Paperjam1 Avril 2015

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Entreprises Stratégie structures, avec l’expansion du Cargo Center, le nouveau bâtiment de maintenance des avions, la préparation du nouveau siège social de la compagnie à Munsbach ou encore la rénovation du bâtiment catering. Les chantiers IT sont moins onéreux (5 millions), mais n’en sont pas pour autant moins importants. Il s’agit notamment du développement des outils e-services et e-commerce et de l’implémentation des stratégies digitales pour la branche Airline et LuxairTours. Après une année 2013 où la compagnie avait affiché des résultats meilleurs que prévu, renouant avec les bénéfices (1,9 million d’euros pour l’ensemble du groupe, mais une activité Airline toujours déficitaire de 12 millions) suivant une année 2012 où la compagnie avait bu le bouillon (10,5 millions de pertes pour le groupe et plus de 19 millions pour l’Airline), LuxairGroup vient de terminer une année 2014 « dans la continuité », indique Adrien Ney, qui ne donne pas plus de détails sur les chiffres, hormis le fait que la branche Airline est toujours dans le rouge (mais avec une tendance à virer doucement à l’orange) et que LuxairTours a réalisé les meilleurs résultats financiers de son histoire. Avec un nombre record de passagers transportés – plus d’un million – pour Luxair Luxem­bourg Airlines en 2014 et un objectif de 1,2 million pour 2015, la compagnie nationale s’appuie sur des chiffres solides pour envisager sereinement l’avenir immédiat. Elle s’appuie aussi sur le succès des offres « Primo », le low-cost à la mode Luxair (c’est-à-dire des prix bas, mais avec une qualité de services supérieure), qui ont assuré, à elles seules, la moitié des passagers transportés et pour lesquels la compagnie table en très grande partie pour atteindre l’objectif de l’année en cours : c’est l’effet de masse qui doit jouer, étant entendu que les marges sont désormais réduites à l’extrême. « Dans notre métier, il faut savoir être optimiste, ce que je suis par nature, mais aussi réaliste. L’euphorie n’est pas de mise, ni la dépression », indique Adrien Ney. Certains dossiers toujours ouverts ont de quoi, en effet, susciter une prudence raisonnable : le renouvellement en cours de la concession pour les boutiques Buy Bye, lancée par Lux-Airport est le plus proche dans le temps. LuxairGroup fait, certes, partie de la short list encore en course pour reprendre (dans le cas présent, poursuivre) le contrat en cours des quatre boutiques du terminal passager qui prend fin en octobre prochain. Mais la décision qui doit tomber à la fin du printemps est loin d’être acquise, pour une activité qui emploie directement une quarantaine de personnes au total et a tout de même généré 11,4 millions d’euros de revenus en 2013. Et puis il y a le « grand voisin », Cargolux, dont la situation financière, économique et sociale est toujours incertaine, en dépit du changement d’actionnaire acté en 2014. Détenteur de 35 % du capital, LuxairGroup a déjà investi quelque 100 millions d’euros ces dernières années et reste dans l’attente d’une

Bombardier et Boeing

Nouvelle flotte, mode d’emploi C’est une fusée à deux étages que le conseil d’administration de LuxairGroup a approuvée avec la stratégie de renouvellement de la flotte devant répondre à la double nécessité d’augmenter les capacités tout en réduisant les coûts unitaires. Dans un premier temps, trois bi-turbopropulseurs Bombardier Q400 supplémentaires (Luxair en compte déjà sept dans sa flotte) ont été commandés, en vue de remplacer progressivement les cinq Embraer ERJ-145 opérés par la compagnie nationale. Le Q400 est caractérisé par des coûts d’exploitation de 45 % inférieurs à ceux des Embraer (soit un peu moins de 2,5 millions d’euros par an et par avion). La livraison commencera dès 2016. Une option a par ailleurs été posée pour deux autres Q400, devant faciliter l’ouverture de routes supplémentaires. La compagnie lorgne notamment avec intérêt vers les pays nordiques. « Le remplacement des Embraer ERJ-145 par des Q400 l’année prochaine permettra à Luxair

