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Nature
Une vie d’abeille solitaire
Plus de six cents espèces vivent en Suisse. Ces butineuses assidues ont des besoins différents, mais toutes dépendent de plantes riches en nectar et de lieux propices pour leur nidification.
Texte: Simon Koechlin
Plantes indigènes
Les abeilles sauvages ont besoin d’énormes quantités de pollen et de nectar pour se nourrir ellesmêmes et pour placer une réserve de nourriture dans le nid de leurs larves. C’est pourquoi elles se sentent bien dans les jardins très fleuris. Si l’on veut les aider, on peut tondre la pelouse moins souvent pour laisser pousser les pâquerettes ou les pissenlits. Ou planter des légumes comme des haricots et des petits pois ou alors des herbes aromatiques telles que le thym et la ciboulette. Comme les abeilles mellifères, certaines abeilles sauvages butinent de nombreuses espèces de fleurs différentes. D’autres sont spécialisées dans une seule ou quelques plantes seulement. La petite hylée de la tanaisie, par exemple, a besoin d’Astéracées telles que la tanaisie ou la camomille des teinturiers, tandis que les vesces et les pois feront le bonheur de la belle eucère noirâtre.
Dans le sol
La moitié des espèces d’abeilles sauvages nichent dans des galeries qu’elles creusent dans le sol. Des dalles légèrement espacées sont donc une aubaine pour elles. Si vous laissez une petite ouverture au bord de la pelouse, vous y trouverez peutêtre l’andrène à pattes jaunes et la seladonia dorée. Un monticule de sable les attire aussi, surtout s’il est argileux et provient d’une gravière.
Tiges à moelle
Certaines abeilles sauvages creusent leur nid dans les tiges riches en moelle des ronces, du sureau, du chardon ou de la molène. Pour les aider, il suffit de laisser les plantes fanées dans le jardin. Si vous coupez des tiges de sureau sur une longueur d’environ 50 centimètres et que vous les fixez verticalement et dans un endroit ensoleillé, vous attirerez peut-être la cératine bleutée.
Petites cavités
Au lieu de creuser des galeries de nidification, certaines abeilles sauvages cherchent des cavités existantes. Des espèces telles que l’osmie rousse, l’abeille cotonnière ou l’osmie bleu acier colonisent les tiges creuses des plantes et les galeries dans les troncs d’arbre ou les fissures des murs. Pour les aider, aménagez un mur de pierres sèches ou installez un hôtel à insectes.

L’abeille charpentière est la plus grande espèce d’abeille indigène.

Et les abeilles mellifères? Infos sur www.migmag.ch/abeilles-melliferes. Generation M est le projet de développement durable de Migros
En chiffres
Plus de 600 espèces d’abeilles sauvages vivent en Suisse.
60000 ouvrières peuvent vivre dans une colonie d’abeilles mellifères. La plupart des abeilles sauvages, en revanche, vivent en solitaire.
1140 fleurs de sainfoin cultivé sont nécessaires à l’abeille maçonne à poils roux pour récolter suffisamment de pollen pour une seule larve.
120000 kilomètres sont parcourus par les abeilles mellifères pour produire 500 grammes de miel. En revanche, les solitaires abeilles sauvages ne produisent pas de miel.
50 mètres, c’est le rayon de vol d’une petite espèce d’abeille sauvage.
20 espèces d’abeilles sauvages sont présentes dans un jardin normal, 70 espèces peuvent vivre dans un jardin avec des fleurs sauvages et plus de 100 espèces dans un jardin naturel qui leur est favorable.
À partir de 7 degrés, les premières abeilles sauvages prennent leur envol, les abeilles mellifères seulement à partir de 12 degrés.
2,98 millions de mètres carrés, c’est jusqu’à présent l’espace de vie proche de la nature créé par Migros pour plus de biodiversité.
Bois en décomposition
Certaines espèces creusent des galeries de nidification dans le bois mort à l’aide de leurs pièces buccales. Ainsi, le magnifique xylocope violet, plus grande abeille indigène, est une charpentière présente dans de nombreux jardins. Pour favoriser leur implantation, laissez du bois mort dans le jardin ou utilisez des poteaux et des poutres en bois pour les constructions extérieures.
Coquilles d’escargots vides
L’osmie bicolore pond exclusivement dans des coquilles d’escargots vides. Si vous souhaitez l’attirer chez vous, placez des coquilles vides d’escargots des jardins ou d’escargots de Bourgogne dans des endroits secs, ensoleillés et à la végétation relativement éparse.
Un hôtel pour abeilles sauvages
Pour construire un abri pour abeilles sauvages, il ne faut pas grand-chose: un bloc de bois dans lequel on perce des trous de différents diamètres, sans oublier de les poncer à l’intérieur pour éviter de blesser les ailes des abeilles. Ou des tiges de bambou que l’on découpe, gratte et ponce. Protégez-le de la pluie avec un toit ou un cadre et placez-le dans un endroit ensoleillé du jardin et si possible un peu surélevé.
Vous trouverez des instructions ici: blog.doitgarden.ch/fr/hotel-a-insectes
La balade à remonter le temps
Avec des jardins contemporains comme point de départ et un château médiéval à l’arrivée, la promenade du jour traverse le Val-de-Ruz, élu paysage de l’année pour ses allées d’arbres historiques.
Texte: Pierre Wuthrich Photos: Matthieu Spohn

