→ Laurence Gurly et toute l’équipe de l’hôtel Burrhus, transforment l’établissement en « petite surface » de l’art contemporain, du 14 au 16 décembre. Photo : Philippe Abel
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PORTRAIT
Chambre avec Supervues L’hôtel Burrhus situé sur la place Montfort, n’est pas un établissement comme les autres. quand on y séjourne, on a l’impression de dormir chez l’habitant. En l’occurrence : l’art contemporain. Ce dernier y est chez lui. Comme le prouve, l’invitation qu’il lance au public pour les 14, 15 et 16 décembre prochain, à l’occasion de Supervues (lire page 8). Serait-ce au grand dam des propriétaires des lieux, Laurence et Jean-Baptiste Gurly ? Car lors de cette manifestation annuelle où la fréquentation de l’hôtel connaît une progression exponentielle, en accueillant près de 400 personnes par jour, paradoxalement, aucune nuitée ne viendra faire frémir le chiffre d’affaires. Mais pour rien au monde, le couple d’hôteliers ne se priverait de ces « trois jours de folie, comme l’explique Laurence Gurly. C’est une courte période qui implique énormément de travail, pour nous et les sept autres personnes qui travaillent à l’hôtel, poursuit-elle. Mais ce qui est intéressant, c’est que pendant ce créneau, la hiérarchie dans le personnel est bousculée, les fonctions sont dépassées et ça crée quelque chose de très fort au sein de l’équipe. Ce que j’apprécie également avec Supervues, c’est que les interventions des artistes font en sorte que mon regard sur l’hôtel se renouvelle chaque année. » Avignonnaise d’origine, Vaisonnaise depuis deux décennies, Laurence Gurly a toujours évolué sur le plan professionnel, dans la sphère des arts. Elle « monte à la capitale » à 22 ans, où elle est attachée de presse de Michel Petrucciani et Manu Dibango.
performances d’artistes, ce qui donnait Un métier qu’elle exercera pendant lieu à de véritables happenings », huit ans avant de revenir dans la se souvient Laurence. Au bout de cité des papes, pour y fréquenter quelques éditions, le festival s’arrête, les bancs de l’école hôtelière. mais la volonté des Gurly d’être des Une réorientation professionnelle qui ne met pas pour autant à l’écart, moteurs, des facilitateurs de l’art en mouvement, revient en 2007 sous une toute ambition artistique : « J’aime beaucoup les maisons, quand nouvelle forme. Ainsi naît Supervues. Depuis, l’hôtel Burrhus brouille les elles ont quelque chose de plus à pistes. Est-ce une galerie d’art se proposer que le simple fait d’héberger. faisant passer pour un hôtel, un hôtel Je les aime en tant que support d’une qui rêve de devenir un centre d’art atmosphère à créer, confie-t-elle ». contemporain ? Même le « h » de Diplôme en poche, elle part en quête Burrhus, bouscule les certitudes des avec Jean-Baptiste Gurly, qu’elle Vaisonnais. Car s’ils connaissent bien rencontre entre temps alors qu’il le mécène dont une place et une rue organise des concerts à Avignon, porte le patronyme, ils en savent d’un établissement à reprendre. peut-être moins sur celui qui fut Ils jetteront rapidement leur dévolu commandant sur un certain hôtel de la garde Burrhus sis place prétorienne Montfort, détenu par Supervues est aussi à Rome et la société Saint-Hubert. proche Avec une décoration une initiation à l’art conseiller « très chasse ». contemporain. ” de Néron. « Disons que les têtes Aiguiser la de cerfs en trophée, ce n’était pas exactement notre tasse de curiosité de leurs concitoyens motive la participation des Gurly à la vie de thé, souligne Laurence. Mais au-delà de ça, nous avons été immédiatement la cité. Avec l’an passé, une version « hors les murs » de Supervues très séduits par le potentiel de cette remarquée, comprenant l’irruption bâtisse, sur cette place et dans d’œuvres dans le musée archéologique cette ville. » et des panneaux de chantier détournés Mais le fait de démarrer l’activité en offrant un autre regard sur Vaisonrepensant tout le décor, ensuite de la-Romaine. « Je sais qu’il y aura développer l’établissement, en passant beaucoup de monde à l’hôtel, du 14 de 14 chambres à 38 aujourd’hui, au 16 décembre, mais j’aimerais qu’il n’a pas mis le couvercle sur la volonté y ait encore plus de Vaisonnais qui des hôteliers de jeter des ponts entre leur métier et les arts. « Après avoir viennent nous rendre visite. Supervues ouvert l’hôtel, nous avons d’abord créé est vraiment ouvert à tous : que ceux un festival dédié au court-métrage, qui ne sont pas versés dans l’art intitulé La Nuit des petites bobines. contemporain, prennent cette manifesLa projection était accompagnée de tation comme une bonne initiation ». •
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