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Sports d’hiver

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Jardinage

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Bien se préparer à la montagne

Rando en raquettes ou à skis, pas question de partir de manière improvisée. On n’affronte pas les sommets en hiver sans quelques préparatifs. Conseils de pro pour une sortie en toute sécurité.

Texte: Patricia Brambilla

Se reconnecter à soi-même

«Dans 90% des accidents, l’erreur est humaine», lance d’entrée Dominique Perret, ancien freerider professionnel. D’où l’importance de contrôler son état de forme avant de partir tutoyer la poudreuse. «Avant une randonnée hivernale, même pour une simple virée en raquettes sur les crêtes du Jura, il faut prendre le temps de s’écouter. On fait un petit bilan, on se reconnecte à soimême.» Quelles sont les émotions du moment? Est-on en déficit de sommeil? Autant de facteurs psychiques et physiques qui peuvent entraîner une perception faussée de la situation et de ses propres capacités. Être au clair avec soimême, c’est aussi savoir renoncer quand la forme n’est pas au rendez-vous.

S’offrir un bon déjeuner

Il ne faut jamais partir le ventre vide, mais toujours prendre le temps d’un bon petit-déjeuner. Lequel devrait être composé d’un aliment de chaque groupe, protéines, lipides et glucides. «Un muesli et des fruits secs valent mieux qu’une boisson énergétique et des donuts, qui amènent un pic de sucre et des mauvaises graisses», préconise Dominique Perret avec les experts de WEMountain. De même, il convient de bien s’hydrater. On emporte des boissons à consommer pendant l’effort, eau ou thé de préférence. À éviter, les jus de fruit, qui sont souvent trop concentrés et ont un effet déshydratant.

Démarrer en douceur

«On n’attaque pas la saison avec la dernière virée de l’hiver précédent, où l’on était au top de sa forme et avec une année de moins», sourit Dominique Perret. Autrement dit, on redémarre en douceur. Sans oublier de checker les anciennes blessures. Silencieuses dans le salon, elles peuvent se réveiller après quelques heures d’effort dans la pente et faire prendre de mauvaises décisions. Comme choisir un raccourci par un passage plus raide pour écourter la douleur, mais qui peut amener dans un environnement à risques. On se retrouve alors en mauvaise posture sans que l’on ait rien fait de faux. D’où l’importance d’adapter l’itinéraire à sa condition de forme.

Et encore: En altitude, certains médicaments, anti-allergiques, antibiotiques, antidouleurs, peuvent avoir des effets secondaires et créer des vertiges.

«En montagne, chaque détail a son importance»

Dominique Perret, pionnier du freeride et créateur de la certification WEMountain.

Réviser le matériel

Le matériel qui a dormi à la cave tout l’été mérite d’être révisé. On vérifie aussi les lanières et les fixations des raquettes comme les fixations et les carres des skis. «Chaque détail en montagne a son importance. C’est souvent une succession de petits problèmes qui finissent par avoir des conséquences dramatiques», souligne Dominique Perret. Rien de pire qu’une rondelle ou une dragonne de bâton qui vous lâche dans la poudreuse ou des lunettes rayées qui ne vous permettent pas de voir les pièges du terrain. Toute gêne provoquée par du matériel défaillant, des habits trop chauds ou trop froids, des gants mal isolés entraîne une perte de lucidité et empêche de prendre les bonnes décisions sur le terrain.

Et encore: Quand faut-il emporter un DVA (détecteur de victime d’avalanche)? Même en étant un rider chevronné, toute sortie de piste ne devrait pas se faire sans équipement adéquat, DVA, sonde et pelle. «L’airbag est aussi très utile pour le freeride et le ski de randonnée. C’est l’appareil qui a la plus forte progression de vente ces dernières années.»

Aiguiser ses sens

Regarder le bulletin météo ne suffit pas, il faut aussi «remettre en route ses sens et savoir se poser les bonnes questions. La nature vous donnera les réponses.» Autrement dit: sur le terrain, on observe. Pas besoin d’outils technologiques pour estimer la couverture nuageuse (au-delà de 50%, la visibilité est altérée), la température (est-ce que ça fond ou est-ce que ça gèle?), la force du vent et le relief. «C’est important de prendre en compte la météo, la topographie et la nivologie. Il y a un minimum à connaître», insiste Dominique Perret. Même pour une petite sortie tranquille en raquettes, il vaut mieux connaître le terrain et l’état de la neige, repérer les corniches instables et les cassures de pente, pour éviter les situations de crise.

Et encore: Même si l’envie est grande de fouler la neige fraîche, les zones protégées et les réserves de faune doivent être évitées. Par respect pour la flore et les animaux. Une formation en ligne

En moyenne, vingtquatre personnes périssent chaque année dans les avalanches en Suisse. Dominique Perret, pionnier du freeride, en est convaincu: ce nombre devrait et pourrait être réduit.

C’est pour cette raison qu’il a mis sur pied WEMountain, une formation en ligne pour enseigner les bases de la sécurité en hors-piste. Un cours qui passe en revue la préparation mentale et physique, la connaissance du terrain et la gestion de crise. «On a élaboré cette méthode avec différents professionnels. L’idée est d’amener une certification pour que les gens apprennent la base de la gestion des risques avant de se lancer en montagne.»

Accessible dès 16 ans, en français et en anglais, le cours (69 francs, que l’on peut aussi offrir avec des bons cadeaux) se décline en dix leçons ludiques, à parcourir en 120 minutes ou en plusieurs fois. Après la théorie, une journée sur le terrain, histoire d’apprendre notamment à utiliser le matériel de secours, vient compléter la formation, qui débouche sur un certificat.

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