Du canton de Neuchâtel, les visiteurs connaissent avant tout la vieille ville du cheflieu et les rives du lac, de même que l’urbanisme horloger de La Chaux-de-Fonds et, bien sûr, le Creux-du-Van. Peu d’entre eux toutefois pénètrent dans le Val-de-Ruz. Pourtant, ce ventru losange champêtre, à mi-distance des deux villes du canton, mérite que l’on parte à sa découverte.
L’escapade du jour commence à Cernier, plus précisément à Evologia. Ce site de vingt hectares géré par l’État avec une multitude de partenaires fait le bonheur des familles et des amoureux des jardins. Jean-Luc Seiler, l’administrateur d’Evologia, nous fait faire le tour du propriétaire en commençant par le jardin pédagogique dédié à la permaculture qui prend place dans un verger de pommiers à basses tiges dont le jus est extrait non loin dans le ravissant hameau de La Borcarderie. En contrebas, voici la fleur boréale, le symbole du site et centre des jardins extraordinaires. Haute d’une dizaine de mètres et dotée de pétales confectionnés par le maître verrier Dominique Brandt, elle sait se faire légère, posée sur un étang, et invite à la méditation. Il faut aussi parler du tout nouveau chemin de parkour mêlant Land Art et obstacles, d’espace Abeilles et ses ruches vitrées – idéal pour voir et comprendre le travail des ouvrières et des reines – ou encore du petit parc des paillotes avec ses cailles, lapins et chèvres, ainsi que de la bluffante expo en plein air sur les dinosaures (le seul accès payant du site) que l’on découvre au détour des bosquets. Bref, Evologia est une destination en soi et le visiteur pourra sans problème y passer une journée entière. Surtout qu’à la nature s’ajoute la culture, avec des manifestations estivales comme Poésie en arrosoir et les Jardins musicaux, dont les concerts se déroulent entre autres dans une très belle grange. Le programme du jour nous pousse toutefois à laisser Evologia en empruntant une élégante double allée d’arbres. Ces alignements que l’on retrouve un peu partout le long des routes du Val-de-Ruz, mais qui s’avèrent rares en Suisse, avaient à l’origine une fonction pratique. Ils permettaient de se déplacer à l’ombre en été et, en cas de neige ou de brouillard, d’éviter de se perdre. Et si ces allées ont eu tendance à disparaître au fil des siècles, car trop dangereuses pour le trafic motorisé, le Val-de-Ruz a su les préserver et en replanter. Des efforts récompensés aujourd’hui par le prix du Paysage de l’année, soutenu notamment par Migros, et remis par la Fondation suisse pour la protection et l’aménagement du paysage.
À la découverte des arbres Précisons toutefois que le Chemin chouette (c’est son nom) que nous empruntons aujourd’hui ne longe pas réellement ces alignements d’arbres.



