, le HealthTech Cluster s’inscrit dans la vision stratégique du développement de l’économie luxembourgeoise telle que définie par le gouvernement, qui met fortement l’accent sur le digital. Dans un pays de taille réduite comme le nôtre, il n’est pas possible de disposer de toutes les expertises qui nous permettraient d’être bons dans tous les secteurs et sous-secteurs de la healthtech. Nous soutenons donc en priorité l’émergence de technologies médicales digitales, tout en restant évidemment ouverts à d’autres projets particulièrement prometteurs.

Combien de sociétés sont aujourd’hui actives dans ce secteur au Luxembourg ?

Nous réalisons régulièrement une cartographie des entreprises impliquées dans le secteur médical au Luxembourg et, en 2020, on comptait 136 sociétés dont l’activité principale est liée à ce domaine. Aujourd’hui, nous sommes plus proches des 150. Entendons-nous bien : ce chiffre ne reprend pas les entreprises – parfois de taille très important – dont une partie de l’activité seulement est consacrée à ce secteur. Je pense à Ceratizit, DuPont de Nemours ou même les Gafa, qui développent toutes des solutions dans le domaine médical, mais dont ce n’est pas l’activité principale.

Quels sont les acteurs qui encadrent et soutiennent le développement de ces entreprises spécialisées dans le domaine de la santé au Luxembourg ? Trois grandes catégories d’acteurs composent cet écosystème. Il y a tout

d’abord les sociétés elles-mêmes, qui disposent d’une grande expertise sur des problématiques parfois très spécialisées. Par ailleurs, les acteurs de la recherche publique ayant un focus clair sur la santé – le LIH, le List et l’Université – sont de très bonne qualité au Luxembourg et nous aident à valider certaines idées portées par les sociétés que nous soutenons. Dans ce registre, cependant, d’autres acteurs publics, tels que le Liser ou encore le SnT, accompagnent également les entreprises, l’aide apportée par cette dernière structure s’avérant très utile dans les projets de numérisation, de robotisation, etc. Enfin, les professionnels des soins de santé constituent un élément essentiel de cet écosystème, car ce sont eux qui, in fine, valident les technologies qui sont développées. De plus en plus souvent, nous essayons de les impliquer dès le début des projets, pour nous assurer que nous allons dans la bonne direction. Au-delà de ces trois catégories, nous pouvons aussi citer les citoyens, qui se portent souvent volontaires pour tester de nouvelles technologies, et deviennent aussi des acteurs de la prévention en matière médicale.

L’exercice est peut-être complexe, mais la comparaison entre ce qui est mis en place au Luxembourg et dans les pays voisins est-elle ou non flatteuse pour le Grand-Duché ? Effectivement, il est difficile de comparer le Luxembourg avec ses pays voisins. Ce qui est clair, c’est que tout est mis en œuvre dans le pays pour développer un écosystème idéal en matière de technologie médicale, et particulièrement sur le volet digital. Si on se focalise sur cet aspect, les résultats du Luxembourg sont plutôt bons, le pays étant parmi les principaux followers en matière de technologie médicale digitale en Europe. Il faut dire que nous disposons d’atouts de taille pour développer ces solutions : le superordinateur Meluxina, une politique très volontariste en ce qui concerne le déploiement de la 5G, un rôle de leader dans le projet de cloud Gaia-X appliqué à la santé, etc. Progressivement, un écosystème très complet se met en

« J’avoue avoir personnellement des difficultés à comprendre les peurs qui surgissent aujourd’hui concernant l’IA. »
66 TECH + INNOVATION 2023 Conversation Jean-Philippe
Arié

place au Luxembourg, et nous veillons à le compléter année après année.

Quel accompagnement offrez-vous à cet écosystème ?

En termes d’accompagnement, nous avons notamment lancé, en partenariat avec le Fonds national de la recherche et le ministère de l’Économie, un appel à projets nous permettant de sélectionner une série d’entreprises actives dans le secteur des soins de santé et de stimuler leur développement, sous la forme d’un partenariat public-privé ciblant la validation clinique des produits médicaux digitaux. L’idée, à travers cette initiative, est de faciliter le financement de ces structures, d’une part, et de leur permettre de tester rapidement les solutions qu’elles développent auprès de patients, d’autre part. À travers le programme Fit4Innovation, nous identifions et finançons par ailleurs des experts de la réglementation médicale capables de conseiller nos entreprises sur des sujets de très haut niveau. Nous cherchons aussi à créer un effet boule de neige en développant les sociétés déjà installées au Luxembourg, mais aussi en attirant des entreprises étrangères particulièrement prometteuses. Une personne a d’ailleurs été recrutée dernièrement pour gérer cette prospection.