potentielle nouvelle recapitalisation, quand bien même Paul Helminger, le président du conseil d’administration de Cargolux, mais aussi de LuxairGroup, semble avoir exclu cette hypothèse. « Nos moyens ne sont pas illimités », prévient M. Ney, qui suit le dossier « avec beaucoup d’attention ». Il faut dire que la compagnie de fret est le plus gros contributeur aux activités Cargo de LuxairGroup, qui ont, certes, affiché une bonne santé en 2014 (5 % de progression à 725.000 tonnes traitées), mais qui restent extrêmement vulnérables devant la volatilité du secteur. Or, plus de 1.300 emplois de LuxairGroup sont directement ou indirectement liés à Cargolux. « Cargolux est une société très performante, mais elle doit faire face à une montée en puissance de gros opérateurs du Moyen-Orient et de Turquie, constate Adrien Ney. Je ne peux qu’approuver les déclarations de M. Helminger, qui évoque un réel danger pour la pérennité de la compagnie et qui appelle à la mise en œuvre d’une nouvelle convention collective. Nous prenons tout cela très au sérieux. »

UNE PAIX SOCIALE FRAGILE Le volet social constitue également un gros morceau du côté de LuxairGroup, même si un certain apaisement est revenu en début d’année grâce à l’accord trouvé avec les syndicats dans le cadre du renouvellement d’une convention collective en (re)négociations musclées depuis près de deux ans entre les deux parties. Un accord a minima qui n’a que modérément satisfait les deux parties. « Le climat social n’est pas toujours au mieux, reconnaît M. Ney. Mais c’est logique dans une industrie de l’aviation qui est tout de même littéralement sinistrée en Europe. J’ai toujours eu confiance dans les partenaires sociaux pour

Luxembourg Airlines de retrouver l’équilibre fin­ ancier », peut-on lire dans la brochure reçue par l’ensemble des salariés du groupe à la mi-février. Le second étage de la fusée prévoit, à l’horizon 2018, l’acquisition d’avions à réacteur de nouvelle génération (plus grande capacité et plus grande autonomie), qui sont aujourd’hui encore en développement chez les constructeurs. Parallèlement, du côté de LuxairTours, le troisième Boeing 737-800 commandé en 2012 a été livré fin février. Il entrera officiellement en service le 26 mars prochain à destination de Djerba. Conséquence de cet élargissement de la flotte de LuxairTours, un des « anciens » Boeing 737-700 sera, dès avril, entièrement affecté à l’activité Airline, offrant un meilleur confort pour les destinations les plus lointaines (Rome, Nice, Madrid, Munich et Barcelone). Objectifs 2015 chiffrés : 1,2 million de passagers pour l’Airline et 600.000 pour LuxairTours. J.-M. G. ◄

que nous puissions trouver ce compromis qui nous satisfait. » Cette satisfaction de rigueur n’est guère partagée par Hubert Hollerich, secrétaire central de l’OGBL, responsable de la branche Aviation civile du syndicat. « Ce dossier nous a coûté beaucoup d’énergie depuis près de deux ans et n’est pas vraiment un succès, regrette-t-il. Nous avons trouvé un terrain d’entente qui s’apparente surtout à la moins mauvaise des solutions, en ce sens qu’elle coûtera moins cher à l’employeur au détriment des nouveaux employés. Mais nous avons tout de même évité le pire, alors que se profilait, initialement, le démantèlement total de la convention précédente et le remplacement de l’indexation automatique des salaires par un système d’évaluation de performances. Je constate aussi que hormis l’année 2012, la société a toujours fait des bénéfices, loin du catastrophisme prêché par la direction depuis des années. Il est toujours très difficile, dans ce contexte, de devoir expliquer au personnel qu’il va devoir consentir des efforts. » Les syndicats tendent également le dos dans la perspective du futur appel d’offres pour les activités handling passagers et cargo et pour lesquelles l’hypothèse d’une perte d’activités pour LuxairGroup fait partie des scénarios plausibles. « On ne sait pas quel serait alors l’impact sur les conditions de travail, mais il y en aura, quand on considère ce qui s’est passé sur d’autres marchés ouverts à une telle concurrence. » ◄ En résumé En attendant de connaître les résultats officiels d’une année 2014 qui s’annonce plutôt bonne, Luxair a annoncé la mise en œuvre d’un plan de renouvellement de sa flotte qui devrait lui permettre d’aborder les prochaines années sur un élan positif en termes de maîtrise des coûts et rentabilité. Mais certains dossiers chauds (libéralisation des activités de handling, renouvellement de la concession des boutiques, et surtout Cargolux) sont surveillés de très près.

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