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Jan De Nul Group
Un vaisseau-amiral À Capellen L’armateur, situé à la pointe de l’industrie mondiale du dragage maritime, installe son siège social à la périphérie de Luxembourg. Le bâtiment sera inauguré en juin.
ur Frédérique Moser (texte), David Laurent / Wide (photo)
Les îles artificielles de Dubaï, ce sont eux. La construction de l’aéroport de Hong Kong, l’extension de Singapour, les pipelines offshore de Sakhaline, toujours eux. Jan De Nul Group, qui figure dans le top 3 mondial des entreprises de dragage, est installé depuis 1995 au Luxembourg. Dans des petits bureaux discrets, loués à Steinfort. «A notre arrivée au Grand-Duché, il y a 15 ans, nous n’avions pas l’intention d’installer notre siège social ici», retrace David Lutty, manager, qui ne cache pas que le groupe d’origine flamande a d’abord répondu aux sirènes d’un environnement fiscal favorable aux activités maritimes. Mais peu à peu, l’ancrage s’est opéré. Jan De Nul inscrit une partie importante de sa flotte sous pavillon luxembourgeois et ses dirigeants tissent des liens avec les autorités politiques du pays. La maison mère, Sofidra, une holding créée en 1999, compte dix sociétés maritimes agréées et emploie 419 personnes au Luxembourg, dont une centaine dans le staff administratif et financier. Il y a deux ans, Jan De Nul a fait également partie des fondateurs du cluster maritime, initié par le ministère de l’Economie et du Commerce extérieur. «Jusqu’ici, nous avions cultivé une certaine discrétion. Désormais, nous voulons accroître notre visibilité, revendiquer notre identité d’entreprise luxembourgeoise», indique M. Lutty, un transfuge de la Chambre de Commerce – «le seul employé de nationalité luxembourgeoise» – qui est en charge depuis fin 2008 du «daily management» du groupe au Grand-Duché. Tout un symbole. Outre ses fonctions de gestionnaire maritime et de coordi-
nateur des équipes travaillant sur les nouveaux chantiers, il fait également office d’interlocuteur avec les autorités et la presse… ainsi que de facility manager pour le nouveau bâtiment. «La décision de lancer ce projet a été prise fin 2005. En fait, Jan Peter De Nul, le CEO du groupe, a répondu à une sollicitation du ministre Jeannot Krecké. Ce bâtiment est une réplique de nos bureaux en Belgique», explique M. Lutty. Edifié à Capellen, à proximité de la frontière belge que traversent chaque jour de nombreux employés, le bâtiment construit selon des normes «basse énergie» a suscité un investissement de 30 millions d’euros. Il compte trois étages et peut accueillir 250 postes de travail sur une surface totale de 5.500 m2. «Dans une première phase, nous envisageons de louer un tiers de la surface, soit environ 2.000 m2», signale M. Lutty.
Centre de formation avec simulateur Le bâtiment aura deux fonctions principales: celle de siège social, tout d’abord, pour les équipes administratives et financières, mais aussi celle de centre de formation. Un auditorium d’une centaine de places a d’ailleurs été aménagé au rez-de-chaussée. La décision vient d’être prise d’y installer un simulateur, un équipement ultraperfectionné permettant de former les capitaines aux techniques de dragage et nécessitant un investissement supplémentaire de quatre millions d’euros. Un second simulateur, pour la navigation, pourrait y être installé dans un second temps. «Notre objectif est d’utiliser ces nouvelles infrastructures pour la formation interne de notre personnel de mer, essentiellement au niveau de l’encadrement,
sur les aspects techniques et de qualité, de sécurité mais aussi pour la communication ‘groupe’, précise M. Lutty. Nous y organiserons également le captains’ meeting annuel, qui réunit les 160 capitaines de navires travaillant sur nos chantiers à travers le monde.» Pour l’heure, il n’est pas prévu d’ouvrir ces infrastructures à d’autres sociétés maritimes, mais le business manager ne l’exclut pas: «Si un intérêt se manifeste, pourquoi pas? Nous pourrions louer temporairement les infrastructures, mais en aucun cas mettre à disposition nos modules de formation ni nos formateurs. Tout cela relève de notre know-how interne.» Dès le mois d’avril, le personnel occupé à Steinfort commencera à emménager dans les nouveaux locaux, qui devraient être inaugurés officiellement en juin. Le début d’une nouvelle phase de l’aventure luxembourgeoise, pour le groupe. «Nous tenons à montrer aux autorités et au grand public que nous ne sommes pas une société boîte aux lettres, que nous ne sommes pas des profiteurs, martèle David Lutty. Nous sommes une société industrielle, très active dans l’économie locale. Chaque mois, nous versons d’importantes cotisations sociales au Luxembourg et nous dépensons quelques centaines de milliers d’euros chaque année pour des prestations dans le secteur des services, auprès des banques, des cabinets d’avocats, des auditeurs… Une société maritime telle que la nôtre n’est pas seulement là pour inscrire des navires, nous participons à la hausse du niveau de compétences dans le secteur maritime.» Jan De Nul compte actuellement 35 navires «parmi les plus importants et les plus ingénieux» de
paperjam | Mars 2010 | ÉCONOMIE & FINANCE
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