Quelles sont aujourd’hui les tendances fortes en matière d’innovation dans le secteur médical ? Au niveau des technologies digitales, il faut souligner la place que prennent aujourd’hui les développements liés à l’intelligence artificielle. Les outils sont désormais mûrs, prêts à être mis sur le marché. Et le régulateur, de son côté, a aussi clarifié pas mal de choses, notamment en exigeant que les décisions qui conduisent un algorithme à établir tel ou tel diagnostic soient bien argumentées. Dans le domaine médical, l’IA offre de nombreux bénéfices. C’est le cas, par exemple, quand il s’agit d’analyser les 10.000 images que livrent les IRM de dernière génération. En synergie avec un médecin, l’IA permet d’améliorer et d’accélérer sensiblement les capacités de diagnostic. Des développements existent

QUATRE PROJETS INNOVANTS

L’appel à projets conjoint lancé en 2021 par Luxinnovation, le Fonds national de la recherche et le ministère de l’Économie a permis de créer quatre partenariats public-privé visant à développer des projets particulièrement innovants. Au-delà de LuxAI (voir interview ci-dessus), ce sont les solutions développées par ViewMind (évaluations neurocognitives à partir de l’oculométrie), IEE (dispositifs orthopédiques portables) et Meracle Health (solution améliorant la gestion quotidienne des affections respiratoires chroniques) qui ont été sélectionnées. Un nouvel appel à projets a eu lieu entre le 2 février et le 31 mars 2023. Les candidatures sont en cours de revue.

aussi en chirurgie, où l’intelligence artificielle peut se combiner à la robotique. Cela fait clairement partie de l’avenir, et j’avoue avoir personnellement des difficultés à comprendre les peurs qui surgissent aujourd’hui concernant une IA capable de sauver des vies, surtout dans la mesure où celle-ci est cadrée, avec une exigence de transparence par rapport aux décisions qu’elle prend. Une autre grande tendance est le développement de technologies pour les soins à domicile, avec une série d’outils qui permettent de suivre quotidiennement – et au plus près – l’état de santé du patient.

Concrètement, comment organisezvous votre collaboration avec vos partenaires du monde de la recherche ou du secteur hospitalier, de façon à être le plus efficace possible ? Nos partenaires dans la recherche publique disposent de collaborateurs appelés des « responsables de transfert de technologie », qui sont nos interlocuteurs privilégiés. Si des innovations à même de nous intéresser sont développées chez eux, ils nous contactent et, de notre côté, nous les connectons avec nos industriels s’ils développent une technologie intéressante. La mise en place des partenariats public-privé que j’évoquais tout à l’heure a d’ailleurs aussi pour but de mieux faire communiquer le monde de la recherche publique avec celui de l’entrepreneuriat. Les choses sont un peu différentes concernant le secteur hospitalier. Nous avons identifié des médecins particulièrement intéressés par l’innovation, et ce dans différentes disciplines, et nous collaborons en priorité avec eux. Le but est de faire le lien avec ceux qui seront parmi les premiers à utiliser les nouvelles technologies qui sont développées, de bénéficier de leur input pour que les solutions mises au point fassent vraiment une différence pour leurs patients. Notre volonté, à travers le développement des technologies médicales digitales, est en effet toujours de sauver plus de vies et de mieux soigner au quotidien.

68 TECH + INNOVATION 2023 Conversation Jean-Philippe Arié
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Renforcer la compétitivité technologique

Co-founder

Ibisa Network

Luxembourg House of Financial Technology

Pour renforcer sa compétitivité, le Luxembourg pourrait établir des hubs de recrutement satellites pour attirer des talents venant de l’étranger. Il serait aussi intéressant de se pencher sur la question de l’impôt sur le revenu, peutêtre en instituant un régime « résident non habituel » comme au Portugal. Pour retenir les talents, le Luxembourg pourrait revoir sa législation afin de soutenir la possibilité de mettre en place des plans de stock-options pour les salariés, d’augmenter l’offre de logements locatifs abordables et de soutenir le développement d’espaces de coworking/ coliving. La simplification des processus administratifs et le développement d’incitants fiscaux pour les investisseurs rendraient le pays encore plus attrayant. S’inspirer des pratiques d’autres pays, telles que l’initiative Smart Nation de Singapour, pourrait contribuer à favoriser l’innovation technologique.

Selon moi, il faut continuer à investir dans la recherche et le développement. Promouvoir l’esprit d’entreprendre et encourager la collaboration entre les universités, l’industrie et le gouvernement sont deux actions essentielles. Il s’agit également de créer un environnement propice et de favoriser une culture de l’innovation dans l’optique d’attirer et de retenir les professionnels qualifiés et les entreprises innovantes. Enfin, l’utilisation des technologies émergentes, telles que l’intelligence artificielle et la blockchain, peut encore renforcer la compétitivité du Luxembourg dans le monde.

House of Startups

Le Luxembourg peut renforcer sa compétitivité en matière de technologie et d’innovation en mettant en place deux mesures fiscales. La première pourrait être une déduction fiscale pour les investissements dans les start-up et les scale-up, ce qui encouragerait les investisseurs à investir davantage dans ces entreprises. La seconde mesure consisterait à encourager la participation des employés aux bénéfices de leur entreprise, une mesure supplémentaire qui pourrait renforcer la compétitivité du Luxembourg en matière de technologie et d’innovation. En stimulant l’innovation et la croissance économique, ces mesures pourraient attirer davantage d’investissements étrangers dans le pays et créer de nouveaux emplois dans le secteur technologique.

Photos Mike Zenari (archives), Romain Gamba (archives) PHILIPPE LINSTER CEO MARIA MATEO IBORRA
La compétitivité technologique du Luxembourg est essentielle. Trois experts partagent leurs conseils pour l’accroître.
FORECAST 70 TECH + INNOVATION 2023
Propos recueillis par MARIE JACQUEMIN

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