Le jardin pédagogique d’Evologia, à Cernier, dédié à la permaculture.
Ce sentier agricole permet toutefois d’apercevoir, à gauche ou à droite, à proximité ou au loin, ces séries de poiriers, érables ou tilleuls pour l’essentiel, qui rythment et structurent la vallée. Pour peu qu’on ait du talent, l’envie de les immortaliser en un tableau bucolique naîtra immanquablement. Après quelques centaines de mètres, alors que le panneau vert montrant une chouette nous invite à tourner sur la gauche, nous préférons continuer tout droit et traverser le petit bois d’Yé. Tacheté par les rayons du soleil, le sol désormais recouvert d’écorces d’arbre nous invite à ralentir le pas et à faire corps avec la terre. Quelques places de pique-nique cachées ici et là finissent de nous convaincre de nous arrêter. Et de respirer profondément.
Au sortir du bois, nous laissons sur notre droite la piscine en plein air d’Engollon, qui rafraîchira les randonneurs, et nous filons en direction du village où nous retrouvons le Chemin chouette.
Le Val-de-Ruz a su préserver les allées d’arbres si typiques de la région.
Le château de Valangin, datant du XIIe siècle, fut la résidence des seigneurs de Valangin.
Le grenier à céréales du canton Au centre de la bourgade, l’église Saint-Pierre nous accueille pour une prière ou tout simplement pour faire le plein de frais. Nous dégringolons ensuite jusqu’au niveau du lit du Seyon sans oublier de regarder ces fameuses allées d’arbres en traversant les routes, puis remontons jusque sur les hauts de Vilars, où le chemin se fait désormais en orée de forêt. La déambulation offre de splendides coups d’œil sur l’ensemble du val. Et si de plus en plus de citadins
viennent y habiter, son caractère rural reste bien marqué – après tout le Val-de-Ruz est toujours et encore le grenier à céréales du canton.
L’un des plus beaux villages de Suisse Au niveau de Fenin, après avoir dépassé le temple du XVIIIe siècle et son cimetière aux tombes pluriséculaires semblant tout droit sorti d’un décor de cinéma, nous commençons à descendre sur Valangin, l’un des membres du club très fermé des plus beaux villages de Suisse. La rue principale de ce minuscule bourg, constituée d’une allée – bordée de maisons cette fois – et dont le plan régulier remonte au début des années 1300, mène à l’entrée d’un imposant château. La montée, tout en minéralité, jusqu’aux portes de ce qui est maintenant un musée d’histoire, contraste avec l’univers végétal que nous venons de quitter. C’est pourtant ici, à l’abri de la muraille, que Camille Jéquier, directrice des lieux, est en train de créer un jardin médiéval. Pour ce faire, elle a choisi des plantes que les habitants de Valangin connaissaient et utilisaient quand la seigneurie était à son apogée, soit aux XIVe et XVe siècles. Réparties thématiquement tout autour du château, les différentes parcelles permettent d’en savoir plus sur le mode de vie d’alors. On pourra ainsi y découvrir que la saponaire était utilisée pour se laver, que les tinctoriales coloraient idéalement les vêtements ou encore que la belladone était censée avoir des pouvoirs magiques. L’ensemble est à découvrir librement ou lors

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Les peintures murales du chœur de l’église Saint-Pierre, à Engollon, valent à l’édifice d’être classé monument historique par la Confédération. Ci-contre: la vue depuis Engollon.

d’ateliers pour enfants – ils apprendront par exemple à confectionner une pommade à base de plantain recommandée contre les brûlures d’ortie – ou pour adultes – qui pourront constater que le fenouil d’aujourd’hui n’a plus grand-chose à voir avec la variété sauvage du XVe siècle. Encore modeste, car inauguré l’an dernier, le jardin médiéval est appelé à se développer au fil des années et des efforts de l’unique jardinier et des bénévoles. Parions qu’il deviendra rapidement un atout supplémentaire de ce site déjà remarquable en soi. MM
Carnet de route
Reliant Evologia à Valangin via Engollon, la balade emprunte l’une des ramifications du Chemin chouette n° 1. Longueur: 7 km. Montée: 130 m. Descente: 245 m. Carte et autres Chemins chouettes: www.chemins-chouettes.ch – Evologia est accessible en transports publics (bus 422 au départ du centreville de Neuchâtel). Accès libre, ouvert toute l’année. www.parc-evologia.ch – Le château de Valangin est lui aussi accessible en bus (ligne 422). Ouvert de mars à octobre, du mercredi au samedi 13 h 30 à 17 h et le dimanche de 11 h à 17 h. www.chateau-de-valangin.ch
À vélo: le parcours Val-de-Ruz Bike, long de 32 km, permet de faire le tour du Val-de-Ruz en lisière de forêt. La boucle passe également par Evologia et Valangin. Dénivelés positif et négatif: 692 m. www.migmag.ch/val-de-ruz-bike
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